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| [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé | |
| Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Sam 18 Jan 2014 - 23:50 | |
| Rappel du premier message :Bonjour à toutes et tous et merci de l'attention que vous accordez à ce sujet, cliquer ainsi est très courageux. Ce Nuzlocke romancé est basé sur la toute première génération, pokémon bleu pour être précis. Les règles sont : -Tout pokémon K.O est considéré comme mort -Seul le premier pokémon rencontré est capturable, exception faite si il est déjà capturé et enregistré sur le pokédex. -Interdiction de capturer des pokémons légendaires -Interdiction d'échanger ses pokémon de quelque manière que ce soit -Obligation de donner un surnom à ses pokémons - + quelques autres règles temporaires établies pour le fun et que je préciserai en fin de chapitre. Ce Nuzlocke romancé sera un peu sombre, il y aura quelques grossièretés et certaines scènes peuvent ne pas être adapté à tous les publics. Je préviendrai à l'avance en début de post si c'est le cas. Il n'est pas impossible que je décide de corriger quelques éléments un de ces jours. Résumé : Dans la vie, il y a ceux qui veulent briller, ceux qui ne peuvent pas et ceux qui sont contraints de rester dans l'ombre. Malheureusement pour Alfaro, son père disparu depuis des années semblait faire partie de la troisième catégorie. Commence alors un voyage pour retrouver ses origines, quel que soit le prix à payer. Du moins le pensait-il.Bonne lecture et merci d'avance pour vos retours ^^ - Chapitre 1:
Daily KantoExclusif : après plusieurs mois de débats, le parlement vient de voter la loi sur la limitation de capture de pokémons. Cette limite lancée à l'initiative des associations pour la vie sauvage impose désormais aux dresseurs de capturer un unique pokémon par zone, non renouvelable. Coup de massue supplémentaire, les dresseurs n'auront droit qu'à une seule chance de capture, celle du premier pokémon rencontré hors-amendements supplémentaires. Le principal défenseur de cette loi, monsieur Takeshi Nuzlocke, affirme : "Trop de dresseurs considèrent les pokémon comme des objets. Le nombre de décès liés aux matchs n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Avec cette loi, nous espérons que les dresseurs réfléchiront d'avantage et cesseront d'envoyer les êtres vivants dont ils sont responsables se faire tuer uniquement par stratégie. Le Syndicat des Dresseurs de Kanto a appelé à manifester contre cette loi. Malgré les exceptions qui leurs sont consacrés, certains champions d'arènes encouragent le mouvement. Monsieur Gotzaburo Flint, champion en titre d'Argenta, témoigne : "Avec cette nouvelle règle, l'élevage deviendra quelque chose de codifié que seuls les meilleurs pourront transmettre. Plutôt que d'agir et d'étudier au cas par cas, le gouvernement prend la solution de la facilité. Oui, les dresseurs font des erreurs, mais ce sont elles qui font progresser et qui font que chaque relation entre les pokémons et leur maître est unique. J'appelle tous ceux qui sont contre cette loi élitiste à manifester pour son retrait" La loi entrera en vigueur dans les prochains mois. De nombreux mouvements sont d'ores et déjà prévus malgré la position ferme du gouvernement. *°*°*°*° 9 ans plus tard...Il pleuvait dru ce jour-là au Bourg Palette. Un orage assez conséquent pour la saison avait éclaté quelques minutes auparavant, déversant des gouttes de pluies qui frappaient dans un roulement continu contre les fenêtres. Le village, par sa taille modeste, avait pour avantage de faire se connaître tous ses habitants, aucun humain n'était donc dans les rues et seuls quelques pokémons sauvages couraient rejoindre leurs nids où ils seraient à l'abri. Le professeur Samuel Chen était dans son salon, à moitié allongé dans un des canapés et lisant un livre. Le mauvais temps l'avait obligé à faire rentrer tous les pokémon dont il avait la charge dans leurs pokéballs, exceptés quelques courageux mais résistants adeptes de l'eau qui profitaient de leur élément pour se ressourcer. Les orages le distrayaient à chaque fois et il jetait de fréquents coups d'œil à la la fenêtre, plongé dans ses méditations. -L'oiseau légendaire tonne au-dessus de nos têtes : écoutons ses plaintes. Comme pour confirmer le haïku, un éclair illumina la pièce un bref instant, bientôt suivi par le grondement du tonnerre. Chen se leva, posa son livre et attrapa une paire de pokéballs posées sur la table. Le vent soufflait désormais avec une telle force qu'il était hors de question de laisser un seul pokémon dehors. Le chercheur se dirigea droit vers la porte menant au parc de la propriété, ignorant le parapluie posé contre un mur. Avec ou sans protection, il serait de toute manière obligé de se sécher dans sa salle de bain. Le vent soufflait avec une force peu commune. Aussi, Chen ne perdit pas de temps et fît tinter la cloche accrochée à côté de la porte. Quelques secondes plus tard, un akwakwak accompagné d'un tétarte courraient vers lui. -La récréation est terminée les enfants, c'est trop dangereux, dit l'homme d'une voix suffisante pour couvrir le bruit des rafales. Les créatures ouvrirent la bouche comme pour répondre mais leurs cris restèrent silencieux.. Le chercheur, devant l'accord présumé, enclencha les deux pokéballs qui s'ouvrirent et aspirèrent le tétarte et l'akwakwak dans un rayon de lumière rouge. Il porta son regard en direction du lac : les pokémons qui s'y trouvaient se réfugieraient au fond, ils ne couraient donc aucun danger. Sa mission accomplie, il retourna au sec, direction la salle de bain et tant pis pour le carrelage. Une serviette trempée et un pull brun à col roulé plus tard, il redescendit et s'installa de nouveau dans son canapé, une veste blanche sèche posée sur la table de son bureau. Ses recherches pouvaient bien attendre le retour du beau temps. L'orage s'éloigna peu à peu mais la pluie et le vent ne diminuèrent pas. Chen somnolait désormais sur son canapé, bercé par les éléments. Le livre était tombé au sol sans un bruit et la main qui la tenait pendait maintenant dans le vide. Il n'était plus tout jeune. Deux fois grand-père, approchant de la soixantaine, il se consacrait avec plus d'ardeur que jamais à ses recherches. Parallèlement à ses activités scientifiques, il faisait partie du conseil des dresseurs vétérans de Kanto. Son rôle était d'évaluer la capacité des jeunes gens à savoir entraîner ou non un pokémon de manière responsable, ayant lui-même parcouru le pays dans sa prime jeunesse. Depuis le grand changement survenu 9 ans auparavant, les occasions de voir partir une jeune pousse de dresseur s'étaient faites moins courantes et plus rare encore étaient celles qui lui permettait de contempler leurs sourires à leur retour. Le monde avait bien changé. Peu après l'adoption de la loi Nuzlocke, de nombreuses autres règles avaient été votées. Parmi elle, l'interdiction indiscutable pour les aspirants de moins de 18 ans à devenir dresseurs. La détention de pokémons en tant qu'animaux de compagnie avait également subie plusieurs restrictions pour éviter que les tout jeunes enfants ne prennent trop confiance en eux. Bien que le tabou soit présent, tous pensaient la même chose : les liens entre humains et pokémons se démêlaient. Paradoxalement, les sentiments échangés se révélaient plus forts. Du fait de la limitation de la capture des pokémons sauvages, les dresseurs devaient s'occuper d'avantage de leurs compagnons de route. Et si cela créait des souvenirs irremplaçables, le vide que laissaient les créatures à leur mort avait donné lieu à de nombreux cas de dépressions et de suicides. Il était difficile pour Samuel Chen de plonger ses yeux dans ceux des dresseurs ayant eu le malheur de connaître une telle tragédie. Quand ce n'était pas de la tristesse, c'était une dureté qui n'avait rien de rassurant. Lui qui avait connu un âge d'or où dresseurs et pokémons avançaient continuellement, voir des destins brisés à cause d'une erreur lui retournait le cœur. Il n'y avait pas de seconde chance, c'était tout ou rien. Il avait donc prit son rôle d'évaluateur très au sérieux mais toujours avec pédagogie. Par chance, la plupart des dresseurs qui venaient le consulter venaient du Bourg Palette, ils avaient donc l'occasion de discuter longuement. De plus, il n'était pas rare pour lui d'organiser des ateliers dans les écoles de la région. Il profitait ainsi de sa renommée pour apporter le message suivant aux jeunes pousses : "élever des pokémons est plus que jamais une tâche lourde et difficile. Montrez-vous digne de cheminer à côté de ceux qui nous ont soutenus durant des millénaires". C'était ça ou se rebeller ouvertement contre le système et voir ses fonds pour la recherche disparaître. Chen se réveilla de son demi-sommeil, son humeur aigrie par ces dernières pensées. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre : la pluie, bien que toujours régulière, avait diminuée et le ciel noir était devenu gris. Le mauvais temps ne cesserait sûrement pas avant le milieu de la nuit. Une tasse de thé plus tard, le chercheur s'installa à son bureau dans l'espoir de finir le classement de diverses données. Avec un temps pareil, il n'arriverait de toute façon pas à se motiver pour quoi que ce soit d'autre. Il en était au tout début quand on toqua à la porte. Croyant confondre avec autre chose, il laissa passer quelques secondes avant que le visiteur ne frappe de nouveau. -J'arrive, j'arrive, lança Chen en réponse à une troisième série de coups. Après avoir remis sa veste, le scientifique partit en direction de l'entrée, légèrement inquiet. Avec une pluie pareille, seule une urgence pouvait convaincre quelqu'un de gravir les marches menant à son laboratoire. Il actionna les verrous de la porte et l'ouvrit. Devant lui se trouvait un adolescent brun, de corpulence un peu maigre pour sa taille moyenne. Ses vêtements se limitaient à un jean bleu éraflé d'où pendait une chaîne en métal, d'un t-shirt noir et d'une veste à manche courtes de la même couleur tendue au-dessus de sa tête en guise de parapluie. Son visage était tânné par le soleil et sans l'absence de surprise sur son visage, on aurait pu douter que ce fût un vacancier de Carmin-sur-mer accidentellement téléporté à Bourg-Palette. Il portait également un gros sac à dos sans pour autant avoir une ceinture de dresseurs, ce qui trahissait ses intentions. Le professeur le regarda quelques secondes, cherchant son visage dans sa mémoire. Ce garçon n'était pas du village et il doutait l'avoir jamais rencontré. L'étranger prit alors la parole. -Vous êtes bien le Professeur Samuel Chen ? -Oui, mais ce n'est pas le meilleur endroit pour discuter. Entre. Il recula pour laisser passer son invité qui ne se fît pas prier pour entrer, ignorant les flaques d'eau et de boue qu'il laissait derrière lui. Chen grimaça mentalement : il allait avoir besoin d'une serpillière neuve pour pouvoir éponger tout ça. -Tu peux poser ton sac ici, dit-il en montrant un coin contre un mur. Si tu veux te sécher, la salle de bain est au premier étage, deuxième porte à droite. -Merci. Le garçon aux cheveux bruns monta tandis que Chen se dirigeait une nouvelle fois dans la cuisine préparer une deuxième tasse de thé. Pourvu qu'il n'ai pas à régler une énième affaire de fugue : avec tous les dangers de la vie de dresseur, il fallait obligatoirement fournir un document attestant que les proches de l'aspirant étaient au courant du nouveau choix de vie du concerné. Au travers d'un souci de prévention, c'était en réalité une autorisation parentale camouflée. Même en ayant l'âge minimal requis, certains parents refusaient de signer et leurs enfants partaient seuls sur les routes. Foutue paperasse... -De mon temps, on avait pas besoin de toutes ces conneries pour partir, bougonna le scientifique. Un compagnon de route, du courage, et ça nous suffisait. Il soupira puis revint dans le salon. Aucun bruit ne se faisait entendre à l'exception de la pluie qui continuait de battre contre les carreaux. Chen regarda sa montre : 18 heures 25. Qu'est-ce qui pouvait donc bien forcer quelqu'un à marcher par ce temps sans qu'il n'y ai urgence sur une vie ? L'adolescent descendit quelques minutes plus tard et le rejoignit, coupant court à ses réflexions. -Je t'en prie, tu peux t'asseoir. Tu t'appelles...? -Alfaro Straeno. Merci beaucoup pour votre accueil, répondit le garçon en s'asseyant sur le canapé en face. -Ce n'est rien. J'ai moi-même parcouru les routes étant plus jeune, alors entre dresseurs... -Je ne suis pas encore dresseur, professeur, le coupa Alfaro. Les prédictions de Chen s'avéraient donc juste. Il n'aimait pas trop se fier au jugement physique, mais celui qu'il avait en face avait tout de l'adolescent fugueur. Son regard s'arrêta un peu trop longtemps sur la chaîne accrochée à son jean. Selon son petit-fils, c'était la mode à Safrania, la abstraction de ce détail, il poussa plus en avant son investigation pour confirmer son sentiment. -Tu n'as pas l'air du coin. Je peux savoir d'où tu viens ? -De Safrania, monsieur. Chen passa un bras sur le dos du canapé. Look de petit bagarreur mais manière polies, ajouté à cela le fait qu'il soit spontanément venu voir l'autorité scientifique de la région. Le jeune restait silencieux, il allait donc falloir y aller par étape. -De Safrania...répéta Chen. Et tu veux devenir dresseur, hum ? Alfaro hocha la tête silencieusement, les yeux fuyant son interlocuteur. Il ne pensait pas être reçu aussi facilement et cela le mettait mal à l'aise. Chen en était au même point : comment en savoir plus sur ce garçon sans le troubler encore plus ? -Tu n'as tout de même pas fait tout ce chemin alors que tu pouvais faire ta demande à Safrania ? demanda-t-il, interloqué. -Il y a...autre chose... Alfaro leva la tête et regarda l'expert en pokémons. Ses yeux gris foncé brillaient, contrastant désormais avec son teint basané. -Selon ma mère, vous auriez eu des contacts avec mon père, Alberto Straeno, un scientifique. Chen croisa le regard de l'adolescent. Les sourcils de ce dernier s'étaient froncés à l'évocation de son père comme pour insister sur l'importance de la question. Changeant de position, le scientifique se caressa le menton et réfléchit un instant. -C'est possible...tous les chercheurs veulent plus ou moins s'entretenir avec moi, je ne peux donc pas retenir tous leurs noms. Mais je peux faire des recherches là-dessus. Pourquoi cette question ? Alfaro ne répondit pas et se contenta de boire une gorgée de thé. Chen insista. -Tes parents savent que tu es ici, au moins ? -Mon père n'a plus donné signe de vie depuis 11 ans et ma mère est morte il y a quelques jours, lâcha soudain l'adolescent. Un silence pesant s'installa tout d'un coup durant lequel Chen se maudit intérieurement. Orphelin de mère, père disparu sans laisser de traces, certainement aucune famille proche vu le nom d'immigrés et peut-être encore mineur. -E pourquoi est-ce que tu veux devenir dresseur ? -Bah pour retrouver mon père, lâcha Alfaro comme si c'était une évidence. -Ce n'est pas une raison invoquée et entendue par la loi, le contredit Chen. -Ok, je veux casser du champion d'arène, devenir le meilleur dresseur de tous les temps et d'autres conneries dans le genre. Il a ça dans ses fichiers, votre ordinateur ? Le scientifique sentit son visage se crisper imperceptiblement. De son avis personnel, ceux ayant des motifs prédéfinis ne faisaient généralement pas de bons dresseurs, même si ils partaient à la conquête des arènes. Malgré les nouvelles lois, certains humains continuaient de traiter les pokémons comme des outils et le gouvernement avait de plus en plus de mal à les traquer. Il craignait que le jeune homme en face de lui ne devienne l'un d'eux. -Devenir dresseur n'est pas donné à tout le monde. Il faut un minimum de connaissances en la matière. -Je me débrouillais plutôt bien à mon bahut. Allez-y, interrogez-moi sur c'que vous voulez, encouragea Alfaro avec un léger sourire en coin. Chen ne se fît pas prier et commença par faire décrire les avantages et les faiblesses des pokémons du type poison immédiatement après la mise au défi. Les réponses données par le brun furent parfaites. L'entretien ponctué par quelques anecdotes nostalgiques de l'examinateur dura le reste de la soirée. Malgré son caractère à la limite du supportable, le professeur Chen dut admettre que le gamin connaissait les bases du dressage : types, attaques, forces et faiblesses, notion d'évolution...seule l'utilisation des objets lui posa problème, ce que le vétéran-dresseur corrigea. Favorablement impressionné, il osa même demander comment son invité avait acquis de telles connaissances. -J'ai pris option Découverte du Dressage à mon bahut et j'ai un peu bouquiné là-dessus. Chen sourit : malgré les difficultés qu'ils rncontraient, rares étaient les aspirants qui prenaient la peine d'étudier sérieusement la théorie. Le gamin avait de la cervelle, c'était sur. Le cœur, en revanche... -Tu es conscient que les pokémons demandent beaucoup de soins, n'est-ce pas ? -Oui, oui. Je gardais les pokémons des voisins quand ils devaient s'absenter, mentit Alfaro. Il n'avait jamais vraiment approché de pokémons. A Safrania, seuls des miaouss sauvages et des ratatas étaient trouvables mais personne n'en voulait. Il n'avait jamais approché l'arène et s'était contenté de jeter un coup d'œil à la façade d'un centre pokémon. Une de ses connaissances l'avait forcé à venir au dojo et lui avait montré des pokémons humanoïdes gris et laids. Il se souvint la surprise qu'il avait eu lorsque l'un d'eux l'avait soulevé comme une plume sous les rires des karatékas alentours. Rouge de honte, Alfaro était parti le plus vite possible et avait développé une animosité envers les pokémons de type combat. Le professeur Chen ne suspecta pas le mensonge et termina l'entretien. -Hmm...tu sembles savoir ce que tu fais. Si ça ne tenait qu'à moi, tu pourrais partir, mais il y quelques empêchements... Alfaro baissa de nouveau les yeux. C'était l'une des raisons pour laquelle il avait demandé à un ami de convaincre son père de l'amener jusqu'à Jadielle : il était impossible de discuter avec les fonctionnaires de Safrania, quand ils ne vous demandaient pas quinze fois le même document. -Mais il se fait tard, je verrai tout ça demain. Tu n'as nul part où loger, n'est-ce pas ? Cette fois-ci, Alfaro tourna carrément la tête vers le mur. Si il s'était senti un peu plus détendu lors de la discussion qu'il avait eu précédemment, sa fierté l'empêchait de répondre. Chen se décida à parler. -Comme je te l'ai déjà dis, j'ai moi aussi été dresseur. Offrir l'hospitalité ne me pose donc aucun problème. -Juste pour cette nuit, alors. Je serais dresseur dès demain ? -Je ferais mon possible, mais rien n'est sûr. Si tu me sembles avoir les compétences pour parcourir les routes, ce n'est peut-être pas l'avis de la loi. Tu as l'âge requis, au moins ? -Dans quelques mois, grogna Alfaro. Encore une complication. Par tous les légendaires, il était chercheur, pas assistant social ! Chen garda cependant son calme et jeta un œil à sa montre. 21 heures 15. Il était inutile d'entreprendre quoi que ce soit pour le moment. -Je dois avoir quelque chose au frigo. Tu peux monter tes affaires, la chambre d'ami est juste en face de la salle de bain. Alfaro obéit et monta en silence. Une fois hors de vue, Chen s'autorisa un bref soupir. Quand il y avait fugue, il lui suffisait de discuter avec l'aspirant dresseur et d'appeler les parents. L'affaire était beaucoup plus compliquée cette fois-ci bien que, en un sens, rien n'empêchait le gamin de partir sur les routes. Il se promit cependant de faire quelques recherches. Si Alberto Straeno était bel et bien un scientifique, le retrouver ne serait pas difficile. Peut-être même était-il déjà au courant de la mort de sa femme. Bien évidemment, toute cette histoire ne reposait que sur les affirmations du jeune garçon. Partir de Safrania juste pour cette mascarade avait beau être un peu fort, il se devait de vérifier les dires d'Alfaro. Mais il se faisait tard et Chen avait tout le lendemain pour mettre son plan à exécution. Qui sait. Le garçon allait peut-être lui être utile... A l'étage, Alfaro se réfugia dans la chambre d'invités, inconscient des plans de son hôte. Une fois la porte fermée, il jeta son sac dans un coin et s'assit sur le lit, le regard baissé et les mains croisées sous son menton. La pénombre de la pièce l'aidait à réfléchir et à se remettre de ses émotions. C'était déjà un miracle en soi que d'être arrivé jusqu'ici. Convaincre le père de l'un de ses amis, employé par la Sylphe SARL, de l'emmener avec lui jusqu'à Jadielle n'avait pas été facile. Le mauvais temps l'avait fait plus d'une fois trébucher sur le chemin du Bourg-Palette, mais il était arrivé à son étape sain et sauf. -Si j'avais su que le célèbre professeur Chen n'était qu'un vieux sentimentaliste...murmura-t-il. Il s'autorisa un petit sourire, puis se força à reprendre un visage neutre avant de se lever et quitter la pièce. Tout se déroulait comme il l'avait prévu.
- Chapitre 2:
Le lendemain matin, Alfaro se réveilla de bonne heure, ce qui selon ses critères signifiait 9 heures et demi. Il ne se leva pas tout de suite et préféra songer à tout ce qu'il s'était passé depuis son départ de Safrania. Les choses se déroulaient plutôt bien pour le moment : il était arrivé sain et sauf à sa première destination et celui qui était considéré comme le meilleur scientifique de la région se révélait très conciliant, du moins en apparence. Il ne pouvait espérer meilleur commencement dans sa quête pour retrouver son géniteur.
Il tendit l'oreille pour percevoir des bruits aux alentours et entendit un raclement de chaise ainsi que des bruits de pas au rez-de-chaussée. Concluant que son hôte était déjà debout, Alfaro se leva, s'habilla rapidement et descendit. Il se dirigea en premier lieu vers le salon qu'il trouva vide, ce qui le força à faire plusieurs pas hésitants avant d'arriver au laboratoire.
Cette pièce était au moins trois fois plus grande que la précédente, ce qui était somme toute normal au vu des activités qui y avaient lieu. De grandes baies vitrées éclairaient des aquariums pour pokémon posés en dessous d'elles. Tout autour de la pièce, contre les murs, étaient disposés de lourds appareils électroniques que Alfaro aurait été bien incapable d'identifier. Le seul qu'il reconnaissait était un grand ordinateur posé sur le bureau de son propriétaire qui se trouvait juste à côté, visiblement très occupé.
-Bonjour mon garçon, le salua Chen en posant une pile de document sur son bureau. Assieds-toi, j'en ai pour une minute.
Alfaro obéit sans dire un mot et s'installa sur l'unique canapé, orange cette fois-ci, situé en face du mur aux aquariums. Il remarqua une assiette de tartines à moitié noircies ainsi qu'une tasse vide et une théière posés sur une petite table en face. N'attendant pas d'invitation, il se servit et mâchonna lentement son petit-déjeuner.
Prudent et calculateur de nature, il avait tenté de prévoir la suite des événements toute la nuit. L'entretien de la veille lui avait donné bon espoir et le vieil homme se montrait conciliant à son égard, ce dont il n'avait pas tellement l'habitude. Il avait participé à de nombreux mauvais coups a Safrania, si bien que sa réputation en dehors de son cercle de petits voyous des rues n'étais pas encourageante. Il se plaisait néanmoins à se considérer comme une tête pensante et non comme une masse de muscle, ce qui n'était pas toujours inutile.
Le professeur Chen pianota durant quelques minutes sur son ordinateur puis rejoignit Alfaro, une tasse vide dans une main et une chaise dans l'autre. Il s'assit en face de la petite table basse, se servit du thé et commença la discussion.
-J'ai retrouvé les lettres que ton père m'avait envoyé il y a plusieurs années. Je m'en souviens maintenant, il travaillait sur l'anatomie des pokémon, non ?
-'chais pas, dit Alfaro en levant les épaules. J'étais trop jeune et ma mère m'en a jamais parlé.
-Quoi qu'il en soit, j'ai essayé de retrouver sa trace mais aucun signe de lui. Il travaillait à Safrania, je crois...
Alfaro termina d'avaler une tartine puis répondit mollement :
-Ouais, mais il a quitté la maison et depuis, plus rien.
-Il y a 13 ans, c'est ça ?
-P'têt bien. Je m'en souviens plus trop.
Chen se retint de soupirer. Pour un garçon qui semblait vouloir retrouver son père, il n'avait pas fait beaucoup d'enquêtes préalables. Ou bien sa mère était restée discrète sur le sujet.
-A ce propos, toutes mes condoléances pour ta mère. Cela doit être très dur.
L'adolescent resta silencieux et fixa le sol. Le scientifique en imputa la cause à la fatigue avant de voir que les mains du jeune garçon s'étaient mises à trembler autour de sa tasse. Ne voulant voir craquer ni sa vaisselle ni Alfaro, il décida de changer de sujet.
-Je suis vraiment désolé, je n'ai pu trouver aucun piste mais j'ai néanmoins de très bonnes nouvelles à t'annoncer...
Le chercheur fut malheureusement coupé dans ses paroles par le claquement de la porte d'entrée. La personne qui les interrompait s'annonça immédiatement.
-Pépé ? C'est moi !
-William ? Qu'est-ce que...ah oui ! Je suis dans le laboratoire ! indiqua Chen au nouvel arrivant.
Quelques secondes plus tard, un jeune garçon un peu plus âgé que Alfaro les rejoignit. Il ignora le brun et s'adressa directement au plus vieux.
-Alors pépé, tu les as ? demanda-t-il, apparemment impatient.
-Oui oui, ne t'en fais pas pour ça. Au fait, je te présente Alfaro. Il va lui aussi devenir dresseur dès aujourd'hui.
Le concerné sourit légèrement, son visage toujours dirigé vers le carrelage de la pièce. Enfin ! Il allait enfin avoir la possibilité d'agir comme il le souhaitait ! Dans un sens, il comprenait l'excitation que ressentait le nouvel arrivant.
-Alfaro, voici mon petit-fils, William.
-B'jour, lâcha Alfaro en faisant un petit signe de la main.
Il le détailla du regard. La première chose qui sautait aux yeux chez William était sa coiffure. D'un châtain proche du roux, elle défiait littéralement les lois de la gravité de par ses nombreuses mèches qui pointaient dans tous les sens. Il était légèrement plus grand que Alfaro et son visage était plus rond, ce qui ne l'empêchait en rien d'afficher un air narquois. Ses yeux cuivrés s'attardèrent un instant sur le brun, toujours assis sur le canapé, puis revinrent à son grand-père.
-Ouais, ouais. Bon, y sont où mes pokémon ?
-"Tes" pokémon ? Tu connais la règle, William : un seul pokémon de départ. Les pokéballs sont juste à côté, suivez-moi.
Le petit groupe se dirigea vers le fond de la salle. Sur une table rectangulaire reposaient les trois outils de capture et de transport.
-Dans ces pokéballs se trouvent trois pokémon : feu, eau et plante. Alfaro, à toi de choisir.
-Mais c'est dégueulasse pépé ! Pourquoi c'est pas à moi de choisir en premier ? s'insurgea le petit-fils du chercheur d'un ton offusqué.
-Patience, William, tu en auras un toi aussi. A toi l'honneur, dit-il au brun
Alfaro s'avança vers la table d'un air dubitatif. Il n'avait aucune idée de ce à quoi pouvaient bien ressembler les pokémon qui étaient devant lui. Il regarda derrière son épaule en direction de William qui trépignait d'impatience.
-Dépêche, j'ai pas toute la journée, dit-il d'un ton pressant.
Si il avait su quels pokémon lui seraient proposés, Alfaro y aurait réfléchi plus longtemps. En désespoir de cause, il se basa sur les types annoncés par le professeur Chen : feu, eau ou plante. Un parfait cercle d'avantage et de faiblesse.
-T'as choisi quoi, toi ? demanda-t-il au natif de Bourg Palette.
-Pour que tu me le prennes ou que tu aie un avantage ? Crève !
-Allons ça suffit vous deux ! raisonna le scientifique, lassé de voir les deux plus jeunes se disputer. Alfaro, s'il te plaît...
L'adolescent lâcha un soupir et avança finalement sa main vers la troisième pokéball, celle qui contenait le pokémon de type plante. Après tout, s'occuper d'une espèce d'arbuste miniature ne devait pas poser trop de problèmes. De l'eau, du soleil et ça poussait très bien tout seul, rien de compliqué à ça.
-Bulbizarre, hein ? Parfait pour les débutants, remarqua Chen.
Le choix de William prit beaucoup moins de temps. A peine Alfaro eut-il soulevé la pokéball de son socle qu'il s'emparait de celle située à l'extrémité de la table.
-T'aurais pris cher si tu avais choisi mon salameche, dit-il en cachant tant bien que mal son grand sourire.
-J'ai dit ça suffit ! répéta Chen d'une voix autoritaire. Bien, maintenant que les choix sont faits, écoutez-moi attentivement. Les pokémon que vous avez désormais en votre possession sont encore jeunes, fragiles mais énergiques. Ils ont été élevés au contact des humains, vous devriez donc vous lier très vite avec eux. Je vous conseille de vous entraîner aux alentours. N'allez surtout pas plus loin que Jadielle, j'aimerai vous revoir dans l'après-midi. des questions ?
Face aux deux signes de tête négatifs, le scientifique conclut son discours.
-Bien, tu peux y aller William. Alfaro, je peux te parler un instant ?
Le châtain partit rapidement, visiblement très pressé d'entraîner son pokémon. De son côté, Alfaro se rassit sur le canapé sur l'invitation du professeur Chen. Il ressentait déjà une certaine antipathie pour le petit-fils du chercheur et son caractère de gosse pourri-gâté. Selon Alfaro, tous les gens qui avaient plus ou moins reçu un coup de piston étaient incapables de faire quoi que ce soit par eux-mêmes, voir l'autre échouer dans la semaine ne l'étonnerait donc guère.
-Bon. Ça, c'est fait.A ton tour maintenant. Comme je voulais te le dire tout à l'heure, je peux t'obtenir une carte de dresseur. Tu n'as certes pas encore 18 ans mais pour quelques mois...on peut faire abstraction. Je devrais te l'obtenir dès cet après-midi. En échange, j'aimerais que tu me rendes un petit service.
Alfaro regarda l'homme plus attentivement. Il n'y avait rien d'exceptionnel à un échange de bons procédés. C'était monnaie courante à Safrania : en échange d'un "petit service" pas tout à fait légal et du silence, on proposait quelques travaux manuels ou un autre arrangement à la limite de ce qui était permis. Pourvu qu'il ne lui demande pas de reclasser les livres de la bibliothèque, le jeune garçon n'était pas un amoureux des pavés scientifiques indéchiffrables.
-J'ai un colis qui m'attend à la boutique pokémon de Jadielle mais il semblerait que l'orage d'hier limite les communications. Le livreur m'a appelé ce matin pour me prévenir et je lui ai parlé de toi.
-Carte de dresseur contre colis à livrer ? Pas de problèmes, dit Alfaro.
-Prends ceci en cas de besoin, c'est une lettre disant que tu es à mon service, dit Chen en sortant une enveloppe de sa veste. J'y pense, que dirais-tu de donner un surnom à ton bulbizarre ?
Le brun haussa les sourcils. Il connaissait cette pratique à la mode chez les dresseurs mais n'en voyait pas l'utilité : faire des combats à mort ne nécessitait pas de s'attacher à ses bestioles. Pire encore, il savait les dangers qu'il encourait à y donner trop d'importance. Bien qu'il se considérait comme peu sentimental, il n'avait pas envie de voir son voyage à la recherche de son père entravé par de stupides dépressions au moindre pokémon mort. Son interlocuteur sembla deviner ses pensées et trouva une excuse.
-Je suis sûr que cela te sera utile, dit le chercheur en appuyant sur les syllabes de manière entendue. Tu n'as pas les connaissances de William et les pokémon aiment qu'on leur donne des sobriquets. Un pokémon avec qui l'on prend le temps de sympathiser donne toujours tout de lui-même pour son dresseur et se battra pour lui de la meilleure façon qui soit.
"Ah, si c'est utile, autant ne pas cracher dessus", pensa Alfaro.
Il regarda un instant la sphère blanche et rouge qu'il tenait entre ses mains. La créature était un bulbizarre, hein ?
-Sors-le, ça t'aidera à choisir, proposa le plus âgé.
Le natif de Safrani obéit. Il prit la pokéball de façon à ce que le bouton soit dirigé vers le sol, appuya dessus et son occupant en sortit dans un rayon de lumière rouge. Le pokémon était vert avec quelques tâches plus sombres disséminées sur son corps et sur sa tête ronde et plate qui dévoilait sous ses yeux rouges une large bouche dotée de deux canines. On aurait dit une petite tortue terrestre mais le bulbe fermé qui reposait sur son dos remplaçait la carapace tout en confirmant son appartenance au type plante.
-Bulbizaaarre ! salua la créature avant de se diriger vers la chaise du professeur Chen.
-Bonjour toi. C'est moi qui l'ai élevé, dit-il à l'intention d'Alfaro. Maintenant que tu es son maître, il devrait t'écouter un peu.
L'adolescent ne sut comment réagir. Avec les Miaouss de sa ville natale, il suffisait souvent de tendre la main et de faire un petit signe. Il essaya sans dire un mot avec l'espèce de tortue qui s'avança doucement vers lui et se laissa caresser la tête.
-Billy, ça te va ? proposa le jeune garçon.
-Zaaare ! Bulbi, bulbizaaarre ! répondit l'adepte des plantes, tout sourire.
-Une bonne chose de faite, dit l'ancien dresseur en souriant à son tour. Tu connais la route, il ne te reste plus qu'à y aller.
-Je serai de retour très vite, dit Alfaro en se levant, la chaîne de son jean produisant un léger cliquetis.
Il hésita à ramener le bulbizarre dans sa ball mais préféra faire bonne figure devant le chercheur et le laissa libre de ses mouvements. Les deux humains et le pokémon sortirent du laboratoire et tombèrent nez à nez avec William.
-William, tu n'es pas encore parti ? demanda Chen.
-J'ai eu une meilleure idée. Toi, là, ça te dirait un match ? demanda-t-il en fixant Alfaro.
Ce dernier hésita, ne voulant pas perdre de temps, mais il valait mieux se montrer conformiste jusqu'à ce qu'il ai obtenu sa carte de dresseur.
-Je te met quand tu veux, répondit son opposant en souriant d'un air moqueur.
Les deux rivaux se dirigèrent à l'arrière de la propriété, près du parc. Billy étant déjà hors de sa ball, il suffit d'un mot de son dresseur pour qu'il se mette en position. William se mit plusieurs mètres face à son adversaire et lança son unique pokéball.
-Montre-lui c'que tu sais faire.
Une fois la forme matérialisée par le rayon rouge, Alfaro put détailler l'adversaire de son bulbizarre. Une espèce de lézard bipède orange avec le poil plus clair sur le ventre lui faisait face. Un salamèche, comme l'avait cité William un peu auparavant. Il possédait une queue enflammée au bout ainsi que de courtes griffes et la forme de sa tête ressemblait beaucoup à celle du bulbizarre, en plus allongée et avec des iris bleus. William commença sans que Alfaro ne s'en rende compte.
-Aka, attaque griffe !
Le lézard, un sourire béant l'instant d'avant, bondit d'un coup en direction du quadrupède et lui porta un coup de griffe qui fit mouche. Énervée, la créature verte grogna et répliqua par un coup de tête qui fut sans effet. Au vu de la corpulence de son allié, une attaque profitant de son poids semblait la meilleure chose à faire et Alfaro répliqua :
-Charge-le !
Billy pris appui sur ses pattes et chargea de toutes ses forces son opposant qui tomba sur le dos. Il pédala un instant dans le vide de manière comique, puis se redressa. Maintenant que les forces étaient connues des deux côtés, la bataille allait être plus tendue.
-Aka, rugissement !
Alfaro ne connaissant pas les effets de cette attaque, il se tourna vers le professeur Chen.
-Rugissement baisse l'attaque de ton pokémon. Bulbizarre doit l'avoir aussi.
-Bon ben...Rugi...
-Griffe !
Alfaro se maudit de son incompétence pendant que Billy poussait un couinement, le lézard l'ayant atteint au sommet de sa tête. Il aurait dû se douter d'un coup vicieux de la part de son opposant et décida de répliquer par une attaque frontale.
Le reste du combat se déroula de la même manière. Quelques ordres d'esquives avaient été lancées mais les pokémon, encore trop jeunes et glissant dans la boue, avaient du mal à éviter les attaques. Plus le temps passait, plus les créatures s'épuisaient. Alfaro, sentant que la respiration de son bulbizarre devenait plus difficile, décida d'en finir vite.
-Aka, Rugissement encore une fois !
-Billy, charge !
Le salamèche fit entendre son cri une deuxième fois avant d'être frappé de plein fouet par le monstre vert. Le choc fut tellement violent que le lézard vola sur plusieurs mètres avant d'atterrir sur le sol boueux, bougeant avec beaucoup plus de difficultés..
-Le combat est terminé ! La victoire revient à Alfaro et à son Bulbizarre, déclara Chen, mettant ainsi fin au match.
Alfaro sourit légèrement. Il n'aurait pas cru que sa première expérience en tant que dresseur serait un tel succès. Mieux encore, il ressentait un sentiment de puissance face à la défaite de son adversaire. Si les choses étaient aussi faciles, il aurait retrouvé son père avant la fin du mois.
-Tss...j'aurais dû l'entraîner avant, dit William en rappelant son salamèche.
Il tourna le dos au gagnant, et leva sa main en guise d'au revoir.
-A c't'aprem.
-T'oublierais pas quelque chose, l'écureuil ?
- Quoi ?!
"L'écureuil" en question se retourna vivement, vexé par son nouveau surnom. Il contempla un instant la main tendue de son adversaire, puis décida de se conforter au règlement de mauvaise grâce.
-Tss. Pour un débutant, tu connais au moins certaines règles. C'est déjà pas mal, se moqua-t-il, rancunier de sa première défaite.
La loi obligeait en effet les perdants à verser de l'argent aux gagnants des matchs. Une poignée de billets plus tard, William partit de la propriété en bougonnant. Alfaro allait en faire de même avant d'être appelé par le professeur Chen.
-Excellent combat, le félicita-t-il. Ton bulbizarre semble te faire suffisamment confiance. Suis-moi, je vais le soigner.
De retour au laboratoire, Alfaro fit rentrer Billy dans sa ball et la confia au scientifique qui la posa sur une machine. Elle projeta une lumière jaune et vibra une dizaine de secondes, puis la pokéball fut remise à son propriétaire.
-La première chose que tu devrais faire une fois arrivé à Jadielle serait de visiter le centre Pokémon J'imagine que tu sais à quoi il ressemble ?
-Ouais, un bâtiment avec écrit dessus "Centre Pokémon".
-C'est un peu plus que ça, mais c'est le plus évident. Prends ça également, c'est une potion au cas où tu en aurais besoin. Elle soignera les blessures légères de ton bulbizarre, dit il en prenant un spray mauve sur son bureau.
-Merci beaucoup pour votre aide, professeur.
-Tu me remercieras plus tard. Pour le moment, va donc entraîner ton pokémon. N'oublie pas de revenir cet après-midi avec mon colis.
Alfaro hocha la tête puis partit du laboratoire. Le ciel était bien moins noir qu'hier mais le soleil peinait tout de même à faire descendre ses rayons, se contentant de timides et froides apparitions. La pluie de la veille avait formée une couche de boue sur tout le village et il y avait fort à parier que les routes étaient encore pires.
Ne perdant pas de temps, Alfaro descendit les marches, sa veste ouverte légèrement gonflée par l'arrivée d'air. La température était un peu fraîche en cette matinée de printemps mais il n'y faisait pas attention, toutes ses pensées étant tournées vers les événements futurs.
Il arriva à l'entrée du bourg en quelques minutes. Devant lui se dressait un petit chemin abîmé par la tempête de la veille. Ignorant les coulées de boue, Alfaro se mit en marche. Le plus tôt il se serait débarrassé de ce colis, le plus tôt il pourrait partir à la recherche de son père. Chapitre 3 et 4Chapitres 5 et 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10chapitre 11chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20 |
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Koukin
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| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 13 Nov 2016 - 17:12 | |
| - Chapitre 22 : Au tournant du poison:
C'est avec un soulagement manifeste qu'Alfaro franchit les doubles-portes vitrées du centre pokémon de Parmanie, une heure après avoir traversé les limites de la ville. Il était encore tôt et le jeune dresseur n'avait guère croisé autre chose que des voitures et des passants ensommeillés en route pour leur lieu de travail. Lui-même se serait bien autorisé à une matinée de repos, mais il avait d'autres projets à peine moins fatigants en tête. Une fois ses pokémons confiés à la réception et ses affaires déposées dans une chambre, il sortit du centre et se dirigea vers l'endroit le plus animé de la ville, tout au nord.
Le Parc Safari constituait un lieu touristique immanquable pour les amateurs de pokémons rares et moins rares, en voie de disparition ou non. Écrasé entre un petit groupe de touristes et une famille, Alfaro patientait en consultant des brochures dans la navette qui les y menaient.
Le zoo n'avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois où il était venu, des années auparavant lors d'une sortie scolaire. La curiosité dont il avait alors fait preuve embaumait l'air d'un parfum nostalgique. Il se souvenait parfaitement des gros rhinocornes dans leur grande cage de verre. Les pokémons n'avaient pas bougé et semblaient rester les mêmes, allongés paresseusement sur un terrain rocheux.
Le brun se souvint des pensées l'ayant agité à cette époque. S'il pensait qu'il était un peu dommage d'enfermer des pokémons, cette idée avait vite disparue lors d'un match organisé en guise de spectacle de clôture. Ce qu'il croyait être de paisibles et grosses peluches au caractère plus placide qu'un miaouss d'intérieur lui avait alors paru comme d'incroyables monstres capables de tous les exploits au monde. Maintenant qu'il s'était lancé sur les routes, il doutait que ces pokémons élevés en captivité soient si incroyables que dans ses souvenirs. Il devait y avoir une différence entre la vie en cage et celle en pleine air, combats ou non.
Il se demanda quelle aurait été la réaction de son équipe si ils avaient pu visiter ce zoo, dont l'accès était formellement interdite aux pokémons venant de l'extérieur. Sans doute auraient-ils trouvé triste de voir des camarades enfermés, même si ils étaient bien traités. Après quelques heures à déambuler entre les allées comme n'importe quel autre touriste, Alfaro jeta sa canette de Soda Cool dans une poubelle, admira une dernière fois un aquarium où nageaient deux otarias et se dirigea vers la sortie.
La deuxième partie du parc Safari l'intéressait davantage. Réservée aux dresseurs,elle était constituée de contrées à demi-sauvages où l'on pouvait espérer capturer une rareté. Une savane artificielle s'étendait sur plusieurs dizaines de kilomètres, entre terres arides et lacs d'eau douce entourés de verdure.
Alfaro n'avait pas l'intention d'y pénétrer aujourd'hui. Une simple reconnaissance de l'extérieur et une étude de l'intérieur du parc à l'aide de plans touristiques suffirait. Lui et toute son équipe étaient encore fatigués de leurs longues journées en pleine nature. Un jour de repos leur ferait le plus grand bien, d'autant plus que ce temps ne serait pas perdu à ne rien faire. L'apprenti fouineur avait bien l'intention de se préparer un minimum avant de commencer sa mission.
Les poches pleines de cartes et autres dépliants vantant les mérites du parc, il rentra au centre pokémon pour le déjeuner. Le check-up complet qu'il avait demandé quelques heures plus tôt devait être terminé et il lui tardait de connaître l'état de santé de Flavio. Il se dirigea droit vers le comptoir et tendit sa carte de dresseur à la personne à l'accueil. Un docteur, si l'on en croyait son visage plus vieux que la moyenne des infirmiers. A moins qu'il n'occupe le poste depuis un temps record.
-Alfaro Straeno, oui. Voici vos pokémons, dit-il en lui présentant les six pokéballs. Votre roucoups se porte à merveille, il ne lui restera qu'une cicatrice.
-Vous pourriez me dire où se situe l'arène de la ville, s'il vous plaît ? demanda Alfaro en accrochant ses balls à sa ceinture.
-Elle est à quelques rues d'ici seulement, vers l'ouest, à l'arrière du parc municipal. Mémorisez bien le chemin et munissez-vous d'antidotes, on ne compte plus les dresseurs venant faire soigner leurs pokémons gravement empoisonnés. Le champion, ajouta-t-il en voyant le froncement de sourcils d'Alfaro, est un spécialiste du type poison. Mais rassurez-vous, les morts sont rarissimes. Koga Kitamura peut paraître effrayant et un peu bizarre, mais c'est quelqu'un de très responsable avec des années d'expérience derrière lui. Un adversaire redoutable, mais pas cruel. Puis-je faire autre chose pour vous ?
-Non merci, ça ira. Bonne journée à vous.
Alfaro se détourna du comptoir sans laisser le temps à l'infirmier de lui rendre son salut. Son dernier combat d'arène avait été remporté si facilement qu'il aurait pu douter de la férocité de ce fameux Koga. C'était sans compter les difficultés qu'ils avaient eu à traverser le val et la peur que lui avait causé l'accident avec Flavio, un peu plus d'une semaine auparavant. Un brin d'entraînement supplémentaire aux alentours de la ville l'aurait rassuré, mais il se souvint soudainement qu'il n'avait plus aucune raison de combattre les champions d'arène. La Tombe Creuse était déjà une source d'information et Daisy n'avait-elle pas dit que Koga ne faisait pas partie de leur réseau ?
Cette indépendance heurta Alfaro avec la vivacité d'un orteil cogné contre un meuble. Koga pouvait très bien être en possession d'informations dont ne disposait pas la Tombe. Il ignorait trop de choses sur lui pour se permettre de prendre le risque et, avec un soupir de lassitude, se dirigea vers le réfectoire du centre pokémon. Il espérait que la machine a café ne soit pas en panne, son cerveau aurait besoin de cogiter sur deux problèmes à la fois : le parc et le champion.
La deuxième partie fut bien plus facile que la précédente. Attablé devant un bon burger-frites, Alfaro avait une vue sur l'ensemble de son équipe et du repas conséquent qu'il avait eu à leur commander. Si l'infirmier disait vrai, Imhotep et Trotwood allaient lui être fort utiles contre les pokémons poison du champion. Le seul inconvénient résidait en la faible résistance de l'insecte. Billy et Dolce étaient eux aussi suffisamment résistants, bien que totalement dénués d'avantages tactiques. Les scénarios se multipliaient dans la tête du dresseur tandis qu'il vidait une bouteille de ketchup dans son assiette. Même avec un entraînement solide, les inconnues étaient trop grandes pour qu'il entre dans l'arène avec la certitude d'en sortir victorieux.
Il resta l'après-midi entier dans sa chambre, les brochures à propos du parc étalées sur la petite table. Avec un sourire, il se remémora le jour ayant précédé son intrusion dans la planque de la Team Rocket, sous le casino de Céladopole. Sa mission actuelle lui semblait bien plus facile puisqu'il n'avait qu'à fouiner un peu et prétendre s'être perdu s'il se faisait prendre. Le seul problème était la superficie du parc.
A en croire un plan, le safari était divisé en plusieurs zones avec au sein de chacune d'elles des pokémons plus ou moins différents ainsi qu'une cabane de repos et de gardiennage. Il se doutait qu'une armée de caméra était mise en place, ce qui le gênait autant que les éventuels malfrats sévissant à l'intérieur. Le risque zéro n'existait cependant pas et il n'aurait qu'à ouvrir l’œil en espérant que les caméras ne soient pas trop discrètes.
Il était inutile de surveiller ce qui était déjà surveillé, sauf corruption des gardiens. Leur nombre devait être conséquent pour un parc d'une telle superficie, aussi Alfaro abandonna-t-il l'hypothèse d'un graissage de pattes. Plus il y avait de gens à corrompre, plus difficile était le secret à conserver. Ses expériences dans les rues de Safrania lui avaient au moins permises de penser comme un criminel.
Tout cela réduisait le champ d'action de la Team a des endroits précis. S'armant d'un stylo, Alfaro entoura les cabanes et traça un chemin entre elles. Si activités suspectes il y avait, commencer par examiner les alentours des postes de garde lui semblait une bonne idée. Il ne pouvait pas non plus ignorer l'enceinte du parc, gardée par de hautes rangées de fils barbelés. La moindre faille, le moindre mètre plus neuf que les autres pouvait être une preuve.
Alfaro examina son travail. Un tas de croix, de cercles et de notes parsemaient le plan mais il était conscient que ses efforts pouvaient ne mener à rien. Tout ce qui était en son pouvoir était d'effleurer la surface d'un problème qui n'existait peut-être pas et écouter aux portes. Au moins, la Tombe Creuse ne pourrai pas l'accuser de ne pas avoir cherché à remplir sa mission.
Tôt le lendemain matin, Alfaro constata sans surprise que quelques dresseurs s'étaient rassemblés avant que les portes du Safari ne s'ouvrent. Loin de prêter attention aux bavardages, il préféra lire le panneau d'affichage et plus particulièrement une affiche qui ne s'y trouvait pas la veille. -"Le trésor du Safari", lut-il dans un grognement endormi. "Cette semaine, tentez de gagner une capsule secrète en trouvant tous les tampons disséminés dans le parc".
Le jeune dresseur doutait de l'intensité du défi maintenant qu'il avait quadrillé la zone dans un tout autre but, mais cracher sur une récompense facile aurait été idiot. Les portes de la cabane d'accueil s'ouvrirent alors et la petite foule y pénétra puis se mit docilement à la queue devant un grand comptoir. Alfaro fut accueilli par un grand guide brun et souriant.
-Bienvenue au Parc Safari ! C'est pour une entrée dresseur ?
Alfaro se contenta de hocher la tête avec un "hhm" évasif insuffisant pour refroidir l'ardeur matinale de l'employé.
-Ça fera 4500 pokédollars, continua-t-il. Il me faudra ta carte dresseur, ta ceinture de balls et ton sac. On garde tout jusqu'à ce que tu reviennes. C'est ton premier safari ?
-Oui.
Question stupide. Depuis l'adoption de la loi Nuzlocke, le Safari avait vu sa fréquentation chuter en masse. Si autrefois les dresseurs pouvaient capturer autant d'espèces qu'ils le désiraient, c'était aujourd'hui un aller simple, peu importe le résultat.
-Une petite présentation des règles s'impose. Interdiction d'utiliser tes pokémons ou objets. On te confie un sac dans lequel tu trouveras des balls et des appâts. Utilise ces derniers pour retenir tes captures, vise bien et avec un peu de chance, tu pourras repartir avec un compagnon en plus. Ici, les pokémons préfèrent fuir qu'attaquer les humains. Comme partout ailleurs, tu ne peux tenter d'attraper que le premier pokémon que tu rencontres. Des questions ?
-Aucune.
-Je vais maintenant te demander de retourner tes poches. Absolument rien ne doit être introduit dans le parc.
Le brun s'était déjà préparé à cette éventualité et avait prit soin de laisser dans son sac tout signe de tricherie. Il jeta dans une corbeille quelques vieux papiers, retourna ses poches bien en évidence et regarda le guichetier.
-Parfait ! Bonne chance et profites bien de ta virée sauvage, conclut-il avec un grand sourire. Alfaro s'empressa de partir devant lui et de franchir le tourniquet séparant la cabane de la première zone. Droit devant lui s'étendait un sol brun, puis les rives d'un lac. Quelques silhouettes humaines étaient visibles, mais nul trace du moindre pokémon. Il fouilla dans son sac, en inspecta le contenu et s'empara d'une boussole ainsi que d'une carte neuve. La journée pouvait enfin commencer.
Alfaro s'éloigna comme n'importe quel dresseur pressé d'attraper un pokémon, puis contourna un arbre aux feuilles minces. Il jeta quelques coups d’œil autour de lui et, certain que personne ne l'observait, se baissa et sortit de sous son jean la carte qu'il avait annoté la veille. Il la compara avec celle qui s'était trouvée dans son sac à dos et eut un sourire. La deuxième comportait l'avantage d'être plus précise et d'offrir plus d'informations sur les espèces de pokémons de chaque zone. Les moins communes étaient situées tout au fond du parc, il n'y avait donc aucune chance que qui que ce soit ne puisse les atteindre tout en respectant la loi Nuzlocke.
Tant de spécimens rares et aucun dresseur pour mettre la main dessus...Si la Team Rocket avait fait du Parc Safari l'un de ses terrains de jeu, elle se trouvait tout au fond. Le sourire d'Alfaro devint plus espiègle encore. Il avait toute confiance en lui malgré l'absence de ses compagnons. Un plan soigneusement préparé, des dangers facilement esquivables, une capsule secrète en guise de récompense...Cette mission lui sembla soudain bien plus facile que prévu.
Ce n'était pourtant pas une raison pour ne pas suivre le plan qu'il avait soigneusement concocté. Une journée entière pour fouiner lui avait paru suffisant pour couvrir tout le parc, à condition qu'il se fasse discret et rapide.
Plusieurs heures et un bon nombre de kilomètres plus tard, Alfaro dut admettre que les choses n'étaient pas aussi réjouissantes qu'il l'aurait cru. Il avait parcouru les trois quarts du parc sans repérer quoi que ce soit d'anormal. Les dresseurs vagabondaient, les gardiens patrouillaient, les pokémons fuyaient et ce Safari lui semblait de plus en plus conçu comme une arnaque. Voilà qui expliquait sans doute un concours avec un lot aussi rare à gagner. Faute de pokémons à capturer, le safari se transformait en randonnée avec une carotte plus facile à atteindre au bout du chemin.
De toute manière, cette nidoran femelle aurait été condamnée à rester chez le vieux Chen.
Le dresseur jeta un énième coup d'oeil à sa carte et sortit la boussole de sa poche. Il était difficile de se perdre dans une zone aussi vaste et dépourvue d'éléments. Seuls les lacs et quelques amas de rochers artificiels obligeaient les visiteurs à faire des détours. Quand aux tampons, ils n'étaient guère difficiles à trouver. Deux par zone, tous à proximité d'un quelconque monument tels que la Cascade Minidraco (un filet d'eau suintant d'un mur en pierre) ou la Montagne Cornue (un gros caillou à peine pointu). Le Parc Safari devait être désespéré pour donner des capsules secrètes aussi facilement.
Alfaro avait tamponné la dernière case de son morceau de carton coloré avec un bâillement non-dissimulé. C'était le milieu de l'après-midi et il lui restait une dernière cabane à visiter. Uniquement motivé par la chambre réservée au centre pokémon, il se dirigea vers l'est.
Toutes les cabanes de gardiennage étaient bâties sur le même modèle : la plus petite partie du bâtiment était réservée aux dresseurs fourbus et leur permettait de se reposer. Quand au reste, il s'agissait de dépôts de nourriture, médicaments et d'un centre pokémon miniature. A l'arrière, des garages aux portes grandes ouvertes attendaient que l'une des camionnettes vertes parte à travers le parc. Enfin, quelques caméras disposées bien en évidence dissuadaient les plus observateurs de franchir les portes signalées comme étant "réservées au personnel".
L'endroit n'était donc pas si bien gardé qu'il ne l'aurait cru mais Alfaro craignait que l'excuse du dresseur perdu dans le bâtiment ne fonctionne qu'une seule fois. Il ne voulait pas utiliser son atout sans le moindre soupçon, aussi restait-il un moment à l'intérieur de l'aire de repos en faisant semblant de se reposer.
En plus d'une surveillance visuelle laissant à désirer, les oreilles traînantes trouvaient de bonnes raisons de rester attentives. Derrière les portes et les grilles, les employés du parc n'hésitaient pas à se lancer des instructions sans se soucier des visiteurs. Alfaro n'avait jusqu'alors surpris que des conversations professionnelles, des boutades entre employés du même rang et même un moment un peu trop intime entre deux gardiens. Chaque fois, il s'était éloigné discrètement vers l'entrée des garages pour espérer apercevoir quelque chose de louche et chaque fois, il en était ressorti déçu.
Dans une habitude maintenant monotone, il prit bien soin de contourner la cabane de loin afin de s'en rapprocher par le côté opposé à l'entrée. Alfaro pouvait ainsi fureter tout en faisant semblant de chercher son chemin. Il s'approchait d'un garage lorsque quelqu'un l'interpella.
-Eh, le marmot ! On peut savoir c'que tu fais là ?
Alfaro sursauta et répondit de manière automatique.
-Désolé, j'me suis perdu. Vous savez où est l'entrée ?
Il se retourna et son cœur rata un bond. Il ne faisait pas face à un gardien mais à deux touristes aux yeux cachés par des lunettes de soleil. Leurs cheveux devaient être courts car ils étaient invisibles sous une casquette à visière.
-L'entrée est de l'autre côté, reprit celui qui l'avait interpellé d'une voix agressive. Alfaro ne bougea pas, les yeux fixés sur les deux hommes. Si eux-mêmes n'étaient pas des gardiens, que faisaient-il ici ?
-Besoin d'un guide ? demanda l'autre poliment.
-Non, ça ira. Merci du renseignement.
-T'inquiètes, petit. Et bonne chasse !
Le deuxième homme lui adressa un signe d'adieu de la main accompagné d'un sourire et le brun s'éloigna. Une fois l'angle du dernier garage franchi, il s'y colla et attendit, les oreilles grandes ouvertes.
-Arrête d'être aussi nerveux, entendit-il. Combien de fois il faut que je te le dises ? Agis comme n'importe quel dresseur et tout ira bien !
-Ouais, c'est pas toi qui tremble de trouille. C'est la première fois que je fais ça, moi…
-Tout se passera bien, attend juste un peu. Aucune chance qu'on soit observé maintenant, alors tiens-toi tranquille.
Un sourire carnassier s'étala sur le visage du natif de Safrania. Enfin quelque chose !
-Et si ça rate ? demanda l'agressif.
-Alors on aura juste pas eu de chance. Même avec des somnifères, ces pokémons sont difficiles à attraper. La dernière fois, j'ai dû lancer 20 balls avant d'en attraper un.
-Ces balls-là ?
-Du safari ? Tu rigoles ou quoi ! Ces attrapes-nigauds ne valent pas mieux qu'une pokéball. Non, on y va à l'hyper.
-Elles se font attendre…
-Alors on attendra. L'autre ne doit pas attirer l'attention.
-Excusez-moi messieurs, mais cette zone est réservée au personnel, lança une troisième voix. Alfaro se retint de bondir. Le nouvel arrivant venait tout juste de sortir du garage à l'angle duquel il était caché. Il recula silencieusement mais l'autre se dirigeait droit vers les deux touristes. Aucune chance qu'il puisse le voir.
-On cherche la sortie. Tous ces kilomètres, ça use.
-Vous devez attendre la fin du safari pour les navettes. Allez à l'intérieur de la cabane.
-C'est dommage, je me suis toujours demandé ce que ça faisait d'être un gardien du parc, roulant dans sa jeep sur un paysage aussi sauvage. Un vieux rêve d'enfance.
Alfaro risqua un coup d'oeil vers le groupe. Le gardien avait rejoint le duo et leur serrait maintenant la main d'un air entendu, comme si ils se connaissaient. Sans doute la conversation avait-elle été prévue d'avance comme une série de mots de passe. L'employé repartit ensuite vers le garage et, dans un vrombissement sonore, en sortit au volant d'une camionnette. La fumée du pot d'échappement acheva de camoufler Alfaro.
-Montez, vite. On n'a plus beaucoup de temps, indiqua le gardien.
-La faute à qui ? On a poireauté là une demi-heure !
-Un nouveau fait du zèle, ça m'a pris plus de temps que d'habitude pour rassembler l'équipement.
Voilà qui achevait de rendre le trio suspect. Loin de se diriger vers la sortie, la camionnette se dirigea vers l'extrême-ouest du parc safari. Alfaro aurait pu en rester là, mais son insatiable curiosité l'entraîna à leur poursuite. Peut-être obtiendrait-il un bonus s'il pouvait grossir son rapport pour la Tombe Creuse. Il jeta un coup d’œil à sa montre. Il lui restait un peu moins de deux heures pour en savoir plus avant la fermeture du parc.
La camionnette avait prit beaucoup d'avance mais suivait un chemin bien visible formé au fil des ans par les marques de pneu. Il suivit la piste, ignorant le paysage autour de lui, et arriva enfin à un enclos traversé par la route. Une simple barrière en bois surmontée d'un panneau "Accès réservé au personnel" dissuadait les aventuriers amateurs d'aller plus loin. Cette zone n'apparaissait sur aucune des deux cartes et traversait les limites marquées du nord-ouest.
Alfaro franchit l'obstacle et courut se réfugier à l'ombre d'un grand rocher. Les cachettes comme celles-ci ne manquaient pas, comme si une petite montagne s'était effondrée sur elle-même et avait semé ses fragments sur le sol poussiéreux. Prudemment, il contourna les rochers jusqu'à arriver à portée d'oreille du trio.
Ils se tenaient à une vingtaine de mètres, derrière un rhinocorne assoupi. Ou plutôt inconscient, si l'on en jugeait son absence de réaction aux éclats de voix.
-Saleté ! Tu vas rentrer, oui ou non ?
Le pokémon fut aspiré par une ball mais en ressortit quelques secondes plus tard, toujours profondément endormi.
-T'es sûr que t'as mis la dose de somnifère ? demanda le plus calme des touristes au gardien.
-Oui, comme d'habitude. Un peu plus et il aurait été un cadavre en train de refroidir.
Nouvelle ball, nouvel échec. Les touristes grognèrent.
-A quoi ça sert de s'emmerder à pondre un plan si compliqué, hein ?
-Je te l'ai dit, on ne gagne pas à tous les coups mais un seul pokémon rare couvre les frais de quatre expéditions une fois revendu. La Team y gagne toujours.
-Alors prie pour que ça marche.
L'outil fit mouche, enferma le rhinocorne et remua plus longtemps que les autres. Un "clic" discret se fit entendre, preuve que la capture avait réussie.
-Pas trop tôt ! On à le temps de s'en faire un autre ? demanda l'heureux vainqueur.
-Trop risqué, et on a épuisé presque toutes nos balls. On rentre.
Le touriste, ou "Rocket" comme pouvait maintenant l'appeler Alfaro, s'avança vers la ball et tendit la main pour s'en emparer. Alfaro allait s'éloigner discrètement lorsqu'un sifflement se fit entendre à quelques pas de lui. L'instant d'après, le rocket poussa un cri de douleur. Le brun risqua un coup d’œil et le vit s'effondrer au sol sans avoir pu toucher à son butin. Les deux autres se retournèrent.
-Qu'est-ce que c'était ? Qui est là ? demanda le deuxième Rocket.
Aucune réponse. Le gardien s'avança vers la victime et l'examina. Paniqué, il ne put que crier.
-Merde ! C'est lui ! On y va, ne touche pas à la ball !
-Qui ça, "lui" ?
-Moi.
Surgissant de derrière un rocher, une silhouette habillée de vert sombre bondit avec souplesse à côté de la ball. D'un geste vif, il lança sans sommation deux lames en métal sur les criminels restant. Ils durent plier genou à terre sous la douleur sans que le nouvel arrivant ne trahisse la moindre expression de pitié, ses yeux froids cillant à peine.
-Pris la main dans le sac, gronda-t-il. Que fait un gardien de mon parc avec deux membres de la Team Rocket ?
-"Ton" parc, Koga ? Ne me fais pas rire, c'est toi qui appartient à la Team Rocket, répliqua le deuxième Rocket. Tu viens de commettre ta dernière erreur !
Le dénommé Koga ne répondit pas. Sans un bruit, il bâillonna et attacha les trois criminels. Le premier semblait s'être évanoui.
-Si c'est vraiment ma dernière erreur, autant vite rentrer à l'arène pour mener un combat. Ensuite, je m'occuperai de votre cas. Pouvoir reconnaître la valeur d'un dresseur avant de partir serait la moindre des choses pour un champion déjà condamné.
Il se tourna et darda Alfaro de ses yeux perçants. Le dresseur sut alors que ce regard lui était adressé. Il hocha la tête et Koga détourna les yeux. Il ramassa la ball, fourra les trois hommes ligotés dans la camionnette et en prit le volant. Il s'éloigna ensuite sans un regard vers le challenger.
Alfaro resta longtemps immobile, trop sonné par ce qu'il s'était passé sous ses yeux. Un ninja venait de mettre hors d'état de nuit trois criminels. Un ninja était le champion d'arène de Parmanie. Un. Ninja. Avec des armes de ninja. Même si les poignards étaient moins courants que les armes ressemblant à des étoiles, il avait suffisamment regardé la télévision pour savoir ce que faisait un ninja. Il se doutait que la réalité était toute autre. Après tout, Koga n'avait poussé aucun cri ridicule. Mais cela en disait assez long sur les tactiques que ses pokémons pouvaient utiliser.
Ses pieds le portèrent vers la première cabane qu'il vit et il attendit la navette menant les dresseurs trop éloignés vers la sortie. L'invitation au combat était sans équivoque : Koga voulait disputer un match immédiatement. Alfaro ignorait si les menaces du Rocket étaient sérieuses, mais le champion semblait lui accorder crédit. Si il voulait des informations, c'était maintenant ou jamais.
Il entra dans la première cabane qu'il aperçut et attendit la navette de retour vers l'entrée du parc, trépignant d'une impatience nerveuse. Les bribes de stratégie ayant flotté toute la journée dans son cerveau se transformèrent en plan de bataille. Avec maintenant quatre badges en poche, il se doutait que le reste des champions d'arènes deviendraient sérieux. Jusqu'à quel point Koga l'était-il ?
Alfaro resta concentré jusqu'à arriver au centre pokémon. Là, il pénétra dans l'habituelle salle où se trouvait le container servant à utiliser des capsules techniques. Il y enferma Dolce sans un mot, inséra le disque de Surf hâtivement reçu à sa sortie du parc et attendit. Quelles pouvaient être les raisons pour lesquelles Koga avait exigé un combat dès ce soir ? Il n'y avait qu'un seul moyen de répondre.
-T'arriveras à maîtriser ça ? Non, pas ici ! tempêta-t-il en voyant Dolce inspirer profondément. On verra à l'arène.
Une fois Dolce à l'abri dans sa ball, le brun quitta le centre pokémon et se mit à la recherche de l'arène. Comme le lui avait dit le médecin plus tôt dans la journée, il se dirigea vers le grand parc à proximité. Quelques personnes profitaient encore du calme des lieux et de la chlorophylle malgré la fraîcheur s'installant peu à peu. Une fois les grilles franchies, Alfaro n'eut qu'à suivre un chemin clairement indiqué par un panneau directionnel. Plus il s'éloignait de l'entrée et plus les clapotements d'un petit ruisseau se faisaient entendre.
L'arène se trouvait tout au fond. Si les bâtiments de Parmanie lui avaient semblé modernes, l'endroit où vivait le champion l'avait ramené plusieurs siècle en arrière. Une maison toute en largeur et au toit incliné très semblable au temple de Lavanville était visible derrière un petit muret. En guise de porte, des panneaux coulissants avaient été installés et l'on pouvait voir des estrades en bois tout le long de la bâtisse. Le ninja avait une demeure parfaitement accordée à son statut.
Derrière se dressait un grand entrepôt gris métallique, vers lequel pointait un autre panneau "arène". Nul doute que ce bâtiment-là était plus fonctionnel que le premier. Elle dominait la maison de sa silhouette morne et carrée, à peine colorée par l'inscription "Arène pokémon de Parmanie" fichée sur le mur, à coté des doubles-portes vitrées automatiques. Une arène moderne, mais froide. Alfaro y pénétra.
-Y'a quelqu'un ? héla-t-il en s'avançant vers un corridor.
L'accueil était désert, contrairement au stade. Ce dernier était délimité par quatre longues planches en bois au sein desquelles le béton avait été recouvert par du sable. Tout le reste était parfaitement gris, bien qu'arrosé du soleil couchant dont les rayons traversaient de larges fenêtres des deux côtés du toit. A l'autre bout, Koga l'attendait patiemment.
-J'apprécie que tu sois venu, dit-il d'une voix calme. Devoir abandonner mon poste sans un dernier combat aurait été décevant.
-Votre poste ? répéta Alfaro en écho. Pourquoi ?
-Je croyais que tu étais plus fin d'esprit. Tu sais que les trois du parc, cet après-midi, étaient des rockets. Sinon, pourquoi les aurais-tu suivi ?
-Quel rapport avec votre poste de champion d'arène ?
-Mon autorité n'est plus ce qu'elle était. Parmanie est peu à peu rongée par la Team Rocket, à commencer par le Parc Safari. Sais-tu quel effet cela fait-il de devoir abandonner des pokémons à d'ignobles trafiquants sans aucun respect pour leurs pokémons ? Depuis quelques mois, cette zone a été retirée de mes compétences et abandonnée à ces pourritures.
Alfaro ne s'était pas attendu à un tel discours. Koga restait calme, mais une colère contrôlée déformait les coins de sa bouche tandis que ses yeux lançaient des éclairs devant lui.
-J'en ai eu assez. Mon honneur est incompatible avec l'hypocrisie qu'est devenue ma charge de champion. Coincer ces trois ordures m'a apporté une paix que je n'avais pas ressenti depuis quelques temps et j'espère qu'il en sera de même pour ce combat. Permet donc à un futur fugitif de partir l'esprit tranquille, conclut-il en empoignant une ball.
-Avant ça, j'aurais besoin de quelque chose.
-J'écoute.
-Alberto Straeno, un scientifique. Ça vous dit quelque chose ?
-Rien du tout. Je ne sors guère de Parmanie et ce nom ne me dit rien. Toi et ton parent pouvez vous targuer d'avoir des noms peu communs. Si je l'avais croisé, je m'en serais souvenu.
Voilà qui rendait tout combat inutile. Cependant, sa fierté de dresseur interdisait à Alfaro de faire marche arrière. Le champion devait bouillir intérieurement malgré son visage restait de marbre et le natif de Safrania imagina sa réaction s'il refusait. Il doutait que Koga lui lance un poignard, mais il valait mieux ne pas le contrarier pour autant.
Alfaro ne put retenir un petit sourire amusé. Combien de fois dans l'Histoire un champion d'arène avait-il été prêt à se montrer reconnaissant envers un challenger d'engager un combat ? Pas assez pour que le jeune dresseur ne puisse rater l'occasion de s'en vanter plus tard.
Les deux adversaires dévoilèrent leur pokémon en même temps. Comme Alfaro l'avait prévu, Trotwood faisait face à un pokémon de type poison. Le smogo devant eux était bien plus agressif que celui de Bruno. Dans une tentative d'intimidation, il enfla et dégagea une fumée corrosive, respirable même de là où le brun se trouvait. Alfaro n'en était pourtant pas inquiété. Même s'il s'agissait là d'un pokémon entraîné par un professionnel, quelques coups suffiraient à le transformer en ballon de plage crevé.
-Rafale psy, maintenant !
L'enthousiasme maîtrisé du natif de Safrania fut transmit droit sur l'insecte. Sa tête penchée vers son adversaire, Trotwood brandit ses petites pattes et les cercles violets sortirent de ses antenne. Le smogo amorça un geste pour esquiver mais ne put sortit entièrement du jet psychique. Il dévia, grogna et se mit en position d'attaque, enflant et expirant plus nerveusement. Un deuxième coup et l'affaire serait pliée.
-Recommen-
-Détritus ! le coupa Koga.
Poussé par l'ordre aussi cinglant qu'un coup de fouet, le smogo inspira plus démesurément que jamais. Avant qu'Alfaro et Trotwood ne puissent faire quoi que ce soit, il éructa une masse noire semblable à un rocher recouvert de pétrole.
Le débris fusa et atteignit le papilusion en pleine tête. Un premier craquement retentit lors de l'impact. Alfaro suivit des yeux le tracé noir, ébahi par la puissance du choc. La course de la comète prit fin contre le mur dans un sinistre bruit d'os brisé et, dans un éclatement, le rouge sombre du sang ainsi qu'une substance grisâtre s'ajoutèrent au noir détritus.
-Non ! hurla Alfaro.
Dans un geste aussi désespéré que tardif, il se précipita à grandes enjambées vers son pokémon. Ce n'était pas possible, pas aussi tôt dans un match, il devait y avoir une erreur.
Il n'eut cependant pas besoin de s'approcher plus. La masse noire tomba au sol dans un bruit mat, immédiatement suivi du corps de Trotwood. Alfaro resta immobile, empêché dans son mouvement par l'horreur de la vision. La petite poupée de chiffon qu'était devenu son pokémon avait laissé sur le mur un large soleil rouge et gris pailleté d'écailles. Tombée face contre terre, elle aurait pu être comique sans cet impact, sans ce craquement sinistre, sans cette marque sur le mur.
Il devait y avoir une erreur. Le papilusion qui se tenait à ses pieds ne pouvait être le sien. L'image qu'il avait de Trotwood était celle d'un pokémon joyeux, espiègle, blagueur, plein d'entrain. Pas ce corps immobile au crâne broyé.
Alfaro recula d'un pas. Il se rendit soudain compte qu'il respirait, ce qui lui parut étrange. Comment était-il possible de le faire alors que Trotood n'en était plus capable ? Comment qui que ce soit pouvait-il être en vie lorsque son pokémon venait de brusquement mourir, sans même un mot d'adieu ?
-Au moins, il n'aura pas souffert, lança clairement Koga.
Alfaro se retourna. Le champion ne laissait passer aucune émotion à travers son visage. Les bras croisés, il attendait calmement que son adversaire sorte son prochain pokémon.
-Je n'ai pas beaucoup de temps. Tu abandonnes ? Si c'est le cas, il sera mort pour rien. Une rage aiguë s'empara d'Alfaro. La bouche tordue par la colère, les yeux immobiles, il soutint le regard de Koga. Le champion aurait dû se montrer compatissant, cesser le match, au moins paraître choqué, mais il n'en était rien.
-Vous...Comment...
-C'était un accident, soit certain que je n'ai pas ordonné ce meurtre. Est-ce que tu continues ? J'attends.
Le sang pulsait à sa carotide lorsqu'il sortit Imhotep. D'abord placide, la curiosité du type sol se dirigea vers le smogo sur le terrain, puis sur son dresseur. Un cri d'horreur sortit de la bouche du sablaireau lorsqu'il vit le triste état de Trotwood. Il reporta son regard vers son maître et Alfaro était certain que sa colère lui était transmise lorsqu'il brandit ses griffes.
-TUE-LE ! rugit Alfaro.
Sans attendre, Imhotep bondit vers le smogo et l'éventra en deux coups de griffes. La boule flottante tomba, puis répandit un nuage toxique tout en se vidant de son sang. Il n'eut pas la même chance que Trotwood et poussa un gargouillement de douleur, appelant son dresseur. Son agonie dura une longue minute avant de toucher à sa fin. Koga n'avait pas fait le moindre geste.
-J'élève mes pokémons afin qu'ils ne tuent pas sans mon autorisation, dit-il. Tout membre de mon clan se doit d'avoir un contrôle absolu de soi-même. Celui-là a échoué, je respecte donc ta vengeance.
Le ton employé était calme et ferme, comme un discours préparé longtemps à l'avance. Peut-être Koga s'était-il retrouvé dans des cas similaires. Si tel était le cas, cette froideur ne calma pas Alfaro.
-Allez vous faire foutre, cracha-t-il.
Pour la première fois, un sourire naquis sur le visage de Koga. Cruel, amusé, le sourire d'un nidorino devant un roucool ayant osé le voir en tant que proie alors qu'il se savait prédateur. La rage d'Alfaro avait atteint un tel paroxysme qu'il n'en fut pas le moins du monde effrayé.
-Je ne pouvais pas rêver mieux comme dernier combat en tant que vassal d'un système aussi corrompu, dit Koga. Lutter pour la vie de mes pokémons ! Cela fait des années que je n'en ai pas eu l'occasion !
Il prit une nouvelle ball de sa poche et en sortit une énorme masse mauve et coulante comme de la boue. La créature, dotée de deux bras, deux yeux et une bouche, s'approcha du cadavre sur le terrain et l'engloutit. Le grotadmorv se rapprocha ensuite de son dresseur et déposa le smogo mort à ses pieds avant de se tourner vers Imhotep. En un éclair, Alfaro remplaça le sablaireau par Dolce.
-Je t'interdis de te retenir ! lui cria-t-il. Tue-le si ça t'arrange, mais donne tout ce que tu as !
Dolce tourna la tête vers son dresseur, incapable de le reconnaître. Son corps frissonna lorsqu'il vit le cadavre de son compagnon mort au combat et il feula une fois, puis une deuxième fois, plus violemment, en se tournant vers son adversaire. Le dos hérissé, il cracha à l'adresse du grotadmorv et attendit les ordres.
-Laser glace !
-Gaz toxic, puis liliput.
Le rayon bleu fusa et atteignit sa cible avant que le nuage mauve ne s'avance trop loin, coupant la respiration du grotadmorv. Ce dernier se contracta et diminua sa masse, le rendant ainsi plus difficile à toucher. Guidé par la rage, Alfaro n'avait même plus besoin de réfléchir. Tout ce qui comptait était de faire payer le fou dangereux en face de lui ainsi que chacun de ses pokémons.
-Surf, maintenant !
Dolce inspira et, dans un nouveau feulement, matérialisa une vague d'eau envoyant son adversaire rouler plus loin. Elle fut aussitôt asséchée par le sol tandis que le visage du grotadmorv réapparaissait au sommet de son corps, telle une hydre empoisonnée. Koga ne se laissa pas faire.
-Détritus.
-Esquive !
Mais la dernière attaque avait coûtée trop de force à Dolce pour qu'il puisse faire le moindre mouvement. Le grotadmorv ouvrit une large bouche et cracha non quelque chose de solide, mais un jet flasque recouvrant l'aquali. Ce dernier poussa un couinement de douleur lorsque sa peau fuma, rongée par l'apparente acidité de l'attaque. Il chancela, sévèrement touché.
-Surf, encore une fois ! Pleine puissance !
Dolce s'ébroua, ouvrit les yeux et invoqua une deuxième vague. Le grotadmorv tenta une esquive par le côté mais échoua et fut balayé hors de l'arène. Alfaro aurait souhaité entendre de nouveau le craquement d'un crâne brisé mais il n'en fut rien. La flaque puante resta inerte, trop faible pour bouger.
Sans perdre un instant, Koga remplaça le grotadmorv par un nouveau smogo. Dolce était épuisé, haletant et tremblant toujours sous l'effet du détritus. Tout aussi rapidement que son adversaire, Alfaro renvoya Imhotep sur le terrain. Si il y avait un pokémon capable de résister jusqu'au bout, c'était bel et bien le sablaireau.
-Brouillard, ordonna Koga.
-T'en occupes pas et Tranche !
Les yeux de Koga s'écarquillèrent de surprise tandis qu'Imhotep se jetait droit vers le nuage âcre lancé par le smogo. Ce dernier en fut expulsé d'un violent coup de griffe et fut prit en chasse par le type sol.
-Plaque-le au sol et tranche-le, qu'il ne se relève pas !
-Détritus, allez !
La panique dans la voix de Koga fut comme un stimulant pour la colère d'Alfaro. Cette fois-ci, seul un petit jet informe sortit de la bouche du smogo lorsqu'Imhotep le plaqua violemment contre le sable. Les griffes vinrent entailler l'une de ses joues depuis la commissure de ses lèvres avant qu'il ne soit rappelé par son dresseur. Imhotep brandit alors sa patte rouge de sang vers Koga, dans une attitude de défi.
Alfaro crut à un coup bas du champion lorsque son prochain pokémon apparut. Il lui semblait que trois smogos lui faisaient face, ce qui n'était assurément pas le cas. Énorme, presque aussi grand que son dresseur et au moins trois fois plus large, le smogogo s'avançait vers Imhotep en crachant une fumée noire.
-Tu penses pouvoir te le faire ? demanda le brun à son pokémon.
-Saaaab ! cria Imhotep en aiguisant ses griffes.
-Ok, Tranche !
-Détritus, à bout portant ! lança Koga.
Le type sol bondit vers son adversaire, ses griffes pointues prêtes à crever la monstruosité en face de lui. Le coup allait porter lorsqu'un sifflement, puis voix crachotante résonnèrent depuis l'extérieure.
-Ici la police de Parmanie, ordre à tous ceux présents dans l'arène et le domaine de sortir les mains en l'air ! Un mandat d'arrêt vient d'être émis contre Koga Kitamura pour meurtre. Le bâtiment est cerné, ne tentez rien ou nous ouvrirons le feu !
Alfaro se tourna vers son adversaire, à la fois intrigué et apeuré. Il était difficile de dire si les deux pokémons avaient saisis l'étrangeté de la situation. Aucun des deux n'avait porté son attaque mais ils continuaient de se fixer, immobiles, ne bougeant que par le rythme de leur respiration.
-Vous avez vraiment tué quelqu'un ? demanda Alfaro. Ça vous suffisait pas de dégommer trois Rockets ?
-Ne soit pas impertinent, jeune homme, je me suis assuré qu'ils étaient en vie en les déposant dans le premier hôpital. J'ignore ce qu'il s'est passé, mais il est hors de question de rendre des comptes à qui que ce soit dans cette ville corrompue jusqu'à la moelle.
Il lança quelque chose à Alfaro qui le rattrapa au vol. Au creux de sa main brillait un badge en forme de coeur. Dehors, les policiers tambourinaient à la porte.
-Considère que tu as gagné malgré les pertes que tu as endurées, et adieu. Destruction !
Le smogogo inspira et resta un court instant la bouche fermée et les yeux clos. Alfaro, dans un mouvement rendu brusque par la panique, se saisit de la ball d'Imhotep et activa le rayon. Peu lui importait sa propre sécurité, peu lui importait que Koga bondisse en direction d'une fenêtre sur le toit, peu lui importait ce qu'il adviendrait des restes de Trotwood, car le sablaireau n'avait aucun moyen d'esquiver l'attaque. Il n'osait imaginer perdre un nouveau compagnon en si peu de temps car cela, plus encore que la mort du papillusion, était impossible.
Le bâtiment tout entier trembla dans une explosion digne de mille bombes. Alfaro ferma les yeux et se protégea le visage avant d'être projeté par un souffle ardent. Sa tête heurta violemment le sol mais il repoussa la douleur sans pour autant parvenir à se relever. La ball d'Imhotep était toujours dans sa main mais il ignorait si son pokémon était en sécurité. Aux grincement des poutres métalliques s'ajouta un bruit de verre brisé. Deux aboiements retentirent derrière lui.
-Police de Parmanie ! Koga Kitamura, présentez-vous les mains derrière la tête !
-Sullivan au rapport, on a un jeune homme assommé devant nous. Besoin d'un brancard, un feu se propage et le bâtiment risque de s'effondrer ! Appeler les pompiers et...oh, merde !
La vue d'Alfaro était trop brouillée par des flashs blancs pour qu'il puisse savoir ce qui avait fait jurer le deuxième agent de police. Il tenta de se relever mais sa tête se renversa. Incapable de bouger plus, il se laissa transporter par deux paires de bras jusqu'à l'extérieur. Une nouvelle explosion, moins audible, retentit quelques secondes plus tard.
Il pensa s'être brièvement évanoui, à moins que le choc n'ait absorbé toute notion du temps. Lorsqu'il reprit conscience de la situation, il sentait que quelqu'un lui prenait le pouls et lui écartait la paupière. Ses sens revinrent alors peu à peu. L'air frais de cette soirée de printemps, un sifflement aigu résonnant à ses oreilles, l'odeur de la fumée, le matelas fin sur lequel il était maintenant posé, la coque lisse de la ball qu'il tenait toujours en main...Il grogna et tenta de se relever.
-Restez tranquille, lui ordonna une voix bourrue. Vous n'êtes qu'en état de choc, mais inutile d'aggraver votre cas. Respirez à fond, tout va bien…
Non, tout n'allait pas bien. Autour de lui, les sirènes de voitures hurlaient tandis que l'arène menaçait de s'effondrer, en proie aux flammes. Dans un geste puéril, il laissa tomber la ball dans l'espoir qu'elle s'active. La silhouette du sablaireau n'apparut pas.
-Imho...souffla-t-il.
Le secouriste ne lui répondit pas et continua ses examens. Alfaro inspira plusieurs fois et, une fois reprit, saisit la ball au sol en ignorant les nouvelles remontrances de l'autre homme. Il l'activa. Personne n'en sortit.
Il resta parfaitement immobile, trop sonné pour penser à quoi que ce soit. Le monde entier n'existait plus. Ni le bruit, ni les flammes, ni même Trotwood.
La pokéball était vide et Imhotep avait subi la destruction de plein fouet.
La vision du sablaireau écorché à vif, comme l'avait été Cleopatre dans la Tour Pokémon, s'insinua dans son esprit. Luisant de sueur, il bascula la tête et fut pris de vomissements. Une fois la crise passée, le secouriste le prit par les épaules, le ramena doucement sur le lit mobile et lui tendit un mouchoir avec lequel il s'essuya les lèvres. Le dresseur s'agrippa au métal du lit pour contenir ses tremblements.
-Restez tranquille, répéta le secouriste avec plus de douceur dans la voix. On maîtrise la situation.
Mais y avait-il quoi que ce soit à maîtriser ? Trotwood était mort, Imhotep l'avait rejoint, et tout ce qu'il avait eu en échange était un stupide badge en forme de coeur. Il était cependant trop épuisé pour se mettre en colère, l'horreur et le chagrin se battant pour savoir qui dominerait ses sentiments.
-On peut lui parler ? demanda un agent de police en s'approchant.
-Il est en état de choc, vous n'en tirerez pas grand-chose. Revenez demain, on le garde en observation. Une destruction dans un lieu fermé, mais quel aspicot a piqué Koga ?!
-Ça, c'est notre boulot de le savoir et ce dresseur pourra peut-être nous y aider. On repassera.
Alfaro regarda l'homme en uniforme s'éloigner et grimaça en sentant la tête lui tourner. Il ressentait plus nettement une douleur à l'arrière du crâne et palpa la bosse imposante s'y était formée.
-Comment vous vous sentez ? lui demanda le secouriste.
-Bien, je crois. La tête qui tourne.
Si les paroles du secouristes avaient été plus ou moins nettes jusqu'alors, Alfaro eu du mal à distinguer ses paroles dans le brouhaha les entourant. Il porta son autre main à sa tête et regarda autour de lui d'un air confus. C'était comme si quelqu'un avait baissé le volume des bruits environnants.
-Je...Je crois que j'ai un truc dans l'oreille.
Sa propre voix lui paraissait faible. Il tenta de se lever mais fut incapable de trouver son équilibre. Le secouriste l'obligea à s'asseoir et examiner ses conduits auditifs.
-Hématomes aux tympans, dit-il en articulant davantage. Ça arrive souvent après une explosion. Rien de grave, mais votre audition sera moins bonne pendant quelques temps. On vous garde pour la soirée, rallongez-vous.
Alfaro refusa le conseil. Immobile, les images du combat défilèrent devant ses yeux trop de fois pour qu'il puisse les compter. Soudain, les larmes lui vinrent aux yeux et il se maîtrisa. Hors de question de pleurer devant quelqu'un, peu importe à quel point il sentait son cœur déchiré.
Les doigts blanchis tant il serrait le lit, il esquiva le regard du secouriste. Inutile de subir un regard triste ou compatissant, quand bien même il n'avait rien pu faire pour ses compagnons morts au combat. Un vide glacial s'engouffra alors en lui et il resta là, le regard vide, ignorant le chaos autour de lui.
Deux nouvelles tombes s'ajoutaient au cimetière de son voyage.
- Le commentaire d'après-chapitre:
Je savais que j'étais dans la mouise dès le premier combat d'arène, contre un jongleur avec un hypnomade de 6 niveau au-dessus de Dolce. La petite crise cardiaque en le voyant perdre quasiment toute sa barre de vie en une attaque annonçait d'emblée le cauchemar que fut l'arène de Parmanie. Bien sûr, j'aurais pu aller m'entraîner, mais je calque au plus possible le scénario sur mes actions de jeu et inversement. Donc, pas d'entraînement entre l'entrée en ville et le combat, Alfaro était trop pressé.
L'ironie dans tout ça est que j'espérais que Koga lance une destruction car j'avais ce pan de scénario en tête. J'aurais préféré qu'Imhotep survive. Trotwood aussi, prendre un coup critique dès le premier tour m'a choqué.
|
| | | Iloufilm
Dresseur
Nature : Gentil
Niveau : 30
Exp : 433
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 13 Nov 2016 - 17:31 | |
| Cette évolution de personnage. Nice OvO - Spoiler:
C'est un vrai cauchemar ce duo pervers Psy/Poison que sont ces 2 arénes de Parmanie et Safrania. Impossible de les passer sans perdre un seul Pokémon. D'ailleurs il me semble pas que tu ai passé l'aréne de Morgane...je crains le pire :c
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| | | | Mimoze
Designer
Nature : Modeste
Niveau : 30
Exp : 1860
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 31 Juil 2019 - 19:05 | |
| Il va falloir que je reprenne du début pour me souvenir de tous les détails, mais je me souviens de mon coup de cœur pour ce Nuzlocke et son héros ... point très sympathique Bon retour en tout cas ! Question sans rapport : est-ce que tu comptes éventuellement publier sur ArchiveOfOurOwn ou tu resteras uniquement sur Fanfiction.net ? |
| | | Sébouss
Écrivain
Nature : Bizarre
Niveau : 25
Exp : 4535
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 31 Juil 2019 - 19:23 | |
| J'avais lu les premiers chapitres avant de finir par oublier ce Nuzlocke. D'après mes souvenir, duu peu que j'en ai lu, c'est un excellent Nuzlocke ! Il faudrait que je (re)lise depuis le début, mais ça va prendre un peu beaucoup de temps. En tout cas, bon retour ! La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible. N'hésitez pas à suivre le compte Twitter officiel de Nuzlocke France juste là. Si vous souhaitez que vos Nuzlockes y soient publiés, faites votre demande ici. La liste de l'ensemble de mes Nuz se trouve juste ici ! |
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Lun 4 Nov 2019 - 17:15 | |
| Bwaaaaah, merci pour vos messages en encouragements, je les mérite trop pas tellement j'ai du mal avec le chapitre en cours (snif). Je dois écrire sur un truc que j'ai jamais connu, j'ai pas la foi, j'ai l'impression de faire que de la merde...Bref, c'est la grosse misère. Je vais peut-être mettre ce récit sur Archive et Wattpad, en plus de fanfiction. C'est des endroits qui bougent davantage, ça vaut le coup. |
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| | | | | [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé | |
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