| | Recueil de deux écrivains. | |
| Henumi
Écrivain
Nature : Bizarre
Exp : 499
| Sujet: Recueil de deux écrivains. Mar 7 Juil 2015 - 21:02 | |
| Bienvenue dans le monde des Pokémon ! Je suis le Profess- Wait, c'est pas mon texte ça. Bonjour à tous et à toutes. \o/ Donc, c'est quoi ce topic alors que j'en ai déjà un ? Hé bien, c'est simple comme faire des fautes ! Je ne suis pas le seul à être derrière cette conspiration, il y a un second coupable, j'ai nommé l'odieux Hensoku ! Pour tout dire, comme nous sommes deux écrivains et que nous discutons souvent ensemble, nous avons décidé d'écrire textes en collaboration, ou sur un même thème chacun de notre côté. Il n'y aura aucun dessin, c'est un art bien plus éloigné mais tout de même semblable que nous vous présentons là. ( Et si vous dites le contraire, Baudelaire c'est quoi qu'il écrit ? Des poèmes, d'accord, mais c'est de l'art. L'art du Langage, namého. )Cela dit, voici nos écrits. Enfin, pour l'instant, y en a qu'un, mais voilà, on le remplira. Ah, et au passage, si nous écrivons en collaboration comme là, nous ne mettrons rien qui nous différenciera, si ce n'est notre Plume. Collaboration jusqu'au bout. \o/ - Contexte :
Ceci est dans un futur alternatif ! Kishei n'a en réalité jamais rencontré Matt et Legacy. Aussi, ne vous étonnez pas si cela n'a pas de répercussion dans nos oeuvres respectives.
Nous sommes après la Bataille contre Kyurem, à Unys. Legacy est le seul Pokémon de Matt à être apte au combat. A cette époque, Matt était encore une personne aimante et attentionnée envers ses Pokémon. Pour Kishei, nous sommes peu après les évènements de Piégé. Je vais éviter de vous spoiler, donc sachez juste que Kishei est devenu fou (je parle de la vraie Folie, vous vous en doutez) et s'est tranché la gorge. Pas assez profondément pour le tuer, mais assez pour lui laisser une cicatrice. Il a fui la région de Vesryn (Là où se déroule Piégé) et a atterri à Unys par pur hasard.
- « Well, the battle is all set ! Let's end this, once and for all ! » :
Alors que la neige tombait paisiblement et qu'un froid mordant régnait sur l'endroit, un Pokémon marchait. Sa fourrure se fondait dans le décor. Les seuls traces de couleurs le différenciant de cet endroit recouvert de poudreuse étaient le noir ténébreux de sa peau et le rouge terne de ses yeux. Toute trace de chaleur émanant de ces derniers semblait s'être envolée dans l'hiver qui l'entourait. Il ne restait rien que la Folie qui dansait dans ce que l'on appelle le reflet de son âme. Sur sa gorge recouverte d'une épaisse fourrure, des traces de sang étaient visibles. Il semblait être blessé, mais cela ne l'empêchait pas d'avancer inexorablement vers l'horizon. Il savait qu'il ne tarderait pas à rejoindre une ville, et cette perspective l'excitait déjà. Cela faisait trop longtemps qu'il contenait sa Folie meurtrière en lui. Il avait besoin de sang, et ce à tout prix. Dans le même temps, un jeune homme s'éloignait de la ville fondée sur pilotis située en contrebas. Ses yeux trahissaient une inquiétude et une crainte peu commune tandis qu'il semblait ressasser des souvenirs d'un passé douloureux. Ainsi perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas immédiatement la créature qui s'était immobilisée à quelques mètres devant lui. Lorsqu'il prit finalement conscience de cette présence alors qu'il pensait être parfaitement seul dans cette immensité gelée, le garçon ne fût pas frappé par le sang entachant la fourrure d'habitude immaculée de la bête, mais par son regard. Ce regard qui le fixait d'une intensité suffocante et qui pourtant semblait vide de tout éclat, de toute vie. Après quelques instants à se fixer mutuellement sans faire le moindre mouvement, une flamme sembla naître dans les yeux auparavant ternes et livides de la créature. A la vue de cet éclat retrouvé, le jeune homme fût pris d'effroi. Il reconnaissait sans mal cette pulsion macabre et sanguinaire qui prenait forme au plus profond de l'âme de la bête et se développait à vue d'oeil. Si l'anatomie du quadrupède le lui permettait, l'humain aurait juré que ce dernier arborait un immense sourire profondément mauvais et malsain. De plus en plus mal à l'aise, son appel à l'aide se voulant tout d'abord discret se transforma en un véritable hurlement de terreur lorsque la bête fonça dans sa direction à pleine vitesse. " Le... Legacy !" Lorsque l'Absol leva la patte pour blesser le jeune homme, il ne put continuer son geste. Il fut envoyé plus loin par ce qui semblait être à première vue un boulet de canon. En se relevant, le Pokémon détailla ce qui l'avait percuté. Un autre Pokémon se tenait face à lui, faisant obstacle entre la bête et l'humain. Dans ses yeux si différents de l'autre, une détermination à protéger le jeune homme était visible. Ce même jeune homme était tombé à la renverse. Et malgré l'arrivée de son fidèle Lucario qui le rassurait, il ne pouvait s'empêcher d'être anxieux et apeuré par cet Absol que la raison n'habitait plus depuis bien longtemps. Il jeta un regard interdit derrière lui, et son Pokémon mesura immédiatement l'enjeu crucial de l'affrontement qui allait se dérouler sur ce plateau enneigé. Plus bas, à quelques mètres à peine. La ville. La ville et son Centre Pokémon où étaient soignés en ce moment même les précieux compagnons du duo. Eux que le Lucario avait lui-même blessés, même s'il se méprisait de toutes ses forces pour leur avoir fait subir le suplice qu'il leur avait imposé, il devait maintenant tout faire pour les protéger et empêcher la bête assoiffée de sang de s'approcher d'eux. Il se tourna à nouveau pour faire face à son ennemi, et la flamme qui luisait dans son regard brûlait de la même intensité que la Folie de l'autre. Il se prépara un instant avant de s'élancer à vive allure pour frapper l'Absol d'un coup de pied promettant d'être monstrueux, soulevant un rideau de neige sur son chemin. Ce dernier attendit un instant avant de s'écarter. Il ne répliqua pas de suite, évaluant rapidement l'ennemi. Il était incontestablement puissant. Enfin un adversaire digne d'intérêt. Il avança ensuite sur la gauche du Lucario, moins rapide que la dernière fois, avant de revenir en face de lui. Il passa à droite, de plus en plus rapide, créant ainsi des doubles de lui. Le véritable Absol se tenait à la diagonale gauche de son adversaire. Chacun de ses clones fonça d'un même mouvement sur le second Pokémon, dans la perspective de lui déchirer une patte. Le Lucario deviendrait ainsi une proie facile pour la bête sanguinaire qu'il était devenu. Celui-ci fût surpris qu'un Pokémon aussi instable puisse utiliser une telle stratégie. Le combat serait certainement plus difficile qu'il ne l'avait prévu. Mais toutes ces images illusoires ne seraient d'aucune utilité pour tromper sa vision, lui qui pouvait voir bien au delà des apparences. Il ferma les yeux une fraction de seconde, tout juste assez pour distinguer les clones du véritable Absol. Restant impassible jusqu'au dernier instant pour mieux le surprendre, il se baissa d'un coup au moment où ce dernier pensait avoir atteint sa cible. Incapable de stopper son mouvement dans un tel élan, le Lucario en profita pour placer sa patte sur son ventre avant de laisser déferler une décharge de son Aura si particulière, le projetant quelques mètres plus loin tandis que ses multiples illusions s'évaporaient dans l'atmosphère glacée. L'Absol resta quelques secondes à terre avant de se relever non sans mal. Il fit de nouveau face à son adversaire, réfléchissant rapidement. Si ce Lucario pouvait distinguer ses clones du véritable lui, il allait devoir miser sur autre chose. Il prit appui sur ses pattes arrières avant de bondir sur le Lucario. Seulement, il s'écarta au dernier instant pour ré-atterrir sur la droite de son ennemi, utilisant sa corne comme une lame dans sa direction. Le Lucario s'était préparé à contrer son ennemi dès son atterrissage, mais il n'avait pas anticipé ce changement soudain de direction. Surpris et manquant de temps pour s'adapter convenablement, il ne put que lever les pattes avant pour bloquer la corne acérée à l'aide de ses pointes métalliques. Un concours de force pure débuta alors entre les deux Pokémon, mais la posture du Lucario n'était pas optimale pour un tel échange de puissance. Il dût rapidement se résoudre à bondir en arrière pour éviter d'être tranché en deux. L'Absol aurait pu lui sauter dessus suite à cela. Au lieu de cela, il laissa le Lucario s'échapper. Il ferma les yeux et se concentra. Sa corne se mit à briller. Il rejeta la tête en arrière avant de la baisser d'un coup sec. Il refit le même manège deux fois, envoyant une autre onde psychique dans la direction du Lucario sur ses deux côtés pour ensuite lui foncer dessus dans l'optique de le trancher à l'aide de ses griffes acérées. Les lames volantes étaient bien trop rapides pour que le Lucario puisse les esquiver toutes les trois. Et bien qu'il aurait pu les détruire en envoyant à son tour des onde de choc de quelque nature que ce soit, cela l'aurait laissé vulnérable à l'assaut direct de l'Absol. Son dresseur et lui étaient impressionnés par la rapidité d'exécution ainsi que l'esprit stratégique dont leur ennemi faisait preuve, attaquant de façon à ne laisser aucune échappatoire. Néanmoins, sans se laisser déconcentrer par cette démonstration technique, le Lucario modula les pointes métalliques de ses pattes pour en faire de longues griffes d'acier, luisant d'un éclat parfaitement blanc contrastant avec les griffes noires comme la nuit de l'Absol. Les ondes de choc arrivèrent à son niveau, et il trancha chacunes d'entre elles d'un mouvement rapide, les faisant exploser à chaque impact. L'Absol fonçait toujours à leur suite, et bien qu'avec quelques difficultés, le Lucario parvint à se placer correctement pour recevoir son assaillant. Leurs griffes s'entrechoquèrent et un nouveau concours de force commença. Cependant, le corps quadrupède de l'Absol représentait un énorme désavantage dans une telle position, le Lucario n'ayant pas besoin de ses pattes avant pour se maintenir et pouvant donc attaquer de toute sa puissance. L'Absol serra les dents. Il n'allait pas pouvoir tenir bien longtemps, il en était conscient. Il s'appuya sur les griffes de son adversaire avant de se propulser en arrière. Il ne quittait pas le Lucario du regard. Il n'était décidément pas comme l'avaient pu être certaines de ses victimes à l'époque. Il attendit un peu, rassemblant de la puissance. Même s'il n'en avait pas l'habitude, il avait décidé d'être prudent. Si cela continuait ainsi, il allait se faire tuer, et mourir n'était pas encore dans son projet d'avenir. Le Lucario et son dresseur n'eurent aucun mal à déceler ce changement de comportement. Auparavant vicieux et brutal, l'Absol semblait maintenant se montrer plus réservé. Il était évident qu'il préparait quelque chose, mais le Lucario n'allait pas gentiment attendre que son adversaire ait fini de se préparer. Néanmoins, craignant une éventuelle contre-attaque s'il s'approchait, il préféra rester à distance et en profiter pour lancer son attaque distinctive. Une sphère constituée d'Aura grossissante à vue d’œil se forma entre ses paumes avant qu'il ne l'envoie à une vitesse folle sur son ennemi qui n'avait toujours pas esquissé le moindre mouvement. L'Absol ferma les yeux tandis qu'une fine lumière était apparue autour de lui. Il s'était protégé très peu avant que l'attaque ne lui parvienne. Il tituba néanmoins sous le choc et la puissance de l'attaque. Il rouvrit les yeux et avança doucement vers le Lucario. Même s'il tenta de ne pas le montrer, ses membres étaient tous crispés. Il souffla, libérant une petite fumée blanche dans l'air avant de recommencer à créer des clones. Il allait de plus en plus vite malgré la douleur que cela lui causait. Dans le même temps, il envoyait quelques ondes psychiques à l'aide de sa corne. Il bondit ensuite sur le Lucario. Il savait qu'il jouait presque tout sur ses attaques. C'était quitte ou double, mais il ne pouvait faire durer plus longtemps ce combat. A l'air calme et légèrement affaibli que l'Absol affichait à peine quelques secondes auparavant, le Lucario n'aurait jamais pu prévoir qu'il parviendrait à délivrer un assaut d'une telle violence et une pléthore d'attaques aussi importantes. Même en étant optimiste, il n'avait aucune chance de pouvoir esquiver ou contrer l'ensemble de cette attaque massive. Même s'il était conscient qu'un seul des innombrables Absol qu'il voyait était réel et qu'il avait pu identifier ce dernier, le nombre d'ondes de choc était cette fois trop important pour toutes les détruire à coups de Griffes Acier. Résolu à devoir encaisser une blessure plus ou moins importantes, il fonça à une vitesse plus importante encore droit sur son adversaire. Suffisamment rapide pour éviter les lames psychiques qui vinrent s'écraser à l'emplacement où il se trouvait un instant auparavant, le choc frontal entre les deux Pokémon était inévitable. Le Lucario savait bien que l'Absol profiterait de cet assaut direct pour ancrer ses griffes acérées dans sa chair, mais il espérait pouvoir le percuter assez violemment pour le sonner ne serait-ce que quelques instants, afin de pouvoir lancer une dernière attaque qui mettrait fin à ce combat. Si l'Absol avait pu sourire, nul doute qu'il l'aurait fait. Sa patte droite se leva et vint percuter le flanc droit du Lucario, enfonçant les griffes du quadrupède dans le corps de son adversaire. La sensation du sang coulant sur ses griffes raviva plus violemment encore la Folie qui dansait dans ses yeux. Il semblait presque avoir oublié que le combat n'était pas fini, bien qu'il en soit encore à moitié conscient. La vue du liquide rouge excitait terriblement l'Absol, si bien qu'il oublia un instant la douleur qui lui parcourait le corps. Ses griffes étaient encore enfoncées dans le corps du Lucario dont le visage était déformé par la douleur. Le dresseur quant à lui ne pût retenir un cri de peur en voyant le sang de son Pokémon venir souiller la blancheur parfaite du sol couvert de neige. Néanmoins, le Lucario fît abstraction de la douleur et profita que l'Absol ne pouvait pas faire de mouvement rapide puisqu'il lui faudrait tout d'abord retirer sa patte de son corps. Pour s'assurer que son adversaire reste en place, il lui attrapa la patte avec l'une des siennes tandis qu'au bout de son autre patte se préparait une attaque dévastatrice. Une nouvelle Aurasphère. Il plaça sa patte à quelques millimètres à peine du visage de l'Absol fasciné par la vue du sang avant de lancer sa terrible sphère à bout portant. L'Absol eut tout juste le temps de tourner légèrement la tête avant que l'attaque ne le frappe de plein fouet. Il avait ainsi épargné à l'un de ses yeux d'être touché. Le choc et la puissance de la sphère l'envoya au loin. Il atterrit en soulevant une quantité importante de poudreuse. La douleur revint, plus forte que jamais. Curieusement, cela lui rappelait le premier jour où il s'était transformé. Il souffla doucement. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire. Il ne savait pas comment, mais il réussit à se relever. Cela lui prit un temps important. Il regarda le Lucario avec seul son œil droit d'ouvert. L'autre lui faisait souffrir le martyr. Sa respiration était rauque tandis que la fourrure de sa gorge se teintait de rouge. Il ne bougeait plus, continuant de fixer intensément le Lucario. Ce dernier avait dû poser un genou au sol. Malgré tout ses efforts pour maintenir son équilibre, sa blessure était plus importante qu'il ne l'avait prévu, tout autant que la quantité de sang qu'il perdait. Il fallait néanmoins mettre un terme à tout ça. Rassemblant ses deux pattes avant, il se concentra un instant avant qu'un éclat blanchâtre en émane. En les orientant vers son adversaire qui semblait être dans un état plus piteux encore que le sien, un faisceau d'énergie concentrée fusa tout à coup en produisant un grincement métallique. L'Absol regardait calmement l'énergie se diriger vers lui. Ses souvenirs lui avaient fait perdre cette envie de sang. Il savait qu'il ne tarderait pas à mourir, ou du moins à être plus que gravement blessé s'il n'esquivait ou ne contrait pas cette attaque. Il savait qu'il pouvait se protéger grâce à l'une de ses attaques. Mais il ne bougea pas et encaissa l'énergie de plein fouet. Il fut de nouveau envoyé au loin et souleva davantage de neige qui ne tarda pas à se teinter de rouge. Un léger souffle indiquait qu'il vivait encore. Il ne bougeait plus. Lentement, sa fourrure disparut, rentrant en lui. Sa peau devint beige pâle, comme celle des humains normaux, mais des plaques noirs restaient tout de même en place. Ses cheveux prirent une teinte aussi noire que la nuit tandis que ses yeux rouges comme le sang qui coulait de sa gorge redevinrent aussi verdoyant que l'herbe de l'été. Il avait encore plus mal ainsi, mais curieusement, il se sentait apaisé. C'était peut-être ça, la mort. Alors pourquoi continuait-il de respirer ? C'était comme si le souffle refusait de lui manquer, attendant un évènement avant de le quitter définitivement. Le Lucario blessé et son dresseur restèrent abasourdis un moment devant ce spectacle aux allures si surnaturelles. Mais le jeune homme n'eut pas davantage de temps pour se poser des questions lorsqu'il vit son Lucario tomber au sol, la perte importante de sang l'ayant fait basculer dans l'inconscient. Pris de panique, il se précipita de renvoyer son Pokémon dans sa Pokéball et en temps normal il se serait rué au Centre Pokémon pour le faire soigner le plus vite possible; mais malgré tout ce qu'il venait de se passer, sa conscience lui hurlait de ne pas laisser cet Absol, ou cet homme qui semblait légèrement plus âgé que lui, étendu là dans la neige à perdre tout son sang. Il s'approcha et prit son bras pour le passer par dessus ses épaules, espérant le porter tant bien que mal jusqu'à la ville un peu plus bas. Bien sûr, il se doutait que le comportement de cette créature pour le moins inhabituelle n'avait rien d'anodin et que sa Folie le reprendrait certainement dès son réveil, s'il survivait jusque-là, mais il nourrissait l'espoir naïf de pouvoir en apprendre plus et de venir en aide à cette personne qui semblait avoir enduré une souffrance infinie.
Post-Scriptum : Non, je ne donne pas tout ce que j'ai mais je donne un des cookies de Hens. |
| | | Hensoku
Dresseur
Nature : Mauvais
Niveau : 27
Exp : 353
| Sujet: Re: Recueil de deux écrivains. Mar 7 Juil 2015 - 21:26 | |
| Il aurait été insultant que je n'ai pas la première réponse de ce topic, vu que je suis tout de même l'un des principaux concerné. Pour la petite anecdote, on est parti sur ce duel littéraire après que j'ai taquiné Absi sur le fait que mon Legacy a toujours écrasé son Kishei sur Showdown. Oh et, Absi a promis de donner tout ce qu'il possède à celui qui parviendra à différencier nos différents passages respectifs, à vous de jouer ! o/ |
| | | Henumi
Écrivain
Nature : Bizarre
Exp : 499
| Sujet: Re: Recueil de deux écrivains. Ven 22 Juil 2016 - 21:58 | |
| Je pose ça là, si ça intéresse encore des gens, on sait jamais : - Einbrecher - Intrus :
Il cherchait. Il était seul, dans cette sorte de forêt déserte aux arbres espacés par de larges mètres. Ses cheveux blancs étaient balayés par le vent qui se levait pendant que ses yeux assez écarquillés à l’iris semblable à du feu s’activaient pour observer les environs, des striures dorées se faisant remarquer dedans. Sa peau aussi pâle que ses cheveux devait se voir à milles lieux, dans cet environnement hostile. Il était habillé assez simplement, en tenue d’un monde dépourvu de magie où il comptait se rendre à la base. Mais maintenant qu’il était dans cette étrange dimension, il en profitait pour explorer chaque recoin. Son pull possédait une capuche et tranchait avec sa peau avec un gris plutôt pâle, tandis qu’il portait un pantalon souple, parfait pour les mouvements acrobatiques. Les sens en alerte, il cherchait, sans vouloir trouver une chose en particulier. Il avait juste envie de chercher. Il tournait la tête au moindre bruit et sautait sur le moindre insecte pour l’observer. Il pourrait faire cela pendant des heures, sans se lasser.
Au même moment, un jeune homme se dirigeait justement vers cette forêt, où tout du moins vers les vestiges qu’il en restait, seuls quelques arbres ayant résisté aux attaques répétées des Damnés, créatures de cauchemar capables de corrompre les cadavres de leurs victimes pour gonfler leurs rangs. Le jeune homme équipé d’armes de toutes sortes avait été alerté par un vieillard du village voisin : “Un Damné ! Un Damné supérieur avec de grandes ailes noires ! Il est apparu de nulle part à travers une espèce de portail étrange ! Il faut à tout prix s’en débarrasser avant qu’il s’en prenne à notre pauvre petit village ! Je n’ai pas de quoi vous payer mais…” avait-il dit. Cependant, le jeune mercenaire n’avait nul besoin d’argent pour accepter de se charger de cette affaire, les simples mots “Damné supérieur” étant tout ce qu’il avait besoin d’entendre. Des mois à se charger de requêtes sans intérêt, à n’éliminer que de faibles Damnés inférieurs et voilà qu’un challenge se présentait enfin à lui, pour rien au monde il n’aurait renoncé à cette opportunité. Il est parti sur le champ, son arsenal sur le dos et à la ceinture, voulant à tout prix éviter que quiconque puisse le coiffer au poteau. Cet adversaire allait être à lui et à lui seul.
Il ne portait qu’une tenue des plus simples : un pantalon brun souple et résistant, une veste de la même couleur ouverte sur un T-shirt blanc, et c’était tout, si l’on occultait les nombreuses armes qu’il portait. Il avait déjà porté de lourdes armures le protégeant très efficacement, mais il était plus à l’aise en portant quelque chose de plus léger. De plus, le fait de ne pas être décemment protégé des attaques ennemies ajoutait de l’adrénaline à ses combats qui en manquaient généralement. Il était parti le sourire aux lèvres, mais à mesure qu’il progressait dans la forêt, son air se faisait de plus en plus dubitatif.
— Cette odeur… Ce n’est pas celle d’un Damné, se dit-il à lui-même bien qu’à haute voix.
Car ses capacités que peu de gens lui connaissaient avaient aiguisé ses sens, et il connaissait bien l’odeur des Damnés. Une odeur de pourri, de chair putride, car c’est ce qui composait le corps de ces monstres autrefois humains ou animaux. Tandis que l’odeur qu’il sentait à ce moment était plus… En fait, il n’aurait pas pu la décrire. Une odeur qu’il ne connaissait pas, une odeur ne pouvant exister dans ce monde même. Il suivit se trace durant quelques minutes supplémentaires avant d’en trouver l’origine :
— Humpf… Le vieil homme m’a dit avoir vu un Damné avec de grandes ailes noires. Tu n’es visiblement pas un Damné et je ne vois aucune aile dans ton dos. Pourtant, je suis convaincu que c’est de toi qu’il parlait. Tu dégages une odeur… particulière, je doute même qu’un être humain lambda puisse la sentir. Qu’est-ce que tu es au juste ?
Le garçon se retourna et fixa en silence l’homme qui lui parlait. Il se leva et alla se réfugier derrière un arbre, l’observant de sa cachette de fortune.
─ Ça… C’est des épées ?
Il semblait avoir parlé bas, mais il était bel et bien audible. Il ne mit pas longtemps avant de faire une roulade pour sortir de sa cachette, s’asseyant par terre en faisant abstraction de la saleté qui s’était accroché à lui. Il regardait fixement non pas son interlocuteur, mais les armes qu’il pouvait voir dans son dos. Il n’avait nullement l’air effrayé, son visage restait le même. Cependant, ses yeux trahissaient un intérêt brûlant pour l’arsenal du mercenaire.
─ Je peux les voir ? S’il te plaît ?
— Tout dépend de toi. Penses-tu que j’ai besoin de m’en servir ? Je ne les dégainerai que si je dois affronter quelqu’un.
─ Oh ? C’est vrai ? Trop cool… !
Le petit semblait presque avoir des étoiles dans les yeux pendant qu’il regardait le mercenaire.
— Tu ne m’as toujours pas répondu. Qu’est-ce que tu es ? Et plus important encore, que viens-tu faire ici, dans ce monde qui n’est pas le tien ? Ne sois pas étonné, tu n’es pas la première créature d’un autre monde que je rencontre.
─ Je sais pas. Je voulais échapper au tyran. J’aime pas faire des exercices ! Mais…
Il tourna la tête à droite, puis à gauche, avant de revenir sur l’homme.
─ Je crois que je me suis trompé de monde. Et je n’arrive pas à trouver de failles. Mais il est intéressant, ce monde ! Il y a plein de nouvelles choses !
— Peut-être, mais si tu es habitué à voyager entre les mondes, tu dois savoir que ta présence dans celui-ci le met en danger. Je vais devoir te demander de partir au plus vite, avant qu’une catastrophe se produise. A moins que je doive débarrasser ces terres de ta présence moi-même.
Le jeune homme dirigea sa main droite vers l’une de ses épées, sans pour autant la prendre en main, signalant simplement à son interlocuteur qu’il était tout à fait prêt à passer à l’attaque s’il le devait.
— Qu’en penses-tu ?
─ Oh, tu es un super-héros en fait ? C’est cool comme métier ! Moi aussi, je veux être un super héros comme toi !
Le gamin leva ses bras dans un semblant d’enthousiasme, comme le ferait un jeune enfant surexcité, ce dont il n’avait pas l’air à première vue.
─ Mais, mais, c’est vrai que ma présence créé un danger pour le monde ? C’est que la deuxième fois que j’en change, et on m’a rien expliqué ! Ils sont moins cools que toi, là-bas, en plus !
— Allons bon, c’est bien ma veine… Autant t’expliquer dans ce cas. Tu vois, la présence de n’importe quel être ou même objet dans un autre monde que le sien fragilise les Confins, le tissu entre les mondes. Si cette présence se prolonge un peu trop, une partie des Confins se brise. Si cela se produit, les différents mondes se mettent à se chevaucher les uns les autres. Mais comme il est impossible de les superposer, ils se détruisent mutuellement en se rapprochant. Autrement dit, plus tu reste dans un autre monde que celui d’où tu viens, plus le risque que les mondes s’entrechoquent et se disloquent et grand. J’espère que tu comprends.
─ Oh… Je ne savais pas. Mais, mais, les Abysses, c’est pas un monde. Et c’est le mien. Mon origine. Je crois que je suis né là-bas. Alors alors, il n’y a pas de problèmes, pas vrai ?
Le garçon posa ses coudes sur ses genoux avant d’appuyer son menton sur ses mains, regardant fixement les yeux de son interlocuteur.
— Oh, un monde qui n’en est pas un ? Voilà qui est très intéressant je dois dire, je ne connais rien de tel. Mais de ce fait, je ne connais pas non plus la réponse à ta question. Cela dit, je ne compte pas prendre le risque de le découvrir en te laissant tranquillement gambader ici sans savoir ce que ça pourrait provoquer. Je n’ai rien contre moi, mais je dois te le demander une nouvelle fois : Pars au plus vite de ce monde si tu ne veux pas que je m’en charge moi-même.
Le main du jeune homme s’était encore un peu rapprochée de la garde de l’une des épées dans son dos. Il était bien décidé à s’en servir si le garçon qui lui faisait face ne voulait pas entendre raison, et ce malgré qu’il n’ait rien contre lui. Le risque était simplement trop grand, le mercenaire ne pouvait imaginer risquer de perdre ce qu’il avait mis tellement de temps à trouver, alors il éliminerait tous ceux mettant en danger ce à quoi il tenait, sans états d’âme.
— Dernier avertissement.
─ Trop cool…
Sans sembler prêter attention à ce que disait l’homme, le jeune garçon le fixait, ou plutôt, fixait son épée. Peut-être n’avait-il pas entendu, perdu dans ses pensées, ou peut-être n’avait-il pas envie d’entendre. Le fait est qu’il ne bougeait toujours pas.
— Humpf, très bien, comme tu voudras.
Le mercenaire s’empara de deux épées jumelles : une lame noire dans la main droite et une lame blanche dans la main gauche. Au moment où il les toucha, toutes ses autres armes disparurent dans un éclat de lumière.
— Une dernière chose : je n’ai rien d’un héros.
Sur ces mots, il s’élança à une vitesse incroyable, se retrouvant à quelques centimètres du garçon en un battement de cils, prêt à abattre sa lame noire vers le crâne de ce dernier. Celui-ci ne mit pas longtemps avant de réagir et de déployer une large aile noire faite d’une matière semblable à du cristal.
─ On dirait un justicier, pourtant…
L’intrus se faufila vers l’arrière en se protégeant avec son attribut céleste, faisant en sorte d’être bref. Il fit de petits bonds en arrières pour se camper sur ses jambes. Un bruit de tissu entrain de se déchirer se fit entendre et deux lames recourbées partant du poignet pour s’arrêter peu avant le coude apparurent, rompant le tissu de son pull. Dans le même temps, l’aile déployée rapetissa pour disparaître totalement, absorbée par le corps du garçon.
─ On joue ensemble et je m’en vais ? Ça te va ?
L’épéiste était quelque peu surpris, autant par l’étrange transformation du jeune garçon qui lui faisait face que par sa rapidité de réaction. Il se ressaisit néanmoins rapidement avant de reprendre la parole :
— Je constate que le vieillard n’avait pas rêvé, tu as bien des ailes au final. Et d’autres… attributs il semblerait. Peu importe. Tu dis que j’ai l’air d’un justicier ? Je me fiche éperdument de ce qui est juste. La seule chose qui m’importe est d’éliminer ce qui met en danger le peu de choses que j’ai à protéger. Et en ce moment même, tu les mets en danger. Tu peux prendre ça pour un jeu si ça t’amuse, mais je suis bien décidé à te faire disparaître de ce monde, quitte à te faire disparaître définitivement de tous les mondes.
Le mercenaire lâcha ses épées qui disparurent à leur tour dans le même éclat de lumière que ses autres armes. Pour les remplacer, un arc des plus imposants et richement décoré apparut dans ses mains, ainsi qu’un carquois rempli de flèches dans son dos. Il encocha l’une d’elles sur la corde de son arc et se mit en position de tir, visant son adversaire en plein coeur.
— Toujours pas prêt à partir de toi-même ?
─ Nah. Parce que si je dis que je me suis fait attaquer, on va pas me donner d’exercices en plus. Et c’est cool, de se battre contre quelqu’un qui est aussi cool que toi. Et après, je partirai et je pourrai raconter à tout le monde que je me suis battu comme un grand !
Pour appuyer ses propos, l’enfant fit un petit bond en l’air avant de se mettre en garde.
─ Allez ! Approche, super-justicier ! Moi, le grand vilain, ne vais faire qu’une bouchée de toi !
— Tss, tu n’es qu’un gamin, tu ne comprends même pas ce qui est en jeu. Peut-être comprendras-tu quand il n’y aura plus que la mort qui t’attend. Laisse-moi te prévenir, je ne te ferai aucun cadeau. Si tu tiens temps à rester et à te battre, sois prêt à en payer le prix.
Le mercenaire décocha sa flèche, filant à toute vitesse vers le torse de l’étrange garçon. Ce n’était qu’une flèche relativement simple, mais celui qui l’avait tirée avait confiance en son tir, connaissant parfaitement les dommages qu’il pourrait engendrer. L’enfant se décala un peu pour esquiver la flèche et vint trancher en deux la branche.
─ Non, je ne comprends pas. Tu as raison. Mais je doute que je puisse comprendre un jour.
Tout en parlant, son pantalon se déchira à son tour aux niveaux des tibias pour faire apparaître ces mêmes lames recourbées, partant du bas des genoux pour s’arrêter peu avant ses chevilles. Son adversaire n’étant visiblement pas enclin à se laisser faire, le mercenaire réalisa qu’il devait se montrer un peu plus agressif. Son arc lui permettait d’effectuer des tirs d’une puissance rare, mais si sa cible était assez rapide pour les esquiver, il ne pourrait probablement rien en faire. Il lui fallait plutôt agir au corps à corps, alors il fit disparaître son arc pour reprendre ses épées en main, se plaçant dans une position nonchalante afin de provoquer son adversaire.
— T’attaquer m’ennuie pour le moment; et si tu essayais plutôt ? Un combat n’est pas amusant s’il est à sens unique.
─ Mais, mais, si je t’attaque, je serais vulnérable. Et tu le sais, non ? Tu dis ça pour mieux m’attaquer ensuite.
Pendant qu’il parlait, l’enfant avançait cependant vers son interlocuteur, d’une démarche souple, mais surtout lente et prudente.
— Humpf, derrière son air enfantin un peu distrait, il est loin d’être idiot. J’ai bien peur de l’avoir sous-estimé, il doit mieux savoir se battre que je ne l’avais anticipé, pensa l’épéiste. Pour autant, il va bien falloir que j’agisse. S’il reste sur la défensive je n’arriverais pas à le toucher, mais si je ne fais rien, je ne suis pas sûr qu’il finisse par m’attaquer de lui-même…
Ne sachant pas vraiment quelle était la meilleure stratégie à adopter, le mercenaire décida de partir une nouvelle fois à l’assaut, se préparant à contrer la parade ou l’esquive du garçon face à son premier coup. Se projetant à la même vitesse que tout à l’heure, il effectua un coup d’estoc en direction de l’abdomen de son ennemi de fortune. Ce dernier fit un bond en arrière avant de sauter assez haut pour passer au dessus de son adversaire à l’aide de ses ailes qu’il venait de déployer. Il tenta ensuite un coup de pied dans le dos de celui-ci, cherchant à utiliser la lame qu’il possédait dessus, tout cela dans un temps plus ou moins rapide. Le mercenaire n’avait pas prévu une esquive et une contre-attaque du genre, mais il eut tout de même le temps de se retourner et de parer le coup de sa seconde lame, bien qu’il s’en fallut de peu.
Le fait qu’il soit encore au sol tandis que son adversaire se trouvait à quelques centimètres dans les airs lui permit de le repousser facilement. Ce dernier, déséquilibré par cette riposte, fût obligé d’atterrir sur un seul pied, peinant à retrouver son équilibre. Le mercenaire s’empressa de tirer partie de cette opportunité, faisant une nouvelle fois disparaître ses épées, une longue chaîne enroulée autour de son bras sans pour autant toucher ce dernier apparût pour les remplacer. D’un simple mouvement de ce bras, il lança la chaîne armée d’une petite lame particulièrement tranchante à son extrémité vers la gorge de son adversaire. A la vitesse où elle allait, le garçon ailé n’avait que peu de chances de l’esquiver, déstabilisé comme il était. La meilleure façon qu’il trouva pour s’en échapper dans les temps fut de se laisser tomber en arrière et de rouler hors de portée de l’arme. Il ne mit pas longtemps avant de se redresser à quatre pattes, se tenant presque comme un animal, les yeux rivés sur l’homme qui lui faisait face.
— Oh, je ne m’attendais pas à ce genre d’esquive. Qu’importe.
Tandis que la chaîne revenait vers son lanceur en disparaissant sous la manche de son bras droit, le mercenaire fît apparaître une rapière blanche dans sa main gauche, s’en servant pour faire surgir une pointe aiguisée de roche juste sous son adversaire. Celui-ci roula à nouveau hors de portée de l’attaque mais fit apparaître ses ailes pour pouvoir se relever plus rapidement et se propulser vers son adversaire, les avants bras en avant.
— Tu passes enfin à l’attaque ! Parfait…
Le mercenaire se prépara à recevoir l’attaque, se décalant légèrement sur le côté, il n’eut plus qu’une seule lame à parer, ce qu’il put faire facilement à l’aide de sa rapière. Puis, à l’instant d’après, il remplaça sa rapière blanche par une rapière rouge plus épaisse et porta un coup au flanc de son adversaire.
— Maintenant, le combat est terminé…
Mais contrairement à ce qu’il avait prévu, la lame de sa rapière ne s’illumina pas, signe qu’elle ne pouvait pas absorber la magie de la personne qu’elle avait blessée comme elle le faisait habituellement. Pris de court, le mercenaire se retira rapidement pour prendre ses distances.
— Hum, alors tes pouvoirs ne sont pas d’origine magique ? C’est bien étrange, je n’ai rencontré qu’une seule personne telle que toi par le passé. Es-tu né naturellement avec ce corps particulier ou ton corps a-t-il été modifié pour en faire une arme ?
Le garçon se releva après une roulade légèrement forcée par le coup de son adversaire.
─ Je ne suis pas une arme. Les Abysses m’ont créé ainsi. C’est tout. Je ne suis même pas né pour être une arme.
Ses yeux fixaient l’homme, et bien que son expression ne changeait pas, ses yeux brillaient d’indignation à cause de la question de l’autre.
─ Je me suis simplement approprié le pouvoir de mon mentor et l’ai mêlé à mon sang, de façon à ce que ce ne soit plus de la magie, mais une partie de moi.
Pendant qu’il parlait, il s’étirait, faisant craquer certains de ses os sans véritablement le vouloir. Il ne faisait même pas attention à sa petite blessure causée par le mercenaire.
─ Quel genre de choses peuvent arriver si je reste trop longtemps ici, à ton avis ?
— Imagine deux planètes entrant en collision. Maintenant remplace les planètes par des mondes tout entiers, voilà ce qui peut arriver. Et même si tu ne reste pas assez longtemps pour que cela arrive, la fragilisation des Confins fait que des passages incontrôlés entre les mondes peuvent s’ouvrir, aspirant des personnes et les envoyant dans un monde qu’ils ne connaissent pas, sans qu’ils aient rien demandé. Il se peut également qu’un monde en paix où ne vit aucune créature dangereuse soit soudainement envahi de créatures monstrueuses provenant d’autres mondes. Pour faire simple, tous les mondes peuvent être mis en ruines simplement parce que tu te trouves dans un monde où tu ne devrais pas être.
─ Oooh, je vois… Même si les Abysses ne sont pas un monde à part entière. Ce serait embêtant que des innocents soient absorbés là-bas… Mais, je peux bien m’amuser un peu. Les autres gèrent, de toute façon.
L’enfant se tourna face à son adversaire avant de courir vers lui. Il sauta vers le sol, se rattrapant de ses mains pour venir abattre les lames de ses jambes vers son adversaire, une visant son épaule, l’autre visant son torse. Mais avant que cet assaut ne l’atteigne, le mercenaire remplaça sa rapière rouge par sa consoeur blanche et fît apparaître un épais mur de roche en face de lui afin de se protéger. Seulement, les lames de son adversaires étaient plus robustes qu’il ne l’avait anticipé, car bien qu’elles furent effectivement arrêtées par la roche, elle se plantèrent néanmoins à quelques millimètres à peine de lui. Quelque peu surpris, il mit un peu de temps avant de réagir, faisant apparaître un nouveau mur de roche derrière le garçon et le projetant rapidement vers le premier afin d’écraser son adversaire entre ces deux épaisses plaques. Heureusement pour ce dernier, il put utiliser ses ailes pour se propulser hors de la roche. Sa capuche en subit cependant les frais, happé par la collision et retenant l’enfant sur la roche pendant qu’il cherchait à couper le tissu avec ses lames, espérant qu’il y arriverait avant que son antagoniste ne l’attaque de nouveau.
Bien entendu, ce dernier s’empressa de profiter de cette occasion. Utilisant une nouvelle fois la magie de sa rapière, il déploya à nouveau une épaisse pointe de roche, partant des deux plaques contre lesquelles le garçon était retenu afin de l’empaler au niveau du ventre. Celui-ci, sentant quelque chose arriver, fit une roulade contre le mur, s’aidant de ses ailes comme propulsion pour se retrouver de l’autre côté du mur et réussit enfin à couper le tissu de sa capuche en l’air, lui permettant de faire un grand bond en arrière, mettant une distance respectable entre lui et les roches.
— Hum, tu es vraiment plus doué que tu en as l’air, très peu de gens auraient pu se tirer de ce guêpier-là. Je t’en féliciterait presque, mais ça ne m’arrange pas, je dois toujours t’éliminer. Passons à quelque chose de plus direct.
Le mercenaire fit disparaître sa rapière et, pour la remplacer, fît apparaître un long bâton de bois à l’apparence assez simple. Quelques symboles étaient gravés près des deux extrémités mais sinon, ce n’était qu’un long bâton de bois lisse.
— Je commence à en avoir assez, finissons-en.
Le garçon fixa le bâton, cherchant à comprendre les symboles.
─ Qu’est-ce que c’est… ? Un bout de bois ? Mais c’est quoi ces symboles ? Dis, tu peux me le dire ?
— Ah, j’ai bien peur que non. Il s’agit d’une langue perdue que je suis incapable de déchiffrer, même si mon nom provient de cette même langue. Plus ou moins. Mais connaître la signification de ces symboles n’a aucune importance, tu devrais plutôt t’inquiéter de ce que ce bâton va te faire.
─ De la même langue… ? C’est peut-être ce que l’autre essaye de m’apprendre depuis tout à l’heure… Je peux noter les symboles du bâton, dis ?
— Ahah ! Nous sommes en plein combat et tu me poses une telle question ? Tu es décidément bien étrange. Mais soit, si tu veux, tu pourras les noter. Si tu parviens à me tuer, le bâton sera tout à toi.
─ Je n’ai pas à te tuer… Je suis l’intrus, et toi, celui qui chasse les intrus. Te tuer serait injuste et inacceptable. Aussi intolérable que ma présence ici, pour te donner un ordre d’idées.
— Il faut parfois savoir se montrer injuste et cruel. Je n’ai aucune raison de te tuer, il suffirait que tu partes de ce monde. Pourtant, je suis bien décidé à mettre fin à tes jours. Parce que je ne suis pas le gentil de l’histoire. Et si tu n’as pas cette même intention en retour, la seule issue qui t’attend est la mort.
─ Je peux fuir, aussi. Créer un portail est une chose aisée, pour moi. Même inconscient, je peux fuir de la sorte. De plus, mon diktat est de protéger les innocents. Pas de les détruire. Même si tu penses et que tu essayes, tant que je ne suis pas mort, tu resteras innocent.
— Crois-moi, je ne suis plus innocent depuis bien longtemps déjà. Et puis, tu peux t’enfuir à travers un portail, j’ai les moyens de te suivre. Ton insouciance face aux voyages inter-mondes met tous ces mondes en danger, je ne peux pas te laisser vivre à ta guise en sachant cela. ─ Si je fuis, je retourne dans les Abysses, pas dans un autre monde. Et là-bas, si tu réussis à me suivre, tu te feras arrêter. Et moi aussi, mais moi, je serai confiné là-bas, et toi, renvoyé dans ton monde. C’est simple.
— Sauf que je ne partirai pas seul, la personne me permettant de te suivre pourra annihiler tes “Abysses” d’un simple mouvement de poignet. Je doute qu’il y ait qui que ce soit là-bas capable de lui résister. Souhaites-tu vraiment prendre ce risque ?
─ Le Coeur des Abysses ne peut être détruit. Des Abysses nous sommes nés, aux Abysses nous retourneront. Tout pouvoir là-bas est annihilé, comprimé, refoulé, rien ne peut leur échapper. Leurs Gardiens sont imprévisibles et dotés d’une force extraordinaire, l’un d’entre eux étant intuable, imbattable, craint de tous, même pour les enfants des Abysses, alors que lui n’en est pas un. Il est impossible de détruire les Abysses sans détruire tous les mondes, car il s’agit de ce qui les fait vivre. Cela m’étonne que tu ne connaisses rien d’elles, si tu es pourtant renseigné des différents mondes et des risques encourus par les voyages…
— Raison de plus, Nero sera plus que ravi de se rendre dans un tel endroit et de s’en donner à coeur joie jusqu’à que sa réserve infini de magie soit épuisée. Nero est invincible et immortel, il a assisté à la naissance de tous les mondes, il pourra sans mal se débarrasser du danger que représentent les Abysses et ensuite remplacer les éventuels mondes que leur disparition détruirait. Je vais me répéter, mais souhaites-tu vraiment prendre ce risque ?
─ Les Abysses en elles-mêmes ne sont pas dangereuses… Les personnes à l’intérieur, si. Je ne pense pas que Nero, peu importe qui il est, fasse une chose pareille. De toute façon, Henumi sera là, et l’arrêtera. Il est aussi invincible et immortel que lui, sans doute. Je me demande ce que donnerait un combat entre deux invincibles immortels… Surtout dans les Abysses qui empêche chaque chose de sortir. Mais, je n’ai pas envie que ce qui m’a donné naissance disparaisse… J’ai vu ce que ça faisait, pour certains, et ce n’est pas une chose enviable…
Le garçon semblait presque penser à voix haute, bien qu’il parlait bel et bien au mercenaire. Ses yeux et son ton s’étaient fait pensifs, voir tristes.
─ Même si je veux partir et ne plus sortir des Abysses avant d’être prêt à voyager entre les mondes sans causer de problèmes comme le font les Gardiens, tu me poursuivras pour me tuer, c’est ça ?
— Pas nécessairement, c’est une affaire dont je devrai discuter avec Nero justement. Mais il faudrait déjà que tu veuilles repartir et ne plus entreprendre de voyage avant de savoir le faire convenablement. Est-ce ce que tu souhaites ? Je suis prêt à te laisser partir si c’est le cas.
─ Ce Nero… Comment il est, dans son mode de pensée ? Il pourrait bien venir tout détruire. Et là, je devrai faire quelque chose pour l’en empêcher… Mais je ne suis ni invincible, ni immortel, alors il me tuerait facilement…
— Nero est… désespéré, encore plus que moi. Mais il est également quelqu’un de très réfléchi. Il cherche à tout prix à mourir, quitte à ce que cela coûte l’existence d’un monde ou deux. S’il apprend qu’un lieu tel que les Abysses existe, je suis sûr qu’il ne pourra s’empêcher de s’y rendre pour voir si quelque chose là-bas peut mettre fin à son tourment. Mais… autant te prévenir, ses tentatives de suicide sont généralement de très grandes ampleur. La dernière fois, il a exterminé une armée entière après avoir animé des milliers de morts-vivants pendant des mois dans le seul espoir d’épuiser sa réserve de magie. Ça n’a pas suffit.
L’enfant secoua la tête, comme pour un signe de désaccord. ─ Les Abysses ne sont pas un endroit où l’on meurt. On y souffre, souvent, très longtemps, mais jamais on ne meurt, là-bas. Jamais. On ne peut ni tuer, ni mourir. On peut blesser, ça oui. Mais pas mourir ou tuer. Après, pour quelqu’un ayant le pouvoir de détruire des mondes… Je ne sais pas, s’il peut tuer à l’intérieur des Abysses. Peut-être. Henumi n’a jamais fait ça, il n’a jamais eu de raison de le faire… Je ne veux pas tuer des innocents, ou être la cause de leurs meurtres. Je suis prêt à ne plus revenir avant de maîtriser parfaitement le passage entre les mondes, celui où rien ne sera altéré, du moment que tout reste dans l’ordre.
— Connaissant Nero, il tenterait tout de même le coup, et il se ficherait bien des dommages collatéraux. Mais après tout, rien ne m’oblige à lui en parler. Si tu respectes ta parole, je n’aurais aucune raison de le faire. Mais il me faudrait une assurance, quelque chose me prouvant que toi ou n’importe qui d’autre venant de ces Abysses ne cause plus de problème. Peux-tu m’apporter quelque chose de ce genre ?
─ Une preuve ? Quel genre ? Une chose matérielle ? Je ne sais pas de quoi tu parles… Je ne vois pas ce que je peux donner…
— Comment puis-je m’assurer que tu respectes bel et bien ta parole dans ce cas ? Il serait irresponsable de ma part de te laisser partir sans être certain de tes bonnes intentions. A peine reparti dans les Abysses, tu pourrais te diriger vers un autre monde et mettre de nouveau l’existence toute entière en danger.
─ Mais je ne sais pas quoi donner… ! Je ne possède rien, je ne sais rien faire, je ne sais pas ce que je peux donner comme preuve, comme assurance… Je ne sais pas… Tu n’as pas d’exemple… ?
Le visage du garçon commençait à se faire expressif, trahissant un semblant de panique qui reflétait mal celle qui bouillait en lui.
— Hum… Je ne connais ni les Abysses ni ses résidents, je n’ai pas plus d’idées que toi. Cela dit… Nous pouvons peut-être procéder autrement. Je peux te laisser repartir et, avec l’aide de Nero, inspecter régulièrement l’état des Confins. Si nous constatons une dégradation, puisque nous ne saurons pas si les Abysses en sont à l’origine ou non, nous serons bien obligés de venir vous demander si vous êtes impliqués là-dedans. Le problème… C’est que, comme je te l’ai dit, parler des Abysses à Nero est extrêmement risqué. Il faudrait trouver une autre alternative… Au risque de te paraître cruel, t’éliminer est une solution pour m’assurer que tu ne causeras pas plus de problèmes.
─ … Ah ! Ou, ou sinon, je peux avoir un lien ! Un lien qui m’empêcherait de quitter les Abysses ! Si Henumi me met un lien, il n’y aura plus de problèmes, pas vrai ? Hein, hein ?
— Encore une fois, comment puis-je m’assurer que ce lien soit bel et bien mis en place ?
─ Je… Je peux appeler Henumi ! Et comme ça, il ira bien mettre le lien devant toi ! Et ce sera bon, pas vrai ?
— S’il peut également m’assurer que personne d’autre ne franchira de portails sans en connaître les conséquences, il ne devrait y avoir aucun problème.
─ Il peut ! Je suis sûr qu’il peut ! Sûr de chez sûr !
— Y a-t-il le moindre risque qu’il cherche à me tuer ? Après tout, de ce que tu m’as dis de lui, il n’aurait aucun mal à le faire. ─ Il va surtout me tuer moi… J’avais pas le droit de rater mes exercices… Alors de nous deux, c’est vers moi qu’il se tournera…
— Ça, il fallait probablement y penser avant de partir sans en avoir la permission. Est-ce que tu peux l’appeler dès maintenant ?
─ Bien sûr ! Mais je vais créer une mini faille, du coup, pour communiquer avec les Abysses… Ça va quand même, en sachant que Henumi va régler son problème juste après ?
— J’imagine que nous n’avons pas trop le choix. Je peux moi-même ouvrir des failles, mais je ne saurais pas en diriger une vers les Abysses et ma méthode d’ouverture cause encore plus de dégâts qu’une faille habituelle.
─ D’accord, donc j’ouvre !
L’enfant déploya ses ailes noires et se mit de profil par rapport à l’homme, avant de concentrer son énergie sur une zone précise avant de la transpercer de ses cristaux, ouvrant ainsi une petite faille. Il sembla soupirer, son souffle se transformant en une sorte de nuage et partant à travers la brèche. Il referma ensuite celle-ci.
─ Il devrait arriver d’ici très peu de temps, à peine trente… Vous marchez en quelle unité de temps, ici ?
— Secondes, minutes, heures, si ça te dit quelque chose.
─ Oh, comme les humains ? Par tranche de soixante ? Si c’est le cas, il devrait arriver d’ici dix secondes, environ.
Très peu après la fin de sa phrase, une faille plus grande s’ouvrit et un jeune enfant qui semblait avoir au grand maximum sept ans en sorti. Il était habillé simplement, un t-shirt bleu pâle ainsi qu’un petit short en tissu dans le même genre. Ses cheveux étaient presque aussi blancs que celui de l’autre garçon, deux mèches descendant sur ses épaules tandis que le reste ne dépassait pas le cou et ses yeux d’un bleu intense se posèrent sur le mercenaire. S’il avait l’air enfantin et inoffensif, son aura magique était d’une puissance incontestable. Celle-ci était si forte que des petites effluves bleuâtres s’échappaient de son corps, comme une légère fumée intenable, visibles à l’oeil nu.
─ Vous êtes ?
Sa voix était en tout point semblable à celle d’un enfant de l’âge de son apparence physique, mais l’assurance qui s’en dégageait était celle d’un être ayant vécu depuis un très long moment. Le mercenaire aurait pu être sceptique en voyant l’être aux apparences enfantines qui lui faisait désormais face s’il n’avait pas déjà rencontré des enfants aux pouvoirs terrifiants. De plus, même les personnes possédant le plus de magie dans ce monde ne laissaient pas s’échapper des effluves de celle-ci. Ces signes étaient plus que suffisants pour convaincre le jeune homme de la puissance de “l’enfant”.
— Disons que… Je surveille les entrées et sorties de ce monde, afin d’éviter que le tissu entre les mondes se déchire et que tout, absolument tout soit détruit. Mais je ne vous apprends rien j’imagine ?
─ Effectivement. Je cherchais à savoir ce que vous faites avec mon élève, à attendre avec toutes ces armes. Il n’est pas dangereux en lui-même, et ses brèches sont aisément réparables. Il n’y a nul besoin de l’attaquer avec tout ça. Sauf si vous n’étiez pas au courant et que vous pensiez qu’il allait tout détruire de part son insouciance ?
— Toutes ces armes ? Alors vous pouvez voir toutes mes armes même si elles se trouvent dans une autre dimension actuellement ? Intéressant… Mais plus sérieusement, je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un capable de réparer ces brèches, il me semblait que les dommages subis par les Confins ne se résorbaient jamais. Toujours est-il que même si l’on peut réparer les dégâts, la présence d’un être dans un monde qui n’est pas le sien est dangereuse. Ne connaissant pas les circonstances de la visite de votre élève ni son histoire, je ne pouvais prendre un tel risque, pour la sécurité de ce monde ainsi que de tous les autres.
─ Je peux réparer les brèches les plus mineures, mais c’est tout ce que je peux faire. Mon élève ici présent ne fait que ce type de failles, alors j’ai pu réparer celles qu’il a causé en venant dans ce monde. Mais s’il m’a appelé, c’est qu’il se passe autre chose qu’une simple mise en garde de la part d’une personne qui surveille les failles. Ne l’auriez-vous pas laissé fuir, même s’il était retourné dans les Abysses ? Il a bien dû laisser échapper qu’il avait fuit ses exercices, non ?
— Effectivement, mais mettez-vous à ma place, je ne pouvais pas savoir si je pouvais lui faire confiance, s’il n’y avait aucun risque qu’il cause davantage de problème de part son insouciance. J’étais prêt à prendre les mesures nécessaires, mais apparemment, vous avez un moyen de m’assurer qu’une telle chose n’arrivera pas. Si c’est réellement le cas, je n’aurais plus de raison d’être méfiant.
─ Hm, vous n’avez pas l’air doté de magie. Donc vous ne pouvez pas vérifier en utilisant cette énergie s’il mentait, cela explique bien des choses. Par contre, il me faut une autre explication. Quel moyen d’assurance attendez-vous de moi ou de mon élève ? Je suis enclin à en fournir un, mais pas sans précision. Si vous ne le savez pas vous même, comment voulez-vous que nous puissions nous entendre ?
— Pour tout vous dire, j’attendais justement que vous puissiez me donner des précisions. Votre élève a parlé d’un lien. Il m’a également dit que vous pourriez m’assurer que les résidents des Abysses ne causeraient plus d’incident de ce genre. Mis à part ça, je ne connais rien aux Abysses, à ce que vous pouvez faire et à tout le reste. Alors j’espérais que vous seriez en mesure d’éclairer ma lanterne.
─ Oh, ce n’est que ça ? Expliquons rapidement alors. Les Abysses ne sont pas un lieu d’habitation, mais un endroit de souffrance éternelle. Un peu comme l’enfer, très basiquement. Cependant, nous ne traitons pas les cas des personnes sans pouvoir, mais celles profondément mauvaises et puissantes. Ainsi, avec ce qui est arrivé à ce monde, nous aurions pu prendre en charge l’entité à l’origine de cette déchéance. Mais puisque quelqu’un d’autre s’en est occupé aussi efficacement que nous, c’est largement suffisant. Les Abysses donnent parfois naissances à des personnes d’une grande puissance, même s’ils sont très inoffensifs au début de leurs vies, voir toutes leurs vies pour certains. Ils ont généralement un rôle défini, protéger les Abysses, voir aller à la recherche d’entités dangereuses pour les ramener là-bas. Et les personnes qui passent à travers les mondes ne sont nullement dangereuses au niveau des failles, qu’elles savent manier à la perfection, voyageant sans causer de dommages. Pour les Gardiens, le niveau et leurs compétences varient selon leur tâche principale. Ainsi, une personne formée à l’attaque ira à la recherche du danger tandis que d’autres plus défensifs resteront près du coeur, même si cela ne marche pas toujours ainsi. Est-ce plus clair ?
— En effet, mais si les agissements de votre élève m’ont appris quelque chose, c’est qu’il peut y avoir des petits imprévus. Comme quelqu’un voyageant vers un autre monde que les Abysses d’où il vient sans savoir comment manier parfaitement les failles qu’il ouvre. Il s’agit là du seul problème que je cherche à régler, car cela représente un immense danger, surtout s’ils ne connaissent pas les conséquences de leurs actes.
─ Il est, à ce jour, le seul à avoir fait cela depuis la création des Abysses. Aussi, à l’avenir, je me montrerai plus dur avec les nouveaux enfants du coeur, si cela peut vous rassurer. Enfin, vous n’avez aucune preuve de mon honnêteté, et la méfiance avant tout, j’imagine. N’est-ce pas ?
Un large sourire dévoilant des dents d’enfant fendit le visage du plus petit, lui donnant un léger côté malsain.
— Et bien, c’est vrai dans l’absolu, mais vous me semblez plus fiable que votre élève, sans vouloir l’offenser bien sûr. Cela dit, je me permettrai d’inspecter l’état des Confins assez régulièrement. Si je constate une dégradation, j’aimerais avoir un moyen de vous contacter, afin de m’assurer que vous n’en soyez pas à l’origine. Est-ce possible ?
─ Encore heureux que je suis plus fiable que cet insouciant ! Pour me contacter, vous n’aurez qu’à vous poster dans un endroit calme et m’appeler du plus profond de votre esprit. Mais pour cela, il vous faut mon nom, alors le voici. Je me nomme Henumi, pour vous servir. Ou pas, cela dépendra.
— Votre élève m’avait déjà donné votre nom, mais je suis ravi de vous rencontrer officiellement. Il me semble naturel que je vous donne mon nom à mon tour. Caël, à votre service.
Le dénommé Caël ne put s’empêcher de se lancer dans une révérence plus ou moins sarcastique qu’il servait à chaque personne qu’il rencontrait.
— Ne vous en faîtes pas, je ne vous appellerai qu’en cas d’absolue nécessité. Je n’aimerais pas vous déranger sans raison. Tant que j’y suis, il existe un être extrêmement puissant nommé Nero, qui passe son temps à voyager entre les mondes. Si vous le rencontrez un jour, ne lui parlez surtout pas des Abysses. Il risquerait de tous nous mener à notre perte.
─ J’y prendrai garde. Merci de l’avertissement. Vous pouvez m’appeler même si ce n’est pas une nécessité absolue, je n’ai pas tant de choses à faire qui pourrait tout changer si j’étais appelé ailleurs. La discussion est-elle terminée ?
— Il semblerait, à moins que vous n’ayez une dernière chose à me dire avant de repartir.
─ Si je puis me permettre, votre nom a une très belle signification.
— Mon… nom ?
En un éclair, Caël remplaça le bâton qu’il tenait jusque-là par sa rapière rouge et en pointa la lame à quelques centimètres à peine de la gorge de l’être à l’apparence d’enfant. Les yeux du mercenaire jusque-là d’un vert assez banal étaient devenus d’un bleu des plus sombres tandis que son visage affichait un air plus froid et dur que jamais.
— Comment en connaissez-vous le sens ?!
─ Je pense être assez intelligent pour comprendre les déformations d’une langue que j’ai apprise il y a bien longtemps. Vous ne pensez pas ?
Celui-ci ne perdit pas son calme, se contentant du même sourire que précédemment. Dans la situation actuelle, il pouvait être interprété comme un sourire nargueur ou sarcastique, mais l’être ne semblait pas s’en soucier davantage. Sinon, nul doute qu’il n’aurait pas sourit.
— Même un être ayant vécu dans ce monde à l’époque où cette langue perdue était la seule langue utilisée n’a jamais pu comprendre le sens de mon nom ! Nous ne sommes que deux à le connaître, avez-vous fait quelque chose à cette seconde personne ?!
─ Je ne connais pas cette personne, si cela peu vous rassurer… Quoique, vous n’allez pas me croire, dans cet état. N’est-ce pas ? Il existe simplement des êtres plus malins que d’autres qui se révèlent largement plus brillants dans certains domaines. N’ai-je pas raison ?
— Ne jouez pas à ce jeu avec moi, me provoquer n’est vraiment pas dans votre intérêt ! Je me fiche de savoir à quel point vous êtes puissant, je promets de vous réduire en charpie s’il est arrivé quoi que ce soit à la personne m’ayant donné ce nom, c’est clair ?!
─ Vous pouvez, si cela vous amuse. Mais je garantie qu’il ne lui est rien arrivé, principalement parce que j’ignore totalement de qui il s’agit. A vous de voir si vous me croyez ou non. Mais vous ne pourrez pas me tuer, et probablement pas me toucher non plus… Tandis que si je vous touche, vous avez de bonnes chances de mourir. Ne foutez pas en l’air votre vie sur un coup de tête, cela attristerait la personne dont vous parlez. Allez plutôt vérifier son état et appellez-moi s’il s’avère qu’il lui est arrivé quelque chose, je répondrai à cet appel. D’accord ?
— C’est ce que je comptais faire, et j’espère pour vos Abysses que ce que vous dîtes est la vérité. Si c’est le cas, je vous présenterais mes excuses et vous demanderais de ne divulguer la signification de mon nom à personne, vous voyez dans quel état je peux me mettre. Je n’hésiterai pas à éliminer toute personne s’en prenant à la seule chose qui m’est chère de mes propres griffes.
─ Je comprends parfaitement, et je ne révélerai cette signification à personne. Il n’y a rien de plus horrible que de voir la seule chose qui compte à nos yeux se faire attaquer par notre faute, peu importe le motif des agresseurs. Vous pouvez aller voir dès à présent si cette personne va bien, je m’occupe de cet irresponsable.
L’être désigna vaguement le garçon nominé qui était prit dans la contemplation d’un insecte, ne prêtant pas la moindre attention à ce qui arrivait autour de lui.
— Humpf, nous sommes d’accord dans ce cas. Je vous contacterai dès que j’aurai vérifié l’état de l’être qui m’est cher. J’espère pour vous que ce seront des excuses de ma part qui ressortiront de ce nouvel entretien. Dans le cas contraire, je m’assurerai de vous le faire regretter amèrement. Avec tout mon respect.
─ Si vous me permettez, cette phrase semblait un peu faux. Quoi qu’il en soit, je vous en prie, allez à sa rencontre. Cependant, gardez en tête qu’il y a des dégâts que je ne peux infliger, si cette personne s’est faite attaquer. Comme par exemple les violences physiques, puisque je suis confiné dans ce corps d’enfant. De même, je n’ai pas de griffes et je ne manie pas les épées. Alors réfléchissez, au cas où, d’accord ?
— De telles blessures ne pourraient l’atteindre réellement de toute façon, mais je tâcherai de m’en souvenir. Sur ce, vous m’excuserez, mais il faut que j’aille quelque part. Nous nous reverrons vite de toute façon.
─ J’imagine que ce sera le cas. A la revoyure, Caël.
L’être magique leva l’un de ses bras, écartant les doigts, comme un signe d’au revoir pendant que l’autre garçon s’était retourné et adressait au mercenaire une sorte de timide salut de la main se balançant de droite à gauche. Une faille s’ouvrit à ses pieds et il tomba dedans, aspiré par les Abysses. Le manipulateur de la brèche ne tarda pas à le rejoindre avant que le trou ne se colmate définitivement, rendant impossible tout passage.
Une fois le passage refermé, Caël tourna rapidement les talons avant de partir en courant à toute jambe. La simple idée qu’il soit arrivé quelque chose à la personne la plus proche de son coeur le terrifiait, il ne pouvait tout bonnement pas ralentir. Voulant s’assurer le plus vite possible que tout allait bien et qu’il s’était fait des frayeurs sans raison. Une fois arrivé à destination, il ouvrit la porte de la grande maison en bois avec fracas, une mine horriblement inquiète au visage avant de demander presque en criant :
— Tout va…
La personne pour laquelle il s’était tellement inquiété était là, allongée sur le canapé abîmé.
— Bien… ?
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| | | | | Recueil de deux écrivains. | |
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