|
| [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé | |
| Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Sam 18 Jan 2014 - 23:50 | |
| Bonjour à toutes et tous et merci de l'attention que vous accordez à ce sujet, cliquer ainsi est très courageux. Ce Nuzlocke romancé est basé sur la toute première génération, pokémon bleu pour être précis. Les règles sont : -Tout pokémon K.O est considéré comme mort -Seul le premier pokémon rencontré est capturable, exception faite si il est déjà capturé et enregistré sur le pokédex. -Interdiction de capturer des pokémons légendaires -Interdiction d'échanger ses pokémon de quelque manière que ce soit -Obligation de donner un surnom à ses pokémons - + quelques autres règles temporaires établies pour le fun et que je préciserai en fin de chapitre. Ce Nuzlocke romancé sera un peu sombre, il y aura quelques grossièretés et certaines scènes peuvent ne pas être adapté à tous les publics. Je préviendrai à l'avance en début de post si c'est le cas. Il n'est pas impossible que je décide de corriger quelques éléments un de ces jours. Résumé : Dans la vie, il y a ceux qui veulent briller, ceux qui ne peuvent pas et ceux qui sont contraints de rester dans l'ombre. Malheureusement pour Alfaro, son père disparu depuis des années semblait faire partie de la troisième catégorie. Commence alors un voyage pour retrouver ses origines, quel que soit le prix à payer. Du moins le pensait-il.Bonne lecture et merci d'avance pour vos retours ^^ - Chapitre 1:
Daily KantoExclusif : après plusieurs mois de débats, le parlement vient de voter la loi sur la limitation de capture de pokémons. Cette limite lancée à l'initiative des associations pour la vie sauvage impose désormais aux dresseurs de capturer un unique pokémon par zone, non renouvelable. Coup de massue supplémentaire, les dresseurs n'auront droit qu'à une seule chance de capture, celle du premier pokémon rencontré hors-amendements supplémentaires. Le principal défenseur de cette loi, monsieur Takeshi Nuzlocke, affirme : "Trop de dresseurs considèrent les pokémon comme des objets. Le nombre de décès liés aux matchs n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Avec cette loi, nous espérons que les dresseurs réfléchiront d'avantage et cesseront d'envoyer les êtres vivants dont ils sont responsables se faire tuer uniquement par stratégie. Le Syndicat des Dresseurs de Kanto a appelé à manifester contre cette loi. Malgré les exceptions qui leurs sont consacrés, certains champions d'arènes encouragent le mouvement. Monsieur Gotzaburo Flint, champion en titre d'Argenta, témoigne : "Avec cette nouvelle règle, l'élevage deviendra quelque chose de codifié que seuls les meilleurs pourront transmettre. Plutôt que d'agir et d'étudier au cas par cas, le gouvernement prend la solution de la facilité. Oui, les dresseurs font des erreurs, mais ce sont elles qui font progresser et qui font que chaque relation entre les pokémons et leur maître est unique. J'appelle tous ceux qui sont contre cette loi élitiste à manifester pour son retrait" La loi entrera en vigueur dans les prochains mois. De nombreux mouvements sont d'ores et déjà prévus malgré la position ferme du gouvernement. *°*°*°*° 9 ans plus tard...Il pleuvait dru ce jour-là au Bourg Palette. Un orage assez conséquent pour la saison avait éclaté quelques minutes auparavant, déversant des gouttes de pluies qui frappaient dans un roulement continu contre les fenêtres. Le village, par sa taille modeste, avait pour avantage de faire se connaître tous ses habitants, aucun humain n'était donc dans les rues et seuls quelques pokémons sauvages couraient rejoindre leurs nids où ils seraient à l'abri. Le professeur Samuel Chen était dans son salon, à moitié allongé dans un des canapés et lisant un livre. Le mauvais temps l'avait obligé à faire rentrer tous les pokémon dont il avait la charge dans leurs pokéballs, exceptés quelques courageux mais résistants adeptes de l'eau qui profitaient de leur élément pour se ressourcer. Les orages le distrayaient à chaque fois et il jetait de fréquents coups d'œil à la la fenêtre, plongé dans ses méditations. -L'oiseau légendaire tonne au-dessus de nos têtes : écoutons ses plaintes. Comme pour confirmer le haïku, un éclair illumina la pièce un bref instant, bientôt suivi par le grondement du tonnerre. Chen se leva, posa son livre et attrapa une paire de pokéballs posées sur la table. Le vent soufflait désormais avec une telle force qu'il était hors de question de laisser un seul pokémon dehors. Le chercheur se dirigea droit vers la porte menant au parc de la propriété, ignorant le parapluie posé contre un mur. Avec ou sans protection, il serait de toute manière obligé de se sécher dans sa salle de bain. Le vent soufflait avec une force peu commune. Aussi, Chen ne perdit pas de temps et fît tinter la cloche accrochée à côté de la porte. Quelques secondes plus tard, un akwakwak accompagné d'un tétarte courraient vers lui. -La récréation est terminée les enfants, c'est trop dangereux, dit l'homme d'une voix suffisante pour couvrir le bruit des rafales. Les créatures ouvrirent la bouche comme pour répondre mais leurs cris restèrent silencieux.. Le chercheur, devant l'accord présumé, enclencha les deux pokéballs qui s'ouvrirent et aspirèrent le tétarte et l'akwakwak dans un rayon de lumière rouge. Il porta son regard en direction du lac : les pokémons qui s'y trouvaient se réfugieraient au fond, ils ne couraient donc aucun danger. Sa mission accomplie, il retourna au sec, direction la salle de bain et tant pis pour le carrelage. Une serviette trempée et un pull brun à col roulé plus tard, il redescendit et s'installa de nouveau dans son canapé, une veste blanche sèche posée sur la table de son bureau. Ses recherches pouvaient bien attendre le retour du beau temps. L'orage s'éloigna peu à peu mais la pluie et le vent ne diminuèrent pas. Chen somnolait désormais sur son canapé, bercé par les éléments. Le livre était tombé au sol sans un bruit et la main qui la tenait pendait maintenant dans le vide. Il n'était plus tout jeune. Deux fois grand-père, approchant de la soixantaine, il se consacrait avec plus d'ardeur que jamais à ses recherches. Parallèlement à ses activités scientifiques, il faisait partie du conseil des dresseurs vétérans de Kanto. Son rôle était d'évaluer la capacité des jeunes gens à savoir entraîner ou non un pokémon de manière responsable, ayant lui-même parcouru le pays dans sa prime jeunesse. Depuis le grand changement survenu 9 ans auparavant, les occasions de voir partir une jeune pousse de dresseur s'étaient faites moins courantes et plus rare encore étaient celles qui lui permettait de contempler leurs sourires à leur retour. Le monde avait bien changé. Peu après l'adoption de la loi Nuzlocke, de nombreuses autres règles avaient été votées. Parmi elle, l'interdiction indiscutable pour les aspirants de moins de 18 ans à devenir dresseurs. La détention de pokémons en tant qu'animaux de compagnie avait également subie plusieurs restrictions pour éviter que les tout jeunes enfants ne prennent trop confiance en eux. Bien que le tabou soit présent, tous pensaient la même chose : les liens entre humains et pokémons se démêlaient. Paradoxalement, les sentiments échangés se révélaient plus forts. Du fait de la limitation de la capture des pokémons sauvages, les dresseurs devaient s'occuper d'avantage de leurs compagnons de route. Et si cela créait des souvenirs irremplaçables, le vide que laissaient les créatures à leur mort avait donné lieu à de nombreux cas de dépressions et de suicides. Il était difficile pour Samuel Chen de plonger ses yeux dans ceux des dresseurs ayant eu le malheur de connaître une telle tragédie. Quand ce n'était pas de la tristesse, c'était une dureté qui n'avait rien de rassurant. Lui qui avait connu un âge d'or où dresseurs et pokémons avançaient continuellement, voir des destins brisés à cause d'une erreur lui retournait le cœur. Il n'y avait pas de seconde chance, c'était tout ou rien. Il avait donc prit son rôle d'évaluateur très au sérieux mais toujours avec pédagogie. Par chance, la plupart des dresseurs qui venaient le consulter venaient du Bourg Palette, ils avaient donc l'occasion de discuter longuement. De plus, il n'était pas rare pour lui d'organiser des ateliers dans les écoles de la région. Il profitait ainsi de sa renommée pour apporter le message suivant aux jeunes pousses : "élever des pokémons est plus que jamais une tâche lourde et difficile. Montrez-vous digne de cheminer à côté de ceux qui nous ont soutenus durant des millénaires". C'était ça ou se rebeller ouvertement contre le système et voir ses fonds pour la recherche disparaître. Chen se réveilla de son demi-sommeil, son humeur aigrie par ces dernières pensées. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre : la pluie, bien que toujours régulière, avait diminuée et le ciel noir était devenu gris. Le mauvais temps ne cesserait sûrement pas avant le milieu de la nuit. Une tasse de thé plus tard, le chercheur s'installa à son bureau dans l'espoir de finir le classement de diverses données. Avec un temps pareil, il n'arriverait de toute façon pas à se motiver pour quoi que ce soit d'autre. Il en était au tout début quand on toqua à la porte. Croyant confondre avec autre chose, il laissa passer quelques secondes avant que le visiteur ne frappe de nouveau. -J'arrive, j'arrive, lança Chen en réponse à une troisième série de coups. Après avoir remis sa veste, le scientifique partit en direction de l'entrée, légèrement inquiet. Avec une pluie pareille, seule une urgence pouvait convaincre quelqu'un de gravir les marches menant à son laboratoire. Il actionna les verrous de la porte et l'ouvrit. Devant lui se trouvait un adolescent brun, de corpulence un peu maigre pour sa taille moyenne. Ses vêtements se limitaient à un jean bleu éraflé d'où pendait une chaîne en métal, d'un t-shirt noir et d'une veste à manche courtes de la même couleur tendue au-dessus de sa tête en guise de parapluie. Son visage était tânné par le soleil et sans l'absence de surprise sur son visage, on aurait pu douter que ce fût un vacancier de Carmin-sur-mer accidentellement téléporté à Bourg-Palette. Il portait également un gros sac à dos sans pour autant avoir une ceinture de dresseurs, ce qui trahissait ses intentions. Le professeur le regarda quelques secondes, cherchant son visage dans sa mémoire. Ce garçon n'était pas du village et il doutait l'avoir jamais rencontré. L'étranger prit alors la parole. -Vous êtes bien le Professeur Samuel Chen ? -Oui, mais ce n'est pas le meilleur endroit pour discuter. Entre. Il recula pour laisser passer son invité qui ne se fît pas prier pour entrer, ignorant les flaques d'eau et de boue qu'il laissait derrière lui. Chen grimaça mentalement : il allait avoir besoin d'une serpillière neuve pour pouvoir éponger tout ça. -Tu peux poser ton sac ici, dit-il en montrant un coin contre un mur. Si tu veux te sécher, la salle de bain est au premier étage, deuxième porte à droite. -Merci. Le garçon aux cheveux bruns monta tandis que Chen se dirigeait une nouvelle fois dans la cuisine préparer une deuxième tasse de thé. Pourvu qu'il n'ai pas à régler une énième affaire de fugue : avec tous les dangers de la vie de dresseur, il fallait obligatoirement fournir un document attestant que les proches de l'aspirant étaient au courant du nouveau choix de vie du concerné. Au travers d'un souci de prévention, c'était en réalité une autorisation parentale camouflée. Même en ayant l'âge minimal requis, certains parents refusaient de signer et leurs enfants partaient seuls sur les routes. Foutue paperasse... -De mon temps, on avait pas besoin de toutes ces conneries pour partir, bougonna le scientifique. Un compagnon de route, du courage, et ça nous suffisait. Il soupira puis revint dans le salon. Aucun bruit ne se faisait entendre à l'exception de la pluie qui continuait de battre contre les carreaux. Chen regarda sa montre : 18 heures 25. Qu'est-ce qui pouvait donc bien forcer quelqu'un à marcher par ce temps sans qu'il n'y ai urgence sur une vie ? L'adolescent descendit quelques minutes plus tard et le rejoignit, coupant court à ses réflexions. -Je t'en prie, tu peux t'asseoir. Tu t'appelles...? -Alfaro Straeno. Merci beaucoup pour votre accueil, répondit le garçon en s'asseyant sur le canapé en face. -Ce n'est rien. J'ai moi-même parcouru les routes étant plus jeune, alors entre dresseurs... -Je ne suis pas encore dresseur, professeur, le coupa Alfaro. Les prédictions de Chen s'avéraient donc juste. Il n'aimait pas trop se fier au jugement physique, mais celui qu'il avait en face avait tout de l'adolescent fugueur. Son regard s'arrêta un peu trop longtemps sur la chaîne accrochée à son jean. Selon son petit-fils, c'était la mode à Safrania, la abstraction de ce détail, il poussa plus en avant son investigation pour confirmer son sentiment. -Tu n'as pas l'air du coin. Je peux savoir d'où tu viens ? -De Safrania, monsieur. Chen passa un bras sur le dos du canapé. Look de petit bagarreur mais manière polies, ajouté à cela le fait qu'il soit spontanément venu voir l'autorité scientifique de la région. Le jeune restait silencieux, il allait donc falloir y aller par étape. -De Safrania...répéta Chen. Et tu veux devenir dresseur, hum ? Alfaro hocha la tête silencieusement, les yeux fuyant son interlocuteur. Il ne pensait pas être reçu aussi facilement et cela le mettait mal à l'aise. Chen en était au même point : comment en savoir plus sur ce garçon sans le troubler encore plus ? -Tu n'as tout de même pas fait tout ce chemin alors que tu pouvais faire ta demande à Safrania ? demanda-t-il, interloqué. -Il y a...autre chose... Alfaro leva la tête et regarda l'expert en pokémons. Ses yeux gris foncé brillaient, contrastant désormais avec son teint basané. -Selon ma mère, vous auriez eu des contacts avec mon père, Alberto Straeno, un scientifique. Chen croisa le regard de l'adolescent. Les sourcils de ce dernier s'étaient froncés à l'évocation de son père comme pour insister sur l'importance de la question. Changeant de position, le scientifique se caressa le menton et réfléchit un instant. -C'est possible...tous les chercheurs veulent plus ou moins s'entretenir avec moi, je ne peux donc pas retenir tous leurs noms. Mais je peux faire des recherches là-dessus. Pourquoi cette question ? Alfaro ne répondit pas et se contenta de boire une gorgée de thé. Chen insista. -Tes parents savent que tu es ici, au moins ? -Mon père n'a plus donné signe de vie depuis 11 ans et ma mère est morte il y a quelques jours, lâcha soudain l'adolescent. Un silence pesant s'installa tout d'un coup durant lequel Chen se maudit intérieurement. Orphelin de mère, père disparu sans laisser de traces, certainement aucune famille proche vu le nom d'immigrés et peut-être encore mineur. -E pourquoi est-ce que tu veux devenir dresseur ? -Bah pour retrouver mon père, lâcha Alfaro comme si c'était une évidence. -Ce n'est pas une raison invoquée et entendue par la loi, le contredit Chen. -Ok, je veux casser du champion d'arène, devenir le meilleur dresseur de tous les temps et d'autres conneries dans le genre. Il a ça dans ses fichiers, votre ordinateur ? Le scientifique sentit son visage se crisper imperceptiblement. De son avis personnel, ceux ayant des motifs prédéfinis ne faisaient généralement pas de bons dresseurs, même si ils partaient à la conquête des arènes. Malgré les nouvelles lois, certains humains continuaient de traiter les pokémons comme des outils et le gouvernement avait de plus en plus de mal à les traquer. Il craignait que le jeune homme en face de lui ne devienne l'un d'eux. -Devenir dresseur n'est pas donné à tout le monde. Il faut un minimum de connaissances en la matière. -Je me débrouillais plutôt bien à mon bahut. Allez-y, interrogez-moi sur c'que vous voulez, encouragea Alfaro avec un léger sourire en coin. Chen ne se fît pas prier et commença par faire décrire les avantages et les faiblesses des pokémons du type poison immédiatement après la mise au défi. Les réponses données par le brun furent parfaites. L'entretien ponctué par quelques anecdotes nostalgiques de l'examinateur dura le reste de la soirée. Malgré son caractère à la limite du supportable, le professeur Chen dut admettre que le gamin connaissait les bases du dressage : types, attaques, forces et faiblesses, notion d'évolution...seule l'utilisation des objets lui posa problème, ce que le vétéran-dresseur corrigea. Favorablement impressionné, il osa même demander comment son invité avait acquis de telles connaissances. -J'ai pris option Découverte du Dressage à mon bahut et j'ai un peu bouquiné là-dessus. Chen sourit : malgré les difficultés qu'ils rncontraient, rares étaient les aspirants qui prenaient la peine d'étudier sérieusement la théorie. Le gamin avait de la cervelle, c'était sur. Le cœur, en revanche... -Tu es conscient que les pokémons demandent beaucoup de soins, n'est-ce pas ? -Oui, oui. Je gardais les pokémons des voisins quand ils devaient s'absenter, mentit Alfaro. Il n'avait jamais vraiment approché de pokémons. A Safrania, seuls des miaouss sauvages et des ratatas étaient trouvables mais personne n'en voulait. Il n'avait jamais approché l'arène et s'était contenté de jeter un coup d'œil à la façade d'un centre pokémon. Une de ses connaissances l'avait forcé à venir au dojo et lui avait montré des pokémons humanoïdes gris et laids. Il se souvint la surprise qu'il avait eu lorsque l'un d'eux l'avait soulevé comme une plume sous les rires des karatékas alentours. Rouge de honte, Alfaro était parti le plus vite possible et avait développé une animosité envers les pokémons de type combat. Le professeur Chen ne suspecta pas le mensonge et termina l'entretien. -Hmm...tu sembles savoir ce que tu fais. Si ça ne tenait qu'à moi, tu pourrais partir, mais il y quelques empêchements... Alfaro baissa de nouveau les yeux. C'était l'une des raisons pour laquelle il avait demandé à un ami de convaincre son père de l'amener jusqu'à Jadielle : il était impossible de discuter avec les fonctionnaires de Safrania, quand ils ne vous demandaient pas quinze fois le même document. -Mais il se fait tard, je verrai tout ça demain. Tu n'as nul part où loger, n'est-ce pas ? Cette fois-ci, Alfaro tourna carrément la tête vers le mur. Si il s'était senti un peu plus détendu lors de la discussion qu'il avait eu précédemment, sa fierté l'empêchait de répondre. Chen se décida à parler. -Comme je te l'ai déjà dis, j'ai moi aussi été dresseur. Offrir l'hospitalité ne me pose donc aucun problème. -Juste pour cette nuit, alors. Je serais dresseur dès demain ? -Je ferais mon possible, mais rien n'est sûr. Si tu me sembles avoir les compétences pour parcourir les routes, ce n'est peut-être pas l'avis de la loi. Tu as l'âge requis, au moins ? -Dans quelques mois, grogna Alfaro. Encore une complication. Par tous les légendaires, il était chercheur, pas assistant social ! Chen garda cependant son calme et jeta un œil à sa montre. 21 heures 15. Il était inutile d'entreprendre quoi que ce soit pour le moment. -Je dois avoir quelque chose au frigo. Tu peux monter tes affaires, la chambre d'ami est juste en face de la salle de bain. Alfaro obéit et monta en silence. Une fois hors de vue, Chen s'autorisa un bref soupir. Quand il y avait fugue, il lui suffisait de discuter avec l'aspirant dresseur et d'appeler les parents. L'affaire était beaucoup plus compliquée cette fois-ci bien que, en un sens, rien n'empêchait le gamin de partir sur les routes. Il se promit cependant de faire quelques recherches. Si Alberto Straeno était bel et bien un scientifique, le retrouver ne serait pas difficile. Peut-être même était-il déjà au courant de la mort de sa femme. Bien évidemment, toute cette histoire ne reposait que sur les affirmations du jeune garçon. Partir de Safrania juste pour cette mascarade avait beau être un peu fort, il se devait de vérifier les dires d'Alfaro. Mais il se faisait tard et Chen avait tout le lendemain pour mettre son plan à exécution. Qui sait. Le garçon allait peut-être lui être utile... A l'étage, Alfaro se réfugia dans la chambre d'invités, inconscient des plans de son hôte. Une fois la porte fermée, il jeta son sac dans un coin et s'assit sur le lit, le regard baissé et les mains croisées sous son menton. La pénombre de la pièce l'aidait à réfléchir et à se remettre de ses émotions. C'était déjà un miracle en soi que d'être arrivé jusqu'ici. Convaincre le père de l'un de ses amis, employé par la Sylphe SARL, de l'emmener avec lui jusqu'à Jadielle n'avait pas été facile. Le mauvais temps l'avait fait plus d'une fois trébucher sur le chemin du Bourg-Palette, mais il était arrivé à son étape sain et sauf. -Si j'avais su que le célèbre professeur Chen n'était qu'un vieux sentimentaliste...murmura-t-il. Il s'autorisa un petit sourire, puis se força à reprendre un visage neutre avant de se lever et quitter la pièce. Tout se déroulait comme il l'avait prévu.
- Chapitre 2:
Le lendemain matin, Alfaro se réveilla de bonne heure, ce qui selon ses critères signifiait 9 heures et demi. Il ne se leva pas tout de suite et préféra songer à tout ce qu'il s'était passé depuis son départ de Safrania. Les choses se déroulaient plutôt bien pour le moment : il était arrivé sain et sauf à sa première destination et celui qui était considéré comme le meilleur scientifique de la région se révélait très conciliant, du moins en apparence. Il ne pouvait espérer meilleur commencement dans sa quête pour retrouver son géniteur.
Il tendit l'oreille pour percevoir des bruits aux alentours et entendit un raclement de chaise ainsi que des bruits de pas au rez-de-chaussée. Concluant que son hôte était déjà debout, Alfaro se leva, s'habilla rapidement et descendit. Il se dirigea en premier lieu vers le salon qu'il trouva vide, ce qui le força à faire plusieurs pas hésitants avant d'arriver au laboratoire.
Cette pièce était au moins trois fois plus grande que la précédente, ce qui était somme toute normal au vu des activités qui y avaient lieu. De grandes baies vitrées éclairaient des aquariums pour pokémon posés en dessous d'elles. Tout autour de la pièce, contre les murs, étaient disposés de lourds appareils électroniques que Alfaro aurait été bien incapable d'identifier. Le seul qu'il reconnaissait était un grand ordinateur posé sur le bureau de son propriétaire qui se trouvait juste à côté, visiblement très occupé.
-Bonjour mon garçon, le salua Chen en posant une pile de document sur son bureau. Assieds-toi, j'en ai pour une minute.
Alfaro obéit sans dire un mot et s'installa sur l'unique canapé, orange cette fois-ci, situé en face du mur aux aquariums. Il remarqua une assiette de tartines à moitié noircies ainsi qu'une tasse vide et une théière posés sur une petite table en face. N'attendant pas d'invitation, il se servit et mâchonna lentement son petit-déjeuner.
Prudent et calculateur de nature, il avait tenté de prévoir la suite des événements toute la nuit. L'entretien de la veille lui avait donné bon espoir et le vieil homme se montrait conciliant à son égard, ce dont il n'avait pas tellement l'habitude. Il avait participé à de nombreux mauvais coups a Safrania, si bien que sa réputation en dehors de son cercle de petits voyous des rues n'étais pas encourageante. Il se plaisait néanmoins à se considérer comme une tête pensante et non comme une masse de muscle, ce qui n'était pas toujours inutile.
Le professeur Chen pianota durant quelques minutes sur son ordinateur puis rejoignit Alfaro, une tasse vide dans une main et une chaise dans l'autre. Il s'assit en face de la petite table basse, se servit du thé et commença la discussion.
-J'ai retrouvé les lettres que ton père m'avait envoyé il y a plusieurs années. Je m'en souviens maintenant, il travaillait sur l'anatomie des pokémon, non ?
-'chais pas, dit Alfaro en levant les épaules. J'étais trop jeune et ma mère m'en a jamais parlé.
-Quoi qu'il en soit, j'ai essayé de retrouver sa trace mais aucun signe de lui. Il travaillait à Safrania, je crois...
Alfaro termina d'avaler une tartine puis répondit mollement :
-Ouais, mais il a quitté la maison et depuis, plus rien.
-Il y a 13 ans, c'est ça ?
-P'têt bien. Je m'en souviens plus trop.
Chen se retint de soupirer. Pour un garçon qui semblait vouloir retrouver son père, il n'avait pas fait beaucoup d'enquêtes préalables. Ou bien sa mère était restée discrète sur le sujet.
-A ce propos, toutes mes condoléances pour ta mère. Cela doit être très dur.
L'adolescent resta silencieux et fixa le sol. Le scientifique en imputa la cause à la fatigue avant de voir que les mains du jeune garçon s'étaient mises à trembler autour de sa tasse. Ne voulant voir craquer ni sa vaisselle ni Alfaro, il décida de changer de sujet.
-Je suis vraiment désolé, je n'ai pu trouver aucun piste mais j'ai néanmoins de très bonnes nouvelles à t'annoncer...
Le chercheur fut malheureusement coupé dans ses paroles par le claquement de la porte d'entrée. La personne qui les interrompait s'annonça immédiatement.
-Pépé ? C'est moi !
-William ? Qu'est-ce que...ah oui ! Je suis dans le laboratoire ! indiqua Chen au nouvel arrivant.
Quelques secondes plus tard, un jeune garçon un peu plus âgé que Alfaro les rejoignit. Il ignora le brun et s'adressa directement au plus vieux.
-Alors pépé, tu les as ? demanda-t-il, apparemment impatient.
-Oui oui, ne t'en fais pas pour ça. Au fait, je te présente Alfaro. Il va lui aussi devenir dresseur dès aujourd'hui.
Le concerné sourit légèrement, son visage toujours dirigé vers le carrelage de la pièce. Enfin ! Il allait enfin avoir la possibilité d'agir comme il le souhaitait ! Dans un sens, il comprenait l'excitation que ressentait le nouvel arrivant.
-Alfaro, voici mon petit-fils, William.
-B'jour, lâcha Alfaro en faisant un petit signe de la main.
Il le détailla du regard. La première chose qui sautait aux yeux chez William était sa coiffure. D'un châtain proche du roux, elle défiait littéralement les lois de la gravité de par ses nombreuses mèches qui pointaient dans tous les sens. Il était légèrement plus grand que Alfaro et son visage était plus rond, ce qui ne l'empêchait en rien d'afficher un air narquois. Ses yeux cuivrés s'attardèrent un instant sur le brun, toujours assis sur le canapé, puis revinrent à son grand-père.
-Ouais, ouais. Bon, y sont où mes pokémon ?
-"Tes" pokémon ? Tu connais la règle, William : un seul pokémon de départ. Les pokéballs sont juste à côté, suivez-moi.
Le petit groupe se dirigea vers le fond de la salle. Sur une table rectangulaire reposaient les trois outils de capture et de transport.
-Dans ces pokéballs se trouvent trois pokémon : feu, eau et plante. Alfaro, à toi de choisir.
-Mais c'est dégueulasse pépé ! Pourquoi c'est pas à moi de choisir en premier ? s'insurgea le petit-fils du chercheur d'un ton offusqué.
-Patience, William, tu en auras un toi aussi. A toi l'honneur, dit-il au brun
Alfaro s'avança vers la table d'un air dubitatif. Il n'avait aucune idée de ce à quoi pouvaient bien ressembler les pokémon qui étaient devant lui. Il regarda derrière son épaule en direction de William qui trépignait d'impatience.
-Dépêche, j'ai pas toute la journée, dit-il d'un ton pressant.
Si il avait su quels pokémon lui seraient proposés, Alfaro y aurait réfléchi plus longtemps. En désespoir de cause, il se basa sur les types annoncés par le professeur Chen : feu, eau ou plante. Un parfait cercle d'avantage et de faiblesse.
-T'as choisi quoi, toi ? demanda-t-il au natif de Bourg Palette.
-Pour que tu me le prennes ou que tu aie un avantage ? Crève !
-Allons ça suffit vous deux ! raisonna le scientifique, lassé de voir les deux plus jeunes se disputer. Alfaro, s'il te plaît...
L'adolescent lâcha un soupir et avança finalement sa main vers la troisième pokéball, celle qui contenait le pokémon de type plante. Après tout, s'occuper d'une espèce d'arbuste miniature ne devait pas poser trop de problèmes. De l'eau, du soleil et ça poussait très bien tout seul, rien de compliqué à ça.
-Bulbizarre, hein ? Parfait pour les débutants, remarqua Chen.
Le choix de William prit beaucoup moins de temps. A peine Alfaro eut-il soulevé la pokéball de son socle qu'il s'emparait de celle située à l'extrémité de la table.
-T'aurais pris cher si tu avais choisi mon salameche, dit-il en cachant tant bien que mal son grand sourire.
-J'ai dit ça suffit ! répéta Chen d'une voix autoritaire. Bien, maintenant que les choix sont faits, écoutez-moi attentivement. Les pokémon que vous avez désormais en votre possession sont encore jeunes, fragiles mais énergiques. Ils ont été élevés au contact des humains, vous devriez donc vous lier très vite avec eux. Je vous conseille de vous entraîner aux alentours. N'allez surtout pas plus loin que Jadielle, j'aimerai vous revoir dans l'après-midi. des questions ?
Face aux deux signes de tête négatifs, le scientifique conclut son discours.
-Bien, tu peux y aller William. Alfaro, je peux te parler un instant ?
Le châtain partit rapidement, visiblement très pressé d'entraîner son pokémon. De son côté, Alfaro se rassit sur le canapé sur l'invitation du professeur Chen. Il ressentait déjà une certaine antipathie pour le petit-fils du chercheur et son caractère de gosse pourri-gâté. Selon Alfaro, tous les gens qui avaient plus ou moins reçu un coup de piston étaient incapables de faire quoi que ce soit par eux-mêmes, voir l'autre échouer dans la semaine ne l'étonnerait donc guère.
-Bon. Ça, c'est fait.A ton tour maintenant. Comme je voulais te le dire tout à l'heure, je peux t'obtenir une carte de dresseur. Tu n'as certes pas encore 18 ans mais pour quelques mois...on peut faire abstraction. Je devrais te l'obtenir dès cet après-midi. En échange, j'aimerais que tu me rendes un petit service.
Alfaro regarda l'homme plus attentivement. Il n'y avait rien d'exceptionnel à un échange de bons procédés. C'était monnaie courante à Safrania : en échange d'un "petit service" pas tout à fait légal et du silence, on proposait quelques travaux manuels ou un autre arrangement à la limite de ce qui était permis. Pourvu qu'il ne lui demande pas de reclasser les livres de la bibliothèque, le jeune garçon n'était pas un amoureux des pavés scientifiques indéchiffrables.
-J'ai un colis qui m'attend à la boutique pokémon de Jadielle mais il semblerait que l'orage d'hier limite les communications. Le livreur m'a appelé ce matin pour me prévenir et je lui ai parlé de toi.
-Carte de dresseur contre colis à livrer ? Pas de problèmes, dit Alfaro.
-Prends ceci en cas de besoin, c'est une lettre disant que tu es à mon service, dit Chen en sortant une enveloppe de sa veste. J'y pense, que dirais-tu de donner un surnom à ton bulbizarre ?
Le brun haussa les sourcils. Il connaissait cette pratique à la mode chez les dresseurs mais n'en voyait pas l'utilité : faire des combats à mort ne nécessitait pas de s'attacher à ses bestioles. Pire encore, il savait les dangers qu'il encourait à y donner trop d'importance. Bien qu'il se considérait comme peu sentimental, il n'avait pas envie de voir son voyage à la recherche de son père entravé par de stupides dépressions au moindre pokémon mort. Son interlocuteur sembla deviner ses pensées et trouva une excuse.
-Je suis sûr que cela te sera utile, dit le chercheur en appuyant sur les syllabes de manière entendue. Tu n'as pas les connaissances de William et les pokémon aiment qu'on leur donne des sobriquets. Un pokémon avec qui l'on prend le temps de sympathiser donne toujours tout de lui-même pour son dresseur et se battra pour lui de la meilleure façon qui soit.
"Ah, si c'est utile, autant ne pas cracher dessus", pensa Alfaro.
Il regarda un instant la sphère blanche et rouge qu'il tenait entre ses mains. La créature était un bulbizarre, hein ?
-Sors-le, ça t'aidera à choisir, proposa le plus âgé.
Le natif de Safrani obéit. Il prit la pokéball de façon à ce que le bouton soit dirigé vers le sol, appuya dessus et son occupant en sortit dans un rayon de lumière rouge. Le pokémon était vert avec quelques tâches plus sombres disséminées sur son corps et sur sa tête ronde et plate qui dévoilait sous ses yeux rouges une large bouche dotée de deux canines. On aurait dit une petite tortue terrestre mais le bulbe fermé qui reposait sur son dos remplaçait la carapace tout en confirmant son appartenance au type plante.
-Bulbizaaarre ! salua la créature avant de se diriger vers la chaise du professeur Chen.
-Bonjour toi. C'est moi qui l'ai élevé, dit-il à l'intention d'Alfaro. Maintenant que tu es son maître, il devrait t'écouter un peu.
L'adolescent ne sut comment réagir. Avec les Miaouss de sa ville natale, il suffisait souvent de tendre la main et de faire un petit signe. Il essaya sans dire un mot avec l'espèce de tortue qui s'avança doucement vers lui et se laissa caresser la tête.
-Billy, ça te va ? proposa le jeune garçon.
-Zaaare ! Bulbi, bulbizaaarre ! répondit l'adepte des plantes, tout sourire.
-Une bonne chose de faite, dit l'ancien dresseur en souriant à son tour. Tu connais la route, il ne te reste plus qu'à y aller.
-Je serai de retour très vite, dit Alfaro en se levant, la chaîne de son jean produisant un léger cliquetis.
Il hésita à ramener le bulbizarre dans sa ball mais préféra faire bonne figure devant le chercheur et le laissa libre de ses mouvements. Les deux humains et le pokémon sortirent du laboratoire et tombèrent nez à nez avec William.
-William, tu n'es pas encore parti ? demanda Chen.
-J'ai eu une meilleure idée. Toi, là, ça te dirait un match ? demanda-t-il en fixant Alfaro.
Ce dernier hésita, ne voulant pas perdre de temps, mais il valait mieux se montrer conformiste jusqu'à ce qu'il ai obtenu sa carte de dresseur.
-Je te met quand tu veux, répondit son opposant en souriant d'un air moqueur.
Les deux rivaux se dirigèrent à l'arrière de la propriété, près du parc. Billy étant déjà hors de sa ball, il suffit d'un mot de son dresseur pour qu'il se mette en position. William se mit plusieurs mètres face à son adversaire et lança son unique pokéball.
-Montre-lui c'que tu sais faire.
Une fois la forme matérialisée par le rayon rouge, Alfaro put détailler l'adversaire de son bulbizarre. Une espèce de lézard bipède orange avec le poil plus clair sur le ventre lui faisait face. Un salamèche, comme l'avait cité William un peu auparavant. Il possédait une queue enflammée au bout ainsi que de courtes griffes et la forme de sa tête ressemblait beaucoup à celle du bulbizarre, en plus allongée et avec des iris bleus. William commença sans que Alfaro ne s'en rende compte.
-Aka, attaque griffe !
Le lézard, un sourire béant l'instant d'avant, bondit d'un coup en direction du quadrupède et lui porta un coup de griffe qui fit mouche. Énervée, la créature verte grogna et répliqua par un coup de tête qui fut sans effet. Au vu de la corpulence de son allié, une attaque profitant de son poids semblait la meilleure chose à faire et Alfaro répliqua :
-Charge-le !
Billy pris appui sur ses pattes et chargea de toutes ses forces son opposant qui tomba sur le dos. Il pédala un instant dans le vide de manière comique, puis se redressa. Maintenant que les forces étaient connues des deux côtés, la bataille allait être plus tendue.
-Aka, rugissement !
Alfaro ne connaissant pas les effets de cette attaque, il se tourna vers le professeur Chen.
-Rugissement baisse l'attaque de ton pokémon. Bulbizarre doit l'avoir aussi.
-Bon ben...Rugi...
-Griffe !
Alfaro se maudit de son incompétence pendant que Billy poussait un couinement, le lézard l'ayant atteint au sommet de sa tête. Il aurait dû se douter d'un coup vicieux de la part de son opposant et décida de répliquer par une attaque frontale.
Le reste du combat se déroula de la même manière. Quelques ordres d'esquives avaient été lancées mais les pokémon, encore trop jeunes et glissant dans la boue, avaient du mal à éviter les attaques. Plus le temps passait, plus les créatures s'épuisaient. Alfaro, sentant que la respiration de son bulbizarre devenait plus difficile, décida d'en finir vite.
-Aka, Rugissement encore une fois !
-Billy, charge !
Le salamèche fit entendre son cri une deuxième fois avant d'être frappé de plein fouet par le monstre vert. Le choc fut tellement violent que le lézard vola sur plusieurs mètres avant d'atterrir sur le sol boueux, bougeant avec beaucoup plus de difficultés..
-Le combat est terminé ! La victoire revient à Alfaro et à son Bulbizarre, déclara Chen, mettant ainsi fin au match.
Alfaro sourit légèrement. Il n'aurait pas cru que sa première expérience en tant que dresseur serait un tel succès. Mieux encore, il ressentait un sentiment de puissance face à la défaite de son adversaire. Si les choses étaient aussi faciles, il aurait retrouvé son père avant la fin du mois.
-Tss...j'aurais dû l'entraîner avant, dit William en rappelant son salamèche.
Il tourna le dos au gagnant, et leva sa main en guise d'au revoir.
-A c't'aprem.
-T'oublierais pas quelque chose, l'écureuil ?
- Quoi ?!
"L'écureuil" en question se retourna vivement, vexé par son nouveau surnom. Il contempla un instant la main tendue de son adversaire, puis décida de se conforter au règlement de mauvaise grâce.
-Tss. Pour un débutant, tu connais au moins certaines règles. C'est déjà pas mal, se moqua-t-il, rancunier de sa première défaite.
La loi obligeait en effet les perdants à verser de l'argent aux gagnants des matchs. Une poignée de billets plus tard, William partit de la propriété en bougonnant. Alfaro allait en faire de même avant d'être appelé par le professeur Chen.
-Excellent combat, le félicita-t-il. Ton bulbizarre semble te faire suffisamment confiance. Suis-moi, je vais le soigner.
De retour au laboratoire, Alfaro fit rentrer Billy dans sa ball et la confia au scientifique qui la posa sur une machine. Elle projeta une lumière jaune et vibra une dizaine de secondes, puis la pokéball fut remise à son propriétaire.
-La première chose que tu devrais faire une fois arrivé à Jadielle serait de visiter le centre Pokémon J'imagine que tu sais à quoi il ressemble ?
-Ouais, un bâtiment avec écrit dessus "Centre Pokémon".
-C'est un peu plus que ça, mais c'est le plus évident. Prends ça également, c'est une potion au cas où tu en aurais besoin. Elle soignera les blessures légères de ton bulbizarre, dit il en prenant un spray mauve sur son bureau.
-Merci beaucoup pour votre aide, professeur.
-Tu me remercieras plus tard. Pour le moment, va donc entraîner ton pokémon. N'oublie pas de revenir cet après-midi avec mon colis.
Alfaro hocha la tête puis partit du laboratoire. Le ciel était bien moins noir qu'hier mais le soleil peinait tout de même à faire descendre ses rayons, se contentant de timides et froides apparitions. La pluie de la veille avait formée une couche de boue sur tout le village et il y avait fort à parier que les routes étaient encore pires.
Ne perdant pas de temps, Alfaro descendit les marches, sa veste ouverte légèrement gonflée par l'arrivée d'air. La température était un peu fraîche en cette matinée de printemps mais il n'y faisait pas attention, toutes ses pensées étant tournées vers les événements futurs.
Il arriva à l'entrée du bourg en quelques minutes. Devant lui se dressait un petit chemin abîmé par la tempête de la veille. Ignorant les coulées de boue, Alfaro se mit en marche. Le plus tôt il se serait débarrassé de ce colis, le plus tôt il pourrait partir à la recherche de son père. Chapitre 3 et 4Chapitres 5 et 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10chapitre 11chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20 |
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Sam 18 Jan 2014 - 23:55 | |
| Suite à un oubli de ma part et une incompétence notoire en manipulation de forum, vous trouverez les chapitres 3 et 4 plus bas. (désolé)- Chapitre 5:
La route 22 n'avait en effet rien de si exceptionnelle. Quelques dresseurs s'adonnaient à des combats et d'autres venaient dans l'unique but d'y capturer un pokémon. Ces derniers étaient en effet faciles à capturer, ce qui était assez paradoxal si l'on prenait en compte l'écart de niveau avec ce qui se trouvait de l'autre côté de sa frontière.
Le chemin, situé en hauteur, était assez calme si l'on exceptait les matchs entre dresseurs. C'était même l'un des endroits préférés des jeunes couples qui y venaient le soir pour admirer les lumières de la ville et flirter sans risque à l'abri des regards indiscrets. Les espaces fréquentés par les pokémon sauvages avaient en effet peu à peu diminué, si bien que seules les premières minutes passées à y marcher étaient vraiment dangereuses. Quelques étangs à l'eau claire et limpide rajoutaient du charme à l'endroit, si bien que personne n'aurait imaginé y trouver un pokémon tellement puissant qu'il était dangereux pour un humain.
Alfaro avait quitté le chemin de terre depuis un moment en quête d'un troisième pokémon à capturer. Malheureusement pour lui, les créatures ne semblaient pas vouloir se montrer et il cherchait avec de plus en plus de frénésie, oubliant Billy qui le suivant tant bien que mal.
-Zaaarre...
-Encore un peu de patience, on finira bien par trouver un piaf.
Le brun comptait toujours capturer un pokémon de type vol dans le but de remplacer Flavio. Il n'avait pas de temps à perdre à jouer au garde-malade et avoir un nouveau garde du corps prêt à combattre immédiatement lui semblait plus pratique. Or, qu'ils soient aériens ou non, les pokémon sauvages semblaient tous avoir migres vers d'autres routes.
-Bordel ! Ces crétins de défenseurs n'étaient pas censés rameuter des pokémon ? dit Alfaro en s'asseyant sur un tronc d'arbre.
Il avait parcouru de long en large la première partie du sentier, celle qui ne grimpait pas trop haut. La ville était suffisamment éloignée, l'endroit était bon pour les pokémon sauvages, mais il n'avait pourtant pas croisé âme qui vive. Il se demandait même si tous les dresseurs vus au centre pokémon ce matin n'étaient là que pour y passer quelques jours de vacances.
Billy, essoufflé par la cadence que son maître l'avait forcé à suivre, grimpa à son tour sur le tronc d'arbre pour se reposer et lézarder au soleil. Il regrettait un peu que l'humain soit si pressé : lui aimait bien le paysage qui s'étendait sous leurs yeux, avec son herbe fraîche et foisonnante en cette matinée de printemps. L'endroit manquait peut-être d'adversaires mais le bulbizarre ne sentait pas le besoin de se dépenser pour le moment, aussi préféra-t-il faire une sieste. Alfaro allait protester mais préféra lui accorder quelques minutes de répit. Il pourrait sans doute repérer des proies de là où ils étaient. Mais la patience n'était pas avec lui et il poussa un bruyant soupir après quelques minutes à observer les environs.
Son regard était dirigé si loin qu'il ne vit pas l'herbe remuer tout près de lui. La sensation de morsure qu'il sentit à la cheville, en revanche, le força à pousser un cri et à baisser les yeux tout en donnant un violent coup de pied à son agresseur. Le coup fût si bien porté que le pokémon s'envola brièvement dans les airs, révélant ainsi son identité : c'était un rattata.
-Charge-le, Billy ! ordonna Alfaro.
Le pokémon plante, réveillé par le cri de son maître, n'avait pas attendu l'ordre pour sauter du tronc en direction du rattata. Il le plaqua violemment au sol et l'étourdit sans qu'il n'ai pu faire un seul mouvement.
-Maintenant bouge de là.
L'humain sortit une pokéball de son sac, l'actionna et la jeta en direction du rattata, toujours sonné. Un "clic" retentit quelques secondes plus tard, confirmant la capture. Ce n'était pas un oiseau, mais c'était mieux que rien.
-Pas le choix. Il va falloir faire avec...
Il ramassa la sphère et, après l'avoir soigneusement examiné, décida de faire sortir son nouveau pokémon. Le rattata apparut dans le rayon de lumière blanche caractéristique et se hérissa aussitôt, prêt à mordre.
-Rattata ! Ta ! Ta !
-Bulbi, bulbi bulbizarre. Zare ?
-Rattata ?
-Bulbi.
Alfaro suivait l'échange sans dire un mot. D'après ce qu'il comprenait, Billy expliquait à la nouvelle recrue sa nouvelle vie et à qui il devait maintenant obéir. La diplomatie semblait être un don chez lui car le rat mauve se détendit et fixa silencieusement son maître.
-Billy te l'a sûrement dit mais tu vas devoir me protéger durant mon voyage à partir d'aujourd'hui. J'essaierai de bien m'occuper de toi.
Il s'agenouilla et présenta prudemment sa main, les sourcils légèrement froncés, anticipant une possible nouvelle morsure. Le rattata s'avança vers elle et, au lieu de la mordre, la poussa vers le tronc avec son museau.
-Quoi, tu veux te reposer ?
Le rongeur lui mordilla la main en signe de négation, chose que le dresseur débutant n'apprécia pas du tout. Il fit rentrer les deux pokémons dans leurs balls et se prépara à quitter la route 22 pour la forêt de Jade.
-Pas mal pour un minable.
Alfaro se retourna pour chercher d'où venait cette voix qu'il aurais aimé ne pas connaître. Au-dessus de lui se tenait William, nonchalamment appuyé contre une barrière.
-Un rattata...tel dresseur, tel pokémon, dit-il en souriant.
-Si c'était vraiment le cas, ton vieux aurait réfléchi à deux fois avant de te donner un pokémon. Aucun ne serait digne de protéger un perdant comme toi.
Le châtain prit très mal l'insulte. Il se redressa et agrippa le garde-fou de ses deux mains pour se pencher sans risque.
-Si tu parles du combat d'hier, je suis prêt à te prouver le contraire. Ramènes-toi et vient te battre.
-J'ai pas de temps à perdre avec toi, dit Alfaro en prenant son sac.
-Ce n'était donc que de la chance, hier ?
Le petit-fils du chercheur touchait un point sensible. Alfaro reporta son attention sur son rival : selon lui, la chance n'était qu'un refuge incertain pour les faibles. Il ne comptait jamais dessus et se sentait horriblement vexé de cette accusation.
-Descend de ton perchoir si tu veux combattre, l'écureuil.
-Et les pokémon sauvages, tu y as pensé ? Viens par là, le coin est tranquille.
Alfaro ouvrit la bouche pour protester mais la referma et obéit de mauvaise grâce. Se faire rappeler par son rival qu'il était plus prudent pour deux dresseurs de combattre dans un lieu sans pokémon sauvage le mit en colère contre lui-même. Il oubliait non seulement des règles de base mais se faisait également sermonner par un prétentieux au crane vide. Il lui ferait payer cher une fois ce combat remporté.
L'endroit choisi par William, et il ne l'avouerait jamais, était plus propice au combat que les hautes herbes. La pente, une fois franchie, révélait un terrain plat que venait couper une falaise impossible à franchir de là où ils étaient. Le chemin s'étendait parallèlement à cet obstacle naturel et continuait au loin, vers le seul endroit où il était possible de les franchir sans trop de risques. Le brun en conclut que William était allé voir à quoi ressemblait les lieux mais ne put s'empêcher de se moquer de lui.
-T'as déjà une équipe suffisamment puissante ou tu voulait mettre fin à ton voyage ?
-Ne joue pas au con avec moi, je ne suis ni un suicidaire ni un faiseur de miracles. Du moins pas encore, répondit William en sortant une pokéball.
-Suicidaire, tu l'es déjà. Billy, go !
Le bulbizarre sortit de sa cellule électronique, surpris que son dresseur ai besoin de lui si vite. Il comprit tout de suite à quoi il devait s'attendre en voyant le rival de son maître et se mit en position de combat.
-Vas-y Echarpeur, on va lui apprendre le respect.
Le flash de la ball de William dévoila un roucool grattant le sol, un air menaçant que ne possédait malheureusement pas Flavio visible sur son visage. Cela n'intimida cependant pas son adversaire désormais habitué aux oiseaux. Alfaro fut le premier à donner un ordre.
-Couvre-le de vampigraines !
-Esquive et lance jet de sable !
Le roucool évita l'attaque grâce à quelques battements d'ailes vers la droite, se rapprocha de Billy et lui lança du sable dès son atterrissage accompli. L'adepte des plantes grogna de douleur et détourna instinctivement la tête pour se protéger.
-Remet-lui en une couche, encouragea William. Il a l'air d'apprécier.
-Bouge !
Billy s'éloigna à pas hésitants. Il ne pouvait plus rien voir, était incapable de deviner où était le roucool qui bougeait sans cesse et s'attendait à chaque instant à se faire attaquer. Il trottina avec hésitation, ne sachant plus vers où charger. Alfaro prit conscience de sa difficulté et établit une tactique.
-Ne bouge pas et concentre-toi ! ordonna-t-il.
-Mauvaise idée, fit remarquer William. Tornade !
Le roucool battit des ailes et déclencha un petit tourbillon d'air qui se rapprocha dangereusement de Billy.
-Encaisse et lance vampigraine !
Le bulbizarre décida de faire confiance à son dresseur et prit l'attaque de plein fouet. Immédiatement après, il se retourna vers la source de ses dégâts et lança de nouveau ses graines. Un roucoulement affolé et la douce sensation qui s'empara de lui confirma qu'il avait visé juste. Il le chargea sans attendre les ordres de son maître, satisfait d'avoir touché sa cible.
Cette première manche dura longtemps. William continua d'ordonner des jets de sable mais son roucool ne parvenait pas à se défaire de l'emprise des graines. Ses petites pattes fléchirent au bout d'un moment et il fût incapable de combattre, vidé d'une grosse partie de son énergie vitale.
-Ce n'était que de la chance, accusa William en le rappelant. Tu vas morfler au prochain.
Le deuxième pokémon qu'il appela fut son salamèche, plus vif que le bulbizarre fatigué. Alfaro le rappela et envoya le rattata.
-En avant...euh...Joey.
Il avait pris le premier surnom qui lui venait à l'esprit. Peu lui importait sa qualité, il en avait entendu des bien pires. Mettant ces souvenirs inutiles de côté, Alfaro et se concentra sur le combat. Le brun doutait que le rat mauve parvienne à mettre le lézard orange au tapis mais préférait garder son premier pokémon pour conclure. Il n'avait pas envie d'envoyer Flavio qui serait plus une gêne qu'autre chose.
Le rattata était rapide mais le pokémon feu anticipait ses mouvements avec une facilité remarquable. Les charges se heurtaient aux coups de griffes et Joey s'essouffla rapidement, moins entraîne que son opposant. Un coup de griffe particulièrement vicieux fit gicler quelques gouttes de sang de son museau et il chancela, visiblement mal en point. Alfaro jura et le rappela dans sa pokéball. Billy revint sur le champ de bataille plus vite qu'il ne l'espérait et les risques de perdre étaient très grand, peu importe la stratégie qu'il emploierait.
-Vampigraine !
-Esquive et griffe !
L'ordre de William avait été lancé avant que Alfaro n'ai terminé d'articuler le sien. Son plan était prévisible, facile à contre-carrer mais le lézard bipède commençait lui aussi à fatiguer et il ne put éviter la série de graine qui agit immédiatement. Aka eut cependant de la chance dans son malheur, au grand désarroi du brun.
Un violent coup de griffe atteignit Billy juste sous son menton, avant qu'il ne pousse un cri de douleur. Une tâche de sang apparut sur le sol poussiéreux et s'élargit peu à peu.
Alfaro se crispa et ses yeux s'écarquillèrent. Il fixa la flaque, incapable de réfléchir correctement ou de faire quoi que ce soit d'autre. La blessure de Joey l'avait surpris mais elle était superficielle. Là, il y avait un possible danger de mort.
-Rappelle-le, conseilla William, je ne veux pas être responsable de la mort de ton pokémon.
La colère succéda à la peur engendrée par la surprise. Alfaro allait lancer une réplique cinglante à son rival mais quand il détourna ses yeux de son pokémon, ce n'était plus à un sourire arrogant qu'il faisait face. William avait pâli, peut-être aussi mal à l'aise que lui.
-Rappelle-le et cours au centre, tu pourras le sauver.
Le natif de Safrania fit rentrer le bulbizarre d'une main tremblante et porta instinctivement sa main vers sa troisième pokéball. Tant pis si Flavio se faisait de nouveau blesser, il ne voulait pas abandonner et perdre après s'être laissé provoquer.
-Tu crois vraiment que je ne sais rien sur les pokéballs ? Elles peuvent maintenir les pokémon dans l'état précis où ils se trouvent durant un moment, dit-il en esquissant un sourire forcé.
Il lança la sphère rouge et blanche et le roucool apparut, inconscient du danger qui lui faisait face. Les graines de Billy étaient resté accrochés sur le salamèche qui tentait de les expulser, en vain. La guerre d'usure semblait être la meilleure stratégie à adopter.
-Flavio, jet de sable !
Aucune réaction de la part du roucool qui gratta gentiment le sol à ses pieds. Même le duo adverse ne sut comment réagir.
-Tu l'as eu où cet emplumé ?
-Chez ton grand-père ! répondit Alfaro d'un air offusqué.
Il doutait fortement que le grand-père et le petit-fils se soient ligué contre lui. Le rire de ce dernier ne l'aidait cependant pas à se calmer.
-J'aurais préféré un peu plus de difficulté mais je ne crache pas sur un entraînement facile . Aka, griffe !
L'attaque fit mouche une nouvelle fois et la seule réaction de Flavio fut un roucoulement de douleur suivit d'un autre, beaucoup plus long. Il replia alors ses pattes et enfouit sa tête entre ses ailes, ignorant totalement son adversaire. Alfaro compris alors sa réaction.
Les vampigraines avaient agi. Le deuxième roucoulement exprimait le plaisir. Flavio allait rester là à attendre de se faire soigner sans rien faire.
-Mais c'est pas vrai ! Tu vas bouger, stupide piaf ?!
De rage, le brun prit un caillou et le lança sur la tête du roucool. Quelques dégâts en plus ou en moins à cet endroit ne feraient aucune différence. Le volatile tourna d'un coup la tête vers son dresseur aussi brusquement qu'un ressort qui se détendait. Ce n'était pas un tour à 90° mais cela restait effrayant. Alfaro était cependant trop en colère pour être impressionné.
-Ça, ennemi. Moi...vouloir...toi...attaquer...ennemi, dit-il en montrant successivement le salamèche, lui-même, Flavio et de nouveau le salamèche.
-Rrouuuu...
-Tu me fais perdre mon temps avec tes bouffonneries. Griffe !
L'attaque toucha mais, contrairement à ce que tout le monde pensait, Flavio réagit de manière plus belliqueuse. Il s'envola d'une vingtaine de centimètres, contrarié d'être dérangé. Une petite tornade apparut en quelques battements d'ailes et toucha le pokémon feu qui ne s'y attendait absolument pas. Il fut projeté quelques pas en arrière, se releva mais sentit ses genoux fléchir et tomba. Les graines de Billy avaient terminés ce que les ailes de Flavio avaient commencé.
-Non, c'est pas encore fini ! Relève-toi, Aka ! Aka !
Voyant que ses ordres ne servaient à rien, William rappela son partenaire en soupirant et s'avança vers Alfaro pour lui donner sa récompense.
-Tu disais quoi déjà, à propos de notre premier combat ?
-Que c'était un coup de chance et que tu vas en avoir besoin dans les minutes qui viennent. Une pokéball n'est pas une capsule d'hibernation et ton bulbizarre peut facilement mourir d'une minute à l'autre.
Alfaro avait oublié ce détail. Les pokéballs pouvaient certes plus ou moins maintenir les pokémon en vie, mais ils éprouvaient toujours de la douleur et le système d'hibernation d'urgence ne durait que quelques heures. Le centre pokémon était à vingt minutes en courant.
Il prit les billets que lui tendaient William et descendit la pente en quelques bonds. Il se souvint alors que ses pokémon n'étaient pas les seuls à avoir été blessés.
-Et les tient, tu compte les remplacer ?
-La fatigue et les pichenettes de tes pokémon ne sont pas un danger mortel, minable.
Alfaro ne releva pas l'insulte et continua son chemin à toute allure. Pourquoi s'était-il soucié de son adversaire alors que son premier et meilleur garde du corps était grièvement blessé ?
Il ne tenait pas à avoir du sang de pokémon sur les mains aussi tôt dans son aventure, voilà tout. Les siens ou ceux d'un autre.
La blessure de Billy fut guérie un peu plus tard dans le centre pokémon de Jadielle. Alfaro s'était attendu à subir de nouvelles remontrances de la part de l'infirmière mais ce genre de dégâts, en plus de se guérir vite, étaient plus courant qu'il ne le croyait. Quelques points de suture et une cicatrisation accélérée suffirent à le remettre sur pied sans que l'on puisse se douter de la violence du combat précédent. Un simple tour sur la machine de soin avait suffi pour les autres.
Alfaro était soulagé : ses bestioles s'avéraient être plus résistantes qu'il ne l'imaginait et il n'en avait perdu aucun pour le moment. Il partit sans plus tarder au nord de la ville, vers la forêt de Jade. Le jeune dresseur voulait rattraper le temps perdu ce matin et cheminer le plus possible.
Il n'avait plus croisé William de la journée, ce qui lui paraissait étrange. Le châtain attendait-il qu'il soit parti pour mettre sa fierté de côté et soigner ses pokémon ? A moins qu'il ne veuille les rendre plus fort en les faisant endurer un K.O prolongé ?
Les deux idées étaient intéressantes mais au fond de lui, Alfaro savait que son rival avait trouvé une autre manière de les soigner immédiatement. Il n'avait jamais donné l'ordre à son salamèche d'infliger des blessures profondes et la vue du sang du bulbizarre l'avait presque fait s'évanouir. William avait sûrement eu du mal à contenir l'énergie de son pokémon et cette blessure n'était qu'un accident, rien de plus.
Alfaro se remémora le semi-ordre que son rival lui avait donné à la fin du combat et qui l'avait poussé à courir au centre. Il n'était peut-être pas si crétin que ça, finalement...
Mais au diable son rival. Il avait suffisamment de mal avec sa propre quête pour se soucier de celle d'un autre. D'autant plus que, contrairement à William, il n'avait absolument aucune idée de l'endroit où il pourrait trouver ce qu'il cherchait.
Le paysage se faisait plus sauvage au fur et à mesure qu'il s'éloignait de Jadielle. Les rues pavés furent remplacés par un large entier de terre, lui-même remplacé par un chemin envahi d'herbes de plus en plus touffues. La végétation l'atteignit bientôt à la taille et la cime des arbres recouvrirent le ciel, plongeant Alfaro dans une demi-pénombre. Il était entré dans la forêt de Jade sans même s'en apercevoir.
- Chapitre 6:
Le paysage se faisait plus sauvage au fur et à mesure qu'il s'éloignait de Jadielle. Les rues pavés furent remplacés par un large entier de terre, lui-même remplacé par un chemin envahi d'herbes de plus en plus touffues. La végétation l'atteignit bientôt à la taille et la cime des arbres recouvrirent bientôt le ciel, plongeant Alfaro dans une demi-pénombre. Il était entré dans la forêt de Jade sans même s'en apercevoir.-"L'albero che nasconde la foresta", hein ? murmura Alfaro pour lui-même. Son sens de l'orientation était mis à rude épreuve dans l'obscurité des arbres. Il était beaucoup plus à l'aise dans les rues éclairées par des lampadaires, aussi examina-t-il attentivement le moindre détail qui pourrait l'empêcher de tourner en rond. Des traces d'herbe foulée, vestige du passage d'autres dresseurs, n'échappèrent pas à son regard et il décida de les suivre. L'option était trop facile. A peine quelques minutes plus tard, un jeune garçon de son âge surgit d'entre les arbres et lui barra la route. -Eh toi, ça te dirait un combat ? Alfaro l'examina avec un peu plus d'attention. Pas citadin pour un sou, le genre à être élevé en montagne si l'on en croyais ses traits. Il venait sans doute d'Argenta. -Si tu veux, répondit-il en appelant Joey. Son adversaire prit lui aussi une pokéball et en sortit une grosse chenille avec plusieurs teintes vertes, des antennes rouges et de grands yeux noirs. "Certainement un type insecte", pensa le brun. Le pokédex confirma son hypothèse et ajouta un nom à la bestiole : "chenipan". Il ignora les détails qui s'affichaient à l'écran et prit l'initiative du match. -Utilise charge. -Sécrétion, Pitrille ! La chenille cracha un jet de soie en direction du rattata qui se retrouva englué puis frappé de plein fouet. Le pokémon verdâtre était bien plus agile qu'à première vue. Alfaro prit alors son adversaire un peu plus au sérieux et n'eut plus aucun mal à décrocher la victoire. La stratégie de son adversaire était limitée et il suffisait à Joey d'esquiver les jets de sécrétion; -Tu l'as trouvé dans le coin, ton chenipan ? demanda-t-il une fois sa récompense reçue. -Ouais, la forêt de Jade est même célèbre pour ses insectes et attire tous les fans de la région. Avec un peu de chance tu peux même trouver des chrysacier. C'est mes pokémon préférés ! Essaie d'imaginer la patience dont ils font preuve, leur carapace brillant au soleil, jour après jour dans l'ultime but de... Le brun sentit son attention faiblir. Il écouta d'une oreille distraite, glanant quelques informations utiles entre deux pamphlets sur la beauté des pokémon insectes. L'autre dresseur se tût enfin après un long monologue. -...à leur poison, j'espère que tu es équipé. Et toi, tu viens aussi chasser les insectes ? -Euh...non, je suis juste de passage. Et je suis pressé, dit-il en voyant le jeune homme ouvrir la bouche. -C'est dommage, on aurait pu observer les papillusion ensemble. Bonne chance ! -Ouais, à toi aussi... Le fan d'insectes retourna dans les fourrés, un grand sourire aux lèvres. Alfaro hésita un moment à esquiver tous les dresseurs qu'il apercevrait plus tard. Si ils étaient tous aussi bavards, il allait y passer plusieurs jours à traverser cette mer d'arbres. Il décida néanmoins de prendre son mal en patience et continua son chemin. La nuit approchait et étendait lentement son voile d'obscurité. Le jeune dresseur arriva dans une clairière à l'herbe un peu haute mais dépourvue d'arbres. Quelques fougères épaisses lui assuraient une cachette en cas de danger et il constata un reste de feu de camp, preuve que l'endroit était un lieu de choix pour les amateurs de camping. Observer un ciel ouvert après être resté prisonnier de l'ombre de la forêt avait en effet quelque chose de tentant. Alfaro s'assit à côté des cendres et posa son sac, décidé à camper ici pour la nuit. C'est à ce moment qu'il remarqua quelque chose. Sur un buisson, tout près de lui, se tenait un chenipan. Le pokémon ne s'était pas rendu compte de la présence de l'humain et avançait paisiblement, faisant plier les petites branches au fur et à mesure qu'il avançait. Alfaro retint son souffle et porta la main à son sac pour y sortir une pokéball vierge : la fin de la journée s'achèverait peut-être sur une nouvelle capture. Le bruit du mécanisme d'expansion de l'appareil le trahit mais le chenipan n'eut que le temps de tourner la tête avant d'être aspiré dans la ball. Alfaro retint son souffle. Ce n'était pas un pokémon très puissant mais il n'allait pas cracher sur la seule opportunité qui s'offrait à lui. L'insecte avait l'air faible, aussi avait-il préféré lancer une pokéball directement sans combattre. Si il réussissait, il avait un nouveau garde du corps en pleine forme. Si il échouait, le pokémon risquait de s'enfuir. Après une attente qui lui parut interminable, la pokéball s'immobilisa dans un "clic" retentissant dans la clairière. Le jeune dresseur se relâcha, ramassa la sphère et libéra immédiatement son nouveau pokémon. Le chenipan était plus petit que celui du dresseur rencontré précédemment, ce qui signifiait encore du temps passer à l'entraînement. Alfaro aurait préféré avoir des pokémon forts tout de suite mais le sort semblait s'acharner sur lui. -T'as l'air un peu maigrichon, toi. 'Faudra arranger ça. Le chenipan pencha la tête, fixa son maître de ses grands yeux noirs, puis se redressa et remua quatre pattes rondes. Prenant cela comme une invitation, Alfaro avança sa main et laissa son pokémon y grimper. Une fois posée sur son bras, il porta la chenille au niveau de sa tête et les deux se fixèrent. C'était maintenant que le dressage commençait. Selon Alfaro, tout passait dans le regard : un dresseur qui parvenait à imposer sa volonté à son pokémon était sûr de se faire obéir sans la moindre résistance. Voyant son nouveau pokémon rester immobile, il se permit un sourire. -Parfait, je crois qu'on va bien s'entendre, toi et moi. L'insecte poussa un cri aigu et descendit du bras de son dresseur. Enfin un pokémon qui n'allait pas lui poser de problèmes ! Billy ne comptait pas, ayant été élevé dans le but de combattre, mais Flavio et sa lenteur le désespéraient d'avance et Joey était encore un peu retors. Une fois leur existence mentalement évoquée, Alfaro décida de tous les faire sortir. Une bonne protection n'était pas de trop dans cette forêt qui pouvait être dangereuse, surtout à l'aube quand les insectes sortiraient de leurs abris. Le brun se mit en devoir de trouver du bois sec, accompagné par Billy. Joey et le chenipan faisaient connaissance tandis que Flavio somnolait au sol. Il était temps de donner un surnom à cette nouvelle bestiole. Alfaro y réfléchit en ramassant des branches mortes : quelque chose de plaisant, d'original, qui distinguerait ce chenipan des autres. Il entendit alors Billy l'appeler et constata avec surprise deux lianes qui sortaient de sous son bulbe. -Intéressant...tu peux porter ça ? dit-il en montrant un tronc. Le bulbizarre obéit mais ne put réaliser l'exploit qui lui était demandé. Pour se faire pardonner, il ramassa quelques branches, en fit un tas compact et le présenta à son dresseur. -Il va falloir t'entraîner à ça, tu imagines tout ce qu'on pourrait faire en combat avec ce truc ? -Zaarre ! répondit l'adepte des pokémon d'un ton enjoué. Alfaro le gratifia d'un demi-sourire, ajusta son propre tas de branches et ils repartirent vers le campement. A peine eut-il posé son fardeau qu'une traînée blanche et collante fut lancée sur son visage. -Bordel de...Trotwood ! Le brun réussit tant bien que mal à se défaire de la substance poisseuse avant de lancer un regard noir sur le chenipan. Celui-ci, n'ayant pas encore compris le concept de surnom, tentait d'attirer l'attention d'un Joey hilare. Alfaro comprit très vite le complot dont il avait été l'objet et avança vers le rattata. -Ecoute-moi bien, toi. Refais-ça encore une fois et je te jure que tu serviras de repas au prochain essaim d'insectes. ses paroles furent sans effet et Joey détourna la tête d'un air digne. Alfaro réitéra sa menace avec moins de violence au chenipan qui parut comprendre. Une fois l'incident clos, il distribua la nourriture à ses pokémon, réussit tant bien que mal à faire un feu et dîna d'une boîte de haricots. L'obscurité et le froid forcèrent le jeune homme à sortir son sac de couchage et à s'y réfugier, étendu devant son premier feu aux flammes vacillantes. Ses pokémon vinrent alors se blottir contre lui sans qu'il n'ai rien demandé : Billy s'allongea à côté de son flanc, Trotwood se colla à l'une de ses jambes et Flavio, après avoir inconsciemment tenté d'étouffer son dresseur, s'était perché sur son estomac. Seul Joey s'était un peu éloigné et était allongé de l'autre côté du feu. Ce n'était pas désagréable. Même la peau légèrement visqueuse du chenipan apportait un peu de chaleur. Trouver une position qui convenait à tout le monde fut difficile mais ils parvinrent à un accord commun avant de s'endormir. *°*°*°*° -Non, pas comme ça ! Met plus de puissance dans tes pattes ! Flavio retenta un jet de sable sur le chenipan adverse mais l'attaque ne parvint qu'à mi-chemin. Ses "instincts naturels" semblaient mettre beaucoup de temps à revenir. Il y avait néanmoins un progrès : le roucool ripostait directement si il subissait une attaque adverse. Alfaro poussa un soupir : même Trotwood, capturé la veille, progressait plus vite. Il aurait aimé que la combativité du chenipan motive l'oiseau, ce qui n'était pas le cas malgré la sympathie qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. -Bon...Trotwood, vas-y à sa place. Le pokémon ne se fit pas prier et entra sur le champ de bataille pour faire face à son congénère. Sa motivation fut telle qu'en quelques assauts, son adversaire ne put que s'incliner et fuir devant une telle puissance. -Tu vois ce que tu dois faire, Flavio ? Pour l'instant, tout ce qu je veux est que tu attaque quand je te l'ordonne. C'est pas si compliqué. -Rrrouu... -Bon boulot Trot. Revient par là, ordonna Alfaro. Malgré le ton qui laissait entrevoir la bonne humeur du dresseur, Trotwood n'obéit pas et resta immobile. Alfaro l'appela une nouvelle fois mais n'obtint aucune réaction. Il allait sortir sa pokéball et le rappeler de force mais le chenipan poussa un cri aigu et effrayant. Le jeune dresseur sursauta. C'était la première fois que l'insecte agissait comme cela et il n'avait pas la moindre idée de ce qui avait pu causer un tel cri. Il eut la réponse à sa question quand une lumière blanche enveloppa peu à peu le pokémon. -Quoi ? Il évolue déjà ? Alfaro n'était pas le seul à être surpris. A côté de lui, Flavio tendait le cou et ses yeux étaient encore plus exorbités qu'à l'ordinaire. Si son maître devinait ce qui arrivait au chenipan, l'oiseau n'en savait absolument rien. Le long cri aigu prit fin et la lumière diminua, révélant peu à peu la nouvelle forme de Trotwood. Comme Alfaro l'avait prévu, le corps constitué d'un abdomen, d'une tête et de pattes avait laissé place à une chrysalide incapable de se mouvoir par elle-même : un chrysacier. Le seul point commun avec son ancienne forme était sa couleur verte. Le dresseur et son pokémon s'approchèrent en même temps, tous deux empreints d'une certaine curiosité. Alfaro savait ce qu'était l'évolution : parfois, un pokémon changeait de forme au cours de sa vie et devenait plus puissant. D'après ce qu'il savait, la plupart évoluaient en enchaînant les combats ou en étant mis dans une situation particulière. Il devait en résulter des capacités accrues, ce qui lui serait utile, mais il fût déçu en voyant l'évolution de Trotwood. Flavio, quand à lui, s'était posé sur le sommet de la chrysalide pour picorer ce qu'il croyait être un étranger. Le chrysacier, gêné, poussa un cri grave et se mit à luire pendant un très court instant. Les deux pokémon eurent ensuite une brève mais vive discussion : Trotwood semblait de plus en plus énervé contre Flavio pour une raison qui était inconnue à leur dresseur. Ce dernier avait reconnu cette attaque, ayant déjà affronté de pareilles créatures un peu plus tôt dans la journée. -Armure...c'est tout ce que tu peux faire ? Un "Mmmh" grave lui répondit et Alfaro soupira. L'un de ses gardes du corps les plus prometteurs était maintenant hors-service pour un petit moment. Il se sentait maudit. -Raah...Tant pis, 'va falloir faire avec. Ne voulant pas se promener avec une carapace encombrante, il rappela Trotwood dans sa pokéball et sortit Joey pour soutenir le roucool. Il regarda rapidement autour de lui et décida d'explorer plus profondément la forêt. Sa découverte des lieux fut cependant de courte durée puisqu'un jeune dresseur l'aborda immédiatement après qu'il ai traversé une rangée d'arbres particulièrement resserrée. -Eh, toi ! Combat ! -Ok. Flavio, vas-y ! "Enfin quelqu'un qui ne parle pas inutilement", pensa-t-il. Son adversaire sortit une chenille bien différente de ce qu'il avait vu jusqu'alors : elle n'était pas verte mais jaune-brune avec des pattes violettes. D'une apparence plus ronde qu'un chenipan, elle se distinguait par une corne sur son front. Alfaro scanna la créature avec son pokédex. "Aspicot, pokémon insectopic. Plus rare que son compagnon des bois chenipan, la corne empoisonnée située sur son front le rend cependant plus dangereux. A approcher avec la plus grande prudence". -C'était donc ça qu'il voulait dire, murmura Alfaro pour lui-même en se rappelant des paroles de l'autre dresseur de la veille. Ne le laisse pas te toucher ! -Dard-venin ! A cet ordre, l'aspicot se cambra et projeta un aiguillon brillant légèrement. L'attaque toucha l'oiseau mais ne sembla pas faire d'autres dégâts. -Charge-le ! Flavio obéit mais leur adversaire semblait s'être préparé à leur riposte. La grosse chenille jaune subit l'attaque sans protester et enfonça son dard empoisonné dans l'aile gauche de l'oiseau immédiatement après. Ce dernier poussa un roucoulement où se mêlaient douleur et panique puis recula jusqu'aux pieds de son maître, abandonnant le combat. Comprenant la gravité de la situation, Alfaro se prépara à envoyer Joey au combat mais sentit la pokéball de Trotwood vibrer. L'intensité augmenta en quelques secondes et le pokémon parvint à forcer le mécanisme d'ouverture et à apparaître aux côtés du roucool. Ses yeux froncés exprimaient une colère que le brun n'avait encore jamais vu sur l'un de ses pokémon. Le chrysacier ne se priva pas pour réprimander son camarade. Alfaro ne comprenait pas totalement mais il savait que le pokémon insecte était frustré de ne pas pouvoir combattre sous cette forme. Il devina alors que Trotwood faisait tout pour convaincre Flavio de retourner sur l'arène, ce qui n'était pas une si bonne idée pour le moment selon lui. Le dresseur adverse rappela alors sa présence, excédé par cette interruption; -Tu abandonnes ou tu campes ? J'ai pas envie d'y passer toute la nuit ! -Je te signale que mon roucool s'est fait empoisonner par ton aspicot. Je n'ai pas envie qu'il crève dans mes pattes alors attends un peu. -Pff...t'es jaloux parce que j'ai un pokémon rare. -Ferme-là où tu devras lui dire adieu à la fin de ce match, répondit Alfaro agressivement. Il avait d'autres priorités que d'évaluer la rareté de l'aspicot, comme calmer Trotwood qui continuait d'expliquer son point de vue à Flavio de manière verbalement violente. Le regard du volatile oscillait entre la honte et la crainte et il était coupé dans son élan par la chrysalide à chaque fois qu'il tentait de prendre la parole. Le discours de Trotwood s'acheva enfin et Flavio regarda son dresseur, déterminé à retourner combattre. -Rrou ! -Tu es sûr ? -Rrou ! Rrou ! -Mmmmh, compléta Trotwood. -Bon, comme tu voudras. Laisse-moi juste soigner ton aile, dit Alfaro en sortant un flacon d'antidote de son sac. Une fois le remède appliqué, Flavio s'envola en quelques battements d'ailes et se posa sur le terrain dans un soulèvement de poussière, tentant d'intimider son adversaire. La manœuvre n'eut cependant aucun effet car l'aspicot brandit son aiguillon, déterminé lui aussi à en finir avec ce combat. -Tu sais, normalement c'est à moi de motiver les troupes, fit remarquer Alfaro à Trotwood. Je sais que cette forme t'agace car tu ne peux pas combattre mais ne passe pas ta rage sur les autres. -Mmh. -Qu...Quoi !? Que j'en fasse autant avant de critiquer ? Je suis votre dresseur, j'en ai parfaitement le droit ! Tu n'as pas à faire les choses à ma place ! -Mmh, Mh. -On réglera ça plus tard, dit Alfaro en sortant sa pokéball. Maintenant, revient. -Ca y'est, t'a enfin terminé ? demanda leur adversaire. J'ai encore jamais vu de dresseur ayant autant de mal avec ses pokémon. -Flavio, tornade. -Hé ! L'attaque surprise porta ses fruits mais Alfaro n'aurait jamais imaginé une telle conséquence : à peine le jeune dresseur eut-il ordonné d'attaquer que Flavio déclenchait un violent courant d'air vers l'insecte. Ce dernier tenta de s'accrocher au sol mais fut emporté dans les airs, trop haut pour que ce soit sans danger, avant de retomber dans un craquement sinistre. -Non ! Pico ! -Merde. Flavio, ça suffit ! Le jeune garçon qui leur faisait face se précipita vers son pokémon. Il l'appela plusieurs fois, le secoua encore et encore mais mais l'aspicot ne reprenait pas connaissance. Il ne remarqua pas l'approche d'Alfaro, Joey et Flavio tant il semblait bouleversé. Il sortit sa pokéball et actionna le rayon rouge qui entoura le pokémon trop longtemps pour un simple retour. Soudain, sans prévenir, des arcs électriques bleus jaillirent de la sphère. Le dresseur la lâcha, blessé, puis elle tomba sur l'herbe de la forêt. Le phénomène cessa alors et la pokéball fuma, incapable de ramener son occupant en son sein. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose. La pire chose qu'un dresseur pouvait imaginer. L'aspicot était mort durant le combat. Alfaro restait silencieux. Lui qui souhaitait garder la conscience tranquille le plus longtemps possible, il avait maintenant du sang de pokémon sur les mains. Cela le choquait mais il y était résolu : les accidents n'étaient pas si rare. L'autre, en revanche, ne semblait pas être du même avis que lui. Il poussa un sanglot, puis un autre, et se mit à trembler violemment. Le brun compris qu'il devait vite dégager d'ici. -Connard...espèce de sale connard d'assassin ! Le brun n'eut aucun mal à réceptionner le poing lancé désespérément vers son visage et le retint fermement, décidé à montrer que l'incident n'était pas de sa faute. -Ecoute-moi bien, toi. Tout ça n'était qu'un accident et j'ai absolument rien à voir avec ça. Si t'es pas capable d'accepter à l'avance que ton pokémon peut mourir à n'importe quel moment, alors je peux rien faire pour toi à part te conseiller d'abandonner. Les fillettes comme toi sont vraiment pas faites pour être dresseur. -Tu l'as dit toi-même ! Que tu le tuerais ! Tu complotais avec tes pokémon ! -C'était des paroles en l'air ! -Parce que tu penses que je vais te croire ? T'es pas d'ici, ça se voit ! Vous avez pas assez de foutre la merde à Safrania, alors vous venez jouer aux racailles jusqu'ici ! Alfaro perdit son calme et brandit un poing afin de frapper le vaincu qu'il tenait toujours fermement. C'est alors qu'un sanglot retentit et il comprit que l'autre était sur le point de pleurer. Son bref instant de colère s'évanouit et il abaissa son bras. Un type aussi pitoyable ne méritait même pas qu'on lui fasse la leçon. Il libéra finalement le jeune homme, prit ses affaires et partit calmement, Joey et Flavio sur ses talons. Il entendit distinctement le cri de désespoir derrière lui mais n'y fit pas attention, convaincu de ne pas être responsable de la mort de l'aspicot. Une petite discussion avec ses gardes du corps était néanmoins nécessaire : ce n'était pas parce que ce n'était pas de sa faute qu'il devait laisser ses pokémon abattre qui ils voulaient. -Flavio. Viens là. Le concerné poussa un roucoulement interrogateur et se posa sur les épaules de l'humain. -Ne refait plus jamais ça. Ça ne me pose aucun problème contre des pokémons sauvages mais tu ne dois en aucun cas tuer volontairement les pokémons d'un dresseur. Je veux pas me traîner une réputation d'assassin, c'est clair ? -Rrou... -Autre chose : contente-toi. D'obéir. Scrupuleusement. A mes ordres, dit-il en appuyant sur chaque mot. C'est moi et moi seul qui décide de comment tu dois combattre. Je sais que c'est dur mais pour l'instant, mais ne prend aucune initiative. On verra après. Ça vaut autant pour toi que pour les autres, c'est compris, Joey ? Alfaro avait dit tout cela sans détourner une seule fois les yeux du chemin devant lui. Le message semblait avoir passé pour les deux pokémon sortis et il doutait que le pacifique bulbizarre ai besoin de telles remontrances. Le plus difficile à gérer serait sans doute Trotwood. Il devait agir au plus vite pour calmer ses ardeurs ou bien il deviendrait trop influent au sein de l'équipe, ce que le jeune dresseur ne souhaitait sous aucun prétexte. Que ses pokémon s'encouragent entre eux, il l'acceptait, mais il était hors de question de les voir se transformer en machines à tuer. Cela lui apporterait trop de problèmes.
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Sam 18 Jan 2014 - 23:56 | |
| - Chapitre 7:
Alfaro se laissa tomber sur le dos dès qu'il vit le lit qu'il avait réservé une fois arrivé au centre pokémon d'Argenta. Dormir à la belle étoile avait du bon mais rien ne valait un toit et quatre murs pour être en sécurité, le confort étant un bonus très appréciable. La petite troupe était arrivée à destination un peu avant midi et un passage à la machine de soins avait suffi pour leur redonner toute l'énergie nécessaire aux plans du natif de Safrania. Ce dernier prévoyait de défier le champion d'arène de la ville ce jour même pour ne pas perdre plus de temps. La seule chose qui lui manquait était des informations, ce qui était l'une des raisons pour laquelle il avait décidé de s'arrêter au centre pokémon : ce genre d'endroits fourmillait de dresseurs et il était sûr d'obtenir ce qu'il désirait. Il descendit donc vers la cafétéria. Le centre pokémon d'Argenta ne différait pas beaucoup de celui de Jadielle. Alfaro s'installa à une table libre, commanda leur déjeuner à un leveinard et fit sortir toute son équipe. Il prit soin de placer Trotwood devant lui tandis que les trois autres restaient au sol. -Il est temps d'avoir la petite discussion que je t'avais promis ce matin, dit-il à la chrysalide. Que les choses soient bien claires : je peux comprendre que môssieur soit incapable de combattre mais ça ne justifie pas que tu pousses Flavio à commettre des meurtres. Le chrysacier détourna le regard, n'appréciant pas de subir des réprimandes de la part de son dresseur. Alfaro continua : -Je te croyais vraiment plus malin que ça. Flavio ne maîtrise pas encore sa force malgré les progrès qu'il a fait. Alors met-toi ça dans ta petite cervelle : je suis le seul à lui dire ce qu'il a à faire. Nous les humains avons un don pour répandre des rumeurs et à cause de toi, il y a des chances pour que je sois dans la merde jusqu'au cou. -Un problème avec ton chrysacier ? Alfaro tourna la tête. A côté de lui se tenait un jeune garçon blond un peu plus âgé que lui. Le t-shirt blanc qu'il portait était parfaitement accordé à sa pâleur maladive, ce qui donnait l'impression qu'il pouvait s'envoler au moindre coup de vent. Alfaro retint un soupir : choisir une table située dans un coin ne suffisait apparemment pas à éloigner les oreilles indiscrètes. -Ouais, il a fait des siennes. -Je peux t'aider avec lui ? J'ai élevé un chrysacier alors je m'y connais un peu. Alfaro hésita un instant. Il était très tenté de dire à l'intrus d'aller voir ailleurs si il y était mais se ravisa : il semblait de bonne volonté et il était possible qu'il ai des informations sur le champion de la ville. Alfaro fit un signe de tête et le jeune homme s'assit sur la chaise à droite de Trotwood. Il l'examina un moment puis caressa le sommet de sa tête. -Ah là là, mon pauvre...je te plaint, tu sais ? -Qui ça, moi ou lui ? demanda le brun. -Ne t'inquiètes pas, bientôt tu pourras t'envoler et ce sera plus qu'un mauvais souvenir. Ce petit manège dura un instant et les caresses prodiguées par le blond semblaient détendre Trotwood qui perdit son humeur colérique. Leur déjeuner arriva et Alfaro, vexé d'avoir été ignoré, demanda des explications. -C'est très simple : ton chrysacier est frustré de ne pas pouvoir combattre. -C'est marrant, j'y avais pas du tout pensé, fit remarquer Alfaro d'une voix suintante d'ironie. -Le problème, c'est que les chrysacier ne gèrent pas tous cette crise de la même manière. Certains sont patients et se contentent d'attendre tandis que d'autres font savoir à quel point ils détestent cette période. -Super, ça m'éclaire beaucoup. Et comment on fait pour qu'ils cessent de se comporter comme des ados criant sur leurs parents ? -La seule solution est de les faire évoluer. Le dernier stade d'évolution de chenipan est papilusion. Une fois transformés, ceux qui ont le moins supporté d'être des chrysacier relâchent toute la frustration accumulée en quelques combats. Je te déconseille d'affronter un dresseur juste après l'évolution du tien, les accidents sont fréquents. "Super, encore un psychopathe", pensa Alfaro. Il s'abstint pourtant de le dire à voir haute : avec un peu de chance, le blond en face de lui n'avait pas entendu la partie sur le meurtre de ce matin. -Au fait, je ne me suis pas encore présenté. Je m'appelle Damien. -Alfaro. Tu peux m'en dire plus sur les chrysacier ? Ravi de voir qu'il pouvait être utile, le blond commença à expliquer de manière passionnée tout ce qu'il savait sur les insectes. Une fois son exposé terminé, Alfaro lui demanda des informations sur le champion d'arène d'Argenta. Les pupilles de Damien se rétractèrent un instant et il se figea. Tout indiquait qu'il avait peur du meilleur dresseur de la ville. -Il...n'a pas très bonne réputation. -Je m'en fout de ça, dit-moi juste comment il combat. -Il est spécialisé dans le type roche. Alfaro attendit dans l'espoir d'avoir plus de détails mais le jeune homme pâle, si loquace quand il s'agissait des chrysacier, rechignait à parler du champion. Il ne pourrait rien tirer de plus de lui. -T'en sais beaucoup sur les insectes. Tu pourrais me montrer les tiens ? Damien ne répondit pas et s'enferma dans un mutisme complet, se contentant de caresser Trotwood d'un air triste. Alfaro se douta alors de quelque chose et ne chercha pas à en savoir plus. -Désolé, je ne pouvais pas deviner que... -Ce n'est pas grave, coupa l'autre dresseur. De toute façon, ça n'a plus aucune importance. J'ai perdu trop de choses ce jour-là pour pouvoir m'attrister seulement sur sa mort. La conversation s'arrêta là et Alfaro dévora ce qu'il avait dans son assiette, nullement concerné par la perte qu'avait subie Damien. Les condoléances qu'il avait présenté n'étaient là que pour la forme et il n'y avait pas mis l'ombre d'un sentiment véritable. -Tu est là pour l'affronter ? -Ouais, entre autres choses. Tu saurais me dire où se trouve l'arène ? -Je...je crois que je peux au moins faire ça. Mais avant, tu devrais entraîner tes pokémon encore un peu. A vue d'œil, ils risqueraient de se faire démolir par ceux de Pierre. Ils sont connus pour être très résistants. -C'est pas des pokémons de type roche ? -Je parlais du champion, Pierre C'est son nom. Alfaro rit sans chercher à se cacher. Il savait que c'était puéril mais la coïncidence était trop drôle pour ne pas la remarquer. Si le champion était aussi stupide que son prénom, le match allait vite jouer en son avantage, surtout avec Billy à ses côtés. Avec un type plante dans son équipe, cette arène serait vite pliée pour peu qu'il l'entraîne à fond. -Je te conseille d'entraîner en priorité ton chrysacier, lui conseilla Damien. -Oui je pense aussi...quoi ? -Ton chrysacier. Il est sur le point d'évoluer, je le sens. -C'est gentil de ta part mais je n'aurais pas besoin d'un papillusion, j'ai déjà mon bulbizarre avec moi. -Je me suis mal exprimé : tu entraînes ton bulbizarre et pendant ce temps-là, ton chrysacier le regarde combattre. Il paraît que ça accélère le processus d'évolution. Tu l'as capturé quand ? -Hier, quand c'était un chenipan. Il a évolué ce matin. Damien poussa un sifflement admiratif. -Eh beh...Je sais que les insectes entraînés par des dresseurs évoluent plus vite mais on ne voit pas souvent une progression comme ça. Il a l'air doué. -C'est le plus motivé de mon équipe. A tel point qu'il est difficile à garder en place, même sous cette forme, regretta Alfaro en levant les yeux au plafond. Il se sentait pourtant soulagé maintenant qu'il savait comment s'y prendre. Au final, pensa-t-il, tous les problèmes se résolvaient grâce à un entraînement. C'est donc d'excellente humeur qu'il se leva de table et proposa à Damien de venir voir ses pokémon à l'œuvre. -D...désolé mais j'ai...des choses à faire en ville. Je t'attendrai près d'ici pour te mener à l'arène. Alfaro ne fût pas gêné par son refus. Après tout, les conseils qu'il lui avait prodigué suffiraient largement pour faire évoluer Trotwood. Il fit rentrer ses pokémon dans leurs balls et, après un signe d'au revoir au blond, sortit du centre. Il avait repéré un coin un peu sauvage entre la forêt de Jade et Argenta, ce qui lui permettrait de vite soigner ses pokémons en cas de problème. Les résultats se montrèrent à la hauteur des espérances d'Alfaro cet après-midi. Après un rude entraînement, Billy était maintenant capable de porter de redoutables coups de fouets avec les lianes qui sortaient de son bulbe -fouet-lianes, selon le pokédex- et le reste de l'équipe avait lui aussi fait des progrès remarquables. Les heures qu'ils y avaient consacrés se terminèrent en apothéose par l'évolution de Trotwood. L'insecte n'avait désormais plus rien en commun avec ses formes précédentes. Comme l'avait prédit Damien, c'était désormais un magnifique papillon aux ailes blanches striées de noir avec un corps violet surmonté de deux grands yeux rouges et d'une paire d'antennes. Deux bras, deux jambes et un museau d'un bleu comme le ciel vers lequel le pokémon s'envolait venaient compléter cette nouvelle apparence. Le papilusion fit savoir sa satisfaction d'être enfin en état de combattre sur le premier pokémon qu'ils croisèrent, un nidoran. Il se concentra, poussa un "piiii" aigu et son adversaire fut brutalement projeté en arrière, sonné. Alfaro consulta de nouveau son pokédex, finalement plus utile qu'il ne le pensait, et identifia l'attaque comme étant un "choc mental". Il n'en croyait pas ses yeux. Les attaques de type psy étaient plus rares que la moyenne et il avait maintenant en sa possession un pokémon capable d'en utiliser une, si tôt après son départ. Il contint difficilement sa joie. -Très bien, ça suffit pour aujourd'hui. On retourne au centre et on va mettre sa raclée au champion. Si vous réussissez, je vous paye un festin de roi ce soir ! Cette promesse fût accueillie par des cris de joie venant de toute la petite troupe ravie de voir que leur dresseur, d'ordinaire si bougon et taciturne, s'attachait peu à peu à eux. Trotwood vint se poser sur le bras d'Alfaro, à la manière d'un oiseau de chasse; et ses antenne chatouillèrent son perchoir humain qui eut du mal à se retenir de rire. Malgré la fierté qu'il éprouvait à voir ses protecteurs progresser aussi vite, il devait garder un minimum de sérieux et ne pas se laisser aller à des profusions de compliments. Une fois son équipe soignée, le jeune dresseur chercha Damien aux alentours du centre, comme il était convenu, mais ne le trouva pas. Il allait abandonner et chercher l'arène lui-même lorsqu'une voix familière atteignit ses oreilles. -Eh oh, j'suis là ! Alfaro se retourna brusquement. Il ne savait pas comment il avait fait pour ne pas le remarquer plus tôt mais le blond se trouvait juste derrière lui, comme s'il était apparu de nulle part. -La vache, t'es silencieux, toi ! T'as provoqué combien de crises cardiaques en surgissant comme ça ? -Aucune, répondit-il, amusé. C'est un peu une seconde nature chez moi d'être aussi discret, j'ai énormément de mal à me faire voir. On y va ? Le brun hocha la tête et ils partirent en direction de l'arène. Les rues de la ville n'étaient pas étroites et les maisons, principalement faites de pierre, étaient espacées entre elles.. L'absence d'immeubles faisait penser à une ville encore relativement rurale, ce qui n'était pas étonnant puisque la ville était coincée entre la forêt de Jade et le mont Sélénite. Le centre-ville par lequel ils passèrent, en revanche, rappela à Alfaro les rues de Safrania excepté que le gris des blocs de pierre lui paraissait plus authentique que le béton de sa ville natale. -Il y a aussi un musée dans le coin. Il est spécialisé dans les fossiles mais ils font une expo sur l'espace en ce moment. -Rien à foutre. Ils traversèrent ensuite une large rue et arrivèrent devant les portes d'un bâtiment semblable à un gymnase mais de plafond plus haut et tout de pierre construit. Damien s'arrêta, le contempla un moment et renseigna Alfaro d'une voix à peine plus forte qu'un murmure. -Voilà, c'est ici. L'arène d'Argenta. Alfaro suivit le regard de son guide et resta silencieux. Il avait hâte d'en découdre avec ce fameux Pierre mais il lui semblait impoli de couper Damien dans ses pensées. Il avait d'une certaine manière sympathisé avec ce jeune homme qui avait su le conseiller et le guider alors qu'il en avait besoin et il sentait qu'il devait faire quelque chose pour lui remonter le moral. La réponse lui vint immédiatement. -J'éclaterai ce guignol de champion pour toi, promit-il. Il sentira passer sa défaite bien profond et ton papilusion sera vengé. -Tu...Tu comptes vraiment le faire ? -Ce serait moche de te quitter comme ça. Tu m'as bien aidé avec mon papilusion alors c'est à mon tour de te rendre la pareille. Damien se détourna de l'arène et regarda Alfaro dans les yeux. Ce dernier soutint son regard, déterminé. Un sourire confus apparût alors sur le visage du pâle jeune homme. -M...Merci. Juste...Ne fais rien contre ses pokémons. La mort de Flip...c'était un accident. Et c'était en partie de ma faute. -T'embêtes pas avec les détails, je ne fais pas dans le meurtre. On se retrouve au centre ? Je reste à Argenta jusqu'à demain matin. -Je ne sais pas, j'ai encore des choses à faire, dit Damien, mal à l'aise. En fait, je ne peux sortir de chez moi que rarement. Il y a de fortes chances que ce soit la dernière fois qu'on se voit. Ces explications bancales firent penser à Alfaro qu'il y avait arbok sous roche. Il ne chercha cependant pas à en savoir plus et mit fin à la conversation. -Souhaites-moi bonne chance, dans ce cas, dit Alfaro. A une prochaine. -Tu vas y arriver, j'en suis sûr. Damien adressa un signe de la main au natif de Safrania qui lui répondit de la même manière puis il s'enfonça plus loin dans la rue. Alfaro le suivit du regard puis décida de faire sortir Billy et Trotwood. -Prêts à fait une entrée spectaculaire, les gars ? -Zaaarre ! -Piii ! Lusion ! Le brun ouvrit la double-porte de l'arène dans un fracas retentissant et entra d'un pas assuré, suivi de chaque côté par ses deux pokémon. Comme il s'en doutais, l'intérieur était rendu sombre par la rareté des fenêtres. Des néons éclairaient un sol pierreux traversé par des lignes blanches à moitié effacées délimitant le terrain de combat entouré de chaque côté par des gradins vides et en mauvais état. Ceci mis à part, Alfaro constata qu'il n'y avait personne à part lui et ses pokémon. L'appel qu'il lança résonna sur les murs et une réponse ne tarda pas à venir de derrière les gradins. Une porte claqua et un homme brun au teint plus bronzé que le sien apparut. -C'est pour quoi ? demanda l'inconnu. -Je viens pour un match d'arène, dit Alfaro d'un ton confiant. -Oh, un challenger...Soit, tu vas devoir m'affronter. Je suis Pierre, le champion d'Argenta. Il parcourut la distance qui les séparait d'un pas rapide. Vu de près, Alfaro put distinguer des cernes grisâtres portant difficilement des yeux plissés par la fatigue. Cela ne l'empêcha pas d'examiner les deux pokémon de son adversaire et son sourire, rayonnant l'instant d'avant, s'évanouit lorsqu'il aperçut Trotwood. -Deux pokémon, hein ? Ça me va. Fais attention à ton papilusion, je les connais bien et ce n'est pas une bonne idée de m'affronter avec eux. -Ben voyons, tu préfères que j'envoie ton équipe faire une sieste avec mon bulbizarre ? Si il y a un pokémon dangereux pour toi ici, c'est lui. -Je ne plaisante pas. Tu débutes encore et tu n'y connais sans doute rien mais un type insecte aura bien du mal à vaincre l'un de mes pokémon. -T'occupe et envoie, dit Alfaro avec un sourire dégoulinant de vantardise. -Montre-moi d'abord ta carte que je mette un nom à ta tête, demanda Pierre en se retenant de compléter par un adjectif peu flatteur. Une fois la formalité accomplie, les deux dresseurs se postèrent chacun à un bout du terrain. Le challenger remarqua alors un détail étrange pour un match se déroulant dans le cadre d'une compétition officielle. -Il n'y a pas d'arbitre ? demanda-t-il. -Tu n'as pas à t'en soucier, je saurai quand arrêter le combat. J'utiliserai deux pokémon et te remettrai le badge roche si tu remportes ce match. Prêt ? -Trotwood, vas-y. Le papillon quitta le sol et voleta au-dessus du terrain, suivi par un pokémon en forme de boule rocheuse flottante munie de deux bras et d'un visage. Se souvenant de l'aide qu'il était censé apporter au professeur Chen, il scanna le nouveau venu et rangea l'outil immédiatement après avoir retenu son nom : racaillou. Ce pokémon était décidément trop étrange pour qu'il ai envie d'en savoir plus sur lui. Le jeune dresseur fit le premier mouvement. -Choc mental ! -Boul'armure ! Le racaillou entoura son corps de ses bras tandis que Totwood préparait son attaque. Le bipède résista un moment à l'assaut psychique mais fut expédié au sol dans un fracas. Une fois redressé, Pierre lui ordonna une attaque charge et ni Alfaro ni Trotwood n'eurent le temps de réagir. Le racaillou heurta violemment son opposant et le plaqua au sol. Saisissant cette dangereuse opportunité, Alfaro ordonna une attaque sécrétion qui recouvrit entièrement le visage du caillou flottant. Ce dernier, complètement déstabilisé, recula et ne put mener à bien les instructions de Pierre. Alfaro en profita pour ordonner plusieurs attaques choc mental qui firent rebondir le racaillou comme une vulgaire balle de flipper. Le challenger jugea en avoir assez fait pour le mettre au tapis, ce que le champion confirma. Il appela ensuite un grand serpent au corps entièrement fait de roches assemblées entre elles : un onix. -Tu veux t'attaquer à ce gros morceau ? demanda Alfaro d'un ton mêlant légèreté et ironie. -Lu-iiiiii ! -Parfait. Sécrétion encore une fois ! -Patience, Triton. La traînée blanche atteignit sa cible de plein fouet mais cela ne sembler pas la gêner. L'onix resta parfaitement immobile, ce qui était trop suspect pour Alfaro. Les secondes passèrent sans que rien ne bouge sur le terrain. Alfaro attendait une attaque qui ne venait pas et Pierre profita du silence qui régnait pour le narguer. -Je me souviens d'un homme qui m'a dit que les pierres ne rendent pas les coups. Tu as trop peur de vérifier par toi-même ? -Peur? moi ? Trotwood, réutilise choc mental. L'attaque, survenue comme un vol-au-vent entre deux cow-boys après cette interruption, provoqua une réaction en chaîne aussi imprévisible que dévastatrice. : le serpent de pierre, toujours aveuglé, hurla et frappa le sol autour de lui plusieurs fois avec sa queue. L'un des rochers fût brisé et un éclat atteignit Trotwood au corps. Ce dernier se maintint difficilement en vol, contrairement aux gouttes de sang qui ne purent résister à l'attraction. Sentant le danger venir, Alfaro le rappela immédiatement dans sa pokéball. -Convaincu du danger, maintenant ? demanda Pierre une fois son pokémon calmé. -A moitié et tu vas vite comprendre pourquoi. Billy, à ton tour. Le quadrupède se lança dans la bataille et sortit immédiatement ses deux lianes. L'onix, ayant retrouvé la vue, se tortilla et recula instinctivement malgré sa taille bien supérieure à celle de son adversaire. -J'abandonne, déclara Pierre sans prévenir. Tu as gagné. Alfaro le regarda comme si il s'agissait d'une blague trop énorme pour pouvoir y croire. Il fut cependant convaincu lorsque son adversaire fit rentrer le serpenroc dans sa pokéball. -Félicitations, tu m'as vaincu. En guise de récompense pour ta victoire et comme le veux le règlement, je te décerne le badge roche officiel de cette arène. Il fouilla dans une poche intérieure de sa veste et en sortit un petit étui qu'il ouvrit. A l'intérieur se trouvait un badge en forme de pierre carrée qu'il présenta au vainqueur. Alfaro fit un bruit étrange qu'il parvint à camoufler en toussotement : imaginer l'homme qui se trouvait en face de lui poser un genou à terre et le demander en mariage était une très mauvaise idée. Il se contenta de prendre l'insigne et de le placer distraitement dans l'étui que lui avait offert le professeur Chen. -Pourquoi... -Je savais que ton bulbizarre allait vaincre Triton sans efforts, anticipa Pierre. Les mouvements de ses lianes étaient très bons dès son entrée sur le terrain, je n'avais absolument aucune chance. Sans vouloir me vanter, je peux voir au premier coup d'œil si un pokémon a été correctement élevé ou non et les tiens ont encore un potentiel inexploité. Continue comme ça et tu monteras haut dans la hiérarchie des dresseurs ! Alfaro le remercia d'un signe de tête et fit demi-tour. Si quelqu'un lui avait dit qu'il ferait peur à un champion d'arène, il ne l'aurais pas cru. Le match avait pourtant tourné en sa faveur et il s'en étais bien sorti malgré la blessure de Trotwood, blessure qui aurait pu être évité si seulement il s'était montré moins prétentieux. Lui qui croyait pouvoir se maîtriser facilement, il avait encore beaucoup de chemin à parcourir pour pouvoir le prouver. Avoir des pokémon était un sentiment grisant auquel il devait s'habituer sous peine de multiplier les erreurs. Mais pour l'instant, l'heure était à la fête : il venait de remporter son premier badge avec une facilité presque déconcertante et n'avait plus à scanner de pokémon jusqu'à la prochaine arène. Rien ne le retenait dans cette ville. Rien sauf la présence potentielle de son père. Alfaro jura à voix basse, se traitant d'imbécile pour avoir oublié son objectif principal. Il se retourna et fit face à Pierre qui n'avait pas bougé. Au même moment, les portes de l'arène s'ouvrirent et une voix moqueuse retentit. -Bonjour champion ! On cherche un petit voyou de Safrania. Teint comme le votre, cheveux comme les votre, ce que vous auriez été si vous n'étiez pas si bon comédien, en fait. Les deux dresseurs froncèrent les sourcils, tous deux vexés d'être comparés l'un à l'autre. Alfaro tourna les talons en faisant tinter sa chaîne : deux policiers avançaient vers eux. -Parfait, ça m'évitera d'avoir à vous entendre. Police d'Argenta, dit-il à Alfaro d'une voix claquante comme un fouet. Tu vas nous suivre jusqu'au poste sans faire d'histoires ! -J'peux savoir de quoi j'suis accusé ? -Infraction aux lois sur les combats entre dresseurs et homicide volontaire sur pokémon. Les faits se serraient produits ce matin dans la forêt de Jade. -Puis-je en savoir plus ? demanda Pierre. -C'est pas vos affaires, champion. -En l'absence du champion de l'arène de Jadielle, reprit Pierre d'une voix ferme, j'ai autorité sur l'ensemble de la forêt de Jade et doit être informé de chaque infraction concernant un dresseur ayant eu lieu dans cette zone. Alors ? -Ce voyou aurait ordonné à son roucool de tuer un aspicot appartenant à un autre dresseur lors d'un match, confia le policier de mauvaise grâce. La plainte vient de Jadielle, on est là pour le cueillir. -Un instant, s'il vous plaît. Alfaro, tu peux sortir ton roucool ? Tu leur expliqueras la situation pendant que je l'examine. Voyant l'aide que pouvait lui apporter Pierre, Alfaro obéit et raconta sa version des faits. Il avoua sa difficulté à maîtriser Flavio mais insista sur les progrès qu'il avait fait et les circonstances imprévues de l'incident. Il évoqua également la discussion que Flavio et Trotwood avaient eu en milieu de combat mais fit tout pour donner le moins de détails. Le policier ne fut cependant pas dupe et demanda à voir le papilusion. -Inutile de vous donner cette peine, intervint Pierre. Je viens de le combattre et la maîtrise dont ils faisaient preuve était suffisante pour prouver que ce pokémon obéit pleinement à son dresseur. De plus, je peux vous assurer que l'accusé n'est pas dangereux pour les autres. -Cela ne change strictement rien. Je demanderai l'avis d'un expert. -Chef, intervint timidement le deuxième policier, le champion est déjà... -Tais-toi, siffla son collègue. -Mais... -Seriez-vous en train de remettre ma parole en cause ? demanda Pierre. Si non, il n'y a pas besoin d'un autre avis. Ou bien dois-je vous rappeler quelle est ma place ? -Non, non, n'en faites rien. -Bien. Vous avez eu son témoignage, mon avis, les pokémon ont été examinés...auriez-vous besoin d'autre chose ? -Non, ce sera tout. Merci pour votre collaboration à tous deux, dit l'homme en uniforme d'une voix amère. Il fit signe à son collègue de le suivre mais lâcha une dernière menace. -Faites attention à votre comportement, Gotzaburo. Ce n'est plus qu'une question de temps avant que vous ne rejoigniez votre père en cellule. Les deux policiers sortirent de l'arène et laissèrent les deux dresseurs seuls. Alfaro se détendit : ce n'était pas la première fois qu'il était confronté à des policiers mais il n'avait pas imaginé que l'autre imbécile de ce matin allait parler si vite. -Inutile de me remercier, petit. Entre dresseurs, on doit se serrer les coudes et je suis convaincu que tu n'as rien fait de mal. -J'aurais pu m'en sortir seul. -Tu crois ? Depuis que cet imbécile de Nuzlocke est monté au gouvernement, j'ai plus l'impression de faire face à des rapasdepic en uniforme qu'à des policiers. Je n'ai pas encore perdu toute mon autorité mais ce n'est plus qu'une question de temps...Tu voulais me demander quelque chose ? -Vous disiez tout à l'heure être responsable de certains lieux. C'est vrai ? -En quelque sorte. Se renseigner sur ce qui se passe autour de nous est essentiel dans notre métier mais on ne peut pas toujours tout partager. Ça concerne quoi ? -Je suis à la recherche de mon père, Alberto Straeno. Vous en avez entendu parler ? -Piété filiale, hein ? Je connais ça. Alfaro ne releva pas l'erreur et laissa Pierre fouiller dans sa mémoire. Avouer qu'il voulait retrouver son père pour lui faire payer l'abandon de sa famille n'était pas la meilleure manière d'obtenir les informations qu'il désirait. Malheureusement pour lui, le champion local n'avait aucun indice à lui confier. -Tu devrais faire route vers Azuria, la championne de là-bas pourra peut-être t'aider. Encore désolé de ne pas pouvoir t'être utile. Tu as demandé à des gens plus...officiels ? -Les officiels n'ont pas de temps à consacrer à un jeune voyou dont le père a disparu depuis treize ans, dit Alfaro d'un seul souffle. Le spécialiste des pokémon roches eut un drôle de sourire et porta la main à son menton. Il ne s'attendait vraiment pas à croiser un dresseur si jeune et anticonformiste. La majorité des gens à Kanto, qu'ils soient dresseurs ou non, soutenait le gouvernement actuel, que ce soit par approbation ou par crainte. Avec le temps, ceux qui étaient hostiles aux nouvelles lois répressives avaient abandonnés, s'étaient exilés ou bien avaient été jeté en prison. Piété filiale, hein ? -Intéressant...Je ne peux rien te promettre mais si jamais j'apprends quelque chose, je te contacterai. Puis-je connaître le nom de ton tuteur de dressage ? -Le...Le professeur Chen. A l'évocation du scientifique, Pierre éclata de rire. Ce garçon était vraiment entre de bonnes mains. -Ce vieux colossinge ! Tu ne pouvais pas rêver meilleur tuteur. Il ne dit rien mais il n'en pense pas moins, crois-moi. Maintenant, va vite soigner tes pokémon. Et prend ça, c'est pour me faire pardonner d'avoir été un peu violent avec ton papilusion, dit-il en lui tendant un disque. Devant l'air circonspect d'Alfaro, il ajouta : -C'est une capsule technique, ou CT pour faire plus court. Elle permet d'apprendre une capacité à ton pokémon. -Et elle contient quoi, celle-là ? -Patience. -Vous ne pouvez pas me le dire tout de suite ? -Tu n'as pas compris. L'attaque s'appelle patience. Tu te souviens de l'attaque de mon onix ? C'est celle-là : une fois apprise, ton pokémon peut renvoyer le double des dégâts qui lui ont été infligés. Apprends-là à un pokémon résistant. Alfaro le remercia, prit le disque et le rangea dans son sac. Il allait faire ses adieux au champion quand ce dernier lui posa une dernière question. -Je viens tout juste de le remarquer mais...Tu ne me vouvoyais pas lors de notre match. Alfaro ne sut pas quoi répondre. Maintenant qu'il y pensait, il s'était totalement focalisé sur l'obtention du badge roche depuis son arrivée en ville, tout le reste passant au second plan. Il avait un peu honte de lui-même. -La fièvre du combat, je crois, répondit-il en toute sincérité. -Voilà une réponse qui fait plaisir à entendre ! Fait cependant attention à ne jamais sous-estimer tes adversaires ou à te laisser emporter. Ça m'est arrivé une fois et c'est quelque chose que je ne pourrai jamais me pardonner. -Le papilusion de Damien, c'est ça ? J'ai discuté avec lui et il ne vous en veut pas. Ce fut au tour de Pierre de rester interdit, aussi immobile que les roches qui composaient son arène. -C'était bien un blond à l'air maladif ? demanda-t-il -Ouais. Pourquoi ? Il y a un problème ? -Il est mort il y a quatre ans... *°*°*°*° Alfaro franchit les portes de l'arène et courut vers la direction où était parti son guide, Pierre sur ses talons. Ils arrivèrent au bout du passage et furent forcés de s'arrêter devant un cul-de-sac absolument infranchissable. -Tu es sûr qu'il est parti par là ? On ne peut pas se cacher ici. -Oui ! Je croyais qu'il avait tourné. C'était...C'était quand même pas un...un fantôme ? Ils restèrent là, stupéfaits l'un comme l'autre. Alfaro savait qu'il existait des pokémon semblables à des fantômes mais il n'avait jamais entendu parler d'humains ayant la capacité de se retourner sur Terre sous cette forme. -C'est possible, ça ? demanda-t-il. -Je ne sais pas, je ne connais que très peu de choses sur les pokémon spectres. Ceci n'est pas de mon ressort...Tu es sûr de ce que tu dis ? -Oui, j'en suis sûr ! Il est venu me voir au centre, on a discuté, puis il m'a amené ici. Pierre resta silencieux et se contenta de fixer le mur devant lui. Si ce que le gamin à côté de lui disait était vrai, il allait devoir faire appel à plus compétent que lui en la matière. -Je vois...Merci de m'avoir informé. C'est...Je ne sais pas quoi en penser...Il m'a pardonné...? Le champion s'assit à même le sol, dans l'obscurité du passage, puis ramassa distraitement un caillou qu'il fit tourner entre ses doigts. Il recommença à parler avant que Alfaro ne lui dise qu'il était inutile de donner des détails. -C'était un très bon éleveur, il était juste un peu trop pressé. Il voulait voir le résultat sur ses propres pokémon mais malheureusement pour lui, je venais tout juste de reprendre l'arène de mon père, Gotzaburo Flint. Une figure locale très connue dans le coin, ajouta-t-il avec un sourire jaune. Alfaro avait déjà entendu parler de cet homme mais il ne s'en souvenait que maintenant. Fervent contestataire de la loi Nuzlocke, il avait continué à lutter même après son adoption et était devenu un extrémiste aux yeux des dirigeants. Quelques jours avant sa mise en application, un attentat avais été perpétré à Argenta et tout indiquait qu'il en était l'organisateur : les lieux étaient facilement accessibles à quelqu'un portant son titre et les armes n'étaient rien de moins que des racaillou dressés dans le seul but de lancer une attaque destruction. Aucun mort n'avait été à déplorer mais Flint avait été condamné à perpétuité, pour l'exemple. Voilà ce que Damien voulait dire par "pas très bonne réputation". Le fils d'un terroriste, rien que ça. -T'y crois, toi ? "Le fils du terroriste Gotzaburo Flint rend hommage à son père" en première page du psykokwak local. Les journaux en ont fait leurs choux gras. J'avais rien maîtrisé et lui, comme un con, il s'est mit entre Triton et son papilusion. Flip, qu'il s'appelait. Putain... Alfaro restait immobile. Il ne s'attendait pas du tout à une telle révélation de la part d'un dresseur important qu'il n'avait côtoyé que si peu de temps. Cela expliquait cependant l'état déplorable de l'arène, tout semblait être fait pour évincer Pierre de son poste. Il restait cependant une chose que Alfaro ne comprenait pas. -Mais...votre père... -Tu peux me tutoyer. -Ton père, reprit-il, il luttait bien pour qu'humain et pokémon soient proches, non ? Pourquoi est-ce qu'il aurait fait sauter des racaillou ? -Parce qu'il ne l'a pas fait ! Voilà pourquoi ! explosa Pierre. Tout ça n'est qu'un coup monté de ces salopards pour trouver un bouc émissaire ! C'est tellement facile de faire croire à une dérive extrémiste que ces fils de métamorph ne se sont pas gênés pour le traîner dans la boue ! A cette explication, le cerveau d'Alfaro envoya un message "Danger magouilles politiques" en grosses lettres rouges. Tout cela était trop compliqué pour lui et les intrigues en sous-sol n'étaient pas sa tasse de thé. Lui préférait jouer réglo. Et puis il n'avait pas de temps à perdre avec ça. Sentant qu'il avait quelque peu perdu le contrôle de lui-même, Pierre se releva et prit de profondes respirations. Quand il regarda Alfaro, son visage était toujours aussi fatigué mais un peu plus relâché. -Désolé de t'ennuyer avec mes problèmes. Tu dois avoir un don pour surgir aux mauvais moments. Fais attention, ça pourrait te poser des problèmes, dit-il en souriant malgré cette menace. Le jeune dresseur lui rendit son sourire, lui adressa un bref hochement de tête, puis il quitta les lieux, laissant le champion plongé dans ses souvenirs. Même si il n'avait pas obtenu tout ce qu'il désirait, c'était déjà une ville de moins à examiner et il s'était acquitté d'une partie de sa mission envers le vieux Chen. Il se rappela alors de la promesse faite à ses pokémon un peu plus tôt et soupira d'un air résigné mais heureux : une soirée de détente et de liberté ne ferrait pas de mal à ses gardes du corps et ils l'avaient de toute manière bien mérité. Peu de temps après, Pierre se remit en route vers ses appartements, la tête fourmillante d'idées. Il décrocha son téléphone, composa un numéro et attendit patiemment. -Allô Vulcain ? Ici Atlas. Tu pourras prévenir la quatrième nymphe qu'un gladiateur s'approche d'elle ? ... -Du genre teigneux, mais dans le bon sens du terme. Les flics ont osés dire qu'on se ressemblait, dit-il sur un ton de plaisanterie. ... -Je sais pas. Il mène une enquête personnelle et quelques détails se recoupent. Je t'en parlerai une fois à Olympe. ... -Oui, je sais. Tu te fais vieux Vulcain, laisse un peu la place aux jeunes ! ... -Moi aussi. Passe le bonjour de ma part aux autres si tu les vois. A plus. Pierre raccrocha le combiné et s'allongea dans un canapé. Reprendre l'arène de son père était épuisant et la pression subie était lourde, mais le titre de champion avait des avantages non-négligeables qu'il était fier de mettre à profit. Il repensa alors à Alfaro et sourit mystérieusement. Ce gamin était vraiment intéressant. Probablement dangereux, mais intéressant.
|
| | | Mimoze
Designer
Nature : Modeste
Niveau : 30
Exp : 1860
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 19 Jan 2014 - 9:45 | |
| Je suis pas très douée pour les commentaires Mais j'ai énormément aimé ! Le worldbuilding est très intéressant, c'est original de mettre le Nuzlocke en état de loi, et bien sûr, le protagoniste qui n'est pas originaire de la région (est-ce qu'on en apprendra plus sur cette Italie fictive ? Recevra-t-elle le " traitement Kalos " ? Ca pourrait être super d'approfondir leurs rapports avec les Pokémon et ceux de Kanto). Les personnages aussi sont très approfondis, chapeau bas pour le professeur Chen, qui n'obéit pas au cliché du vieux professeur pervers et doté d'Alzheimer. Si je peux reprocher un tout petit truc - même si ça va paraître contradictoire -, c'est justement cette tendance à l' infodump : toutes les explications sont condensées en un paragraphe, à chaque fois, qu'il s'agisse d'expliquer le fonctionnement de la région ou de décrire les Pokémon (même si je te remercie de prendre cette peine, c'est rare ;D ), et je trouve que ça casse un tantinet le rythme. C'est difficile à expliquer, mais si la description s'intégrait dans le dialogue ou l'action narrative, ce serait peut-être plus fluide ...? Au lieu de : - Citation :
- [...] Papillon aux ailes blanches striées de noir avec un corps violet surmonté de deux grands yeux rouges et d'une paire d'antennes. Deux bras, deux jambes et un museau d'un bleu comme le ciel vers lequel le pokémon s'envolait venaient compléter cette nouvelle apparence.
Quelque chose comme : - Citation :
- [Ses] ailes striées de noir battaient l'air alors que tout l'équipe se dirigeait vers l'Arène ; deux grands yeux rouges observaient l'environnement rocailleux dans lequel ils s'engouffraient, le museau ciel quittant le véritable azur.
D'ailleurs, ne te sens pas obligé de décrire à fond chaque Pokémon. Je serais la première à dire qu'il faut décrire comme si tu racontais à un parfait inconnu, mais ici, tout le monde connait les Pokémon, d'autant plus les premiers ! Mais ça alourdit quand même la narration, alors tu peux t'en tenir aux bases (papillon violet - ailes blanches - yeux composés rouges), ça suffit pour visualiser le reste de l'action. A moins que la couleur particulière de ce Papilusion en particulier soit un plot device à l'avenir, tout n'est pas utile. Je sais, c'est moi qui dit ça Ça ne gêne en aucun cas la lecture, mais il est de mon avis que la lecture pourrait être plus fluide en faisant juste attention à ce problème de rythme. En tout cas, c'est un Nuzlocke que je vais avoir le plaisir de suivre ! Bonne continuation ! |
| | | Dark-Celebi
Dresseur
Nature : Prudent
Niveau : 23
Exp : 490
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 19 Jan 2014 - 11:25 | |
| /Puking Rainbow/ 27/27 GG! Hate de voir la suite! Liste des Nuzlockes. Cliquer sur le message pour ouvrir le nuz. Ordre Chronologique Dynastie Clémentin De l'Alpha a l'OmégaLieux gagnés via Showdown: -Forêt de Vestigion -Lavandia - Best of ChatBox:
[01:23:02] Wulffen : nique la femme plutôt, au moins ça vide les boules XD
|
| | | Fùinèt
Écrivain
Nature : Timide
Niveau : 26
Exp : 164
| | | | white shewolf
Écrivain
Nature : Calme
Exp : 1773
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 19 Jan 2014 - 17:43 | |
| je n'ai pas encore tout lu(j'en suis au chapitre 5, mais, comme fuinèt l'a dit plus haut, le chapitre 3 est manquant) parce qu'il y en a beaucoup à lire d'un coup, mais c'est prometteur! C'est marrant comme on pense souvent à des lois pour la vie sauvage quand on pense au nuz - j'ai moi-même utilisé cette raison dans un de mes nuz. Je remarque aussi qu'on a quelque fois les mêmes idées(céladopoles et safrania ayant un fort taux de criminalité par exemple). Cependant, je trouve que tu arrives très bien à donner un cadre à ton histoire, avec les descriptions et les pensées des personnages, si bien qu'on entre facilement dans l'histoire. Il y a cependant quelques fautes ("d'avantage" -> davantage; "le nombre de décès liés" -> c'est le nombre qui est lié, donc lié; "courraient" n'a qu'un r, étrangement tu l'as bien écris juste après; attention: il fut: pas d'accent sur le u...) que je ne citerai pas toutes. quelques phrases ont des formulations étranges("Une serviette trempée et un pull brun à col roulé plus tard"? Ça m'a franchement paru bizarre comme expression; "le ciel noir était devenu gris" pour moi c'était l'inverse mais bon), mais dans l'ensemble c'est plutôt bien écrit(peut être mieux que cela d'ailleurs, et je te félicite pour tes efforts dans ce domaine qui rendent la lecture plaisante.) C'est quoi au fait le "haïku"? C'est la première fois que je vois ce mot. C'est une bonne idée aussi de donner des noms complets aux différents protagonistes - y a t'il des raisons d'ailleurs pour le choix de ces noms, ou est-ce par hasard que tu les choisis?. bravo aussi pour tes descriptions des différents systèmes qui permettent de s'immerger encore plus facilement dans l'histoire. l'action est quelque fois un peu brouillonne, notamment pendant les combats, mais ça va venir, c'est pas simple au début de décrire un combat sans que ça fasse de longueur. Ps: quelque chose de plus qui me fait apprécier d'autant plus ton roman: le choix de ton starter(pourquoi bulbizarre d'ailleurs?). vive bulbizarre!! Mais un bulbizarre nommé Billy, j'ai déjà vu ça quelque part, mais où? |
| | | Dark-Celebi
Dresseur
Nature : Prudent
Niveau : 23
Exp : 490
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 19 Jan 2014 - 19:37 | |
| Je crois qu'un haiku c'est un poéme japonais de 2 lignes Liste des Nuzlockes. Cliquer sur le message pour ouvrir le nuz. Ordre Chronologique Dynastie Clémentin De l'Alpha a l'OmégaLieux gagnés via Showdown: -Forêt de Vestigion -Lavandia - Best of ChatBox:
[01:23:02] Wulffen : nique la femme plutôt, au moins ça vide les boules XD
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 19 Jan 2014 - 21:49 | |
| - Chapitre 3:
Alfaro marchait depuis un moment sur le chemin reliant Bourg Palette à Jadielle. La route était couverte de boue et de nombreuses branches avaient été arrachées la veille, empêchant les moins dégourdis d'avancer. Malgré tout, il progressait d'un bon pas comparé à la première fois où il était venu et où il devait lutter contre le vent et la pluie pour rester debout. Il pouvait même reconnaître l'endroit où il était tombé face contre terre avant que l'eau qui tombait du ciel ne le rince presque instantanément.
Billy le bulbizarre était dans sa pokéball et n'avait pas été rappelé depuis le combat contre son ancien compagnon de jeu salamèche, désormais connu sous le nom de "Aka".L'humain avec qui il voyageait désormais était gentil mais ne le laissait pas assez sortir à son goût, d'autant plus que les pokémon qui se dressaient devant eux se faisaient rares.
En effet, les Hommes n'étaient pas les seuls à avoir souffert de la tempête. De nombreux nids avaient été ravagés par le vent violent et leurs occupants s'empressaient de les réparer. On pouvait ainsi voir ça et là des rattata, sortes de souris mauves, courir dans les hautes herbes, des brindilles entre leurs gueules munies de crocs plats et aiguisés. Ils étaient si pressés qu'ils n'accordaient aucun regard à l'humain qui venait parfois les surprendre. Seuls deux d'entre eux se révélèrent prêts à se battre avant d'être renvoyés d'où ils venaient pas les charges du bulbizarre qui s'en donnait à cœur joie.
-Zaaarre. Zaaarre, disait Billy, heureux de montrer à son maître ce qu'il savait faire.
-Oui, oui, c'est bien, répondit Alfaro en ramenant la créature dans sa pokéball.
Il ne comprenait absolument rien aux babillements de la petite créature mais il s'en fichait tant qu'elle savait obéir à ses ordres. Le fait que la communication ne s'opère que dans un sens ne le gênait pas. Il était plus occupé à canaliser l'incroyable vigueur et la curiosité du bulbe sur pattes.
Le trajet dura relativement peu de temps. Aucun autre dresseur n'était à l'horizon, pas même William qui devait s'entraîner quelque part ailleurs. En trois quart d'heures, les toits de Jadielle furent en vue.
La ville était fréquentée par de nombreux dresseurs venus défier le champion alors absent, ce qui multipliait les affrontements entre challengers en manque de défis ou d'entraînement. Alfaro n'en savait pas plus : récolter les badges d'arènes pour affronter des ennemis qui n'avaient aucun lien avec son père ne présentait aucun intérêt à ses yeux. De nombreuses personnes de son âge se lançaient sur les routes avec cet objectif mais pas lui ; il avait des préoccupations bien plus importantes qu'une stupide compétition pseudo-sportif.
Alfaro ne voyait pas en quoi les combats de pokémon étaient semblables à un sport pour humains. Ces derniers prenaient des décisions tactiques mais c'était leurs créatures qui se tapaient tout le sale boulot, un peu comme les pions d'un échiquier. De par cette conclusion, l'adolescent en était arrivé à mépriser ceux qui avaient pour but la conquête des arènes de la région.
Le centre pokémon était situé à l'entrée de la ville. Il était moins imposant que celui de Safrania et ne possédait qu'un seul étage. En revanche, le panneau ainsi que la pokéball surmontée d'une croix rouge avec en dessous l'inscription "Centre Pokémon" étaient les mêmes. La bâtisse différait également de par sa construction en briques et non en verre teinté. Le seul élément d'apparence moderne était les portes automatiques que Alfaro traversa.
Le Centre avait un intérieur assez simple. Le sol était fait en carrelage et était constitué d'une seule et grande pièce rectangulaire. Tout au fond, devant lui, se trouvait une rangée d'ordinateurs installés contre le mur et séparés par des petites cloisons peintes en bleu. A droite, un coin cafétéria avait été installé avec des tables, des chaises et des distributeurs automatiques. Les nombreux clients qui y discutaient ou qui se détendaient, qu'ils soient dresseurs ou non, donnaient à l'endroit une atmosphère chaleureuse. Derrière un canapé, des plantes vertes cachaient à moitié un escalier qui menait au premier étage. Enfin, un comptoir derrière lequel attendait une infirmière se trouvait à gauche. Alfaro s'y dirigea.
L'hôtesse qui s'y trouvait devait avoir entre trente et trente-cinq ans. Brune aux cheveux coupés à la garçonne, elle avait un visage plat aux traits ordinaires. Elle était habillée d'une blouse rose avec un tablier blanc et une petite coiffe de la même couleur orné du symbole des centres pokémon.
-Bonjour monsieur, que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle d'un ton professionnel.
-Euh...ce serait pour soigner mon pokémon, dit Alfaro, ne sachant comment s'y prendre.
-Pas de problèmes. Puis-je voir votre carte de dresseur ?
-Je n'ai pas encore ma carte. En fait, je suis envoyé par le professeur Chen, répondit-il en tendant l'enveloppe qu'il avait reçu plus tôt.
Elle lut la lettre et la redonna, apparemment satisfaite.
-Je vois, vous n'avez pas de soucis à vous faire. Pourrais-je avoir votre pokéball, s'il vous plaît ?
Une fois la sphère rouge et blanche donnée à la femme, celle-ci la posa sur une machine identique à celle qui se trouvait dans le laboratoire de Bourg Palette. Elle vibra et clignota de la même manière, puis la ball fut rendue à son propriétaire.
-Et voilà. Ce sera tout.
-Vous n'avez pas besoin de le faire sortir ?
-Un simple passage sur cette machine de soin suffit si ce n'est que de la fatigue. Nous ne faisons sortir les pokémon qu'en cas de soins intensifs.
-Ah. Je vous dois combien ? demanda le brun en sortant son portefeuille.
La femme laissa passer quelques secondes, surprise, puis se ressaisit.
-Ah oui, vous êtes encore débutant. Votre cas est exceptionnel, mais sachez que les soins sont gratuits pour les dresseurs. Ceux que je viens d'opérer seront facturés au professeur Chen, puisque c'est lui qui vous envoie. Il en va de même pour les visiophones et le système de stockage de pokémon qui se situe au fond du centre. Nous mettons également des chambres à la disposition des dresseurs qui souhaiteraient passer la nuit ici. Ce service est cependant payant. Avez-vous des questions ?
Alfaro allait répondre négativement avant de se souvenir de sa mission.
-Euh...oui. Pourriez-vous m'indiquer la direction de la boutique pokémon ?
-Bien sûr. Elle est à dix minutes d'ici, vers le nord-ouest. Vous devriez facilement la repérer, sa façade ressemble à celle du centre.
Le brun remercia son interlocutrice puis sortit. Il marcha dans les rues dallées de Jadielle puis arriva très vite à la boutique pokémon de la ville. Elle était en effet très semblable au centre Pokémon mis à part le logo des établissements officiels agrées par le gouvernement, trois bouteilles de potion formant un triangle. Comme pour le précédent bâtiment, des portes automatiques permettaient aux clients d'entrer.
La boutique était assez petite comparée au centre pokémon. Les quelques rayons proposaient des croquettes et des jouets pour pokémon ainsi que des sprays et des balls de premier prix pour débutants. Alfaro y jeta un coup d'œil rapide avant de se diriger droit vers le comptoir.
-Bonjour, je viens chercher un colis pour le professeur Chen.
-Vous avez un papier ? demanda le vendeur.
-Le voilà, dit-il en tendant le précieux sésame.
L'homme examina attentivement l'écriture du scientifique puis le jeune homme en face de lui. Alfaro fit mine de regarder les étalages pour ne pas soupirer : c'était la même chose chaque fois qu'il entrait dans un magasin. Son look de petit voyou devait y être pour quelque chose mais il refusait catégoriquement de changer d'apparence. Quoique, un piercing à l'oreille en plus pourrait mettre ses yeux en valeur...
-Je suis un peu pressé, se permit-il de faire remarquer.
Le vendeur préféra ignorer la remarque et se dirigea dans l'arrière-boutique. Il en revint avec un paquet recouvert de papier kraft entre les mains.
-Et voilà pour vous, grogna-t-il. Dépêchez-vous d'aller le porter.
Ce qui, aux oreilles d'Alfaro, sonnait comme "Dégage tout de suite de ma boutique ou j'appelle les flics". L'habitude...
Le brun prit le paquet sans un mot et sortit. Ce qui l'énervait le plus était qu'il serait obligé de revenir un peu plus tard pour faire ses propres achats, n'ayant guère envie d'être entièrement dépendant des centres. Il rangea le colis dans son sac et partit à grands pas. En se pressant un peu, il arriverait à Bourg-Palette au milieu de l'après-midi.
Une fois sorti de la ville, Alfaro se concentra un peu plus. Il n'avait croisé aucun dresseur pour le moment mais les pokémon sauvages qui infestaient les hautes herbes méritaient tout autant son attention. Ils furent en effet plus nombreux que ce matin, le soleil les aidant à pousser leur museau hors de leurs cachettes. Les combats s'enchaînaient sans incidents, si bien que le jeune garçon décida de garder son bulbizarre à ses côtés durant le trajet.
-Encore un autre rattata. Billy, charge !
Le pokémon plante s'exécuta, content de respirer l'air du sentier. Son adversaire semblait un peu plus puissant que les autres de son espèce et agit avec plus de rapidité. La créature mauve remua la queue, ce qui intrigua Billy et le fit stopper son attaque, avant de courir et de charger de toutes ses forces. L'attaque fit basculer le quadrupède sur le côté et le força à faire un tour complet afin d'éviter les crocs de la souris mauve. Il bougeait avec plus de difficultés et l'une de ses pattes semblait blessée.
-Allez, charge une dernière fois ! ordonna Alfaro.
Le vert se ressaisit, puis chargea de nouveau le rattata. A l'instant où son attaque fit mouche, des petites graines sortirent de son bulbe et vinrent se nicher dans le pelage violet du rongeur. Des pousses en sortirent et s'entremêlèrent tout en brillant. Le rattata bougea alors moins vivement, ce qui permit au bulbizarre dont la jambe semblait être guérie de lancer une dernière attaque charge.
-Bien joué, Billy, le complimenta son maître.
Le victorieux se précipita vers lui afin de recevoir son lot de caresses.. Il n'avait alors reçu aucune félicitation et tenta d'en profiter pour en tirer le maximum d'affection. Malheureusement pour lui, Alfaro ne prit pas la peine de baisser son bras et continua sa route.
-Bulbi, bulbii.
-Quoi ? Ah oui, j'avais oublié, dit Alfaro en dirigeant sa pokéball vers la créature.
Le rayon rouge apparut dans le but d'aspirer Billy mais ce dernier fit un bond sur le côté, peu enclin à rentrer dans l'appareil.
-Bulbi, bulbiiiii, zare ! répéta-t-il d'un voix plus insistante.
-T'as faim c'est ça ?
-Zare !
-Ok, on se pose au prochain coin.
Le bulbizarre, ravi, se rapprocha de son dresseur et marcha à ses côtés. Ils eurent bientôt rejoint un endroit propice pour le déjeuner. Un peu en dehors du chemin se dressait une rangée de conifères aux branches longues qui avaient permis à l'herbe de rester plus sèche qu'aux alentours.
Le duo s'avança avec prudence, conscient que des pokémon sauvages pouvaient y nicher. Devant l'absence d'ennemis, Alfaro posa son sac à dos en poussant un soupir de satisfaction et s'adossa à un tronc.
-J'ai que des sandwichs alors il faudra pas t'en plaindre, prévint-il.
-Bulb !
Le quadrupède renifla le thon-crudités qui lui était tendu et mordit dedans. Il n'avait jusqu'alors jamais mangé autre chose que des croquettes pour pokémon et le professeur Chen gardait jalousement ses sandwichs du midi avalés en trois bouchées.
Une fois repu, Billy s'éloigna vers les quelques buissons qui les entouraient dans le but d'y trouver des fruits. Alfaro, quand à lui, mordit sauvagement dans son propre déjeuner. Aussi loin qu'il s'en souvienne, la faim lui tombait toujours brutalement, sans prévenir, et ses repas étaient vite expédies. Une fois son estomac rempli, il s'étira et croisa les bras derrière sa tête.
Il était rarement sorti de Safrania auparavant, le seul voyage scolaire auquel il avait participé ayant été un zoo dans une ville plus au sud. Les routes qui reliaient sa cité natale aux autres étaient courtes mais il n'avait jamais eu envie de s'y balader. Après tout, Quelle utilité y avait-il à sortir un instant de cette jungle de béton si c'était pour y revenir ? Alfaro avait décidé que le moment où il quitterait Safrania serait celui où il serait totalement libre de ses mouvements et il ne regrettait pas du tout cette décision.
Le soleil était maintenant haut dans le ciel et les nuages avaient presque tous disparus. La température restait un peu fraîche, mais le mauvais temps amené par l'orage de la veille avait définitivement disparu. Billy s'était mis à côté de son maître et avait plié ses pattes, prêt à faire une sieste. Le brun, après avoir vérifié d'un rapide coup d'œil l'absence de danger, le rejoignit bientôt dans le sommeil.
Il fît un rêve étrange. Il se trouvait à Safrania, au beau milieu d'un boulevard, et des centaines de voitures manquaient de le percuter. Personne ne semblait faire attention à Alfaro qui tentait sans succès de rejoindre le trottoir. Il s'aperçut alors qu'il tenait le colis du professeur Chen dans ses bras et l'ouvrit, découvrant une perruque d'un noir corbeau qui lui descendaient au milieu du dos. Il l'enfila et constata que ses vêtements avaient eux aussi changés : son jean avait été remplacé par une jupe blanche à fleur et il portait une veste jaune en laine.
Un klaxon le força à relever les yeux. Il n'eût que le temps de voir une camionnette noire conduite par un rattata avant d'être écrasé dos au sol et de sentir les roues de dizaines de voitures le picoter sur tout le corps avant de se réveiller en sursaut.
Le brun était surpris d'avoir rêvé en aussi peu de temps de sommeil. Il examina les alentours, l'esprit encore embrouillé. Le rêve était si réel qu'il pouvait encore sentir les picotements des pneus.
Un peu trop longtemps pour douter que ce soit un rêve, en fait.
Le jeune dresseur baissa les yeux et vit un roucool, les griffes plantées dans son t-shirt, picorer les miettes de pain que l'humain avait laissé tomber sur lui.
-Ah ! Dégage, saleté !
Alfaro se leva d'un bond, se cogna la tête contre le tronc de l'arbre en voulant reculer et sortit la première chose qu'il réussit à attraper dans son sac : sa brosse à dents. Doutant de l'efficacité d'une telle arme, il lança un ordre à Billy qui s'était lui aussi réveillé, alerté par les cri de son maître.
-Billy, charge !
L'attaque atteignit de plein fouet le volatile qui se contenta de gratter le sol après s'être relevé.
-Encore ne fois, charge ! ordonna Alfaro.
L'oiseau ne bougea pas d'un pouce une fois remis sur ses pattes. Il regardait l'humain, ignorant totalement le bulbizarre à la mâchoire crispée comme si il ressentait la même chose que son maître. L'oiseau poussa quelques roucoulements et pencha la tête, ce qui inquiéta Alfaro. Peut-être que ce roucool n'était qu'un éclaireur et que d'autres allaient arriver. Ou peut-être était-il bien plus puissant que les autres pokémon qu'il avait rencontré, ce qui expliquerait le peu de réaction de sa part. Ou peut-être était-il juste un peu stupide, comme le laissaient présager les plumes étrangement ébouriffées de sa tête.
Après un long silence, le roucool ouvrit les ailes et s'envola tranquillement vers une branche d'arbre, juste au-dessus d'Alfaro.
-Dégage, bordel !
L'adolescent prit une poignée de terre et tira sur l'oiseau qui se la prit en pleine tête sans broncher.
-Rou...Rou...
-T'es increvable ou quoi ? Billy, fais quelque chose !
Le pokémon plante s'approcha du tronc et y posa ses deux pattes de devant en grognant. Ces efforts furent parfaiement inutiles et il revint vers son dresseur.
-Zaarre, dit-il d'un ton dépité.
-Tss. Bon, reviens, ordonna Alfaro en sortant sa pokéball.
Une fois son monstre de poche en sécurité, le brun attrapa lentement son sac et recula. Le roucool n'avait toujours pas bougé d'un millimètre et continuait de le fixer de ses yeux fous. Alfaro se sentait de plus en plus mal à l'aise.
"Reste calme...Un seul geste brusque et il pourrait t'attaquer".
Il se maudit d'avoir rappelé Billy dans sa pokéball. Un pokémon était censé protéger son dresseur, pas l'inverse !
C'est alors que le roucool pencha une nouvelle fois la tête.
Définitivement pris de panique, Alfaro se retourna brusquement et courut d'une traite en direction de Bourg Palette, ignorant les rattata qui se trouvaient sur son chemin. Il savait que sa conduite était ridicule mais ce roucool était ou bien très puissant ou bien complètement foldingue et il n'aimait aucune des deux options. Le reste de peur irrationnelle provenant de son rêve contribuait également à son état de panique.
Ce ne fût que lorsqu'il aperçut les premiers toits du village qu'il s'arrêta de courir, haletant. Il s'accouda à un mur pour retrouver son souffle. Ce que cet oiseau était flippant ! Il n'avait pas encore l'habitude des contacts avec les pokémon sauvages et un simple roucool un peu trop aventureux avait de quoi l'effrayer. Une fois calmé, le brun se remit en marche vers le laboratoire du professeur Chen. Ayant encore un peu de temps, il décida de flâner dans les rues du village.
Bourg Palette méritait son surnom de "Trou perdu de Kanto". Aucun bâtiment ne possédait plus d'un étage et il n'y avait pas de centre pokémon, ce qui devait être dû au désintérêt des dresseurs pour cette zone. Une ville où il n'y avait pas de champion d'arène ne semblait pas être une priorité pour les petite épicerie était présente mais l'essentiel du commerce devait se faire lors de marchés en plein air, preuve que la ville avait su garder sa ruralité.
Alfaro passa devant le complexe scolaire du village. Maternelle, primaire et collège s'y trouvaient réunis dans un même bâtiment. Il se souvint que certains de ses amis d'enfance avaient l'habitude d'emmener avec eux un pokémon à l'école, offert par leurs parents. Alfaro pouvait voir leurs chevilles enfler alors qu'ils se vantaient d'être déjà dresseurs. Il se rappelait également le choc que cela était quand ils leurs furent retirés de force après l'adoption de la loi Nuzlocke. Celle-ci était clair : pas de pokémon avant l'âge de dix-huit ans. Les enfants n'avaient jamais su ce qu'il était advenu de leurs pokémon. Tout ce qu'on leur avait dit était qu'ils étaient soignés par des gentilles personnes, ne pouvant par retourner à l'état sauvage après avoir été au contact des humains.
Alfaro fit une pause devant les bâtiments, debout les mains dans les poches, regardant de tout jeunes enfants réciter une comptine. Ceux-là partiraient certainement hors du village une fois adultes. Lui aurait tout donné pour grandir avec un petit bout de verdure.
Il fût pour la première fois depuis la mort de sa mère pris d'un accès de nostalgie et décida de s'asseoir sur un banc en écartant ses bras sur le dossier, faisant même sortir Billy de sa pokéball. Ce dernier, voyant que quelque chose n'allait pas sur le visage de son maître, tenta de grimper sas succès à côté de lui avant d'être pris par les bras de l'humain et posé sur ses genoux. L'adepte des plantes s'installa le plus confortablement possible et se laissa caresser la tête.
Alfaro n'avait pas eu une enfance trop difficile et avait appris quelques combines pour se débrouiller. Bien que son père ait disparu du foyer, sa mère continuait de recevoir chaque mois une enveloppe marron avec de l'argent à l'intérieur, toujours en liquide. Elle avait également un emploi dans un bureau de la ville, elle et son fils ne manquaient donc de rien. Néanmoins, se dire qu'il aurait peut-être pu grandir loin de la puanteur de Safrania faisait naître en lui un sentiment de déception.
Peut-être que les choses auraient été différentes si son père avait été là.
La déception s'était transformée en fureur à cette pensée. Il ne lui en voulait pas d'être parti pour son travail, c'était tout à fait normal. Ce qu'il lui reprochait était son silence. Pas une visite, pas une seule lettre, pas même un simple coup de fil. Seulement ces enveloppes, toujours identiques et impersonnelles. Le plus frappant était qu'il n'y avait rien d'écrit dessus, ni adresses ni timbres. Jamais. Ce qui signifiait que quelqu'un les glissait directement dans leur boîte aux lettre. Alberto Straeno n'était-il donc rien d'autre qu'un couard en fuite ?
-Z...Zaaarre !
Alfaro, les yeux dans le vague, sortit de ses pensées. Il se rendit compte qu'il avait cessé son mouvement de caresses et appuyait un peu trop fort sur la tête de son pokémon.
-Merde ! Désolé, s'excusa-t-il en retirant son étreinte.
-Bulb.
-Merci.
Il resta quelques secondes à regarder la cour d'école, puis se rendit compte d'un détail.
-Attends, tu viens de me pardonner, là ?
-Bulbi, répondit Billy en opinant de la tête.
-Donc, tu peux vraiment comprendre tout ce que je dis ?
-Bulbi.
-Regarde à droite.
Le bulbizarre obéit immédiatement.
-Maintenant, retourne-toi.
Même chose, si ce n'est que Billy poussa un grognement. Cet humain était un peu bête en fin de compte.
-Tu peux faire un saut périlleux ?
-Zaaarre ! s'exclama-t-il d'un air indigné.
-Ok, ok, j'ai compris.
Ils restèrent tous les deux immobiles, profitant des rayons du soleil. Alfaro avait toujours cru que les pokémon ne pouvaient comprendre que les attaques. Or, Billy venait de lui démontrer le contraire. Encore plus fort, lui-même l'avait compris alors qu'il ne pouvait que répéter son nom. Il pensa à demander au professeur Chen si tous les pokémon étaient dotés de cette faculté.
En parlant du vieil homme, l'après-midi était définitivement installée et il était temps de lui apporter son colis. L'adolescent se leva et se dirigea vers le laboratoire. Lui qui avait l'habitude des dédales de Safrania, se repérer dans ce petit village était presque trop facile. Les rues n'étaient pas très animées, preuve que tout le monde était au travail ou bien se détendait chez soi.
Alfaro ne perdit pas de temps et fût très vite à destination. Il monta les marches, sonna puis entra sous l'invitation de son hôte. Le professeur Chen ainsi que William se trouvaient dans le laboratoire.
-Alfaro ! Nous n'attendions plus que toi ! Entre, mon garçon.
-T'as pris ton temps, minable. Ça fait une plombe que j'attends, ajouta William.
-C'est pas comme ça que t'arriveras à me battre, l'écureuil.
-Tu sais ce qu'il te dit l'écureuil ?
-Ça suffit ! commanda le scientifique. Je veux bien comprendre qu'une rivalité est une bonne chose, mais apprenez à vous contrôler un peu ! Alfaro, tu as mon colis ?
Une fois le paquet reçu et posé sur son bureau, Chen invita les deux jeunes dresseurs à s'asseoir sur le canapé. Une fois qu'ils furent installés le plus loin possible l'un de l'autre, il prit deux appareils rouges, plats et rectangulaire puis revint vers eux.
-Ceci, dit-il, est une invention de mon crû. Je l'ai baptisé "Pokédex". Il enregistre automatiquement les données des pokémon que vous rencontrez ou capturez. Vous pouvez les manipuler, allez-y.
Les deux novices tendirent le bras en même temps et Alfaro examina l'appareil. Il pouvait s'ouvrir si l'on appuyait sur un bouton, révélant un écran et une vingtaine d'autres boutons.
-Puisque vous êtes devenus dresseurs sous ma tutelle, j'aimerais en profiter pour vous demander un service.
Le professeur Chen fît quelques pas vers la fenêtre en face du canapé, contemplant la vue qui donnait sur le parc.
-Malgré mon âge et mon propre voyage dans la région de Kanto, je doute fort avoir réussi à cataloguer toutes les espèces existantes. Ma sédentarisation en tant que scientifique n'arrange pas les choses et j'entends sans cesse des anecdotes sur des pokémon dont je ne sais rien. Ce qui, avouons-le, est ironique puisque l'on me considère comme une grande figure dans le monde universitaire.
Il fît une pause puis continua son discours., les mains croisées derrière son dos.
-Mon plus grand rêve est de pouvoir cataloguer toutes les espèces en ce monde et d'en découvrir le plus possible à leur propos. C'est dans cette optique que j'ai crée le pokédex qui me servira de relais entre vous, sur le terrain, et moi, à Bourg-Palette. Je suis conscient que la tâche qui vous attends si vous acceptez ne sera pas aisée, surtout avec la pression que nous subissons de nos jours...
Ses mains se mirent à trembler légèrement, le forçant à respirer profondément pour reprendre son calme. Il se retourna alors vers ses auditeurs.
-Jeunes gens, je vous le demande solennellement : aidez-moi à réaliser mon rêve en complétant ce pokédex.
-D'accord grand-père, répondit immédiatement William d'un ton décidé.
Alfaro ouvrit la bouche mais hésita. Après tout, rien ne l'obligeait à ralentir ses propres recherches concernant son père. Il avait un pokémon pour le protéger, était libre de ses mouvements et ne manquait de rien.
Excepté d'une carte de dresseur actuellement en possession du vieux.
Il jura intérieurement. Lui ramener un colis ne suffisait pas, il devait faire le caninos sur le terrain et rapporter des infos à la place de bâtons. Ce n'était pas à un vieux colossinge qu'on apprenait à faire la grimace. Alfaro allait répondre de mauvaise grâce quand il croisa les yeux du plus âgé.
L'expression de son visage avait changé. Auparavant intrigué, détendu ou bien concentré, ses traits s'étaient durcis et son regard s'était fait plus intense et pénétrant. L'adolescent compris alors qu'il avait en face de lui non plus le professeur Chen, scientifique renommé, mais Samuel Chen, homme déterminé à atteindre son but. Il se souvint alors d'une phrase prononcée par sa mère un jour où il avait été ramené par la police pour s'être violemment battu en pleine rue : "Vous les hommes, vous êtes tellement obstinés que même le meilleur parfum de la meilleure plante ne saurait vous détourner". Alfaro n'avait pas compris ces paroles sur le coup mais il en prenait conscience maintenant qu'il avait un exemple devant lui. Ce n'était pas un chantage mais une demande qui aboutirait peut-être au travail de toute une vie. Il n'avait rien à voir là-dedans, mais partir comme ça lui paraissait désormais égoïste.
-J'accepte, lâcha-t-il après quelques secondes de silence.
-Merci beaucoup, tous les deux, dit Chen en souriant. Maintenant, je vais vous expliquer en détail comment l'utiliser.
Le pokédex n'eût bientôt plus de secrets pour Alfaro et William. Ils furent cependant incapables de retenir nombres de détails pointus tant le professeur, dans sa passion scientifique, oubliait à quel public il avait affaire.
-Et voilà, vous savez désormais tout ce qu'i savoir sur le pokédex. Des questions ?
Les deux garçons furent pour la première fois d'accord sur une chose : relancer un scientifique était dangereux pour rester éveillé. Aussi se contentèrent-ils de répondre par la négative.
-Parfait, dit-il. J'ai encore une chose à voir avec toi, Alfaro. William, je ne te retient pas plus longtemps, tu peux disposer. Encore merci pour ton aide.
Alfaro n'aurait jamais cru la scène possible si il ne s'était pas trouvé dans la pièce au même moment. William s'était levé immédiatement après les paroles de son grand-père et s'était quasiment jeté sur lui pour l'étreindre. Le scientifique ne sembla pas surpris et répondit à ce besoin affectif en offrant son épaule à son petit-fils et en lui tapotant le dos. Le brun, totalement étranger à cette scène de famille, décida de leur laisser un peu d'intimité et sortit de la pièce. Il se dirigea vers le salon et attendit patiemment.
Quelques minutes plus tard, il eût juste le temps d'apercevoir une ombre fugace avant que la porte ne s'ouvre et se referme. Le professeur arriva un peu après.
-À nous deux, maintenant. Cela à été un peu plus compliqué que prévu, mais voici ta carte de dresseur.
Il tendit le morceau de papier plastifié et Alfaro le prit sans attendre. Il contenait sa photo d'identité, sa ville d'origine et sa date de naissance. Le dos était quand à lui réservé à la signature du professeur et à d'autres informations administratives qui n'intéressèrent pas le jeune homme.
-Prends ceci également. C'est un étui pour ranger les badges d'arènes.
-Je vous ai déjà dit que je ne m'intéressais pas à ça, professeur.
-Les champions d'arènes possèdent des pokémon sensationnels et j'aimerais en savoir plus sur eux. Comme tu as accepté de remplir le pokédex, tu dois non seulement scanner des pokémon sauvages mais aussi ceux des dresseurs.
Alfaro ne put s'empêcher de grimacer. Lui qui tenait à éviter au maximum les contacts...Il tenta néanmoins de trouver une excuse.
-William...
-A l'intention de vaincre les champions mais ces derniers envoient parfois des pokémon différents aux combat. Tu comprends que je ne veuille rien laisser au hasard.
Il était complètement piégé. Le rêveur idéaliste qu'il croyait avoir cerné plus tôt se révélait être un vieux feunard. De plus, maintenant qu'il était sous sa tutelle, Chen possédait un certain pouvoir que Alfaro n'ignorait pas. La grâce qu'il lui faisait en passant outre sa minorité pouvait donc très bien se retourner contre lui.
-Je suppose que je n'ai pas le choix, soupira le brun.
-Allons, je suis sûr que cela te sera utile. Les champions d'arène sont très au courant de ce qu'il se passe dans les ville et pourront peut-être te donner des pistes pour retrouver ton père. De plus, cela fera un excellent entraînement pour tes pokémon.
Ces deux arguments sonnèrent plutôt bien aux oreilles de l'adolescent qui décida de se résigner. Il devait avouer que chercher son père relevait de l'impossible dans une région aussi peuplée. Les choses seraient plus faciles si il s'entourait de bons contacts.
-Mon numéro de téléphone est enregistré dans ton pokédex, tu pourras donc m'appeler quand tu seras dans un centre pokémon. Tu peux encore rester pour la nuit, si tu le souhaites.
-Merci, mais Jadielle n'est pas loin. J'aimerais y aller le plus tôt possible.
-Je comprends N'hésite pas m'appeler en cas de besoin, ma porte t'est toujours ouverte.
Ils se levèrent tous les deux puis Alfaro quitta la pièce accompagné par le chercheur. Malgré ses coups fourrés, il lui était tout de même redevable de le couvrir envers la loi et ne tenait pas à le déranger plus que nécessaire. Il était temps de partir.
- Chapitre 4:
Le crépuscule approchait quand Alfaro sortit en compagnie du professeur Chen. De grandes ombres s'alignaient sur le sol, projetées par le soleil se couchant peu à peu derrière le laboratoire. L'aube vue depuis le toit devait être magnifique mais le brun n'y accordait aucune importance. Ce qui le préoccupait le plus depuis qu'ils étaient à l'extérieur était une forme obscure perchée sur un arbre de la cour. -Sûrement un roucool rejoignant son nid, indiqua le chercheur qui avait suivi le regard du plus jeune. Le parc les attire parfois. Alfaro craignait le contraire. Il était difficile d'en juger à cause de l'obscurité mais il croyait voir quelques plumes désordonnées sur la tête de l'oiseau. -J'ai une idée. Et si tu essayais de le capturer ? -Hein ? -Oui, le capturer, répéta Chen, visiblement très enthousiaste. Après réflexion, je n'ai pas vu de nids de roucool dans les parages. Celui-ci doit donc venir de la route 1. Vas-y, sors ton bulbizarre. Le brun obéit et fit sortir la créature dans un flash de lumière blanche. Billy prit le temps de s'habituer à la forte luminosité de cette fin d'après-midi avant de foncer vers l'arbre en grognant contre l'ennemi. -C'est étrange, il semble plus agressif que nécessaire. -Je...je crois que je sais pourquoi, bégaya le jeune dresseur. -Bulbi ! Zare, zare, bulbi ! Le ton du quadrupède laissait transparaître l'hostilité qu'il avait à l'égard du roucool. Ce dernier restait pourtant toujours immobile. N'en pouvant plus, Billy chargea de toutes ses forces l'arbre qui trembla. -Non, pas comme ça, il risque de s'enfuir ! Utilises ça, vite ! L'homme en blouse blanche fouilla un instant dans ses poches, en sortit une pokéball et la mit dans les mains d'Alfaro qui resta pantois, ne sachant comment s'y prendre. -Actionne-là et lance-là sur le roucool. L'adolescent fit ce qui lui était dit. Il visa et toucha mais la ball, au lieu de faire tomber l'oiseau, l'aspira dans un rayon de lumière rouge et retomba au pied de l'arbre. Voyant Alfaro s'avancer, Chen le retint par l'épaule. -Attends. Regarde ta pokéball. Après une meilleure observation, le dresseur débutant se rendit compte que l'objet remuait dans l'herbe. Il n'était pas le seul à être intrigué : Billy s'était lui aussi approché de l'orbe métallique et l'observait, attentif. -La capture n'st pas automatique, indiqua le dresseur vétéran. Les pokémon sauvages arrivent parfois à forcer le mécanisme et à ressortir. -Reviens par là, Billy, ordonna immédiatement Alfaro. Il craignait une contre-offensive de la part du roucool si la capture de celui-ci venait à échouer. Son caractère prudent et calculateur était en effet inutile devant une absence de réaction de la part de son adversaire. Il détestait attaquer le premier et se livrer à la stratégie des autres. La ball s'immobilisa enfin après plusieurs secondes d'attentes et Chen lâcha l'épaule d'Alfaro, l'autorisant ainsi à la ramasser. Billy fut cependant plus rapide à atteindre la sphère et la renifla avec curiosité. Maintenant que l'étranger était dans la boule rouge et blanche, cela signifiait-il que son maître l'avait pris comme compagnon ? Le brun prit lentement la ball, craignant encore une mauvaise surprise. Elle ne semblait pas avoir changé, si ce n'était qu'elle semblait légèrement plus chaude au toucher. Il la porta au niveau de ses yeux et l'examina attentivement. Un nouveau protecteur, hein ? -Bien joué ! Excellent travail pour une première capture, le félicita Chen en s'approchant. Puis-je l'examiner un moment ? Alfaro laissa le roucool sortir. C'était bel et bien le même que plus tôt dans la journée, facilement identifiable grâce aux plumes désordonnées sur le sommet de sa tête. La créature resta un instant immobile avant de pencher la tête vers la droite. -Rrou, dit-il d'un ton calme. -Tu peux le prendre un instant ? Alfaro obéit de nouveau, même si il ne voyait pas où le vieil homme voulait en venir. Il se pencha pour prendre son nouveau pokémon mais alors qu'il tendait les bras, le roucool déploya ses ailes pour se poser sur sa tête. Il poussa une exclamation de surprise avant de déloger l'inconscient qui osait prendre son crâne pour un perchoir. Le chercheur se retint de rire. -Ne t'inquiètes pas, les roucool ne sont pas très dangereux. Ce qui est étrange, c'est son manque de réaction... -Je l'ai déjà croisé sur la route y'a pas longtemps, indiqua Alfaro. Il raconta toute l'histoire tandis que le scientifique examinait le pokémon mais il passa sous silence son rêve et sa crise de panique, terminant son récit par une fausse fuite de sa part. Le plus vieux semblait satisfait de la manière dont il s'y était prit. -Tu as bien fait : ce roucool a le crâne fracturé juste là, dit Chen en montrant l'endroit où les plumes étaient retournées. Un peu plus et il décédait. Le résultat n'était en effet pas très beau à voir. La chair avait enflé et on pouvait distinguer un peu de sang mêlé à de la terre. Alfaro afficha un air contrarié : l'idée de s'occuper d'un pokémon blessé et probablement incapable de combattre ne l'enchantait guère. -Je le relâche ? -Quoi ? Surtout pas ! Ce serait l'envoyer à la mort ! Le mieux est de le laisser dans sa pokéball et de le faire soigner à Jadielle. A moins que tu ne préfères attendre la prochaine zone pour avoir ton deuxième compagnon ? Le natif de Safrania avait oublié ce détail. Maintenant qu'il avait capturé un pokémon, plus aucune chance ne lui était autorisé sur la route 1. Il ne savait pas trop comment cela était possible mais connaître le lieu de rencontre d'un pokémon était une chose aisée pour ceux qui savaient comment faire et les amendes étaient lourdes en cas d'infraction à la loi. Il avait peu d'espoirs quand à la puissance du roucool mais il ne pouvait se résoudre à gâcher l'opportunité d'avoir un nouveau garde du corps. -Je le garde, décida-t-il d'une voix légèrement ennuyée. -Entendu. Dépêches-toi vite d'emmener...? Alfaro ne comprit d'abord pas l'intonation interrogative de la phrase avant de se souvenir qu'il était censé donner un surnom au pokémon. Il croisa le regard un peu fou du roucool et toucha du bout des doigts ses plumes rendues poisseuses par sa blessure. -Qu'est-ce que tu penses de Flavio ? lui demanda-t-il. -Rrou, rouuuu... -C'est un surnom original, remarqua Chen. Tu l'as inventé toi-même ? -Non. Ce sont des prénoms qu'on utilise dans l'ancien pays de mes parents. Le chercheur se gifla mentalement et craignit qu'une telle évocation n'assombrisse l'humeur du jeune dresseur mais ce dernier se contenta de poser Flavio au sol et de le faire rentrer dans sa pokéball. -Je crois qu'il va falloir que j'y aille, dit-il d'un ton faussement détaché. -Oui, bien sûr. La nuit ne va pas tarder à tomber. Pense à me donner de tes nouvelles une fois à Jadielle. Alfaro hocha la tête sans un mot et ils se serrèrent la main. Le plus jeune descendit les marches sous le regard de son aîné et le professeur rentra dans sa demeure une fois la distance qui les séparait suffisante. Il jeta un coup d'œil à son bureau mais estima qu'il avait suffisamment travaillé pour aujourd'hui, la formation de deux dresseurs rivaux étant selon lui comparable à réussir à éteindre un feu de forêt déclenché par une horde de pokémon de type feu. Il partit donc se préparer une tasse de thé avant d'aller contempler le parc. Les pokémon se faisaient de plus en plus rares chez lui aussi. La plupart n'étaient là que temporairement pour qu'il le étudie avant qu'ils ne repartent chez ses collègues scientifiques. Les vrais pensionnaires étaient rares et appartenaient quand à eux à quelques dresseurs en vadrouille partis de Bourg Palette. Nombreux étaient ceux qu'il n'avait plus revu, tombés au combat. Il était cependant optimiste quand à l'avenir des deux jeunes pousses dont il était responsable. En tant que son petit-fils, William avait eu l'occasion de fréquenter des pokémon depuis son tout jeune âge et avait de solides connaissance. Alfaro, lui, avait l'avantage d'être prudent et réfléchi malgré la première impression qu'il donnait et le combat de ce matin avait démontré qu'il apprenait vite. Prévoir l'issue de leur voyage était bien sûr impossible. Malgré leurs qualités, nul ne pouvait affirmer avec certitude qu'ils atteindraient leurs buts respectifs. Les dresseurs restaient nombreux dans la région et l'élite était encore plus puissante qu'auparavant, contrainte de s'améliorer sans cesse pour ne pas tomber. Les visages défaits de ceux qui avaient vus mourir devant eux leurs compagnons de route revint en mémoire du vieil homme. Il s'imagina brièvement et malgré lui ceux de William et d'Alfaro si ils venaient à échouer. Un violent pincement au cœur le prit et il se força à penser à autre chose. -Non, pas eux...murmura-t-il pour se convaincre. Il respira profondément pour empêcher ses mains de trembler une nouvelle fois et observa attentivement le pâturage qui s'étendait sous ses yeux : l'herbe commençait à se faire haute et l'enclos avait besoin d'un bon coup de peinture. Il était grand temps de nettoyer le parc : Chen était convaincu qu'il accueillerait très bientôt de nouveaux pokémon. °*°*°*°*°* Jadielle, encore. La traversée de la route 1 qu'il commençait à connaître comme sa poche n'avait pas posé de problèmes à Alfaro. Il avait suivi les conseils du chercheur et s'était abstenu de faire sortir Flavio de sa pokéball. C'était donc Billy qui s'était occupé de chasser les quelques pokémon sauvages qui se présentaient à eux. Une fois les lumières de la ville en vue, Alfaro fit rentrer le quadrupède dans sa pokéball. La nuit était tombée quand ils arrivèrent au centre pokémon. L'activité était bien moins dense que plus tôt et seule une infirmière de garde était présente, lisant un quelconque magazine derrière son comptoir. C'était la même que ce matin, ce qui facilita beaucoup les choses pour le jeune dresseur. -Bonsoir. -Bonsoir, bienvenue au centre...oh, c'est vous ? demanda-t-elle en le reconnaissant. -Serait-il possible de faire examiner mon roucool, s'il vous plaît Je crois qu'il a quelque chose à la tête. Une fois la pokéball posée sur le comptoir, la femme s'en saisit et la plaça dans un appareil de forme cubique qu'elle ferma aussitôt. Elle pianota sur son clavier, griffonna quelque chose sur une feuille et sortit l'appareil de capture qu'elle posa sur une table roulante. Elle pressa ensuite un interrupteur et une créature rose ressemblant à un ballon géant assorti d'un tablier et d'une coiffe d'infirmière sortit des portes menant aux salles d'opérations. -Levei leveinard ? -Fracture du crâne, pas de dommages internes apparents. A traiter le plus vite possible. -Veinard ! Le ballon de baudruche sur pattes repartit vers son point de départ en poussant la petite table et la pokéball de Flavio devant lui. L'infirmière s'adressa de nouveau à Alfaro. -En effet, votre roucool a été sévèrement touché . Faites plus attention la prochaine fois, dit-elle d'une voix qui se voulait sévère. -Il était déjà comme ça quand je l'ai capturé, se défendit le jeune homme. Je ne l'ai même pas encore fait combattre. -Oh, vraiment ? Dans ce cas, c'est très généreux de votre part de l'avoir accepté dans votre équipe. Je suis sûre qu'il fera tout pour vous en remercier. -Moi aussi, conclut-il un peu trop sèchement. Il vous reste des chambres ? -Oui, bien sûr. Cela vous fera 2000 pokédollars. Alfaro grimaça légèrement quand il entendit la somme à débourser. Son porte-feuille n'était pas épais et il sentait que tout son budget allait passer en nourriture et en objets pour dresseurs. Le combat contre William amoindrissait à peine sa nuit au centre. Il n'avait cependant pas le choix : Flavio avait besoin de rester et il tenait à avoir de ses nouvelles au plus vite. -Vous savez où je pourrais trouver des pokémon dans le coin ? demanda-t-il, prévoyant l'inutilité du roucool. -Vous avez la route 22 à l'ouest de la ville. Les pokémon n'y sont pas très puissants mais je vous déconseille fortement d'aller au-delà des falaises ou d'accepter un combat contre un dresseur. Beaucoup se sont rassemblés et leurs pokémon sont dotés d'une puissance qui dépasse de très loin les votre. Autre chose ? -Ça ira. Merci pour l'info. -Passez une agréable nuit, lui souhaita l'infirmière avec un sourire avant de retourner derrière son magazine. Une fois la clé en sa possession, Alfaro monta les marches menant aux dortoirs et arriva dans un couloir bien éclairé. Malgré l'heure tardive, il croisa quelques dresseurs qui se dirigeaient vers les douches ou qui se rendaient visite pour une raison ou pour une autre. Il n'y fit cependant pas attention et se préoccupait plus d'une bonne nuit de sommeil que d'un décrassage qu'il planifia au lendemain matin. Il arriva finalement devant la chambre qui lui était attribuée et y entra. La pièce comportait pour seul mobilier un lit simple et un lavabo avec un miroir incrusté au-dessus. Le jeune dresseur fut beaucoup plus attiré par le premier meuble et s'y laissa tomber à plat ventre après avoir fait glisser les lanières de son sac à dos. Il enleva négligemment ses chaussures à l'aide de ses pieds et les abandonna avec un bruit mat dans un coin de la pièce. Il s'endormit la minute d'après. Le lendemain matin, Alfaro fût tiré de son sommeil de bonne heure par une odeur de viennoiseries. Son estomac qui n'avait rien avalé depuis hier midi réclama son dû et il songea à Billy qui devait lui aussi être affamé. Après une rapide douche, il suivit les quelques dresseurs encore ensommeillés et arriva dans un grand réfectoire où étaient déjà attablés des jeunes gens plus âgés que lui. Il remarqua que beaucoup d'entre eux mangeaient avec leurs pokémon et décida de faire sortir son bulbizarre. -Bulbizaaarre, le salua-t-il une fois à l'air libre. -Yo. On mange vite fait et on continue la route. Ça te va ? -Zare ! A peine se furent-ils assis qu'un nouveau ballon de baudruche rose sur pattes se présenta à eux. Il portait un tablier un peu différent de celui d'hier et la coiffe était remplacée par une petite casquette blanche. -Levei leveinard ! Leveinard ? couina-t-il. -Euh... Alfaro ne savait pas comment réagir. Au vu de l'accoutrement du pokémon, il se doutait qu'il devait être un serveur. A ce titre, il devait lui demandait ce qu'il désirait consommer. Il n'en était cependant pas sûr car il n'avait jamais vu de pokémon exercer un métier réservé aux humains ou sans surveillance de l'un d'eux. Il se tourna vers Billy en désespoir de cause. -Tu as compris ce qu'il a dit ? -Zare ! Bulbi bulbi zare. Zare bulbi bulb. -T'es sûr ? Eh bien...un café et des tartines de beurre, dit-il au pokémon rose. -Veinard ! Levei leveinard ? demanda la créature à Billy. -Zare. -N'exagère pas sur la nourriture, je tient à mon portefeuille. -Zare, zare... Une fois les commandes notées, le poké-serveur s'éloigna vers une autre table et Alfaro en profita pour le scanner discrètement à l'aide de son pokédex. Cela lui paraissait étrange mais il éprouvait comme un sentiment de voyeurisme à analyser ainsi quelqu'un qui se comportait exactement comme un être humain. L'appareil enregistra le ballon de baudruche rose comme étant un leveinard. De nouvelles informations apparurent à l'écran quelques secondes plus tard. -"Leveinard, pokémon très sociable et amical connu pour sa générosité envers les blessés. Malgré leur rareté à l'état sauvage, ils sont trouvables dans tous les centres pokémon où ils officient principalement comme infirmiers". Balèze, commenta Alfaro. -Leveinard ! Le jeune garçon sursauta en entendant la voix du-dit employé. Ce dernier portait un plateau garni d'une assiette de toasts, d'une tasse fumante et d'une gamelle de croquettes aux herbes. Le compliment qu'avait lâché le dresseur semblait l'avoir fait plaisir. -Leveileveinard ! -Oh euh...c'est rien. Merci beaucoup. Le leveinard repartit à ses tâches une fois le plateau posé et laissa Alfaro et Billy savourer leur nourriture. Alors que l'adepte des plantes mangeait sans se soucier d'autre chose, Alfaro buvait son café - pas assez fort selon son goût- en réfléchissant sur l'échange qu'il venait d'avoir. Il avait dû passer par l'intermédiaire de Billy pour comprendre ce que le serveur voulait lui dire mais les deux étaient des pokémon. La compréhension humain-pokémon dépendait-elle donc de l'entière capacité du dresseur ou bien cela venait-il d'autre chose ? Ayant oublié de lui poser la question la veille, il se promit une nouvelle fois de demander au professeur Chen. Il balaya la salle du regard pour se changer les idées. Comme l'infirmière l'avait dit la veille, on rencontrait de tout dans les environs. Certains dresseurs n'avaient que deux petits pokémon et d'autres déjeunaient en compagnie de véritables mastodontes. Tous les scanner lui prendrait un temps fou et il doutait qu'ils soient d'accord, aussi s'autorisa-t-il à remettre cette tâche à plus tard. Une fois leur déjeuner avalé, Alfaro se souvint que son deuxième pokémon attendait quelque part dans le centre. Il sortit donc de la partie vie commune du bâtiment après avoir fait rentrer Billy dans sa pokéball, repassa prendre ses affaires dans la chambre et descendit les escaliers. La vie avait reprit à l'intérieur et quelques dresseurs faisaient déjà la queue pour soigner leurs pokémon. Ce fût une infirmière différente qui l'accueillit cette fois-ci. -Bonjour. Que puis-je faire pour vous ? -Bonjour. Je viens reprendre mon roucool. -Alfaro Straeno, c'est bien ça ? demanda-t-elle en consultant ses archives. Un instant s'il vous plaît. L'infirmière pris un téléphone et s'entretint brièvement avec la personne à l'autre bout du fil. -Sa blessure est guérie, il arrive tout de suite. En effet, un leveinard arriva immédiatement après ces paroles et présenta la pokéball à l'humaine qui la tendit au dresseur. -Et voilà votre roucool. Nous lui avons fait quelques points de suture et une nuit en observation a suffit pour guérir le reste. Nous avons cependant détecté une lenteur dans ses réactions, sûrement due au choc qu'il a reçu. -Il pourra combattre ? demanda directement Alfaro. -Oui, son état n'est pas définitif. Il nous est cependant impossible de savoir quand il retrouvera ses réflexes. Je vous conseille d'aller l'entraîner dans la forêt de Jade, au nord de la ville. On y trouve beaucoup de pokémon insectes, ce qui ravivera sûrement ses instinct d'oiseau. -Ok, merci beaucoup. -Passez une bonne journée. Récupérer le piaf effrayant, c'était fait. Il ne lui restait maintenant plus qu'à appeler le professeur Chen avant de repartir sur la route. Alfaro se dirigea vers le fond du centre en direction des visiophones. Il inséra sa carte, composa le numéro du laboratoire et attendit. L'écran s'alluma un instant plus tard. -Bonjour Alfaro, dit Chen une fois visible. Alors, bien arrivé à Jadielle ? -Oui, je n'ai pas eu de problèmes pour arriver. -Et tes pokémon, comment se portent-ils ? -Ils vont tous très bien. Flavio est rétabli, il faudra juste faire attention un moment. -Excellent. J'imagine que tu as bientôt l'intention de combattre le champion de la ville ? Alfaro retint un soupir. Le vieil homme tenait toujours à ce qu'il fasse des détours inutiles. -Il est pour le moment absent. J'ai l'intention de traverser la forêt de Jade aujourd'hui pour me rendre à Argenta. -Bizarre...Tu es sûr que le champion n'est pas en ville ? demanda Chen, soucieux. -Une infirmière me l'a dit. Il parait que ça cause pas mal de pagaille à cause d'affrontements entre dresseurs venus l'affronter. C'est si inquiétant que ça ? -Bien plus que tu ne le crois. La route 22 n'est pas très effrayante, mais la différence avec ce qui se trouve au-delà est énorme. J'ai traversé les falaises quand j'étais plus jeune et je t'interdit formellement d'en faire de même sans mon autorisation ! Depuis quelques années, les pokémon sauvages qui s'y trouvent descendent parfois et c'est au champion de Jadielle de les chasser, peut-être même s'y trouve-t-il alors que nous parlons. Tu as bien compris ? Alfaro acquiesça. Il n'avait jusque-là aucune idée de danger qu'il encourait si il se rendait trop loin à l'ouest et se promit de redoubler d'attention. -C'est entendu, professeur. -Très bien. Je vais te laisser, en ce cas. -Attendez ! J'aurais une question à vous poser. -Je t'écoute, mon garçon. -Voilà, depuis que j'ai commencé mon voyage avec Billy, je sens que je peux...discuter avec lui bien qu'il ne parle pas comme nous. J'ai essayé ce matin avec un leveinard du centre mais je n'ai pas réussi à le comprendre. Ca vient d'où ? Alfaro put sentir l'aura de curiosité mêlé de sérieux et de concentration qui émanait du professeur Chen malgré la distance qui les séparait. Il n'y avait qu'à voir le léger froncement de sourcils qu'il affichait lorsque ses compétences de scientifiques étaient à l'œuvre. Après un instant de réflexion, il répondit finalement : -C'est quelque chose que nous avons encore du mal à comprendre et tout le monde n'est pas d'accord sur cette question. Il y a de très nombreuses théories et je peux me tromper, mais je vais t'exposer celle qui me paraît la meilleure en quelques mots. Comme tu t'en doutes, les pokémon sont bien plus proches de la nature que nous. Cependant, cela ne signifie pas qu'ils sont dépourvus de capacités cognitives exceptionnelles. Je pense qu'ils ont su garder une méthode de communication basique que nous autres humains avons oublié. Ainsi, quand un dresseur fréquente des pokémon, il retrouve peu à peu cet état et s'ouvre instinctivement à ses compagnons. -Comme une sorte de lien psychique ? demanda le brun. -On ne sait pas trop mais ce n'est pas impossible. Il existe de par le monde des pokémon qui peuvent communiquer directement avec les humains en parlant notre langue. On ne sait cependant pas si tous les autres présentent en eux la même faculté amoindrie ou bien si c'est le dresseur qui s'occupe de faire le lien. De plus, tous les êtres humains ne sont pas capables de comprendre les pokémon. Il existe encore bien des mystères à percer dans ce monde... Un silence s'installa, entrecoupé seulement par les bruits de pas venant du centre pokémon, avant que le professeur ne se remette à parler. -Mais tu n'as pas à t'en préoccuper pour le moment, dit-il avec un grand sourire. Laisse les choses aller naturellement comme elles viennent t'en soucier. Je suis convaincu que passer du temps avec tes compagnons te permettra très vite de créer des liens avec eux. "Créer des liens" ? A moins que cela ne serve à mieux les utiliser, Alfaro ne voyait pas la peine d'en tisser avec ses pokémon. Il décida cependant de faire comme si de rien n'était pour ne pas s'attirer les foudres de son interlocuteur. -Ouais, je vais faire comme ça. Au revoir. -Bonne journée à toi, mon garçon. Alfaro raccrocha et partit du centre, direction la boutique. Il n'avait pas oublié de se fournir en objets et en nourriture pour pokémon et prit soin de choisir ce qui était le moins cher pour son voyage. Peu lui importait la qualité : il pourrait très bientôt s'acheter de bien meilleurs objets pourvu que ses compétences ne l'abandonnent pas au combat. Ses courses ne durèrent pas longtemps pour deux raisons : la première était qu'il tenait à parcourir le plus de distance possible, la deuxième était qu'il ne pouvait pas supporter que le vendeur l'observe de derrière son comptoir dans l'espoir de le prendre la main dans le sac. Malheureusement pour ce dernier, Alfaro paya sans causer de soucis en le gratifiant d'un petit sourire moqueur. "C'est pas aujourd'hui que tu me prendras, mon vieux", pensa-t-il au moment de tendre les billets. L'employé soutint l'arrogance du jeune homme sans un mot. Ce dernier décida de mettre fin au jeu et partit, son sac pesant un peu plus lourd qu'auparavant. Il s'était muni de quelques pokéballs, potions et antidotes juste au cas où. Il n'était pas sûr de pouvoir trouver de quoi soigner ses pokémon dans la forêt et avait donc tout prévu pour palier au moindre incident. Le brun ne se dirigea cependant pas tout de suite vers Argenta et parti à l'ouest comme le lui avait indiqué l'infirmière. Il tenait absolument à réunir une équipe de six pokémon le plus rapidement possible.
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 19 Jan 2014 - 22:22 | |
| Le chapitre 3 a été publié à la va-vite, j'éditerai cette page bientôt pour que ce soit plus simple à suivre. - Mimoze a écrit:
Est-ce qu'on en apprendra plus sur cette Italie fictive ? Recevra-t-elle le " traitement Kalos " ? Ca pourrait être super d'approfondir leurs rapports avec les Pokémon et ceux de Kanto[ Sans trop spoiler, je peux te dire qu'Alfaro est né à Safrania. Il n'a donc connu le pays natal de ses parents que par leurs récits. J'approfondirai au moment du grand retour d'Alfaro à Safrania. Au fait, qu'est-ce que le "traitement Kalos " - Mimoze a écrit:
- Si je peux reprocher un tout petit truc - même si ça va paraître contradictoire -, c'est justement cette tendance à l'infodump
Tu n'es pas la première à me faire ce commentaire et il est révélateur de l'un de mes plus gros défaut. Je ne parviens tout simplement pas à trouver un bon moyen de faire passer ces informations, surtout ici où la loi Nuzlocke sévit depuis 9 ans. Faire discuter les protagonistes à son sujet me semble peu naturel, du moins au début. Pour les pokémons, je vais essayer d'alléger les descriptions. Si elles sont si précises, c'est parce que je voulait absolument que quelqu'un qui ne connait rien à l'univers de Pokémon puisse s'imaginer l'apparence des créatures (moi ? Utopiste ? Naaaaaan). - white shewolf a écrit:
C'est marrant comme on pense souvent à des lois pour la vie sauvage quand on pense au nuz - j'ai moi-même utilisé cette raison dans un de mes nuz. Je remarque aussi qu'on a quelque fois les mêmes idées(céladopoles et safrania ayant un fort taux de criminalité par exemple). Cependant, je trouve que tu arrives très bien à donner un cadre à ton histoire, avec les descriptions et les pensées des personnages, si bien qu'on entre facilement dans l'histoire. Merci beaucoup ^^ J'espère que cela ne te dérange pas si je reprend involontairement certains traits de ton Nuzlocke que je n'ai pas encore lu (je le ferrai dès que possible). - white shewolf a écrit:
- Il y a cependant quelques fautes et quelques phrases ont des formulations étranges
Merci pour ces observations, je corrigerai (un jour peut-être). Je me corrige moi-même et certaines fautes passent irrémédiablement sous silence (ou sous le coup de la fatigue). - white shewolf a écrit:
- C'est quoi au fait le "haïku"? C'est la première fois que je vois ce mot.
Un Haïku est un poème japonais en trois vers. Le premier et le dernier possèdent 7 syllabes tandis que le deuxième en compte 5. Bien qu'originaire du Japon, on peut l'exporter dans toutes les langes tant qu'on respecte la mesure. Et je tient de Bulbapedia que le professeur Chen a écrit quelques livres de haïkus dont Flora est fan. - white shewolf a écrit:
- C'est une bonne idée aussi de donner des noms complets aux différents protagonistes - y a t'il des raisons d'ailleurs pour le choix de ces noms, ou est-ce par hasard que tu les choisis?.
Certains sont choisis au hasard, d'autre suivent l'animé (peu importe la langue, j'aime varier) mais pas celui d'Alfaro. En italien, "étranger" se dit "Estraniero". J'ai légèrement modifié ce nom pour le rendre plus agréable et ça a donné "Straeno". - white shewolf a écrit:
- Ps: quelque chose de plus qui me fait apprécier d'autant plus ton roman: le choix de ton starter(pourquoi bulbizarre d'ailleurs?). vive bulbizarre!! Mais un bulbizarre nommé Billy, j'ai déjà vu ça quelque part, mais où?
Si j'ai choisi Bulbizarre, c'est parce que je suis une lopette et que j'ai pris un pokémon qui me rassure face aux deux premiers champions dès le début du jeu xD. Pour le surnom, je trouvais ça mignon "Billy le bulbizarre". Si tu as déjà attribué ce surnom à ce pokémon et l'a mis en scène dans un Nuzlocke, toutes mes excuses et marions-nous tout de suite mon âme soeur. Et pour finir, un grand merci à vous tous pour votre lecture et vos avis. |
| | | white shewolf
Écrivain
Nature : Calme
Exp : 1773
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 19 Jan 2014 - 23:33 | |
| ok, cette similitude de surnom n'était donc qu'une coïncidence.
En effet, dans mon premier nuz, sur rouge feu(mon nuz sur jaune est mon 3e nuz officiel, mais mon 2e roman, puisque j'ai arrêté le second roman sur argent pour me consacrer à son homologue BD), j'ai choisi bulbizarre(déjà parce que déjà je ne l'avais jamais pris dans cette version, et ensuite j'étais un peu à la recherche de facilité au moins pour les premières arènes) que j'ai surnommé Billy. j'ai écris un roman à partir de ce nuz, vulgairement appelé: challenge rouge feu. si le coeur t'en dis(et si tu ne manques pas de courage, c'est long(et il y a des fautes, dès que j'y fais un saut, j'en trouve plein; mais j'ai trop la flemme de les corriger *se donne une baffe pour se punir de tant de paresse; et surtout pour avoir la fâcheuse manie de reprendre tout le monde sur les fautes*)), tu peux trouver le lien dans ma signature.
j'espère que ton Billy n'aura pas le même caractère que le mien - si mon héroïne manquait cruellement de charisme, son pokémon, lui, en avait pour deux. par contre pourquoi j'ai choisi ce nom... bah comme pour toi: parce que c'était mignon, Billy le bulbizarre ^^.
ps: j'espère que de nouveaux chapitres vont arriver, je n'en ai plus qu'un à lire !!! |
| | | Mimoze
Designer
Nature : Modeste
Niveau : 30
Exp : 1860
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Lun 20 Jan 2014 - 8:58 | |
| - Koukin a écrit:
- Sans trop spoiler, je peux te dire qu'Alfaro est né à Safrania. Il n'a donc connu le pays natal de ses parents que par leurs récits. J'approfondirai au moment du grand retour d'Alfaro à Safrania. Au fait, qu'est-ce que le "traitement Kalos "
Ce que j'appelle le traitement Kalos, c'est simplement d'adapter un pays du monde réel pour l'univers Pokémon, ce qui est le cas de Kalos (Unys, c'est quand même moins visible, vu qu'elle prend des inspirations d'Amérique du Sud aussi, mais je suis pas là pour parler de ça ). Autrement dit, si le pays des parents d'Alfaro a un nom et une population (de Pokémon) différente, etc. Mais j'attendrai Safrania - Koukin a écrit:
- Tu n'es pas la première à me faire ce commentaire et il est révélateur de l'un de mes plus gros défaut. Je ne parviens tout simplement pas à trouver un bon moyen de faire passer ces informations, surtout ici où la loi Nuzlocke sévit depuis 9 ans. Faire discuter les protagonistes à son sujet me semble peu naturel, du moins au début.
Pour les pokémons, je vais essayer d'alléger les descriptions. Si elles sont si précises, c'est parce que je voulait absolument que quelqu'un qui ne connait rien à l'univers de Pokémon puisse s'imaginer l'apparence des créatures (moi ? Utopiste ? Naaaaaan). C'est effectivement pas très spontané, surtout que la loi Nuzlocke ne date pas d'hier, sauf si l'un des interlocuteurs vient de débarquer (ce qui n'est pas le cas ici). Et je te dis ça en étant aussi passé par l' infodump quand je ne trouvais pas de solution (je plaide coupable ! Mais j'essaie de le limiter car comme dit, le rythme du récit en pâtit). Ce que j'aurais fait dans ce cas précis, c'est au moins le détacher de l'article journalistique d'en-tête, quelque chose du genre : - Citation :
- - Je suppose que tu es au courant de la loi Nuzlocke ?
Tout le monde connaissait la loi Nuzlocke ! Votée par le Parlement il y a neuf ans, cette loi avait décidé de limiter la capture des Pokémon : un seul Pokémon par zone, accès non renouvelable. ... Mais c'est vrai que parfois, on peut pas faire autrement Pour les Pokémon, j'avais bien compris l'intention, et je serais la première à te donner mon pouce vert Comme dit, le problème n'est pas de décrire les Pokémon en soi, c'est de le faire " d'un bloc ". Le récit s'arrête pour que tu puisses décrire le Pokémon en question, et je trouve ça un peu gênant (rien qui m'empêchera de lire, toutefois). Mais bon, ce sont des trucs qu'on prend avec l'habitude, on est tous passés par là, yada yada. Tiens, petite question de curiosité : est-ce que tu parles italien couramment ? En tout cas, bonne continuation ! Edit : En réponse à Dark-Celebi : pas seulement, il y a des zones qui sont clairement inspirées de l'Amérique du Sud (Désert Délassant, Ruines sous-marines). C'est pour ça que j'ai pris Kalos pour mon exemple. |
| | | Dark-Celebi
Dresseur
Nature : Prudent
Niveau : 23
Exp : 490
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Lun 20 Jan 2014 - 13:17 | |
| Mimi, Unys est basée sur New-York je crois... Liste des Nuzlockes. Cliquer sur le message pour ouvrir le nuz. Ordre Chronologique Dynastie Clémentin De l'Alpha a l'OmégaLieux gagnés via Showdown: -Forêt de Vestigion -Lavandia - Best of ChatBox:
[01:23:02] Wulffen : nique la femme plutôt, au moins ça vide les boules XD
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Lun 20 Jan 2014 - 14:42 | |
| - Mimoze a écrit:
- Ce que j'aurais fait dans ce cas précis, c'est au moins le détacher de l'article journalistique d'en-tête, quelque chose du genre :
- Citation :
- - Je suppose que tu es au courant de la loi Nuzlocke ?
Tout le monde connaissait la loi Nuzlocke ! Votée par le Parlement il y a neuf ans, cette loi avait décidé de limiter la capture des Pokémon : un seul Pokémon par zone, accès non renouvelable. ... Mais c'est vrai que parfois, on peut pas faire autrement Dis comme ça, ça me semble une bonne idée. Je tenterai de la concrétiser plus tard dans l'intrigue. - Mimoze a écrit:
- Comme dit, le problème n'est pas de décrire les Pokémon en soi, c'est de le faire " d'un bloc ". Le récit s'arrête pour que tu puisses décrire le Pokémon en question, et je trouve ça un peu gênant (rien qui m'empêchera de lire, toutefois).
Oki doki, reçu 5 sur 5. - Mimoze a écrit:
- Tiens, petite question de curiosité : est-ce que tu parles italien couramment ?
Pas encore, malheureusement. J'ai étudié une année mais n'ai pas pu continuer faute de temps libre. Je continue un peu en autodidacte mais je n'ai pour l'instant que les bases. |
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Ven 14 Fév 2014 - 14:42 | |
| Et voici le huitième chapitre ! Un immense merci à White Shewolf qui a accepté de bêta-lire mon Nuzlocke. Les fautes seront moins nombreuses et la lecture encore plus fluide. Bonne lecture ^^ - Chapitre 8:
-Bon boulot, les gars. On les a éclaté comme des maîtres ! Cette phrase fut suivie par un concert de cris enthousiastes venant de toute l'équipe d'Alfaro. Ils venaient de traverser la route 3 et la présence d'un centre pokémon avait décidé le brun à faire une pause bien méritée. -Zaaarre. Bulbi, bulbizarre ? dit Billy en montrant une joue d'Alfaro du bout d'une de ses lianes. -Mais non, ce n'est rien. Et puis de toute façon, elle n'était pas mon genre. Il fallait dire que la route 3 était majoritairement peuplée de gamines frivoles et d'abrutis à casquette frimant avec leurs rattatas que le natif de Safrania s'était fait un plaisir de remettre à leur place. Certains s'étaient révélés plus coriaces qu'il ne le pensait mais aucune perte n'avait été à déplorer dans son équipe. La seule séquelle qu'il gardait était une trace rouge sur sa joue, conséquence d'une tentative avortée de drague (et non de pelotage comme le prétendait la dresseuse au rondoudou qu'il avait vaincu). Une fois ses pokémons confiés à une infirmière, Alfaro se laissa tomber sur un canapé, une boisson gazeuse à la main. Il ferma les yeux, but quelques gorgées et poussa un soupir d'aise, ravi d'être seul un instant. Être un dresseur ne lui semblait plus si nul qu'il ne le pensait auparavant mais ce nouveau train de vie le fatiguait. -Hey, petit ! Alfaro rouvrit les yeux et les fronça immédiatement, prêt à envoyer paître l'homme au crâne dégarni qui avait osé l'interrompre dans son moment de détente. Voyant qu'il avait réussi à capter son attention, celui-ci continua : -T'es un dresseur, hein ? J'ai une super affaire à te proposer ; un magicarpe surpuissant pour seulement 500 pokédollars ! Avec lui dans ton équipe, tu seras sûr de devenir un maître pokémon ! Dépêches-toi, il ne m'en reste plus beaucoup. Le brun avait déjà vu de meilleurs escrocs à Safrania et celui qu'il avait en face de lui était particulièrement minable. Cela dit, il devait avouer que l'homme avait bien choisi sa carrière. Les pokémon, mêmes les plus faibles, étaient très demandés sur le marché noir et les autorités avaient du mal à démanteler de tels réseaux. Mais un magicarpe...même un enfant de cinq ans pourrait en capturer dans la flaque d'eau devant sa porte tant ils étaient communs. Un soupir s'échappa d'entre les lèvres d'Alfaro. -Je suis pas né de la dernière pluie, gros con. Va plutôt nettoyer les chiottes où tu pêches tes poiscailles, tu gagneras peut-être assez pour faire laver tes fringues. L'escroc parut stupéfait devant une telle répartie puis afficha un sourire soumis avant de s'en aller. Alfaro, quant à lui, termina sa boisson comme s'il ne s'était rien passé. Malgré son départ de Safrania, il n'avait pas perdu ce langage fleuri propre aux habitants des grandes villes. Il jeta la canette vide dans une poubelle et partit vers le comptoir afin de récupérer ses pokémons, tous désormais prêts à franchir le mont Sélénite. Dans le même temps, deux hommes franchirent les portes automatiques. Ils s'immobilisèrent à son seuil, parcourant des yeux le centre pokémon, et Alfaro les observa le plus discrètement qu'il put. Les nouveaux arrivants étaient tous deux vêtus de noir avec une casquette ronde de la même couleur qui cachait en partie leurs traits. La seule chose qui permettait de les identifier était le grand "R" rouge sur leurs vestes. Une fois ce détail remarqué, Alfaro se retint à grand-peine de se jeter sur eux. Ces hommes faisaient partie de la Team Rocket. Un silence de mort seulement troublé par le bourdonnement des machines de soin s'abattit sur le centre pokémon. Les deux rockets se dirigèrent alors droit vers l'escroc sans chercher à cacher quoi que ce soit. -Gontran ! Comment ça va ? Tu nous as fait attendre hier soir, dit donc ! dit joyeusement l'un d'eux. On s'inquiétait pour toi, tu sais ? -Ah...Ah bon, monsieur ? -Nan. Le deuxième Rocket, toujours silencieux, s'était glissé derrière le vendeur et l'empoigna brusquement pour lui empêcher toute fuite. Immédiatement après, son acolyte donna un violent coup de genou au prisonnier qui se plia instinctivement en deux. -Je m'inquiétais pour le fric que tu nous dois. J'attend depuis un moment déjà et mes patrons s'énervent contre moi, ce qui est injuste puisque je n'y suis pour rien dans cette affaire. Nouveau coup de pied, plus violent. -Je...Je vous paierai ! Il ne me reste plus beaucoup à récupérer, pitié ! -Ce soir, où tu sais, dernier délai. Si tu ne viens pas, on te retrouvera et je serai beaucoup moins tendre avec toi. Il lui donna un dernier coup de poing qui l'envoya sur le sol, faisant tomber ses pokéballs, puis les deux Rocket sortirent. Les autres personnes ayant assisté à la scène n'avaient pas dit un seul mot durant toute leur confrontation. Quiconque venait en aide à une cible de la Team Rocket pouvait lui aussi avoir des problèmes, après tout. L'escroc se releva difficilement, la respiration encore saccadée. Il ramassa ses balls à magicarpe éparpillées au sol mais constata qu'il en manquait un. Il regarda autour de lui pour vérifier s'il ne s'était pas trompé et vit une infirmière lui faire signe derrière le comptoir. -Un jeune garçon m'a dit de vous donner ça, dit-elle en lui tendant 500 pokédollars. Voilà qui expliquait la disparition du magicarpe. L'homme remércia mentalement son bienfaiteur. Grâce à lui, il était un peu plus prêt de la fin de sa dette. *°*°*°*°*° "Où sont passés ces deux enfoirés ?" pesta Alfaro en tournant frénétiquement la tête dans toutes les directions. C'était comme s'ils s'étaient évanouis en pleine nature. Il n'avait pas pris beaucoup de retard sur eux et pensait les rattraper sur le chemin, mais il pouvait abandonner cette idée. Calmant la rage qui palpitait en lui, Alfaro respira profondément et réfléchit. Les membres de la Team n'agissaient jamais seuls. Leur point fort était leur nombre. Deux sbires suffisaient pour effrayer un débiteur mais le faire dans un endroit fréquenté et en public était risqué. Ils n'étaient donc pas que deux. Problème : il n'avait pas vu d'autres Rocket depuis ce matin et les missions en groupe demandaient un déploiement précis et minutieux. L'influence de la Team étant minime en dehors de Safrania et Céladopole, ils avaient besoin de se cacher. Et le meilleur endroit pour cela était... -Le mont Sélénite. Alfaro courut à toute allure et arriva devant le trou béant qui constituait l'entrée de la montagne. Armé d'une lampe torche, il s'enfonça dans le sombre et étroit couloir naturel. Maintenant qu'il était à l'intérieur, le jeune homme devait tout faire pour être discret. La Team Rocket était elle aussi de nature prudente et les gardes, même s'ils étaient parfois peu efficaces, n'étaient pas à prendre à la légère. Tout à ses pensées, Alfaro ne remarquait pas l'allure précipitée qu'il prenait peu à peu. Mal lui en prit car il trébucha sur une pierre et s'étala de tout son long, le contact avec le sol dur le ramenant à la réalité. Ce à quoi il ne s'attendait pas, en revanche, c'était que la pierre se mette à flotter derrière lui. -Et merde. Trotwood, même chose qu'à l'arêne, vas-y moins fort ! Le papilusion sortit de la ball et s'exécuta aussitôt. Le racaillou, après avoir rebondi comme une balle de flipper sur la paroi, fut capturé sans difficulté et rejoignit l'équipe. L'insecte fut rappelé sans tarder et Alfaro continua son périple. Une fois l'étroit espace traversé, il arriva au cœur même du mont Sélénite : de larges galeries au plafond bas se profilaient devant lui, si étendues que la lumière de sa lampe n'en voyait pas le bout. En revanche, cette dernière pouvait très bien éclairer les colonies de nosferapti perchées à quelques dizaines de centimètres de sa tête. Le brun porta lentement la main à l'une des pokéballs accrochées à sa ceinture et fit sortir son tout nouveau garde du corps. Son cœur rata un battement quand le racaillou bailla largement. Il ne semblait pas se soucier des blessures causées un peu avant et s'enroula en boule comme si Alfaro n'était jamais intervenu dans sa vie. -C'est pas le moment de faire la sieste, Pinball, chuchota le dresseur. Bouge-toi et protège-moi des nosferapti ! Le pokémon roche obéit à contrecœur et flotta dans les airs, faisant office de bouclier pour l'humain désagréable. Pokémon et dresseur avancèrent lentement, seulement dérangés par les quelques intrépides nosferapti qui descendaient de leur perchoir. La nuit devait approcher car ils furent de plus en plus nombreux à s'éveiller. Pinball distribuait des coups de poings à qui s'approchait trop près d'eux mais cette solution peu discrète n'était guère du goût d'Alfaro. La nuée s'espaça au bout d'un moment et ils furent enfin tranquilles. Au bout d'un temps qui lui parut interminable à cause des multiples rencontres - il avait fait pleurer une jeune fille en lui disant qu'une grotte n'était pas le meilleur point de rendez-vous et qu'elle s'était faite poser un lapin - , Alfaro retrouva la trace de la Team Rocket. L'un de ses membres était négligemment appuyé contre un mur à coté d'une ouverture, les bras croisés. La caricature du garde qui s'ennuie, pensa Alfaro. Il s'avança dans le but de l'affronter. -Casse-toi, petit, la Team Rocket réquisitionne les lieux en ce moment même, dit l'homme d'un ton morne. -Vous avez l'air de vous ennuyer alors je pensais que vous accepteriez un petit combat. -Ecoute, nabot, t'es le sixième dresseur que je croise aujourd'hui et y'en a pas un qui est passé. Rattatac. Le dernier mot, lâché presque par hasard, fit surgir un gros rat au poil châtain. Alfaro devina qu'il s'agissait de l'évolution de rattata, aussi ne prit-il pas de risques et envoya Billy. Le Rocket ne bougea pas d'un pouce. -Tu fais chier, gamin. Rattatac, mimi-queue. Le redoutable pokémon obéit, surprenant le bulbe sur pattes qui baissa sa garde. Alfaro profita de la position du rat pour ordonner une vampigraine qui toucha du premier coup. -Prend ton temps, j'ai envie de profiter du spectacle. Le rattatac ne se fit pas prier et lança plusieurs petites charges rapides qui le bulbizarre chercha à intercepter avec sa tête. La différence était cependant trop grande et il se fatigua rapidement malgré les graines parasites plantées un peu plus tôt. Alfaro décida de ne pas prendre de risques et le rappela immédiatement. Maintenant que son pokémon le plus résistant était incapable de combattre, il ne savait lequel envoyer. Le rocket bailla d'ennui. Si c'était de la surprise qu'il voulait, alors il allait en avoir. -Un roucool ? Décevant...Achève-le. -Vive-attaque ! Flavio ne bougea pas et fixa son adversaire qui bondit sur lui, toutes dents en avant. Ce n'est que lorsque le rattatac quitta le sol qu'il traversa le terrain d'un seul coup d'ailes. Le rongeur atterrit tête la première sur le sol pierreux et le Rocket sortit enfin de sa léthargie, surprit de sa défaite. Son pokémon l'était tout autant, en plus d'avoir subi le choc de son attaque manquée. Alfaro ordonna une autre vive-attaque mais il l'accompagna d'un sifflement qui fit réagir Flavio. Le minoiseau toucha sa cible qui s'effondra dans la poussière. -J'le crois pas...battu par un piaf ? Aler-oumpf ! Le rocket n'eut pas le temps d'appeler ses collègues. Dans un sursaut d'inspiration, le natif de Safrania avait sorti son bulbizarre et lui avait ordonné de jeter le rattatac sur son dresseur. Ce dernier, sonné, ne put rien faire contre l'assaut du jeune homme qui le redressa par le col. -Maintenant tu la fermes et tu réponds gentiment à mes questions. Billy, à mon signal, fouette-le. -Bulbi ? -Ne discute pas et fais ce que je te dis ! A nous deux maintenant, dit-il à l'homme qu'il empoignait fermement. Qu'est-ce que vous faites ici ? -En quoi ça t'intéresse, gamin ? -Billy... Le quadrupède sortit ses lianes, en proie à un grand doute. Le dresseur par qui il avait été choisi n'était certes pas le plus attachant, il s'en était vite rendu compte, mais ce n'était pas non plus un monstre et il était heureux de l'aider dans sa quête. Cependant, son libre-arbitre s'opposait pour la première fois aux ordres de l'humain. -Billy ! L'ordre, lancé d'une voix sèche, n'acceptait aucune contestation. Le bulbizarre ferma les yeux et s'exécuta. Le cri du Rocket, touché à la nuque, suivit le sifflement de la liane avant qu'Alfaro ne l'interrompe. -Continue de crier et je lui ordonne de recommencer. Maintenant, répond. -On cherche des fossiles, rien d'autre ! répondit l'homme en noir. Des types sont prêts à les acheter à prix d'or et il paraît même qu'on peut ressusciter des pokémon avec ça. -Et vous les trouvez comment, vos cailloux ? En volant d'autres dresseurs ? -P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non, répondit l'homme en souriant. La Team n'aime pas se salir les mains. -Moi non plus, ce qui me fait penser que j'ai assez touché la pourriture que tu es. Alfaro le jeta contre le mur et le laissa partir avertir ses collègues, laissant le rattatac là où il s'était effondré. Alfaro le suivit d'un pas tranquille, conscient que d'autres criminels feraient tout pour le ralentir. Il reconnaissait bien là le style de la Team Rocket : dès que quelqu'un d'assez puissant se confrontait à eux, ils abandonnaient et tentaient de sauver ce qu'ils pouvaient. Vraiment pathétique. L'ancienne carrière de pierre était éclairée par des lampes de chantier abandonnées quand il y entra. Alfaro semblait être arrivé comme un cheveu sur la soupe et les rocket qui lui barrèrent le chemin un par un étaient clairement voués à faire gagner du temps au reste du groupe. Ils ne reçurent cependant pas le même traitement que le premier, pour le plus grand soulagement de Billy. Le fait qu'ils s'échappaient immédiatement après leur défaite rejoindre leur troupeau en abandonnant leurs pokémon sur place devait y être pour quelque chose. Alfaro ne se souciait pas du sort des créatures abandonnées ainsi et était convaincu qu'elles retourneraient à l'état sauvage. La plupart des pokémons vaincus par les siens étaient des nosferapti capturés dans la grotte, il ne leur serait donc pas compliqué de reprendre leur vie comme ils la menaient avant avant leur capture. Quand aux rattatas...ils se débrouilleraient bien d'une manière ou d'une autre. Le silence était maintenant complet dans la carrière. Les rockets avaient quitté le mont sélénite et le bruit de leur départ précipité ne résonnait plus entre les murs de la grotte. Alfaro quitta à son tour les lieux, satisfait d'avoir mis en fuite les bandits comme jamais il n'avait pu le faire à Safrania. Il remarqua alors deux blocs de pierre massifs, abandonnés en plein milieu du chemin. Sûrement des débris issus du perçage de la galerie, pensa-t-il. Il marcha à côté sans s'y intéresser mais fut aussitôt assailli par une odeur plus nauséabonde que tout ce qu'il avait connu jusqu'alors. -Dégagez de là, Team Rocket ! Ces fossiles sont à moi ! entendit Alfaro. L'odeur était tellement forte qu'il ne pouvait plus respirer. Il pensa tout de suite à un pokémon poison, sortit Pinball et vit avec satisfaction qu'il n'avait pas l'air trop gêné par l'odeur. Au contraire, il trouva très vite la cause du gaz : un smogo qui cessa de répandre ses émanations dès qu'il fut touché par les poings du racaillou. Un rayon de lumière l'aspira dans une ball et un grand type maigre sortit de l'ombre des rochers. -Bico, go ! -Je ne suis pas un...oh et puis merde. Bico le voltorbre rejoignit bientôt le smogo dans sa pokéball, de même que le tadmorv qui fut envoyé après. Le dresseur adverse s'effondra alors par terre et se mit à pleurer. -Je me rend, désolé ! Faites ce que vous voulez de moi mais s'il vous plaît, laissez-moi au moins un fossile ! Je vous donnerai tout ce que vous voulez ! -Mais garde-les tes fossiles ! s'exclama Alfaro, à bout de patience. Je ne suis pas un membre de la Team Rocket ! -C'est vrai ? Cool ! Tu veux qu'on partage ? Le changement d'humeur de l'autre dresseur s'était fait en un claquement de doigts. Il était passé de pleurnichard à "gosse devant ses cadeaux de Noël", à savoir les fossiles. Alfaro les examina d'un bref coup d'oeil : gros, lourds, encombrants, impossible d'en tirer quoi que ce soit dans l'immédiat et attirant les bandits. En transporter un serait comme doubler son temps de trajet. -Nan, tu peux les garder. Bonne chance pour les transporter. Le brun s'en alla, laissant l'autre avec ses deux fossiles. Même si ces pokémon enfermés dans la roche étaient rares, ils avaient sans doute disparus pour une bonne raison : leur faiblesse. Ils seraient donc une gêne, vivants comme morts. La nuit était tombée depuis longtemps déjà lorsqu'il atteignit la sortie. La fatigue, chassée par l'adrénaline de la chasse au Rocket, le rattrapa après seulement quelques bouffées d'air frais et nocturne. Le noir d'encre dans lequel il se trouvait n'était percé par aucune lumière, exceptées celles qui émanaient de la grotte toujours éclairée et de sa lampe électrique. Alfaro suivit le chemin vers Azuria en évitant du mieux qu'il le pouvait les créatures nocturnes qui chassaient dans les environs. Il lui fut cependant impossible d'ignorer le sabelette qui se présenta à lui. -Foutus grattes-papier...comment peuvent-ils savoir que tu seras la première bestiole que je croises ? Vas-y doucement, Billy. Le pokémon plante sortit de sa ball et se campa, presque aussi fatigué que son dresseur. Il lança mollement plusieurs charges et ne réagit pas aux attaques griffe. Alfao dut s'y prendre à deux fois pour attraper le sabelette et fut surpris quand la ball vibra en émettant plusieurs "bip". Il la ramassa mais elle disparut dans un éclair de lumière blanche avant qu'il n'ai eu le temps de l'examiner correctement. Il trouva le phénomène étrange et recompta le nombre de balls à sa ceinture. Billy, Flavio, Joey, Trotwood, Pinball et un sixième pokémon dont il avait complètement oublié l'existence, plus préoccupé par la poursuite de la Team que par son nouveau garde du corps. Il enclencha la pokéball mystère et éclaira ce qui en était sorti : une sorte de gros poisson orange se débattait dans l'herbe en faisant des "floc floc" pitoyables. Le brun se mordit la lèvre en repensant à l'escroc dont il avait eu pitié un peu plus tôt. 500 pokédollars en moins, un pokémon inutile en plus et toujours cette manie d'aider discrètement ceux qui avaient des ennuis avec la Team Rocket. Il s'était pourtant juré de ne plus rien faire pour leurs victimes lorsqu'il avait quitté Safrania. -Pizzo...murmura-t-il en guise de baptême. On verra ce que je ferai de toi plus tard. Il rappela le poisson dans sa ball et allait en faire de même avec Billy. Ce dernier était immobile et Alfaro pensa qu'il était endormi. Il eut la décence de s'approcher de lui et constata son erreur. Billy n'était pas paisiblement endormi, bien au contraire. Il était horriblement crispé, les yeux clos comme s'il luttait contre quelque chose, et poussait de brefs couinements. Tout indiquait chez lui une douleur extrêmement forte. Alfaro sentit son cœur rater un battement alors qu'il tenta de le rappeler dans sa pokéball. Il paniqua quand le rayon rouge rebondit sur le pokémon plante et allait le prendre dans ses bras pour l'emmener au plus vite à Azuria quand Billy irradia lentement de lumière blanche éclatante et diffuse caractéristique de l'évolution. Après un temps qui parut interminable au dresseur, elle s'éteignit et laissa place non plus à un bulbizarre mais à un pokémon plus gros et portant une fleur close qui remplaçait le bulbe : un herbizarre. Le brun s'approcha prudemment et constata que Billy s'était endormi pour de bon, certainement épuisé par son évolution. Ce qui était bizarre, c'est que Trotwood n'avait pas montré une telle souffrance lorsqu'il était passé de chenipan à chrysacier. Il hésita un instant entre rester sur place et continuer son chemin mais choisit la seconde option. Tant pis si Billy ne supportait pas le voyage, ils seraient tous mieux à l'intérieur d'un centre pokémon. A suivre... En italien, la "pizzo" est la "somme versée aux mafieux par les commerçants en échange d'une protection". Du racket, en fait. Quand à Pinball, avec du recul, je me demande si je n'ai pas choisi ce surnom à cause de "Pokémon pinball", un jeu sur Game Boy qui m'a fait rager à un haut degré quand j'était petit. Pas beaucoup d'inspiration pour la postface de ce chapitre, j'ai déjà tout donné pour l'écrire. A bientôt !
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mar 4 Mar 2014 - 18:11 | |
| Je suis fier de vous présenter ce neuvième chapitre moins de trois semaines avant la sortie du précédent, en espérant être en mesure de garder le rythme ^^ - Chapitre 9:
Alfaro regardait silencieusement Billy, étrangement amorphe depuis son évolution. La nuit passée au centre pokémon d'Azuria leur avait certes permis de récupérer de leur aventure au mont Sélénite mais le désormais herbizarre n'agissait pas avec le même entrain que d'habitude. Le jeune infirmier qui le lui avait rendu au matin lui avait sorti une longue et pédante explication et Alfaro, se retenant de l'insulter, lui avait demandé d'abréger ses explications.
"Dépression post-évolutive", lui avait dit l'encyclopedie ambulante. "Une sorte de crise d'adolescent mal dans sa peau". Cela n'arrangeait pas le dresseur qui n'avait pas de temps à perdre avec une thérapie de groupe. Heureusement, l'infirmier lui conseilla d'agir comme d'habitude et de donner juste un peu plus d'attention à son herbizarre, le tout dans la bonne humeur que constituait "une équipe de pokémon soudé sous la bienveillante férule de leur guide et dresseur". Alfaro n'en attendait pas mieux venant d'un jeune con diplômé n'ayant jamais voyagé seul.
Lui et Billy étaient maintenant tous les deux dehors, cherchant une boutique afin de réapprovisionner leur stock d'objets et de nourriture. Tous les autres étaient dans leurs balls sauf Trotwood qui voletait au-dessus de la tête de son dresseur et jouait avec le vent paisible qui soufflait en ce moment même. Une fois ses achats faits, Alfaro décida de demander conseil au professeur Chen. Il en savait peut-être plus sur le comportement de Billy puisqu'il avait passé quelques temps en sa compagnie.
De retour au centre pokémon, Alfaro se connecta lentement mais sûrement au vidéophone et, dans une joie parfaitement dissimulée, parvint à contacter son responsable du premier coup.
-Alfaro, quel plaisir de te voir ! Comment vas-tu mon garçon ?
-Très bien, professeur. Et vous ?
-Tout va bien de mon côté. Toutes mes félicitations pour ta septième capture, je ne pensais pas que tu y parviendrais aussi vite.
-Comment le savez-vous ? demanda-t-il, interloqué.
-C'est très simple : comme tu l'as sans doute remarqué, la ball de ton sabelette s'est comme volatilisée après la capture. Elle a tout simplement été transférée à mon labo. Puisqu'un dresseur ne peut avoir plus de six pokémon sur lui, il est d'usage que les autres soient envoyés vers un lieu de stockage ou chez leur garant. Mon parc est un peu vide ces temps-ci, alors je me disais que tes pokémon seraient mieux à l'air libre qu'enfermés dans des boîtes. Cela ne te déranges pas, j'espère ?
-Pas du tout, professeur. Je voulais juste vous demander...
Alfaro s'interrompit. Il venait à l'instant de penser à la réaction de son garant si il voyait le pokémon qu'il lui avait offert dans un état aussi triste. Même si ce n'était pas de sa faute, et il en était convaincu, la confiance que lui portait le vieux Chen risquait d'être amenuisée. Il fallaittrouver autre chose très vite ou bien le scientifique allait se douter de quelque chose.
-...Vous pourriez m'envoyer...Cleopatre...le sabelette ? demanda-t-il en butant presque à chaque mot.
-Tout de suite, mon garçon. Tu n'as qu'à mettre un autre de tes pokémon dans le téléporteur à côté de toi. Le creux rond juste à côté du clavier, ajouta-t-il devant l'air perdu d'Alfaro. Voilà, et maintenant, tu appuie sur ce bouton. Non, pas celui-là, l'autre.
Environ dix minutes et une quantités de commandes amorcées et annulées plus tard, Pinball laissa la place à Cleopatre. Le chercheur soupira avec soulagement : si celui dont il avait la charge s'avérait un très bon dresseur, il était en revanche une catastrophe avec l'informatique. C'était presque un miracle qu'il n'ait pas mis l'ordinateur hors-service.
-Et comment vont tes pokémon ?
-Ils vont tous très bien. Flavio va beaucoup mieux depuis la dernière fois.
-Magnifique ! Je me répètes peut-être, mais tu es très doué. Les informations que tu m'as envoyé via ton pokédex m'aident également beaucoup, même si William semble prendre plus à coeur cette mission que toi.
Alfaro ne réagit pas à l'évocation de l'autre dresseur. Moins il en savait sur lui et mieux il se porterait. Avoir un rival ou quelque chose de semblable ne lui était d'aucune utilité.
-Si jamais tu venais à le croiser, dis-lui de m'appeler. Cela fait un peu trop longtemps que je n'ai pas de nouvelles de lui.
-J'y penserai. Autre chose ?
-Continue de remplir le pokédex comme je te l'ai demandé, ce sera tout. Bonne journée à toi.
-Au revoir, professeur.
-Ah ! Tu ne m'avais pas dis que...
Alfaro coupa la communication avant que le chercheur ne puisse terminer sa phrase. Il venait sans doute de remarquer que Billy avait évolué en examinant les données du pokédex qu'il lui avait envoyé mais le brun ne voulait absolument pas lui en parler. L'état de l'herbizarre était son problème et il tenait à le résoudre comme il le voulait. Hors de question de laisser la pièce maîtresse de son équipe dans un tel état, après tout. Et il avait déjà comment il allait faire...
-Comment ça, le champion n'est pas là ?
-Il va falloir attendre, dresseur. Celle que tu cherche n'ouvre jamais ce jour-ci. Elle ne sera de retour que demain. Envie de te baigner, à la place ?
Le regard noir que lança Alfaro au type de l'accueil lui fit savoir le degré d'humour qu'il supportait. Et il était très bas.
-J'ai compris. Si tu veux du combat, tu peux toujours entraîner tes pokémon au nord. De toute manière, la zone entière est bouclée jusqu'à nouvel ordre. Cinq cambriolages ont été commis la veille à différents endroits, ajouta-t-il devant l'incompréhension totale du brun. Un véritable raid et la police n'a pas encore mis la main sur les coupables.
-Bon, merci pour l'info.
-A demain, dresseur.
Alfaro sortit de l'arène qui faisait également office de piscine publique, ce qui était totalement différent du gymnase désert d'Argenta. Il examina sa carte et vit que l'homme ne lui avait pas menti. Deux chemins se succédaient au nord : l'un menait à une crique et l'autre faisait une boucle jusqu'à rejoindre la ville. Il se dirigea droit vers le pont qui menait à la route 24 et, comble du hasard, croisa la personne idéale pour le ralentir.
-Yo, machin.
-Je suis pressé, l'écureuil. Va te faire botter le cul ailleurs.
Alfaro donna un violent coup de coude à William pour l'écarter, ce qui fonctionna. Le petit-fils de Chen sortit alors un roucoups.
-Echarpeur, jet de sable sur ce minable.
Les vêtements d'Alfaro furent bientôt couverts de terre mais il ne broncha pas. Le roucoups le poursuivait toujours, tout comme la voix de son maître.
-T'as pas l'air si pressé que ça, si tu veux aller t'entraîner. De toute manière, tu perds ton temps : je me suis déjà fais tous ces dresseurs mais mes pokémon en veulent encore. Tu pourrais offrir les tiens en dessert, ils serviraient enfin à quelque chose.
-Tu en as été privé tellement de fois que tu fait une fixation dessus ? Dommage pour toi, tous ceux qui ont combattu mon équipe se sont retrouvé avec un gros mal de ventre. Tu devrais t'en souvenir.
-Avoue que tu as trop peur de me voir prendre ma revanche sur toi.
-La seule chose que je doit avouer c'est que tu me fais perdre mon temps.
-Si tu gagnes, je te donne l'adresse d'un type qui t'aidera à remplir ton pokédex. C'est une grande faveur que je te fais là.
-Un scientifique ? dit Alfaro en se retournant.
-Plus ou moins. Tu as déjà vu les ordinateurs du centre pokémon ? C'est lui qui a inventé le système de stockage des pokémon.
Alfaro regarda le dresseur en face de lui. Trois pokéball se trouvaient à sa ceinture et il jouait distraitement avec celle de son roucoups. Ils seraient peut-être plus forts que les siens mais il avait l'avantage du nombre.
-Prépare-toi à cracher tout ce que tu sais, l'écureuil. Joey, à toi !
Le rattata sortit, faisant luire ses crocs au soleil. Le roucoups en face de lui ne fut nullement impressionné et lança une attaque tornade sous l'ordre de son dresseur.
-Utilise la tornade pour accélérer et lance croc de mort !
Le quadrupède mauve encaissa l'attaque et bondit sur le poitrail de l'oiseau. Ce dernier remua ses ailes pour le faire partir et le jeta en l'air avant de lui lancer une deuxième attaque tornade. Joey se retrouva dans l'oeil du courant d'air, secoué de toutes parts, avant de retomber lourdement au sol, sans bouger.
L'image d'un aspicot mort de la même manière remplaça la scène qui se déroulait sous les yeux d'Alfaro.
-Joey, relève-toi !
-Rappele-le, il est incapable de combattre.
Le rattata se releva tant bien que mal en faisant un mouvement du bassin trop étrange pour qu'ils paraisse naturel. Contre toute attente, il bondit une deuxième fois sur l'oiseau qui, prit par surprise, ne put rien faire. Ils se séparèrent au bout d'une lutte intense, les crocs de Joey teintés de sang. Aucun des deux pokémon ne pouvait plus bouger.
-Match nul, on dirait, commenta Alfaro.
-T'es aussi cinglé que ton rat, cracha William. Kim, à toi !
Un abra remplaça le roucoups au plumes rendues poisseuses par son propre sang. Alfaro fit de même en envoya Cleopatre le sabelette.
-Kim, choc mental !
Mais rien ne se produisit. Le brun soupçonna un piège mais rien ne laissait présager une telle ruse, que ce soit sur le visage de William ou dans les mouvements de l'abra. Il poussa la curiosité jusqu'à le scanner à l'aide de son pokédex.
-"Abra, le pokémon psy. Il dort environ dix-huit heures par jour et se téléporte en cas de danger, ne pouvant pas encore se défendre lui-même". Tu veux devenir comique ?
-Teleport !
Le petit pokémon jaune tourna la tête vers son dresseur mais ne fit rien d'autre, contrairement au sabelette qui lui porta un léger coup de griffe.
-Bonne idée, Cléo. Fais-lui des pichenettes.
D'abord réticent, le sabelette prit lui aussi plaisir à gentiment torturer son opposant sous les rires d'Alfaro. Le plaisir ne dura pas longtemps puisque l'abra fut rappelé et remplacé par un rattata. Cleopatre laissa la place à Billy qui sembla se réveiller un peu lorsqu'il se rendit compte qu'il était poussé à combattre. Le mimi-queue qu'il vit le laissa de marbre et deux fouet-liane suffirent à renvoyer le rongeur sous les jupes de son maître.
-Mais merde ! Aka, règle-lui son compte !
-Beau boulot Billy. Joey, on y retourne !
Pas inconscient pour un sou, Alfaro administra tout d'abord une potion au rattata qui retourna sur le champ de bataille, prêt à combattre. Il dépassait le salamèche en agilité et ses croc dominèrent les griffes du lézard. Les ordres bafouillés de William ne suffirent pas suffit à renverser la situation.
-C'est pas juste ! Personne n'a pu me vaincre pour l'instant ! Comment est-ce qu'un plouc comme toi a pu me battre trois fois !
-On n'a pas grandi dans les mêmes coins, c'est tout. Va à Safrania et tu comprendras peut-être. Et cette info ?
Bon gré mal gré, William tint parole et dévoila ce qu'il savait d'une voix amère.
-Il y a un ensemble de villas au bout de la route 25, face à la jetée. Tu demanderas à voir Léo le pokémaniaque. Avec un peu de chance, il acceptera de montrer sa collection à un minable comme toi.
-Ouvre un dictionnaire et tu verras quel dresseur apparaît à côté du mot "minable". Un indice : c'est un écureuil qui va vite partir la queue entre les jambes.
William ne releva pas l'insulte et partit vers le centre pokémon tandis qu'Alfaro partit dans la direction opposée et posa enfin le pied sur le pont. Il n'eut que le temps de faire quelques pas avant de se faire barrer la route par un groupe de dresseurs.
-Si tu veux traverser, tu vas devoir nous passer sur le corps ! A mon signal...Go !
-Bataille royale ? Comme vous voulez. Déchainez-vous, les gars !
Alfaro fit sortir l'ensemble de son équipe deux par deux. Une violente bataille s'engagea alors sur le pont : Joey et Trotwood, l'un monté sur l'autre, faisaient équipe contre des nidoran. Le papilusion larguait son passager qui mordait à tout va et lançait des attaques choc mental à distance. Billy jouait des lianes et servait de bouclier à Pizzo qui gigotait, inutile, face à un férossinge à l'air teigneux. Seuls Cleopatre, aux prises avec une floppée d'insectes, et Flavio, dont l'instinct lui dictait de s'occuper des pokémon plantes, avaient besoin d'être accompagnés dans leurs mouvements par Alfaro. Les ennemis tombèrent un par un et ce fût l'équipe en sous-nombre mais mieux entraînée qui remporta la bataille.
-Alors, c'est tout c'que vous avez ? Venez, j'vous attends.
-Bravo ! Excellent, magnifique, incroyable ! Une telle maîtrise de tes pokémon et un sang-froid à toute épreuve...tu as un potentiel qui ne demande qu'à être exploité !
Ce flot de compliments venait d'un homme qui se tenait jusqu'àlors en retrait et applaudissait. Il semblait être le chef de la bande car les cinq autres dresseurs s'écartèrent respectueusement sur son passage.
-J'ai assisté au combat et le moins qu'on puisse dire, c'est que tu sais y faire avec tes pokémon. En vadrouille ?
-Plus ou moins. Je suis pressé alors grouillez-vous d'en finir avec votre baratin.
-Manque de discipline...murmura l'homme. Mais bon, puisque tu as gagné, laisse-moi t'offrir un petit cadeau.
Il lui lança un petit objet qu'Alfaro réceptionna avant d'examiner. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise devant ce qu'il voyait.
-C'est...une pépite ! Vous en avez combien pour les distribuer comme ça ?
-Dans mon groupe, des cailloux comme ça, on en a des centaines. Tu veux en avoir plus ?
Alfaro flaira l'arnaque et attendit que l'autre continue.
-Tu m'as l'air malin, alors autant y aller directement. Je fais partie de la team rocket. Rejoins-nous et tu obtiendras tout ce que tu veux. On saura comment utiliser tes dons et tu grimperas très vite dans la hiérarchie.
La rage d'Alfaro se déclencha trop vite pour que personne sur le pont ne puisse faire quoi que ce soit. Il se précipita sur le Rocket qui sortit deux pokémon. Ces derniers furent envoyés au tapis en quelques attaques et le natif de Safrania jeta son adversaire par-dessus le parapet. Un gros "plouf" confirma la chute du Rocket et les insultes qu'il lui lançait prouvaient au moins qu'il savait nager.
-Maintenant, dit-il aux autres dresseurs, vous avez trois secondes pour dégager de ce pont.
Sa menace fut entendue et il fut seul avant d'avoir fini le décompte. William, une bande de vendus, un Rocket...la journée commençait bien et il n'était pas encore midi. Si seulement il ne se levait pas aussi tard, il aurait pu se vanter de remettre les bandits à leur place avant le petit-déjeuner. A cette idée, il décida de faire une pause bien méritée près des hautes herbes et de soigner ses pokémon. Joey était celui qui l'inquiétait le plus, les potions ne pouvant rien faire contre le coup qu'il avait reçu en tombant durant le combat contre le roucoups de William. Il parvenait à bouger à peu près correctement mais s'immobilisait parfois plusieurs secondes.
-Pas d'imprudences jusqu'à ce que je t'emmène au centre, c'est compris ?
-Ratta !
Au moins lui obéissait-il plutôt bien. Alfaro avait remarqué que ses pokémons avaient des affinités entre eux. Joey et Trotwood étaient désormais inséparables mais avaient du mal à joindre les autres à leur duo. Cleopatre, encore nouveau, s'amusait à donner des petits coups à Pizzo. Flavio, si il avait fait des progrès, restait encore immobile la plupart du temps tout près de son dresseur, comme une statue. Quand à Billy, il s'entendait très bien avec tout le monde et partageait sa nourriture avec le chétiflor.
Une minute...depuis quand un tel pokémon les avait-il rejoint ?
-Billy, plaque-le au sol !
-Zarre ! Herb !
-Cheti ?
-Billy, tu m'écoutes ? Immobilise-le !
L'adepte des plantes ignora l'ordre et fit claquer ses lianes juste sous les racines du chetiflor qui, effrayé, partit aussi vite qu'il le put. Il se fondit dans des buissons et échappa à la ball lancée dans la panique par Alfaro.
-Billy ! Viens ici tout de suite ! rugit-il.
Le regard des autres membres de l'équipe se tourna immédiatement vers leur dresseur. Jamais il n'avait montré autant de colère envers l'un deux.
-Dit, Trot. Pourquoi il est en colère comme ça, le Maître ? demanda Cleopatre
-Billy a fait l'exact opposé de ce qu'il lui avait demandé. Bouchez-vous les oreilles, ça va être un vrai carnage.
-L'imbécile, remarqua Joey. A sa place, j'aurais bondi sur lui et laissé le Maître attraper l'intrus.
-Il a toujours été comme ça, Billy ? Eh, dit Trot, il a toujours...
-Non, l'interrompit le papilusion. C'était même le plus obéissant de nous tous. Et je crois savoir pourquoi il se rebelle...
-Et pourquoi ? Hé, Trot, dit, pourquoi ?
Trotwood allait répondre mais n'en fit rien. Le sabelette était encore trop jeune pour entendre la vérité mais lui avait bien vu pourquoi l'herbizarre était devenu si méfiant envers le Maître. Il ne savait cependant pas comment tout cela allait finir...
-J'attends. Pourquoi m'as-tu désobéi et fait fuir ce chetiflor ?
L'herbizarre reta silencieux, fixant un point sur le sol.
-Bordel, qu'est-ce que j'ai fait pour avoir un tel pokémon ? se plaignit Alfaro en levant les yeux au ciel.
A ces mots, Billy sortit une de ses lianes et l'appliqua délicatement sur la nuque de son dresseur. Ce dernier se demanda un instant la signification d'un tel geste avant de déviner ce que son pokémon voulait lui faire comprendre.
-Quoi, c'est tout ? Tu supportes pas d'avoir blessé ce salaud de Rocket au mont Sélénite ?
-Zarre...
-Ecoutes-moi bien. Tu ne comprends peut-être pas parce que tu es pokémon, mais la Team Rocket sont des humains méchants pour les hommes comme pour les pokémons. Puisque ce sont des méchants, il faut être méchant avec eux. Ils le méritent.
Billy regarda le visage de son dresseur, peu convaincu. Il n'était pas si bête et savait que quelque chose n'allait pas dans le raisonnement de son maître. Si seulement il pouvait lui faire comprendre...
-Herbi, herbizarre ?
-Oui, je sais, ce sont des humains. Mais eux aussi forcent leurs pokémon à attaquer les gens. Tout le monde a peur d'eux à cause de ça, la seule solution est donc de faire pareil. Capito ? Je veux dire...compris ?
-Herbi...zarre...
C'est ainsi que l'incident fut clot et qu'ils se remirent en route. Comble du hasard, Alfaro eu la chance de capturer un autre chetiflor, baptisé Brazil. Les dresseurs qui se trouvaient sur la route durent ployer devant la puissance de la petite troupe et ils atteignirent les luxueuses villas qui se trouvaient au bout. Le dresseur n'eut aucun mal à trouver celle du dénommé Léo : un amoncelement d'appareils usagés, de câbles et de ferraille se trouvait devant. Alfaro frappa plusieurs fois mais n'obtint pas de réponse. Ne voulant pas rebrousser chemin, il enclencha la poignée dans l'espoir de voir la porte s'ouvrir, ce qu'elle fit difficilement.
Il devina que la pièce dans laquelle il se trouvait était le salon, au vu des canapés et des tables noyés sous le désordre. Papiers, vaisselle sale, câbles, quelques ordinateurs portables et des cartons rendaient le passage difficile. La propriété entière était un capharnaüm sans nom. Il explora encore et arriva dans une salle aussi désordonnée que le reste de la villa qui ressemblait à un laboratoire.
-Excusez-moi, y'a quelqu'un ?
-Lolof.
Alfaro se retourna vers l'endroit d'où provenait cet étrange cri aigu. Derrière un appareil se trouvait une petite créature rose aux oreilles pointues. Ses dents retenaient un câble électrique et ses yeux froncés indiquaient la plus grande concentration. Alfaro le scanna avec son pokédex.
-Un mélofée, hein ? Tu dois appartenir à Léo. Lâche ça, dit-il en s'approchant, tu risques de t'électrocuter.
Le mélofée esquiva les bras qui tentaient de le prendre en faisant un saut sur le côté. Il se lança ensuite dans une longue série de cris à l'articulation bizarre pour un pokémon. Les sons étaient les mêmes mais il parvenait à les combiner de telle manière qu'il pouvait en créer d'autres, en plus des syllabes qui composaient son nom.
-Je ne comprends absolument rien à ce que tu me racontes. Est-ce que ton maître est là ?
Le mélofée s'interrompit et plaqua la paume de sa main sur son front, comme le ferait un humain témoin de quelque chose de stupide. Il s'approcha d'un bureau, y monta difficilement, prit une feuille de papier et la présenta à Alfaro.
-"Si vous trouvez ceci, c'est que mon expérience a échoué d'une manière ou d'une autre. Il se peut que je sois coincé quelque part dans le réseau informatique..." Quoi ?
-Mélo ! ordonna le mélofée en pointant la feuille du doigt.
-"...dans le réseau informatique, que je sois mort ou que je sois transformé en une créature non-humaine. Si la troisième option s'avère vraie et que je suis incapable de communiquer, lancez le programme "CTRLZToutPuissant" depuis l'ordinateur central de mon laboratoire. Sinon, lancez le programme "SherlockHolmes" qui déterminera laquelle des deux premières options est la bonne. Il tentera automatiquement de me ramener si je suis encore en vie. Sinon, considerez-moi comme mort. Mes dernières volontées...Evoli...Figurines de "Space magmar"...Posters lolicons...
Le mélofée bondit depuis la table et arracha la feuille des mains de l'humain. Il pointa ensuite de l'une de ses griffes "CTRLZToutPuissant" et "ordinateur central". C'est à cet instant qu'Alfaro comprit.
-C'est vous Léo !? C...Comment vous avez fait ça ?
L'humain transformé en pokémon gonfla ses joues et fronça les yeux. Il pointa ensuite du doigt un ordinateur et partit dans un caisson, attendant très certainement qu'Alfaro enclenche le programme. Le brun pria tous les dieux qu'il connaissait et cliqua deux fois sur l'icône "CTRLZToutPuissant". Les moteurs de la machine firent un bruit semblable à celui que ferait une clé frottée contre une corde de piano, ce qui effraya le dresseur, plus habitué aux moteurs à essence qu'à ceux sortis de films de science-fiction. Un autre caisson s'ouvrit alors et un nuage de fumée s'en échappa, libérant un homme grand et dégingandé aux cheveux chataîn.
-Fantastique ! Ce n'était pas le résultat prévu mais qu'importe, c'est une idée à creuser. Il me faut de quoi noter cette experience...
Alfaro toussota bruyamment.
-Oh, pardon, j'avais oublié que tu étais là. Désolé pour le dérangement, tu peux partir, dit Léo en fouillant dans la pièce.
-Drôle de façon de remercier son sauveur. Sans moi, vous seriez encore en train de mâchouiller un fil électrique.
-Je ne pouvais pas atteindre mon placard à sucreries et les griffes des mélofées sont sacrémént affutées, il fallait bien que je trouve autre chose à grignoter pour me concentrer. Mais passons sur ce détail. Tu t'appelles...?
-Alfaro Straeno. J'aurais quelque chose à vous demander.
-Ma collection de données publiques est à la deuxième porte à droite en sortant du labo, si c'est ce que tu veux, dit Léo d'un ton pressé.
-Non, c'est autre chose. Est-ce que vous connaissez Alberto Straeno ?
-Jamais entendu parler. Mes contacts sociaux se comptent sur les doigts d'une main, les professionnels de l'autre, et il ne fait partie d'aucun des deux groupes. Maintenant ouste ! J'ai du travail.
Alfaro quitta l'énervant scientifique qui n'avait pas cessé de bouger dans la pièce durant toute leur conversion. Le professeur Chen, lui, avait au moins la décence de proposer quelque chose à ses invités, ce qui n'était pas le cas de Léo.
-Oh zut. Attend !
Le brun se retourna vers l'informaticien qui s'approcha en lui tendant un morceau de papier rectangulaire.
-Désolé pour mon comportement, c'est toujours comme ça quand je suis plongé dans mes recherches. Prend-ça en guise de remerciement.
C'était un ticket d'entrée pour la fête d'un bateau de luxe à carmin-sur-mer, une ville portuaire située au sud. Alfaro n'en croyait pas ses yeux. Jusqu'à quel point cet homme était-il fou pour lui offrir quelque chose d'aussi cher ?
-On m'a invité à cause de mon goût pour les pokémon rares mais je ne supporte pas les foules. Vas-y à ma place, ce serait dommage de ne pas utiliser ce ticket.
-Vous êtes sûr ?
-Oui ! Maintenant sors de là, dit Léo.
Il fît un mouvement de sa main pour accompagner son ordre et Alfaro obéit, déçu de ne pas avoir l'ombre d'une piste concernant son père. Au moins ne partait-il pas les mains vides, même s'il doutait fort aller à cette fête.
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 6 Avr 2014 - 8:32 | |
| Et voici votre chapitre mensuel ! Il faut vraiment que j'accélère le rythme au risque de passer trois ans sur ce Nuzlocke. Bonne lecture ! - Chapitre 10:
-C'est à ton tour, dresseur. Alfaro leva les yeux de la brochure sur les pokémon eau qu'il lisait à l'appel de son nom. La championne d'Azuria était enfin revenue mais les challengers étaient si nombreux ce jour-là qu'elle avait décidé d'organiser des matchs éliminatoires, matchs que le brun avait remporté sans problèmes grâce à son pokémon plante. Chose rare à Kanto, les combats contre elle avaient lieu en public et profitaient de la fréquentation de la piscine pour attirer les amateurs, ce qui n'était pas du goût d'Alfaro, plus habitué aux combats à l'abri des regards. C'est donc d'un pas nerveux qu'il se rendit vers la partie du bâtiment réservée aux spectacles aquatiques. Le public était nombreux ce jour-là, comme si il voulait rattraper les trois jours où la responsable de la zone ne pouvait pas leur offrir leur dose de spectacle. Des applaudissements polis suivirent l'entrée du challenger dans l'arène et triplèrent d'intensité lorsque la favorite entra à son tour. Elle était plus jeune que ce à quoi s'attendait Alfaro, probablement du même âge que son collègue d'Argenta. De taille moyenne mais athlétique, ses cheveux roux coupés courts brûlaient avec autant d'intensité que ses yeux, ce qui lui donnaient un air de garçon manqué. Le sourire qu'elle adressait au public ainsi que son salut de la main s'évanouirent lorsqu'elle croisa le regard de son adversaire et son visage devint tout de suite beaucoup plus dur. Alfaro était sûr qu'elle n'était pas du genre à faire des concessions en combat. -Et maintenant, mesdames et messieurs, un combat exceptionnel ! Le challenger tout droit venu de la capitale va subir la déferlante de la sirène d'Azuria : Alfaro Straeno contre Ondine ! La championne utilisera deux pokémon tandis que son adversaire n'aura aucune limite. Que le match commence ! Les deux dresseurs envoyèrent leurs pokémon au combat en même temps : Billy, matérialisé sur une plate-forme flottante, faisant face à un étrange pokémon jaune en forme d'étoile qu'Alfaro n'avait encore jamais vu : un stari. Ondine fit le premier mouvement. -Yana, plonge puis charge ! -Reste sur tes gardes, conseilla Alfaro à l'herbizarre. Pokémon et dresseur scrutaient la surface de l'eau dans laquelle le Stari avait habilement plongé. Le pokémon aquatique pouvait attaquer de n'importe quel côté et seuls leurs réflexes combinés pouvaient faire pencher la balance. L'étoile jaune sortit d'un bond et frappa de plein fouet Billy avant de replonger aussitôt. -Un coup direct de notre championne ! indiqua inutilement le commentateur. Cela marchera-t-il une deuxième fois ? Son hypothèse fut contrecarrée par la vivacité du challenger et de son pokémon. Le stari sortit une nouvelle fois de l'eau mais fut stoppé par les lianes de Billy qui l'envoya s'écraser contre un mur. Il glissa et s'échoua lamentablement contre le sol, son joyau régénérateur heureusement intact. Le pokémon qui fût ensuite envoyé était sans aucun doute possible l'évolution du précédent : un staross. -Armure, plonge et charge ! -Fouet-liane, Billy ! L'étoile mauve fut plus rapide et inaugura un violent ballet aquatique. Elle plongeait, surgissait et chargeait à une vitesse telle que Billy ne pouvait rien faire. Le bord de la plate-forme se rapprochait dangereusement et tous savaient que l'adepte des plantes ne pourrait rien faire une fois dans l'eau. Alfaro ordonna une vampigraine qui parasita le staross mais le temps manquait et elle était toujours infatigable. Ondine n'avait plus rien ordonné depuis la première attaque et restait immobile et silencieuse, le petit sourire sarcastique qui s'étendait sur ses lèvres la faisant ressembler à une statue issue de la mythologie grecque. Le brun avait à un moment pensé à de la télépathie mais une telle chose lui paraissait absurde. Il fallait bien qu'elle communique ses ordres, mais avec quoi ? C'est alors qu'il comprit. Rien n'avait été dit depuis le premier ordre car il n'y avait rien à dire ni à communiquer. En y regardant de plus près, les mouvements du staross se répétaient dans un ordre compliqué mais identifiable. Chaque charge poussait Billy selon un degré déterminé et le staross s'y adaptait, parvenant ainsi à combiner rapidité et invulnérabilité. Maintenant qu'il avait été vu et revu, ses failles étaient facilement exploitables. -Esquive en arrière, Billy ! -Plonge ! Le staross n'eut pas le temps d'obéir. Billy se déplaça comme ordonné et le pokémon eau, dont le timing avait été brisé, fut amené sur la plate-forme par ses lianes. Quelques coups suffirent pour lui ôter toute envie de combattre. -Et notre challenger triomphe de la maestria d'Ondine ! Applaudissez bien fort notre vainqueur du jour : Alfaro Straeno ! Les deux dresseurs se rapprochèrent sous les acclamations du public. A peine eut-elle donné son badge que la championne retourna dans ses vestiaires sans qu'Alfaro ne puisse lui dire le moindre mot, ce qui ne l'étonna qu'à moitié. Une discussion devant un tel public était la chose la moins discrète à faire dans l'état actuel des choses. Il fallait cependant plus qu'une expression neutre et une sortie conventionnée pour l'empêcher de mener son enquête. *°*°*°*°*° Ondine plongea dans la piscine vide et nagea quelques brasses avant de faire la planche. Elle était désormais seule dans son arène et profitait de la fermeture pour se détendre, sans personne pour la déranger. Le travail ne manquait pas et il lui arrivait de regretter d'avoir accepté le poste de champion d'arène - ou la moitié, pour être plus précis. Elle sortit de l'eau et se dirigea vers ses vestiaires privés pour se changer sans prendre la peine de fermer la porte. Cette erreur lui coûta une partie de son intimité car elle aperçut le jeune homme qu'elle avait combattu plus tôt se refléter dans un miroir. -Dit-le si je te gêne ! dit-elle d'une voix offusquée. Qu'est-ce que tu fait ici ? -Je voulais vous poser quelques questions mais vous étiez introuvable, alors j'ai attendu. Ondine claqua la porte de son vestiare au nez du brun qui attendit tranquillement devant. Il esperait que le mauvais timing dont il avait fait preuve serait vite oublié et que la championne accepterait de l'aider. Elle n'avait pas eu l'air rancunière lors de leur match, peut-être oublierait-elle tout aussi vite l'affront qu'il venait de lui faire. Il se promit de ne pas laisser son regard vagabonder sur ses courbes pour ne pas la fâcher davantage. La championne sortit après un temps incroyablement court par rapport aux autres femmes qu'il connaissait. Son visage était cependant toujours aussi furibond. -Grouille-toi, qu'est-ce que tu veux ? -Je voulais savoir si vous connaissiez quelqu'un... -Désolé, c'est pas bonne adresse. -Mais on m'a dit que vous étiez la personne la plus... -Qui ça "on" ? -Le champion d'Argenta, répondit Alfaro, agacé d'être sans cesse interrompu. Je lui ai demandé la même chose et il... -Le bougre d'imbécile. Il sait pourtant que je ne suis qu'à demi-championne. Je ne m'occupe que des combats, précisa-t-elle. La vraie responsable en est pour l'instant incapable. Alfaro remua les lèvres dans un juron inaudible. La rousse en face d'elle n'avait pas un bon caractère et il avait peut-être fait tout ça pour rien. Encore une perte de temps. -Où puis-je la trouver ? demanda-t-il le plus poliment du monde. -Si tu crois que je vais te le dire, tu peux te mettre le doigt dans l’œil. -On peut peut-être en discuter devant un verre ? Le coup de poing qu'il reçut dans la mâchoire, sans faire craquer l'un de ses os, fut suffisamment violent pour qu'il abandonne tout espoir d'en savoir plus sur son père. Il s'était cependant toujours interdit de frapper les femmes et il recula de quelques pas, bien que la tentation soit plus grande que jamais. -Ecoute-moi bien, petit con : je ne suis pas une de ces filles en jupe courte qu'on croise à Safrania. Garde tes sales pattes loin de moi ou mon staross te réduit en charpie ! -Je ne voulais pas... -Outa, météore ! Le pokémon eau, maintenant hors de sa ball, fit immédiatement pleuvoir une série de projectiles qui poursuivirent Alfaro jusqu'à la sortie de l'arène. Le jeune homme murmura une insulte à l'égard de la rousse et parcourut les rues d'Azuria, les mains rageusement enfoncées dans ses poches. Quitte à devoir fouiller la ville entière par lui-même, autant commencer par avoir un aperçu des lieux. Il se dirigea vers les hauteurs de la ville pour avoir un bon état des lieux mais son humeur massacrante augmenta encore quand un homme le bouscula. -Hé ! Fais gaffe où tu marches, connard ! L'inconnu ne releva pas l'insulte et descendit une volée d'escaliers à toute vitesse. C'était la première fois qu'Alfaro croisait quelqu'un d'aussi pressé en dehors de sa ville natale. Il le suivit des yeux, sa curiosité prenant le pas sur sa colère, et le vit rejoindre la façade d'une maison gardée par un policier. Le brun ne pouvait pas entendre leur conversation mais il devinait que le représentant de l'ordre tentait de chasser l'inconnu. Ce dernier ouvrit le manteau qu'il portait et montra ce qu'il y avait en-dessous. Le policier cessa toute réprimande et pâlit pour une raison qu'Alfaro devina immédiatement. L'entrée de la maison fut ouverte et refermée dès que l'inconnu s'y fut réfugié, confirmant les soupçons d'Alfaro qui sourit comme un prédateur qui venait d'apercevoir sa proie. Il allait pouvoir rendre justice tout en se défoulant un peu. *°*°*°*°* L'agent de police ne se sentait plus très bien depuis que le Rocket l'avait intimidé, et c'était un euphémisme. On lui avait appris que les malfaiteurs se rendaient parfois sur les lieux du crime mais il n'avait jamais pensé qu'ils l'utiliseraient pour fuir. La maison qu'il surveillait avait été victime d'un cambriolage et ses propriétaires avaient été logés ailleurs, ce qui lui avait paru étrange. Il comprenait maintenant que tout avait été orchestré pour que les responsables des vols puissent fuir sans être gênés et son sens de la justice était entravé par la peur de voir ses proches menacés par la mafia de la région. Il n'était maintenant plus seulement le responsable de la sécurité de la demeure mais également de celle du Rocket en fuite. Tétanisé par la peur, il ne remarqua pas le rattata qui s'était approche de lui jusqu'à ce qu'il lui morde violemment la cheville. Le policier hurla de douleur et donna un grand coup de pied que le rongeur évita avant de le mordre de nouveau. Il ne remarqua ni la liane qui s'empara de son trousseau de clés, ni le jeune homme qui entra discrètement dans la propriété. Quand au rattata, il disparut derrière la maison où Alfaro le récupéra. -Beau travail. T'es un vrai rat des villes, maintenant ! -Ta ! Ta ! La team Rocket n'y était pas allé de main-morte pour trouver le moyen de s'enfuir. La maison qu'ils avaient choisi comme couverture était éventrée, tout comme le mur du jardin qui se trouvait derrière. Le fuyard était si sûr de sa retraite qu'il y était encore et reprenait son souffle. Le bruit de la porte l'avait alerté et il n'était qu'à moitié surpris de voir Alfaro. -C'est un peu tard pour jouer les héros, gamin. Toute la police de la ville est maintenant dans notre poche. -Qui a dit que je voulait vous livrer à ces abrutis ? Joey, à l'attaque ! -Soporifik, règle son compte à ce gamin ! Le pokémon psy ne put rien faire contre l'énergie du rattata dont l'agilité se combinait avec la pénombre croissante. Le machoc qui suivit posait cependant un net désavantage et Flavio fut envoyé pour terminer le combat. -Machoc, poing-karaté ! -Esquive, vite ! L'oiseau avait maintenant suffisamment de réflexes pour esquiver et le machoc alla s'écraser contre le mur de la maison qui s'effondra sous la puissance de l'attaque. Un nuage de poussière envahit le jardinet dans un grand fracas et le Rocket en profita pour s'enfuit, abandonnant une partie de son butin derrière lui. Chantage ou pas, attirer ainsi l'attention pouvait lui être fatal. Il en était de même pour Alfaro. Son petit défoulement nocturne pouvait avoir de lourdes conséquences si il était prit sur les lieux du crime. Il siffla en direction de Flavio qui traversa la fumée pour se mettre sur son épaule avant de partir à la poursuite du criminel.Avec un peu de chance, il pourrait terminer ce combat à mains nues et envoyer un message significatif à la team Rocket. Le résultat risquait d'être un peu moche à voir mais la journée qu'il avait passé et son enquête qui piétinait lui semblaient être une bonne excuse. L'homme avait malheureusement réussi à fuir sans être inquiété par ses poursuivants, ce qui n'était pas le cas d'Alfaro. Ce dernier entendait derrière lui des bruits de pas précipités et devinait que plusieurs policiers le pourchassaient. Si il ne parvenait pas à les semer très vite, son voyage à travers la région s'en retrouverai fort compromis. Alfaro se glissa dans une petite ruelle et s'y cacha, le cœur battant à tout rompre. Les deux policiers qui le pourchassaient sans le savoir passèrent devant, apparemment plus préoccupés par le Rocket que par lui. Peut-être n'étaient-ils finalement pas tous corrompus, pensa-t-il, surtout dans une ville aussi calme que Azuria. Il resta là plusieurs minutes afin de reprendre son souffle et calmer les battements de son cœur. L'interdiction d'entrer ou de sortir de la ville étant toujours active, il allait devoir rester discret jusqu'à ce qu'il soit suffisamment loin pour ne plus avoir à se justifier. -Rrouuu. Rourouuuu. -Pas maintenant, Flavio. Rentre dans ta pokéball. Le roucool ignora l'ordre et descendit de l'épaule de son dresseur. Il fit quelques pas maladroits puis écarta brusquement ses ailes avant d'irradier une lumière blanche. Alfaro paniqua : évoluer maintenant n'était pas très discret mais il ne savait pas comment l'en empêcher. Il croisa les doigts et assista, impuissant, à la transformation de Flavio. Ce dernier semblait maintenant beaucoup plus menaçant, avait triplé de taille et abhorrait désormais une superbe queue ainsi qu'une crête, toutes deux rouges. Le petit oiseau fou avait laissé à un prédateur plus convainquant. -Roucoups ! cria Flavio en s'étirant les ailes. -Rentre dans ta ball, tout de suite ! ordonna Alfaro, joignant la parole au geste. Les policiers étaient heureusement trop loin pour l'entendre et le brun se remit en route, tournant nerveusement la tête au moindre son. La meilleure option était de se cacher un petit moment et il savait exactement ou aller. Safrania n'était plus très loin et il pensait retourner chez lui afin d'établir un nouvel itinéraire de recherches. Le sort en avait décidé autrement en se présentant sous la forme d'une rangée de gardes armés bloquant des dresseurs. Il tenta de se faufiler discrètement à travers le poste de douane mais fut remarqué avant même d'avoir pu faire trois pas. Un garde à l'air revêche le força à reculer. -Désolé petit, personne ne passe. La situation d'urgence vient d'être décrétée. -Mais j'habite en ville, je peux pas rester dehors ! fit semblant de s'indigner Alfaro. -On ne me la fait pas à moi. T'as tout l'air d'un dresseur alors ça devrait pas te gêner, non ? -Vous voulez voir ma carte, c'est ça ? -J'en ai rien à foutre de ton morceau de papier. Personne n'entre ou ne sort de la ville, ordre du gouvernement. Maintenant dégage ! Alfaro dut se plier à l'ordre et s'éloigna, peu enclin à tenter quoi que ce soit devant ces hommes armés. La situation devait être vraiment grave pour que Safrania soit ainsi coupée du monde et gardée à l'aide d'armes à feu. Leur utilisation était rare même au sein de la police qui préférait employer des pokémon soumis à un entraînement quasi-militaire, même après l'adoption de la loi Nuzlocke. La question avait longtemps fait débat mais il avait été convenu que les pokémon étaient non seulement moins dangereux mais également beaucoup plus efficaces, ce qui n'avait pas empêché les défenseurs de la vie sauvage de faire pression pour qu'ils soient moins utilisés. Les dresseurs n'étaient donc pas les seuls à être pénalisés par la loi Nuzlocke. Le jeune dresseur était donc complètement bloqué, ne pouvant ni rentrer à Safrania ni à Azuria. Ivre d'une rage qu'il avait de plus en plus de mal à contenir, il partit dans la nature et improvisa une séance d'entraînement qui avait plus pour but de trouver des punching-ball vivants que de renforcer ses pokémons, ce qui ne l'empêcha pas de capturer un Miaouss hâtivement surnommé Siam. La rumeur d'un humain colérique se répandit bien vite parmi les sauvages et plus aucun ne l'approcha. A bout de forces et complètement écœuré, Alfaro se laissa tomber sur le sol et resta immobile. Seul Flavio osa l'approcha et tenta de se percher sur son épaule, ce que sa taille ne lui permettait désormais plus. -Descend, tu vois bien que t'es gros pour ça maintenant. Le roucoups le regarda et claqua son bec avant de le rapprocher de son épaule. Prenant cela comme une tentative de l'apaiser, Alfaro avança sa main et caressa les plumes du pokémon. La sensation était plus agréable que lorsqu'il était sous sa forme de roucool, peut-être à cause du bienfait que lui avait fait son évolution. Flavio avait remarquablement bien progressé depuis qu'il l'avait capturé à Bourg-Palette et rien ne laissait deviner ses maladresses d'avant. Le frêle et légèrement stupide oiseau ressemblait de plus en plus à un rapace et ces progrès étaient entièrement dus à la patience de son dresseur, ce qui acheva définitivement Alfaro de sortir de sa colère. -Ouais, t'as raison, c'est juste un retard. Bravo pour avoir évolué. Flavio roucoula, ce qui fut perçu par tous les autres comme un signal. L'humain fut bientôt recouvert par toute son équipe dans une étreinte collective qui ne le gênait pas mais à laquelle il mit fin peu de temps après. La nuit était maintenant complètement tombée et il n'avait toujours pas installé le campement. Il décida de se passer de feu et de se coucher immédiatement, laissant ses pokémon s'installer comme ils le souhaitaient. Les plus rétifs au sommeil furent Billy et Joey. Les deux pokémon semblaient plongés dans une discussion qu'ils tentaient de cacher mais que chacun remarquait. Le herbizarre jetait des coups d’œil fréquents à son dresseur, ce qui agaça très vite Alfaro. -Silence, vous deux. A moins que vous ne vouliez passer la nuit dans vos balls ? Ils se turent et Joey s'éloigna de Billy comme si ils s'étaient disputés. L'humain n'y accorda pas d'importance. Faire en sorte que ses pokémon ne se disputent jamais relevait de l'utopie et cela ne le dérangeait pas du moment qu'ils acceptaient de combattre ensemble si cela était nécessaire. Il s'endormit très vite, complètement épuisé, sans savoir qu'il avait été l'objet de la conversation de ses deux pokémon.
P.S : Pourriez-vous me dire comment mettre des liens menant à un message ? J'aimerais mettre une pagination sur mon premier post pour faciliter la recherche. |
| | | Neowstix
Dresseur
Nature : Relax
Niveau : 26
Exp : 2192
| | | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mar 22 Avr 2014 - 21:58 | |
| Onzième chapitre de Traces. Vous vouliez du sang ? Vous aurez bien plus ! Bonne lecture. - Chapitre 11:
Alfaro déambulait dans les rues de Carmin sur mer, seule ville portuaire de Kanto, à la recherche du centre pokémon. Il s'était résigné à prolonger la première partie de son voyage sans avoir rien pu apprendre du blocus de Safrania et les maigres suppositions qu'il avait élaboré en franchissant un tunnel reliant Azuria à Carmin ne menaient nulle part. D'une invasion de tadmorv à une série de travaux importants en passant par le passage d'un convoi, aucune conclusion ne semblait plus probable qu'une autre. L'activité qui régnait en ville eut bientôt raison de sa concentration et il préféra admirer la ville éclairée par un brillant soleil. Tout était en mouvement autour de lui. Ici des ouvriers accompagnés de leurs pokémon bâtissaient une série d'immeubles, là des camions transportaient des marchandises venues des docks ; mais c'était la foule qui envahissait le plus les rues de la ville en cette fin de matinée. Le jeune dresseur arriva finalement à destination et confia ses pokémon à une infirmière avant d'aller faire un tour en ville. L'agitation environnante avait quelque chose de familier et il ne pouvait résister à l'envie de s'y plonger. Après avoir déambulé dans le centre, il se dirigea sans trop s'en rendre compte vers le port marchand de la ville et fut légèrement mal à l'aise. Contrairement à ce qu'il pensait, l'endroit était quasiment vide et silencieux. Les containers semblables à des briques de construction pour enfants s'alignaient, formant un labyrinthe changeant sans cesse. L'endroit aurait pu paraître mort sans les quelques grues en mouvement et le bruit des immenses boîtes qui entraient en contact. Si Kanto était mondialement reconnue pour être la pionnière en matière d'outils pour dresseurs, elle était peu à peu devenue dépendante des matières premières importées d'autres régions. Qui pouvait estimer la valeur totale de ce qui transitait dans ces quelques kilomètres carrés ? Personne. Ce qui semblait incalculable à l'oeil nu l'était tout autant que sur le papier. Une simple rature, le moindre numéro de container volontairement indiqué en double faisait chuter les taxes de manière tentante et ce genre de fraude était monnaie courante pour qui voulait affirmer son leadership dans l'économie de la région. Ajoutée à cela la rapidité avec laquelle les marchandises circulaient, les risques d'être pris étaient minimes comparés à ce qu'il y avait à gagner. Rien à voir avec le port de plaisance situé au sud. Les portes-containers difformes laissaient place à d'élégants paquebots de croisières étincelants et à des yachts privés de toutes sortes côtoyant la plage. Touristes et plaisanciers profitaient du soleil mais ce n'était pas le sable chaud qui intéressait Alfaro. Il venait d'apercevoir l'arène construite face à la mer et y avança machinalement, percutant quelqu'un sans le faire exprès. Il ressentit en même temps une sensation de froid au niveau de sa hanche qui l'encouragea à baisser les yeux. Une petite fille haute comme trois pommes tenait un cornet de glace vide dont la boule glissait maintenant le long du pantalon du brun. De la vanille, à en juger par la couleur. L'enfant commença à pleurer et Alfaro réagit immédiatement. -Ne...ne t'en fait pas, je vais t'en racheter une tout de suite. Ne pleure surtout pas, ok ? La fillette leva les yeux vers lui, ce qui acheva de l'effrayer et de la faire pleurer. Il savait que son apparence de voyou attirait les regards, surtout depuis qu'il avait quitté Safrania, mais c'était la première fois qu'il faisait pleurer quelqu'un rien qu'en se tenant devant lui. Alfaro commanda une glace dans le premier stand qu'il vit et retourna très vite là où il avait laissé sa pauvre victime qui avait maintenant disparu. Il monta sur un rebord dans l'espoir de la retrouver et la vit marcher seule vers une terrasse rejoindre un grand homme aux cheveux blonds coupés courts ainsi que d'autres enfants. Alfaro courut après elle en espérant que ses excuses seraient acceptées. -C'est lui, monsieur major ! Dites à votre pikachu d'électrocuter ce méchant ! dit la fillette en montrant le dresseur du doigt. -Mwahaha ! Allons ma p'tiote, j'suis sur que tu fais erreur ! Regarde ce que ce grand garçon à pour toi. -Navré d'avoir bousculé votre fille, c'était un accident, s'excusa Alfaro en tendant le cornet de glace. -Y'a pas d'quoi mon bonhomme, mais tu te trompes sur un point. Ce p'tit bout d'chou n'est pas d'ma portée ! Alfaro haussa un sourcil. En regardant de plus près, il constata que les enfants regroupés autour de cet homme étaient un peu trop nombreux et différents pour former une famille. -J'me présente : Bob Clancey. Mais pour toi, ce sera "Major". -Alfaro Straeno, répondit le brun serrant la main qui lui était tendue. -J't'ai jamais dans l'coin et pourtant, t'es aussi bronzé qu'un pêcheur. En vadrouille ? -Plus ou moins. Vous savez si le champion est dans son arène ? Un silence interloqué suivit cette question avant que le major ne le brise de son rire tonitruant. -Bwahahaha ! Il est devant toi, gamin ! -Monsieur major, c'est le champion le plus fort du monde ! dit un enfant assis à côté de lui. -Ouais ! Même que ses pokémon, et ben ils lancent des éclairs ! -Et son pikachu, c'est le plus mignon de tous les pikachu ! -Silence, soldats, vous dévoilez des secrets très importants à l'ennemi ! Les "soldats" cessèrent immédiatement leur babillage sans pour autant être effrayés, ce qui impressionna sensiblement Alfaro. Les gosses de Safrania n'avaient par pour habitude d'obéir à leurs parents aussi bien et il ne comprenait pas comment l'autorité du major pouvait être respectée si facilement. Malgré toutes leurs qualités, Alfaro pensait que des pokémon étaient bien plus faciles à dresser que des enfants dont la relation avec leurs géniteurs était bien plus complexe que celle qui unissait les créatures à leur dresseur. Il fut cependant distrait de sa comparaison par la voix du major. -T'y vas pas par quatre chemins, toi, j'taime bien. J'accepte ton défi mais ça attendra demain. J'ai des choses à faire à l'océane et ça peut pas attendre. -Le bateau qui organise une fête ? -Celui-là même. Sauf que j'n'y vais ni pour les p'tits fours, ni pour les jolies filles, mais pour assurer la sécurité ! La fête qui est organisée chaque année attire beaucoup de dresseurs et ils m'ont demandé de me montrer pour éviter que des p'tits malins ne fassent du grabuge. Ce soir, le paquebot se transformera en champ de bataille et crois-moi, ça vaudra le coup d'y participer ! On dit qu'il y a une jolie récompense pour qui remportera le tournoi... Alfaro ne tint pas compte de cette remarque, n'étant pas à la chasse au trésor mais à la poursuite de son père. Il profita de la présence du champion hors de son arène pour l'interroger à ce sujet. -En réalité, je suis à la recherche de quelqu'un et on m'a dit de m'adresser à vous... -Navré bonhomme, je n'dévoile jamais mes infos à qui ne s'en montre pas digne, question d'principes. Si tu veux qu'je parle, il va falloir me passer sur le corps ! Encore raté. Pour une fois qu'un champion se montrait hors de son arène, il fallait qu'un passé militaire et de stupides règles personnelles l'empêchent de l'aider. -Il y a une raison particulière à ça ? demanda Alfaro. Je suis un peu pressé, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué. Le major passa d'un ton débonnaire à une attitude militaire à l'entente de cette remarque. Il se leva de tout sa taille, faisant reculer les enfants qui se trouvaient près de lui. -N'oublie pas qu'tu parles au responsable de la zone, soldat ! Ici c'est moi qui fixe les règles et c'est grâce à ces principes si l'coin est plus tranquille qu'ailleurs ! Si tu veux tes infos, il faudra que tu m'envoie au tapis dans un match officiel ! Compris ? Alfaro ne répondit pas, trop intimidé par ce brusque changement d'attitude et la carrure de l'ancien militaire, beaucoup plus intimidante maintenant qu'il était debout. C'était l'archétype de l'homme qu'il ne fallait surtout pas contredire. -Profite bien de la fête de ce soir parce que ça pourrait être la tienne demain. Repos ! Alfaro comprit le sous-entendu militaire et retourna au centre pokémon. Derrière lui, le major Clancey reprenait l'histoire qu'il avait interrompu, sa voix s'affaiblissant au fur et à mesure que le natif de Safrania s'éloignait. -J'ai alors sorti Capo de sa ball et son grincement mit tous mes ennemis à terre ! Ni une, ni deux, je sortis de ma planque pour les mettre en joue avec mes hommes... *°*°*°*°*° Le paquebot "L'Océane" rivalisait avec le phare de Carmin-sur-mer tant il était illuminé ce soir-là. En plus des éclairages intérieurs, le quai avait été transformé en festival où s'alignaient lampions et stands. L'ambiance festive avait contaminé tous les dresseurs qui se lançaient des défis à tout-va mais Alfaro n'y faisait pas attention et se préparait à monter sur le bateau. -Participez-vous à la compétition ? demanda l'un des marins chargé de l'accueil quand Alfaro lui présenta son ticket. Il acquiesça d'un signe de tête et prit le sac en toile qui lui était tendu. A l'intérieur se trouvait un badge rond et doré qu'il accrocha bien en vue sur son épaule. La règle du tournoi était simple : chaque dresseur devait collecter les badges de ses adversaires en les battant dans des match pokémon qui pouvaient avoir lieu presque n'importe où sur le navire. Les perdants devaient remettre tous ceux qu'ils avaient aux vainqueurs et le gagnant du tournoi était celui qui avait accumulé le plus de points durant un temps imparti. Le départ fut annoncé quelques minutes après qu'Alfaro soit monté à bord, décuplant le bruit de fond déjà présent. Le natif de Safrania enchaîna les dresseurs qui se présentaient sur son chemin sans trop de difficultés. Ses adversaires avaient un bon niveau mais il avait pour avantage d'avoir plus de pokémon qu'aucun d'entre eux, ce qui était un atout de taille dans un tel tournoi. En quelques heures, le bruit des combats se faisait de moins en moins perceptibles, remplacé par le brouhaha venant des spectateurs. Épuisé par ces combats, Alfaro décida de flâner à l'intérieur du navire pour voir à quoi il ressemblait de l'intérieur, n'ayant jamais espéré pouvoir contempler un tel bâtiment de si près. Certains passagers allaient et venaient dans les couloirs mais sa plus grande surprise fut de reconnaître une voix qu'il ne connaissait que trop bien émaner de l'une des cabines. Il tenta de l'ignorer mais son insatiable curiosité le convainquit de coller son oreille au battant de la porte. ...moi troisième badge hier. Je pense me diriger vers Céladopole. -Bien, bien. Et Nina, comment va-t-elle ? -Pourquoi tu ne lui demandes pas ? Ça ne devrait pas te prendre trop de pour lui téléphoner ! -Ecoute, Willy, tu sais très bien que je n'ai pas de temps pour ça et j'en suis désolé. Je n'avais même pas prévu que tu viennes me voir. -Très bien ! Si tu n'as pas une page de ton agenda à consacrer à ton propre fils, je ferais mieux de ne pas bouleverser ton précieux emploi du temps et de m'en aller ! Devinant que la conversation était terminée, Alfaro tenta de fuir mais William fut plus rapide à claquer la porte derrière lui. Le brun s'immobilisa, comme un rattata le ferait face à un persian, et attendit la réaction de son rival dans l'espoir de mieux la contrer. Il ne put cependant rien faire quand William l'agrippa par l'épaule, le força à se retourner face à lui et le plaqua dos contre le mur. -Il fallait vraiment que tu sois là pour m'humilier encore un peu, hein ? Répond ! Le petit-fils du professeur Chen était à la limite de laisser éclater sa colère. Toutes traces de dédain, d'ironie et de suffisance avaient disparu de son visage et ses yeux étaient animés d'une fureur sans précédent. Fuir était la meilleure chose à faire pour le moment, Alfaro ne tenait pas à ce que la bombe éclate devant lui. -Je passais dans le coin, c'est tout. -Et tes jambes ont décidé de s'arrêter toutes seules ? Quoique, ça m'étonnerait pas. Ta tête est tellement vide que c'est un miracle que tu te souviennes comment respirer. Arrête de me prendre pour un demeuré ! dit-il en cognant la tête d'Alfaro contre le mur. -Lâche-moi tout de suite où je te jures que seul te mettre à genoux suffira pour te faire pardonner. -C'est plutôt à toi de t'excuser. T'avais rien à entendre dans cette conversation ! Donne-moi une seule raison de ne pas te donner ce que tu mérites. -Tu participes au tournoi, non ? Je te défie alors lâche-moi. William resta immobile. Sa respiration s'accélérant quand il réalisa la ruse dont avait fait preuve Alfaro. Il se retint de le frapper au visage, écœuré par la lâcheté et le déni dont il faisait preuve, et le lâcha avant de se mettre à un bout du couloir et de sortir son roucoups. Son adversaire appela Cleopatre. -Vive-attaque ! -Boul'armure ! Le sabelette roula sur lui-même, ce qui n'empêcha pas l'oiseau d'écorcher ses écailles de ses griffes acérées. Le pokémon sol poussa un couinement de douleur mais ne bougea pas, attendant les ordres de son dresseur sans oser contre-attaquer. Alfaro ordonna une attaque jet de sable qui prit le roucoups par surprise, permettant à Cleopatre de le griffer jusqu'à ce qu'il abandonne. William était aussi aveuglé par la rage que son roucoups l'était par la poussière. -Envoie-le valser, Kim ! -Bon boulot, Cleo. Trotwood, à toi ! La manche suivante fut plus longue que la précédente. Les deux pokémon se battaient à coup de pouvoirs psychiques et d'altérations de statut aussi fourbes que frustrantes. Le kadabra de William luttait pour résister au poison tandis que le papillusion rassemblait tous ses sens pour ne pas céder face à la confusion. Le bipède fut le premier à mettre un genou à terre, son endurance totalement épuisée. -C'est pas grave, Kim. T'as donné tout ce que tu avais. A toi, Raps ! Alfaro constata que le rattata du châtain avait évolué, tout comme le sien plus tôt dans la journée. Il sourit d'un air provocateur et sortit Joey. -Envie de faire le malin, ordure ? lança William. -Apprend-lui le respect, Joey. Vive-attaque et croc de mort ! Le rongeur fonça sur son congénère qui l'esquiva de justesse et frappa son dos, l'envoyant rouler plus loin. Rap se jeta de nouveau dans la bataille et la lutte qui en résulta fut des plus intenses. Les deux rattatac étaient collés l'un à l'autre, enchaînant les morsures et les coups de tête. Si l'un montrait un signe de fatigue ou de surprise, l'autre en profitait et le premier contre-attaquait immédiatement dans une vendetta sans fin. Les dresseurs poussèrent alors le même ordre au même moment. -Recule et charge ! Ce que les combattants firent sans hésiter. Ils se séparèrent et se jetèrent l'un sur l'autre avec leurs dernières forces dans un craquement d'os sinistre. Joey fut le premier à se relever, laissant l'autre rattatac évanoui au sol. Le faisceau rouge de la pokéball de William l'entoura et il fut aspiré dans la sphère. -Perdre contre un autre comme toi...tu me dégoûtes, espèce de bon à rien, dit-il en regardant l'appareil sphérique. -Excellent, Joey. J'ai bien fait de te choisir. -Réduit-le en cendre, Aka ! Tout de suite ! La pokéball du reptincel fut violemment jetée au sol et son occupant en sortit, animé de la même rage que son dresseur. Il cracha immédiatement un torrent de flammes qui aurait achevé Joey si il n'avait pas à son tour été rappelé dans sa ball. -Laisse-moi changer de pokémon. Tu veux le tuer ? -Lui ou un autre, j'en ai absolument rien à foutre. Je peux même me faire toute son équipe avec un seul pokémon. Malheureusement pour William, Flavio eut raison de son reptincel après un long ballet aérien entrecoupé de jets de flammes forçant l'oiseau à des mouvements parfois dangereux dans l'étroit espace qu'était le couloir du paquebot. L'oiseau y laissa des plumes mais le pokémon de feu était maintenant à terre, sonné par les multiples coups qu'il avait reçu. -Bon, eh bien...encore une victoire à mon actif. William allait répliquer quand la porte de la cabine d'où il était sorti s'ouvrit, révélant un homme de taille moyenne aux cheveux châtains coupés courts et en costume de soirée. Son visage était très semblable à celui de William, si l'on exceptait les yeux et les quelques rides qui s'y profilaient. Rides qui se contractaient dans un mélange de gêne, de retenue et de dégoût, comme si il ne savait pas comment réagir. -J'aurais aimé que tu sois moins âpre au combat, Willy. -J'aurais aimé que tu sois plus souvent là pour Nina et moi, répliqua William d'un ton glacial. Il regarda ensuite dans la direction d'Alfaro et s'avança vers lui à grands pas. Le brun se mit sur la défensive mais William se contenta de passer à côté de lui en lançant son sac de badges à ses pieds. Peut-être avait-il mal regardé, mais il lui semblait avoir vu des traces de larmes sur le visage de son rival avant qu'il ne disparaisse plus loin. -Je suis navré pour le comportement de mon fils. Veuillez accepter toutes mes excuses. -Ce n'est pas à moi que vous devez demander pardon. Croyez-moi, je sais ce que ça fait d'avoir grandi sans un père. Alfaro tourna les talons sans donner l'occasion à Chen père de répliquer. Le dégoût et le mépris que lui inspiraient cet homme était quasiment les mêmes qu'il éprouvait envers son propre père. Il parcourut les couloirs de l'Océane et, n'en pouvant plus, se mit à frapper les murs recouverts de tapisseries. Il enviait William. Il crevait de jalousie. L'écureuil n'avait certes pas le meilleur père au monde mais lui au moins pouvait se vanter de le savoir en vie et d'avoir quelqu'un contre qui diriger sa colère. Alfaro pouvait mépriser son propre père mais pas le haïr. Maudire un cadavre qui ne pouvait ni se sentir coupable ni avoir des sentiments de regrets était parfaitement inutile. L'incertitude qui pesait sur la disparition d'Alberto Straeno était encore pire : Alfaro avait l'impression qu'il se moquait de lui silencieusement, en restant invisible à toutes ses recherches. Le flot d'émotions qu'il tentait de cacher jusqu'au jour où il apprendrait la vérité l'envahissait peu à peu et la mémoire de la dispute qu'il avait écouté rendait les choses bien pires. Il parvint cependant à se calmer à grand renfort de respirations profondes et essuya d'un geste rageur ses yeux embués de larmes. Une dernière inspiration et il retrouva le visage calme et calculateur qu'il arborait habituellement. Les quelques combats qui suivirent furent remportés facilement et, la fin du tournoi approchant, il se dirigea vers la salle de spectacle en grognant intérieurement contre les lumières mouvantes issues des projecteurs. Tout cet amalgame de couleurs était presque un crime selon lui. Une douzaine de dresseurs s'étaient présentés et Alfaro comptabilisait le plus grand total de jetons quand, par le plus grand des hasards, un moustachu bien plus âgé que lui révéla en avoir exactement le même nombre. Une fois les comptes refaits et l'égalité constatée, il fut décidé qu'un match départagerait les deux candidats à la première place et les occupants de la salle migrèrent vers le terrain prévu pour les combats situé à la poupe. -Les adversaires utiliseront chacun deux pokémon, indiqua l'arbitre. Le vainqueur se verra attribuer le premier prix de ce championnat : une capsule secrète contenant coupe ! Messieurs, veuillez vous mettre en position et préparer votre équipe ! -Puissions-nous offrir le meilleur des shows au public, déclara l'homme à la moustache grise. Alfaro ne répondit pas et se contenta de se placer à l'une des extrémités du terrain. ce dernier avait été aménagé de façon à reconstituer de manière parfaite les conditions de combat sur terre, ce qui décida le brun a sortir Cleopatre. Le sabelette fut légèrement intimidé par le brouhaha venant de la foule et se tourna vers son dresseur. -Cesse donc d'avoir peur, ce ne sont que des richards incapables de tenir une pokéball., dit-il d'un ton sec. Concentre-toi plutôt sur ton adversaire. L'homme avait sorti un caninos parfaitement dressé qui sauta sur son adversaire dès le début du combat. Alfaro ordonna une attaque griffe enchaînée d'un jet de sable sur le chiot de feu qui, déstabilisé, lança une attaque flammèche qui ne toucha que légèrement le sabelette. La foule retint son souffle quand la première giclée de sang, causée par une attaque tranche de la part de Cleopatre, tâcha le sol impeccable du terrain. Le caninos fut rappelé sain et sauf. -Prêt à enchaîner avec le suivant ? -Sab sab ! Leur adversaire ne fit guère preuve d'originalité et envoya un deuxième caninos au combat tout en prenant l'initiative : -Charge, Dany ! -Esquive et griffe ! Le sabelette compensa son manque d'agilité par un coup de griffe bien placé qui fit reculer le pokémon feu. Son dresseur ordonna ensuite une attaque hurlement qui prit Alfaro et Cleopatre par surprise. Un jet de flammes le recouvrit entièrement sans qu'il ne puisse rien faire et le public poussa un cri de stupeur suivi d'applaudissements devant la tardive mais magnifique esquive exécutée. Etant certain que leur adversaire dirigerait son attaque peu importe où Cleopatre se déplacerai, Alfaro avait ordonné une attaque tunnel où son pokémon était en sécurité, en plus de bénéficier d'un effet de surprise. Il craignait cependant que l'attaque flammèche n'ai provoqué trop de dégâts et s'inquiéta encore plus quand il constata que Cleopatre mettait du temps à remonter à l'air libre. Soudain, un long cri aigu et étouffé par le poids du sol lui parvint du trou visible à la surface. S'ensuivit une multitude de petits couinements de plus en plus audibles, poussés dans un rythme régulier. La voix de Cleopatre se rapprochait lentement sans qu'Alfaro n'y comprenne quoi que ce soit. L'attaque aurait normalement du se terminer par un contact direct et rapide avec l'adversaire, ce qui n'était absolument pas le cas ici. Une petite motte de terre se forma quelque part dans l'arène, remuant avec difficulté, et le sabelette en sortit. La foule entière poussa un cri d'horreur. Les écailles de Cleopatre avaient presque toutes disparues, dévoilant une chair sanguinolente et meurtrie à vif par son parcours souterrain. Seule une partie du visage avait survécu, protégée par les pattes avants qui faisaient horriblement souffrir le pokémon au fur et à mesure qu'il creusait pour sortir de ce qui aurait pu être sa tombe. Il se hissa du trou avec une extrême difficulté et s'effondra sur le ventre, n'en pouvant plus des efforts titanesques qu'il avait fourni pour atteindre la surface. Le dresseur adverse rappela immédiatement son caninos et se précipita vers Cleopatre, bientôt suivi par deux infirmiers sortis de la foule. La situation était critique et il était impossible de déplacer le pokémon sans lui infliger d'avantages de blessures qui pouvaient d'avérer fatales. Le seul moyen de lui assurer une chance de vivre était de le rappeler dans sa pokéball et de compter sur le système d'urgence. Il fallait à tout prix que son dresseur le rappelle. Quand les humains tournèrent les yeux vers l'autre bout du terrain, Alfaro avait déjà disparu.
- Do no open before chapter 11:
En réalité, Cleopatre n'a même pas pu vaincre le premier caninos, mais j'ai légèrement modifié pour faire durer le suspens. Voici comment sa mort s'est produite, en détail :
J'affrontais le gentleman au deux caninos et avait mis Pizzo en première ligne afin de lui faire gagner de l'expérience; Je change automatiquement avec Cleo mais cette dernière (Je la considère comme une femelle mais il est impossible de le savoir dans le jeu) se prend une flammèche coup critique plus sévère que je ne le pensais. Une potion et une autre attaque flammèche plus tard, j'entame l'offensive mais le destin en décide autrement.
Cleopatre était plus lente que le caninos qui a relancé une attaque flammèche coup critique. Et là, c'est le drame : ma sabelette est brûlée et je suis incapable de faire quoi que ce soit pour la soigner durant deux tours maximum. Elle creuse et perd des pv, le caninos rate son attaque, elle ressort mais...l'autre survit avec un pv et Cleopatre meurt de ses brûlures à la fin du tour.
Ce n'était pas ma première mort en nuzlocke, loin de là. Mais c'était l'une des morts les plus intenses que j'ai jamais connu. Une véritable machine infernale, pour reprendre l'expression de Cocteau, où je ne pouvais décider d'absolument rien. De mémoire, j'ai dû ne connaître ça qu'une fois sur vingt-cinq, sûrement plus.
R.I.P Cleopatre. La reine du désert périt dans les flammes les plus cruelles qui soient, mais sa mort ne sera pas vaine.(Alfaro décline toute responsabilité dans cet épitaphe. Sa réaction au prochain chapitre)
|
| | | YunUroko
Écrivain
Nature : Calme
Niveau : 31
Exp : 166
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 24 Avr 2014 - 22:58 | |
| J'ai tout lu (hein ? Des révisions pour des partiels ? Où ça ?) et j'aime bien ton style d'écriture. Il y a quand même des passages qui sont assez... Comment dire... Perfectibles, notamment au début, et d'autres qui apparaissent comme un peu forcés :/ Cependant, on sent une amélioration à mesure des chapitres. Juste que tu devrais te relire : il manque des mots à plusieurs endroits ^^"
Concernant la fin du chapitre 11 : j'ai beaucoup aimé la façon dont tu as décris la scène. Non pas que je suis une sadique qui a soif de sang (... Quand même pas... Si ?), mais l'émotion est davantage passée que lors de la première scène du même genre, même si ce n'était pas une bestiole de PNJ. |
| | |
| | | | | [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|