An Unhealthy Tale of Misery.

Prologue - A l'aube de la tristesse.

Dans une pièce éclairée à l'aide de la flamme d'un Dracaufeu se trouvaient deux hommes. L'un était assez vieux, sans doute avait-il passé l'âge de la retraite. Sa barbe avait poussé avec l'âge et le manque de moyens pour se raser. Comme pour le souligner davantage, sa chevelure grise semblait crasseuse, et ses côtes pouvaient presque être vues à travers ses habits. Ses yeux gris semblaient fatigués, d'énormes poches noires s'étendaient sous eux et, comme pour le confirmer, ses paupières peinaient à rester ouvertes. En face de lui se tenait un jeune homme qui n'en menait pas large non plus. Sa maigreur se voyait à même son visage. Il était cependant plus propre que le vieil homme, sans doute avait-il eu la chance de se laver récemment. Malgré tout, il était couvert de bandages. Les plus visibles recouvraient son œil gauche, l'entièreté de son bras droit ainsi qu'une bonne partie de son bras gauche. Son t-shirt assez grand pour lui laissait entrevoir d'autres bandages soutenus par ses épaules. Il était assis sur une chaise assez piteuse, mais solide, une béquille dans ses doigts fins s'étendait devant lui. Sa tignasse ressemblait vaguement à du blanc et atteignait presque ses épaules, encadrant son visage aussi fin que le reste de son corps. Son œil unique brillait doucement, révélant un bleu pâle qui semblait empli d'une tristesse infinie. Tous deux étaient pâles comme la mort, le soleil semblait être un lointain et agréable souvenir pour ces êtres forcés de se cacher.

« Aelgyth, je te le redemande. Es-tu bien sûr de vouloir entreprendre ce voyage ?
─ Samuel, je vous remercie de vous soucier de moi... Mais c'est le seul moyen. Si je n'y vais pas, il n'aura aucune chance de guérir. Et s'il meurt... Je n'y survivrai pas. Il est le seul qui me reste.
─ … Il serait inutile de te retenir, dans ce cas. Mais je t'en supplie, soit prudent. Je n'ai pas envie de te retrouver en morceaux, ou pire, devenu esclave. »

La dernière remarque de l'ancien Professeur tira un sourire à l'estropié. Un sourire empli d'amertume et de tristesse.

« Qui voudrait d'un borgne handicapé d'une jambe comme esclave ? Ils ont besoin d'hommes en bonne santé. Et puis, je suis assez repoussant. Surtout que nos conditions ne nous permettent pas une bonne hygiène...
─ Fais tout de même attention.
─ Je serai le plus prudent possible. »

Le vieil homme tira d'une pile de papiers poussiéreux une carte encore en bon état ainsi qu'un certificat de dresseur au nom de son ami. Tout était prêt depuis des années, mais cela n'avait visiblement jamais servi. Le jeune garçon se vit remettre ainsi la paperasserie qui attestait de son statut de dresseur, et son droit de défier la ligue.

« Merci énormément, Samuel...
─ Si ton voyage tournait mal, et que tu pouvais revenir... N'hésite pas. Même si tu es poursuivi. J'ai encore quelques Pokémon. Tu veux que je t'en prête un ou deux ?
─ Non. Je vais y aller avec Ray. Demandez plutôt à vos Pokémon de protéger le village.
─ … Soit très prudent.
─ Je vous le promets. »

L'estropié se releva doucement, s'appuyant sur sa béquille de bois pour soutenir sa jambe droite qui restait très raide.

« Je vais faire un tour à l'infirmerie, et je vais y aller. Prenez soin de vous. »

Il clopina hors de la tente de fortune du Professeur, et marcha en direction d'une autre tente, bien plus grande et organisée. Le jeune homme faisait attention à ne pas trébucher, ou à ne pas coincer sa canne dans un des nombreux trous. Il arriva sans encombre à l'endroit désiré, et se rendit auprès d'une personne endormie. Cette dernière ne présentait aucune blessure, mais son souffle était sifflant, elle était couverte de sueur malgré la fraîcheur ambiante et son expression était teinte de souffrance. Le blessé replaça d'un geste tendre certaines mèches de ses cheveux d'ébènes pour libérer son visage. Cela eut pour effet de réveiller le malade qui posa son regard vert sur l'autre. Ce dernier lui sourit faiblement.

« Pardonne-moi... Je ne voulais pas te réveiller. Je vais bientôt partir pour trouver ce médicament. Je te promets de revenir en vie. »

Un léger soupir lui échappa.

« J'espère que j'y arriverai à temps... »

Son partenaire prit doucement la main bandée dans sa main et sourit à son propriétaire.

« Je suis sûr que tu y arriveras. Sois prudent... »

L'oeil unique de ce dernier s'emplit doucement de larmes pendant qu'il lui souriait.

« Je te le promets. »

Il déposa un tendre baiser sur le front brûlant de l'autre, serrant délicatement sa main bandée autour de celle de ce dernier.

« Je reste jusqu'à ce que tu t'endormes. »

Ainsi, de longs moments passèrent avant que le malade ne s'endorme, épuisé par son mal qui grandissait de plus en plus. La nuit n'allait pas tarder à tomber, un moment propice pour s'enfuir sans être vu des éventuels bombardiers ennemis. L'handicapé se releva délicatement, faisant le moins de bruit possible. Il sortit de la tente et siffla rapidement deux fois. Un Arcanin jailli des fourrés et se posta devant lui, avant de s'abaisser pour lui proposer son aide à la marche. Le jeune homme sourit doucement, touché par le geste. Il monta sur le dos de son ami, attachant sa canne dans son dos à lui. Le Pokémon se releva, et, le plus silencieusement possible, parti en direction de la nuit qui les recouvrit bientôt de son voile noir, déformant la forme des choses et les avalant en son sein, de sorte à ce que plus rien ne fut visible.

« Bonne nuit, mon aimé. »

La ville de Jadielle n'était plus que ruines et cendres. De faibles flammes continuaient de brûler inlassablement ce qui semblait autrefois être une maison modeste. Ce spectacle désolant l'empli de tristesse. Le jeune homme fit tourner son Arcanin pour contourner la chaleur. Si le Pokémon pouvait aisément supporter le feu, ce n'était pas son cas avec sa condition d'humain. Le duo s'aventura dans la direction de la Ligue Pokémon. Était-elle encore en bon état ? C'était pour trouver une réponse qu'ils y allaient. Cela faisait déjà deux bonnes heures qu'ils marchaient, et la fatigue se faisait ressentir pour le canidé.

« Ray, allons dans les fourrés. Tu pourras te reposer un peu. »

Ce dernier ne se fit pas prier et alla se réfugier dans de hauts buissons. Son dresseur descendit alors de son dos et sortit d'un sac préparé à l'avance des allumettes.

« Rassemble un peu de bois, que je puisse allumer un feu... »

Le Pokémon obéit de suite et ramassa plusieurs branches plus où moins grosses, les empilant dans une sorte de mini-clairière. L'handicapé, lui, coupait quelques longues herbes pour les entasser dessus. Il alluma ensuite le tout, et l'Arcanin s'empressa de dévorer ce feu, avant qu'il ne s'étende. Son dresseur n'avait jamais compris comment il faisait pour manger ou boire des flammes. La nature était pleine de mystères. Une fois son ami repu, il put souffler, plus détendu.

« Heureusement qu'on n'a pas mis le feu à la forêt... »

Le jeune homme ébouriffa la crinière de poils chaud de son Pokémon qui lui répondit par un petit coup de museau sur le torse, arrachant un sourire à l'autre. Sourire qui disparut bien vite quand Ray le renversa au sol, faisant blocage de son corps pour que quelque chose s'enfonce dans sa chair, la déchirant sans ménagement. Par chance, le sang du canidé était bouillant et l'agresseur dû bien vite retirer son arme. Si le Pokémon n'avait pas réagi, nul doute que son dresseur serait gravement blessé, ou pire, décédé en ce moment même. Son ami ne mit pas longtemps avant de se retourner pour foncer rageusement sur le responsable de sa blessure. L'autre se releva assez rapidement, ne voulant pas être prit au dépourvu par un autre adversaire. Malheureusement pour lui, à peine sur ses jambes, il reçut un puissant coup de pied sur le côté qui réussi à l'envoyer s'écraser un peu plus loin. Avec sa canne hors de portée, il tenta tout de même de se relever, faisant abstraction de la raideur de sa jambe droite, mais ne réussit pas.

« Ray ! »

Sa voix rappela son compagnon qui vint immédiatement se poster entre lui et son agresseur.

« Quel Pokémon bien discipliné. Tu l'élèves depuis qu'il est petit ou quoi ? »

Une voix grave, masculine se fit entendre à quelques mètres du jeune homme. Ce dernier se relevait difficilement en s'aidant de son ami. Ses côtes le faisaient déjà souffrir.

« Alors, on a perdu sa langue ? Ah, tu as mal c'est ça ? J'en pleurerai presque pour toi. »

Des pas dans leur direction informa l'estropié que l'homme se dirigeait vers lui. Il murmura à son Arcanin de ne pas le laisser approcher, ordre que ce dernier exécuta immédiatement. En un aboiement, l'autre fut repoussé un peu plus loin. Ils avaient cependant oublié un danger. Ce fut uniquement grâce à la chance que le jeune Dresseur entendit le second agresseur foncer droit sur Ray, qui était concentré sur le premier. Il n'avait pas le choix. Saisissant une Pokéball, il enferma son Pokémon dedans, lui faisant éviter l'attaque possiblement mortelle de l'Armaldo qui vint s'écraser devant lui. A présent, il était seul, face à deux adversaires qui étaient nettement plus dangereux pour lui à cause de sa jambe qui faisait des siennes. Sa main tenant la cage de son ami tremblait légèrement. Allait-il mourir ici ? Son regard passait du Pokémon à l'individu monochrome. Ses cheveux noirs n'étaient pas aussi beau que ceux de son amant, mais ils encadraient suffisamment bien son visage pour que ses yeux soient presque camouflés. La couleur noirâtre de ces derniers n'aidait pas à leur distinction. Sa peau semblait être d'une pâleur artificielle, comme s'il se préservait du soleil. Ou peut-être était-il resté trop longtemps sous les nuages gris de cendres de la région. Ses vêtements noirs étaient plutôt passe-partout, une tenue pratique pour se déplacer aisément.

« Quel acte ! Un brave héros qui sauve son Pokémon adoré, j'en ai les larmes aux yeux ! »

L'handicapé cherchait à se relever, ce qu'il faisait avec peine, sa jambe droite s'étant totalement paralysée sous l'effet du stress.

« Tiens, tu boites en plus ? Moi qui espérait que tu n'étais que borgne... C'est pas bon pour les affaires, ça. »

L'homme s'approcha de nouveau, d'un pas souple, un air pensif sur le visage. L'autre chercha à reculer, mais sans sa béquille, il était nettement moins à l'aise, et son agresseur le rattrapa bien vite. Sans ménagements, ce dernier attrapa sa victime par le col. L'estropié tenta bien de lancer la Pokéball de Ray, mais la main du trafiquant se posa dessus, serrant fermement.

« Si tu tentes de le faire, je casse le poignet. Voir le bras. »

Cette menace calma nettement les ardeurs du garçon qui haletait de peur. Son œil unique s'affolait, cherchant une sortie, un échappatoire, un moyen de fuir, ou juste un moyen de libérer son Arcanin, mais rien n'était à sa portée.

« Avec une tête pareille, c'est même pas sûr que j'arrive à te vendre... Surtout que les boiteux, c'est vraiment bas-de-gamme. »

Un sourire à la limite du malsain se dessina sur les lèvres fines de l'assaillant.

« Mais ça signifie aussi que tu ne peux pas t'enfuir, si ton maître décidait de faire quelque chose d'autre de toi... »

Tout le corps de sa victime tremblait de peur, sa respiration s'étant momentanément coupé sous l'effet de la panique. Il tentait visiblement de parler, sa bouche tentant d'articuler des mots qui ne sortaient pas. Je ne dois pas échouer. Heureusement pour lui, son ennemi le relâcha, ce qui eut pour effet de faire tomber l'handicapé à terre.

« Allez, je te laisse une chance, puisque tu n'es pas en bon état. Tu vas combattre mon Armaldo. Si tu gagnes, je te laisse tranquille, cette fois-ci. Si tu perds, je te vendrai en temps qu'esclave. Alors ? Remercie-moi de ma générosité. »

Sans attendre davantage, le Dresseur fit sortir Ray de sa Pokéball. Ce dernier était furieux, il n'avait jamais aimé être enfermé dans la Pokéball, et encore moins dans cette situation dangereuse pour son compagnon. Mais il avait bien entendu leur conversation, de part la sophistication des Pokéballs, et savait désormais les enjeux de sa victoire, ou de sa défaite. Il ne mit pas longtemps avant de se lancer sur son adversaire, entouré d'un feu brûlant. Celui-ci le laissa approcher avant de s'écarter et de planter ses griffes dans la fourrure du canidé, le plus profondément possible. Cependant, la flamme de l'Arcanin augmenta en intensité au lieu de diminuer sous le coup de la douleur. Avant même que l'Armaldo ne puisse se retirer, il s'ébroua et envoya ce dernier un peu plus loin. Ni une, ni deux, et le voilà déjà au-dessus de l'insecte impuissant, qui était désormais couché sur le dos. Il planta bien évidemment ses griffes dans la patte du canidé, mais rien n'y fit. Celui-ci commençait déjà à s'embraser quand le fossile fut rappelé par son maître qui souriait, visiblement amusé par la situation.

« Hé bien, j'ai perdu, on dirait. Ton Arcanin est vraiment fort. »

Un long soupir de soulagement s'échappa du borgne, ses muscles se détendant brusquement. Ray étouffa son feu et courut vers son dresseur pour l'attaquer à coup de museaux et de léchouilles, gardant un œil sur le perdant.

« Nous nous reverrons sûrement... Alors, à la prochaine fois. »

A peine la phrase finie, l'estropié s'effondra à genoux et pleura un long moment, tout le stress accumulé se relâchant brutalement. Son compagnon geignait à côté de lui, entourant son Dresseur de son corps, lui permettant de reposer son poids sur lui. Celui-ci fut bien forcé de se calmer lorsqu'il n'eut plus de larmes.

« Ray... Retournons à Jadielle... »

Le borgne se hissa difficilement sur le dos de son allié, se laissant aller dessus. Sa demande fut aussitôt exécutée. Il se cramponna pendant que l'Arcanin fonçait vers la ville, usant de son énergie pour mettre son ami en sécurité. Heureusement pour eux, il existait un bunker caché dans l'Arène inutilisée. Ils furent accueilli immédiatement. Mais ici non plus, il n'y avait plus beaucoup de provisions. Ray et son Dresseur furent obligés de se partager des petites provisions qu'on leur offrit, mais ils en étaient heureux, en un sens. Cependant, en voyant les regards assez envieux de deux enfants seuls dans un coin, l'estropié s'attrista. Malgré ses difficultés à cause de sa jambe, il alla les voir.

« Vous êtes seuls ?
─ Oui...
─ Vous voulez jouer un peu avec Ray ? C'est un bon ami. »

Le jeune homme leur offrit un sourire fatigué pendant que les yeux des gamins s'illuminaient.

« On peut l'approcher... ?
─ Bien sûr. Il n'est pas du tout dangereux. Il est même très joueur !
─ Oui ! On veut bien ! S'il te plaît ! »

Les deux sautillaient presque sur place, changeant leur expression de tristesse à une excitation qui avait presque disparue avec le malheur de la guerre. Dès que l'Arcanin s'approcha d'eux, il se coucha sur le sol, la truffe devant eux, restant le plus sage possible. Le premier, un jeune garçon aux cheveux bruns qui semblait avoir une dizaine d'années alla prudemment poser sa main sur son museau. Voyant que le Pokémon ne montrait aucun signe d'hostilité, il se mit à le caresser davantage, souriant béatement. Le plus jeune qui atteignait à peine la moitié de la taille du plus grand, un petit blond aux taches de rousseurs accordées à ses yeux restait un peu en arrière, visiblement intimidé. Puis, à force d'observer l'autre garçon, il finit par s'approcher et caresser à son tour Ray qui resta immobile, comme une statue, ne voulant pas les effrayer. Son visage finit par se détendre un peu et sourire avant qu'il n'aille à son tour fourrer ses mains dans la crinière du canidé.

« Aelgyth... »

Une voix familière lui fit tourner la tête. Derrière lui se trouvait une jeune femme d'âge mur. Des rides avaient trouvées leur place sur son visage fatigué à moitié caché par la longueur de ses cheveux d'un vague blond parsemé de mèches grises. Ces dernières faisaient particulièrement ressortir les yeux d'un bleu intense qu'elle arborait.

« Cela fait longtemps, pas vrai... ?
─ Effectivement, Carla... »

Son air mélancolique s'était transformé en une profonde tristesse. Carla était la mère de leur meilleur ami, autrefois, avant que celui-ci ne disparaisse. Il fut d'ailleurs retrouvé mort plus tard. Victime d'un homme à l'être dérangé et de son Hypnomade. Le borgne et son aimé avaient alors à peine dix ans.

« Ton Arcanin a bien grandi... Il joue même avec ces enfants. On ne dirait pas qu'il était un petit être chétif et peureux, à l'époque.
─ En effet... »

Le jeune homme laissa aller un soupir mélancolique en voyant les enfants grimper sur Ray en riant, retrouvant leur insouciance qu'ils n'auraient jamais dû perdre à cause de la guerre.

« Pourquoi es-tu là ?
─ Neish est tombé malade à nouveau... Mais les médicaments sont introuvables, on ne peut que ralentir sa fin. Alors je suis parti chercher le médicament qu'il lui faut.
─ Alors que tu es blessé à ce point... ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, d'ailleurs ?
─ J'étais là au mauvais moment, au mauvais endroit, avec les mauvaises personnes. »

En remarquant l'air sombre de son interlocuteur, l'ancienne mère décida de ne pas approfondir la discussion.

« Tu vas bientôt partir, j'imagine...
─ Dès l'aube. Les nuits restent glaciales, par ici.
─ Je vois... Tu as pris des vêtements chauds avec toi j'espère.
─ En quelque sorte. Je n'en ai pas vraiment besoin de toute façon. Je suis habitué à résister au froid maintenant.
─ Pourtant, tu étais frileux, à l'époque... »

La vieille femme fronça les sourcils, ne comprenant visiblement pas comment une personne frileuse pouvait devenir insensible à ce point aux températures.

« Ma peau a été brûlée à de hauts degrés par des malades. C'est un miracle que j'y ai survécu. Mais en retour, j'ai perdu mon sens du toucher sur la majeure partie de mon corps. »

Il avait murmuré, de sorte à ce que seule celle qui était à côté de lui puisse l'entendre. Celle-ci se tut, ne sachant que dire. Elle posa doucement sa main sur la tête du jeune homme, comme un signe de compassion.

« On dirait que les enfants commencent à être fatigués... »

Comme elle l'avait fait remarquer, les enfants préféraient désormais se blottir contre Ray en prévision de leur nuit.

« Oui, on dirait bien... »

L'handicapé bougea difficilement, ses membres s'étant raidis à force d'être immobiles.

« Je vais aller faire un tour dehors avant d'en faire de même.
─ Sois prudent. »

Il sortit ainsi du bunker, respirant l'air frais d'une nuit d'hiver. En levant la tête, il voyait à peine la voûte céleste à cause des nuages. Et qui sait si c'était des nuages de pluie ou de cendres. Un bruit proche de lui l'arracha à sa contemplation. Un petit hululement l'informa de sa source. Un Hoot-Hoot s'était posé non loin de lui et l'observait avec leurs grands yeux.

« Salut toi. Qu'est-ce que tu fais là ? »

Bien entendu, le Pokémon ne répondit pas, regardant fixement l'humain qui le lui rendait bien.

« Tu as des parents, toi ? Ou ont-ils aussi été capturés par cette guerre horrible ? »

L'oiseau s'approcha du jeune homme, venant se poster à côté de lui. L'action le fit sourire.

« Tu devrais rentrer chez toi... Ce n'est pas sûr ici. Tu pourrais te faire tuer ou capturer. »

Il fouilla dans sa poche avant d'en sortir une Pokéball.

« Tu vois, là dedans. Si on te met là-dedans, tu appartiendras à un humain. Et tu devras lui obéir. Ce n'est pas un sort enviable... »

A peine avait-il terminé sa phrase que le petit sautait littéralement sur l'instrument de capture. Heureusement, ce n'était pas sur le dispositif.

« Idiot... Va retrouver ta famille, ou tes amis au lieu de jouer avec ce genre de choses. »

Le borgne rangea la Pokéball pendant que le Hoot-Hoot allait se percher sur des ruines.

« Aller, oust. Va profiter de ta vie. »

L'handicapé retourna ensuite dans le bunker, laissant son compagnon du soir seul. Il alla silencieusement se coucher auprès de Ray et ne mit pas longtemps avant de s'endormir, ses pensées tristes se taisant enfin.