An 1847, région inconnue.Il hésitait. Attendant patiemment à ses côtés, ses assistants observaient les fresques qui les entouraient.
Sa curiosité d’archéologue le poussait à s’approcher du sarcophage se présentant devant eux, mais… un étrange pressentiment le mettait en garde.
Il regarda autour de lui, dévorant du regard les innombrables dessins recouvrant les murs.
Si des humains étaient représentés, rien de plus normal, d’étranges créatures les accompagnaient. Passant du misérable poisson au dragon qu’il pouvait deviner aux côtés du Roi, il lui semblait que l’ancienne civilisation les avait domptés pour en faire leur familiers.
Pourtant, en plusieurs décennies de fouilles, aucun archéologue n’avait jamais retrouvé un seul ossement ni quelconque trace prouvant leur existence. Seules ces fresques, disséminées aux quatre coins du monde, y faisaient allusion.
Aucune explication rationnelle n’émergeait. Si le public aimait à parler d’extraterrestre ou autre ineptie, cela était inconcevable.
La réponse était ailleurs.
Et l’archéologue, regardant le sarcophage qui reposait devant lui, avait le sentiment que la réponse se trouvait ici.
Mais avait-il vraiment envie de savoir ?
D’où lui venait cette appréhension, il n’en savait rien. Peut-être était-ce lié à l’atmosphère que dégageait ce tombeau. Comme si quelque chose le poussait à faire demi-tour, à oublier ce qu’il avait vu.
D’un autre côté, ce qu’il pourrait trouver ici lui apporterait sans doute renommée et célébrité. En plus d’une réponse à une des plus grandes énigmes de l’humanité.
« Professeur ? Que faisons-nous ? »
Il se tourna vers ses assistants. Il ne pouvait pas reculer. L’archéologue savait que ce qu’ils allaient découvrir était bien trop important pour obéir à une simple intuition.
Le monde ne s’était pas bâti avec des hésitations, mais avec des actions.
Son tour était venu d’écrire une page de l’Histoire.
« Messieurs… Au travail. Nous avons un sarcophage à étudier. Et une question à éluder. »
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An 1847, région inconnue. Deux heures plus tard.L’archéologue ne comprenait pas. Ce n’est clairement pas ce qu’il avait espéré.
Assis contre un des murs du tombeau et faisant abstraction du chaos régnant autour de lui, il tenta de remettre de l’ordre dans ses pensées, se remémorant ce qu’il venait de voir.
Lorsqu’après maintes observations et précautions ses assistant ouvrirent, sur ses ordres, le sarcophage, ils n’y trouvèrent rien à quoi il aurait pu s’attendre.
Que faisait un miroir, entreposé dans un tombeau où aurait dû reposer les restes d’une momie.
Ni ossements, ni ornements, ni bijoux.
Rien qu’un simple miroir dans un état exemplaire. Le cadre n’avait rien de spécial, rien de… royal.
Gravé dans son dos, une série de gravures tremblotantes et brouillonnes. Un homme, coiffé d’une couronne et accompagné d’une de ces créatures, qu’il semblait chérir bien plus que sa famille.
Puis les gravures représentent ce qui apparaissait être la mort de la créature et le chagrin du Roi.
La dernière illustration évoquait alors le Roi tenant au-dessus de lui un objet circulaire duquel jaillissait un tourbillon aspirant quelque chose. Les dessins n’étaient pas clairs.
Les gravures étaient bien trop différentes du style présent dans ce tombeau et le miroir en trop bon état. Il avait cru à un canular. Quelqu’un devait avoir trouvé ce tombeau et y avait glissé cet objet à cette occasion. Cela était évident.
Du moins, c’est ce qu’il avait cru.
Lorsqu’il tendit le miroir à un de ses assistants, celui-ci souffla sur le verre puis l’observa.
« Professeur, c’est étrange, on dirait que… »
Puis il poussa un cri et jeta l’objet devant lui avant de reculer, apeuré.
Le miroir flottait devant les hommes, deux yeux luisant à la surface du verre.
Une voix grave retentit, résonna dans le tombeau, prononçant un seul et unique mot.
« Enfin. »
Puis tout explosa, et l’archéologue sombra dans le noir.
Lorsqu’il se réveilla, tout était dévasté. Ses assistants étaient introuvables, leur matériel éparpillé, les murs effondrés.
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An 1847, région inconnue. Cinq heures après l’ouverture du tombeau.A l’entrée du tombeau, l’archéologue restait silencieux. Où que se porte son regard, le paysage semblait se mouvoir de lui-même. Des milliers de créatures s’enfuyaient.
Il regarda le miroir dans sa main, puis soupira.
Est-ce qu’il avait peur ? Sans aucun doute.
Est-ce qu’il devait fuir ? Cela n’était pas dans ses habitudes.
Il se dirigea lentement vers la ville la plus proche, sans plus aucun autre moyen de locomotion
L’archéologue savait avoir besoin du temps du trajet pour trouver des explications aux questions qu’on lui posera.
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An 1849, Hoenn. An deux après la catastrophe Eonnienne.S’observant dans la vitre devant lui, l’archéologue soupira. Cela faisait maintenant deux ans qu’il avait découvert ce tombeau. Deux ans qu’il avait déclenché une catastrophe sans précédent.
Au moins, il avait atteint son objectif. Il avait écrit un moment clé de l’Histoire.
A tel point qu’on avait attribué son nom à la catastrophe et aux créatures qui en découlaient.
Deux ans que le tristement célèbre Christophe Eon avait libéré les Eons qui parcouraient maintenant le monde.
Il s’observa une dernière fois, puis pressa la détente.