[SoulSilver] La révolte de Jotho

Une épaisse fumée emplie mes poumons et me brûle les yeux, m'essoufflant un peu plus a chaque pas de course, chaque respiration ravive au fond de ma gorge une douleur qui serait sans aucun doute insoutenable si le doux air marin d'Oliville et l'adrénaline étaient absents. Malgré la nuit la fumée et le mauvais temps qui coupais toute lumière naturelle, je savais parfaitement vers ou je courais, me repérant à la colonne rouge qui illuminais mon chemin. Une maison, ma maison, dévorée par les flammes.

Je finis par arriver au bord de la mer, à la maison, ou se situaient évidemment les forces de l'ordre, les "émissaires de l'empereur et de la paix", vêtus de leur costumes sur lequel figurais le "R" rouge, facilement repérable.

_Arrêtez, ma sœur est à l'intérieur !  Hurlais-je avant d'être stoppé net par un coup de matraque.

_Evidemment qu'elle y est, si elle avait bien voulu sortir quand on le lui a demandé, on aurait pas eu à brûler la maison avec !          

Me dit un des agents en ricanant et se retournant vers moi avec un air patibulaire, suivit de près par son Démolosse qui n'avait pas franchement l'air amical.

_Alors marmot, on a oublié une partie des impôts ? Tu sais pourtant que l'empereur à donné des consignes strictes vis-à-vis des mauvais payeurs, j'espère pour toi que tu as l'argent manquant.

Je peine à répondre, crispé par ma gorge et mon abdomen douloureux, il ne m'avait pas manqué.

_J'ai pas d'argent, on avait pas d'argent, ça change quoi d'avoir brulé la maison ? J'ai même pas l'âge de payer les taxes.

_T'as cependant l'âge de payer les amendes pour le couvre feu, qu'est ce que tu faisais dehors si tard ? Oh ne répond pas, je m'en moque, si tu n'as pas d'argent, tu paieras en nature, ça ne te dérange pas de servir d'exemple n'est-ce pas ?

Il me fallut une bonne seconde pour comprendre en quoi consistait l'exemple, voir le Démolosse m'approcher fit resurgir un quelconque instinct de survie, j'ai alors tenté de basculer sur le coté pour éviter la petite flammèche qui se dirige vers mon visage.
Cependant ma course a été épuisante, je ne fut donc pas assez rapide pour sauver la partie gauche de mon visage, qui s'enflamma d'un coup. Je criais et me tordais de douleur, je me voyais déjà chauve avec la peau du visage brûlé à vie.
Mais c'est alors que je sentis une force m'agrippe par le dos, je me vis découler du sol pour atterrir brutalement dans la mer, si l'eau a au moins le mérite d'éteindre les flammes, le sel sur ma chair à vif fut des plus douloureux.
C'étais le choc de trop, je me sentis défaillir et couler, mais au moment ou je m'apprêtais à perdre connaissance, la même force me tira hors de l'eau et me porta jusqu'au rivage. Je découvris alors la gueule hérissée de dents de mon sauveur, un Aligatueur, domestiqué sans aucun doute, autrement j'aurais fini en casse croute. Un seul dresseur dans la région possédait un Pokémon d'une telle puissance.
Mathias, le capitaine de la garde, venait d'arriver sur les lieux, le seul membre des émissaires ayant encore un peu d'humanité en lui. Et il ne paraissait pas de bonne humeur lorsqu'il approchait de celui qui venais de me dévisager, au sens propre du terme.

_Bien lieutenant Dylan, je suppose que vous avez une bonne raison d'en arriver à de telles extrémités ?

_Une mauvaise payeuse, elle refusait de sortir.

_Et avec toute votre équipe vous ne pouviez évidemment pas la sortir de force, il fallait la brûler vive…

_Elle avait un Pokémon pour se défendre, capitaine !

_Un Natu, un pauvre et misérable Natu, votre caniche est-il donc trop faible pour gérer une telle crise, et je suppose que la brûlure du gamin est elle aussi parfaitement justifié. J'ai pourtant interdit les châtiments corporels et les exécutions lieutenant.

_Vous voyez capitaine là est votre principal problème, vous êtes bien trop gentil pour votre métier, c'est pour ça qu'il y a tant de retard sur les impôts et de salle gosses insolant à Oliville, quand à Démos, venez voir vous-même si il est faible.

_Qu'importe mon caractère, je suis votre supérieur, obéissez à mes ordres. Quand à votre chien, vous êtes sur ? Mon Pokémon n'a rien mangé depuis ce matin…

Le lieutenant déglutit en reculant, puis fit demi tour en criant un ordre avant de partir, suivis par ses sbires.

Mathias s'approcha doucement de moi et s'agenouilla.

_Désolé je ne suis pas arrivé à temps. Je vais te conduire au centre Pokémon, on pourra s'occuper de tes blessures là-bas.

Je voulu répondre, au moins un merci entre deux sanglots, mais je n'ai pu que m'évanouir.


Je me suis alors réveillé en sursaut, trempé de sueur. Encore ce mauvais rêve, plutôt ce souvenir de mes quinze ans. Au bout de deux ans je n'arrive toujours pas à m'en remettre. A moitié endormi, j'entend juste une voix douce et amicale me dire:

_Plume, lève toi, on bosse dans deux heures.

_J'arrive m'sieur Orme.

Je me lève sans trop de conviction, me frotte les yeux et me prépare pour une journée de travail après une nuit agitée.