Depuis la sortie fin 2019 de Pokémon Epée / Bouclier et la polémique qui en a découlée, nous avons pu observer un regain d’intérêt pour des solutions dites « alternatives » à la franchise très lucrative de Nintendo. Notamment le fameux MMO Temtem (janvier 2020) ou Nexomon : Extinction (août 2020).
Est-ce que ce sont des concurrents crédibles, ou simplement des versions low-cost d’une autre série largement plus connue ? Je vous laisse juge mais en tout cas ces « Pokéclones » (comme on aime si bien les appeler) n’est certainement pas une invention de 2020 ! Et on va justement s’attarder sur l’un d’entre eux (pour le défoncer, naturellement).
Un acte de résistance face à Diamant et Perle !
Nous sommes en 2008. Vous traînez tranquillement dans un magasin de jeu vidéo (oui je sais, c’est l’ancien temps) et vous tombez par hasard sur une jaquette Nintendo DS : « DQM : Dragon Quest Monsters Joker ». Le dos vous vend du rêve : « Entraine l’équipe ultime ! Es-tu de taille à participer au célèbre championnat des dresseurs ? ».
Pas besoin d’en lire plus : c’est comme Pokémon, sauf que c’est Dragon Quest VIII (autre référence de l’époque). Séduit par son prix en occasion, vous décidez de le prendre pour quatre euros histoire d’attendre Pokémon Platine (qui est quasiment identique à Diamant / Perle que vous avez fait l’année d’avant, mais que vous allez adorer malgré tout).
Félicitations ! Vous avez effectué votre premier acte de résistance ! Bah oui ! Parce que Pokémon, faut avouer, vous surkiffez mais c’est un peu pour les gamins. Tandis que là, le héros a l’air stylé ! Il a les cheveux argentés (oui, on dit « argentés ») et surtout vous ressentez cette satisfaction de ne pas faire comme tout le monde. Un peu comme quand vous installez une distribution Linux « parce que Windows et Mac c’est trop mainstream ».
En revenant au domicile familial, vous prenez votre Nintendo DS Lite et vous démarrez le jeu (parce que c’est aussi le temps où il n’y avait pas de mise à jour).
Une courte aventure européenne.
Je ne rentrerais pas dans le détail de l’histoire « passionnante » de cette série, mais si je devais la résumer en quelque mots : au début Enix a sorti un premier spin-off à Dragon Quest, appelé « Dragon Quest Monsters », sorti sur Game Boy Colors … mais pas chez nous en Europe (comme beaucoup de RPG à l’époque).
Puis en 2006 sort au Japon (2008 pour la sortie européenne) Dragon Quest Monsters Joker dont nous parlons ici. Le jeu a une suite en 2010 (2011 pour nous) qui porte exactement le même nom sauf qu’il y a un « 2 » derrière. Et depuis 2011 ? Plein de choses ! Mais rien qui ne concerne ces minables européens que nous sommes. En effet aucune des suites n’est sorti chez nous et je vous laisse imaginer dans quel état mental se trouve l’auteur de cet article qui attends Dragon Quest Monsters Joker 2 Professional depuis maintenant neuf ans ! Non, je ne l’ai pas du tout mauvaise !
Certains diront que c’est un peu abusif de le considérer comme un « Pokémon-like », mais pour le plaisir de l’insulte je vais quand même le faire.
Vous incarnez donc un jeune ado (dont j’ai oublié le nom canon donc on va l’appeler au hasard « Skyprad ») qui semble être un peu délinquant car il démarre le jeu emprisonné par une agence du nom de CELLULE (je ne sais pas si le jeu de mot est volontaire ou non). C’est sûr que c’est légèrement plus cool que démarrer chez ta maman mais passons.
Par un concours de circonstances dont je vous épargne le détail, vous devez participer à un championnat de dresseurs de Pokémo… de monstres (ce sont des monstres). Et bien entendu vous devez gagner cette compétition en récoltant des pierres tout en battant d’autres dresseurs (dont votre traditionnelle rivale pénible au possible que vous terrassez super facilement à chaque fois, mais qui trouvera quand même l’audace de dire que c’était « un match serré »).
Vous l’aurez compris, le scénario n’est pas particulièrement passionnant. Mais à la même époque Pokémon avait déjà pénétré dans l’univers des failles spatio-temporelles et des méchants qui veulent remodeler le monde à leur image donc est-ce vraiment si mal ?
Le système de jeu (oui c’est la partie chiante !)
La règle d’or, pour tout sous-Pokémon qui se respecte, c’est de plagier, oui, mais pas trop quand même pour vous donner des armes du style « Ce n’est pas comme Pokémon parce que la mécanique de jeu est différente ! Regardez-moi comme je suis trop brillant ! ».
Là en occurrence, c’est le système d’évolution des Pokémon qui diffère. Au bout d’un certain niveau, vos créatures peuvent se « synthétiser » entre eux pour former un monstre plus fort et ayant des caractéristiques héritées de ses parents. En gros c’est un système de fusion permettant de sacrifier deux monstres inutiles pour en former un seul inutile mais avec un design plus féroce.
Alors sur le papier c’est rigolo, mais dans la pratique le nouveau monstre issu de la synthèse redémarre du niveau 1. Et vu qu’il faut très régulièrement renouveler son équipe par ces fusions pour ne serait-ce avancer correctement dans le jeu, vous allez vite vous rendre compte que l’essentiel de votre expérience vidéoludique consiste à faire du leveling … C’est-à-dire taper sur d’autres monstres pour gagner des points d’expériences pour permettre à « Gégé » de disparaître une heure plus tard via la synthèse qui formera « Gégé 2 » car vous n’aviez plus d’idée de nom pour votre 27ème Vampivol.
A quoi ressemble les environnements ?
La compétition permet à Skyprad d’évoluer sur plusieurs îles très différentes, il peut ainsi rencontrer une grande variété de monstres désignés par Akira Toyirama. Et vu que c’est un spécialiste du recyclage, vous allez surtout affronter la cinquantaine de monstres déjà présents dans tous les Dragon Quest, mais sous plusieurs variétés de couleurs (au moins la communauté Dragon Quest n’a pas cet éternel débat sur le design des nouvelles générations … C’est les mêmes depuis 30 ans).
Mais attention ! Contrairement à Pokémon, vous avez une caméra à la troisième personne (c’est-à-dire vue de dos, et non vue du ciel) et il n’y a pas de rencontre aléatoire : les créatures sont directement visibles et à votre charge de venir à leur rencontre, si ce n’est pas eux-mêmes qui font le premier pas. En y réfléchissant, ce sont les terres sauvages avant l’heure, mais avec des graphismes de Nintendo DS, et non de Nintendo Wii comme c’est le cas sur Epée / Bouclier.
Vous vous dites peut-être « Au final, ça n’a pas l’air si mal ? ». Bien entendu … et c’est très précisément le problème !
Après nous avoir vendu une expérience, non concurrente mais en complémentarité avec nos traditionnels jeux Pokémon, Dragon Quest Monsters Joker ne fait plus entendre parler de lui en Europe depuis 2011.
Donc oui, c’est en cela que c’est le plus mauvais jeu Pokémon : nous n’avons pas eu le droit aux suites sorties depuis sur Nintendo 3DS et Switch. Et tout ce que nous pouvons souhaiter : c’est de voir cette série, un jour, réapparaître sur le continent européen.
Sur ces paroles, rendez-vous l’année prochaine pour un article sur Spectrobes. :p
Article bien sympathique sur un jeu incroyable qui exploita les capacités de la DS bien mieux que Pokémon btw x) Bon par contre c'est malin, rappeler que nous n'avons pas eu DQMJ3... Une sortie européenne me "hyperait" encore plus que le remake 4G je crois. *S'enfuit en pleurnichant*
En tout cas j'ai passé BEAUCOUP d'heures sur DQMJ1 et 2, et si vous n'avez jamais essayé je vous les recommande ! La synthèse c'est vraiment très fun, surtout quand tu arrives enfin à faire de gros monstres, de gros monstres qui s'avèrent être des Boss finaux des Dragon Quest principaux et ça c'est épique x) Je ne sais même pas combien de temps j'ai passé à me créer une équipe parfaite pour affronter mes amis à l'époque, mais en tout cas jamais un jeu Pokémon ne m'a donné l'envie de m'investir autant dans l'élevage de bestioles que DQMJ. D'ailleurs, pensée émue à mon équipe troll composée de 3 Gluandor surentraînés x')
Je ne sais pas où tu l'as trouvé, mais ton héros à un super nom !
Gobou a écrit:
Et vu que c’est un spécialiste du recyclage, vous allez surtout affronter la cinquantaine de monstres déjà présents dans tous les Dragon Quest, mais sous plusieurs variétés de couleurs (au moins la communauté Dragon Quest n’a pas cet éternel débat sur le design des nouvelles générations … C’est les mêmes depuis 30 ans).
Je te rassure, le bestiaire est en grande partie refait entre chaque DQ. Ils gardent juste les plus célèbre (Gluants, Vampivol...), rajoutent quelques vieux et terminent avec beaucoup de nouveaux quand même. Par contre, ouais, comme tous les RPG, ils y a des monstres avec juste les couleurs qui changent pour montrer qu'ils sont plus forts.
Sinon, pour la petite anecdote, quand on a eu Dragon Quest Monster : Joker 2, la version Pro (version complémentaire pour Pokémon en quelque sorte ajoutant de nouveaux monstres, compétences et un nouveau scénario supplémentaire) était déjà sorti au Japon, mais jamais on a eu la version Pro.
Autre anecdote, Dragon Quest Monster n'est pas le 1er jeu de la série permettant de dresser des monstres. C'est Dragon Quest V, sorti en 1992 au Japon, donc bien avant Pokémon et souvent considéré comme le jeu l'ayant inspiré. Donc, en vrai, c'est plutôt Pokémon qui est un "clone" de Dragon Quest V !
Bref, jouez à Dragon Quest !
Que ta vie soit comme le PQ. Longue, rose et utile.
En revenant au domicile familial, vous prenez votre Nintendo DS Lite et vous démarrez le jeu (parce que c’est aussi le temps où il n’y avait pas de mise à jour).
Le bon vieux temps ! Sauf que j'ai dû attendre le Noël suivant pour y jouer...
Gobou a écrit:
En effet aucune des suites n’est sorti chez nous et je vous laisse imaginer dans quel état mental se trouve l’auteur de cet article qui attends Dragon Quest Monsters Joker 2 Professional depuis maintenant neuf ans ! Non, je ne l’ai pas du tout mauvaise !
Le PIRE c'est que je n'avais pas acheté DQMJ2 pour attendre le Professional ! C'est seulement vers 2015 que j'ai abandonné tout espoir et que je me suis rabattu sur DQMJ2. En occaz. Mais pas à 4€. Ni à 10...
Gobou a écrit:
Et bien entendu vous devez gagner cette compétition en récoltant des pierres tout en battant d’autres dresseurs (dont votre traditionnelle rivale pénible au possible que vous terrassez super facilement à chaque fois, mais qui trouvera quand même l’audace de dire que c’était « un match serré »).
Ouais, enfin les combats de Dresseurs c'est rarissime. On combat surtout des monstres sauvages et des boss monstres sauvages.
Gobou a écrit:
C’est-à-dire taper sur d’autres monstres pour gagner des points d’expériences pour permettre à « Gégé » de disparaître une heure plus tard via la synthèse qui formera « Gégé 2 » car vous n’aviez plus d’idée de nom pour votre 27ème Vampivol.
Mauvaise langue. On peut assez vite synthétiser des monstres intéressants. Bon, par contre, certains sont des purges à avoir (oui, Seigneur Dragovien, c'est à toi que je pense).
Gobou a écrit:
En y réfléchissant, ce sont les terres sauvages avant l’heure, mais avec des graphismes de Nintendo DS, et non de Nintendo Wii comme c’est le cas sur Epée / Bouclier.
De mémoire, le monde ne s'arrête pas lorsque tu montes à une échelle dans DQMJ. Et le jeu a presque 15 ans de moins que EB.
Après, un détail que tu n'as pas évoqué et qui fait une sacrée différence avec Pokémon, c'est la difficulté du jeu. Il reste largement faisable, mais il est à des années-lumières de la difficulté de Platine. Tant dans la capture des monstres que dans les combats de boss (au moins, t'as pas un Dracolosse qui te défonce sur la Route 1 et Cynthia n'attaque pas deux fois par tour ).
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