Aujourd’hui, on va parler de Lysandre.
Déjà, parlons un peu de lui.
Leader de la Team Flare, il veut réveiller l’arme suprême pour purifier le monde, qu’il trouve trop gangréné par les humains. Selon lui, la solution est simple : l’élimination préventive de la population. Bref, on connait tous ses intentions.
Ce qui va plus nous intéresser ici, c’est sa biographie. Il est le descendant par la branche cadette de l’ancienne famille royale de Kalos. Cette information, on l’apprend au café Lysandre, peu après l’obtention du cinquième badge. Or, on sait que l’ancien roi de Kalos, c’est A.Z. Donc, on peut en conclure que Lysandre est un descendant d’A.Z. C’est surtout le fait qu’il descende d’A.Z par la branche mineure qui nous intéresse.
De plus, il a obtenu fortune, gloire et respect sans l’aide de personne et grâce à son invention, l’Holokit.
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Bref, procédons tout d’abord à un premier niveau de lecture, simple.
Le prénom Lysandre est dérivé de la fleur de lys.
Or, il se trouve que la fleur de lys était l’un des symboles de la royauté française depuis la dynastie des Capétiens. Elle a été instaurée en 1147 par Louis VII et elle fut appliquée sur le sceau royal dès Philippe III au XII° siècle. Les autres symboles royaux diffèrent selon le monarque. Nous retrouvons le Soleil sous Louis XIV ou encore la salamandre sous François I°.
Mais maintenant, parlons du vrai. De celui qui a existé, en chair et en os. Lysandre, surnommé au XIX° siècle « le vainqueur d’Athènes ».
Et vous allez voir, l’inspiration est directe.
Mais tout d’abord, re-contextualisons le bonhomme.
Lysandre était un navarque (amiral) spartiate actif à la fin de la Guerre du Péloponnèse, soit environ vers 406 avant notre ère. Mais je vous entends déjà venir avec vos questions : « Ben pourquoi il est appelé ‘’le vainqueur d’Athènes’’ s’il est spartiate ? ». Vous allez vite comprendre.
Il était assez important dans le monde grec pour que Plutarque lui dédit l’une de ses vie dans
Les Vies Parallèles aux côtés de personnages comme Périclès (orateur athénien qui a fait reconstruire l’Acropole après 480), Simon (stratège athénien, fils de Miltiade le vainqueur de la bataille de Marathon en 490) ou encore Lycurgue (législateur mythique de Sparte durant le VIII° siècle). Vous allez vite voir pourquoi :
- Athènes possédait une flotte de guerre impressionnante, la plus importante du monde grec. De plus, ça faisait environ 80 ans que la cité l’avait faite construire. Donc, en plus d’avoir du matériel, les Athéniens avaient de l’expérience. Bref, de vraies terreurs sur l’eau. Mais ça, Lysandre s’en tamponne. Il a réussit à démettre la flotte athénienne. A lui tout seul. Et à deux reprises (406 et 404). Et pas n’importe comment. Sachant parfaitement que les Spartiates étaient en infériorité sur l’eau, il a attiré les Athéniens sur terre pour les provoquer en combat terrestre où Sparte avait largement l’avantage. Une fois les soldats morts, ils ne pouvaient plus protéger la flotte qui a par la suite été détruite.
- Après sa deuxième victoire sur la flotte athénienne, Lysandre part tranquillement faire le siège d’Athènes. Huit mois de siège plus tard, il prend le Pirée, port de guerre d’Athènes, et marche dans la cité. L’histoire se solde par la capitulation sans condition d’Athènes, la destruction de ses murailles, de sa flotte, des Longs Murs et la fin de son empire.
Résumons ces deux faits en une phrase. Lysandre a mis fin à la Guerre du Péloponnèse après environ 28 années de conflit.
Bon, maintenant, parlons de ce qui s’est passé peu après.
Avant la chute d’Athènes, les villes qui faisaient partie de son Empire lui devaient tous les ans une forte contribution, soit financière, soit militaire via l’envoi de bateaux de guerre à la cité. Et elles n’avaient pas trop le choix. Prenons l’exemple de l’île de Samos, qui un jour, n’a pas voulu payer son tribut annuel. Athènes a envoyé une flotte de guerre, a renversé la cité, a instauré un régime politique favorable et leur a fait payer une indemnité de guerre. Lysandre était donc accueilli en libérateur lorsqu’il venait prendre des cités de l’Empire athénien.
Après la chute d’Athènes, il y a eu dans la cité un coup d’état oligarchique qui a réussit et qui était soutenu par Lysandre. D’ailleurs, Lysandre avait cette habitude d’instaurer des régimes oligarchiques dans les villes qu’il avait prises, Athènes ne fait donc pas exception. A Athènes, on surnommait ces hommes les Trente Tyrans, car ce régime a rapidement tourné à la tyrannie, avec un fort contrôle de la population et de l’armée, et l’exécution des opposants. Pour prendre un exemple connu, l’orateur Théramène, qui faisait partie des Trente, était un peu trop modéré, et fut donc obligé de mettre fin lui-même à ses jours en buvant de la cigüe devant les autres Trente.
Sauf que le camp des oligarques était divisé entre deux hommes. L’un des deux était Critias qui avait des idées… Comment dire… ? Je serais tentée de dire « extrémistes », mais ce serait un anachronisme en plus d’un euphémisme. Selon ce cher Critias, afin d’empêcher un retour à la démocratie, il suffisait d’effectuer une élimination préventive du peuple. Oui, oui, « élimination préventive ». Oui, oui, des assassinats de masse. Et devinez par qui Critias était-il soutenu ? Je vous le donne dans le mile : Lysandre.
Mais la ressemblance avec notre Lysandre national ne s’arrête pas à de vulgaires idéaux.
Le Lysandre spartiate a une biographie semblable. Très semblable.
Lysandre fait parti de la branche mineure de la famille des Agiades, l’une des familles royales de Sparte (l’autre étant les Eurypontides). Les Agiades regroupent une partie des prétendus descendants d’Héraclès (oui, nous sommes en Grèce, ne l’oublions pas). Les Eurypontides regroupant l’autre partie. Or, pas de bol pour lui, ce n’est pas cette branche qui gouverne. Ben oui, c’est la branche majeure qui fournit le roi. De fait, il nait dans une famille pauvre, ne devant son poste de navarque, sa gloire et sa popularité qu’à lui-seul. D’ailleurs, il voulait réformer la constitution de Sparte afin que le roi soit élu parmi tous les Héraclides. Il a été écarté du commandement et de Sparte parce que, s’il avait réussi, il aurait sûrement été élu. Il meurt en 395 avant notre ère en Béotie, où Sparte l’avait envoyé combattre afin de l’éloigner de la cité.
Mais, partons encore plus loin. Nous savons tous que son Pokémon de prédilection est un Némélios mâle, d’ailleurs le seul du jeu (à part celui du joueur, s’il en trouve un). Les autres Némélios que l’on voit sont des femelles.
Le nom Némélios provient de Némée et Hélios.
Procédons dans le même ordre et commençons donc par « Hélios ». Ce mot signifie « Soleil » en grec (moderne et ancien). Sans nous attarder sur le fait qu’on retrouve un élément venant de la Grèce ici, je rappelle que le Soleil était le symbole principal de Louis XIV.
Maintenant, repartons sur « Némée ». Vous connaissez le lion de Némée ? Si oui, vous n’apprendrez rien et vous aurez peut-être déjà fait le lien. Si non, ouvrez en grand vos mirettes. Dans les douze travaux d’Héraclès, vaincre le lion de Némée était le premier. Bien sûr, cet évènement s’est passé en plein au milieu du Péloponnèse où se trouve Sparte. A partir de là, on peut facilement tout relier avec ce que l’on sait déjà.
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Pour conclure tout ça, je pense qu’on peut dire que le nom de Lysandre est particulièrement bien trouvé. Tout d’abord, car il renvoie directement à la monarchie française qui a inspiré l’histoire politique de Kalos. Mais également, parce que sa vie est calquée sur celle d’un Grec de l’Antiquité voulant imposer ses idéaux. Mais n’oublions pas, néanmoins, que le Lysandre spartiate soutenait les oligarchies les plus extrémistes dans son propre intérêt. Ici, le but premier de Lysandre est de rendre le monde plus vivable et meilleur. Et pour cela, il pense que, contrairement à ce qu’elle est aujourd’hui, la population doit être vertueuse, intelligente et sage. En bref, que la population doit être une parfaite incarnation du
kalos kagatos.
PS : Si vous allez voir la page Wiki du Lysandre Spartiate, il y a de forte chance que vous tombiez sur la représentation d’une pièce de monnaie à son effigie. En vérité, je pense qu’il est peu probable pour que ce soit véritablement sa trombine qu’on voit sur la pièce, et ce pour plusieurs points :
- L’écriture est en lettres latines, et non pas grecques.
- Les cités grecques avaient des monnaies basées sur l’emblème de la cité. Athènes avait la chouette et l’Erétrie avait la tortue.
- Spartes n’avait purement et simplement pas de monnaie, la cité fonctionnait sur un système de troc.
- La figure rappelle énormément le profil des empereurs romains tels qu’ils étaient représentés sur les pièces de monnaie.
Je pense plus que c’est une pièce de monnaie datant de l’époque impériale (une fois que la Grèce fit partie de l’Empire romain), émise peut-être à Rome, à l’effigie de Lysandre. Son nom est marqué : « Lisander ». Et surtout, on peut voir sur le côté « Lacedae », qui est un synonyme de Spartes. En revanche, on voit une jolie date « DVX » (505) qui n’a aucun rapport avec lui… Or, de reproductions en reproductions, l’original finit par être déformé, un peu à la manière du bouche-à-oreille.
La Vie de Lysandre par Plutarque, si jamais ça vous intéresse.
- par Line