[Pokémon Obscure] NaNo 2015 - Ceci est un Nezlocke

…

« AAAAH !

Je suis aveugle !

… Ah non, il fait juste nuit. »

La fraîcheur nocturne du mois de novembre s'était emparée de la région de Johto. Le ciel était noir de nuages. En réalité, il était noir tout court. Tout ça sûrement par la faute de quelques Pokémon de type eau qui ont cru bon de danser à 23 heures. Dire que de stupides pas de danse peuvent faire perdre toute leur crédibilité aux météorologues les plus qualifiés… c'est consternant.
« Dans quel monde vit-on ? », se demanda le jeune Eldorad Goldurak. Le pauvre garçon, venant à peine de réaliser qu'il n'était pas devenu aveugle, fut interpellé par une étrange forme de vie non identifiée. Sans qu'il ne puisse réagir, l'inconnu prit la parole et lui annonça d'entrée :

« Pas de panique ! Bienvenue dans le monde magique des Pokémon ! Ici, nous vivons en compagnie de créatures fascinantes du nom de Pokémon. Certains les mangent, d'autres jouent avec eux. Ces derniers sont rappelés à l'ordre et sont priés de ne pas jouer avec leur nourriture. Mon nom est Stan et mon travail consiste à étudier ces gens. Je suis un thérapeute nutritionniste. »

Eldorad ne réagit pas tandis que son interlocuteur lui parlait des bienfaits d'une alimentation saine et équilibrée. Son attention était détournée par le fait que ce soi-disant "Stan" semblait posséder une queue et de très grandes lunettes. Grandes et beaucoup trop rondes également. Il ne comprit pas non plus pourquoi ce personnage se mit en tête de lui expliquer tout ceci, il avait vécu sa vie entière dans le petit village du nom de Big-Fopp, bourgade Johtonienne réputée pour ses tourtes au Poissirène. Le concept de chaîne alimentaire lui était bien familier. Cela ne l'empêchait pas d'avoir son propre avis sur la question. A plusieurs reprises, Eldorad et sa mère étaient entrés en désaccord à l'heure du dîner. Pour cette dernière, il était primordial de respecter les traditions familiales, et celles-ci allaient souvent de paire avec des grillades de Cerfrousse ou de Cochignon entiers cuits au feu de bois. Si ce n'était que ça, le jeune garçon s'en serait accommodé, mais lorsque les Cerfrousse et autres Cochignon étaient eux-même farcis de plus petits Pokémon, cela devenait de mauvais goût d'après lui. Le pire fut quand dans son assiette, il trouva un Pokémon triple farci sur son lit de betteraves. C'en était trop. Il n'arrivait décidément pas à se résoudre à l'idée de manger des animaux qui pouvaient parler. En tous cas, pas sans se sentir très mal après coup. Bien rassasié, mais très mal quand même.

Après quelques secondes d'inattention, Eldorad réalisa que le dénommé Stan était encore en train de lui parler de nutritions et d'autres choses dont il n'avait pas grand-chose à faire. Peut-être s'agissait-il d'un spécialiste que sa mère avait fait venir afin de réparer sa "crise alimentaire". Cela aurait bien été son genre, se dit-il. Stan, qui de son côté poursuivait son monologue, en vint à la partie où il évoqua le fait de transformer Eldorad en nez géant à l'aide de carottes génétiquement modifiées. Ce dernier qui était encore dans ses pensées et qui se demandait s'il n'était quand même un petit peu aveugle en fin de compte, ne broncha pas et se contenta d'acquiescer brièvement de la tête.
-C'est donc réglé, lui dit Stan, un monde magique t'attend, bon courage !

Sur ces paroles, le jeune garçon se transforma en nez géant et perdit connaissance. Le lendemain matin, il se réveilla dans sa chambre. Son premier réflexe fut d'aller dans sa salle de bain pour se recoiffer mais il n'avait plus de cheveux, c'était un nez. Il ne lui restait plus que ses jambes qui lui sortaient de ses "trous de nez". Il descendit dans son living-room et y retrouva sa mère. D'un air plus ou moins surpris, celle-ci constata les faits qui se présentaient à elle.
-Mais tu es un nez ! S'écria-t-elle. Est-ce que c'est le Dr. Stan qui t'a fait ça ?
-Oui, répondit Eldorad.
-Mais il est con ce mec ! Ce n'est pas du tout ce que je lui ai demandé ! Je suis totalement contre cette chirurgie esthétique improvisée, enfin voyons ! Que vont dire les voisins ?

La mère du jeune nez était visiblement très insatisfaite de la séance de thérapie que son fils avait passé.
-Tu vas immédiatement aller le retrouver et lui dire d'arranger ça !

Sans qu'il n'eut mot dire, sa mère donna au jeune nez son PokéMatos qui était revenu de chez le réparateur. Eldorad n'avait cependant plus de main, il dût refuser l'appareil. Mais après réflexion, il le prit quand même, il pourrait toujours servir en fin de compte. Avant de partir, il descendit au sous-sol voir la petite Joyce et sa cousine Jeanine.
-Bonjour Eldorad, salua Jeanine. Est-ce que vous allez bientôt nous laisser partir ? Cela fait 3 ans que nous sommes enfermées ici tout de même. Regardez comment ça a rendu la pauvre petite Joyce.

Joyce se trouvait au milieu de la pièce et chantait en boucle les paroles de la chanson « Satisfaction » de Benny Benassi. Le jeune nez se contenta de regarder ce qu'il y avait dans leur frigo. Divers produits périmés se laissaient moisir au frais, il eut l'impression que le fromage lui lançait un regard menaçant. Il ferma le frigo et décampa aussitôt.

En se rendant au cabinet du Dr Stan, les voisins du jeune garçon ne manquèrent pas de lui rappeler qu'il était devenu un nez. Il passa son chemin jusqu'à ce qu'il arriva à hauteur du pavillon du Dr Stan. Il s'arrêta net en s'apercevant qu'une espèce de cochon reniflait le mur du bâtiment. Un cochon qui portait des vêtements. En s'approchant doucement, il entendit ce dernier parler tout bas, collé dans son coin : « Hmm, ce mur a une drôle d'odeur... ». C'était un cas rare. On ne pouvait pas souvent observer un cochon habillé en train de "murmurmurer". Soudainement, le porc qui était au pied du mur se retourna et flanqua un violent coup de tatane au jeune Eldorad, le faisant reculer de quelques pas. Au loin, un passant qui avait tout vu se dit qu'il était face à un cas totalement extraordinaire. Il venait en effet d'être témoin d'un cochon habillé qui murmurmurait et qui venait de mettre un bourre-pif à un nez géant. Ce sont ce genre d'événements qui font qu'une vie vaut la peine d'être vécue. Une pareille scène n'allait probablement jamais se reproduire à nouveau, tant les conditions requises étaient exceptionnelles. Le passant décida de jouer au Loto le soir même et remporta la cagnotte de 15 milliards de Pokédollars. Nous n'en saurons cependant pas plus à son sujet, suite à la réception d'un pareil gain, le figurant décida de changer d'identité et de vivre dans une région plus tropicale, sûrement dans une luxueuse villa à l'abri des regards indiscrets.

Eldorad entra à l'intérieur du cabinet du nutritionniste et rencontra l'homme qui était responsable se transformation soudaine.
-Vous êtes le jeune que j'ai changé en nez je présume, devina le Dr Stan.
-Oui, répondit Eldorad, comment le savez-vous ?
-J'ai du flair pour ce genre de choses. Je ne suis pas le meilleur thérapeute nutritionniste de la région pour rien.
Il était de petite taille, mais le Dr Stan savait de quoi il parlait. Ou en tous cas il avait l'air de savoir. Mais si ça se trouve, il n'y connaissait rien et personne n'osait se l'avouer.

-Ecoutez mon grand, reprit le thérapeute, je ne peux pas vous rendre votre apparence normale, voyez-vous, un de mes Pokémon a cassé ma machine à "transforgiférer". Sans elle, il m'est impossible de poursuivre la procédure chirurgicale. Je suis diplômé, mais je ne suis pas cinglé pour autant. J'ai des collègues qui ont eu des procès pour moins que ça.
Le spécialiste considéra le jeune changé en nez. Il considérait que c'était peine perdue. Mais il se reprit et continua :
-Voyez le bon côté, maintenant que vous êtes un nez géant, vous allez pouvoir sentir l'odeur des Pokémon à un niveau moléculaire. Cela étant dans le but de vous ouvrir l'appétit pour bien manger. Après, si votre aspect vous dérange, c'est autre chose. Je suis nutritionniste moi, pas magicien.

Ce qu'il venait de dire lui rappela quelque chose qu'il trouva bon de dire sur le moment, ce qu'il ne se priva pas de faire.
-… Mais en parlant de magicien, s'étonna-t-il, si quelqu'un peut vous transforgifier sans machine à transforgiférer, c'est mon bon ami Jésus ! Il est cool Jésus ! Vous devriez aller le voir ! Dites lui que c'est Stan qui vous envoie, ça lui fera plaisir. Il vit au nord d'ici, près de Fallout Ville. Si vous allez le voir, je suis sûr qu'il pourra vous rendre votre apparence humaine. La route sera toutefois dangereuse, je vais donc vous offrir un de mes Pokémon pour que vous puissiez circuler en sécurité.

Le bon Dr Stan présenta un bureau sur lequel trois Poké Ball attendaient qu'un dresseur ne vienne les prendre. Eldorad les inspecta minutieusement avant de faire son choix. Il y avait un Toudoudou, un Machoc et un Abra. Etant persuadé que n'importe qui ce serait rué sur Abra, il laissa celui-ci de côté. Il était impressionné par la musculature du Machoc mais n'apprécia pas sa petite blague qu'il avait fait à son propos. « Si tu me choisis moi, t'es sûr de réussir ce run les doigts dans le nez ! »
Eldorad n'avait pas apprécié. Il prit donc la petite Toudoudou qui attendait sagement l'heure du goûter.
-Tu as donc choisis Toudoudou, constata le Dr Stan. C'est un bon Pokémon ! Sa texture moelleuse est parfaite en toutes occasions. Ah oui et pis elle chante des fois, c'est un peu de la merde, si tu l'écoutes, tu t'endors. Je ne l'aime pas vraiment, bon débarras.

A ce moment précis, Eldorad eut une envie fulgurante de potiron. Il ne se souvint pas d'en avoir eu autant envie depuis des années. Le Pokémon qu'il venait de choisir l'interrompit cependant pour lui poser la question fatidique.
-Comment tu vas m'appeler, monsieur le nez ?

Pris par surprise, le garçonnez dit à voix haute sans réfléchir «Coloquinte », mais n'alla pas au bout de sa pensée. A mi-chemin, il regarda la petite Toudoudou et se dit qu'elle devait être coquine comme Pokémon. Son subconscient nasal ayant pris le dessus, Eldorad mélangea le mot coloquinte avec coquine, ce qui lui fit dire : « Coloquine ».


Team : -Coloquine, Toudoudou ♀, N.5

« Toudoudou doudoudou~

Toudoudou doudoudou ♪

Le monde change tout autour de nous !~
Le monde change et devient flou !♫
Le monde change c'est fou, il reste le même malgré tout !~
Car il faut tous les attraper ! Etre le plus déterminé ! ♪ »

Eldorad n'écoutait même plus son Pokémon chanter. Après quelques heures, il s'était détaché de la situation et assimilait le chant de son Toudoudou au bruit d'un cours d'eau ou de n'importe quoi d'autre qui pourrait se passer en extérieur de moins déplaisant. Arrivés au bout du sentier pédestre de la route 29, un vieil homme se tint devant nos deux protagonistes. Il semblait attendre patiemment que quelqu'un vienne lui adresser la parole. Même si notre bon ami le nez sur pattes ne l'avait jamais rencontré auparavant, il lui fut difficile de ne pas s'approcher et de taper la discute avec le vieillard qui restait de marbre, prêt à bondir dans le feu de l'action au moindre stimulus extérieur. Cédant à la tentation, Eldorad se mit face à lui et voulut entamer l'échange verbal. Cependant, avant même que celui-ci ne puisse prononcer un mot, le vieil homme écarquilla les yeux et assomma le jeune garçon d'un flot de paroles allant à un débit constant.

-Hé, alors comme ça toi, tu débutes ? Ca me rebute ! Fais gaffe sinon j'te bute. Viens par-là, une minute, je vais te montrer le bar à putes.
Il fit une pause.

-…

... Je déconne, je suis pas ce genre de bonhomme. Si t'as besoin d'une visite, je suis ton homme.
Il traîna Eldorad devant le Centre Pokémon de la ville et l'éduqua sur la vie et ses mystères.

-C'est le centre Pokémon ici. Ils guérissent tes Pokémon avec de la bien noire magie. On arrête pas de me dire que c'est de la technologie, mais moi je suis pas né de la dernière pluie.
Il continua par montrer le super marché local au garçon qui était toujours trainé.

-Ca, c'est l'épicerie du coin. Si t'y vas pour faire tes courses, c'est bien. Si t'y vas pour prendre le train, t'es zinzin.
La visite se poursuivit par la sortie de la ville, par laquelle Eldorad tenta de s’éclipser sans y parvenir parce qu'il était bloqué dans un moment scripté.

-Par-là, c'est la bamboula. Des dresseurs, y en a un paquet gros comme ça. Si t'y vas, ce sera pas la joie.
Ils continuèrent leur tour de la ville jusqu'à arriver au niveau de la plage.

-Là, c'est la mer. C'est humide. Et amer.
Ils arrivèrent finalement vers une petite maison devant laquelle le senior arrêta de s'agiter. Après quelques secondes, il se retourna et fut nez à nez avec Eldorad et son Toudoudou derrière lui, hésitants quant au temps qu'ils allaient encore devoir attendre ses explications.

-Pourquoi vous êtes encore là ? C'est bon, vous pouvez partir. Arrêtez de me suivre sinon j'appelle la police ! Malotrus !
Il n'avait vraisemblablement pas l'habitude que les gens le suivent jusqu'à devant chez lui.

-Bon, reprit le vieillard, si vous promettez de me laisser enfin tranquille, je vous offre cette carte.
Eldorad accepta son offre, gagner une carte régionale gratuitement, quelle aubaine !

-Voilà, prends. Il lui tendit la carte. C'est youpi-cool hein ? Dit-il d'un ton ironique. Viens on fait la teuf, trop cool, yeh boy.
Le jeune nez et son Toudoudou s'échangèrent un regard dubitatif.

-CASSEZ-VOUS DE MON JARDIN !
Effrayés, les deux compères prirent leurs jambes à leur cou.
Ce qui, en soi, était impossible, Eldorad n'avait plus de cou. Pareil pour la petite Coloquine qui ne pouvait pas se vanter d'avoir des jambes de surcroît. Ils firent, nez en moins, un compromis et tentèrent le tout pour le tout : Coloquine s'accrocha aux jambes d'Eldorad tandis que ce dernier se ruait vers la sortie de la ville. Il en profita pour jeter un œil à sa nouvelle carte de Johto. Grâce à cela, il allait aisément pouvoir se repérer dans la région. Il la déplia pour constater qu'il s'agissait d'une carte de vœux sur laquelle était écrit en grosses lettres : « Guéris vite Jim. »

Tout en se dirigeant vers la maison de Jésus, Eldorad remarqua que la petite Coloquine avait bien du mal à se défaire des Pokémon sauvages qui surgissaient des hautes herbes. La vitesse des assaillants semblait souvent supérieure à celle du Toudoudou qui n'arrivait pas non plus à les taper très fort. Son seul salut résidait dans sa capacité à endormir ses adversaires, et encore, si ceux-ci prenaient le temps d'écouter la berceuse, ce qui n'était pas toujours gagné. Ils arrivèrent tant bien que mal chez Jésus. Il n'y avait pas de doute possible, le panneau devant l'entrée n'aurait su mentir de la sorte, ils étaient bien devant chez Jésus. Eldorad entra sans toquer. Ce geste des plus malpolis saura toutefois être excusé, le jeune garçon n'avait plus de bras. Cela ne l'aurait pas empêché de mettre un ou deux coups de pieds dans la porte histoire de prévenir, mais ne nous égarons pas, après tout, je ne suis pas là pour critiquer. Chacun fait ce qu'il veut. J'dis juste que si un nez rentre chez moi sans prévenir je sais pas comment je vais le prendre. L'hospitalité, c'est pas innez, chez moi.

Après avoir franchi la porte de façon mal éduquée, le jeune désinvolte fut accueilli par Jésus. Ce dernier lui pardonna son erreur. Le pardon était quelque chose de systématique pour lui.

-Bienvenue mon enfant, dit-il. Stan-Man m'a prévenu de ton petit saut.
Eldorad ne se souvenait pas avoir sauté au cours de ce chapitre mais ne se laissa pas démonter.

-Ecoute gamin, poursuivit-il. Il faut que tu retournes voir Stan, j'ai un petit quelque chose à lui donner.
Jésus sortit un objet rayonnant de lumière qui illumina toute la pièce et le présenta au nez.

-C'est une chaussure.
C'était une chaussure.

-Mais elle est magique.
Ah, d'accord.

-Il te faut lui donner ceci, c'est primordial, tout te deviendra limpide une fois que tu auras accompli ton devoir.
-Tu vas réellement confier la chaussure de la vérité à un nez ambulant ? T'es trop ouf Jésus.
Un homme en blouse blanche se tenait à côté, un peu sur la droite, Eldorad ne l'avait pas remarqué.

-Permets-moi de me présenter, je suis le Professeur Bob, mais mes amis m'appellent Sammy.
-Bonjour Sammy, fit Eldorad.
-Pour toi c'est monsieur, dit sèchement Bob. Je suis le présentateur radio le plus hype de la mésosphère, j'ai droit à un peu de respect.
Il inspecta brièvement le jeune nez gros avant de remarquer qu'il était en compagnie d'un Toudoudou. Et quel Toudoudou, c'était celui du Dr Stan.

-Ah, je vois que le Dr Stan t'as confié un Pokémon, je comprends mieux à présent…
Eldorad pensa que la présence de Coloquine allait rassurer le Pr. Bob et qu'il pourrait amicalement l'appeler Sammy. Grossière erreur.

-Je comprends mieux, continua l'homme blousé. Stan est décidément le dernier des abrutis. Un Pokémon si rare en plus, quel gâchis. S'il l'avait echangé encore, j'aurais compris mais là… pffouh lala, Stan mon pauvre vieux, sors-toi les doigts du nez quoi…
Un idée vint soudainement titiller l'esprit du Pr. Bob, une telle opportunité n'allait pas se présenter à lui de sitôt.

-Oh, attends, gros pif, regarde ça. Tu sais ce que c'est ? C'est beau hein ? C'est le dernier modèle du Pokédex, ma fabuleuse invention. Tout le monde se l'arrache, c'est le dernier gadget à la mode qui fait fureur chez tous les jeunes de 10 à 25 ans. Ben tu sais quoi ? Dans mon infinie bonté, j'ai décidé de faire une blag… euh, j'veux dire, de faire un geste. Un geste pour toi. Et mon geste, c'est de tendre ce Pokédex flambant neuf à toi mon pote, à un jeune talent qui, j'en suis sûr, deviendra un dresseur de renom d'ici peu. D'après mes estimations, je suis quasi certain qu'en à peu près 1 mois t'es un VIP qui roule en limousine avec chauffeur en option. Alors, tiens. Prends ça, et quand tu seras là haut, au top, tu penseras à moi.
Le DJ inventeur scientifique en blouse blanche tendit une encyclopédie Pokémon neuve étincelante et l'offrit au jeune nez.

-Merci, dit Eldorad. Est-ce que je peux vous appeler Sammy ?
-Si tu m'appelles Sammy, je te pète le nez. Et ça équivaut à 80 % de ton corps en ce moment.
Sur ces derniers mots d'affection, le Pr. Bob prit congé. Pendant ce temps, Jésus mangeait des chips sur son canapé. Eldorad l'interpella depuis l'entrée.

-Tu vas retourner voir le Dr Stan ? Demanda Jésus. Te fais pas de bile, je vais téléporter ton boule à la Ville Griotte pour que le chemin soit plus court pour toi, c'est la moindre des choses.
-Vous pouvez vraiment faire ça, M'sieur Yézousse ? S'étonna le nez.
-Ouaip, je suis un magicien assez connu. Mon dernier livre sur comment épater la galerie en 10 commandements a fait un tabac. Tu veux un autographe ?
Eldorad refusa.

-C'est pas grave, mais si tu veux voir un tour de magie une fois tu sais où me trouver.
-Vous pouvez séparer la mer en deux ? Interrogea le garçon.
-Pff, soupira Jésus. Ouais, à l'occasion je pourrais. Mais c'est pas ce que je préfère. C'est humide la mer. C'est humide et c'est amer. C'est un peu la Mouise.
Après avoir fini ses chips, Jésus envoya notre jeune héros à la Ville Griotte. Quel coin paumé. Le nom de la localité lui semblait très peu original. Coloquine et lui se préparèrent à retourner au bercail, mais furent soudainement interrompu dans leur course par quelqu'un qui arrivait à pleine vitesse vers eux. Après mûre réflexion, le nez reconnut l'odeur qui se dégageait du malveillant personnage qui lui bloqua le passage. Ca sentait le jambon.

« …

Hmmph, toi aussi tu as pris un Pokémon à ce thérapeute…
C'est bien joli, sauf que moi, j'en ai chipé un meilleur.
Ce salaud m'a changé en cochon pour que je trouve plus facilement des truffes, mais j'aime même pas ça les truffes. J'vais te faire ta fête, ça va me défouler. »
Le cochon habillé défia Eldorad en combat sanglier. Tout ceci était bien soudain. Le porc envoya son Abra devant Coloquine. "J'en étais sûr", se dit le nez. Il relativisa, un Abra de faible niveau ne pouvait pas faire grand-chose, en effet, c'est ce qu'on nous apprend en premier à l'école avant de commencer le programme de maths standard. « 1 + 1 = 2, Abra sert à rien avant d'avoir évolué en Kadabra ! ». C'est une comptine très connue que chante tous les bambins dans les jardins d'enfants.

-Coloquine, vas-y doucement ! Fit le dresseur à son Pokémon.
Le cochon esquissa un sourire avant de grogner à son Abra : « TRIPLATTAQUE ! »
Coup direct. Coloquine, prise par surprise, tomba au sol comme une tarte molle. En tombant, elle trouva 5 Pokédollars que quelqu'un avait dû perdre dans un moment d'inattention. Un peu plus et elle pourra se racheter de nouveaux écouteurs pour Pokémon sans oreilles. Elle avait perdu les derniers quand, avec le Dr Stan, elle est allée chez un ostéopathe pour régler son problème de cou et de jambes manquantes. Après quelques visites infructueuses, elle décida de ne plus y retourner, elle était arrivée à la conclusion que les ostéo étaient nazes avec les Pokémon dépourvus d'os. Ce n'était cependant pas le bon moment pour parler de ça car, comme l'on pouvait s'y attendre, elle était en train de se faire détruire la gueule par de violents coups de Triplattaque qui se suivaient sans relâche. De son côté, le cochon jubilait, la petite Toudoudou était démunie face au menaçant Abra.

-Héhéhé, dès que ce combat sera fini, on aura droit à une bonne nuit de sommeil ! Lança-t-il à son Pokémon.
-De… Sommeil ? Eurêka ! C'était évident.
Coloquine apprit Ecras'Face et colla un pain monumental dans la tronche de son adversaire, ce qui eut pour effet immédiat de le calmer sur place. Entendons-nous bien, par calmer, je veux dire par-là qu'il a eu droit à un aller-simple direct pour Comatose Ville. Et pour répondre à votre question, non, cela ne figure pas sur la carte de la région.

-Pfft… T'es content ? Le porcelet grogna furieusement. Mon nom est ???, continua-t-il. Je vais devenir le meilleur (le seul en fait) cochon dresseur de Pokémon de la planète.
Il bouscula Eldorad et s'en alla aussi vite qu'il n'était arrivé.
-Quel caractère de… de…
Le nez cherchait ses mots.
-De quoi ? demanda Coloquine.
-De connard, conclut l'autre.

Ils poursuivirent leur route jusque chez le Dr Stan qui les attendait de pied ferme. Le nutritionniste avait l'air bouleversé, un agent des forces de l'ordre était présent et recueillait son témoignage entre deux sanglots.
-Ooooh, c'est terrible, commissaire ! Je ne le perd jamais de vue en temps normal, il est toujours là où je le laisse ! C'est terrible !
-Hm… Je vois, je vois.
Le policier notait sur son calepin toutes les informations que lui transmettait le Dr Stan, espérant que l'une d'entre elles le mettrait sur une piste. Eldorad, voyant le désarroi du thérapeute, comprit la situation et s'interposa en affirmant avoir vu le ravisseur du bien de Stan.

-Aha ! Cette affaire s'annonce réglée plus vite que prévu, nous avons un témoin oculaire, ici présent !
-Snif, mais monsieur le commissaire, gémit le Dr Stan, ne s'agit-il pas plutôt d'un témoin « rhinolaire » ?
-Resaisissez-vous, répondit l'agent, cette blague est beaucoup trop recherchée pour qu'une personne normale ne la comprenne, enfin voyons, que vont dire les voisins ?
-Je m'excuse, je… snif, c'est l'émotion, je...
-Ca va aller, c'est rien, venez dans mes bras.
-Euh, j'ai vu le coupable, rappela Eldorad.
-Non mais on vous a pas sonné, dit froidement le policier. Vous voyez pas qu'on est occupé? Espèce de petit…
-Attendez, il marque un point, commissaire, il a vu mon voleur ! C'est important ça ! S'écria le Dr Stan.
-Correct. Alors, dites-moi tout, comment il s'appelle ?
-Il m'a dit que son prénom était Shiruba, informa le jeune nez qui avait mené bataille contre lui. Vous ne pourrez pas le louper, il a une tête de cochon.
-Okay, okay, surveille ton langage tout de même, petit. C'est pas parce que sa tête te revient pas que tu peux impunément l'insulter non plus. Mais merci pour ton témoignage, j'vais pas le louper.

Le commissaire s'en alla promptement lancer des avis de recherche dans tout le pays. La tête de Shiruba le cochon voleur fut rapidement mise à prix, ceci lança d'ailleurs une polémique qui fit école dans le domaine de la justice charcutière. En effet, les bouchers régionaux estimèrent que le prix au kilo pour une tête de porc ne devrait en aucun cas dépasser les 1500 Pokédollars. S'en suivit un bras de fer judiciaire très médiatisé par les journalistes qui de nos jours est encore connu sous le nom de l'affaire "Moussdepor". Fait amusant, peu de gens reconnaîtront là l'origine du nom de ce cas unique. Certains affirment que la fille du juge qui s'occupait du dossier avait un Roucool qu'elle avait affectueusement nommé "Moussdepor", en s'étant basée sur son plat préféré. Très joueuse, la petite emmenait son Pokémon partout avec elle et ne cessait de jouer avec l'oiseau, on pouvait l'entendre dire Moussdepor par-ci, Moussdepor par-là. Cela avait pris pour habitude d'agacer son père qui, après être rentré du travail, se trouvait à entendre "Moussdepor" à tout va, lui rappelant péniblement ces affaires professionnelles avec le prix au kilo de la tête de porc dans la région de Johto. Eventuellement, ce qui devait arriver arriva, alors qu'il était en plein communiqué de presse officiel, le juge se mélangea les pinceaux et parla de Moussdepor en évoquant cette affaire qui était tant suivie. Pour la suite, je ne pense pas avoir besoin de vous faire un dessin.

Le Dr Stan demeurait inconsolable, Eldorad tenta de lui remonter le moral en lui disant qu'il avait vu son Abra et qu'il était en bonne santé (en tous cas jusqu'à avant le coup dévastateur de Coloquine). Le nutritionniste le regarda soudainement l'air de se demander de quoi pouvait bien parler le nez.

-Mon Abra ? S'étonnait le Dr Stan. Bah… je sais déjà qu'il est avec le cochon. C'est moi qui lui ait balancé sa Poké Ball par la fenêtre pour qu'il arrête de renifler mon mur. Je m'en fous du Abra, mec.
-Mais, et le commissaire qui était là… ? Eldorad ne semblait pas comprendre.
-Mais enfin c'est pour ma chaussure ! Il m'en manque une !
Le Dr Stan ne portait effectivement qu'une seule chaussure.

-C'est terrible, reprit-il, j'aurais jamais pensé que ce cochon ait pu prendre mon mocassin adoré… des deux, c'était le côté que je préférais en plus !
Il refit une crise de larmes. Après s'être mouché, il constata que quelque chose émettait de la lumière depuis l'inventaire du nez. Il le prévint immédiatement, s'il était revenu d'une centrale ayant explosé, Eldorad n'était plus le bienvenue. Celui-ci répondit par la négative et lui montra ce que Jésus lui avait donné. C'était une chaussure.

-WAOUH ! C'EST UN MOCASSIN ! ET IL EST MAGIQUE EN PLUS DIS-TU ?!
Le Dr Stan eut du mal à contenir son excitation, le jeunez lui céda l'objet de ses désirs les plus fous et le thérapeute s'empressa de l'essayer pour voir. A son plus grand malheur, ce n'était pas la bonne pointure.

-ET MERDE !! Le Dr Stan balança la chaussure magique par sa fenêtre.
-Ah et euh, j'ai rencontré Samm… euh, le Pr. Bob, se souvint Eldorad.
-Ah, Sammy ! Comment il va ce vieux bougre ?
-Ca va, répondit l'informe nez géant. Il m'a donné un Pokédex afin que je poursuive ma voie en tant que dresseur reconnu.
-Toi ?? S'écria Stan. HAHAHAHAHAHAHAHA ! Rigola-t-il.
-C'est vrai pourtant… ! Affirma Eldorad.
-Sammy a un sacré sens de l'humour, dit le thérapeute après avoir repris son souffle. Moi toi, je ne te vois pas battre Dran. Y a pas moyen. Oublie. Ou bien alors, pour cela, il faudrait que tu partes en quête des badges d'Irène.
-C'est qui Irène ? Demanda le nez jeune.
-Tu connais pas Irène ? Fit Stan.
-Non, répondit la protubérance nasale sur pied.
-C'est normal, lança le petit spécialiste des aliments en tous genre.
-Ah bon ? S'interrogea Eldo.
-Bah ouais, confirma le nutritionniste, c'est pas une personne Irène, c'est juste le nom qu'on a donné au challenge. Tu dois gagner les 8 badges d'Irène, et ça, c'est pas une mince affaire. Parce que pour ça, il faut que tu battes les 8 champions d'Irène. Après seulement, tu peux envisager d'essayer de tenter de penser de peut-être pourquoi pas te confronter à Dran. Mais t'as aucune chance. Tu peux essayer. Mais t'as aucune chance.
-Ah ouais ? On parie ?
-Okay, 20 Pokédollars que tu vas revenir en chialant chez ta môman.
-Ca marche.

Ils se serrèrent la main. Le chemin du jeune Eldorad Goldurak était tracé à présent. Sa quête était claire. Il lui fallait à tous prix prouver au Dr Stan qu'il avait tort. Avec les 20 Pokédollars qu'il y gagnera, il pourra se racheter des lunettes de soleil pour ne pas être trop ébloui par les reflets dans les vitres. Il avait toutefois oublié qu'il n'avait plus d'yeux parce qu'il était un nez. Avant qu'il ne parte du cabinet du Dr Stan, l'assistant de ce dernier lui confia qu'il ne pouvait vraiment pas le blairer et qu'il souhaitait de tout coeur que le nez lui fasse cracher sa thune. Il offrit donc son concours au jeune garçon en lui refilant quelques Poké Ball qui s'avéreront bien utiles par la suite. D'un pas décidé, Eldorad et Coloquine levèrent le camp et se dirigèrent en direction de Fallout Ville,  leur prochaine destination. A hauteur de la route 31, après avoir dépassé la maison de Jésus, quelque chose frappa le duo. Ils s'aventuraient en terre inconnue, et ces terres semblaient infester d'araignées. Des toiles de diverses tailles trônaient de toutes part dans les sous-bois. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils tombèrent nez à nez avec une toile remplie de noix en tous genre. Cet étrange spectacle laissa soudainement place à la stupeur lorsqu'un Mimigal s'empressa de les ligoter avant qu'ils n'aient eu le temps de dire ouf. Ne pouvant plus se mouvoir, une peur viscérale fit surface en Eldorad, il ne supportait pas d'être attaché. Il ordonna à Coloquine de chanter un petit air afin de calmer ses mœurs, la petite boule rose s'executa. Tandis que son chant résonnait, le Mimigal qui était responsable du tumulte tomba de sommeil et cessa toute activité ayant pour but d'ajouter ses deux nouvelles proies à sa collection personnelle de noix diverses. Après quelques instants et d'huile de nez (parce qu'y a plus de coudes), les deux aventuriers se défirent de leurs liens. Le nez en profita alors pour lancer une Poké Ball sur le Mimigal qui dormait à mandibules fermées.

-Woah, c'est notre premier copain ! S'exclama Coloquine. Comment tu vas l'appeler, dis, monsieur le nez ?
Eldorad se mit à cogiter. Il lui fallait trouver un nom adéquat, c'était son premier Pokémon sauvage capturé. Il observait d'un regard songeur la toile sur laquelle des dizaines, voir des centaines de noix siégeaient, posées là comme une œuvre d'art contemporaine de la nature. A ce moment précis, il eut une très forte envie de gaspacho. Une envie comme il n'en avait pas eu depuis des années. Déstabilisé par cette envie furtive, il voulut dire le mot gaspacho tout en étant face à une noix sur la toile. Son subconscient nasal ayant pris le dessus, il mélangea la noix et le gaspacho, ce qui lui fit dire : « Pistachio ».


Team :
-Coloquine, Toudoudou ♀, N.9
-Pistachio, Mimigal ♂, N.4

...


« AAAAAAAAH ! JE SUIS AVEUGLE !


... Ah non, il fait juste noir.»


C’était dans ces moments là qu’Eldorad se demandait pourquoi personne n’installait d’interrupteur dans les grottes et les cavernes où la visibilité devenait trop réduite pour pouvoir faire deux pas sans faire du bruit en se cognant contre une paroi rocheuse. On ne peut pas penser à tout, en conclut-il. L’Antre Noir n’était pas le lieu le plus branché de la région. Malheureusement, peu de touristes y passaient pour boire un verre entre amis. La situation économique du site naturel était en chute libre et pour ne rien arranger, l’ancienneté de la grotte se laissait deviner par l’humidité ambiante et sa faible luminosité. Vous me direz, c’est normal, personne y va jamais dans c’te crevasse moisie, qui serait assez con pour ouvrir un bar ou un magasin de souvenirs là-dedans?


Deux pierres d’un gris neutre et sans intérêt étaient disposées au sol l’une à côté de l’autre, chacune ayant une petite étiquette avec un prix différent. Au milieu, il y avait un morceau de baie prémâché en solde, une offre à saisir. Content de sa vitrine d’intérieur, un Nosferapti malingre se mit derrière un comptoir (que l’on pourrait simplement qualifier de caillou légèrement plus gros que les deux autres) et patienta qu’un potentiel client ne se montre, il sentait qu’aujourd’hui, les affaires allaient rouler. Ce qui n’était pas forcément une bonne chose en fin de compte, aux vues de ce qu’il revendait, il n’en amasserait pas mousse.


-C’est par où la sortie ? Questionna Eldorad qui s’était aventuré sans réfléchir dans la caverne. T’as des grands yeux toi Coloquine, continua-t-il. Tu devrais avoir une meilleure vue ici. Moi, je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez.
-Moi, j’en ai pas, de nez.
-Ah oui c’est vrai, pardon.
Le dresseur eut l’impression d’avoir mis les pieds dans le plat. En réalité, pas exactement. Il venait de marcher sur un morceau de baie à moitié mangé qui traînait au sol.


-Hey ! Vous savez pas lire ?! Si vous marchez dessus, vous me l’achetez !
Rien de plus tragique que la colère d’un commerçant en plein litige. Le Nosferapti propriétaire du magasin de souvenirs de l’Antre Noir pointait furieusement d’une de ses oreilles une pancarte sur laquelle était écrite « Ne pas marcher sur la marchandise ». Le fait que les mots ‘marcher’ et ‘marchander’ étaient si proches d’un point de vue orthographique le rendait malade. Y a pas idée de piétiner les stocks. De cela, Eldorad n’en savait rien, il ne voyait même pas de quelle pancarte la chauve-souris voulait parler, faute de lumière. Ca n’était pas plus mal, car en toute honnêteté, il n’y avait là aucune pancarte, c’était un autre caillou. Les Nosferapti n'étaient pas connus pour leur excellente vue, ils n'ont, après tout, pas d'yeux.


-Pardon monsieur, s'excusa Eldorad. Vous savez où est la sortie ?
-Non, j'ai pas d'oeil, répondit le Nosferapti. Vous resterez coincés ici pour l'éternité. Pas moyen que vous sortiez vivants. Croyez-moi, y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.
-Si je peux me permettre, fit Pistachio qui était resté silencieux jusqu'à présent, j'ai pris la liberté de faire un fil depuis l'entrée jusqu'à nous pour pas qu'on se perde.
Le dresseur du petit Mimigal félicita son Pokémon puis ils décidèrent de s'en retourner à leur voyage initiatique, laissant là la commerciale chauve-souris sans même la payer pour avoir endommagé sa marchandise. Celle-ci était scandalisée, c'est quand même pas croyable.


-Mais !!! Revenez ici, tas de branquignoles ! Cria au loin le Nosferapti. Je vous lâcherai pas tant que j'aurai pas récupéré ce qui me revient de droit ! Vous allez voir vos gueules après ça !
Bien que la situation paraissait gênante, Eldorad et ses Pokémon n'en eurent rapidement rien à cirer. Le Nosferapti les suivait de loin, criant une fois de temps à autre qu'ils allaient voir ce qu'ils allaient voir. Ils oublièrent vite complètement sa présence et reprirent la marche en direction de Fallout Ville. Eldorad était curieux de voir ce qui pouvait bien donner son nom à la localité, il avait déjà joué à la série des Fallout et en gardait de bons souvenirs. Les histoires post-apocalyptiques le fascinaient, il se demandait souvent ce qu'il ferait s'il vivait dans monde ravagé par les armes nucléaires. Bien évidemment, cela serait impossible dans la vraie vie, les forces armées de Johto ainsi que de la plupart des autres régions du globe s'étaient mises d'accord pour régler tous conflits à l'amiable. Si par hasard il survenait un problème entre deux pays, la règle était simple. Ca se jouait aux cartes Pokémon. Le vainqueur avait ensuite le choix entre s'approprier légitimement les terres des perdants ou de les mettre au "coin des losers". Il me semble inutile de le préciser, mais se retrouver au coin des losers était tout simplement le plus grand déshonneur qu'une contrée puisse subir. Les pays qui y étaient assignés n'avaient plus le droit de jouer aux cartes contre les autres étant encore 'in', pour regagner sa réputation, il fallait remporter le tournoi annuel des losers au cours duquel s'y affrontaient consécutivement tous les perdants. Laissant de côté ces lois diplomatiques complexes, Eldorad franchit avec impatience l'entrée de la ville. Qu'est-ce que ce nom pouvait bien cacher ? Quel genre de radiations démoniaques attendaient le jeune dresseur et ses Pokémon ?


Il faisait beau. Quelqu'un venait de tondre le gazon de son jardin, une odeur d'herbe légèrement humide planait dans l'air. De jeunes enfants se pressaient d'aller à l'école Pokémon, l'heure des cours allait bientôt sonner. D'autres passants se baladaient tranquillement accompagnés de leur Pokémon entre les quelques décorations florales bien entretenues des espaces verts publics. Tout allait pour le mieux, du moment que l'on ignorait les cris d'une chauve-souris de plaignant de la jeunesse de nos jours et de l'irrespect des commerçants locaux, il régnait une ambiance des plus apaisante et chaleureuse à Fallout Ville, ville qui n'avait aucun lien avec la série de jeux vidéos du même nom. Tant mieux, je n'y avais pas joué.


Entre deux visions idylliques du parfait petit village paisible de ses couilles (qu'il n'avait plus, il était un nez), Eldorad remarqua que l'entrée en arrivant depuis la route 31 menait pratiquement tout de suite sur la route 32. Cette structure inhabituelle le rendit perplexe, il s'aventura sur la route 32, se demandant si la ville n'avait pas été scindée en deux, jusqu'à ce qu'il fut les pieds dans les hautes herbes. Il n'eut plus de doute lorsqu'un Pokémon sauvage lui fit face, d'une posture hostile et menaçante. Un regard faisant preuve de plus d'agressivité qu'un fonctionnaire en fin de vendredi après-midi fixait le jeune nez, telle la proie qui allait servir de repas à l'infâme prédateur qui se tenait devant elle. Ils s'observèrent silencieusement pendant une seconde qui sembla durer une éternité, le prédateur allait attaquer à tout moment, il attendait juste le moment propice, celui où l'attention du nez serait à son plus bas. Le moindre faux pas et c'était la mort assurée. « Je compte jusqu'à trois et ensuite… VLAN ! », se dit le Pokémon sauvage, déterminé comme jamais. Et il compta…






Un…






Deux…






Tr…


-Oh non, j'aime pas les Chétiflor, bon c'est pas grave, Poké Ball, go !
Eldorad captura le Chétiflor sauvage avant que celui-ci n'eut le temps de compter jusqu'à trois, le sauvant ainsi d'un bien funeste sort. Il n'aimait pas les Chétiflor. Il décida donc de l'appeler par la première chose qu'il avait dit en voyant celui qu'il venait de capturer : « Oh. »
Rebroussant chemin, le dresseur s'en retourna à Fallout Ville et se dirigea en direction d'une tour qui semblait se démarquer du village. Il fit cependant escale à une petite maison proche de l'entrée dans laquelle il flairait une bonne affaire. Un garçon se trouvait à l'intérieur et accueillit le nez géant.


-Ah, t'aurais pas un Chétiflor par hasard ? Il m'en faut un ! Je suis d'accord de te l'échanger contre un Onix ! Proposa le gamin.
-Je ne sais pas trop, hésita Eldorad. Je viens d'en attraper un, je ne l'aime pas beaucoup, mais peut-être qu'avec le temps je m'y attacherai et qu'il deviendra un ami…
Eldorad se ressaisit et échangea le Chétiflor contre le Onix du garçon. Ce n'était qu'un Chétiflor après tout, il ne l'aimait pas tant que ça. Le grand Onix s'appelait « Rocky », et il ne semblait pas vraiment respecter le jeune nez au premier coup d'oeil. Eldorad n'en fit rien et remercia le gamin avant de s'en retourner en direction de l'étrange tour au centre de la ville. A la base de l'édifice, une pancarte informait les visiteurs de la nature du monument et ses répercutions culturelles : « Tour Chétiflor, seule tour de la région où on mange les fantômes ! ».
Eldorad soupira et entra malgré son désintérêt pour le bâtiment. Non seulement c'était une tour sur les Chétiflor, mais en plus ils y mangeaient des Pokémon de type spectre. Rien ne pouvait lui sembler plus rébarbatif que ces deux concepts réunis. Le fait que deux notions aussi chiantes aient été réunies au sein d'un même toit piqua la curiosité du nez à vif, du moins, assez pour qu'il décide d'y faire un saut, histoire de voir où allait le monde.


Comme il le craignait, la tour était emplie de fanatiques vénérant les Chétiflor. Certains tentaient d'imiter les "majestueux" mouvement de la "noble" plante carnivore. La vue d'hommes adultes qui remuaient leur bassin et gigotaient les bras à l'unisson restera gravée à jamais dans la mémoire du pauvre Eldorad qui avait fait l'erreur de monter un étage. Des moines pratiquant le Chétif-Jitsu lui bloquèrent l'accès à la sortie. Bouleversé par tant de haine, le nez n'eut plus d'autre choix que de monter plusieurs échelles, gravissant ainsi les échelons avant d'arriver au sommet de la tour. Le meeting annuel des amateurs de mets à base d'ectoplasme y battait son plein, des gens de tous horizons se tenaient autour d'un buffet décoré de plats qui, à première vue, semblaient tous vides. Malgré cela, les spectrophages qui étaient présent faisaient semblant de se servir et de manger l'air. Eldorad n'avait pas la patience de demander d'explications à ce sujet. Bien que l'endroit était dépourvu de nourriture, il sentait tout de même une odeur bien particulière, un délicat fumet planait dans la salle. Soudainement, il se souvint de cette fragrance. Ca sentait le jambon.


« …


Tss, alors comme ça, t'es un mangeur d'air…
Tant mieux pour toi, je ne supporte pas ceux qui mangent du jambon. C'est pour ça que je suis venu ici, je suis dans mon élément, les gens dans cette tour sont adeptes d'une religion basée sur l'alimentation à base de fantômes. Quelle bande d'idiots ! Tout le monde sait que les Pokémon spectre n'existent pas, alors ils mangent dans le vide. Finalement, ça ne m'étonne pas de te voir ici, tu m'as bien l'air d'être assez bête pour faire parti de leur petite cérémonie... »


Alors que Shiruba venait de terminer sa phrase, un Fantominus sauvage apparut subrepticement à ses côtés pour lui chuchoter des paroles terribles qui le pétrifièrent sur place :
« E T M O N C U L C ' E S T D U P O U L E T ? »


Effrayé par l'ironie de la situation, le porc s'agrippa à une corde sortie et quitta d'un bond la Tour Chétiflor. Le jeune nez, quant à lui, resta de marbre devant l'apparition fantomatique intempestive. Voir des gens faire semblant de manger lui avait donné envie de céréales, il n'avait pas pris son petit déjeuner le matin et quand il ne prend pas son petit déjeuner, Eldorad regrette toujours amèrement de ne pas avoir pu manger ses céréales quotidiennes, ce qui le mettait dans un état second dans lequel il ruminait son échec personnel et s'imaginait dans un monde meilleur dans lequel il aurait pu manger ses céréales. De son côté, le Fantominus sauvage était hilare après avoir mis en fuite le rival porcin du nez. Il laissa un rire lui échapper.


-Kêk kêk kêk ! Quel goujat ! Dire que je n'existe, quel manque de savoir-vivre. Nous n'avons pas élevé les Gruikui ensemble enfin ! C'est vrai, j'existe bien, N'EST-CE PAS ? Demanda sur un ton insistant le Pokémon gazeux.
-Euh… Ouais, répondit Eldorad en hésitant. Enfin, je suis pas sûr.
-Ah bon ??! S'étonna le Fantominus. Et bien pourtant je suis bien là ! C'est pas du faux !
-Mais… Comment on peut en être certain ? Questionna le nez.
-Et si… vous essayeriez de me toucher avec quelque chose ? Ca prouvera bien une fois pour toute que je suis présente ! Proposa le spectre.
Sur ces paroles, Eldorad fouilla dans son sac avant de lancer une Poké Ball sur le Fantominus. Une chance que ce fut le premier objet sur lequel le dresseur ait mis la main, le résultat n'aurait certainement pas été le même avec une potion ou un morceau de baie prémâché soldé non payé dont le vendeur était encore en train de se plaindre en fond sonore.


-Puisque tu l'as attrapée, fit Coloquine, comment tu vas appeler cette Fantominus, monsieur le nez ?
Le dresseur fit mine de réfléchir. Il fixa le mur en face de lui et tenta de trouver un nom allant à sa nouvelle capture, mais rien à faire, son envie de céréales ne lui permettait pas de penser correctement à quoique ce soit. La seule chose sur laquelle il pouvait se focaliser en dehors de son petit déjeuner raté était le mur qu'il regardait silencieusement. Après quelques échanges de volley ball neuronal inconcluant, il voulut dire la première chose qui lui viendrait à l'esprit afin d'abréger son tourment. Son subconscient nasal ayant pris le dessus, il mélangea le mur avec le nom d'une sorte de céréales, ce qui lui fit dire : « Muesly ».


… Ce qui en fin de compte ne faisait pas un mot-valise si palpitant que ça, après tout, c'est juste du Muesli. J'ai mis un y à la fin pour faire genre, mais en fait, je sais pas trop, je me suis dit que ça ferait plus sympa comme ça. Le muesli en soit c'est pas les céréales les plus palpitantes du pétit déj, je sais pas ce qui m'a pris, mais sur le moment j'ai trouvé que c'était pas mal. J'aimerais présenter mes excuses pour le manque d'effort que j'ai fourni quant à ce nom là en particulier, c'est vrai quoi, c'était moins bien que les autres, il faut se l'avouer. Mais pour ma défense, j'allais pas donner un nom de marque pour les céréales non plus. Ca aurait fait tache, c'est un nuzlocke libre de droit ici, j'aimerais que nous puissions poursuivre dans un cadre exempt de toute influence publicitaire commerciale extérieure. C'est pas comme si j'allais être payé non plus, mais tout de même. Je dirais pas non si c'était le cas, par contre. Ca fait un peu vendu mais faut bien arrondir les fins de mois. C'est pas tous les jours facile, vous savez. J'aimerais bien vous y voir à ma place. Avec ces fins de mois pas rondes. Ca fait mal quand on se cogne à des fins de mois pointues. Alors faut bien payer un professionnel du polissage et du ponçage de fin de mois contondante pour qu'il vienne arrondir tout ça correctement, c'est important. Le pire, je dirais, c'est de se manger une fin de mois contre le petit doigt, ça fait toujours mal, ça. Ouais donc du coup, je pourrais carrément donner des noms de marques aux Pokémon, ça ferait un sponsor par capture. Putain ouais, c'est carrément un bon plan ça. Et hop, bénéfice facile quoi, pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ? Dans quelle triste et mercantile époque vivons-nous, mes aïeux ? Ca doit toujours avoir un rapport avec le flouze tout ça, moi j'vous dis. Un d'ces jours, je vais me mettre à envoyer des dessins par-ci par-là pour être embauché en tant que "mec qui dessine des trucs" à temps partiel. C'est marrant, mais j'ai jamais vraiment pensé à faire ça jusqu'à maintenant, j'ai toujours préféré voir le dessin comme un loisir cool dans lequel je peux me perdre et délirer autant que je veux. Peut-être que c'est mieux ainsi mais… ça nourrit pas son homme. Et pourtant, je suis quand même partagé entre le fait de vendre ce que je pourrais fournir comme travail et le fait de plutôt créer par plaisir personnel. Soyons objectif deux minutes, si je me lance dans l'illustration commerciale, c'est clair que ça sera pas 100 % ce que je voudrais faire, ce qu'il faudra que je fournisse comme travail. C'est ça le hic. Ouais… Peut-être que pour le moment, je suis pas encore taillé pour ça. Ma vision personnelle est trop bizarre pour être commercialisée où que ce soit, ça se vendrait pas… Mouais, t'façons c'est pas grave, je préfère dessiner des trucs qui me font marrer moi pour le moment, c'est tout. Il faut bien que j'aie quelque chose qui me fasse me marrer, après tout. Ca aide. Surtout quand les fins de mois sont pointues.


Ahem.


… En fait, avec ces conneries, j'ai perdu le fil. J'crois qu'on était à la Tour Chétiflor, nan ? … Huh, il est plus là… Peut-être dans l'école Pokémon ? … Nan, le hack a pas modifié cette partie là. Hmm…


...Ah ça y est, il est parti se battre contre le champion d'Irène de la ville. J'ai tellement jacassé qu'il a déjà battu les deux premiers dresseurs d'ailleurs. Il est vers Albert. Okay on peut reprendre.


-Ainsi, tu as battu mes deux stagiaires, fit Albert. Soit, je m'en vais donc te prouver que je peux empêcher le commerce de la volaille de perpétuer ses actes de barbarie envers les Pokémon de type oiseau !
-Y a pas de type oiseau, répondit Eldorad.
-Qu… Bien sûr que si ! Se reprit son adversaire. Je le champion d'Irène de type oiseau ! Et mon papa m'a donné ceux-ci pour démontrer ces faits avérés, c'est pas juste pour faire joli, alors en garde !
Albert envoya premièrement son Roucool au combat. Le dresseur nez voulut répondre avec Rocky, son Onix échangé, mais celui-ci refusa.
-Rocky ! Tu dois venir quand je t'appelle mon grand, ordonna Eldorad.
-… HMMMPFFH, grogna le serpent géant.
-Qu'est-ce qui te prend ?! S'étonna le nez devant cette situation inédite.
-… HMMPH, JE N'AI PAS ENVIE DE COMBATTRE, affirma nonchalamment l'Onix.
-Mais… Tu t'es battu contre les deux autres gars et leurs piafs tout à l'heure, c'était de beaux combats en plus, j'ai hâte de voir ce qu'ils donneront une fois répertoriés dans notre histoire.
-… CELA M'EST EGAL, NEZ, dit d'un ton sec le Pokémon. JE M'EN VAIS, JE PARS CHERCHER DES CAILLOUX DE CHOIX AU MAGASIN DE L'ANTRE NOIR, A PLUS.
Il laissa planté là Eldorad, stupéfait qu'un Pokémon puisse ainsi désobéir aux ordres donnés par son dresseur, « C'est dingue ! », se dit-il, tandis qu'en fond sonore, le Nosferapti vendeur s'exclama brièvement : « Merde j'ai laissé la porte ouverte. ».
Le nez se résigna donc à envoyer Coloquine au front. Face à cet adversaire qui paraissait chevronné de premier abord, ils mirent au point un plan tortueux mais qui pouvait marcher si tout se déroulait comme prévu. Comme la petite Toudoudou ne brillait pas par sa capacité à rapidement terrasser les ennemis, Eldorad décida, à l'inverse, qu'elle allait, lentement mais sûrement, vaincre à la force de son endurance et de sa résistance aux coups adverses. Mais pour cela, il allait falloir temporairement rendre inactif le Roucool ennemi.


-Roucool, fonce dans le tas !
Le champion ordonna à son Pokémon de charger de toutes ses forces, ce qu'il ignorait cependant, c'était qu'il fournissait là l'occasion en or dont nos amis avaient besoin afin de mettre à exécution leur brillant stratagème.


-Coloquine, chante nous un petit quelque chose !
-Okay, acquiesça la mignone boule rose.
Elle sortit un micro relié à des amplificateurs et se mit à chantonner une paisible sérénade. En se jetant droit dans la gueule du loup (mais alors un loup tout rond et moelleux), le Roucool prit de plein fouet les ondes sonores somnifères, étendues encore plus loin grâce à un équipement audio des plus sophistiqué. L'oiseau tomba au sol presque instantanément et piqua un petit roupillon, rêvant sûrement de pain brioché, ou d'autre truc dont les oiseaux peuvent rêver, un nid bien chaud et douillet peut-être. En tous cas, ni d'un lit ou d'un oreiller. Ces machins là sont fourrés de plumes, c'est comme si on dormait dans des couvertures farcies de poil et de cheveux, c'est pas gégé.


La sieste improvisée du moineau laissa le champ libre à la jeune boule de gomme qui en profita pour se fortifier autant que possible. Elle enchaîna plusieurs attaques Boul'Armure d'affilée afin de rendre son corps le plus rigide possible, jusqu'à ce que le Roucool se réveille. En sursaut de surcroît, ce dernier eut une brève image de lui dormant sur un oreiller en plumes. Cela l'avait dégoûté et il chargea de plus belle sur Coloquine qui était prête. Les deux Pokémon se télescopèrent gaiement.


« SPLAFF ! »


Le bruit qui en résulta ne serait pas sans vous remémorer celui d'un oiseau entrant en collision contre une porte vitrée, je suis sûr que vous avez déjà eu l'occasion de visionner une telle scène durant votre temps libre, peut-être pas directement mais probablement sur un site de partage de vidéos en ligne. Dans la situation qui s'offre à nous cependant, nous pourrions aisément remplacer la vitre par la petite Coloquine qui resta immobile suite au choc. On ne pouvait malheureusement pas en dire autant du pauvre Pokémon à plumes qui avait sévèrement ramassé, il aurait pu se jeter contre un mur de briques, cela n'aurait pas changé le dénouement peu glorieux de cette triste histoire. Ce n'était pas beau à voir. Albert rappela son Roucool, constatant que ce dernier ne pouvait plus se remettre debout après s'être percuté la tête avec une telle force. Fier de leur stratégie, nos amis gardèrent espoir tout en appréhendant la suite du combat, il restait un Pokémon au champion d'Irène.


-Mon dernier Pokémon… C'est un oiseau plus gros que celui d'avant ! Affirma Albert avec détermination. Et comme il est plus gros, il va pouvoir charger avec encore plus de force et de vigueur que le petit ! C'est scientifiquement prouvé !
Il fit signe au Roucoups de charger à pleine vitesse sur la boule rose en mode défensif, ce que la déplumante bestiole fit. C'est dans ces moments là que l'on peut se demander en quoi consiste exactement le métier de champion d'Irène, car voyez-vous, la tactique pour laquelle opta Albert s'avéra très très (mais alors très) peu efficace. Nous en viendrions presque à avoir de la peine pour le gaillard, j'veux dire, après une telle suite d'événements, comment peut-on se regarder dans une glace sans se dire : « Wah… les choix que j'ai fait dans la vie… N'étaient peut-être pas les meilleurs. » ? Il venait tout de même de se faire battre par un nez dont le seul Pokémon étant efficace contre ses oiseaux refusait de prendre part au combat, mais également avec une araignée dont le type était défavorable à toute bataille contre les Pokémon vol. Sans compter un fantôme qui ne pouvait pas atteindre ses oiseaux d'aucune façon que ce soit, même en essayant très fort. Le comble, la baie ceriz sur le Pofiterole demeurait tout de même le fait que le combat fut mené par une adorable petite Toudoudou dont l'atout le plus menaçant était d'endormir ses adversaires avec une berceuse. C'est là que l'on réalise qu'il y a une bonne raison pour laquelle ce cher Albert était le premier champion d'Irène qu'il nous était donné d'affronter dans cette région de Johto. Il refila le badge Zephyr à Eldorad, signe de sa victoire sans faille et lui confia également une CT contenant l'attaque coud'boue.


-En plus du badge, tu gagnes cette attaque très utile, elle permet d'infliger des dégâts tout en baissant la précision de l'advers…
Le champion s'arrêta net. Il venait de se souvenir que s'il donnait cette CT en récompense à tous ceux qui le battaient, c'était parce qu'en réalité, ses Pokémon eux-même connaissaient cette attaque. Ce détail lui avait complètement échappé. Tandis que le champion d'Irène de Fallout Ville entra dans une phase emprunte d'alcoolisme dans sa vie, Eldorad et ses Pokémon prirent la sortie et se préparèrent à poursuivre leur parcours de plus belle. Ils furent cependant interrompu par un appel semblant marquer un cliffhanger des plus judicieux s'il nous venait à l'esprit de par hasard décider à quel moment il faudrait mettre un terme à un chapitre dans un nuzlocke romancé. Une telle opportunité ne saurait être oubliée, vous en conviendrez.


En fait, si vous en convenez pas, ça ne changera pas grand-chose. Parce que c'est pas un dialogue qui se passe en fait. Y a pas d'échange direct qui se fait là, donc si vous me dites :  « Ouais mais Marv, tu peux pas arrêter ton chapitre là, ça se fait pas gros, vazy sans déconner mec, fais pas ton salaud. », je ne pourrai malheureusement pas vous répondre : « Je fais ce que je veux. »


Ce qui mettra fin à cette conversation très utile, ainsi qu'à ce chapitre, par la même occasion.

Team:

Alors à ce qu'il paraitrait, le premier post dépasse la limite autorisée si je rajoute le chap.3, dans quel monde vit-on... Ca me désespère.

Me reste plus qu'à mettre le liens des posts avec les chapitres à partir de maintenant... Ah là là c'était mieux avant...

> https://nuzlocke-france.forumgratuit.org/t998-nano-2015-ceci-est-un-nezlocke#33493

« Toudoudou doudoudou~

Toudoudou doudoudou ♪

Le monde change tout autour de nous !~
Le monde change et devient flou !♫
Le monde change c'est fou, il reste le même malgré tout !~
Car il faut tous les attraper ! Etre le plus déterminé ! ♪ »

Eldorad n'écoutait même plus son Pokémon chanter. Après quelques heures, il s'était détaché de la situation et assimilait le chant de son Toudoudou au bruit d'un cours d'eau ou de n'importe quoi d'autre qui pourrait se passer en extérieur de moins déplaisant. Arrivés au bout du sentier pédestre de la route 29, un vieil homme se tint devant nos deux protagonistes. Il semblait attendre patiemment que quelqu'un vienne lui adresser la parole. Même si notre bon ami le nez sur pattes ne l'avait jamais rencontré auparavant, il lui fut difficile de ne pas s'approcher et de taper la discute avec le vieillard qui restait de marbre, prêt à bondir dans le feu de l'action au moindre stimulus extérieur. Cédant à la tentation, Eldorad se mit face à lui et voulut entamer l'échange verbal. Cependant, avant même que celui-ci ne puisse prononcer un mot, le vieil homme écarquilla les yeux et assomma le jeune garçon d'un flot de paroles allant à un débit constant.

-Hé, alors comme ça toi, tu débutes ? Ca me rebute ! Fais gaffe sinon j'te bute. Viens par-là, une minute, je vais te montrer le bar à putes.
Il fit une pause.

-…

... Je déconne, je suis pas ce genre de bonhomme. Si t'as besoin d'une visite, je suis ton homme.
Il traîna Eldorad devant le Centre Pokémon de la ville et l'éduqua sur la vie et ses mystères.

-C'est le centre Pokémon ici. Ils guérissent tes Pokémon avec de la bien noire magie. On arrête pas de me dire que c'est de la technologie, mais moi je suis pas né de la dernière pluie.
Il continua par montrer le super marché local au garçon qui était toujours trainé.

-Ca, c'est l'épicerie du coin. Si t'y vas pour faire tes courses, c'est bien. Si t'y vas pour prendre le train, t'es zinzin.
La visite se poursuivit par la sortie de la ville, par laquelle Eldorad tenta de s’éclipser sans y parvenir parce qu'il était bloqué dans un moment scripté.

-Par-là, c'est la bamboula. Des dresseurs, y en a un paquet gros comme ça. Si t'y vas, ce sera pas la joie.
Ils continuèrent leur tour de la ville jusqu'à arriver au niveau de la plage.

-Là, c'est la mer. C'est humide. Et amer.
Ils arrivèrent finalement vers une petite maison devant laquelle le senior arrêta de s'agiter. Après quelques secondes, il se retourna et fut nez à nez avec Eldorad et son Toudoudou derrière lui, hésitants quant au temps qu'ils allaient encore devoir attendre ses explications.

-Pourquoi vous êtes encore là ? C'est bon, vous pouvez partir. Arrêtez de me suivre sinon j'appelle la police ! Malotrus !
Il n'avait vraisemblablement pas l'habitude que les gens le suivent jusqu'à devant chez lui.

-Bon, reprit le vieillard, si vous promettez de me laisser enfin tranquille, je vous offre cette carte.
Eldorad accepta son offre, gagner une carte régionale gratuitement, quelle aubaine !

-Voilà, prends. Il lui tendit la carte. C'est youpi-cool hein ? Dit-il d'un ton ironique. Viens on fait la teuf, trop cool, yeh boy.
Le jeune nez et son Toudoudou s'échangèrent un regard dubitatif.

-CASSEZ-VOUS DE MON JARDIN !
Effrayés, les deux compères prirent leurs jambes à leur cou.
Ce qui, en soi, était impossible, Eldorad n'avait plus de cou. Pareil pour la petite Coloquine qui ne pouvait pas se vanter d'avoir des jambes de surcroît. Ils firent, nez en moins, un compromis et tentèrent le tout pour le tout : Coloquine s'accrocha aux jambes d'Eldorad tandis que ce dernier se ruait vers la sortie de la ville. Il en profita pour jeter un œil à sa nouvelle carte de Johto. Grâce à cela, il allait aisément pouvoir se repérer dans la région. Il la déplia pour constater qu'il s'agissait d'une carte de vœux sur laquelle était écrit en grosses lettres : « Guéris vite Jim. »

Tout en se dirigeant vers la maison de Jésus, Eldorad remarqua que la petite Coloquine avait bien du mal à se défaire des Pokémon sauvages qui surgissaient des hautes herbes. La vitesse des assaillants semblait souvent supérieure à celle du Toudoudou qui n'arrivait pas non plus à les taper très fort. Son seul salut résidait dans sa capacité à endormir ses adversaires, et encore, si ceux-ci prenaient le temps d'écouter la berceuse, ce qui n'était pas toujours gagné. Ils arrivèrent tant bien que mal chez Jésus. Il n'y avait pas de doute possible, le panneau devant l'entrée n'aurait su mentir de la sorte, ils étaient bien devant chez Jésus. Eldorad entra sans toquer. Ce geste des plus malpolis saura toutefois être excusé, le jeune garçon n'avait plus de bras. Cela ne l'aurait pas empêché de mettre un ou deux coups de pieds dans la porte histoire de prévenir, mais ne nous égarons pas, après tout, je ne suis pas là pour critiquer. Chacun fait ce qu'il veut. J'dis juste que si un nez rentre chez moi sans prévenir je sais pas comment je vais le prendre. L'hospitalité, c'est pas innez, chez moi.

Après avoir franchi la porte de façon mal éduquée, le jeune désinvolte fut accueilli par Jésus. Ce dernier lui pardonna son erreur. Le pardon était quelque chose de systématique pour lui.

-Bienvenue mon enfant, dit-il. Stan-Man m'a prévenu de ton petit saut.
Eldorad ne se souvenait pas avoir sauté au cours de ce chapitre mais ne se laissa pas démonter.

-Ecoute gamin, poursuivit-il. Il faut que tu retournes voir Stan, j'ai un petit quelque chose à lui donner.
Jésus sortit un objet rayonnant de lumière qui illumina toute la pièce et le présenta au nez.

-C'est une chaussure.
C'était une chaussure.

-Mais elle est magique.
Ah, d'accord.

-Il te faut lui donner ceci, c'est primordial, tout te deviendra limpide une fois que tu auras accompli ton devoir.
-Tu vas réellement confier la chaussure de la vérité à un nez ambulant ? T'es trop ouf Jésus.
Un homme en blouse blanche se tenait à côté, un peu sur la droite, Eldorad ne l'avait pas remarqué.

-Permets-moi de me présenter, je suis le Professeur Bob, mais mes amis m'appellent Sammy.
-Bonjour Sammy, fit Eldorad.
-Pour toi c'est monsieur, dit sèchement Bob. Je suis le présentateur radio le plus hype de la mésosphère, j'ai droit à un peu de respect.
Il inspecta brièvement le jeune nez gros avant de remarquer qu'il était en compagnie d'un Toudoudou. Et quel Toudoudou, c'était celui du Dr Stan.

-Ah, je vois que le Dr Stan t'as confié un Pokémon, je comprends mieux à présent…
Eldorad pensa que la présence de Coloquine allait rassurer le Pr. Bob et qu'il pourrait amicalement l'appeler Sammy. Grossière erreur.

-Je comprends mieux, continua l'homme blousé. Stan est décidément le dernier des abrutis. Un Pokémon si rare en plus, quel gâchis. S'il l'avait echangé encore, j'aurais compris mais là… pffouh lala, Stan mon pauvre vieux, sors-toi les doigts du nez quoi…
Un idée vint soudainement titiller l'esprit du Pr. Bob, une telle opportunité n'allait pas se présenter à lui de sitôt.

-Oh, attends, gros pif, regarde ça. Tu sais ce que c'est ? C'est beau hein ? C'est le dernier modèle du Pokédex, ma fabuleuse invention. Tout le monde se l'arrache, c'est le dernier gadget à la mode qui fait fureur chez tous les jeunes de 10 à 25 ans. Ben tu sais quoi ? Dans mon infinie bonté, j'ai décidé de faire une blag… euh, j'veux dire, de faire un geste. Un geste pour toi. Et mon geste, c'est de tendre ce Pokédex flambant neuf à toi mon pote, à un jeune talent qui, j'en suis sûr, deviendra un dresseur de renom d'ici peu. D'après mes estimations, je suis quasi certain qu'en à peu près 1 mois t'es un VIP qui roule en limousine avec chauffeur en option. Alors, tiens. Prends ça, et quand tu seras là haut, au top, tu penseras à moi.
Le DJ inventeur scientifique en blouse blanche tendit une encyclopédie Pokémon neuve étincelante et l'offrit au jeune nez.

-Merci, dit Eldorad. Est-ce que je peux vous appeler Sammy ?
-Si tu m'appelles Sammy, je te pète le nez. Et ça équivaut à 80 % de ton corps en ce moment.
Sur ces derniers mots d'affection, le Pr. Bob prit congé. Pendant ce temps, Jésus mangeait des chips sur son canapé. Eldorad l'interpella depuis l'entrée.

-Tu vas retourner voir le Dr Stan ? Demanda Jésus. Te fais pas de bile, je vais téléporter ton boule à la Ville Griotte pour que le chemin soit plus court pour toi, c'est la moindre des choses.
-Vous pouvez vraiment faire ça, M'sieur Yézousse ? S'étonna le nez.
-Ouaip, je suis un magicien assez connu. Mon dernier livre sur comment épater la galerie en 10 commandements a fait un tabac. Tu veux un autographe ?
Eldorad refusa.

-C'est pas grave, mais si tu veux voir un tour de magie une fois tu sais où me trouver.
-Vous pouvez séparer la mer en deux ? Interrogea le garçon.
-Pff, soupira Jésus. Ouais, à l'occasion je pourrais. Mais c'est pas ce que je préfère. C'est humide la mer. C'est humide et c'est amer. C'est un peu la Mouise.
Après avoir fini ses chips, Jésus envoya notre jeune héros à la Ville Griotte. Quel coin paumé. Le nom de la localité lui semblait très peu original. Coloquine et lui se préparèrent à retourner au bercail, mais furent soudainement interrompu dans leur course par quelqu'un qui arrivait à pleine vitesse vers eux. Après mûre réflexion, le nez reconnut l'odeur qui se dégageait du malveillant personnage qui lui bloqua le passage. Ca sentait le jambon.

« …

Hmmph, toi aussi tu as pris un Pokémon à ce thérapeute…
C'est bien joli, sauf que moi, j'en ai chipé un meilleur.
Ce salaud m'a changé en cochon pour que je trouve plus facilement des truffes, mais j'aime même pas ça les truffes. J'vais te faire ta fête, ça va me défouler. »
Le cochon habillé défia Eldorad en combat sanglier. Tout ceci était bien soudain. Le porc envoya son Abra devant Coloquine. "J'en étais sûr", se dit le nez. Il relativisa, un Abra de faible niveau ne pouvait pas faire grand-chose, en effet, c'est ce qu'on nous apprend en premier à l'école avant de commencer le programme de maths standard. « 1 + 1 = 2, Abra sert à rien avant d'avoir évolué en Kadabra ! ». C'est une comptine très connue que chante tous les bambins dans les jardins d'enfants.

-Coloquine, vas-y doucement ! Fit le dresseur à son Pokémon.
Le cochon esquissa un sourire avant de grogner à son Abra : « TRIPLATTAQUE ! »
Coup direct. Coloquine, prise par surprise, tomba au sol comme une tarte molle. En tombant, elle trouva 5 Pokédollars que quelqu'un avait dû perdre dans un moment d'inattention. Un peu plus et elle pourra se racheter de nouveaux écouteurs pour Pokémon sans oreilles. Elle avait perdu les derniers quand, avec le Dr Stan, elle est allée chez un ostéopathe pour régler son problème de cou et de jambes manquantes. Après quelques visites infructueuses, elle décida de ne plus y retourner, elle était arrivée à la conclusion que les ostéo étaient nazes avec les Pokémon dépourvus d'os. Ce n'était cependant pas le bon moment pour parler de ça car, comme l'on pouvait s'y attendre, elle était en train de se faire détruire la gueule par de violents coups de Triplattaque qui se suivaient sans relâche. De son côté, le cochon jubilait, la petite Toudoudou était démunie face au menaçant Abra.

-Héhéhé, dès que ce combat sera fini, on aura droit à une bonne nuit de sommeil ! Lança-t-il à son Pokémon.
-De… Sommeil ? Eurêka ! C'était évident.
Coloquine apprit Ecras'Face et colla un pain monumental dans la tronche de son adversaire, ce qui eut pour effet immédiat de le calmer sur place. Entendons-nous bien, par calmer, je veux dire par-là qu'il a eu droit à un aller-simple direct pour Comatose Ville. Et pour répondre à votre question, non, cela ne figure pas sur la carte de la région.

-Pfft… T'es content ? Le porcelet grogna furieusement. Mon nom est ???, continua-t-il. Je vais devenir le meilleur (le seul en fait) cochon dresseur de Pokémon de la planète.
Il bouscula Eldorad et s'en alla aussi vite qu'il n'était arrivé.
-Quel caractère de… de…
Le nez cherchait ses mots.
-De quoi ? demanda Coloquine.
-De connard, conclut l'autre.

Ils poursuivirent leur route jusque chez le Dr Stan qui les attendait de pied ferme. Le nutritionniste avait l'air bouleversé, un agent des forces de l'ordre était présent et recueillait son témoignage entre deux sanglots.
-Ooooh, c'est terrible, commissaire ! Je ne le perd jamais de vue en temps normal, il est toujours là où je le laisse ! C'est terrible !
-Hm… Je vois, je vois.
Le policier notait sur son calepin toutes les informations que lui transmettait le Dr Stan, espérant que l'une d'entre elles le mettrait sur une piste. Eldorad, voyant le désarroi du thérapeute, comprit la situation et s'interposa en affirmant avoir vu le ravisseur du bien de Stan.

-Aha ! Cette affaire s'annonce réglée plus vite que prévu, nous avons un témoin oculaire, ici présent !
-Snif, mais monsieur le commissaire, gémit le Dr Stan, ne s'agit-il pas plutôt d'un témoin « rhinolaire » ?
-Resaisissez-vous, répondit l'agent, cette blague est beaucoup trop recherchée pour qu'une personne normale ne la comprenne, enfin voyons, que vont dire les voisins ?
-Je m'excuse, je… snif, c'est l'émotion, je...
-Ca va aller, c'est rien, venez dans mes bras.
-Euh, j'ai vu le coupable, rappela Eldorad.
-Non mais on va a pas sonné, dit froidement le policier. Vous voyez pas qu'on est occupé? Espèce de petit…
-Attendez, il marque un point, commissaire, il a vu mon voleur ! C'est important ça ! S'écria le Dr Stan.
-Correct. Alors, dites-moi tout, comment il s'appelle ?
-Il m'a dit que son prénom était Shiruba, informa le jeune nez qui avait mené bataille contre lui. Vous ne pourrez pas le louper, il a une tête de cochon.
-Okay, okay, surveille ton langage tout de même, petit. C'est pas parce que sa tête te revient pas que tu peux impunément l'insulter non plus. Mais merci pour ton témoignage, j'vais pas le louper.

Le commissaire s'en alla promptement lancer des avis de recherche dans tout le pays. La tête de Shiruba le cochon voleur fut rapidement mise à prix, ceci lança d'ailleurs une polémique qui fit école dans le domaine de la justice charcutière. En effet, les bouchers régionaux estimèrent que le prix au kilo pour une tête de porc ne devrait en aucun cas dépasser les 1500 Pokédollars. S'en suivit un bras de fer judiciaire très médiatisé par les journalistes qui de nos jours est encore connu sous le nom de l'affaire "Moussdepor". Fait amusant, peu de gens reconnaîtront là l'origine du nom de ce cas unique. Certains affirment que la fille du juge qui s'occupait du dossier avait un Roucool qu'elle avait affectueusement nommé "Moussdepor", en s'étant basée sur son plat préféré. Très joueuse, la petite emmenait son Pokémon partout avec elle et ne cessait de jouer avec l'oiseau, on pouvait l'entendre dire Moussdepor par-ci, Moussdepor par-là. Cela avait pris pour habitude d'agacer son père qui, après être rentré du travail, se trouvait à entendre "Moussdepor" à tout va, lui rappelant péniblement ces affaires professionnelles avec le prix au kilo de la tête de porc dans la région de Johto. Eventuellement, ce qui devait arriver arriva, alors qu'il était en plein communiqué de presse officiel, le juge se mélangea les pinceaux et parla de Moussdepor en évoquant cette affaire qui était tant suivie. Pour la suite, je ne pense pas avoir besoin de vous faire un dessin.

Le Dr Stan demeurait inconsolable, Eldorad tenta de lui remonter le moral en lui disant qu'il avait vu son Abra et qu'il était en bonne santé (en tous cas jusqu'à avant le coup dévastateur de Coloquine). Le nutritionniste le regarda soudainement l'air de se demander de quoi pouvait bien parler le nez.

-Mon Abra ? S'étonnait le Dr Stan. Bah… je sais déjà qu'il est avec le cochon. C'est moi qui lui ait balancé sa Poké Ball par la fenêtre pour qu'il arrête de renifler mon mur. Je m'en fous du Abra, mec.
-Mais, et le commissaire qui était là… ? Eldorad ne semblait pas comprendre.
-Mais enfin c'est pour ma chaussure ! Il m'en manque une !
Le Dr Stan ne portait effectivement qu'une seule chaussure.

-C'est terrible, reprit-il, j'aurais jamais pensé que ce cochon ait pu prendre mon mocassin adoré… des deux, c'était le côté que je préférais en plus !
Il refit une crise de larmes. Après s'être mouché, il constata que quelque chose émettait de la lumière depuis l'inventaire du nez. Il le prévint immédiatement, s'il était revenu d'une centrale ayant explosé, Eldorad n'était plus le bienvenue. Celui-ci répondit par la négative et lui montra ce que Jésus lui avait donné. C'était une chaussure.

-WAOUH ! C'EST UN MOCASSIN ! ET IL EST MAGIQUE EN PLUS DIS-TU ?!
Le Dr Stan eut du mal à contenir son excitation, le jeunez lui céda l'objet de ses désirs les plus fous et le thérapeute s'empressa de l'essayer pour voir. A son plus grand malheur, ce n'était pas la bonne pointure.

-ET MERDE !! Le Dr Stan balança la chaussure magique par sa fenêtre.
-Ah et euh, j'ai rencontré Samm… euh, le Pr. Bob, se souvint Eldorad.
-Ah, Sammy ! Comment il va ce vieux bougre ?
-Ca va, répondit l'informe nez géant. Il m'a donné un Pokédex afin que je poursuive ma voie en tant que dresseur reconnu.
-Toi ?? S'écria Stan. HAHAHAHAHAHAHAHA ! Rigola-t-il.
-C'est vrai pourtant… ! Affirma Eldorad.
-Sammy a un sacré sens de l'humour, dit le thérapeute après avoir repris son souffle. Moi toi, je ne te vois pas battre Dran. Y a pas moyen. Oublie. Ou bien alors, pour cela, il faudrait que tu partes en quête des badges d'Irène.
-C'est qui Irène ? Demanda le nez jeune.
-Tu connais pas Irène ? Fit Stan.
-Non, répondit la protubérance nasale sur pied.
-C'est normal, lança le petit spécialiste des aliments en tous genre.
-Ah bon ? S'interrogea Eldo.
-Bah ouais, confirma le nutritionniste, c'est pas une personne Irène, c'est juste le nom qu'on a donné au challenge. Tu dois gagner les 8 badges d'Irène, et ça, c'est pas une mince affaire. Parce que pour ça, il faut que tu battes les 8 champions d'Irène. Après seulement, tu peux envisager d'essayer de tenter de penser de peut-être pourquoi pas te confronter à Dran. Mais t'as aucune chance. Tu peux essayer. Mais t'as aucune chance.
-Ah ouais ? On parie ?
-Okay, 20 Pokédollars que tu vas revenir en chialant chez ta môman.
-Ca marche.

Ils se serrèrent la main. Le chemin du jeune Eldorad Goldurak était tracé à présent. Sa quête était claire. Il lui fallait à tous prix prouver au Dr Stan qu'il avait tort. Avec les 20 Pokédollars qu'il y gagnera, il pourra se racheter des lunettes de soleil pour ne pas être trop ébloui par les reflets dans les vitres. Il avait toutefois oublié qu'il n'avait plus d'yeux parce qu'il était un nez. Avant qu'il ne parte du cabinet du Dr Stan, l'assistant de ce dernier lui confia qu'il ne pouvait vraiment pas le blairer et qu'il souhaitait de tout coeur que le nez lui fasse cracher sa thune. Il offrit donc son concours au jeune garçon en lui refilant quelques Poké Ball qui s'avéreront bien utiles par la suite. D'un pas décidé, Eldorad et Coloquine levèrent le camp et se dirigèrent en direction de Fallout Ville, leur prochaine destination. A hauteur de la route 31, après avoir dépassé la maison de Jésus, quelque chose frappa le duo. Ils s'aventuraient en terre inconnue, et ces terres semblaient infester d'araignées. Des toiles de diverses tailles trônaient de toutes part dans les sous-bois. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils tombèrent nez à nez avec une toile remplie de noix en tous genre. Cet étrange spectacle laissa soudainement place à la stupeur lorsqu'un Mimigal s'empressa de les ligoter avant qu'ils n'aient eu le temps de dire ouf. Ne pouvant plus se mouvoir, une peur viscérale fit surface en Eldorad, il ne supportait pas d'être attaché. Il ordonna à Coloquine de chanter un petit air afin de calmer ses mœurs, la petite boule rose s'executa. Tandis que son chant résonnait, le Mimigal qui était responsable du tumulte tomba de sommeil et cessa toute activité ayant pour but d'ajouter ses deux nouvelles proies à sa collection personnelle de noix diverses. Après quelques instants et d'huile de nez (parce qu'y a plus de coudes), les deux aventuriers se défirent de leurs liens. Le nez en profita alors pour lancer une Poké Ball sur le Mimigal qui dormait à mandibules fermées.

-Woah, c'est notre premier copain ! S'exclama Coloquine. Comment tu vas l'appeler, dis, monsieur le nez ?
Eldorad se mit à cogiter. Il lui fallait trouver un nom adéquat, c'était son premier Pokémon sauvage capturé. Il observait d'un regard songeur la toile sur laquelle des dizaines, voir des centaines de noix siégeaient, posées là comme une œuvre d'art contemporaine de la nature. A ce moment précis, il eut une très forte envie de gaspacho. Une envie comme il n'en avait pas eu depuis des années. Déstabilisé par cette envie furtive, il voulut dire le mot gaspacho tout en étant face à une noix sur la toile. Son subconscient nasal ayant pris le dessus, il mélangea la noix et le gaspacho, ce qui lui fit dire : « Pistachio ».


Team :
-Coloquine, Toudoudou ♀, N.9
-Pistachio, Mimigal ♂, N.4

...


« AAAAAAAAH ! JE SUIS AVEUGLE !


... Ah non, il fait juste noir.»


C’était dans ces moments là qu’Eldorad se demandait pourquoi personne n’installait d’interrupteur dans les grottes et les cavernes où la visibilité devenait trop réduite pour pouvoir faire deux pas sans faire du bruit en se cognant contre une paroi rocheuse. On ne peut pas penser à tout, en conclut-il. L’Antre Noir n’était pas le lieu le plus branché de la région. Malheureusement, peu de touristes y passaient pour boire un verre entre amis. La situation économique du site naturel était en chute libre et pour ne rien arranger, l’ancienneté de la grotte se laissait deviner par l’humidité ambiante et sa faible luminosité. Vous me direz, c’est normal, personne y va jamais dans c’te crevasse moisie, qui serait assez con pour ouvrir un bar ou un magasin de souvenirs là-dedans?


Deux pierres d’un gris neutre et sans intérêt étaient disposées au sol l’une à côté de l’autre, chacune ayant une petite étiquette avec un prix différent. Au milieu, il y avait un morceau de baie prémâché en solde, une offre à saisir. Content de sa vitrine d’intérieur, un Nosferapti malingre se mit derrière un comptoir (que l’on pourrait simplement qualifier de caillou légèrement plus gros que les deux autres) et patienta qu’un potentiel client ne se montre, il sentait qu’aujourd’hui, les affaires allaient rouler. Ce qui n’était pas forcément une bonne chose en fin de compte, aux vues de ce qu’il revendait, il n’en amasserait pas mousse.


-C’est par où la sortie ? Questionna Eldorad qui s’était aventuré sans réfléchir dans la caverne. T’as des grands yeux toi Coloquine, continua-t-il. Tu devrais avoir une meilleure vue ici. Moi, je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez.
-Moi, j’en ai pas, de nez.
-Ah oui c’est vrai, pardon.
Le dresseur eut l’impression d’avoir mis les pieds dans le plat. En réalité, pas exactement. Il venait de marcher sur un morceau de baie à moitié mangé qui traînait au sol.


-Hey ! Vous savez pas lire ?! Si vous marchez dessus, vous me l’achetez !
Rien de plus tragique que la colère d’un commerçant en plein litige. Le Nosferapti propriétaire du magasin de souvenirs de l’Antre Noir pointait furieusement d’une de ses oreilles une pancarte sur laquelle était écrite « Ne pas marcher sur la marchandise ». Le fait que les mots ‘marcher’ et ‘marchander’ étaient si proches d’un point de vue orthographique le rendait malade. Y a pas idée de piétiner les stocks. De cela, Eldorad n’en savait rien, il ne voyait même pas de quelle pancarte la chauve-souris voulait parler, faute de lumière. Ca n’était pas plus mal, car en toute honnêteté, il n’y avait là aucune pancarte, c’était un autre caillou. Les Nosferapti n'étaient pas connus pour leur excellente vue, ils n'ont, après tout, pas d'yeux.


-Pardon monsieur, s'excusa Eldorad. Vous savez où est la sortie ?
-Non, j'ai pas d'oeil, répondit le Nosferapti. Vous resterez coincés ici pour l'éternité. Pas moyen que vous sortiez vivants. Croyez-moi, y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.
-Si je peux me permettre, fit Pistachio qui était resté silencieux jusqu'à présent, j'ai pris la liberté de faire un fil depuis l'entrée jusqu'à nous pour pas qu'on se perde.
Le dresseur du petit Mimigal félicita son Pokémon puis ils décidèrent de s'en retourner à leur voyage initiatique, laissant là la commerciale chauve-souris sans même la payer pour avoir endommagé sa marchandise. Celle-ci était scandalisée, c'est quand même pas croyable.


-Mais !!! Revenez ici, tas de branquignoles ! Cria au loin le Nosferapti. Je vous lâcherai pas tant que j'aurai pas récupéré ce qui me revient de droit ! Vous allez voir vos gueules après ça !
Bien que la situation paraissait gênante, Eldorad et ses Pokémon n'en eurent rapidement rien à cirer. Le Nosferapti les suivait de loin, criant une fois de temps à autre qu'ils allaient voir ce qu'ils allaient voir. Ils oublièrent vite complètement sa présence et reprirent la marche en direction de Fallout Ville. Eldorad était curieux de voir ce qui pouvait bien donner son nom à la localité, il avait déjà joué à la série des Fallout et en gardait de bons souvenirs. Les histoires post-apocalyptiques le fascinaient, il se demandait souvent ce qu'il ferait s'il vivait dans monde ravagé par les armes nucléaires. Bien évidemment, cela serait impossible dans la vraie vie, les forces armées de Johto ainsi que de la plupart des autres régions du globe s'étaient mises d'accord pour régler tous conflits à l'amiable. Si par hasard il survenait un problème entre deux pays, la règle était simple. Ca se jouait aux cartes Pokémon. Le vainqueur avait ensuite le choix entre s'approprier légitimement les terres des perdants ou de les mettre au "coin des losers". Il me semble inutile de le préciser, mais se retrouver au coin des losers était tout simplement le plus grand déshonneur qu'une contrée puisse subir. Les pays qui y étaient assignés n'avaient plus le droit de jouer aux cartes contre les autres étant encore 'in', pour regagner sa réputation, il fallait remporter le tournoi annuel des losers au cours duquel s'y affrontaient consécutivement tous les perdants. Laissant de côté ces lois diplomatiques complexes, Eldorad franchit avec impatience l'entrée de la ville. Qu'est-ce que ce nom pouvait bien cacher ? Quel genre de radiations démoniaques attendaient le jeune dresseur et ses Pokémon ?


Il faisait beau. Quelqu'un venait de tondre le gazon de son jardin, une odeur d'herbe légèrement humide planait dans l'air. De jeunes enfants se pressaient d'aller à l'école Pokémon, l'heure des cours allait bientôt sonner. D'autres passants se baladaient tranquillement accompagnés de leur Pokémon entre les quelques décorations florales bien entretenues des espaces verts publics. Tout allait pour le mieux, du moment que l'on ignorait les cris d'une chauve-souris de plaignant de la jeunesse de nos jours et de l'irrespect des commerçants locaux, il régnait une ambiance des plus apaisante et chaleureuse à Fallout Ville, ville qui n'avait aucun lien avec la série de jeux vidéos du même nom. Tant mieux, je n'y avais pas joué.


Entre deux visions idylliques du parfait petit village paisible de ses couilles (qu'il n'avait plus, il était un nez), Eldorad remarqua que l'entrée en arrivant depuis la route 31 menait pratiquement tout de suite sur la route 32. Cette structure inhabituelle le rendit perplexe, il s'aventura sur la route 32, se demandant si la ville n'avait pas été scindée en deux, jusqu'à ce qu'il fut les pieds dans les hautes herbes. Il n'eut plus de doute lorsqu'un Pokémon sauvage lui fit face, d'une posture hostile et menaçante. Un regard faisant preuve de plus d'agressivité qu'un fonctionnaire en fin de vendredi après-midi fixait le jeune nez, telle la proie qui allait servir de repas à l'infâme prédateur qui se tenait devant elle. Ils s'observèrent silencieusement pendant une seconde qui sembla durer une éternité, le prédateur allait attaquer à tout moment, il attendait juste le moment propice, celui où l'attention du nez serait à son plus bas. Le moindre faux pas et c'était la mort assurée. « Je compte jusqu'à trois et ensuite… VLAN ! », se dit le Pokémon sauvage, déterminé comme jamais. Et il compta…






Un…






Deux…






Tr…


-Oh non, j'aime pas les Chétiflor, bon c'est pas grave, Poké Ball, go !
Eldorad captura le Chétiflor sauvage avant que celui-ci n'eut le temps de compter jusqu'à trois, le sauvant ainsi d'un bien funeste sort. Il n'aimait pas les Chétiflor. Il décida donc de l'appeler par la première chose qu'il avait dit en voyant celui qu'il venait de capturer : « Oh. »
Rebroussant chemin, le dresseur s'en retourna à Fallout Ville et se dirigea en direction d'une tour qui semblait se démarquer du village. Il fit cependant escale à une petite maison proche de l'entrée dans laquelle il flairait une bonne affaire. Un garçon se trouvait à l'intérieur et accueillit le nez géant.


-Ah, t'aurais pas un Chétiflor par hasard ? Il m'en faut un ! Je suis d'accord de te l'échanger contre un Onix ! Proposa le gamin.
-Je ne sais pas trop, hésita Eldorad. Je viens d'en attraper un, je ne l'aime pas beaucoup, mais peut-être qu'avec le temps je m'y attacherai et qu'il deviendra un ami…
Eldorad se ressaisit et échangea le Chétiflor contre le Onix du garçon. Ce n'était qu'un Chétiflor après tout, il ne l'aimait pas tant que ça. Le grand Onix s'appelait « Rocky », et il ne semblait pas vraiment respecter le jeune nez au premier coup d'oeil. Eldorad n'en fit rien et remercia le gamin avant de s'en retourner en direction de l'étrange tour au centre de la ville. A la base de l'édifice, une pancarte informait les visiteurs de la nature du monument et ses répercutions culturelles : « Tour Chétiflor, seule tour de la région où on mange les fantômes ! ».
Eldorad soupira et entra malgré son désintérêt pour le bâtiment. Non seulement c'était une tour sur les Chétiflor, mais en plus ils y mangeaient des Pokémon de type spectre. Rien ne pouvait lui sembler plus rébarbatif que ces deux concepts réunis. Le fait que deux notions aussi chiantes aient été réunies au sein d'un même toit piqua la curiosité du nez à vif, du moins, assez pour qu'il décide d'y faire un saut, histoire de voir où allait le monde.


Comme il le craignait, la tour était emplie de fanatiques vénérant les Chétiflor. Certains tentaient d'imiter les "majestueux" mouvement de la "noble" plante carnivore. La vue d'hommes adultes qui remuaient leur bassin et gigotaient les bras à l'unisson restera gravée à jamais dans la mémoire du pauvre Eldorad qui avait fait l'erreur de monter un étage. Des moines pratiquant le Chétif-Jitsu lui bloquèrent l'accès à la sortie. Bouleversé par tant de haine, le nez n'eut plus d'autre choix que de monter plusieurs échelles, gravissant ainsi les échelons avant d'arriver au sommet de la tour. Le meeting annuel des amateurs de mets à base d'ectoplasme y battait son plein, des gens de tous horizons se tenaient autour d'un buffet décoré de plats qui, à première vue, semblaient tous vides. Malgré cela, les spectrophages qui étaient présent faisaient semblant de se servir et de manger l'air. Eldorad n'avait pas la patience de demander d'explications à ce sujet. Bien que l'endroit était dépourvu de nourriture, il sentait tout de même une odeur bien particulière, un délicat fumet planait dans la salle. Soudainement, il se souvint de cette fragrance. Ca sentait le jambon.


« …


Tss, alors comme ça, t'es un mangeur d'air…
Tant mieux pour toi, je ne supporte pas ceux qui mangent du jambon. C'est pour ça que je suis venu ici, je suis dans mon élément, les gens dans cette tour sont adeptes d'une religion basée sur l'alimentation à base de fantômes. Quelle bande d'idiots ! Tout le monde sait que les Pokémon spectre n'existent pas, alors ils mangent dans le vide. Finalement, ça ne m'étonne pas de te voir ici, tu m'as bien l'air d'être assez bête pour faire parti de leur petite cérémonie... »


Alors que Shiruba venait de terminer sa phrase, un Fantominus sauvage apparut subrepticement à ses côtés pour lui chuchoter des paroles terribles qui le pétrifièrent sur place :
« E T M O N C U L C ' E S T D U P O U L E T ? »


Effrayé par l'ironie de la situation, le porc s'agrippa à une corde sortie et quitta d'un bond la Tour Chétiflor. Le jeune nez, quant à lui, resta de marbre devant l'apparition fantomatique intempestive. Voir des gens faire semblant de manger lui avait donné envie de céréales, il n'avait pas pris son petit déjeuner le matin et quand il ne prend pas son petit déjeuner, Eldorad regrette toujours amèrement de ne pas avoir pu manger ses céréales quotidiennes, ce qui le mettait dans un état second dans lequel il ruminait son échec personnel et s'imaginait dans un monde meilleur dans lequel il aurait pu manger ses céréales. De son côté, le Fantominus sauvage était hilare après avoir mis en fuite le rival porcin du nez. Il laissa un rire lui échapper.


-Kêk kêk kêk ! Quel goujat ! Dire que je n'existe, quel manque de savoir-vivre. Nous n'avons pas élevé les Gruikui ensemble enfin ! C'est vrai, j'existe bien, N'EST-CE PAS ? Demanda sur un ton insistant le Pokémon gazeux.
-Euh… Ouais, répondit Eldorad en hésitant. Enfin, je suis pas sûr.
-Ah bon ??! S'étonna le Fantominus. Et bien pourtant je suis bien là ! C'est pas du faux !
-Mais… Comment on peut en être certain ? Questionna le nez.
-Et si… vous essayeriez de me toucher avec quelque chose ? Ca prouvera bien une fois pour toute que je suis présente ! Proposa le spectre.
Sur ces paroles, Eldorad fouilla dans son sac avant de lancer une Poké Ball sur le Fantominus. Une chance que ce fut le premier objet sur lequel le dresseur ait mis la main, le résultat n'aurait certainement pas été le même avec une potion ou un morceau de baie prémâché soldé non payé dont le vendeur était encore en train de se plaindre en fond sonore.


-Puisque tu l'as attrapée, fit Coloquine, comment tu vas appeler cette Fantominus, monsieur le nez ?
Le dresseur fit mine de réfléchir. Il fixa le mur en face de lui et tenta de trouver un nom allant à sa nouvelle capture, mais rien à faire, son envie de céréales ne lui permettait pas de penser correctement à quoique ce soit. La seule chose sur laquelle il pouvait se focaliser en dehors de son petit déjeuner raté était le mur qu'il regardait silencieusement. Après quelques échanges de volley ball neuronal inconcluant, il voulut dire la première chose qui lui viendrait à l'esprit afin d'abréger son tourment. Son subconscient nasal ayant pris le dessus, il mélangea le mur avec le nom d'une sorte de céréales, ce qui lui fit dire : « Muesly ».


… Ce qui en fin de compte ne faisait pas un mot-valise si palpitant que ça, après tout, c'est juste du Muesli. J'ai mis un y à la fin pour faire genre, mais en fait, je sais pas trop, je me suis dit que ça ferait plus sympa comme ça. Le muesli en soit c'est pas les céréales les plus palpitantes du pétit déj, je sais pas ce qui m'a pris, mais sur le moment j'ai trouvé que c'était pas mal. J'aimerais présenter mes excuses pour le manque d'effort que j'ai fourni quant à ce nom là en particulier, c'est vrai quoi, c'était moins bien que les autres, il faut se l'avouer. Mais pour ma défense, j'allais pas donner un nom de marque pour les céréales non plus. Ca aurait fait tache, c'est un nuzlocke libre de droit ici, j'aimerais que nous puissions poursuivre dans un cadre exempt de toute influence publicitaire commerciale extérieure. C'est pas comme si j'allais être payé non plus, mais tout de même. Je dirais pas non si c'était le cas, par contre. Ca fait un peu vendu mais faut bien arrondir les fins de mois. C'est pas tous les jours facile, vous savez. J'aimerais bien vous y voir à ma place. Avec ces fins de mois pas rondes. Ca fait mal quand on se cogne à des fins de mois pointues. Alors faut bien payer un professionnel du polissage et du ponçage de fin de mois contondante pour qu'il vienne arrondir tout ça correctement, c'est important. Le pire, je dirais, c'est de se manger une fin de mois contre le petit doigt, ça fait toujours mal, ça. Ouais donc du coup, je pourrais carrément donner des noms de marques aux Pokémon, ça ferait un sponsor par capture. Putain ouais, c'est carrément un bon plan ça. Et hop, bénéfice facile quoi, pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ? Dans quelle triste et mercantile époque vivons-nous, mes aïeux ? Ca doit toujours avoir un rapport avec le flouze tout ça, moi j'vous dis. Un d'ces jours, je vais me mettre à envoyer des dessins par-ci par-là pour être embauché en tant que "mec qui dessine des trucs" à temps partiel. C'est marrant, mais j'ai jamais vraiment pensé à faire ça jusqu'à maintenant, j'ai toujours préféré voir le dessin comme un loisir cool dans lequel je peux me perdre et délirer autant que je veux. Peut-être que c'est mieux ainsi mais… ça nourrit pas son homme. Et pourtant, je suis quand même partagé entre le fait de vendre ce que je pourrais fournir comme travail et le fait de plutôt créer par plaisir personnel. Soyons objectif deux minutes, si je me lance dans l'illustration commerciale, c'est clair que ça sera pas 100 % ce que je voudrais faire, ce qu'il faudra que je fournisse comme travail. C'est ça le hic. Ouais… Peut-être que pour le moment, je suis pas encore taillé pour ça. Ma vision personnelle est trop bizarre pour être commercialisée où que ce soit, ça se vendrait pas… Mouais, t'façons c'est pas grave, je préfère dessiner des trucs qui me font marrer moi pour le moment, c'est tout. Il faut bien que j'aie quelque chose qui me fasse me marrer, après tout. Ca aide. Surtout quand les fins de mois sont pointues.


Ahem.


… En fait, avec ces conneries, j'ai perdu le fil. J'crois qu'on était à la Tour Chétiflor, nan ? … Huh, il est plus là… Peut-être dans l'école Pokémon ? … Nan, le hack a pas modifié cette partie là. Hmm…


...Ah ça y est, il est parti se battre contre le champion d'Irène de la ville. J'ai tellement jacassé qu'il a déjà battu les deux premiers dresseurs d'ailleurs. Il est vers Albert. Okay on peut reprendre.


-Ainsi, tu as battu mes deux stagiaires, fit Albert. Soit, je m'en vais donc te prouver que je peux empêcher le commerce de la volaille de perpétuer ses actes de barbarie envers les Pokémon de type oiseau !
-Y a pas de type oiseau, répondit Eldorad.
-Qu… Bien sûr que si ! Se reprit son adversaire. Je le champion d'Irène de type oiseau ! Et mon papa m'a donné ceux-ci pour démontrer ces faits avérés, c'est pas juste pour faire joli, alors en garde !
Albert envoya premièrement son Roucool au combat. Le dresseur nez voulut répondre avec Rocky, son Onix échangé, mais celui-ci refusa.
-Rocky ! Tu dois venir quand je t'appelle mon grand, ordonna Eldorad.
-… HMMMPFFH, grogna le serpent géant.
-Qu'est-ce qui te prend ?! S'étonna le nez devant cette situation inédite.
-… HMMPH, JE N'AI PAS ENVIE DE COMBATTRE, affirma nonchalamment l'Onix.
-Mais… Tu t'es battu contre les deux autres gars et leurs piafs tout à l'heure, c'était de beaux combats en plus, j'ai hâte de voir ce qu'ils donneront une fois répertoriés dans notre histoire.
-… CELA M'EST EGAL, NEZ, dit d'un ton sec le Pokémon. JE M'EN VAIS, JE PARS CHERCHER DES CAILLOUX DE CHOIX AU MAGASIN DE L'ANTRE NOIR, A PLUS.
Il laissa planté là Eldorad, stupéfait qu'un Pokémon puisse ainsi désobéir aux ordres donnés par son dresseur, « C'est dingue ! », se dit-il, tandis qu'en fond sonore, le Nosferapti vendeur s'exclama brièvement : « Merde j'ai laissé la porte ouverte. ».
Le nez se résigna donc à envoyer Coloquine au front. Face à cet adversaire qui paraissait chevronné de premier abord, ils mirent au point un plan tortueux mais qui pouvait marcher si tout se déroulait comme prévu. Comme la petite Toudoudou ne brillait pas par sa capacité à rapidement terrasser les ennemis, Eldorad décida, à l'inverse, qu'elle allait, lentement mais sûrement, vaincre à la force de son endurance et de sa résistance aux coups adverses. Mais pour cela, il allait falloir temporairement rendre inactif le Roucool ennemi.


-Roucool, fonce dans le tas !
Le champion ordonna à son Pokémon de charger de toutes ses forces, ce qu'il ignorait cependant, c'était qu'il fournissait là l'occasion en or dont nos amis avaient besoin afin de mettre à exécution leur brillant stratagème.


-Coloquine, chante nous un petit quelque chose !
-Okay, acquiesça la mignone boule rose.
Elle sortit un micro relié à des amplificateurs et se mit à chantonner une paisible sérénade. En se jetant droit dans la gueule du loup (mais alors un loup tout rond et moelleux), le Roucool prit de plein fouet les ondes sonores somnifères, étendues encore plus loin grâce à un équipement audio des plus sophistiqué. L'oiseau tomba au sol presque instantanément et piqua un petit roupillon, rêvant sûrement de pain brioché, ou d'autre truc dont les oiseaux peuvent rêver, un nid bien chaud et douillet peut-être. En tous cas, ni d'un lit ou d'un oreiller. Ces machins là sont fourrés de plumes, c'est comme si on dormait dans des couvertures farcies de poil et de cheveux, c'est pas gégé.


La sieste improvisée du moineau laissa le champ libre à la jeune boule de gomme qui en profita pour se fortifier autant que possible. Elle enchaîna plusieurs attaques Boul'Armure d'affilée afin de rendre son corps le plus rigide possible, jusqu'à ce que le Roucool se réveille. En sursaut de surcroît, ce dernier eut une brève image de lui dormant sur un oreiller en plumes. Cela l'avait dégoûté et il chargea de plus belle sur Coloquine qui était prête. Les deux Pokémon se télescopèrent gaiement.


« SPLAFF ! »


Le bruit qui en résulta ne serait pas sans vous remémorer celui d'un oiseau entrant en collision contre une porte vitrée, je suis sûr que vous avez déjà eu l'occasion de visionner une telle scène durant votre temps libre, peut-être pas directement mais probablement sur un site de partage de vidéos en ligne. Dans la situation qui s'offre à nous cependant, nous pourrions aisément remplacer la vitre par la petite Coloquine qui resta immobile suite au choc. On ne pouvait malheureusement pas en dire autant du pauvre Pokémon à plumes qui avait sévèrement ramassé, il aurait pu se jeter contre un mur de briques, cela n'aurait pas changé le dénouement peu glorieux de cette triste histoire. Ce n'était pas beau à voir. Albert rappela son Roucool, constatant que ce dernier ne pouvait plus se remettre debout après s'être percuté la tête avec une telle force. Fier de leur stratégie, nos amis gardèrent espoir tout en appréhendant la suite du combat, il restait un Pokémon au champion d'Irène.


-Mon dernier Pokémon… C'est un oiseau plus gros que celui d'avant ! Affirma Albert avec détermination. Et comme il est plus gros, il va pouvoir charger avec encore plus de force et de vigueur que le petit ! C'est scientifiquement prouvé !
Il fit signe au Roucoups de charger à pleine vitesse sur la boule rose en mode défensif, ce que la déplumante bestiole fit. C'est dans ces moments là que l'on peut se demander en quoi consiste exactement le métier de champion d'Irène, car voyez-vous, la tactique pour laquelle opta Albert s'avéra très très (mais alors très) peu efficace. Nous en viendrions presque à avoir de la peine pour le gaillard, j'veux dire, après une telle suite d'événements, comment peut-on se regarder dans une glace sans se dire : « Wah… les choix que j'ai fait dans la vie… N'étaient peut-être pas les meilleurs. » ? Il venait tout de même de se faire battre par un nez dont le seul Pokémon étant efficace contre ses oiseaux refusait de prendre part au combat, mais également avec une araignée dont le type était défavorable à toute bataille contre les Pokémon vol. Sans compter un fantôme qui ne pouvait pas atteindre ses oiseaux d'aucune façon que ce soit, même en essayant très fort. Le comble, la baie ceriz sur le Pofiterole demeurait tout de même le fait que le combat fut mené par une adorable petite Toudoudou dont l'atout le plus menaçant était d'endormir ses adversaires avec une berceuse. C'est là que l'on réalise qu'il y a une bonne raison pour laquelle ce cher Albert était le premier champion d'Irène qu'il nous était donné d'affronter dans cette région de Johto. Il refila le badge Zephyr à Eldorad, signe de sa victoire sans faille et lui confia également une CT contenant l'attaque coud'boue.


-En plus du badge, tu gagnes cette attaque très utile, elle permet d'infliger des dégâts tout en baissant la précision de l'advers…
Le champion s'arrêta net. Il venait de se souvenir que s'il donnait cette CT en récompense à tous ceux qui le battaient, c'était parce qu'en réalité, ses Pokémon eux-même connaissaient cette attaque. Ce détail lui avait complètement échappé. Tandis que le champion d'Irène de Fallout Ville entra dans une phase emprunte d'alcoolisme dans sa vie, Eldorad et ses Pokémon prirent la sortie et se préparèrent à poursuivre leur parcours de plus belle. Ils furent cependant interrompu par un appel semblant marquer un cliffhanger des plus judicieux s'il nous venait à l'esprit de par hasard décider à quel moment il faudrait mettre un terme à un chapitre dans un nuzlocke romancé. Une telle opportunité ne saurait être oubliée, vous en conviendrez.


En fait, si vous en convenez pas, ça ne changera pas grand-chose. Parce que c'est pas un dialogue qui se passe en fait. Y a pas d'échange direct qui se fait là, donc si vous me dites :  « Ouais mais Marv, tu peux pas arrêter ton chapitre là, ça se fait pas gros, vazy sans déconner mec, fais pas ton salaud. », je ne pourrai malheureusement pas vous répondre : « Je fais ce que je veux. »


Ce qui mettra fin à cette conversation très utile, ainsi qu'à ce chapitre, par la même occasion.

Team:

« … Oui, c'est une découverte majeure pour la science moderne, plus rien ne sera jamais pareil tant notre vision a été corrigée de son ignorance sans bornes. Qui aurait cru que les Pokémon, après avoir mangé un bon repas, se reposaient à l'intérieur de chaussures. Bien que la communauté des experts de l'alimentation soit stupéfaite par les merveilles que la nature a à nous offrir, je dois reconnaître que cela coulait de source. Après analyse cordonnière formelle, cette chaussure était bel et bien à ma taille. Malgré ça, je ne suis pas parvenu à enfiler ce mocassin, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose. Par processus de déduction logique, j'en ai conclu qu'un Pokémon devait être en train de piquer un roupillon dans cette chaussure, bien au chaud, à l'abri des regards indiscrets. Je m'en veux tellement… Si j'avais su, je n'aurais jamais balancé cette godasse par ma fenêtre. J'ai tenté de la rechercher dans mon jardin, mais elle avait disparu, envolée, évaporée. Le Pokémon qui y sommeillait s'est peut-être réveillé et a dû s'en aller quelque part, mais où ? Et Pourquoi ? Comment ? Quand ça ? Mais surtout, pourquoi ? Pourquoi a-t-il pris la chaussure avec lui ? En tant que thérapeute nutritionniste le plus illustre de la région, il est de mon devoir de percer ce mystère. Les Pokémon dorment-ils tous dans des chaussures qu'ils transportent avec eux en permanence ? Font-ils toujours une sieste après manger ? Y a-t-il un lien de cause à effet si c'est une botte ou des sandales tressées ? Je ne peux contenir mon envie d'en savoir plus. Mais toi, dis-moi, qu'en penses-tu ? …

… Hé, petit, tu es étrangement silencieux depuis tout à l'heure, est-ce que ça va… ?

…Allô ? »

Eldorad eut l'impression d'entendre le bruit étouffé d'une voix conversant à son égard. Il regarda autour de lui mais personne ne semblait lui avoir adressé la parole. Il se ressaisit et se dit que de faire une pause au centre Pokémon de Fallout Ville fut une sage décision. Cela lui permit de soigner son équipe, refaire ses lacets et recharger son PokéMatos. Fait étrange, l'appareil sonna il y a de cela un bon quart d'heure, il ne se souvenait pas avoir réglé d'alarme. Eldorad appuya simplement sur l'icône afin de faire taire le bruyant dispositif et le remit dans son sac sans y prêter attention. L'équipe du nez étant fin prête, ils s’apprêtèrent à quitter les lieux, mais un homme les interpella.

-Mais je te reconnais ! T'es le gamin que l'autre con a changé en nez ! Dans mes bras, crapule !
L'assistant du Dr Stan tendit les bras, offrant un salut chaleureux au jeune dresseur. Celui-ci n'avança pas en sa direction. Après un petit moment de solitude, l'assistant se confia.

-Ecoute, t'as dû lire les journaux, un avis de recherche a été lancé à l'encontre du dresseur à tête de porc. Mais récemment, il y a eu un rebondissement dans cette affaire. Tu sais les faits qui lui sont reprochés… délit de fuite, reniflage de mur clandestin, vol de chaussure… bah, d'après les enquêteurs, la chaussure qu'il a volée, c'était une chaussure magique. Et figures-toi que dedans, y avait un Pokémon qui y dormait. Et ouais. C'est fou ça.
-Qui l'eut crû, fit indifféremment Eldorad.
-Moi, dit l'assistant, je ne l'eusse cru. Vu que t'es un gamin assez cool et que t'en as rien à faire du Dr Stan, j'vais te confier un petit secret. Approche…
L'homme fit signe au nez de regarder dans un sac qu'il gardait timidement avec lui. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la chaussure magique gisait là, au fond du sac. Son éclat fit cligner Eldorad du nez, il détourna son regard de la sainte godasse et exprima son interrogation à Fernando (on va l'appeler Fernando) quant à l'inhabituelle situation qui se dévoilait à lui.

-Pourquoi ? Demanda Eldorad.
-Je supporte pas Stan, affirma Fernando, il pète plus haut que son cul depuis qu'il a gagné la 19e édition de la tombola annuelle des spécialistes de la gastropharyngite grave à semi-aiguë. Alors, quand il m'a fait ramasser les ordures qui traînaient à l'entrée du cabinet, j'ai trouvé cette chaussure. Je l'ai gardée, d'abord  parce que j'avais oublié de la jeter, mais après, quand je l'ai vu chialer parce qu'il était passé à côté de la plus belle découverte de sa vie, j'ai décidé de la cacher. Mon travail est déjà nul à chier, je n'ose pas imaginer comment ce serait si môssieur « j'ai gagné la 23e tombola annuelle des experts du nettoyage du foie gauche » faisait une découverte mondialement applaudie par la science moderne. Je ne le supporterais pas, je refuse. Je le vois déjà en train de me demander de poncer ses prix Nobel avec de la cire biologique d'Apitrini des montagnes. J'ai pas envie de passer par là. Je suis allergique à la cire d'Apitrini quoi, c'est hors de question. Et je te parle même pas de mon mal des hauteurs, dès que je grimpe de 500 mètres, j'ai plus besoin de spécialiste du lavage d'estomac par tractions inversées pour me vidanger le système digestif. Alors de la cire d'Apitrini dont je suis allergique, mais qui EN PLUS vient des montagnes, alors là… Mon pauvre vieux, je donne pas cher de ma peau. Je risque gros sur ce coup là, je ne peux pas laisser le destin me jouer un tour pareil, pas après le cours de badminton improvisé dans la salle d'attente, ah non. M'en parle pas, je vais encore replonger dans un état proche du coma neurologique. Nan franchement tu me tues là, je ne veux pas en parler. Tiens, prends cette chaussure, prends. Et surtout ne la donne jamais au Dr Stan, jamais. Sinon je vais devoir retourner donner des cours de natation synchronisée comme mes parents. Ah non, tout sauf ça. La natation synchronisée c'est une affaire de famille, mais moi je sais pas nager alors t'imagines ? Non mais t'imagines pas là, qu'est-ce que tu fais si tu te pointes à ton cours de natation synchronisée et que ton moniteur a un gilet de sauvetage et des brassards comme un mioche de 3 ans ? Ah non, je ne suis pas prêt à revivre une telle expérience non plus, je t'en prie, toumépassa. Je me rappelle encore lorsque j'ai dû annoncer à mes parents que je n'avais jamais appris à nager, le choc. Je les ai plus revus depuis 1986. On vivait tous dans la maison familiale à cette époque, mais après une telle déception tu peux bien t'imaginer ce qui est arrivé… bah ouais, ils sont partis. Je suis resté comme un con seul dans la maison, ils en avaient plus rien à foutre. La dernière chose que j'ai entendue avant qu'ils s'en aillent en claquant la porte c'était : « Nous n'avons plus de fils. ». J'peux te dire que je me suis senti maaaal, mec, sérieusement. Je crois qu'ils sont allés en région d'Unys pour adopter un mec qui passe son temps à nager, mais je les ai plus jamais revus depuis. Ca m’angoisse d'ailleurs, mon père est parti sans les piles de rechange de son pacemaker. Les vieux de nos jours, ils ont pas conscience des dangers dans lesquels ils se fourrent, c'est tout de même grave. Excusez-moi, infirmière, j'aimerais un Soda Cool s'il vous plait. Pardon ? Vous ne faites pas service de restauration ? Ah, autant pour moi, c'est pas grave. Non parce que tu vois, comme je te le disais, j…

Fernando tourna la tête en direction d'Eldorad simplement pour constater que celui-ci n'était plus là. Le sac contenant la chaussure non plus. L'homme eut une minute de réflexion personnelle profonde. Ce départ soudain lui rappelait douloureusement celui de ses parents, partis sans adieux, juste une très grande envie de ne plus être en sa présence.

En chemin sur la route 32, nos amis profitèrent du beau temps pour s'entraîner au soleil. Divers dresseurs comme des pêcheurs et des campeurs rôdaient en quête de challenge, ce qui arrangeait fortement notre fine équipe. Sans peine aucune, les Pokémon du nez se débarrassaient agilement des obstacles gênants et ceux-ci purent aisément poursuivre leur parcours. Au loin se profilait l'entrée de ce qui semblait être une grotte, ce qui ne manqua pas de rappeler au Nosferapti qui suivait de loin nos héros qu'un stand de souvenirs rival se trouvait là-bas. Cependant, avant même d'en apercevoir l'entrée, un personnage non jouable (pnj pour faire court) les interpella.

-Salutations étranger ! Voudrais-tu, par le plus grand des hasards, acheter un ancien tank soviétique anti-aérien ?
Le gros bonhomme fit signe à Eldorad de regarder son ancien tank soviétique anti-aérien qui était garé juste derrière lui. Pour un véhicule datant d'une époque oubliée depuis le décret mondial des cartes Pokémon, il était encore en assez bon état. L'homme lui proposa le prix de 1'000'000 de pokédollars pour l'acquisition de cette relique collector. Cela aurait pu être pratique de se déplacer en tank, se dit le nez, mais celui-ci dût malencontreusement  décliner cette offre, il n'avait pas passé son permis de poids lourd. A vrai dire, il n'avait pas passé de permis de quoique ce soit auparavant. Même pas son permis de séjour. Mais il s'en foutait, personne ne lui le demandait jamais. Il décida donc de clandestinement poursuivre la marche, tandis que derrière lui, le Nosferapti issu du commerce local et équitable tentait de marchander avec le vendeur du tank, sans grand succès. Le jeune dresseur et son équipe foulèrent des pattes le sol cahoteux des caves jumelles, ces galeries semi souterraines qui s'étendaient sous la région de Johto. Pour le moment, ce qui intéressait le nez était de rejoindre Fruibourg, la prochaine ville ayant une Irène, sacré Irène. Cela était en revanche plus facile à dire qu'à faire, les grottes n'étaient décidément pas le milieu naturel des nez vagabonds, bien au contraire. Celles pour qui ces endroits étaient familiers, c'était les chauve-souris, comme put le constater Eldorad qui fut à deux doigts de marcher en plein dans l'étalage d'un marchand local en plein inventaire.

-Dites donc vous ! Cria un Nosferapti autochtone. Vous pourriez faire attention ! Un peu plus et vous marchiez en plein dans mes peintures d'origine datées du 17e siècle ! Sachez que ça vaut une fortune, ça, jeune délinquant !
-Pardon, s'excusa le nez.
-Exactement ! Vous êtes désolé ! Parfaitement monsieur ! Ca coûte plus cher qu'un ancien tank soviétique anti-aérien ce que je vends, alors on fait attention, je vous prie !
Après une brève inspection, il s'avéra qu'en réalité, ce Nosferapti là ne vendait pas d'œuvres d'art, mais une série de petites pierres légèrement moisies sur un côté, ainsi qu'une CT contenant l'attaque météores. Cela n'était pas dans les habitudes du jeune dresseur de chaparder le bien d'autrui, aussi, il décida d'acheter la CT dans les règles de l'art.

-C'est combien pour votre article qui traîne au milieu ? Questionna Eldorad pour tester la bête.
-Ne me prenez pas pour un amateur, jeune homme ! S'offusqua la chauve-souris. Je sais ce que je vends ! Et ça, c'est juste une pierre avec un peu de moisi sur le côté gauche ! (elle était moisie sur le côté droit.) Et moi, je ne la vends pas, cette pierre ! On en trouve partout des cailloux pareil dans les caves jumelles, je ne suis pas né de la dernière pluie !
-Euh d'accord, fit calmement le nasal enfant. Mais, et cet article là, vous le vendez combien ?
-Enfin, vous me prenez vraiment pour le dernier des ahuris ? Lança le Nosferapti. Ca aussi c'est une pierre ! Et elle est moisie sur le dessus ! Le moisi a une forme d'étoile dessus ! (il pointait de son aile gauche la petite Coloquine pour désigner la "pierre" dont il était question.) C'est pourtant évident ! Ca ne sert à rien ! Pas de ça chez moi ! Je n'en veux pas ! Je ne le vends pas !
L'amour-propre du Toudoudou venait d'en prendre un coup. Cernant de plus en plus son interlocuteur, Eldo finit par désigner la CT qui traînait toujours au sol et demanda son prix.

-CA ??! S'écria le marchand ailé. ALORS CELLE-LA, C'EST LA MEILLEURE !
-La meilleure de quoi ? S'interrogea le rhinophantesque garçon.
-LA MEILLEURE DE TOUTES !
-Ah bon ?
-OUAIS !!!
-Pourquoi ?
-PARCE QUE JE N'AI ABSOLument aucune idée de quoi tu parles, je n'ai pas d'oeil. Je ne sais pas ce que c'est. Je ne l'ai jamais vu. Je n'en veux pas. Prends-le. Et dégage.

Eldorad obtient la CT 39 !

Le bruit de quand l'on obtient une CT se fit entendre, résonnant dans les tréfonds les plus obscurs des caves jumelles. Des tréfonds encore plus sombres et plus malveillants que l'on ne pourrait possiblement l'imaginer. Pour ne rien arranger, une échelle se trouvait à proximité de "hautes herbes d'intérieur", ce qui pourrait d'avantage accroître la curiosité de ceux qui auraient le malheur de passer par-là. Un conseil avisé serait de ne pas s'y aventurer, ne vous y risquez pas, vraiment, cela n'en vaut pas la peine. Y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes. C'est un d'ces moments où on ne peut guère y faire quoique ce soit. On ne vous le répétera jamais assez, mais ne cherchez pas. Circulez, y a rien à voir. Rien d'intéressant pour vous en tous cas. Prenez Eldorad par exemple. Il a suivi mes conseils et il a passé son chemin. C'est un bon gars, il ira loin. Vachement super loin, même. Tellement loin qu'il a fini par sortir des caves jumelles. Comme le bon gars qu'il est. On pourra dire ce qu'on voudra sur les nez et leur fâcheuse tendance à éternuer en public, mais ce nez là, c'est un sacré nez. Je lui tire mon chapeau. Ce qui l'étonna fortement par ailleurs, il n'avait pas eu le sentiment d'avoir vu quelqu'un à la sortie de la grotte. Il laissa mon chapeau à terre et poursuivit en direction de Fruibourg. Sur la courte route 33 cependant, un Rattata sauvage se mit en travers de son chemin, il n'avait pas fait exprès, mais cela ne l'avait pas empêché d'être complètement sur la trajectoire piétonne d'Eldorad. Voyant cela, Coloquine qui manquait d'estime se projeta contre son dresseur afin de lui éviter l'infortunée rencontre avec le rongeur qui tondait les hautes herbes. Ca ne se maintient pas tout seul, les routes intermédiaires. Mais au lieu de payer des professionnels de l'entretien des routes, la municipalité laissait le champ libre (ou pourrait-on dire les plaines libres) aux Pokémon sauvages pour arranger ces coins comme bon leur semblait et ce Rattata là aimait bien son coin quand l'herbe n'était pas trop haute. De par ce fait, la situation d'Eldorad prit une tournure défavorable à son bien-être, la petite Coloquine n'y était pas allée avec des gants, d'une part parce qu'elle n'avait pas de mains avec des doigts comme il le faut pour mettre des gants, mais également car elle avait quelque chose à prouver. Elle donna tout dans sa charge en plein contre le nez, la force du choc fit voler le pauvre Eldo dans une autre cavité, à peine sortie des grottes siamoises, il tombait à nouveau le nez le premier dans une autre crevasse moisie et qui sentait le sous-sol pas frais. Il ne le remarqua pas immédiatement, mais sa chute fut amortie par le corps d'une personne qui se tenait à l'entrée du puits Ramoloss. Ca non plus, il ne l'avait pas remarqué, qu'il était dans un puits à Ramoloss. Il se releva tout en essuyant ses pieds contre la personne qui était tombée à pic pour lui épargner quelques fractures de la narine gauche. Haha, c'est rigolo parce qu'en réalité, c'était lui qui était tombé à pic en plein sur le mec comme un vieux nez mal mouché, haha. J'trouve ça fendard, perso. Mais c'est juste mon opinion. C'est une question de point de vue, mais l'ironie dans ce genre de moment, ça aide à créer un décalage sur la situation. Ca s'appelle du comique absurde, tas de nuls, c'est la base. Si vous trouvez pas ça drôle, j'y peux rien après. Je pourrai pas dire que j'aurai pas essayé en tous cas. Pendant que je fusse là à vous expliquer le fondement psychologique interne de ce type d'humour si raffiné (et j'y peux rien si vous arrivez pas à trouver ça drôle), de vils saltimbanques se postèrent au nez et non à la barbe du jeune dresseur en le menaçant de le frictionner…  à coup d'éponge.

-Hé toi ! Fit l'un des malfrats. Nous sommes la Team Sponge et on coupe les queues des Ramoloss car elles sont si moelleuses qu'elle font des éponges de premier choix ! Et ouais mon petit pote (en fait oublie, t'es pas mon pote), nous sommes un gang organisé qui a été dissolu il y a de cela trois ans car un espèce de gamin malpropre a taché la chemise préférée de notre leader, le grand, le bô, le propre sur lui, EL MUY BELLISSIMO DE LAS GAMBAS CALIENTE SISI HERMANO FERNANDO GIUSEPPE DEL CONQUISTADOR ARIBA ARIBA Y GOOOOOOOOAL !!!! GOOOOOOOOOOOOOAL DE DIEGO MARADONA !!! ANDALE ANDALE YEEHAA, Joe-Vanille de son nom de jeune fille.

-… Ah ouais ? Rétorqua Eldorad.
Le second bandit qui se tenait à côté du premier frappa celui-ci.

-T'es con Maurice ! qu'est-ce qu'on avait dit en répét' ??!
-… De ne pas révéler notre plan secret et nos origines ainsi que le nom de notre leader qui cherche la blanchisserie la plus efficace du pays, Roger... répondit de façon tristounette le sbire qui avait le toc incontrôlable d'expliquer en détail toute entreprise mesquine de sa part.
-Bon écoute, c'est pas grave pour cette fois, c'est juste qu'un nez, mais imagine si c'était la police, on aurait eu l'air malin.
-Oui tu as raison, pardon Roger, c'est juste que je peux pas m'en empêcher, tu sais bien.
-N'en parlons plus, débarrassons-nous plutôt des témoins gênants…
Ils se tournèrent vers Eldorad et son équipe qui discutaient également stratégie dans leur coin.

-Hé Muesly, fit le nez, je crois que ces deux mecs veulent nous taper.
-Kêk kêk kêk ! Kêka l'ectoplasme. Quel manque de savoir-vivre ! Je m'en vais leur donner un mot quant à ma façon de voir les choses ! Vous, là-bas ! J'ai un mot à dire !
-On s'en fout ! Répondirent les deux malfrats. On va vous maraver sévère !
-V O U S  D E V R I E Z  E C O U T E R  Q U A N D  J E  V O U S  P A R L E.
Les deux sbires qui tenaient chacun une poké ball à la main s'arrêtèrent pour écouter ce que Muesly avait à leur dire.

-Qu… Qu'est-ce que c… c'est ? Bégaya le premier sbire.

« BOUH ! »

-AAAAAAAAAAAAAH !!! Crièrent-ils, genre oh que ça faisait peur, bouah, oh non, toumépassa, ouh maman jépeur, etc, etc... ils déguerpirent sur l'instant en gros. Les trouillards.

Au même moment, un Ramoloss se rapprocha d'Eldorad. Il tenait une sorte de gâteau dans un plateau qu'il voulait offrir au nez.

-Il faut pas couper les queues des Ramoloss, dit lentement le Pokémon. Prenez plutôt du gâteau que j'ai fait… Je me rappelle plus comment ça s'appelle… ?
Le dresseur lui lança une poké ball dans les gencives.
-Ca s'appellerait pas une Flamenkush ou un truc du genre ? S'interrogea le nez.
-Quoi donc, demanda Muesly, le cake dans ce plateau ?
-Non, le Pokémon que je viens de capturer.
-Je ne peux concevoir qu'un Pokémon puisse s'appeler de la sorte, raisonna la Fantominus.
-C'est pas grave, je vais l'appeler Flamenkush, conclua Eldorad.

Le dresseur et son équipe sortirent du puits. Quelle ne fut pas leur chance, l'antre des Ramoloss se situait en réalité à Fruibourg. Le hasard n'aurait pu faire mieux. Sans s'attarder sur les nombreux Ramoloss qui peuplaient la ville, Eldorad se dirigea vers l'Irène locale. Il lui tardait de s'emparer de son second badge, le rapprochant ainsi de son objectif ultime : Gagner les 20 pokédollars que le Dr Stan et lui avaient parié. Ah, il s'y voyait déjà, lui en train d'utiliser ses 20 pokédollars, certainement pour se payer un sandwich, un midi lorsqu'il aurait oublié de se préparer un plat à emporter la veille. Quelque chose le sortit toutefois soudainement de ses pensées, la chaussure magique qui était dans le sac de l'assistant du Dr Stan se mit à bouger. Il l'examina délicatement, mais elle ne montra plus aucun désir de mouvance quel qu'il soit. Tout cela paraissait bien suspect. Ca aussi c'est une blague. Z'avez capté la subtilité ? Ca 'paraissait' suspect. Car le Pokémon qui faisait sa sieste à l'intérieur de la chaussure, on peut dire qu'il 'paressait' et que c'était lui le principal suspect dans cette affaire.

Haha.

J'ai vraiment un d'ces sens de l'humour feutré, affiné par des années d'expérience.

Je devrais essayer d'écrire une histoire, une fois.

Ch'uis sûr qu'on trouverait ça vachement marrant.

Haha.

Moi je trouve ça marrant en tous cas.

Alors, ça compte quand même.

Au moins, y a une personne qui rigole dans tout ça.

C'est déjà ça de gagné.

Quelque soit le résultat, j'en sors gagnant.

C'est pas difficile de positiver quand on a pas grand-chose pour soi.

Je devrais également donner des cours confiance en soi, remarque.

J'aurais plein de clients.

Et on pourra tous être ensemble.

On sera naze, mais le bon côté, c'est qu'on le sera tous ensemble.

D'ailleurs, je crois que j'ai déjà quelqu'un qui m'appelle sur la ligne de téléphone que je viens de faire pour mes rendez-vous pour un cours personnel, j'étais sûr que ça allait cartonner, mais pas au point qu'on m'appelle avant même que je ne fasse de la pub ou une annonce dans le journal, j'ai même pas encore distribué les flyers avec le programme complet dessus. Mais ne faisons pas languir plus longtemps mon premier client.

Ahem.

Je décrochassionna le téléphone avec classe et volupté.

-Oui allô, Perso-Coaching™ j'écoute ?
-Bonjour, j'aimerais parler avec votre responsable.
-Ah, oui, c'est moi-même (je devais bien admettre que j'étais responsable de ma personne), c'est de la part de qui ?
-Coloquine.
-Aaah, Coloquine, mais oui, c'est élémentaire, vous désirez suivre mon cours afin de booster votre confiance en vous après toutes ces choses pas gentilles qui ont été dites à votre égard lors du passage dans les caves jumelles, c'est bien ça ?
-Non, pas vraiment.
-Ah… Et donc, si ce n'est pas ça, que puis-je pour vous ?
-Vous pourriez arrêter de dévier du sujet quand vous écrivez notre parcours à travers la région ? C'est pas très pratique pour suivre, avec ces passages superflus au milieu de nos aventures.
-… Je vais voir ce que je peux faire.
-Merci, aurevoir.
-Ouais… merci.

Coloquine raccrocha le PokéMatos de son dresseur et rejoignit le reste du groupe qui patientait à l'entrée de l'Irène de Fruibourg. Il était temps pour eux de défier Hector, le champion des insectes toutes catégories confondues. A la vue de telles circonstances, Pistachio, le discret Mimigal d'Eldorad, pointa le bout de ses mandibules. S'il y avait une compétition pour savoir quel insecte allait pouvoir se vanter d'être meilleur que les autres, il était de son devoir de prendre part à la bataille pour en remporter la gloire et solidifier son honneur de bestiole rampante et cela même s'il ne rampait pas. Après avoir franchi le seuil de l'Irène locale, le groupuscule n'eut que la vision d'un spacieux jardin d'intérieur pour les accueillir, on aurait facilement pu croire que l'on n'était pas encore entré dans un bâtiment pour commencer. Des fleurs de toutes sortes longeaient un chemin menant droit vers un cèdre solitaire qui donnait l'impression d'être planté là au beau milieu d'un monticule extérieur. Cette impression était renforcée par le choix intéressant du mobilier présent dans l'Irène de Fruibourg, les murs étaient recouverts d'un papier peint aux motifs de nuages. Des palissades et d'autres haies buissonnières parcouraient également la salle, cimentant l'étrange sentiment d'avoir pénétré par erreur dans le jardin des voisins plutôt que dans un établissement dédié à Irène et aux combats Pokémon. Eldorad avança, hésitant en direction du cèdre, cherchant quelque part toute indication d'être bien au bon endroit. Soudainement, il vit quelque chose bouger non loin du grand arbre. Il s'en rapprocha chutidement mais n'eut que quelques dixièmes de secondes pour réaliser qu'il s'agissait d'un Chrysacier avant que celui-ci ne se fasse attraper par un fulgurant coup de filet à papillon. Un jeune garçon aux airs de scouts venait de faire son apparition à une telle vitesse que l'insecte ne put possiblement avoir le temps de réagir. Sortant sa capture de son filet et l'exhibant fièrement, le jeune homme donna un regard figé mais des plus satisfait. Sa pose ainsi que son regard en disaient long sur ce qu'il venait d'accomplir. Eldorad eut l'impression de pratiquement entendre le garçon parler à travers son expression corporelle, tant elle était expressive. Et ce qu'ils cru comprendre le laissa perplexe.

« C'est un Chrysacier ! Maintenant, il criera z'à l'aide ! »

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