[Emeraude] Au service de la justice | Chapitre 1 : La naissance d'un justicier [K.O]

Ce calme plat... À force de vouloir trop bien faire, j'ai finis par décourager toutes les crapules qui me servaient de passe-temps à mettre les pieds dans la région. Qu'est ce que j'aimais leur donner une bonne raclée, à ces vauriens. Mon téléphone se met ensuite à vibrer, alors que je me tenais allongé sur mon lit, contemplant la divivine prestance du grand Maitre Peter sur le mur de ma chambre.

- Alan ? C'est moi, Beladonis. Tu peux passer au poste deux minutes.
- Que se passe t-il Bel' ?
- Rejoins-moi au bureau, je préfère t'expliquer tout ça en détails.
- Très bien, donne moi cinq minutes.

Le chef semblait vraiment préoccupé, plus que d'habitude. En sortant, j'enfourche ma bicyclette avant de foncer au poste, tel un petit Passerouge s'élançant du haut de la Tour Prismatique. Les rues d'Illumis sont nettement plus accueillantes la nuit, et ce, depuis que j'ai fais le grand ménage avec l'aide de Crappy, le Cradopaud de Beladonis. Une fois arrivé devant l'agence du détective, je rentre après avoir frappé succinctement à la porte. J'entrevois le patron, zieutant quelques documents confidentiels, et qui n'annoncent rien de bon au vu de son visage maussade. Celui-ci m'invite ensuite à m'installer dans son magnifique bureau qu'il chérit tant.

- Approche donc Alan.

Avant d'entreprendre notre importante discussion, je constate la présence de quelques journeaux provenant d'Unys, sur le coin du bureau. On peut y déceler un certains nombre d'articles, dont le titre se réfère à chaque fois à une certaine "Team Plasma".

- C'est qui cette Team Plasma Bel' ?
- Eh bien justement, c'est l'une des raisons pour laquelle je voulais te voir... Il semblerait que ce groupe de bandits s'attaque lâchement aux pokémons des gens. Je dois donc me rendre à Unys pour enquêter sur cette fameuse "Team Plasma" et comprendre la finalité de leurs actes. Le souci, c'est que je ne peux être sur tout les fronts... Les services spéciaux viennent de m'informer sur l'existence de groupes semblables à celui-ci dans la région de Hoenn. C'est pourquoi j'aimerai que tu ailles y jeter un coup d'oeil, pour me tenir au courant de la situation. Je sais que ce sera ta première patrouille à l'étranger, mais tu m'as prouvé que tu en étais capable non ?

Eh bien, j'attendais ce moment depuis quelques temps, et enfin, il arrive. Je vais pouvoir casser du voyou de meilleure qualité en plus, je me tâte.

- Si tu penses que je suis prêt, je le suis ! Je commence quand ?
- Dès demain. Je sais, j'aurai dû te prévenir avant...
- Ce n'est pas grave, au contraire !

Mais en y réfléchissant, avec quel pokémon vais-je mener ma mission si Beladonis s'en va avec Crappy à Unys.

- Mais si tu pars avec Crappy, je...
- Ne t'en fais pas pour ça, j'ai tout prévu ! Une fois arrivé à Bourg-en-Vol, le professeur Seko t'y attendra pour te donner ton premier pokémon. Il est temps que tu voles de tes propres ailes Alan, tu es un adulte à présent.

Mon premier pokémon, à moi, rien qu'à moi ?! Je jubile. Si avec ça je n'explose pas les sales types qui se croient tout permis.

- L'avion décolle très tôt dans la matinée, tu devrais aller te reposer à la maison. Appelle moi quand tu seras arriver là-bas, je pense que je serai déjà rendu à Unys.
- J'y file chef !
- Bon courage Alan, fais attention à toi !

Une fois sorti de l'agence, je rentre donc chez moi en prenant les quais du fleuve. Je m'arrête quelques instants, auprès de l'eau ruisselante, fixant mon doux reflet sous les quelques rayons lunaires. Je pense à Maman et ce que serai ma vie si elle était encore là...

- Ne t'en fais pas Maman, je le retrouverai !

Suite à ces quelques mots, je chevauche à nouveau mon vieux vélo et rentre à la maison. [...]
Le réveil sonne... Cinq heures du mat', j'ai perdu ma tête, c'est officiel. Après avoir préparé mon sac à dos (oui je sais, seulement un sac... Mais Beladonis m'a conseillé de voyager léger pour des raisons de pratique, quitte à ressembler à un clodo) et manger un p'tit truc, je me rend à l'aéroport à l'aide d'un taxi. Une fois arrivé, un des assistants de Beladonis vient me trouver.

- Alan ?
- Oui, qu'y a-t-il ?
- Veuillez me suivre s'il vous plaît.

Le type m'emmène directement sur la piste. Un petit avion, du genre jet privé, se trouve juste devant moi.

- Ça ? C'est pour moi ?!
- Oui, en effet. Vous savez très bien que ce bon vieux Beladonis ne fait jamais les choses à moitié, surtout quand il s'agit de vous.

Il est vrai que Bel' a toujours était très généreux envers moi. Depuis qu'il m'a pris en main, il me considère un peu comme son fils, et moi, comme le père que je n'ai pas eu. L'assistant me guide ensuite à l'intérieur de l'engin.

- Installez-vous comme il se doit. Le vol devrait durer huit heures environ.

Huit heures ! J'ai le temps de faire une bonne sieste avec ça. Après la fermeture des portes, le bolide commence à prendre de la vitesse puis se met à décoller progressivement. J'admire une dernière fois ma vaste terre natale sous le soleil levant, à travers le minuscule hublot situé sur ma gauche. On peut y voir l'imposante Tour Prismatique, se détachant nettement du reste des immeubles d'Illumis. La fatigue vient par la suite s'inviter dans mon corps, et m'emmène peu à peu dans un profond sommeil. [...]
De fins faisceaux de lumière venant se glisser sous mes paupières m'indiquent que mon sommeil fut plus long que prévu. Une fois bien réveillé, je jette un oeil à mon hublot. La vue est tout simplement magnifique de là-haut, j'aperçois de vastes étendues d'eau aux multiples couleurs venant se mélanger à divers morceaux de terres, dont un très gros avec un magnifique volcan en son centre. Tout à coup, deux pokémons viennent frôler l'avion à toute vitesse, puis s'éloignent en direction du sud. Les deux fusées se ressemblaient étrangement, mais leur taille et leur couleur étaient différentes... Une dizaine de minutes plus tard, l'avion vient enfin se poser comme prévu. Après les brefs indications de l'assistant, les portes s'ouvrent. Je me dirige vers la sortie. Une fois dehors, le soleil vient aveugler mes pauvres yeux encore endormis. De nombreux Goélises volent au-dessus de ma tête. La piste d'avion est vraiment très rustique, la flore y est omniprésente. On est bien loin de l'univers propre et chic d'Illumis. L'ambiance est également très tropicale, la chaleur est vraiment étouffante,  j'arrive à peine à reprendre mon souffle... Je brandis la carte que l'on m'a donné dans l'avion. Le chemin pour Bourg-en-Vol semble se trouver juste en face, au travers d'un petit bois verdoyant. C'est alors que j'entend un homme crier derrière quelques buissons, au nord de ma position. Je décide donc d'aller y jeter un oeil.

- Au secours ! Aidez-moi !

En franchissant les quelques broussailles, je tombe sur un homme pendu à un arbre, la tête à l'envers, et recouvert  d'une étrange toile visqueuse. L'homme est vêtu d'une blouse blanche et d'un short marron usagé. Il semble avoir la quarantaine. Puis la victime, énervée, vient interrompre ma réflexion en criant de nouveau.

- Toi là-bas ! Viens vite m'aider ! Choisis l'une des pokéballs dans le sac qui se trouve devant toi. Dépêche toi ! Je ne sens plus mes jambes !

Je m'empresse alors en prenant la première ball qui me tombe sous la main. Un pokémon bleu aux moustaches orangées sort de l'objet. Le pokémon semble indifférent face à la situation critique du pauvre homme. Le type se met ensuite à hurler.

- Gobou, enlève moi de là !

Après quelques secondes d'hésitation, le Gobou se met finalement en action. D'un seul petit bon, la petite créature vient sectionner la toile avec ses pattes. Après cela, l'homme tombe violemment à terre.

- Aïïïe...

Il se relève ensuite en deux ou trois mouvements et rappelle le pokémon dans sa pokéball.

- Je te remercie jeune homme. Mon expérience sur les Chenipottes a mal tournée, comme d'habitude...
- Ah, mais ce fut un plaisir de vous aider. Connaissez-vous un certain professeur Seko ? Il habite à Bourg-en-Vol.
- Oui, je le connais plutôt bien, sachant que c'est moi...

Eh bien, on peut dire que j'ai de la chance, ça fait déjà quelque chose de moins à trouver dans cette jungle.

- Je m'appelle Alan, je viens de la part de Beladonis.
- C'est vrai qu'il m'avait prévenu de ton arrivée. Tu es là pour ton premier pokémon, c'est ça ?
- Effectivement, j'en ai obligatoirement besoin pour ma quête.
- Suis moi donc ! J'adore voir de jeunes dresseurs débuter, ça me rappelle le bon vieux temps haha ! Dit-il en riant.

Suite à quelques minutes de marche, nous arrivons enfin à Bourg-en-Vol. Il s'agit d'un petit village assez sauvage, je ne sais même pas si il y a plus de quinze habitants ici...

- Oui je sais, ça doit te changer de là où tu viens, mais on est vraiment tranquille ici et c'est primordial pour mes recherches. Mon laboratoire se trouve juste au fond à droite. Allons-y. [...]

Le bruit de la ventilation vient entrecouper le silence gênant qui règne dans la pièce, pendant que le professeur bidouille quelque chose à l'arrière du labo. Un tas de machines complexes plus sofistiquées les unes que les autres se trouvent autour de moi, je me demande vraiment à quoi sert tout ça... Seko revient ensuite vers moi.

- Désolé pour l'attente, je devais retranscrire les infos que j'ai récolté sur le terrain dans mon pc. Bon, alors... Voici trois petits monstres qui ne demande qu'à servir la bonne cause.

Le professeur sort trois pokéballs de son sac puis les lancent une à une.

- Le pokémon vert que tu vois là est Arcko, il est de type plante. Ne le lâche pas d'une semelle, ce petit brigand est vraiment très rapide. Celui qui se trouve juste devant toi est un Poussifeu, il est de type feu. Ne te fie pas aux apparences, il pourrait devenir très redoutable avec de l'entraînement. Et enfin voici Gobou, mais lui tu le connais déjà. Il est de type eau. Attention, c'est une vraie tête de mule, il est très capricieux.

Je regarde les trois pokémons avec passion. L'un d'eux me fixent étrangement, il s'agit du Gobou. Le professeur tente alors d'aiguiller mon choix.
 
- Il y en a un qui semble avoir fait son choix en tout cas haha ! Alors Alan, quel est le tien ?

Si le Gobou me regarde comme ça, c'est forcément un signe, tout comme quand je l'ai choisi pour sauver Seko.

- Je vais prendre Gobou monsieur.
- Eh bien qu'il en soit ainsi ! Voilà pour toi.

L'homme rappelle les trois pokémons puis me tend la ball où se trouve le pokémon aquatique. Je la prend puis l'accroche à la ceinture-ball que Bel' m'a offerte pour mon anniversaire.

- Tu devrais lui donner un petit nom, qu'est-ce que tu en dis ?
- Eh bien... Je vais l'appeller Eustache.
- Parfait. Voici cinq pokéballs, elles te permettront d'agrandir ton équipe.

Je saisis les cinq sphères rouges et blanches et les mets dans mon sac.

- Je n'ai plus qu'à te souhaiter bonne route Alan ! C'est une nouvelle vie qui commence, prends bien soin de ton Gobou.
- Merci pour tout professeur, à bientôt.

Je sers brièvement la main de Seko avant de sortir du labo. Une fois dehors, mon téléphone sonne.

- Alan ?
- C'est toi Bel' ?
- Oui. Alors, tout se passe bien, tu es arrivé ?
- J'ai rencontré le professeur Seko comme prévu, il m'a donné un Gobou.
- Très bien, content de savoir que tu as enfin ton propre co-équipier. Un premier pokémon, ça ne s'oublie pas, crois-moi ! J'ai hâte de le rencontrer !
- Et toi, tu as trouvé des pistes à Unys ?
- [...] Écoutez, écoutez-moi bien ! Mon nom est Ghetis !
- C'était quoi ça Bel' !
- Désolé Alan, il faut que je te laisse, il se passe un truc louche au centre d'Arabelle. Tiens-moi au courant dès qu'il y a du nouveau à Hoenn, à plus ! Bip bip...

Étrange, cette voix... Elle venait de l'extérieur... J'espère que ce n'était rien de grave. Bon, il est temps de quitter Bourg-en-Vol, Rosyeres est l'étape suivante selon ma carte. [...]
J'arrive sur un petit sentier jonché d'herbes, ça doit être la route 101. Je tombe par la suite sur le premier pokémon sauvage de la région, un peu plus loin, sur cette même route 101. C'est un Zigzaton, une Zigzaton. Eustache n'écoute pas encore très bien (le professeur m'avait prévenu) mais finit par charger la créature, suite à un violent coup de celle-ci. Je décide d'utiliser l'une de mes cinq pokéballs sur la bête... L'objet se met à gigoter de gauche à droite avant de s'arrêter. Je viens de capturer mon premier pokémon de Hoenn, je l'appelle Rachelle. Elle et Eustache s'entendent plutôt bien, ils ont l'air de vouloir jouer ensemble, mais la récréation attendra, je dois poursuivre ma route pour trouver une piste sur les bandits de la région. En passant à travers les petites clairières, j'arrive très rapidement à Rosyeres. Ce village commence à se rapprocher de la définition d'une ville, mais il reste globalement dominé par la nature. On peut y trouver une boutique et un centre pokémon, c'est déjà ça. Je me rend au centre de la bourgade. Un commerçant est en train de faire la promotion de l'un de ses produits, mais il me prend plus la tête qu'autre chose...

- Approchez, approchez ! Pour des potions à foison et pas chères, c'est ici que ça se passe !

J'en peux plus, il faut que je me tire de tout ce boucan, sa voix est insupportable. En quittant Rosyeres, je me retrouve face à la route 102. L'entrée du chemin est condamnée par des rubalises. Un panneau indique qu'une scène de crime se trouve dans le périmètre et qu'il est interdit de la franchir. J'ai peut être trouvé ma première piste... L'un des policiers se trouvant à proximité de la scène se dirige vers moi.

- Veuillez faire demi-tour s'il vous plaît. Nous vous préviendrons quand la route sera dégagée.
- Je suis de la police d'Illumis, que se passe-t-il ici ? Qui est à l'origine du crime ?
- Retourner travailler dans votre région. Ici c'est notre boulot alors oust ! Me répond d'un air menaçant le policier.

La police du coin est peu avenante en tout cas, je n'aimerai pas avoir à faire à de tels collègues... Si Bel' était là, ça ne ce serait sûrement pas passé comme cela, mais sans lui je ne peux rien faire d'autre que déguerpir. Avant de retourner au cœur du village, un type portant une chemise à fleur et des lunettes de soleil vient m'accoster. Il se porte d'ailleurs plutôt bien, il doit bien manger à la cantine.

- Tu es de la police si je comprend bien ? Tu sembles te la jouer solo non ? J'ai peut être une piste pour toi.
- Ah ? Et quelle est-elle ?
- J'ai cru apercevoir le badge de l'entreprise DEVON de Mérouville sur la veste de la victime.
- C'est censé m'aider ?
- Attends, ce n'est pas fini... Le meurtrier je l'ai vu, ainsi que son maître.
- Son maître ? Mais de quoi parlez-vous !?
- Oui son maître, et c'est son pokémon qui a tué le pauvre homme.
- Mais vous avez réussi à l'identifier ?
- Il portait un sweat à capuche rouge avec une sorte de M majuscule noir au niveau du ventre. C'est tout ce que je sais, je n'ai pas pris le risque de le suivre.
- Très bien, merci pour votre aide.
- Je rends service, c'est tout... Je vois que tu as des pokémons. Pourquoi n'irais-tu pas défier les champions de la région ? Cela ne t'empêcherait pas d'enquêter et ça ne peut être que bénéfique pour améliorer ton équipe.
- Mmmh... J'y réfléchirai.
- Génial, alors à la revoyure jeune dresseur !

L'étrange bonhomme disparaît ensuite en partant vers le sud. De mon côté, je décide d'aller explorer la route 103, au nord de Rosyeres. Au fur et à mesure que je progresse, je sens l'air marin venant me caresser le visage. Une Medhyena vient me stopper avant que je n'ai le temps d'approcher le bord de mer. Eustache réussit à l'affaiblir assez rapidement, je lance une pokéball... C'est dans la poche, me voilà déjà avec trois pokémons. J'appelle la nouvelle venue Julie. Elle se fait un peu plus discrète que ses deux acolytes, mais ça passera sûrement avec le temps. Je m'installe ensuite par terre pour admirer le vaste horizon que m'offre la mer. On peut apercevoir le volcan que j'avais vu dans l'avion, au nord-est d'ici. Après quelques minutes de contemplation, une voix féminine vient entacher le tableau.

- Salut, tu es Alan ?

Je me retourne. La fille semble avoir un peu près le même âge que moi, elle porte un ruban vert qui noue ses cheveux châtains clairs. Ça doit être une dresseuse, elle possède une ceinture avec une pokéball. Puis la jeune femme m'interpelle de nouveau.

- Eh Oh ! Je te cause ! dit-elle en s'énervant.
- Oui... excuse-moi. Je suis Alan, que veux tu ?
- Le professeur Seko m'a chargé de te retrouver, j'ai dû faire vite. Heureusement, la route 102 est bloquée, ça m'a aider. Bref, je suis l'assistante de Seko, appelle-moi Flora. Le professeur voulait que je te rattrape pour te donner ce pokédex.

La fille me tend l'objet, ça ressemble à une console de jeu rouge.

- C'est une sorte d'encyclopédie portable, il te permettra d'en savoir plus sur les différents Pokémons qui existent dans le monde.
- Compris ! Merci.

Je range l'objet de recherche dans mon sac. L'assistante reprend ensuite la conversation.

- Que dirais-tu d'un petit combat, rien que pour le plaisir. J'aimerai voir quel pokémon tu as choisi au labo.
- Euh... je ne sais pas, je n'ai pas beaucoup combattu avec tu sais.
- De toute façon tu ne peux refuser, je suis la fille de Norman, le champion d'arène de Clémenti-Ville ! En place ! Me lance-t-telle en me pointant du doigt.

Je ne dois pas avoir le choix... Je décide d'envoyer Eustache pour ce premier duel. Le pokémon comprend très vite que l'enjeu est bien plus important que d'attraper un simple pokémon sauvage. Mon adversaire engage une drôle de créature verdâtre. Je crois que c'est un Arcko, il ressemble à celui que Seko m'a présenté au labo.

- Jackson, Écras'face !

Le pokémon vert s'élance furtivement sur mon Gobou. Eustache se prend le coup de plein fouet mais réussit à retomber sur ses quatre petites pattes. Bon c'est à mon tour, ça ne rigole plus...

- Eustache, charge-le ! [...] Eustache ?

Je rêve... Eustache se frotte au Arcko, la honte.

- Je vois que ton Gobou à un vrai talent haha ! Dit Flora en se moquant de moi.
- Je... Je ne sais pas ce qui lui prend, il m'écoute normalement.
- Bon, arrêtons-nous là, on remet ça quand tu sera au point. Je dois y aller, à plus Alan.

La jeune femme rappelle son équipier puis s'éloigne en direction de Rosyeres. Je suis remonté, il va falloir que je m'explique avec Eustache.

- Qu'est-ce que tu fous enfin, imagine que ce soit des criminels, on y serait passé ! C'est la dernière fois que tu me fais le coup.

Le Gobou bascule sa gueule vers la gauche comme un signe d'incompréhension.
       
- C'est pas gagné...

Je reprends ensuite ma route vers Rosyeres, la route 103 est un cul de sac. [...]
L'accès à la route 102 est toujours bloqué, je me dis qu'un peu d'entraînement aux alentours du village ne nous ferai pas de mal. Rachelle et Julie assurent plus qu'Eustache en combat, c'est sûrement dû à leur meilleure docilité. Mais Eustache reste cependant bien plus puissant, j'espère qu'il finira par m'écouter lors des combats importants. C'est alors que Rachelle prend peine à achever un Chenipotte sauvage. L'opposant réussi finalement à venir écraser sa tête sur mon pokémon. Le bruit de l'impact est violent... Ma Zigzaton ne se relève pas.

- Rachelle ?

Je m'approche de ma récente recrue, toujours pas de réaction, même après l'avoir touchée. Je crois que mon pokémon est mort... Envahi par la rage, je décide d'achever le pokémon sauvage avec l'aide de ma Medhyena. Seulement quelques heures et déjà un pokémon de perdu. Je me demande si venir ici était la meilleure chose à faire... Après un passage express au centre pokémon, je continue l'entraînement sur la route 103. Julie vient à son tour buter sur un de ses confrères. Le Medhyena adverse la percute de plein fouet, c'est un nouveau coup critique.

- Non, Julie... C'est pas possible, comment ? Non.

Je suis abasourdi, je viens de perdre deux pokémons en quelques minutes seulement. Il ne me reste plus que mon Gobou, que faire... Il faut que je m'accroche, des pertes il y en aura sûrement d'autre, le plus important étant de retrouver ce fameux criminel où l'un des membres de son groupe. Je poursuis mon chemin sur la route 102 enfin dégagée par les policiers, en marche pour Clémenti-Ville. Le sentier est assez similaire aux routes précédentes malgré la présence de quelques petits plans d'eau. En arrivant dans le premier champ herbu du coin, je tombe sur une Chenipotte. Celle-ci ne tarde pas à venir renforcer mon équipe. Elle s'appellera Cocha. Durant ma traversée, quelques gamins et gamines viennent m'affronter. Cocha réussi à mettre K.O les quelques pokémons adverses, puis tout à coup, mon pokémon se met à briller d'une lueur aveuglante. À la fin du spectacle, Cocha a radicalement changé, elle a évolué en Armulys. Un peu décevant tout de même, elle ne ressemble plus à grand chose, on dirait un oursin en papier. Après avoir ramassé quelques baies pour le goûter, je rencontre encore un Medhyena. La créature canine vient s'acharner sur mon pokémon cocon qui essaie de se protéger des crocs de l'adversaire en utilisant armure. L'affrontement était finalement trop rude pour ma pauvre Cocha, elle succombe à l'une des morsures du monstre grisâtre avant même que je n'ai le temps d'envoyer Eustache à la rescousse.

- Merde...

Je commence à douter de mes talents de dresseur, tout était beaucoup plus simple avec Crappy à Kalos. Je ne comprend pas...

Enfin à Clémenti-Ville... La petite ville est assez sympathique, elle est entourée d'eau et de petits jardins en tout genre, c'est plutôt agréable. Je verrai bien les jardiniers du Palais Chaydeuvre ici. J'entrevois Flora se dirigeant vers moi, accompagnée d'un garçon aux cheveux verts. Des cheveux verts ? J'espère que ce n'est pas sa couleur naturelle.

- Hey, Alan ! Alors ton Gobou ça donne quoi ?
- Ça semble s'améliorer, merci de te soucier de lui.
- Rooh ça va, je ne voulais pas me moquer de toi. Je dois aider Timmy à attraper son premier pokémon.
- Sa.. Salut. Me lance timidement le jeune garçon.
- Bon aller, il ne faut pas tarder sinon Papa va s'impatienter.
- Papa ?
- Oui, je te l'ai bien dit l'autre fois, mon père est le Champion de cette ville. Il faut qu'on y aille, tchao !

Ah ça y est, je m'en souviens... Elle m'avait sorti cette excuse pour m'obliger à combattre, et ce n'était pas une si bonne idée finalement. J'aperçois l'arène de son père d'ailleurs, mais je ne me sens pas encore près, ça attendra, il faut que j'agrandisse d'abord mon équipe. Après être passé rapidement au centre pokémon, je quitte la paisible ville pour la route 104. Avant d'arriver sur la vaste et magnifique plage de la côte, le gros bonhomme aux lunettes de soleil de la dernière fois m'interpelle dans mon dos.

- Toujours pas décidé champion ? Je ne t'ai pas vu à l'arène de Clémenti-Ville.
- Non... Il faut que je m'entraîne avant, et puis je dois poursuivre mon enquête aussi.
- Pas de soucis, j'espère vraiment te voir prochainement à l'action. J'ai aperçu ton combat sur la route 103 contre la fille de Norman. Bon je sais, ce n'était pas glorieux mais je sais que tu as du potentiel, fais-toi un peu plus confiance c'est tout.
- Merci du conseil, j'y penserai lors de mes prochains duels.
- Y a pas d'quoi. En espérant te voir à l'arène de Mérouville, salut !

Nous partons ensuite chacun de notre côté après de brèves salutations. [...]
Je descend sur la plage. L'eau de la mer scintille de mille feux sous le soleil couchant, la nuit va bientôt tomber. Il faut que je trouve un endroit où coucher. Je remarque la présence d'une petite cabane de pêcheur en bout de plage, je décide de m'y rendre. Personne... La piaule est vide. Seulement, quelque chose vient chercher mon attention, la porte est grande ouverte. Soit l'habitation est abandonnée, soit quelque chose de louche se trame. Bon tant pis, il commence à faire sombre, je rentre. La baraque est plus vide que mon sac en tout cas, on y trouve juste une table au centre de l'unique pièce. Je m'installe ensuite au sol, ma veste me servira d'oreiller. [...]
Le lendemain matin, toujours aucun signe de vie dans le cottage, il a vraiment dû être abandonné. Mais en sortant dehors, j'observe la présence d'un petit bateau de pêche, au bord du ponton de bois d'en face. Et si il était arrivé quelque chose au propriétaire, c'est louche... Je reprend la route vers Mérouville. En passant par le sentier du haut, je tombe sur une Nirondelle. J'évite alors tout contact avec mon Gobou, le petit pokémon ailé semble bien trop faible pour encaisser un coup. Après trois tentatives, le pokémon sauvage capitule et s'aligne avec moi et Eustache.

- Voyons voir... Je t'appellerai Nina ! Oui Nina, ça te va plutôt bien.

Le pokémon a l'air ravi de commencer l'aventure avec moi. Eustache quant à lui semble jaloux. Après quelques minutes de marche et une victoire écrasante de Nina sur le Zigzaton d'une mondaine, je me retrouve aux portes du Bois Clémenti signalé sur ma carte. Je me fraye un chemin à travers les denses buissons ralentissant ma progression. Ce bois est vraiment flippant, il doit être envahi de pokémon insecte. En continuant dans la vaste forêt, je tombe sur un nouvel équipier, ou plutôt équipière. C'est une Parecool, je l'appelle Slype. Soudain, deux types courent à toute vitesse en ma direction, et ils n'ont pas l'air de jouer. Le premier homme vient ensuite se cacher derrière moi.

- Sauve-moi, je t'en supplie ! me dit-il avec désespoir.

L'autre type arrive très vite après ces quelques mots.

- Donne-moi ce packet ! Je le veux !
- Tu peux toujours rêver sale type !
- Tu oses me traiter de la sorte !? Prépare toi à mourir !

L'homme vêtu en bleu de la tête au pied lance un Medhyena. Il ne correspond pas du tout à la description du criminel de Rosyeres, il appartient peut-être à un autre groupe. Je décide ensuite de venir en aide à l'employé de DEVON, si j'en crois le badge qu'il porte sur sa veste. J'engage Slype au combat.

- Tu fais quoi gamin ?
- Je ne vous laisserai pas faire !
- Très bien... Comme tu voudras !

Slype m'étonne beaucoup malgré qu'elle soit très feignante et n'écoute qu'une fois sur deux (elle pourrait faire un concours avec Eustache). Après avoir esquivé la charge du pokémon adverse, ma Parecool vient arracher la geule de l'enemi par un terrible coup de griffe. Il est vrai que Slype a une force physique impressionnante. Le Medhyena de l'adversaire est allongé par terre, aucun signe de vie, Slype l'a tué.

- Bien joué Slype, c'était un coup monstrueux !

Juste après cette défaite, le voyou ne met que quelques secondes pour s'enfuir vers le nord. Je décide de le poursuivre avec l'homme de DEVON. Malheureusement, le bandit réussi à nous échapper un peu avant la sortie du bois, il courrait trop vite..

- Zut... Il faut absolument rattraper cet homme. Me dit l'employé.
- Que cherche-t-il ?
- Je n'ai pas vraiment le temps de vous expliquer, je dois rentrer à Mérouville immédiatement. Merci pour tout !

L'homme s'en va en trottinant et sort de la forêt dans un trou de lumière. De mon côté, je prend la même direction et quitte la vaste jungle.

L'éblouissement est violent, la lumière du jour n'était pas vraiment au rendez-vous dans cette lugubre forêt. Le nord de la route 104 est tout aussi joli que le sud, un magnifique lac se dresse devant moi. Le vent souffle, on peut sentir le parfum des fleurs et des baies qui se trouvent dans les environs. La présence d'une jardinerie en face doit aussi expliquer cette agréable odeur. Je poursuis donc mon chemin après un court passage chez la fleuriste qui m'a donné de quoi faire pousser quelques baies. Je tombe notamment sur un Marill dans une petite clairière située derrière la boutique. Je finis par l'attraper grâce aux effets reposant de Slype. La boule bleue et blanche sautille dans tous les sens, c'est une vraie balle rebondissante. J'appelle ce Marill Moussto. Je traverse ensuite un long ponton de bois permettant de franchir la vaste étendue d'eau. Je participe à mon premier combat duo où Slype et Moussto ne font qu'une bouchée de la paire adverse, ces deux là forment une belle équipe. Une fois au bout du pont, je me retrouve très vite aux portes de Mérouville. C'est la première grande ville que je découvre dans la région, on peut y voir de nombreux bâtiments et quelques usines. [...]
En sortant du centre pokémon je me situe au coeur de la ville, j'aperçois la fameuse école des dresseurs. En y entrant, je rencontre pour la troisième fois l'homme rondouillard aux lunettes de soleil.

- Te voilà à Mérouville comme prévu ! Tu savais que le champion de la ville a été formé ici ? C'est l'école la plus prestigieuse de la région. Mais dis-moi, es-tu enfin prêt pour le chemin de la ligue pokémon ?
- La ligue pokémon ?! Dis-je d'un air surpris. Je vais d'abord me contenter d'un premier badge, je verrai ensuite selon l'évolution de mon enquête et de mon temps libre.
- Au moins tu te lances dans le bain, ça me fait plaisir ! D'ailleurs nous nous sommes pas encore présentés, je suis Scott.
- Moi c'est Alan.

L'homme sort un petit bloc note de sa poche droite puis écrit mon nom sur une liste déjà bien remplie.

- Voilà ! Tiens, prends cet étui, il te permettra de ranger tes badges, j'espère que le vide y sera comblé lors de notre prochaine rencontre. Je dois y aller, j'ai un rendez-vous. À très vite Alan, je crois en toi !

Scott me serre ensuite la main et quitte les lieux. Il ne me reste plus qu'à rejoindre l'arène, la pression monte. [...]
Je siège devant mon premier défi telle une statue en ruine. Avant de pénétrer dans le local, j'adresse un dernier petit mot à mes coéquipiers en fixant chacune de mes pokéballs.

- J'ai confiance en vous, je sais qu'on peut le faire, ensemble, tous ensemble...

Une fois à l'intérieur, j'aperçois le champion, ou plutôt la championne, debout et prête à en découdre. L'arène est faite essentiellement de pierres en tout genre, la spécialité du coin doit sûrement être le type roche si j'en crois la déco. Je me positionne en face de la jeune femme, elle doit avoir le même âge que moi (ou pas loin si ce n'est pas le cas). Elle porte un uniforme très scolaire combinant le rose et le noir avec harmonie, ainsi que de longs cheveux bruns attachés à l'aide d'un large morceau de tissu. La maîtresse me fixe avec insistance, j'en viendrais presque à me soumettre face à cet écrasant regard.

- Que voulez-vous ? Une leçon ?
- Tout dépend de ce que vous appelez une leçon.
- Je vois... Monsieur est joueur ! J'espère que vous n'êtes pas là pour une simple perte de temps.
- Je compte bien restez ici jusqu'à ma victoire !
- Eh bien débutons. Moi, Roxanne, championne de Mérouville, déclare le duel ouvert !

Je m'empare de la ball de Moussto, ma dernière recrue sera la première à goûter à un combat officiel.

- Moussto, à toi d'ouvrir le bal !

La championne engage son premier argument dans le même temps.

- Racaillou, écrase tout sur ton passage !

Le pokémon roche a l'air vraiment déterminé, je n'ai pas intérêt de faire une erreur. Cependant j'ai déjà un avantage, le type eau de Moussto peut faire d'énormes dégâts face à ce genre de pokémon, tout comme Eustache.

- Jet-Pierres !

C'est alors que de gros cailloux sortent du sol puis sont conduits à toute allure vers mon Marill par une mystérieuse aura. Mon pokémon réussi à esquiver admirablement l'offensive et riposte en crachant un puissant jet d'eau vers son adversaire. Le racaillou reçoit l'attaque aquatique en pleine face, il est trop faible, il n'arrive pas à se relever. Cette première défaite semble avoir affecté la confiance de la jeune femme. Mais cela ne lui empêche pas d'engager un nouveau Racaillou, j'ai du mal à comprendre... Bref, l'épisode est exactement le même que le précédent même si Moussto a pris quelques coups cette fois-ci. Roxanne balance ainsi sa dernière carte, un Tarinor. Moussto pourrait bien faire une nouvelle fois la différence avec son avantage de type.

- Barre lui la route, maintenant !

Le rocher vivant projette de nombreux débris autour de mon équipier m'empêchant de le retirer ou de suivre ses mouvements. La championne ordonne ensuite à son pokémon d'heurter mon pauvre ami, perdu dans ce cercle de roche.

- C'est parti, fonce !

J'entend une double percussion, mon pokémon a peut être voulu riposter sans mes ordres. Mais après ceci, le barrage minéral vient s'effondrer. Je découvre Moussto, allongé et marqué de plusieurs tâches rouges sur son pelage bleu et blanc. S'en est fini pour lui, je commençais à m'y attacher... Après l'avoir pris dans mes bras pour le déposer en dehors du ring, la dresseuse vient me provoquer d'un air narquois.

- Alors, vous abandonnez ? Vous connaissez les risques pourtant non ?
- Assez ! Ne croyez pas que je vais baisser les bras, je gagnerai ce combat, pour Moussto !

Je saisis la pokéball d'Eustache puis la jette sur le terrain de combat. Mon premier pokémon regarde le cadavre de son défunt camarade sur le côté de la scène. Il n'y reste pas indifférent comme il en a tant l'habitude, l'heure de la vengeance a sonné.

- Pistolet à eau !

Une véritable giclée d'eau illustrant toute la puissance d'Eustache s'abat sur le tarinor ennemi.

- Tarinor qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu ne te relèves pas...

Notre adversaire est décidément une véritable statue, je crois qu'il ne bougera plus jamais. Je félicite mon Gobou tout en le renvoyant dans son nid orbiculaire.

- Super boulot petit.

La maîtresse des lieux est sans voix, comme quoi l'excès de confiance est bel et bien dangereux. Elle me cède le badge roche que je m'empresse de ranger dans l'étui que Scott m'a offert. Je quitte ensuite l'endroit sans un mot, que ce soit de ma bouche ou de la sienne. [...]
En me rendant sur le boulevard principal de la ville, je surprend un étrange individu ressemblant au bandit bleu, et sprintant à grande vitesse vers le nord. La victime du Bois-Clémenti déboule de la même ruelle quelques secondes plus tard. Me reconnaissant de l'autre côté du trottoir, celui-ci traverse la route sans regarder et se précipite vers moi.

- Encore toi ! J'aurai à nouveau besoin de ton aide... Le type qui vient de s'enfuir, c'est le même que le voyou de la forêt. Il vient de voler un objet important de notre entreprise et a failli tuer l'un de nos gardes. Il faut vite partir à sa poursuite, je te récompenserai comme il se doit.
- Pas de souci, je suis votre homme.
- Faites vite !

Je commence ainsi à courir vers le nord. À la sortie de la ville, l'un des habitants m'indique que l'homme a pris la direction du Tunnel Merazon, à l'ouest de ma position. L'obtention de mon premier badge m'a redonné une grande confiance malgré la perte de quelques équipiers. J'ai le pressentiment que mon enquête va véritablement commencer.

J'atteins promptement la route 116 suite aux quelques enjambées ayant pour but de rattraper ce satané pillard. L'environnement est toujours fidèle à ce que j'ai pu voir de la région, c'est à dire plus vert que vert. De l'herbe il y en a, des arbres aussi... Il manque peut être un petit plan d'eau. Ce qui est nouveau, c'est la présence d'un bas plateau rocailleux en fond de décor. M'engageant sur la large route, je flanque une bonne raclée à tous les dresseurs voulant se frotter à moi et mon équipe fraichement victorieuse de notre premier combat d'arène. Une Chuchmur vient interrompre ma trotte en plus des challengers, comme si ce n'était pas suffisant pour ralentir ma poursuite et laisser le voleur s'échapper. Pressé et emporté par la colère d'être gêné, j'abats la chose rosâtre sans retenue par une vive charge de Nina.

- Je regrette... Mais là, c'est pas le moment de m'emmerder, désolé.

Je poursuis ma traque dans un sous-bois, le fugitif pourrait bien s'y cacher. Slype facilite mon avancée en arrachant les quelques arbustes encombrant avec ses longues griffes aiguisées. La déforestation étant terminée, aucunes traces du recherché, j'ai bien peur d'avoir perdu sa piste.

- Relâche Piko !

Cet hurlement... Il vient du pied de la montagne. Une fois rendu, un vieillard à la longue barbe blanche siège devant l'entrée d'une grotte perforant le monticule de pierre. Le vieil homme semble paniquer, quelque chose de grave a dû se passer.

- Ça ne va pas monsieur ?
- J'vais lui montrer qui faut pas énerver un vieux loup de mer com'moi ! J'vais lui casser sa tête de nœud à c'malandrin !
- Lui ? Mais...

Ma phrase étant à peine terminée que le vétéran se précipite dans la gueule noire de l'excavation. Je fais de même, c'est peut être un coup du voleur de DEVON. C'est humide là-dedans, la brume m'empêche de voir à plus de cinq mètres. Je décèle tout de même le corps de l'ancien vers le cœur de la galerie, grâce au ciré bleu turquoise qu'il porte. Je reconnais alors la voix du fameux bandit malgré la nebulosité du coin.

- Tenace le grand-père... Que comptes-tu faire, ton Goélise est avec moi.
- Je reprendrai Piko, avec ou sans pokémon ! Sale fumier !
- Du calme papi, ta dernière heure va arriver. Medhyena, expédie pépé dans son cercueil, il est temps qu'il nous quitte.

Arrivant in extremis, je projette Slype en pleine course. Mon pokémon vient heurter l'horrible bête sur le point de dévorer le pauvre marin. Cependant, le Medhyena percute à son tour une horde de Chuchmur qui se trouvait derrière.

- Magnifique strike Slype.

Les pokémons du coin n'ont pas apprécié du tout cette bousculade et se mettent très rapidement à brailler. Le mugissement des cinq petits mécontents est assourdissant, on pourrait perdre nos deux oreilles. Soudain, un bruit plus profond retentit... L'incroyable brouhaha est tellement puissant que le ciel de roc commence à nous tomber sur la tête. J'empoigne mon aîné se trouvant à terre avant que l'éboulement ne nous écrase.

- Rien de casser ?
- Je crois, je ne sais pas...

L'allée principale de la grotte est désormais bloquée par un amas de débris rocheux. Le brigand doit se trouver de l'autre côté, plus rien ne l'empêche de s'enfuir à présent.

- Le veinard...

L'homme se met ensuite à clamer à nouveau le nom de tout à l'heure.

- Piko ! Ah te voilà, j'ai cru t'avoir perdu...

Heureusement, son pokémon a réussi à s'extirper du bon côté au moment de l'écroulement. Le Goélise s'empresse alors de rejoindre son maître par quelques mouvements d'ailes et atterrit sur son épaule gauche. Avant de sortir du récent cul de sac et de retourner vers la ville, le vieil homme vient me toucher deux mots.

- Si Piko et moi sommes encore là, c'est en parti grâce à toi et ton Parecool. J'te serai toujours redevable alors si jamais je peux satisfaire l'un de tes besoins, fais-moi signe !
- Ça devrait aller, mais savez-vous des choses sur le type qui vous a agressé ?
- Pas l'moins du monde, désolé.
- Tant pis, rentrez bien.
- Salut jeune moussaillon ! Piko, à bâbord toute !

Le sage matelot se retire du lieu en poussant la chansonnette.

- Papi était un fier mécano
De je n'sais quel bateau
Il naviguait sur tout' les mers
En n' buvant pas que d'l'eau
Il a juré dans un...

Je découvre une drôle de valise métallique sous les décombres. L'étiquette y étant accrochée m'indique clairement qu'elle appartient à la société DEVON.

- Pas si veinard que ça finalement.

Il est temps de rebrousser chemin vers Mérouville. [...]
Je me présente comme prévu en face de l'entreprise où l'employé m'attendait.

- Vous êtes enfin de retour, je commençais à me demander si je n'avais pas fait une erreur en vous engageant là-dedans. Vous l'avez stoppé ?
- Non... Mais je crois détenir le principal.

Je lui tend la valise pour confirmer mon intuition. L'homme d'affaire ouvre la malle d'acier.

- Rien ne manque. Vous êtes incroyable, vous m'avez sauvé pour la deuxième fois. Laissez-moi vous présentez à notre patron, il vous remerciera généreusement, c'est certain.
- Oh, je... Je ne sais pas si...
- Venez ! S'il vous plaît. Suivez moi ! Monsieur Rochard sera ravi.
- Bon... Très bien.

Après être entré dans l'imposant bâtiment, l'agent me conduit au dernier étage, là où se trouve le bureau du directeur. J'observe les nombreuses pierres précieuses exposées dans les vitrines de la pièce, puis tombe nez à nez avec le dirigeant de la firme.

- Bonjour cher invité ! Ou devrai-je plutôt dire héros.

En levant les yeux, je passe du scintillant comptoir de bois exotique noir au placide visage de l'homme costumé.

- Depuis quelques temps, de nombreuses personnes semblent vouloir me voler mes merveilles industrielles. Grâce à toi, celle-ci n'a pas fini entre de mauvaises mains.
- C'est mon travail, quoi de plus normal.
Dis-je avec assurance.
- En parlant de boulot, j'aurai une offre à te proposer. Au vu de ton indéniable talent à protéger et récupérer les objets, j'aimerai te confier une double mission.

L'homme pose la mallette que j'ai récupéré sur la table, ainsi qu'une étrange lettre dont le nom de Pierre y figure en gros caractère.

- Qui est Pierre ?
- Tu es assez curieux et j'adore ça ! Pierre est mon fils, il explore les environs de l'île Myokara au sud de la région ces temps-ci. Il attend déjà là-bas. Quant aux pièces du colis, il faudrait les remettre au Capitaine Poupe à Poivressel. Alors, quelle est ta réponse ?

Peut-être que je trouverai d'autres indices sur l'île et cette quête m'y aidera forcément.

- Positive m'sieur !
- Je savais bien que je pouvais compter sur toi, plus que sur mes agents de sécurité haha ! Ajoute-t-il en ricanant.
L'hélicoptère pour Myokara t'attend sur le toit de l'immeuble, mon assistant va t'y conduire. Et voilà ta récompense, un smartphone dernière génération captant partout où il se trouve, ce qui est un avantage dans la région, crois-moi ! C'est fabriqué et offert par la maison.

L'homme pose l'objet sur la large table de travail. Je saisis l'appareil et le range dans ma poche droite après y avoir inséré ma carte SIM. Mon ancien portable peut finir à la poubelle face à ce nouveau bijou. Un autre commis fait alors son apparition.

- Tout est prêt, on peut décoller.