Tout d’abord, je tiens à m’excuser du temps que cette élimination a prise. Je ne vais pas trop m’épancher, en plus de soucis de santé dont j’ai déjà pu faire part, j’ai perdu pendant l’année tous mes documents informatiques, incluant une élimination qui était déjà écrite. Et malgré ça, je ne voulais pas bâcler une réécriture, et pour cause, il s’agit de Bianca. Et, pour ceux qui ne le savent pas déjà, Bianca est largement la numéro 1 dans mon classement final du
rankdown, et mon personnage favori de la franchise. C’est parti donc pour …
POURQUOI BIANCA EST LE MEILLEUR PERSONNAGE DE LA FRANCHISE POKÉMON
LA COMPARAISON AVEC TCHERENIl est inévitable de parler de Tcheren quand on parle de Bianca, et inversement, tant les personnages sont liés thématiquement.
Les versions Noire et Blanche sont les premières versions à nous offrir une véritable paire de rivaux en les personnages de Tcheren et Bianca. C’est un choix que je m’étonne qu’il n’ait pas été fait plus tôt : d’un point de vue de
gameplay, ça fait sens de présenter un rival « fort » et un rival « faible » pour introduire le concept des avantages-type au joueur. (C’est pour ça aussi que j’exclus volontairement RSE, parce qu’on n’a pas du tout cette notion avec Timmy et Brice/Flora.) Et le fait d’avoir deux rivaux diamétralement opposés s’inscrit dans la volonté du jeu de représenter cette dichotomie entre Idéal (Tcheren) et Réalité (Bianca). On retrouve cette dichotomie dans leur nom (Tcheren est tiré du bulgare pour
noir, et Bianca est tiré de l’italien pour
blanc, merci Duolingo), dans leur personnalité (Tcheren est calme, parfois cassant, Bianca est toujours enjouée et supportive), dans leur design (Tcheren porte des couleurs très sombres et est plutôt effacé, alors que Bianca a des couleurs claires qui attirent le regard) et même dans la façon dont le jeu présente leur chambre (Tcheren a une chambre sombre avec une bibliothèque remplie d’encyclopédies, alors que celle de Bianca est toute rose et colorée). On pourrait dire que cette dichotomie est un peu trop appuyée, mais ça montre surtout à quel point ces deux personnages sont importants pour l’histoire globale ; notamment pour le protagoniste, qui est un peu le « point d’équilibre » entre les deux (on aura le temps de revenir sur le rôle génial du protagoniste à l’élimination de N). Et qu’ils n’ont pas été pensés que pour être des rivaux de fonction.
Leurs designs deviennent d'ailleurs plus équilibrés et complémentaires pour N2B2. Un aspect que je trouve important et qui est peu mentionné, c’est la façon dont Tcheren et Bianca se traitent l’un et l’autre, et qui explique notamment l’arc qu’entame cette dernière. Ça aurait été facile de les mettre sur un pied d’égalité dans leurs dialogues, avec un Tcheren qui pointe du doigt l’insouciance de Bianca, et une Bianca qui se moque du sérieux constant de Tcheren ; et je pense pas me tromper en affirmant que c’est comme ça que la majorité du fandom se souvient de leur relation. Mais ce n’est pas tout à fait le cas. On voit par exemple dès les deux premiers combats que les dialogues sont biaisés contre Bianca. Je pense que vous vous souvenez tous du premier combat du jeu contre Bianca, qui se finit avec la destruction de votre chambre. Voilà ce que Tcheren a à dire sur la question :
- Tcheren a écrit:
- Bianca… Tu as regardé autour de toi?
Ma petite Bianca, tu es irrécupérable.
Autant la VF est assez infantilisante, autant je trouve que la VA vaut aussi d’être mentionnée pour avoir choisi un adjectif encore plus violent :
- Cheren a écrit:
- Uh… … Bianca, would you take a look around?
You…are completely hopeless.
Avec des amis comme ça, pas besoin d’ennemi.
Mais en soi, le jeu donne raison à Tcheren. Bianca est la seule responsable du chaos ; après le combat contre Tcheren, gagné ou perdu, il n’y a pas de dommages supplémentaires, ce qui réconforte ce dernier dans le statut du rival « fort », du rival compétent. D’ailleurs, il le souligne de nouveau lors du combat dans l’école d’Ogoesse où, de nouveau, il n’y a pas de dégâts notables résultant du combat.
Qu’est-ce que Bianca a à répondre à ça ?
- Bianca a écrit:
- Euh… Euh… Et si tu faisais un duel avec Tcheren, aussi ?
Comme il est super balèze, je suis sûre qu’il pourra se battre sans mettre le bazar comme moi.
Je vous laisse aussi la VA, qui ne change pas grand-chose, mis à part l’interprétation de la phrase, où au lieu de s’adresser au protagoniste, elle s’adresse directement à Tcheren :
- Bianca a écrit:
- Hey, Cheren! How about you battle, too? With all you know, I'm sure you can battle without turning the room into a disaster area like I did!
Bianca
sait déjà qu’elle n’est pas au niveau du protagoniste ou de Tcheren. Et c’est important pour son arc : elle a des doutes sur ses capacités avant même de partir de Renouet.
Mais, et je l’avais déjà dit dans mon Clonage pour Matis, Tcheren reste un rival assez « traditionnel ». Ce n’est pas complètement un tort. Si ça peut être vu comme un avantage quand on aborde uniquement le
gameplay (c’est le rival qui est – théoriquement – le plus fort du fait de son avantage-type, c’est principalement celui qui va apprendre au joueur les mécaniques de la table des types, des attaques de statut et des objets) ; il est beaucoup plus déconnecté dans l’histoire des jeux. Son arc représente l’Idéal : il a un objectif clair – devenir le Maître de la Ligue – et a parfaitement les moyens de l’atteindre (d’ailleurs, canoniquement, il l’atteint : si ce n’était pour la défaite de Goyah, il a vaincu le Conseil 4 après le joueur), mais il ne sait pas
pourquoi il veut ça. Son arc, il le passe principalement avec Goyah, qui est un peu un reflet de ce qu’il pourrait devenir : un Maître un peu hypocrite qui n’a aucune passion dans sa fonction, qui préfère rester sur la route, et qui finit par se faire balayer par un N qui est, lui, pleinement convaincu par son idéologie. Tcheren est davantage une subversion de Blue, qui reste pour beaucoup l’archétype du bon rival dans Pokémon. Et, comme Blue, il est un peu « isolé » dans l’histoire globale … Alors que l’arc de Bianca brille par ses interactions avec les autres personnages du jeu.
BIANCA EST NULLE (ET C'EST BIEN)Là où le personnage de Bianca s’exprime le mieux n’est étonnamment pas face à Tcheren, mais avec les autres personnages qu’on rencontre au cours du jeu. Mais avant de partir sur les magnifiques routes d’Unys, il faut se poser une question :
Pourquoi Bianca veut-elle devenir Dresseuse ? On n’en sait rien, en fait. C’est davantage le fait d’avoir un Pokémon qui la motive. On n’a pas de raison claire, mais on peut supputer deux choses : un effet de mode – après tout, ses deux meilleurs amis veulent devenir Dresseurs – et le fait de vouloir s’émanciper de son père trop protecteur. Il faut re-contextualiser que, dans le monde de Pokémon, le voyage initiatique est plus ou moins le rituel obligé qui marque le passage à l’âge adulte, et que Bianca est, pour la majorité du jeu, complètement infantilisée, que ce soit par son père ou par Tcheren (qui n’est d’ailleurs pas au courant de la situation, Bianca demandant explicitement au protagoniste de garder ça secret). Mais au fond, le fait de devenir Dresseuse est un prétexte, elle n’a pas forcément envie de devenir Maître.
Et elle se retrouve rapidement confrontée à la Réalité de sa situation : elle n’est pas une bonne Dresseuse.
Parlons
gameplay. Il est vrai qu’à la fin du jeu, la différence entre le rival « fort » et le rival « faible » devient plus flou à mesure que les équipes des rivaux se diversifient. Mais dès le départ, elle choisit le Pokémon désavantagé par rapport à celui du joueur ; rappelons que c’est
elle qui le choisit en second, montrant bien son ignorance de la table des types, alors que Tcheren la connaît (puisqu’il aurait choisi le Pokémon avantagé « de toute façon ». Menteur). Leurs équipes finissent pas s’homogénéiser, notamment parce qu’ils gardent jusqu’à la fin du jeu les quatre premiers Pokémon qu’ils ont capturé, mais les Pokémon de Tcheren sont généralement plus équilibrés stratégiquement (avec notamment son Déflaisan, un oiseau de départ plutôt tardif pour le coup) que ceux de Bianca. Et un détail qui vous aura peut-être échappé : Tcheren utilise très tôt des objets tenus sur ses Pokémon. Pas Bianca.
Quelque chose qui a été instauré très vite avec l’introduction des combats Double, c’est des moments où le joueur doit combattre avec un PNJ. C’est un peu plus subtil à remarquer, mais Bianca ne combat jamais
avec vous, du moins dans NB ; encore une fois, ça contraste bien avec Tcheren, avec qui on combat deux fois (la première fois, notamment, contre les deux sbires Plasma dans la Grotte Souterraine). Ce n’est pas qu’elle n’en a pas l’occasion : Bianca et le joueur rencontrent ensemble la Team Plasma peu avant, dans les Vestiges du Rêve, et c’est le joueur seul qui combattra les sbires pour sauver le Munna, Munna qu’elle finira par ailleurs par intégrer à son équipe.
Je vais faire une aparté rapide sur ce Pokémon en particulier parce que c’est un Pokémon thématiquement très important pour Bianca, et qui n’a pas été choisi par hasard – outre le fait, je crois que c’est Sébouss qui en parlait, qu’il n’est pas vraiment possible de « canoniser » l’un ou l’autre starter pour les rivaux, le jeu aurait parfaitement pu prendre le parti de prendre l’autre Pokémon constant de son équipe et sa première capture, à savoir Ponchiot. Munna et Mushana sont des Pokémon réputés pour être attirés par les rêves. Et Bianca est une grande rêveuse, certes qui se cherche, mais qui a un énorme
potentiel – là où ça ne ferait pas sens pour Tcheren de l’avoir. Ce n’est pas une coïncidence que c’est ce Pokémon qui devienne son Pokémon signature dans Noir et Blanc 2, et ensuite dans Pokémon Masters, qui confirme d’ailleurs dans ses dialogues cette relation :
- Bianca a écrit:
- "But just now, Musharna let out some mist from her forehead."
"It's called Dream Mist because it's said to be full of all the dreams Musharna have eaten."
"If that's true, then my dreams must be within Musharna's mist, too."
"So in a way, it sort of feels like she's cheering on my dreams!"
Et puis elle se fait voler le cochon.
BIANCA VS THE WORLDSi on a déjà eu les prémisses de l’arc de Bianca depuis le tout début du jeu, on peut dire qu’il commence réellement à ce moment précis, où son Munna se fait Pokémonnapper par les sbires de la Team Plasma. On a plusieurs instances avant ça où le groupe est confronté à la Team Plasma et où Bianca reste sur le carreau, comme j’ai pu déjà le mentionner : aux Vestiges du Rêve, où le protagoniste est le seul à combattre ; puis à la Veine Souterraine, avec le Chovsourir, où c’est le protagoniste et Tcheren de concert, alors qu’elle reste avec la petite fille pour la consoler. Ça reste des événements où elle n’est pas directement impliquée émotionnellement, au-delà de l’empathie naturelle (il s’agit pour le premier moment d’un Pokémon sauvage, pour le second, du Pokémon d’une inconnue). Mais à ce moment-là, elle est confrontée directement à son impuissance en tant que Dresseuse, puisque c’est
son Munna qui disparaît.
On rencontre au même moment Iris, qui se déclare devenir son « garde du corps ». Iris n’est pas un personnage ultra-prévalent, comme j’ai pu le dire dans
son élimination, et fonctionnellement c’est le protagoniste qui finit par secourir le Munna ; mais c’est pas ça qui est important, souvenez-vous juste de cette phrase et mettez-là dans votre sac de Chekhov.
C’est à mon sens une des forces de Bianca par rapport à Tcheren : ses interactions avec les autres personnages de ce monde, et la façon dont ces rencontres vont l’impacter non seulement elle, mais ces autres personnages en question – alors que, pour Tcheren, ça reste limité à Goyah. Le point d’orgue de son arc, c’est quand même lorsqu’elle sait qu’elle ne peut pas vaincre la Ligue par elle-même – ce que fait Tcheren – pour rejoindre le protagoniste et l’aider face à N, et qu’elle décide de retrouver tous les Champions de la région pour combattre ; c’est crédible, puisqu’elle a rencontré la plupart d’entre eux en-dehors du contexte d’un combat Pokémon. Elle a pu aider à son échelle, avec ses moyens.
Mais revenons à ce moment à Volucité, où Bianca commence à extérioriser ce qu’elle gardait plus ou moins pour elle depuis le départ : elle n’est pas faite pour être Dresseuse.
Et c’est quelque chose qui va la suivre pendant tout le reste du jeu, mais qui va s’arrêter d’abord à Méanville. Vous savez de quelle scène je parle : son père qui veut la ramener de force à la maison, devant le Music-Hall, Emotion qui joue avec votre fibre sensible dans le fond. On a le père de Bianca (oui, c’est son nom, Père de Bianca. Si j’avais une relation avec un personnage comme Bianca, moi aussi j’oublierais mon propre nom) qui est très possessif (l’appelle
ma fille et finit par la
confier au protagoniste), qui l’infantilise (considère son voyage comme un
caprice) … Un personnage éminemment sympathique, donc, mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est qu’en s’opposant directement à son père pour pouvoir continuer son voyage, elle obtient le soutien d’un autre personnage : Inezia, la Championne d’Arène de Méanville :
- Inezia a écrit:
- Le monde est vaste et peuplé de personnes très différentes. A chacun sa façon de penser, même si elle est très différente de la nôtre. (…) L’essentiel, c’est que ce processus, en se répétant, permet de comprendre que ces différences existent bel et bien et qu’elles sont naturelles.
Bien sûr, c’est directement lié à Bianca, qui doit donc chercher non pas à imiter ses amis et devenir Dresseuse, puisqu’elle n’a pas vraiment les compétences pour, mais à trouver sa voie. C’est un détail idiot, mais je trouve ça assez pertinent que cette rencontre se passe juste après le passage au Music-Hall, un endroit qui est à priori complètement déconnecté de la quête principale, mais qui est toujours lié, dans l’univers, aux Pokémon.
(Aparté, mais j’aime beaucoup comme ces jeux prennent en main le thème typique des jeux Pokémon du passage à l’âge adulte, où beaucoup des Champions et le Maître ne sont pas uniquement des obstacles de
gameplay, mais de véritables mentors ;et ça se reflète aussi dans Noir et Blanc 2, où ces mêmes personnages deviennent des guides (en tant que Champion pour Tcheren, en tant qu’assistante de la Professeure pour Bianca) pour les nouveaux protagonistes. C’est aussi pour ça que je ne suis pas d’accord avec les personnes qui disent que Tcheren aurait dû pousser le vice de la tradition de Blue et devenir Maître dans Noir et Blanc 2, même si je n’aime pas Iris dans ce rôle ; ça aurait ruiné tout son arc.)
A partir de là, Bianca commence à explorer plusieurs possibilités, entre devenir modèle comme Inezia, ou suivre la voie du professeur Keteleeria … On en vient d’ailleurs à un autre moment, un peu sous-côté, qui précède l’entrée de la Tour Dragospire. La Team Plasma a pénétré la tour, Zhu et Tcheren sont déjà partis à la poursuite des sbires, et Spruce Keteleeria vient à notre (le protagoniste et Bianca) rencontre pour nous expliquer ce qui s’est passé et comment on va agir, nous déconseillant d’aller risquer notre vie (incroyable). Décomposons les lignes de dialogue de Bianca :
- Bianca a écrit:
- Ludwig et Tcheren, c’est des super méga Dresseurs! Ils ont fait mordre la poussière à cette Team plein de fois, déjà!
Mais euh… moi par contre… je suis pas forte, hein…
Au début du jeu, il y a ce beau moment où on voit le protagoniste et ses rivaux marcher ensemble vers la première route. C’est un moment mignon, assez oubliable dans l’ensemble des scènes que Noir et Blanc a à offrir, mais qui demande de faire ça ? Bianca. Elle s’inclut sans complexe dans un trio. Elle se met à égal. Ça contraste nettement avec ce moment, où elle s’exclut d’elle-même, ne se jugeant pas assez forte pour intervenir sur un pied d’égalité avec le protagoniste et Tcheren.
- Bianca a écrit:
- Alors euh… je peux rester pour protéger le Professeur, hein…?
C’est pas une bonne… euh… idée?
Vous vous dites sûrement que c’est contradictoire. Bianca affirme elle-même qu’elle n’est pas très forte, alors pourquoi serait-elle utile pour protéger le Professeur ? Déjà, parce que dans la logique Pokémon, on ne sait pas si le Professeur a quoi que ce soit pour le défendre, alors même une Dresseuse médiocre, c’est mieux que rien. Mais surtout, sortez votre sac de Chekhov, elle veut être son « garde du corps ». Bim ! Bianca veut être
utile, et est encore à un stade de son arc où elle considère que le seul moyen de l’être, c’est de pouvoir combattre, en reproduisant le rôle qu’Iris a eu pour elle à Volucité.
Je ne peux évidemment pas vous faire toutes les apparitions de Bianca, aussi significatives soient-elles, mais je ne peux pas arrêter cette partie déjà assez longue sans vous laisser avec une de ses dernières phrases, la presque-conclusion de son arc – c’est sa dernière apparition, mais comme j’ai pu le mentionner plus tôt, elle intervient dans le final indirectement par le biais de l’apparition des Champions d’Arène –, juste avant la Ligue :
- Bianca a écrit:
- Depuis qu’on a rencontré des Pokémon, on est tous partis en voyage, et il s’est passé plein de trucs! On a tous changé, différemment. Vouloir et pouvoir, c’est pas pareil, hein! Ce voyage, il m’a appris quelque chose. Alors je suis bien contente!
Déjà, elle reprend le on, elle ne s’exclut plus d’elle-même de son groupe d’amis. Mais surtout, Bianca accepte la Réalité de ses capacités, mais ne laisse plus ce fait la contrôler. Et je trouve que, même si c’est un message simple en surface, il s’inscrit parfaitement dans le thème général des jeux : au-delà du conflit intérieur de Bianca, le monde n’est pas que noir ou que blanc, il est rempli de nuances, et c’est une chose naturelle, et même désirable. C’est une conclusion aussi logique à amener à ce moment du jeu, juste avant la Ligue et l’affrontement avec la personne qui veut combattre cette idée.
Je vous rassure, les deux dernières parties seront bien plus courtes.
BIANCA, LA JOUEUSE LAMBDAPendant que je faisais mes petites recherches pour retrouver les images et les citations pour mes différents passages (merci d’ailleurs à Sylv !), j’étais tombée sur un petit article qui mentionnait que Bianca était là pour représenter, d’un point de vue plus
meta, les aspects hors-combat Pokémon de la franchise.
Honnêtement, je ne sais pas si c’est intentionnel de la part des scénaristes, mais c’est un point de vue que j’ai trouvé assez intéressant pour venir le défendre. C’était déjà quelque chose que j’avais perçu en jouant à XY, bizarrement, avec le fameux groupe d’amis, dont chacun représentait – théoriquement – un aspect de l’univers Pokémon, avec Kalem/Serena qui sont les rivaux de fonction, Trovato qui représente l’aspect collection avec le Pokédex, Tierno qui … danse ? Et conceptuellement, ça fait sens. Le monde de Pokémon ne se résume pas
que au combat de Pokémon, il y a beaucoup de facettes qui se sont développées autour. Entre autres et pour ne citer que les choses qui touchent le
gameplay : les Concours, le Pokéathlon, le Music-Hall, et au fait, je vous ai déjà parlé du Pokéwood ? Le problème avec eux réside dans le fait, pour reprendre les mots de K-J, qu’aucun de ces personnages ne fonctionne en tant qu’individu, au-delà de ce concept initial. Mais conceptuellement ? C’est une bonne idée.
Revenons à NB. Le rival « traditionnel » dont Tcheren est l’un des représentants, avec Kalem/Serena – même s’il est l’un des plus nuancés – a pour seul but de nous apprendre, en tant que joueur, comment fonctionne les mécaniques du jeu. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est le rival « stratégique » pour ne pas me faire taper sur les doigts par les stratèges, et parce que les mécaniques qu’il enseigne restent assez superficielles par rapport aux possibilités de Pokémon – mais elles sont suffisantes pour le but assumé : battre la Ligue solo et finir le jeu. A l’époque, quand Blue prenait le Pokémon avantagé par rapport au tien, et changeait son équipe constamment pour t’apprendre à maîtriser la table des types. Et quand tu battais le rival, tu avais un sentiment de satisfaction parce que tu maîtrisais les mécaniques du jeu.
Bianca n’est pas la première rivale « sympathique » (
friendly rival) de Pokémon, ce titre plus ou moins honteux selon à qui la question est posée revient à Brice/Flora et à Timmy, ni la dernière. Mais c’est la première qui n’a pas pour
objectif d’être ta rivale, et qui est même, d’un point de vue de
gameplay et de l’histoire, incompétente pour être ta rivale. On a aussi Atalante qui joue ce rôle de rival
bis pour les Concours dans ORAS. Et c’est
bien. On pourrait même dire que Bianca représente le joueur lambda, celui qui n’est pas intéressé par l’aspect compétitif inhérent aux jeux Pokémon, mais qui veut juste s’amuser avec l’ensemble des activités parallèles qu’ils proposent. Avoir un personnage qui se découvre un autre objectif, ou qui introduit ces activités (Bianca est plus ou moins directement celle qui nous présente le Music-Hall), ça enrichit l’univers, le rend plus plausible, plus … organique. Je dirais même qu’avec des scénarios de plus en plus larges, c’est même nécessaire. Et que Bianca est la première, mais aussi la meilleure dans ce rôle.
BIANCA DANS NOIR ET BLANC 2Je vais passer assez rapidement dessus parce que je pense que j’ai assez développé pourquoi le fait d’en faire l’assistante de Keteleeria dans N2B2 est une conclusion logique. Il y a cette thématique du passage à l’âge adulte et de la transmission qui est toujours plus ou moins présent dans les jeux Pokémon – le voyage initiatique entamé par le protagoniste de tous les jeux est au final une découverte de soi –, mais particulièrement dans les jeux de cinquième génération, où les Champions d’Arène et le Maître ont une place omniprésente en tant que mentors pour notre trio de personnages principaux. Et c’est pour ça que Bianca, en devenant l’assistance du professeure Keteleeria, continue cette transmission, de la même façon que Tcheren la continue en tant que premier Champion d’Arène. Ce ne sont pas des rôles choisis au hasard non plus, ce sont les premières personnes « d’autorité » que le protagoniste et Matis vont rencontrer, et la professeure notamment qui a un rôle d’accompagnatrice pendant leur voyage – c’est ce que faisait déjà Keteleeria dans NB, pro-active sur le terrain, et c’est un aspect du rôle qui s’est développé de plus en plus à partir d’elle.
Je voulais juste en passant signaler cette petite phrase, juste avant qu’elle nous accompagne à l’intérieur du Mont Renenvers :
- Bianca a écrit:
- There's something I want to investigate here in Reversal Mountain. But the wild Pokémon here are really tough, and I'm having trouble with them! Could you come with me? Please?
On voit que, contrairement à son ressenti à Volucité dans le jeu précédent, elle n’est plus du tout complexée par son manque de compétences en tant que Dresseuse, et donc son besoin de se reposer sur l’aide des autres. Je suis fière d’elle.
Il y a aussi un aspect peu abordé de la personnalité de Bianca qui fait sens : sa curiosité. C’est assez peu abordé car elle souffre aussi de cette dichotomie avec Tcheren, un personnage « intelligent » plus traditionnel, académique, si l’on peut dire. Et, oui, elle n’est pas le couteau le plus affûté du tiroir, mais ça ne l’empêche pas de s’intéresser à l’univers qui l’entoure – qui est aussi quelque chose qui pourrait manquer à Tcheren, puisque le parti pris est que c’est lui qui transmet certaines mécaniques au protagoniste / joueur, et donc qu’il sait déjà. Quand le joueur a besoin d’être informé de choses qui concernent l’histoire, le
lore, de l’univers, les questions passent par Bianca. Le fait qu’elle s’oriente vers la recherche (repose en paix, carrière de mannequin) est une prolongation logique pour sa personnalité.
CONCLUSIONPour ma part, ce
rankdown a été un plaisir à mener, malgré les délais, que ce soit partager mes opinions – plus ou moins controversées, je te regarde Silver – ou lire les autres et les réactions. Bianca reste mon personnage favori, et évidemment que j’aurais préféré qu’elle atteigne la première place, mais elle avait beaucoup de concurrence dans ce top 10, même dans sa propre génération. Je lui laisse donc le mot de la fin :