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| white shewolf
Écrivain
Nature : Calme
Exp : 1773
| Sujet: [Perle] Pearl of Space Dim 3 Aoû 2014 - 10:59 | |
| Sommaire Prologue : voir plus bas chapitre 1chapitre 2Chapitre 3chapitre 4 Bonjour Cela fait un bon moment que je vous en parle, de ce nouveau roman, et je vous annonce qu'il arrive enfin sur le forum. Il s'agit du fruit d'un partenariat avec Rayake : cette dernière joue, elle m'envoie ses notes, j'écris. Elle est également ma bêta lectrice puisque je lui fait part de tous les chapitres bien avant qu'ils soient publiés. Elle corrige quelques fautes et donne son avis sur l'histoire que j'ai créée. Donc si vous voyez encore des fautes, c'est à elle qu'il faut le reprocher Plus sérieusement, Pearl of Space est très différent de Yellow Reborn. Il n'a pas cette originalité première de ce dernier, mais comporte d'autres spécificités. S'il est TRES long au début (comptez 4 chapitres rien que pour arriver à Sinnoh et 9 pour voir le nuzlocke commencer.) Il est plus rapide par la suite car j'essaie de ne raconter que les passages importants ou bien dans le scénario du jeu ou bien dans celui du roman (exit donc certains passages longs dans le jeu et inutiles pour l'histoire, et il y en a pas mal dans ces versions diamant et perle). Si certains ont lu mon roman écris pour le NaNoWriMo (je pense par exemple à Silver et Mimoze) ils verront quelques ressemblances, et pour cause : le second titre de Pearl of Space, c'est Traqués, comme le roman du NaNo. Pour ceux qui ne connaissent pas cette série écrite par mes soins depuis plusieurs années (une décennie ? J'ai commencé tôt), il s'agit de nouvelles (plutôt que de romans) racontant la fuite d'un héros face à un ennemi qui veut l'attraper (pour le tuer, ou autre). Je pense que cela vous donnera une indication sur le roman que je vais commencer à vous poster aujourd'hui. En avant donc pour un prologue plutôt tranquille, certainement déstabilisant. Je pense poster d'autres chapitres dans la semaine. Bonne lecture. Pour les règles, ce sont les règles habituelles. PROLOGUE Je déteste mon voisin.
Ce n'est pas qu'il n'est pas sympathique, c'est juste que c'est un type horriblement prétentieux, particulièrement je-m'en-foutiste et complètement stupide. Et, encore une fois, il me le prouve en faisant péter ces horribles fusées explosives dans son jardin alors qu'il est 3h du matin. Prétentieux, c'est parce qu'il ne peut s'empêcher de faire des feux d'artifice depuis son immense jardin à la française qui se trouve derrière son gigantesque château. Je-m’en-foutiste, c'est à cause de cette manie de faire n'importe quoi à n'importe quelle heure, sans faire attention aux autres. Quant à stupide, et bien... il lui arrive de faire exploser ses pétards lumineux en plein jour, ce crétin...
Les bruits d'explosion ne cessent pas. Pour ne plus les entendre, je tente de replier mon oreiller autour de mon crâne afin de recouvrir mes oreilles. Sans succès.
Énervée, je prends mon mal en patience et poireaute le temps que môssieur cesse son ramdam. Le pire, c'est quand on connaît la raison qui le pousse à faire cela, et cette raison, elle tient en un mot : Froufrou, son couafarel, cette sorte de gros machin quadrupède super poilu qui pue le shampoing à la rose. Le type ferait n'importe quoi pour son pokémon. Même des feux d'artifice à 3h du matin. Et il n'arrête pas, cet enfoiré. Et cette bestiole, elle est tellement gâtée qu'elle se fait la malle tous les quatre matins. C'est d'ailleurs là que réside le seul avantage d'habiter à proximité de ce cinglé : les fugues du couafarel de Mr Chaydeuvre. Lorsque la pauvre bête s'est réfugiée la première fois dans mon jardin avec tous ses bigoudis sur la tête et que je l'ai rapportée à son propriétaire avec une solide laisse faite avec la corde du puits situé à côté de notre baraque, ce dernier m'a offert une coquette somme d'argent en récompense. Ce pokémon est donc devenu en quelque sorte mon gagne pain : dès qu'il s'enfuit, je le capture et le garde quelques jours, assez longtemps pour que le proprio monte la récompense. Lorsqu'elle est assez élevée à mon goût, hop ! Je le lui rends. Cela vaut bien une leçon d'histoire sur la famille Chaydeuvre et de supporter l'arrogance du type. Surtout qu'on a besoin d'argent.
À force de me retourner dans mon lit, je m'énerve. Je dois me rendre à l'évidence : je ne dormirai plus maintenant. Surtout que mon compagnon a fini par piquer toute la couverture, comme à son habitude, en grommelant d'arrêter de danser la samba dans son pieu. Ok, j'ai pigé.
Résignée, je me lève et allume la lampe de chevet qui émet une lueur blafarde. Mon compagnon s'en moque : il dort de l'autre côté du lit, la tête vers le mur : la lumière ne peut donc pas le gêner. Je me gratte le crâne en regardant la baraque minable dans laquelle nous nous cachons, mon camarade de voyage et moi-même, depuis près de six mois. C'est une vieille bicoque qui se trouve à proximité d'une rivière, d'un village pittoresque et du château Chaydeuvre. Après avoir juste réparé le toit, nous avons décidé d'y loger, le temps que les choses se calment quelque peu là où nous vivions avant. La région de Kalos est beaucoup plus calme, et nulle branche de la team rocket, notre ennemie de toujours, ne la menace. C'est donc une cachette idéale pour les deux hors-la-loi que nous sommes, mon compagnon et moi-même. Le pire, c'est de savoir qu'aucun d'entre nous n'a décidé de l'être, nous n'avons été que les victimes de sombres complots. Ça aurait pu tomber sur n'importe qui ; le hasard a voulu que ce soit nous, voilà. Mon compagnon a eu le malheur d'être au mauvais endroit, au mauvais moment, et moi, j'ai eu la malchance d'être née et d'avoir vécu dans la mauvaise famille. Mais, malgré nos aventures, nous avons survécu. J'espère que ça va durer, même si par moment, j'aimerais être morte, pour ne plus avoir à fuir.
Je finis par me lever du lit et à m'approcher de mon bureau, simple planche de bois posée sur deux tréteaux. Je sais ce que je vais faire. J'ai trop de choses qui me tournent sans cesse dans la tête, il faut que je m'en débarrasse. Et c'est ce que je vais faire : je sors de l'armoire branlante une antique machine à écrire. Plus personne n'utilise un tel système : avec l'avènement de l'informatique, tout le monde utilise des ordinateurs car ils sont plus pratiques. Mais également plus surveillés, et c'est cela que je veux éviter. Surtout qu'avec ce que je veux écrire, je pourrais être arrêtée pour trahison.
Alors je pose la machine à écrire sur le bureau ; le bois du bureau craque, mais tient bon. Espérons qu'il ne casse pas, sinon quoi je perdrai la seule chose qui compte pour moi. Cette bécane, j'ai dû utiliser tout ce qu'il me restait d'argent pour l'acheter, alors j'y tiens beaucoup. Je m'assois ensuite sur la vieille chaise grinçante, prends une feuille de papier vierge mais un peu tâchée à certains endroits et la rentre dans la machine. Voilà, je suis prête. Mais, à présent, je ne sais plus par où commencer. Ce que j'aimerais raconter, c'est ce qu'on m'a fait, ce que j'ai subi tout au long de mon aventure.
Par où commencer ? Par le début de mon voyage avec Bazil à mes côtés ? Non, mieux vaudrait débuter par le vrai commencement, la raison pour laquelle j'ai dû fuir face à des ennemis qui semblaient toujours savoir où j'étais. Ça va me faire mal, je le sais d'avance, mais si un jour quelqu'un lit ces lignes, il risque de ne pas tout comprendre.
Je regarde dehors : le ciel commence à s'éclaircir ; les passerouges se mettent à chanter.
Je lève les mains au-dessus du clavier usé par les années. Les mots se mélangent dans ma tête, comme pour ne pas être choisis. Mais je parviens à en prendre quelques uns et à les assembler en phrases dans mon esprit.
Et me mets à écrire. |
| | | Slyaquali
Écrivain
Nature : Malin
Niveau : 23
Exp : 2288
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Lun 4 Aoû 2014 - 9:15 | |
| yey, un nouveau roman o/ Woah, c'est so mysterious ~ J'ai hâte de connaître le passé de nos deux compagnons ( d'ailleurs ça sent la futur histoire d'amour ça ). PS: T'as oublié de mettre les règles :p Ni vue, ni connue - Magnifique avatar par El Grande Maestro Phiphi ~:
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| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Lun 4 Aoû 2014 - 13:16 | |
| Rien à redire sur ce prologue. J'adore la façon dont tu dévoiles le caractère du héros tout en laissant planer et s'étendre ce petit mystère qu'il constitue pour nous. Intro classique mais réussie. Tu as (encore une fois) tous mes encouragements pour la suite ^^ |
| | | white shewolf
Écrivain
Nature : Calme
Exp : 1773
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Mer 6 Aoû 2014 - 19:49 | |
| Je vous avais promis un nouveau chapitre, le voici ! C'est un chapitre assez long, j'avoue (3 900 mots, je crois) et il n'est peut être pas très palpitant parce qu'on parle surtout de la vie de l'héroïne avant son aventure. J'espère toutefois qu'il vous plaira, un second arrivera durant le week end, je pense. Bonne lecture ! Pearl of space – Chapitre 1
Mon nom est Ann Stryker, et qui me différenciait des autres à l'époque, cette époque où j'étais enfant puis adolescente et que je vivais avec ma famille dans la ville d'Azuria, à Kanto, c'était que je n'aimais pas les pokémon. Ces bestioles niaises, avec leurs sales tronches et leurs pattes sales, et cet engouement qu'avaient mes proches pour eux, ça m'avait toujours dégoûté. Mais peut-être cela avait-il un rapport avec le fait que tous les membres de ma famille travaillaient dans le milieu des pokémon. Par « tous les membres », je veux dire par là : mes parents, archéologues étudiant les anciens mythes et légendes pokémon, mais également mon frère aîné, éthologue de renom spécialisé dans le comportement des pokémon insectes, et ma petite sœur, qui travaillait d'arrache-pied pour devenir dresseuse professionnelle. Quant à moi, et bien, je jouais le rôle du vilain petit canard de la famille, car j'étais une simple vendeuse dans un boutique vendant des bicyclettes. Qui allait fermer, d'ailleurs, car les gens préféraient de loin se balader à dos de galopa ou de ponyta. J'avais donc toutes les raisons de détester ces créatures. Sans pour autant leur vouloir du mal, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
De toute manière, je ne ressemblais pas beaucoup aux autres membres de ma famille. Eux étaient grands, déjà, et minces, et blonds. Moi, j'étais tout l'inverse : petite, un peu boulotte et brune, par dessus le marché. La plupart des gens pensaient que j'avais été adoptée. D'ailleurs, j'en ai souvent touché un mot à ma mère, mais la réponse de celle-ci a toujours été la même :
« Impossible, tu étais de toute manière le seul bébé de la maternité. À présent, retourne étudier, j'ai à faire. »
La gentillesse légendaire de ma mère... D'ailleurs, quand elle me disait cela, j'avais toujours l'impression qu'elle se disait « Et quel dommage que tu sois ma fille... ». Pourtant, elle était gentille envers mon frère et ma sœur... mais pas avec moi. À croire que j'ai été ratée, parce que mes parents se sont hâtés d'avoir un autre enfant après m'avoir eu. Et la petite sœur, elle m'a rapidement éclipsée.
Il faut dire qu'elle était jolie, Irène, avec ses bouclettes blondes comme celles d'une poupée, ses grands yeux bleus aux longs cils, ce nez de chat, ce visage en forme de cœur et cette taille de guêpe. Rien à voir avec mes cheveux raides, mon nez droit et mes quelques kilos en trop... Ah, seul point commun : nos yeux, de couleur bleue... Quoique, les siens étaient couleur océan, tandis que les miens sont d'un bleu plus profond et plus sombre, virant sur le gris.
Et puis elle était intelligente, la petite sœur : en gros, elle avait six mois d'avance par rapport à moi dans tout ce qu'elle faisait... et, malgré l'existence de mon frère, nos parents se sont toujours acharnés à nous comparer, ma sœur et moi.
Lorsque je suis enfin allée à l'école, là où on apprenait à lire, écrire, compter et dresser les pokémon, j'ai cru que j'allais pouvoir sortir de cette compétition perdue d'avance contre ma sœur, car je n'étais pas bête. Peine perdue, les cours m'ont rapidement ennuyé. Enfin, non, ce n'est pas qu'ils m'ennuyaient, c'est que mes parents ne voyaient jamais les efforts que je faisais pour essayer d'avoir de bonnes notes. Tous les soirs, c'était la même comédie : ma mère reprenait tous mes devoirs et les corrigeait tout en me disant combien j'étais incapable de retenir la moindre chose. Cette fois, c'était à mon frère qu'elle me comparait, ce frère si brillant qui a toujours été premier en tout... Pas étonnant que j'ai fini par me décourager : j'ai longtemps tenté de garder la tête à la surface de l'eau, mais finalement, j'ai lamentablement coulé comme une pierre. Lors de ma dernière réunion parents-profs, mon professeur principal a dit que j'étais une élève sans espoir. Surtout pour le dressage des pokémon, car à cette épreuve j'avais été particulièrement lamentable : le pokémon qu'on m'avait assigné était trop jeune, si bien qu'il n'avait jamais voulu obéir au moindre de mes ordres. Le soir venu, es parents m'ont avoué combien je les avais déçu. Ma mère a fini par dire qu'elle s'en était toujours doutée, et que l'issue ne l'étonnait finalement pas. Mon père a soupiré, et on est rentré sans prononcer une parole de plus. On est arrivé à la maison, et, pour me punir, mes parents m'ont envoyé au lit sans manger.
Alors je suis montée dans ma chambre en claquant la porte pour exprimer mon mécontentement, déjà parce que j'avais faim et aussi parce que la punition était complètement injustifiée : c'était pas en me privant de nourriture que j'allais avoir de meilleures notes !
Alors ma mère est montée comme une furie, m'a asséné une paire de gifles qui a longtemps résonné dans mes oreilles, tout en braillant comme quoi j'étais une fille indigne, qu'elle avait honte de moi, et que je pouvais oublier l'idée de faire des études supérieures. C'était cette dernière phrase qui m'a fait le plus mal, parce que j'avais toujours espéré faire des études, car il aurait fallu pour cela que je quitte la ville, et donc les parents... Cela voulait donc dire que j'allais devoir rester toute ma vie dans cette horrible ville...
Puis, enfin, elle est partie. En claquant la porte, d'ailleurs. Connasse. J'ai ruminé longtemps, mais je n'ai pas pleuré : quel intérêt ? J'ai regardé les murs de ma chambre, de ma prison plutôt, car jamais je ne quitterai cet endroit. Pour partir, il fallait avoir des pokémon afin de pouvoir se défendre face aux différents dangers. Et, pour pouvoir posséder des pokémon, il fallait un diplôme de dressage. Et ce diplôme, on ne pouvait l'obtenir qu'à l'issue de l'école. Ce qui voulait dire que je n'avais pas la moindre chance.
Dans un excès de hargne, je me suis levée et j'ai arraché tous les posters de pokémon accrochés aux murs, puis je me suis mise en tête de casser tous les bibelots – beaucoup moins nombreux que ceux de ma sœur, car elle avait toujours été plus gâtée que moi – présents dans la chambre.
Quand ma crise de colère s'est dissipée, j'étais au beau milieu d'un tas de vêtements déchirés, de plumes d'oreiller et de jouets cassés. Quand mes parents ont vu cela, la seule chose qu'ils ont trouvé à dire (entre eux, même pas à moi) :
« Va vraiment falloir qu'on l'emmène chez un psy. »
Une porte de sortie ? Peut être que si je disais à ce médecin comment on me traitait, mes parents me considéreraient mieux ?
Erreur ! C'est tout le contraire qui est arrivé : le psychiatre, après m'avoir écouté, a expliqué à mes parents que j'étais une enfant roi et que je passais mon temps à me plaindre, que je ne supportais ni qu'on m'ignore, ni la moindre contrariété. Une enfant pourri gâtée en résumé. Salopard. Où avais-tu eu ton diplôme, toi, pour trouver une réponse si loin de la vérité ?
Dès le lendemain, j'ai fugué. J'ai voulu emprunter la route 5, celle qui mènait à Safrania, mais un pokémon sauvage m'a attaquée : un miaouss. Si bien que c'est griffée de partout que j'ai dû retourner à la maison, escortée par deux agents de police. Je ne vous dis pas la raclée que je me suis prise ce soir-là.
Je savais que je ne pouvais pas partir : les pokémon sur les routes étaient trop dangereux. Il me fallait quelque chose pour me protéger. J'ai du coup tenté de piquer un pokémon à un gamin que je voyais régulièrement. Après avoir un peu brutalisé le gosse (je l'ai juste poussé et il est tombé tout seul, je vous le jure ! Rien à voir avec les gifles que je me prenais depuis une bonne semaine). Malheureusement, j'ai été incapable de me faire obéir de lui. J'ai du coup été punie pour avoir volé un pokémon.
À partir de ce jour, j'ai abandonné. Résolue à l'idée que j'allais rester prisonnière de cette ville et de cette baraque infernale (j'étais trop jeune, je n'avais pas le droit d'habiter une maison à moi, et, de toute manière, je n'en avais pas les moyens car les parents m'avaient clairement dit qu'ils ne me payeraient rien afin d'économiser pour ma sœur, et ils m'avaient confisqué tout mon argent de poche, de peur que je m'en serve pour fuguer de nouveau), j'ai fini par glander toute la journée. Je partais tôt le matin, par la porte, ce qui m'autorisait à passer par la cuisine pour me prendre de quoi me sustenter pour la journée, ou bien par la fenêtre si la porte de la chambre était verrouillée, et je cassais la vitre de la cuisine d'un coup de coude pour prendre à manger quand même. Cela m'a valu bien des remontrances, mais j'en avais plus rien à faire ; tout ce qui m'importait, c'était d'être loin de la maison, et ce, le plus longtemps possible. Il y avait des fois où je ne rentrais pas pendant plusieurs jours. Mais mes parents semblaient l'ignorer. Rien de ce que je faisais à ce moment ne les intéressaient de toute manière. Ils étaient occupés par leurs recherches, partaient tous les jours à Safrania, la capitale de Kanto, dans une grande entreprise, et ne revenaient que tard le soir. Le week end, ils s'occupaient d'Irène ou de mon frère, mais plus jamais ils se sont intéressés à mes activités. Je crois qu'ils n'ont jamais eu idée de ce que je faisais lorsque j'étais hors de la maison, souvent en pleine nature.
En fait, j'avais fini par fabriquer une cabane à l'aide de vieilles planches et de tôles trouvées dans une décharge sauvage. Un peu de bricolage après – j'avais pris mon temps, de toute manière, je n'avais plus que cela à faire dans la mesure où j'avais abandonné définitivement l'école – et j'avais une maison rien qu'à moi. Bon, ok, le toit laissait passer la flotte lorsqu'il pleuvaient, mais j'étais pas chez mes parents et je pouvais y dormir quand bon me semblait. Je voyais régulièrement des pokémon sauvages intrigués par mon installation. Ils étaient entrés plusieurs fois, mais j'avais pris l'habitude de les chasser en me déguisant à l'aide de couvertures, de balais à franges et en leur balançant des pierres tout en hurlant. Ça fonctionnait très bien : les pokémon étaient farouches. Je passais des journées très tranquilles à jouer dans les bois au sud d'Azuria, à lire des livres pris chez moi, volés à mes parents, à ma sœur voire dans la librairie, et à dessiner ce qui m'entourait. Cela semble être peu, mais battre la campagne prend du temps.
Je rentrais de temps à autre, souvent après le dîner, pour chiper quelques restes. Un jour, ma sœur m'a mis sous le nez son diplôme fraîchement imprimé :
« Regarde ! » m'a t-elle dit, « J'ai eu mon diplôme ! »
« Bravo. » ai-je simplement répondu, car je devinais sous cette annonce l'arrogance dissimulée. D'ailleurs, elle n'a pas tardé à apparaître :
« Regarde-le bien, parce que c'est pas toi qui l'aura, ce diplôme ! Ça t'en bouche un coin, hein, de voir que j'ai réussi alors que toi t'as lamentablement échoué ! »
J'ai ouvert le frigo pour regarder s'il restait quelque chose de comestible à me mettre sous la dent ; mes parents, le plus souvent plongés dans leurs recherches maintenant qu'ils n'avaient plus vraiment besoin de s'occuper de leur progéniture, avaient la fâcheuse manie de laisser des plats dangereusement avancés dans l'armoire réfrigérée, aussi avais-je pris l'habitude de vérifier.
« J'en ai rien à faire. » Ai-je répondu très calmement en prenant une brique de jus d'orange que j'ai ouverte avant de porter le goulot à ma bouche et d'en avaler une bonne rasade. « Bon, si t'as rien d'autre à me dire, moi j'me casse. »
Et c'est ce que j'ai fait, en gardant la brique de jus de fruit.
« Maman a raison, t'es vraiment qu'une ratée, hein ? » a fait ma sœur en me regardant d'un air dégoûtée. « Et t'es méchante en plus. Si t'avais été dans un élevage de pokémon et pas dans une famille humaine, on t'aurait noyé à la naissance en voyant combien tu étais laide... »
Paf, encore une petite pique. Mais ça ne me faisait plus rien à ce moment-là, j'avais trop l'habitude. Il allait falloir qu'elle se lève de bonne heure pour me faire vraiment mal, la poulette. Parce que moi, contrairement à elle, j'en aavais l'habitude, des insultes.
« Demain, je vais recevoir mon premier pokémon. J'espère que ce sera un pokémon feu, comme ça je pourrai te cramer ta sale gueule. » a t-elle continué avant de tourner les talons et de se barrer dans sa chambre.
Toutes ces insultes, uniquement parce que je ne l'ai pas félicitée avec chaleur. Et après on va me dire que je suis un enfant-roi. Et puis, quel vocabulaire elle avait, la petite princesse, hein ?
Finalement, elle a reçu un pokémon plante, un chétiflor. J'ai été quelque peu soulagée - même si j'aurais préféré mourir plutôt que de l'avouer - , mais ça ne l'a pas empêchée de s'amuser à couper mes couvertures à l'aide des herbes acérées envoyées par sa créature. C'est aussi à ce moment-là que j'ai trouvé du boulot, car la boutique de vélos venait de s'ouvrir, et le patron cherchait une vendeuse. J'ai aussitôt postulé, car je gardais l'espoir de pouvoir gagner assez pour pouvoir au moins acheter mon propre appartement, et j'ai été prise.
Un jour, alors que je revenais du travail, j'ai croisé un homme dans la rue. Un vieil homme dont l'apparence me semblait familière. Il semblait perdu ; un papier à la main, il regardait autour de lui, comme s'il cherchait une adresse. Je me suis approchée ; il m'a vue et a aussitôt paru me reconnaître – ce qui n'était pas mon cas, aussi ai-je gardé mes distances. Il a baissé son bras, celui dont la main tenait le papier, et m'a souri :
« Tu es Annabel Stryker, je me trompe ? »
Je suis restée interdite quelques secondes. Lorsque je me suis reprise, j'ai demandé, prudente :
« Comment le savez-vous ? »
« Tu ne trouves pas qu'on se ressemble, toi et moi ? Je suis ton grand père, le père de ton père à vrai dire. La dernière fois que je t'ai vue, tu ne devais avoir que trois ou quatre ans, c'est peut être pour cela que tu ne me reconnais pas. »
« Qu'est-ce qui me prouve que ce que vous dites est vrai ? »
Bah ouais, c'était un peu trop facile de dire tout cela. C'est vrai qu'on se ressemblait, notamment au niveau de la couleur des cheveux (bien que les siens étaient grisonnants), des yeux et de notre nez, mais cela ne prouvait rien.
« Aussi farouche qu'un rattata sauvage ! Je ne peux pas t'en vouloir. Regarde donc ma pièce d'identité, et tu verras que je dis vrai. »
Il m'a montré sa carte de dresseur (lui aussi l'était ! N'y avait-il donc que moi qui ne l'étais pas?) et j'ai lu le nom de Philippe Stryker. Ok. Il n'avait pas menti.
Ensuite nous sommes allés chez moi, et, sur le chemin, il m'a demandé ce que je faisais. Il a paru très étonné lorsque je lui ai raconté que je n'avais pas de diplôme de dresseur, mais il a semblé comprendre lorsque je lui avoué la vérité sur la façon dont m'avait traité mes parents.
« Donc tu t'es dégonflée. » a t-il conclu. « Tes parents ont en quelque sorte gagné. Si tu avais continué dans tes efforts, tu serais certainement diplômée aujourd'hui, et tu serais sur les routes, un pokémon à tes côtés, et non pas dans cette affreuse boutique de vélos dans laquelle tu n'as pas ta place. »
« J'ai jamais eu ma place nulle part. » ai-je répliqué. « Mes parents ont toujours eu l'impression de m'avoir ratée. C'est pour cela qu'ils ont eu rapidement un autre enfant. Ils n'ont pas voulu m'avoir. Ils voulaient une blondinette, comme ma sœur, pas une brune.»
« C'est stupide de dire cela. Tu as un physique typique des Territoires du Nord, comme moi. Ton père aurait dû en avoir des traits, mais côté physique, il a davantage hérité de sa mère, qui venait du sud de Kanto, comme ta mère et ses parents. C'est certainement pour cela que tes parents, ton frère et ta sœur sont blonds, alors que toi tu es brune et trapue. Mais s'ils ont voulu avoir un autre enfant rapidement, tes parents, c'est surtout parce que ta mère avait peur d'être trop âgée pour le faire plus tard. C'est tout. »
« N'empêche que mes parents ont toujours eu l'impression d'avoir une moins que rien à la maison. Ils voulaient toujours que je sois la première, alors que j'avais déjà du mal à obtenir la moyenne, et ils me rabaissaient sans cesse quand je n'arrivais pas à quelque chose, au lieu de m'aider et de m'encourager. Vous croyez que c'est bien ? »
« Il est certain que tes parents n'ont pas vu que tu avais besoin d'aide, mais je pense qu'ils voulaient t'aider en te poussant à travailler afin que tu aies une bonne situation plus tard. Ah ! Je reconnais la maison ! Elle n'a pas changée depuis la dernière fois. »
On est entré dans la maison. Le ménage n'avait pas été fait : les restes du petit déjeuner traînent encore sur la table de la cuisine, ainsi que la veste de mon père sur le dossier de son fauteuil.
« Quand rentrent tes parents ? »
« C'est variable. Tantôt pour le goûter, quand tout se passe bien dans leur boulot, tantôt pour dîner, ou bien après. »
« Et vous mangez tout seuls du coup ? »
« Il ne reste que ma sœur et moi. Mon frère fait ses études à Parmanie, il ne revient que de temps à autre. »
Mon grand père a regardé la maison, comme s'il était plongé dans ses pensées. Tout d'un coup, ses yeux se sont éclairés :
« Tu ne m'avais pas dit que tu avais construit une cabane dans les bois ? Ton repaire... »
« Si. Pourquoi ? Je refuse de vous y emmener : c'est difficile d'accès, et c'est mon territoire. Personne n'a le droit d'y aller sauf moi. Même les pokémon sauvages, je les chasse. »
« Tu m'as dit que tu n'aimais pas les pokémon, mais tu agis comme eux : tu défends ton territoire contre les intrus. C'est drôle. Comment... comment te sens-tu, lorsque tu es dans cette cabane, dans la forêt ? »
Troublée par la question, il a fallu que je réfléchisse quelques minutes avant de pouvoir répondre :
« Tranquille. Ouais. En paix. Comme si j'avais enfin trouvé ma place. Chez moi. »
« Pourtant tu étais dans un endroit sauvage, entourée de pokémon qui auraient pu t'attaquer. »
« Ho ! Je vous l'ai dit, ils venaient rarement, juste par curiosité. Mais au final, ça prend facilement peur, les pokémon, c'est facile de les chasser. »
Il a toussoté, a tourné la tête, comme s'il était troublé, puis a soudain tourné la tête vers moi.
« Écoute, j'aurais une mission à te confier. Je suis certain que ton frère aurait pu la remplir, mais il n'est pas là et je me méfie de tes parents et de ta sœur, alors j'aimerais que ce soit toi qui t'en charge. »
« Ça dépend de ce que c'est : vous oubliez que je suis prisonnière ici. »
« Tu n'auras pas besoin de te déplacer, et ce n'est pas difficile : il faudrait que tu me gardes ceci. »
Il sort de la poche intérieure de sa veste un collier, une fine chaîne en or au bout de laquelle pendait une pierre étrangement rouge, de forme ovale et plutôt plate. J'ai tendu la main et il l'a déposé délicatement dedans.
« Qu'est-ce que c'est ? » J'ai demandé en observant le pendentif tout en le bougeant avec mon doigt.
« Une pierre précieuse qui porte le nom de Cornaline. Je la tiens de mon propre père, je crois qu'elle a été trouvée dans les montagnes de Sinnoh. C'est pas que ça a beaucoup de valeur financière, c'est juste que j'y tiens beaucoup et il y a pas mal de vols par chez moi... J'ai l'impression que quelque chose se prépare dans la région, quelque chose de malsain... C'est difficile à expliquer. »
« En gros, vous me confiez ce caillou et je dois le garder, c'est tout ? » J'ai demandé sans faire attention à la suite de ses paroles. « Au fait, c'est quoi ce symbole gravé dedans? »
En le prenant entre mes doigts, j'ai senti comme un creux sur une des faces. Mon index l'a suivi, mais je n'ai pas reconnu le signe.
« Une rune ancienne, je crois, qui date d'un ancien langage d'un peuple de Sinnoh aujourd'hui éteint. Personne ne sait ce qu'elle veut dire, désolé. Mais sinon, tu as bien résumé la mission : garde cette pierre en sûreté, et sois toi-même prudente. »
« Qu'est-ce que vous me cachez ? Pourquoi voudrait-on voler cette pierre si elle n'a pas beaucoup de valeur ? »
« Moi, je sais qu'elle n'en a pas, mais les voleurs ne le savent pas forcément : ils volent, puis trient leur butin. N'en parle à personne, surtout, pas même à tes parents ni à tes frères et sœurs. Surtout pas à tes parents, j'insiste là-dessus. »
« Vous n'avez pas confiance en votre propre fils. »
Ce n'était pas une question.
« Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en lui, c'est juste que je n'ai pas confiance en les gens qui l'emploient. Il travaille toujours pour cette entreprise, à Safrania ? »
« Il travaille toujours à la Sylphe Sarl, il étudie les mythes anciens. Mais j'ai jamais compris pourquoi ils avaient besoin d'archéologues dans une entreprise fabriquant des pokéballs et d'autres objets pour dresseurs. »
« Moi non plus » a admis mon grand père en fronçant les sourcils. « Bon, je vais y aller. N'oublie pas : garde le toujours avec toi, mais ne le montre jamais et tais-en l'existence. Je me sauve. »
Il s'est dirigé vers la porte d'entrée de la maison. Soudain, il s'est retourné :
« Au fait : je ne suis jamais venu. Tu as compris ? »
J'ai opiné du chef. Personne ne devait savoir qu'il était venu ni qu'il m'avait donné la pierre. Je trouvais que c'était excitant de garder un tel secret, même si je n'en comprenais pas vraiment la raison.
Il est parti.
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| | | Dark-Celebi
Dresseur
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Exp : 490
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Mer 6 Aoû 2014 - 20:15 | |
| Sympa ce chapitre, j'aime bien la police d'écriture Par contre légeres fautes par endroits: Saphrania: En fait c'est Safrania Rien trouvé d'autre sinon Liste des Nuzlockes. Cliquer sur le message pour ouvrir le nuz. Ordre Chronologique Dynastie Clémentin De l'Alpha a l'OmégaLieux gagnés via Showdown: -Forêt de Vestigion -Lavandia - Best of ChatBox:
[01:23:02] Wulffen : nique la femme plutôt, au moins ça vide les boules XD
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| | | white shewolf
Écrivain
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| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Mer 6 Aoû 2014 - 22:43 | |
| faute corrigée, merci ! C'est une vieille erreur que je n'arrive pas à corriger. Y'a des mots comme ça, j'ai beau le savoir, y'a pas moyen que je les écrive correctement.
Pour la police, je voulais une police qui ressemble à celle des machines à écrire. Par chance, celle que j'utilisais sur mon traitement de texte est également dispo sur le forum. |
| | | white shewolf
Écrivain
Nature : Calme
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| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Mar 12 Aoû 2014 - 11:12 | |
| Nouveau chapitre et le début des ennuis pour notre héroïne... Enfin, vous verrez cela ! Bonne lecture ! Pearl of Space – Chapitre 2
Je ne comprenais toujours pas pourquoi il fallait que je taise l'existence de la pierre à ma famille. Pourtant, j'ai obéis. Je ne parlais plus beaucoup à mes parents, de toute manière, à peine pour les politesses d'usage – et ma mère, plus d'une fois, m'avait fait part de son envie de me voir quitter le foyer familial, alors elle essayait souvent de me dégoûter de la maison pour que je parte plus vite, ce qui ne servait à rien vu que je n'en avais pas les moyens.
Sitôt mon grand père parti, j'ai mis le bijou dans ma poche droite de pantalon, avant de me souvenir qu'elle était crevée, alors je l'ai glissé dans l'autre avant d'ouvrir un à un les placards de la cuisine en quête de quelque chose à grignoter. Ou pour me bâfrer, parce que j'avais vraiment faim ce jour-là. J'ai fini par trouver un gros pot de pâte à tartiner au chocolat, qui devait appartenir à ma sœur. Je n'aimais pas beaucoup cela, mais je l'ai quand même pris. Ça lui fera les pieds, à cette garce, de prendre de la confiture pour une fois. Il en restait plein dedans, mais rien à faire, j'allais le prendre et le cacher dans ma réserve personnelle. Avec cela, je me suis coupé une énorme tranche du pain qui traînait sur la table de la salle à manger et suis montée dans ma chambre, sans oublier toutefois de prendre trois pommes dans le panier à fruits.
Là, dans la petite pièce sous les combles qui me servait de dortoir la plupart du temps, mais absolument pas de lieu de repos – cela, je le réservais à ma cabane dans les bois, seul endroit où je me sentais en sécurité - je me suis jetée sur mon vieux lit à une place qui a bruyamment craqué sous mon poids. J'ai regardé un moment le plafond, dont la peinture faisait des bulles et craquelait à cause de l'humidité et des nombreuses fuites du toit, tout en grignotant mon butin et en réfléchissant quant à ce que m'avais dit mon grand père, ce type que je n'avais presque jamais vu de ma vie, et qui revenait soudain pour me donner une chose qui lui semblait importante et dont il voulait que je taise la présence à mes parents. Il avait également émis des inquiétudes quant à l'entreprise dans laquelle travaillait mon père, et je ne comprenais pas pourquoi. Ce qui était inquiétant à cette époque, ce n'était pas la Sylphe Sarl, car elle employait beaucoup de gens, réduisant ainsi le chômage qui était relativement important depuis la fin de la reconstruction de la région qu'il avait fallu faire après la fin de la guerre de 52, celle qui avait opposé Kanto et sa voisine Johto.
Non, ce qui était inquiétant ces temps-ci, c'était cette nouvelle organisation criminelle dont on arrêtait pas de parler aux informations télévisées, celle qui se faisait appeler la Team Rocket et qui commettait divers méfaits à travers la région. Celle-là, il fallait en avoir peur, car elle frappait un peu partout dans la région. Actuellement, on disait que certains de leurs membres se trouvaient au Mont Sélénite, la montagne qui se trouvait à l'ouest d'Azuria. Peut être n'allaient-ils pas tarder à arriver ici... Bof, moi, je n'ai rien de valeur. On disait qu'ils volaient les pokémon. J'espérais qu'ils piqueraient le chétiflor de ma sœur, ou qu'ils le feraient cramer – il le méritait, ce bâtard, je me suis prise une de ces corrections lorsqu'il m'a tailladé mes couvertures et éraflé mon papier peint ! Et ma mère qui ne me croyait pas...
Quand je disais que je n'avais rien de valeur, c'était faux : à présent, j'avais le bijou de mon grand père, même si j'ignorais toujours ce que c'était et ce que ça représentait. Je l'ai d'ailleurs ressorti de ma poche et je l'ai observé longuement, suivant du doigt le sillon gravé dans le cristal. Ça ressemblait à un V, cette rune. Ou à un M étrange, avec un petit cercle en son centre. Ou une pointe de flèche. C'était vraiment bizarre. Elle était rouge, la pierre, d'un rouge tendant vers le orange, et légèrement, très légèrement transparente – ça, on ne pouvait le voir qu'à la lumière. Étrangement, elle n'était pas froide, comme tous les cailloux, mais tiède, comme si elle avait été chauffée par les rayons du soleil. C'était idiot, bien sûr, parce qu'en réalité, c'était la chaleur qui régnait dans ma poche qui l'avait réchauffée... Cependant, elle n'avait pas plus d'intérêt que cela, je la trouvais banale finalement, alors je l'ai laissée glisser de mes doigts et elle est tombée sur ma couette, à côté de ma tête. J'étais fatiguée, tellement fatiguée que j'ai fini par m'endormir.
C'est le raclement caractéristique de la porte d'entrée qui m'a réveillé. Je me suis relevée précipitamment et j'ai regardé le cadran de mon vieux réveil : j'avais dormi presque trois heures. Je me suis frotté les yeux, et un éclat de lumière a attiré mon regard ; il provenait de la pierre, toujours couchée sur la couette, dans laquelle se réfléchissait la lueur blafarde du lampadaire situé juste en face de ma fenêtre de toit. Comme j'avais peur de la laisser là sans surveillance, je l'ai prise délicatement.
Elle était encore tiède. Un peu chaude même, parce que mes doigts étaient froids – ma chambre n'était pas la pièce la plus chauffée. C'était vraiment étrange. Bah ! Ça provenait certainement du fait que la couette ne lui avait pas permise de dissiper la chaleur, voilà tout. C'est ainsi que j'ai résolu la question en utilisant mes très faibles – et passablement inexactes – connaissances en physique. La pierre, je l'ai fichue dans ma poche gauche, je me suis levée et je suis sortie de la chambre, voilà. Je n'avais vraiment pas envie de me casser la tête avec des histoires sans queue ni tête – ce n'était qu'un caillou, merde !
Une fois n'était pas coutume, c'était mon père qui était là, dans la salle à manger, en train de regarder les placards comme s'il avait oublié où se rangeaient les affaires. Il semblait toujours perdu, papa, lorsqu'il se trouvait dans un endroit autre que son bureau. Plus jeune, je l'avais déjà accompagné à son travail – ma mère voulait me motiver à continuer mes études, mais elle n'avait pas voulu s'embarrasser de sa fille, même une journée durant, la connasse – et je peux vous dire que, là-bas, face à ses livres, à son ordinateur dernier cri, à ses tablettes et autres graffitis indéchiffrables pour moi et à ses collègues, il en imposait, mon papa. Ce n'était plus du tout le même homme. En tout cas, il ne semblait pas aussi désorienté que dans ma cuisine à ce moment-là.
Il m'a vue, et il s'est passé un instant de silence avant qu'il se rende compte que sa fille aînée était à la maison. Quelque fois, il ne reconnaissait même pas ses propres enfants : un fois que mon frère avait voulu lui faire une surprise en venant le chercher au travail, mon père est passé juste devant lui sans même le voir, trop occupé par ses pensées ou ses travaux.
« Ah, tu es rentrée. » a t-il simplement dit, et je n'ai pas pu m'empêcher de penser 'Bravo Sherlock ! '.
J'étais odieuse, je le sais, car il n'était pas si méchant que cela, mon papa. C'était ma maman qui menait la danse dans le couple et la famille, ça a toujours été comme ça. Mais mon père, comme il voulait toujours éviter les conflits, il n'osait jamais m'aider lorsque ma mère m'en faisait baver. Lorsqu'il était tout seul, il était gentil avec moi – il l'était avec tous ses enfants d'ailleurs, mais je crois que ce n'était qu'à moi qu'il faisait part de ses recherches, mon frère ayant toujours trop eu la tête dans ses bouquins pour pouvoir écouter son paternel et ma sœur étant une éternelle m'as-tu vu.
« J'ai réussi à décrypter une nouvelle légende » est-il parvenu à articuler – ses bajoues frémissaient, j'ai deviné qu'il était en proie à une agitation extrême provoquée par l'excitation de la découverte. Il avait toujours cette tête-là lorsqu'il faisait une trouvaille qu'il jugeait importante.
« Raconte. » J'ai tout simplement dit.
Il s'est raclé la gorge, puis m'a avoué qu'il lui manquait encore quelques passages qui lui semblaient un peu obscurs. Toutefois, il m'a expliqué qu'il s'agissait d'un mythe de Sinnoh, la région des Royaumes du Nord, ma région d'origine en somme. Et la sienne aussi, d'ailleurs. Il existait naguère trois anges, répartis dans la région entière, des anges dotés de pouvoirs, mais dont la puissance ne pouvait atteindre son paroxysme que lorsqu'ils étaient ensemble. La magie se libérait alors et donnait naissance au Maître.
« Au Maître ? Qu'est ce que cela veut dire ? Une sorte de dieu ? Ils pouvaient appeler Dieu, les anges ? » J'ai demandé.
Mon père a froncé les sourcils : « Je l'ignore. C'est possible. J'ai lu d'autres légendes qui parlaient de ces anges, et cette histoire de Maître revient régulièrement. Le Maître serait le fils du Suprême : celui-ci ayant tant de travail, il aurait décidé de s'en décharger quelque peu sur son fils. Mais ce qu'il fait, le Maître, je n'en ai fichtre aucune idée. Mais c'est joli, non ? ».
J'ai souris. Quand il découvrait des choses, mon père, il était comme ces gosses le jour de Noël quand ils ont découvert leurs cadeaux au pied du sapin. J'étais peut être la moins aimée dans la famille, j'avais toujours eu au moins un cadeau de la part de mes parents. Cependant, j'étais certaine que c'était mon père qui le choisissait. Peut être signait-il en leur nom à tous les deux pour la forme. L'an dernier, j'ai reçu un petit sac en cuir à bandoulière avec des runes anciennes gravées dedans ; je ne savais pas ce qu'elles signifiaient, mais j'y rangeais régulièrement le fruit de mes larcins pour l'emmener dans ma cabane.
À ce moment, ma mère est arrivée dans la cuisine comme une furie :
« Arthur, cesse de raconter tes idioties à cette gamine, tu as mieux à faire et elle n'écoute jamais rien de toute manière. »
Le moment de magie, d'entente merveilleuse entre mon père et moi était fini. Ma mère, encore une fois, avait tout gâché.
Mon père s'est tu et a regardé ma mère poser des sacs de courses plein à craquer sur la table de la salle à manger. Puis il l'a aidé, et moi, je suis remontée dans ma chambre. Je n'avais rien à faire dans la même pièce que cette femme qui semblait faire tout son possible pour me rendre la vie difficile.
Alors je suis montée, je suis entrée dans mon dortoir, j'ai claqué furieusement la porte au passage - juste pour la forme, parce que je n'étais pas si énervée et que ça la faisait chier, ma mère, que je claque les portes - et je me suis jetée sur mon lit, qui a encore craqué de façon inquiétante. Rien à foutre, il en avait vu d'autres. Là, j'ai ressorti la pierre de ma poche et je l'ai longuement observée à la lueur du lampadaire qui répandait sa lumière dans toute la pièce, lueur entrecoupées d'ombres fantomatiques lorsqu'un pokémon insecte ou chauve souris se mettait à voleter devant ma fenêtre.
Lorsque l'odeur de nourriture m'est parvenu depuis le rez de chaussée, je suis descendue de nouveau. Ma détestable sœur était là, elle racontait ses exploits de la journée à ma mère qui la regardait comme si elle était la chose la plus précieuse qu'elle n'avait jamais vu. Elles m'ont totalement ignoré toutes les deux tandis que je remplissais généreusement une assiette de pâtes et de légumes. Mon père, par contre, m'a proposé quelques tranches de saucisson de Gruikui, un pokémon élevé pour sa viande qui avait un agréable goût fumé, et j'ai accepté, avant de m'en retourner dans ma pièce sous les toits. J'ai mangé pendant que c'était chaud, puis je me suis endormie.
Le lendemain, c'est le chétiflor de ma sœur qui m'a réveillé et en donnant des coups de liane. J'avais l'impression de recevoir des baffes, alors j'ai ouvert les yeux et je l'ai vu, cette espèce de cloche immonde, en train de se marrer en me frappant joyeusement. Attends un peu que je trouve une allumette, petit con. J'ai essayé de l'attraper, mais il a été plus rapide et s'est enfuit par la fenêtre ouverte. C'est lui qui l'a ouverte, parce que, quand je me suis endormie la veille, elle était soigneusement fermée. Elle l'était toujours depuis que des nosféraptis avaient décidé d'élire domicile sous le plafond.
Je me suis assise, ensommeillée, puis je me suis préparée pour aller bosser, maudissant une nouvelle fois ma cadette et sa saloperie de nepenthe ambulante.
Lorsque je suis rentrée ce soir là, j'avais perdu mon job. C'était pas ma faute, mais celle d'un grosse femme, tellement énorme que j'ai cru qu'elle allait rester coincée dans la porte d'entrée, qui m'a demandé une bicyclette. Je lui déconseillé d'acheter le vélo qu'elle avait choisi, car je savais très bien que, d'une part, qu'elle n'arriverait jamais à se hisser sur la selle et que d'autre part, le vélo en question ne supporterait jamais le poids de cette grosse wailmer. Quoique, à ce stade là, c'était plutôt un wailord.
Mais cette grosse dondon a insisté, alors j'ai obtempéré. Elle a eu du mal à grimper sur la selle, comme je l'avais prédit (je lui ai d'ailleurs demandé si elle voulait qu'on l'aide avec le treuil électrique fixé au plafond, mais, pour une raison que j'ignore, elle a refusé d'un geste dédaigneux de la main). Son gros postérieur calé sur la surface plane de cuir, le pied sur une pédale et l'autre sur le sol et les mains bien agrippées au guidon, elle a tenté de rouler avec le vélo grinçant dangereusement et de faire le tour de la piste d'essai prévue à cet effet. Sauf que, comme je l'avais dit tantôt, j'avais émis des doutes quant à la solidité du vélo face à un tel poids. Cela n'a pas loupé : elle n'a pas fait quatre mètres que le cadre s'est brisé en deux, précipitant la bouboule par terre en lui cassant trois dents au passage. Les os n'ont pas eu trop de mal, elle avait assez de graisse pour amortir le choc. Mais les dents ont sacrément morflé.
Mon patron s'est précipitée vers elle et lui a demandé ce qu'il s'était passé. Et cette grosse écrémeuh, elle a dit que c'était de ma faute, que je lui avait filé un mauvais vélo rien que pour la voir dégringoler avec. Mon patron s'est tourné vers moi et m'a demandé si c'était vrai, et je lui ai annoncé que j'avais déconseillé à la dame de prendre le vélo parce que je le savais trop fragile pour supporter son poids. Et la grosse dame de s'écrier alors qu'elle regardait les dégâts dans une clé à molette bien réfléchissante :
« Allez-y, dites que je suis grosse ! »
Et comme je n'avais pas du tout envie de faire des concessions, surtout qu'elle m'avais accusée à tort, j'ai répondu :
« Avouez que vous n'êtes pas maigre. Les vélo sont pas censé supporter le poids d'un ronflex ! »
La grosse a poussé un cri perçant, mon patron m'a regardé d'un air furieux tandis que j'ai croisé les bras. Non mais, fallait pas exagérer, là. Elle devait pourtant se rendre compte qu'elle était énorme, non ?
Ma punition ne s'est pas faite attendre ; mon patron est parti dans l'arrière boutique et en est revenu, un papier et un chèque à la main, puis m'a montré la porte avant d'essayer de consoler le bibendum qui s'était mis à pleurer dans un spectacle répugnant de graisse et d'eau salée.
Mais j'ai insisté pour qu'il revienne sur sa décision, le patron : ce n'est pas à cause d'une simple erreur qu'on est renvoyé quand même !
« Une simple erreur ? » s'est t-il exclamé en manquant de s'étrangler « Mais tu te rends pas compte de ce que tu dis ! T'es malpolie, tu n'aimes pas les gens, tu n'as pas de manières, tu n'es même pas fichue de venir habillée correctement ! »
J'ai regardé ma tenue sans comprendre ; je n'avais presque pas de trous dans mon pantalon et mon tee shirt était propre, bien qu'un peu usé par les années et mes promenades dans la forêt. Ouais, mes baskets étaient un peu avachies, d'accord, mais on pouvait pas être parfait...
« Tu n'as rien à faire dans le commerce. Trouve toi autre chose, parce que moi j'en ai plus qu'assez de toi. »
J'ai essayé de me calmer et de prendre sur moi. Ok, j'avais perdu ce boulot, mais ce n'était pas le seul sur terre que je sache. Alors j'ai demandé :
« Vous ne connaîtriez pas un collègue qui rechercherait quelqu'un par hasard ? Il me faut vraiment un boulot, vous savez. »
Il m'a regardé comme il aurait regardé un extra terrestre :
« Tu n'as pas écouté ce que j'ai dit ? Il n'est pas question que je te recommande à qui que ce soit de ma connaissance, à part peut être à mon pire ennemi, et malheureusement pour toi, je n'en ai pas. Débrouille-toi. Me fais pas regretter de t'avoir donné ta paie pour ce mois que tu as à peine commencé. »
« Vous êtes marrant, vous ! Vous me dites de trouver autre chose, mais vous ne faites rien pour me donner un coup de main ! Et je fais comment moi, pour retrouver un emploi? »
Sa dernière réponse m'a vraiment mis en rogne :
« T'avais qu'à faire comme tout le monde et faire des études. Maintenant casse toi avant que j'appelle les flics. »
Je suis partie sans demander mon reste. Les flics, ils me connaissaient déjà, pas la peine de rajouter des lignes à mon casier déjà bien rempli de petits méfaits.
J'ai fourré le papier et le chèque de ma paie dans ma poche percée et j'ai mis ma main dans mon autre poche pour caresser la pierre afin de me calmer. Ça n'a pas très bien marché, parce que j'étais vraiment très énervée. Et désespérée, par dessus le marché. Comment allais-je pouvoir gagner le moyen de me barrer d'ici si je n'avais plus de travail ?
Ruminant, je suis rentrée directement chez moi. De toute façon, il allait bientôt faire nuit. Au passage, j'ai remarqué des types étranges en ville, des types avec des sales trognes, comme celles de bandits. Certains me regardaient méchamment, alors j'ai pressé le pas et sitôt dans ma maison que je me suis enfermée à double tour.
Pour une fois, ma mère est rentrée tôt. Et ce n'était pas pour me complimenter :
« Qu'est-ce que tu as encore fichu ? Madame Vanver m'a dit que tu avais été renvoyée ! Il paraît que tu as insulté une cliente ! »
« Je ne lui ai dit que la vérité. » ai-je répliqué. « C'est pas ma faute si elle est aussi grosse et qu'elle n'écoute pas les conseils des gens. Je lui avais dit que le vélo ne supporterait pas son poids. Elle m'a pas écoutée et elle s'est cassé la gueule, voilà. J'ai rien fait de mal. »
« Tu n'es vraiment qu'une sale gamine. Même pas fichue de garder un job. Décidément, plus le temps passe et plus je me dis que tu ne feras rien de ta vie. Chômeuse, voilà tout ce que tu vas être, bonne à rien ! À part glander et emmerder les honnêtes gens, c'est tout ce que tu es capable de faire ! Allez, fiche moi le camp, il faut que je prépare la pièce pour l'anniversaire de ta sœur. ELLE au moins, elle fera quelque chose de sa vie, son avenir promet d'être grandiose ! Toi, tu ne peux même pas espérer lui arriver à la cheville... »
Je suis sortie de la pièce, non sans au passage lui décocher un regard furibond. L'anniversaire de la sale môme, comment avais-je pu l'oublier ? Ah, si, je sais. J'm'en balançais, voilà.
Mon père est arrivé à ce moment-là, un peu inquiet étrangement. Il m'a regardé un instant, et je n'ai pas pu, colérique comme je l'étais à ce moment, m'empêcher de lui crier dessus :
« Ce n'était pas ma faute, merde ! »
Et je suis montée directement dans ma chambre en claquant furieusement la porte derrière moi avant de me jeter sur le lit, qui, après presque quinze ans de bons et loyaux services, s'est finalement crashé par terre. J'ai juré, et me suis quand même allongée dessus.
Par la suite, j'ai entendu la voix de mon frère, qui revenait exprès de Parmanie pour l'anniversaire de ma sœur, et cette dernière, qui a fini par pousser des cris perçants lorsqu'elle a découvert ses cadeaux, comme elle le faisait toujours. Je me suis un instant demandé ce qu'elle avait bien pu recevoir, avant de me souvenir que je m'en foutais royalement. Je me suis tournée sur le côté et me suis endormie.
Avant d'être réveillée par un cri strident. |
| | | Dark-Celebi
Dresseur
Nature : Prudent
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Exp : 490
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Mar 12 Aoû 2014 - 12:59 | |
| Bordel! Mais ton roman donne vraiment envie de rentrer dedans et d'égorger tout le monde xD Super chapitre, a part le fait que j'ai vraiment envie de rentrer dedans pour égorger tout le monde, j'éspére que ton héroine va se donner ce plaisir xD Liste des Nuzlockes. Cliquer sur le message pour ouvrir le nuz. Ordre Chronologique Dynastie Clémentin De l'Alpha a l'OmégaLieux gagnés via Showdown: -Forêt de Vestigion -Lavandia - Best of ChatBox:
[01:23:02] Wulffen : nique la femme plutôt, au moins ça vide les boules XD
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| | | Koukin
Écrivain
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| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Jeu 14 Aoû 2014 - 20:42 | |
| Chouette ambiance à la "Vipère au poing". Enfin, "chouette" pour le lecteur. A moins qu'il ne veuille pendre la mère et la fille par leurs boyaux après avoir arrachés leurs ongles et brûlés leurs yeux à l'acide (c'est pas très original, mais ça reste un grand classique). Ça tombe bien, c'est mon cas !
Je suis seulement très dubitatif par rapport à la réaction du grand-père. Tu tentes de le blanchir en le faisant agir de manière objective mais je pense que ça rend mal. Il y a une différence entre vouloir pousser son enfant à faire de son mieux et le maltraiter et je pense que le discours certes non-raporté mais présent de Ann aurait suffi à changer l'opinion de Philippe. Plusieurs choix s'offrent alors mais le point scénaristique que tu introduis grâce à la pierre l'aurait selon moi fait fuir quoi qu'il arrive. Lâcheté ou obligation, au lecteur de se faire son avis.
Malgré ce point noir, le reste est toujours aussi bien écrit. J'attends la suite avec impatience ^^ |
| | | white shewolf
Écrivain
Nature : Calme
Exp : 1773
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Sam 23 Aoû 2014 - 18:14 | |
| Désolée du retard, j'ai beaucoup de choses à faire et à penser ces temps ci, si bien que je n'ai ni le temps ni l'envie de jouer ou d'écrire et que je fais une véritable allergie à tout ce qui est compliqué. Aussi je prierais mon collègue Koukin d'essayer d'expliquer sa pensée plus facilement parce que je n'ai rien compris - juste qu'il y avait un truc qui ne lui plaisait pas lol. Au passage, je pense que pas mal de trucs lui déplairont fortement, et j'espère qu'il me le pardonnera Bon, en attendant, chapitre 3, que je pourrais intituler "le début des emmerdes", titre qui correspondrait assez bien à ce que je subit ces temps-ci, sauf que les emmerdes continuent pour moi. Chapitre 3
Le cri a longtemps résonné dans mes oreilles. C'était ma sœur qui l'avait émis. Mais je ne savais pas pourquoi. Avait-elle fait un cauchemar ? Cela ne lui arrivait pourtant jamais, sa vie était bien trop rose pour cela. Ce n'était pas elle qui se demandait chaque jour comment elle allait finir la journée.
J'ai tendu l'oreille, en quête d'un autre bruit m'informant sur la nature du premier, et j'ai cru percevoir des chuchotements. Puis des bris de glace et enfin, des coups et des portes ouvertes à la volée.
« Rendez-vous ! » a crié un homme dont la voix m'étais inconnue. « Vous ne pouvez rien faire contre nous, alors fermez la ! »
J'ai entendu ma mère crier à son tour. Un coup a suivi, suivi d'un choc sourd :
« Ta gueule, salope, je t'ai dit de la boucler ! »
« Mariann ! » A crié mon père. « Mariann ! Relève-toi ! Mariann ! »
« J'crois qu'elle a clamsé, la grognasse » a fait le premier homme, celui qui semblait l'avoir frappé. « Quelle idée d'avoir des tables de nuit à coins pointus aussi ! » avant de se mettre à rire. « Bon, c'est pas tout, mais on a une mission à accomplir. On cherche quelque chose... » Mais il est interrompu par mon frère :
« Maman !! Espèces de salauds, je vais vous le faire payer ! »
Coups de feu, choc sourd, et le silence. Puis mon père a poussé un long cri de détresse.
J'ai ensuite encore entendu ma sœur crier, assez régulièrement, et un rocket prendre la relève :
« Wesh Manu, laisses-en un peu pour les autres, t'es pas le seul à vouloir te farcir des jeunettes ! »
« Sa bouche est libre si tu veux » semble avoir répondu le fameux Manu, qui paraissait essoufflé.
Puis j'ai entendu des pas dans l'escalier, celui qui menait à ma chambre.
Je savais ce qu'ils faisaient à ma sœur. Pas question que ça m'arrive.
Sans réfléchir, j'ai pris ma sacoche à runes, j'ai ouvert ma fenêtre, et j'ai sauté au-dehors, comme je l'avais fait tant de fois auparavant pour me barrer de la maison. Fallait jamais hésiter, sinon c'était la chute assurée. Le but était d'atteindre le grand érable, dont les branches les plus près de ma fenêtre se trouvaient à environ deux mètres. Après mon long entraînement, j'ai atterrit pile au bon endroit, sur ma branche habituelle, et j'ai commencé à descendre, très doucement, pour ne pas que le mouvement des feuilles n'alertent nos agresseurs. Je ne savais pas qui ils étaient : les volets étaient fermés, pas moyen de voir à l'intérieur. Mais cela voulait également dire qu'on ne pouvait pas me voir de la maison. Sauf si quelqu'un se penchait par ma vitre.
Et c'est ce qui est arrivé : j'ai soudain entendu un cri :
« Je la vois ! Elle est là, elle descend de l'arbre ! »
Et, de l'intérieur de la maison, tandis que ma sœur hurlait toujours, mais de façon étouffée :
« Et bien cueillez-là donc, on est en manque de personnel ici... »
Terrifiée, j'ai fini par me laisser carrément tomber, pour aller plus vite. Mal m'en a pris : j'ai atterrit si brutalement que j'ai senti quelque chose craquer dans ma cheville, et l'impression que des milliers d'aiguilles s'enfonçaient dedans. J'ai dû me casser quelque chose. Mais j'avais pas le temps de m'en émouvoir, car, si je restais, j'étais sûre de tomber entre leurs sales pattes.
Je me suis relevée, tant bien que mal, et ai commencé à courir. Mais mes pas étaient bruyants sur les chemins de caillasse propres à ma ville, alors les types m'ont vite repérée et se sont mis à me poursuivre. Ils étaient entièrement vêtus de noir, avec un grand R rouge clair sur la poitrine de leur uniforme. C'était donc eux, les rockets ?
Je n'avais pas le temps de penser, je n'avais qu'une chose à faire : fuir. Mon premier réflexe a été de me diriger vers le sud, pour me cacher dans mon repaire, mais les rockets étaient partout. Et j'en avais toujours deux à mes trousses. Je n'allais pas pouvoir courir très longtemps dans cet état, il fallait que je trouve quelque chose, n'importe quoi, pour me cacher. Mes poumons commençaient à me faire souffrir à force de respirer l'air froid de la nuit.
Mes pieds se sont pris dans quelque chose ; emportée par mon élan, j'ai fait un vol plané avant de plonger dans les cailloux, m'éraflant les genoux, le menton et mon bras gauche.
« On va l'avoir ! » a crié l'un de mes poursuivants.
Je n'arrivais plus à me relever, ma cheville refusait de soutenir mon poids. À chaque fois que j'arrivais à me remettre sur les jambes, je chutais de nouveau et cela relançait la douleur dans ma cheville. Ils n'étaient plus très loin, mes agresseurs, et ils se rapprochaient dangereusement. Ils n'avais pas dû courir très vite, parce que, même blessée, j'avais réussi à les distancer. Mais là, c'était fini, j'étais assise dans les cailloux, blessée, et incapable de faire un pas de plus. Et ils étaient si près que je pouvais voir leurs visages.
Alors j'ai empoigné des cailloux dans ma main droite, et je les leur ai envoyée. Touchés par toutes ces saletés, ils en ont été aveuglés. L'un d'eux est même tombé tête la première sur le chemin, assez proche de moi. Trop proche, même.
Alors, réunissant mes forces, je suis parvenue à me relever. J'ai voulu m'élancer pour m'enfuir de nouveau, mais ma cheville, celle qui était déjà blessée, fut coincée par quelque chose. J'ai hurlé de douleur, puis j'ai regardé ce qui m’enserrait : c'était la main du rocket qui était tombé. Il continuait de s'essuyer les yeux tout en me tenant solidement. Je suis encore tombée et, sans même y pensé, j'ai décoché un coup de mon autre pied en plein dans la figure de mon assaillant. J'ai entendu un craquement sonore, puis un grognement, et le type m'a lâché non sans au passage me lancer un : « Espèce de salope !! » avant que son propre sang, qui coulait à flot de son nez cassé, ne l'empêche d'en dire davantage.
Libérée, je me suis relevée en ignorant la douleur et les menaces du rocket qui prévoyait de 'me la foutre partout' si jamais il réussissait à m'attraper. Je préférais encore crever.
Ce qui n'allait certainement pas tarder, car son camarade avait dégainé son flingue et tentait de me tirer dessus. Il ne visait pas si mal, parce qu'une balle a fini par ricocher sur une pierre sur le bord du chemin, à quelques dizaines de centimètres de moi, pour finir sa course dans une poubelle en plastique en me loupant de peu.
Je courrais toujours, sans savoir où aller, changeant sans cesse de direction pour esquiver les tirs. L'un deux a fini par me m'érafler l'épaule, un autre la cuisse, mais je n'ai pas arrêté pour autant de courir, portée par l'adrénaline et la peur panique de mourir. Les rockets me suivaient toujours. L'autre, celui au nez cassé, a fini par tirer à son tour, et il m'a été encore plus difficile d'esquiver tous les tirs.
Une dame sourde, que je connaissais depuis mon enfance, est sortie de sa maison, une grande baraque grise aux volets bleus dont la peinture s'écaillait depuis des années, une écuelle à la main pour son miaouss qui dormait dehors. Elle m'a vue, très surprise, et sa main a laissé échapper le plat qui s'est renversé en répandant son contenu un peu partout.
« Madame ! » J'ai réussi à crier, complètement essoufflée « Rentrez chez vous ! »
Trop tard. J'ai entendu le coup de feu, j'ai senti la balle me brûler le bras, et je l'ai vue s'enfoncer dans le crâne de la vieille dame et le transpercer de part en part pour aller finir sa course dans la porte d'entrée éclaboussée de sang et de bouts de cervelle rose. J'ai clairement remarqué le regard de la personne âgée devenir vitreux, puis perdre toute vie tandis que le corps s'écroulait mollement par terre.
Incapable de regarder autre chose que le corps, j'ai pas vu la poubelle stationnée devant chez elle et me la suis prise de plein fouet avant de finir ma course dans son jardin potager dans lequel elle avait mis tous ses efforts toutes ces années durant. Le nez dans les courgettes, piquées par les feuilles gigantesque, je me suis relevée, les larmes coulant sur mes joues salies par la boue et le sang, et je me suis retournée. Les rockets étaient presque arrivés à la maison de la vieille dame. J'ai regardé de l'autre côté du potager et j'ai entendu un grondement. La rivière. Puissante, au débit rapide, elle ressemblait à un véritable monstre, surtout la nuit, et semblait pouvoir avaler n'importe quoi de sa gueule béante. J'ai jeté un œil autour de moi : j'étais dans une impasse. Au loin, j'ai vu le pont pépite, somptueusement éclairé dans la nuit. Mes agresseurs me bloquaient la route, je ne pouvais pas l'atteindre. À côté de moi, la maison de la vieille dame qui gisait sur le sol. Sans réfléchir, je me suis engouffrée dedans et ai fermé la porte derrière moi avec la clé déjà présente dans la serrure.
Le soucis, c'était que la porte de la porte de devant n'avait pas été verrouillée. Le rocket au nez cassé a pu l'ouvrir sans difficulté un instant après que je sois entrée.
« Crois-boi, petite, tu vas sacrément borfler pour c'que t'as fait à bon dez. Je vais te... »
Mais je n'ai pas écouté la suite et me suis ruée vers l'escalier qui se trouvait à quelques pas de ma porte. Après avoir grimpé les marches quatre à quatre, je me suis retrouvée dans un palier sous les toits autour duquel se trouvaient deux chambres et une salle de bain.
Où aller ? J'avais eu tort d'être entrée ici, c'était un véritable piège. J'étais faite comme un rattata. J'ai fini par me décider pour la salle de bain, qui se trouvait à ma droite, et ai fermé la porte, pensant qu'on pouvait verrouiller celle ci, mais il n'y avait qu'un petit verrou. J'espérais qu'il tiendrait au moins le temps que je trouve une solution, car j'entendais déjà mes assaillants gravir les marches à leur tour.
J'ai tourné la tête et ai vu une fenêtre de toit semblable à la mienne. Sans hésitation, j'ai voulu l'ouvrir, mais le mécanisme résistait ; cela devait faire longtemps qu'elle n'avait pas été ouverte. J'ai tapé un bon coup sur cette saleté de fenêtre, jurant pour ma malchance, et elle a, enfin, dans un grincement, réussi à s'ouvrir assez pour que je puisse sortir. Ce que j'ai fait. Je me suis aventurée sur le toit et me suis rapprochée du sommet, essayant de percer les ténèbres pour distinguer un endroit où atterrir – j'étais cinglée, jamais ma cheville ne me l'aurait permis.
Et là Ah, merde. J'écris tellement vite, poussée par l'émotion, que les branches de ma machine se sont coincées. Je grogne, me lève de mon siège qui rouspète, et les enlève une par une. Elles sont sales, mes doigts sont tout noirs, alors je dois sortir pour les laver dans le puits, car, évidemment, mon compagnon ne s'est pas donné la peine de tirer de l'eau hier soir ! Fainéant.
Enfin, tout revient dans l'ordre : mes mains sont propres, la machine en état de fonctionner, si bien que je me remets à écrire. Et là, j'ai vu la tête du rocket au nez intact passer par la fenêtre de toit. Il m'a vue. Il a sorti son bras, celui dont la main tenait le pistolet, a pris un instant pour viser. Puis a tiré. J'ai fait un pas sur le côté comme pour l'esquiver ; mon pied n'a pas trouvé de surface où se poser, alors j'ai perdu l'équilibre et suis tombée du toit, côté cours d'eau.
Et la rivière m'a avalée. |
| | | white shewolf
Écrivain
Nature : Calme
Exp : 1773
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Dim 21 Sep 2014 - 16:52 | |
| Me revoilà ! Il aura fallu du temps, mais je reviens pour vous envoyer un nouveau chapitre !Bonne lecture !
Pearl of space – Chapitre 4
Je ne voyais rien, ne sentais plus rien. J'avais l'impression de ne même plus avoir de corps. Comme si j'étais déjà morte. Était-ce le cas, finalement ? Étais-je morte, noyée, épuisée, ou parce que j'avais perdu trop de sang ?
Je croyais vraiment que toute vie m'avait quitté lorsque soudain ma tête a jailli hors de l'eau agitée de la rivière. Par réflexe, j'ai inspiré une grande goulée d'air. Mes bras s'acharnaient à garder ma bouche au dessus de l'eau et luttaient contre le courant puissant du fleuve qui semblait vouloir m'avaler à tout prix. J'ai fini par retrouver mon souffle, alors j'ai ouvert les yeux et me suis aperçue que le courant ne m'avait pas emportée si loin, car je voyais la maison du pokémaniaque, dont l'intérieur était faiblement éclairé, sur ma gauche. Je devais m'approcher de la mer. Et là, que m'arriverait-il ? Allais-je dériver vers une île déserte ? Un pokémon marin allait-il me dévorer ? La mer m'apparaissait comme une immense étendue sombre, mystérieuse, et dangereuse.
J'ai essayé de regagner la rive, mais le courant, trop puissant, m'en éloignait. Des vagues plus hautes que les autres se sont mises à me frapper de plein fouet, et de l'eau salée a empli ma bouche. La mer. J'y étais. Plus d'une fois, j'ai failli être submergée, mais j'ai tenu bon, j'ai lutté corps et âme pour pouvoir respirer, pour pouvoir vivre. Je n'avais pas échappé à la team rocket pour mourir aussi lamentablement dans une grande mare d'eau salée, merde !
La houle, sous l'effet du vent puissant qui soufflait alors et des courants marins, a fini par me déposer sur une plage. Totalement épuisée, je me suis échouée ainsi sur la rive, le nez dans le sable grossier, et me suis endormie.
Je ne sais pas à quelle heure je me suis réveillée. Tout ce que je sais, c'est que j'avais horriblement froid et que les vagues tendaient à m'aspirer vers la mer. Je me suis douloureusement mise à quatre pattes et ai avancé de plusieurs mètres vers le haut de la plage. Là, je me suis mise sur mon séant et ai regardé droit devant moi l'étendue d'eau salée qui semblait rugir tout en me frottant les bras pour me réchauffer. Mes vêtements étaient encore trempés, et quelques fois ils semblaient collés par le sang coagulé à mes blessures. Je n'osais pas les regarder, ces plaies, je savais bien ce que j'allais voir et cela me dégoûtait franchement. J'ai regardé dans la sacoche incrustée de runes – qui, par miracle, était restée accrochée à mon épaule – dans l'espoir de trouver quelque chose à boire ou à manger, car ma gorge était sèche, ma langue râpeuse et mon estomac gargouillant. Mais il n'y avait rien d'autre que deux clémentines. Après avoir arrachée la peau avec les dents, j'ai séparé tous les quartiers juteux et oranges et les ai mangé un par un. Le premier fruit fini, j'ai fini par manger le second, de la même manière. Puis j'ai encore regardé dans la sacoche, pour voir si je n'avais rien oublié dedans, mais à part ma carte d'identité et quelques pièces de monnaie – les billets n'ayant pas supporté l'attaque aquatique de la rivière – je ne possédais rien. Ah, si ! J'ai précipitamment fouillé dans ma poche gauche et ai fini par sentir la présence du précieux caillou. Je ne l'avais donc pas perdu, et j'en ai été étrangement rassurée. Il était encore tiède, le bijou, mais je n'y ai pas fait plus attention que cela.
À présent, il fallait que je me décide.
J'ai regardé derrière moi, mais il n'y avait là que des falaises vives beaucoup trop hautes et escarpées pour pouvoir être escaladées. Je savais que ma région devait se trouver vers ma droite aussi ai-je pris mon courage à deux mains pour me relever et partir dans le sens opposé. Ma cheville me lançait toujours, mais j'arrivais à poser le pied par terre.
Alors j'ai fait un pas. Puis un autre. Et encore un, et, à mon rythme, c'est à dire aussi vite qu'un chenipan, j'ai commencé à marcher vers ma gauche, vers le nord donc. Je ne savais pas où mes pas me mèneraient, mais j'étais décidée à ne pas me laisser mourir sur cette étendue de sable. Pas sans me battre pour survivre en tout cas.
*
Je devais marcher depuis trois heures (en tout cas, pour moi, j'avais l'impression que j'avançais ainsi depuis une éternité) lorsque j'ai croisé la route d'une rivière très calme qui se jetait dans la mer. Ce cours d'eau, il semblait traverser les montagnes, donc il devait venir de l'intérieur des terres. Peut être y avait-il des gens là-bas. De toute manière, il m'était impossible de traverser le fleuve, aussi l'ai-je suivi.
J'ai marché, marché, marché... Je ne voyais plus le temps passer. Je m'interdisais également de penser, car je n'avais pas envie de ressasser ce qu'il était arrivé la nuit dernière. Je ne voulais pas entendre de nouveau les cris d'horreur de ma sœur, ni celui, horrifié, de mon père, ni les tirs. Je ne voulais pas revoir la vieille dame mourir, cette ombre dans les yeux lorsqu'ils se sont éteints, cette expression d'incompréhension sur son visage ridé, ni la balle lui traverser le crâne en éclaboussant tout de sang et de cervelle.
« Elle, au moins, elle a eu la chance de mourir rapidement » me suis-je dit à moi-même ; « toi, t'es en train de crever à petit feu. »
C'était vrai. Mes forces déclinaient et, une à une, mes blessures se réveillaient. Je tenais à avancer, sans même me reposer, car je n'étais pas sûre de pouvoir me relever si jamais je venais à m'étendre quelque pas pour me soulager. Alors j'ai continué, vaille que vaille.
Mais, à un moment, j'ai abandonné, j'étais trop épuisée pour faire un pas de plus. Alors j'ai regardé autour de moi en quête d'un siège, et j'ai trouvé un rocher. Je m'en suis approchée et je m'y suis assise et j'ai fermé les yeux.
Cela faisait environ deux minutes que je me reposais ainsi lorsque j'ai entendu un couinement perçant. J'ai ouvert les paupières pour essayer d'en identifier la source. D'abord, je n'ai rien vu d'autre que le courant du fleuve qui continuait de s'écouler paisiblement. Ensuite, j'ai cru voir quelque chose s'agiter en éclaboussant la rive, celle sur laquelle je me trouvais. Je me suis levée, curieuse et inquiète tout à la fois, et me suis penchée au-dessus de l'eau – fait très dangereux, quand on sait dans quel état de santé je me trouvais !
Et là, j'ai vu une créature se débattre pour maintenir sa tête hors de l'eau. Un truc brun, lourdaud, qui tentait de s'agripper à une racine de toute la force de ses pattes griffues. Je me suis agenouillée et me suis penchée encore davantage au-dessus de la rivière avant de tendre le bras, machinalement, pour attraper la bestiole – fait encore plus stupide quand on pense qu'elle aurait pu s'avérer dangereuse. Le dos tendu au maximum, ma main a fini par sentir la fourrure rêche de la bête. J'ai essayé de trouver un endroit pour l'attraper, mais je ne tombais que sur des touffes de poils durs qui s'arrachaient. J'ai fini par arriver à l'agripper par la peau de son cou large et l'ai tiré vers moi – et il n'était pas léger, le cochon, il aurait pu faire un régime !
Quand, finalement, je suis parvenue à le hisser jusqu'en haut de la rive, je me suis écroulée littéralement dans l'herbe. Un peu plus, et c'était moi qui tombait à l'eau. Toutes mes forces m'avaient quitté. Mais j'avais toujours les yeux ouverts, alors je l'ai vu se redresser, très lentement, comme s'il souffrait. Et il devait avoir mal, parce que son corps, assez maigre étrangement comparé à son poids, était couvert d'entaillées et de morsures. Il avait certainement été attaqué. Il semblait épuisé, alors il a fini par se coucher à côté de moi, mais il m'a regardé d'un air mauvais tout en me menaçant de ses dents acérées de rongeur, comme s'il me prenait pour une ennemie, ce qui, dans mon état, était impensable. Il s'est calmé et, toujours essoufflé, a continué de me regarder d'un regard méfiant tout en croisant ses pattes devant lui à la manière d'un caninos. J'ai fini par m'endormir, parce que je ne me souviens plus du reste.
Lorsque je me suis réveillée, il n'était plus là. Je me suis relevée, et ma tête s'est mise à tourner. J'avais perdu trop de sang, j'étais très faible, mais je me suis relevée et me suis remise en marche, encore plus lentement que précédemment. Je ne cessais de perdre l'équilibre en butant contre différents obstacles : cailloux, racines, vieilles branches... Je peinais, tandis que je sentais mes dernières forces fondre comme neige au soleil. Je me demandais comment j'avais pu aller jusqu'ici dans cet état. Mais si j'étais arrivée là, alors autant continuer. Je ne voulais pas que mes efforts soient vains.
Étrangement, la végétation a commencé à changer autour de moi. Déjà, j'ai quitté les montagnes, qui ont semblé continuer vers le nord tandis que j'allais vers l'ouest. Puis des arbres sont apparus, des arbres grands, pleins de vie et bien verts, avec des troncs si épais que je n'aurais pu en faire de le tour de mes bras. Les bruits qui m'entouraient me semblaient familiers, car ils me rappelaient ceux que j'entendais depuis ma cabane dans les bois d'Azuria. Ma cabane... elle allait devenir un abri pour les pokémon sauvages. Aucune enfant ne s'aventurait jamais là-bas, personne ne prendrait ma relève pour l'en protéger des intrus. Ça m'a fait mal, quelque part dans ma poitrine, parce que j'avais l'impression d'avoir perdu mon chez moi, quelque chose de vraiment important. Non, la seule chose importante à mes yeux en fait.
Mais ce n'était pas le moment de se laisser aller à de telles pensées, lors j'ai fermé mon esprit à ces pensées qui me rendaient tristes.
Enfin, j'ai entendu un bruit. Ce n'était pas vraiment un bruit, plutôt un chuchotement d'abord, mais, au fur et à mesure que j'avançais, il s'est mué en chant, une sorte de mélodie murmurée d'une voix douce. Je n'avais jamais entendu un tel son ; c'était tellement beau que les larmes ont commencé à couler d'elles mêmes sur mes joues sans que je ne puisse rien y faire. Alors, j'ai repensé à ma famille, à ma douleur morale de l'avoir perdue et de me retrouver seule au monde et une blessure dans le cœur, à mes blessures physiques et au fait que je ne pouvais absolument rien y faire. C'était passé, je ne pouvais pas revenir en arrière. Je ne pensais pas que ça m'aurait fait si mal, de perdre ma famille, car je la détestais tellement lorsqu'elle vivait encore ! Mais, maintenant que je l'avais perdue, j'avais l'impression d'avoir un grand trou dans ma poitrine, là où aurait dû être mon cœur.
Pleurant mais avançant toujours, j'ai fini par arriver à un immense lac si scintillant qu'on aurait pu croire que sa surface était d'or. Cette eau était caressée par les mille et un rayons du Soleil qui traversaient le couvert végétal, et cette ambiance en faisait un endroit magique.
Et puis je l'ai vu.
L'Ange. Il était petit, lévitant au-dessus du lac comme quelque fantôme, mais sa présence emplissait mon corps d'une chaleur intense et bienfaisante. Il a chanté ; j'ai fermé les yeux et l'ai laissé m'envahir toute entière.
Et j'ai sombré.
*
« Non ! Niels ! Laisse-la tranquille ! Cette fille, elle a besoin de repos, et certainement pas d'un enfant hyperactif à ses côtés ! Donne plutôt cette pâtée à son pokémon, il m'a l'air très fatigué lui aussi. »
« Peuh ! J'suis sûr que c'est même pas son pokémon d'abord ! »
« C'est quand même un être vivant épuisé, alors il faut lui venir en aide ! »
« Attends, mais t'as vu comment il me regarde, ce truc ? Et je te signale qu'il m'a mordu hier ! »
« C'est normal, tu lui a marché sur la queue. »
« Il n'avait qu'à pas la laisser traîner !! »
« Ho, Niels, fais ce que je te dis ! Tu es vraiment insupportable quand tu t'y mets ! »
Un soupir et des bruits de pas précipités plus tard, le silence est revenu dans la pièce. Quelqu'un se trouvait à côté de moi, je le sentais. Cette personne, propriétaire certainement de la première voix que j'avais entendue, semblait tremper les mains dans l'eau, à en croire les éclaboussures. Soudain, elle m'a mis un truc mouillé sur la tête, alors, surprise, j'ai ouvert les yeux.
C'était une femme, assez ronde de corps, avec des membres larges et des cheveux bruns bouclés, typiques des gens des Royaumes du Nord. Je devais être arrivée à destination.
Elle a paru surprise de me voir réveillée, mais elle s'est rapidement reprise :
« Ho ! Comment vas-tu ? »
« Qui êtes vous ? » ai-je demandé. « Pourquoi suis-je chez vous ? »
Ben oui, j'aurais pu me trouver dans un hôpital, vu mes blessures.
« C'est moi qui t'ai trouvé. » a répondu la dame en prenant une petite bouteille brune posée sur la table de nuit. « Une nuit, j'ai entendu un grattement à ma porte. J'étais inquiète, parce que personne ne vient jamais dans un patelin perdu comme Bonaugure, mais je me suis armée d'une poêle et j'ai ouvert la porte. Et là, que vois-je ? Un keunotor, tout maigrichon et l'air mauvais, posé sur ses pattes de derrière et qui me regardait. Je lui ai demandé ce qu'il avait, alors il s'est mis à galoper vers la forêt. Puis il s'est arrêté et m'a regardé de nouveau. J'ai compris qu'il m'invitait à me suivre, alors c'est ce que j'ai fait, et il m'a mené à toi. Tu étais étalée de tout ton long dans l'herbe au bord du lac Vérité, et tu semblais te vider de ton sang. Alors j'ai posé ma poêle et je t'ai hissé sur mes épaules et je suis rentrée chez moi. Ton keunotor m'a gentiment apporté la poêle, il a été très gentil malgré ses manière et son mauvais caractère, alors je l'ai gardé. »
« Mon... quoi ? »
« Un keunotor. Le pokémon castor. »
J'ai secoué la tête.
« Il n'est pas à toi ? Je croyais, parce qu'il ne t'as pas quitté depuis que je t'ai mise dans ce lit. Il s'en va juste pour faire un petit tour dans le jardin et revient juste après. En tout cas, il semble être très attaché à toi. »
Les pas précipités sont revenus dans un vacarme assourdissant et un garçon blond est apparu dans l'encadrement de la porte :
« Il m'a encore mordu ! Je lui donnais sa gamelle et Crunch ! Saleté ! »
« Tais-toi Niels, tu embêtes cette jeune fille. Parle plus doucement. »
Le garçon s'est tu et m'a jeté un coup d'œil :
« Une fille, ça ? Tu rigoles ? T'as vu ses cheveux ? Ils sont encore plus courts que les miens... »
Je me suis retenue de dire que si je ressemblais à un garçon, lui était étrangement semblable à une fille avec ses cheveux bouclés mi-longs, mais je me suis ravisée.
« Mais enfin, Niels, si je te le dis... C'est peut être la mode d'où elle vient, tu sais... Tu te souviens, quand on est allé à Unionpolis ? Ils étaient tous habillés bizarrement ! Et puis sois un peu plus tolérant. »
« Pourquoi que t'as cette sale bête avec toi ? » m'a demandé le garçon en fronçant les sourcils. « Il n'arrête pas de me mordre. »
J'ai secoué la tête.
« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. »
En effet, comment aurais-je pu me douter à ce moment que c'était le pokémon que j'avais sauvé qui m'avait rendu la pareille ? Pour moi, il s'était barré, fin de l'histoire.
Cependant, j'ai entendu un bruit de pattes et le cliquetis de griffes sur le plancher, et il est apparu, assez raide. Il était toujours ébouriffé et blessé. Il m'a regardé de son air grognon, puis a tourné les talons, sans que je sache pourquoi.
« Attends ! » J'ai crié, mais il ne s'est pas retourné.
Je me suis levée, mais les bras de la dame m'ont retenu.
« Ne fais pas d'efforts, reste tranquille ou tes blessures vont se rouvrir. »
J'ai dit alors la seule chose qui me venait à l'esprit :
« Merci ! »
Mais le pokémon était déjà parti. |
| | | Neowstix
Dresseur
Nature : Relax
Niveau : 26
Exp : 2192
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Dim 28 Sep 2014 - 7:34 | |
| Ha bah j'avais pas vu le chapitre 3 avant, maintenant oui. Voilà, voilà.
Tes chapitres 3 et 4 laissent planer une grande question pour la suite de ton roman, une question qui poussera les lecteurs à lire jusqu'au bout pour connaître la réponse, une question née d'une mauvaise rencontre de l'héroïne et qui l'a traumatisé à jamais : Quand est ce que ce ptit con de Niels va se prendre une tarte ? *sbaff* |
| | | white shewolf
Écrivain
Nature : Calme
Exp : 1773
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Dim 28 Sep 2014 - 10:42 | |
| Ho, il aura fallu une semaine pour avoir des commentaires, troublant...
@koukin : merci ! je ferai de mon mieux compte tenu de la montagne de travail que j'ai à faire
@1sanity : le roman commence à côté du château chaydeuvre... c'est dans la 6g... bon, et pour répondre à ta question, le fait que l'héroïne se trouve dans cette région pourra certainement introduire une nouvelle histoire si j'en trouve le courage... ce en fera une sorte de trilogie au final... voire même relier TOUTES mes histoires écrites (ou dessinées) jusque là. Mais ce serait un projet tellement complexe qu'il ne risque pas de voir le jour avant bien longtemps (terminons déjà les deux romans commencés avant de passer à un autre).
@silver : pour le moment, je n'en ai fichtre aucune idée... mais si c'est vraiment important, peut être essayerai-je d'incruster ce petit élément un peu plus loin dans l'histoire...
bon, au passage, je vous informe que je n'ai pas seulement repris la parution de Pearl of Space, mais également de Yellow reborn ! je pense essayer de publier le chapitre 32 aujourd'hui, si mon réseau pourri le veut bien... sinon quoi ce sera pour demain. |
| | | 1nsanity
Dresseur
Nature : Malpoli
Niveau : 28
Exp : 1193
| Sujet: Re: [Perle] Pearl of Space Dim 28 Sep 2014 - 13:28 | |
| - white shewolf a écrit:
@1sanity : le roman commence à côté du château chaydeuvre... c'est dans la 6g... bon, et pour répondre à ta question, le fait que l'héroïne se trouve dans cette région pourra certainement introduire une nouvelle histoire si j'en trouve le courage... ce en fera une sorte de trilogie au final... voire même relier TOUTES mes histoires écrites (ou dessinées) jusque là. Mais ce serait un projet tellement complexe qu'il ne risque pas de voir le jour avant bien longtemps (terminons déjà les deux romans commencés avant de passer à un autre). Ah oui effectivement, autant pour moi. |
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| | | | | [Perle] Pearl of Space | |
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