|
| [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé | |
| Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Sam 18 Jan 2014 - 23:50 | |
| Rappel du premier message :Bonjour à toutes et tous et merci de l'attention que vous accordez à ce sujet, cliquer ainsi est très courageux. Ce Nuzlocke romancé est basé sur la toute première génération, pokémon bleu pour être précis. Les règles sont : -Tout pokémon K.O est considéré comme mort -Seul le premier pokémon rencontré est capturable, exception faite si il est déjà capturé et enregistré sur le pokédex. -Interdiction de capturer des pokémons légendaires -Interdiction d'échanger ses pokémon de quelque manière que ce soit -Obligation de donner un surnom à ses pokémons - + quelques autres règles temporaires établies pour le fun et que je préciserai en fin de chapitre. Ce Nuzlocke romancé sera un peu sombre, il y aura quelques grossièretés et certaines scènes peuvent ne pas être adapté à tous les publics. Je préviendrai à l'avance en début de post si c'est le cas. Il n'est pas impossible que je décide de corriger quelques éléments un de ces jours. Résumé : Dans la vie, il y a ceux qui veulent briller, ceux qui ne peuvent pas et ceux qui sont contraints de rester dans l'ombre. Malheureusement pour Alfaro, son père disparu depuis des années semblait faire partie de la troisième catégorie. Commence alors un voyage pour retrouver ses origines, quel que soit le prix à payer. Du moins le pensait-il.Bonne lecture et merci d'avance pour vos retours ^^ - Chapitre 1:
Daily KantoExclusif : après plusieurs mois de débats, le parlement vient de voter la loi sur la limitation de capture de pokémons. Cette limite lancée à l'initiative des associations pour la vie sauvage impose désormais aux dresseurs de capturer un unique pokémon par zone, non renouvelable. Coup de massue supplémentaire, les dresseurs n'auront droit qu'à une seule chance de capture, celle du premier pokémon rencontré hors-amendements supplémentaires. Le principal défenseur de cette loi, monsieur Takeshi Nuzlocke, affirme : "Trop de dresseurs considèrent les pokémon comme des objets. Le nombre de décès liés aux matchs n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Avec cette loi, nous espérons que les dresseurs réfléchiront d'avantage et cesseront d'envoyer les êtres vivants dont ils sont responsables se faire tuer uniquement par stratégie. Le Syndicat des Dresseurs de Kanto a appelé à manifester contre cette loi. Malgré les exceptions qui leurs sont consacrés, certains champions d'arènes encouragent le mouvement. Monsieur Gotzaburo Flint, champion en titre d'Argenta, témoigne : "Avec cette nouvelle règle, l'élevage deviendra quelque chose de codifié que seuls les meilleurs pourront transmettre. Plutôt que d'agir et d'étudier au cas par cas, le gouvernement prend la solution de la facilité. Oui, les dresseurs font des erreurs, mais ce sont elles qui font progresser et qui font que chaque relation entre les pokémons et leur maître est unique. J'appelle tous ceux qui sont contre cette loi élitiste à manifester pour son retrait" La loi entrera en vigueur dans les prochains mois. De nombreux mouvements sont d'ores et déjà prévus malgré la position ferme du gouvernement. *°*°*°*° 9 ans plus tard...Il pleuvait dru ce jour-là au Bourg Palette. Un orage assez conséquent pour la saison avait éclaté quelques minutes auparavant, déversant des gouttes de pluies qui frappaient dans un roulement continu contre les fenêtres. Le village, par sa taille modeste, avait pour avantage de faire se connaître tous ses habitants, aucun humain n'était donc dans les rues et seuls quelques pokémons sauvages couraient rejoindre leurs nids où ils seraient à l'abri. Le professeur Samuel Chen était dans son salon, à moitié allongé dans un des canapés et lisant un livre. Le mauvais temps l'avait obligé à faire rentrer tous les pokémon dont il avait la charge dans leurs pokéballs, exceptés quelques courageux mais résistants adeptes de l'eau qui profitaient de leur élément pour se ressourcer. Les orages le distrayaient à chaque fois et il jetait de fréquents coups d'œil à la la fenêtre, plongé dans ses méditations. -L'oiseau légendaire tonne au-dessus de nos têtes : écoutons ses plaintes. Comme pour confirmer le haïku, un éclair illumina la pièce un bref instant, bientôt suivi par le grondement du tonnerre. Chen se leva, posa son livre et attrapa une paire de pokéballs posées sur la table. Le vent soufflait désormais avec une telle force qu'il était hors de question de laisser un seul pokémon dehors. Le chercheur se dirigea droit vers la porte menant au parc de la propriété, ignorant le parapluie posé contre un mur. Avec ou sans protection, il serait de toute manière obligé de se sécher dans sa salle de bain. Le vent soufflait avec une force peu commune. Aussi, Chen ne perdit pas de temps et fît tinter la cloche accrochée à côté de la porte. Quelques secondes plus tard, un akwakwak accompagné d'un tétarte courraient vers lui. -La récréation est terminée les enfants, c'est trop dangereux, dit l'homme d'une voix suffisante pour couvrir le bruit des rafales. Les créatures ouvrirent la bouche comme pour répondre mais leurs cris restèrent silencieux.. Le chercheur, devant l'accord présumé, enclencha les deux pokéballs qui s'ouvrirent et aspirèrent le tétarte et l'akwakwak dans un rayon de lumière rouge. Il porta son regard en direction du lac : les pokémons qui s'y trouvaient se réfugieraient au fond, ils ne couraient donc aucun danger. Sa mission accomplie, il retourna au sec, direction la salle de bain et tant pis pour le carrelage. Une serviette trempée et un pull brun à col roulé plus tard, il redescendit et s'installa de nouveau dans son canapé, une veste blanche sèche posée sur la table de son bureau. Ses recherches pouvaient bien attendre le retour du beau temps. L'orage s'éloigna peu à peu mais la pluie et le vent ne diminuèrent pas. Chen somnolait désormais sur son canapé, bercé par les éléments. Le livre était tombé au sol sans un bruit et la main qui la tenait pendait maintenant dans le vide. Il n'était plus tout jeune. Deux fois grand-père, approchant de la soixantaine, il se consacrait avec plus d'ardeur que jamais à ses recherches. Parallèlement à ses activités scientifiques, il faisait partie du conseil des dresseurs vétérans de Kanto. Son rôle était d'évaluer la capacité des jeunes gens à savoir entraîner ou non un pokémon de manière responsable, ayant lui-même parcouru le pays dans sa prime jeunesse. Depuis le grand changement survenu 9 ans auparavant, les occasions de voir partir une jeune pousse de dresseur s'étaient faites moins courantes et plus rare encore étaient celles qui lui permettait de contempler leurs sourires à leur retour. Le monde avait bien changé. Peu après l'adoption de la loi Nuzlocke, de nombreuses autres règles avaient été votées. Parmi elle, l'interdiction indiscutable pour les aspirants de moins de 18 ans à devenir dresseurs. La détention de pokémons en tant qu'animaux de compagnie avait également subie plusieurs restrictions pour éviter que les tout jeunes enfants ne prennent trop confiance en eux. Bien que le tabou soit présent, tous pensaient la même chose : les liens entre humains et pokémons se démêlaient. Paradoxalement, les sentiments échangés se révélaient plus forts. Du fait de la limitation de la capture des pokémons sauvages, les dresseurs devaient s'occuper d'avantage de leurs compagnons de route. Et si cela créait des souvenirs irremplaçables, le vide que laissaient les créatures à leur mort avait donné lieu à de nombreux cas de dépressions et de suicides. Il était difficile pour Samuel Chen de plonger ses yeux dans ceux des dresseurs ayant eu le malheur de connaître une telle tragédie. Quand ce n'était pas de la tristesse, c'était une dureté qui n'avait rien de rassurant. Lui qui avait connu un âge d'or où dresseurs et pokémons avançaient continuellement, voir des destins brisés à cause d'une erreur lui retournait le cœur. Il n'y avait pas de seconde chance, c'était tout ou rien. Il avait donc prit son rôle d'évaluateur très au sérieux mais toujours avec pédagogie. Par chance, la plupart des dresseurs qui venaient le consulter venaient du Bourg Palette, ils avaient donc l'occasion de discuter longuement. De plus, il n'était pas rare pour lui d'organiser des ateliers dans les écoles de la région. Il profitait ainsi de sa renommée pour apporter le message suivant aux jeunes pousses : "élever des pokémons est plus que jamais une tâche lourde et difficile. Montrez-vous digne de cheminer à côté de ceux qui nous ont soutenus durant des millénaires". C'était ça ou se rebeller ouvertement contre le système et voir ses fonds pour la recherche disparaître. Chen se réveilla de son demi-sommeil, son humeur aigrie par ces dernières pensées. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre : la pluie, bien que toujours régulière, avait diminuée et le ciel noir était devenu gris. Le mauvais temps ne cesserait sûrement pas avant le milieu de la nuit. Une tasse de thé plus tard, le chercheur s'installa à son bureau dans l'espoir de finir le classement de diverses données. Avec un temps pareil, il n'arriverait de toute façon pas à se motiver pour quoi que ce soit d'autre. Il en était au tout début quand on toqua à la porte. Croyant confondre avec autre chose, il laissa passer quelques secondes avant que le visiteur ne frappe de nouveau. -J'arrive, j'arrive, lança Chen en réponse à une troisième série de coups. Après avoir remis sa veste, le scientifique partit en direction de l'entrée, légèrement inquiet. Avec une pluie pareille, seule une urgence pouvait convaincre quelqu'un de gravir les marches menant à son laboratoire. Il actionna les verrous de la porte et l'ouvrit. Devant lui se trouvait un adolescent brun, de corpulence un peu maigre pour sa taille moyenne. Ses vêtements se limitaient à un jean bleu éraflé d'où pendait une chaîne en métal, d'un t-shirt noir et d'une veste à manche courtes de la même couleur tendue au-dessus de sa tête en guise de parapluie. Son visage était tânné par le soleil et sans l'absence de surprise sur son visage, on aurait pu douter que ce fût un vacancier de Carmin-sur-mer accidentellement téléporté à Bourg-Palette. Il portait également un gros sac à dos sans pour autant avoir une ceinture de dresseurs, ce qui trahissait ses intentions. Le professeur le regarda quelques secondes, cherchant son visage dans sa mémoire. Ce garçon n'était pas du village et il doutait l'avoir jamais rencontré. L'étranger prit alors la parole. -Vous êtes bien le Professeur Samuel Chen ? -Oui, mais ce n'est pas le meilleur endroit pour discuter. Entre. Il recula pour laisser passer son invité qui ne se fît pas prier pour entrer, ignorant les flaques d'eau et de boue qu'il laissait derrière lui. Chen grimaça mentalement : il allait avoir besoin d'une serpillière neuve pour pouvoir éponger tout ça. -Tu peux poser ton sac ici, dit-il en montrant un coin contre un mur. Si tu veux te sécher, la salle de bain est au premier étage, deuxième porte à droite. -Merci. Le garçon aux cheveux bruns monta tandis que Chen se dirigeait une nouvelle fois dans la cuisine préparer une deuxième tasse de thé. Pourvu qu'il n'ai pas à régler une énième affaire de fugue : avec tous les dangers de la vie de dresseur, il fallait obligatoirement fournir un document attestant que les proches de l'aspirant étaient au courant du nouveau choix de vie du concerné. Au travers d'un souci de prévention, c'était en réalité une autorisation parentale camouflée. Même en ayant l'âge minimal requis, certains parents refusaient de signer et leurs enfants partaient seuls sur les routes. Foutue paperasse... -De mon temps, on avait pas besoin de toutes ces conneries pour partir, bougonna le scientifique. Un compagnon de route, du courage, et ça nous suffisait. Il soupira puis revint dans le salon. Aucun bruit ne se faisait entendre à l'exception de la pluie qui continuait de battre contre les carreaux. Chen regarda sa montre : 18 heures 25. Qu'est-ce qui pouvait donc bien forcer quelqu'un à marcher par ce temps sans qu'il n'y ai urgence sur une vie ? L'adolescent descendit quelques minutes plus tard et le rejoignit, coupant court à ses réflexions. -Je t'en prie, tu peux t'asseoir. Tu t'appelles...? -Alfaro Straeno. Merci beaucoup pour votre accueil, répondit le garçon en s'asseyant sur le canapé en face. -Ce n'est rien. J'ai moi-même parcouru les routes étant plus jeune, alors entre dresseurs... -Je ne suis pas encore dresseur, professeur, le coupa Alfaro. Les prédictions de Chen s'avéraient donc juste. Il n'aimait pas trop se fier au jugement physique, mais celui qu'il avait en face avait tout de l'adolescent fugueur. Son regard s'arrêta un peu trop longtemps sur la chaîne accrochée à son jean. Selon son petit-fils, c'était la mode à Safrania, la abstraction de ce détail, il poussa plus en avant son investigation pour confirmer son sentiment. -Tu n'as pas l'air du coin. Je peux savoir d'où tu viens ? -De Safrania, monsieur. Chen passa un bras sur le dos du canapé. Look de petit bagarreur mais manière polies, ajouté à cela le fait qu'il soit spontanément venu voir l'autorité scientifique de la région. Le jeune restait silencieux, il allait donc falloir y aller par étape. -De Safrania...répéta Chen. Et tu veux devenir dresseur, hum ? Alfaro hocha la tête silencieusement, les yeux fuyant son interlocuteur. Il ne pensait pas être reçu aussi facilement et cela le mettait mal à l'aise. Chen en était au même point : comment en savoir plus sur ce garçon sans le troubler encore plus ? -Tu n'as tout de même pas fait tout ce chemin alors que tu pouvais faire ta demande à Safrania ? demanda-t-il, interloqué. -Il y a...autre chose... Alfaro leva la tête et regarda l'expert en pokémons. Ses yeux gris foncé brillaient, contrastant désormais avec son teint basané. -Selon ma mère, vous auriez eu des contacts avec mon père, Alberto Straeno, un scientifique. Chen croisa le regard de l'adolescent. Les sourcils de ce dernier s'étaient froncés à l'évocation de son père comme pour insister sur l'importance de la question. Changeant de position, le scientifique se caressa le menton et réfléchit un instant. -C'est possible...tous les chercheurs veulent plus ou moins s'entretenir avec moi, je ne peux donc pas retenir tous leurs noms. Mais je peux faire des recherches là-dessus. Pourquoi cette question ? Alfaro ne répondit pas et se contenta de boire une gorgée de thé. Chen insista. -Tes parents savent que tu es ici, au moins ? -Mon père n'a plus donné signe de vie depuis 11 ans et ma mère est morte il y a quelques jours, lâcha soudain l'adolescent. Un silence pesant s'installa tout d'un coup durant lequel Chen se maudit intérieurement. Orphelin de mère, père disparu sans laisser de traces, certainement aucune famille proche vu le nom d'immigrés et peut-être encore mineur. -E pourquoi est-ce que tu veux devenir dresseur ? -Bah pour retrouver mon père, lâcha Alfaro comme si c'était une évidence. -Ce n'est pas une raison invoquée et entendue par la loi, le contredit Chen. -Ok, je veux casser du champion d'arène, devenir le meilleur dresseur de tous les temps et d'autres conneries dans le genre. Il a ça dans ses fichiers, votre ordinateur ? Le scientifique sentit son visage se crisper imperceptiblement. De son avis personnel, ceux ayant des motifs prédéfinis ne faisaient généralement pas de bons dresseurs, même si ils partaient à la conquête des arènes. Malgré les nouvelles lois, certains humains continuaient de traiter les pokémons comme des outils et le gouvernement avait de plus en plus de mal à les traquer. Il craignait que le jeune homme en face de lui ne devienne l'un d'eux. -Devenir dresseur n'est pas donné à tout le monde. Il faut un minimum de connaissances en la matière. -Je me débrouillais plutôt bien à mon bahut. Allez-y, interrogez-moi sur c'que vous voulez, encouragea Alfaro avec un léger sourire en coin. Chen ne se fît pas prier et commença par faire décrire les avantages et les faiblesses des pokémons du type poison immédiatement après la mise au défi. Les réponses données par le brun furent parfaites. L'entretien ponctué par quelques anecdotes nostalgiques de l'examinateur dura le reste de la soirée. Malgré son caractère à la limite du supportable, le professeur Chen dut admettre que le gamin connaissait les bases du dressage : types, attaques, forces et faiblesses, notion d'évolution...seule l'utilisation des objets lui posa problème, ce que le vétéran-dresseur corrigea. Favorablement impressionné, il osa même demander comment son invité avait acquis de telles connaissances. -J'ai pris option Découverte du Dressage à mon bahut et j'ai un peu bouquiné là-dessus. Chen sourit : malgré les difficultés qu'ils rncontraient, rares étaient les aspirants qui prenaient la peine d'étudier sérieusement la théorie. Le gamin avait de la cervelle, c'était sur. Le cœur, en revanche... -Tu es conscient que les pokémons demandent beaucoup de soins, n'est-ce pas ? -Oui, oui. Je gardais les pokémons des voisins quand ils devaient s'absenter, mentit Alfaro. Il n'avait jamais vraiment approché de pokémons. A Safrania, seuls des miaouss sauvages et des ratatas étaient trouvables mais personne n'en voulait. Il n'avait jamais approché l'arène et s'était contenté de jeter un coup d'œil à la façade d'un centre pokémon. Une de ses connaissances l'avait forcé à venir au dojo et lui avait montré des pokémons humanoïdes gris et laids. Il se souvint la surprise qu'il avait eu lorsque l'un d'eux l'avait soulevé comme une plume sous les rires des karatékas alentours. Rouge de honte, Alfaro était parti le plus vite possible et avait développé une animosité envers les pokémons de type combat. Le professeur Chen ne suspecta pas le mensonge et termina l'entretien. -Hmm...tu sembles savoir ce que tu fais. Si ça ne tenait qu'à moi, tu pourrais partir, mais il y quelques empêchements... Alfaro baissa de nouveau les yeux. C'était l'une des raisons pour laquelle il avait demandé à un ami de convaincre son père de l'amener jusqu'à Jadielle : il était impossible de discuter avec les fonctionnaires de Safrania, quand ils ne vous demandaient pas quinze fois le même document. -Mais il se fait tard, je verrai tout ça demain. Tu n'as nul part où loger, n'est-ce pas ? Cette fois-ci, Alfaro tourna carrément la tête vers le mur. Si il s'était senti un peu plus détendu lors de la discussion qu'il avait eu précédemment, sa fierté l'empêchait de répondre. Chen se décida à parler. -Comme je te l'ai déjà dis, j'ai moi aussi été dresseur. Offrir l'hospitalité ne me pose donc aucun problème. -Juste pour cette nuit, alors. Je serais dresseur dès demain ? -Je ferais mon possible, mais rien n'est sûr. Si tu me sembles avoir les compétences pour parcourir les routes, ce n'est peut-être pas l'avis de la loi. Tu as l'âge requis, au moins ? -Dans quelques mois, grogna Alfaro. Encore une complication. Par tous les légendaires, il était chercheur, pas assistant social ! Chen garda cependant son calme et jeta un œil à sa montre. 21 heures 15. Il était inutile d'entreprendre quoi que ce soit pour le moment. -Je dois avoir quelque chose au frigo. Tu peux monter tes affaires, la chambre d'ami est juste en face de la salle de bain. Alfaro obéit et monta en silence. Une fois hors de vue, Chen s'autorisa un bref soupir. Quand il y avait fugue, il lui suffisait de discuter avec l'aspirant dresseur et d'appeler les parents. L'affaire était beaucoup plus compliquée cette fois-ci bien que, en un sens, rien n'empêchait le gamin de partir sur les routes. Il se promit cependant de faire quelques recherches. Si Alberto Straeno était bel et bien un scientifique, le retrouver ne serait pas difficile. Peut-être même était-il déjà au courant de la mort de sa femme. Bien évidemment, toute cette histoire ne reposait que sur les affirmations du jeune garçon. Partir de Safrania juste pour cette mascarade avait beau être un peu fort, il se devait de vérifier les dires d'Alfaro. Mais il se faisait tard et Chen avait tout le lendemain pour mettre son plan à exécution. Qui sait. Le garçon allait peut-être lui être utile... A l'étage, Alfaro se réfugia dans la chambre d'invités, inconscient des plans de son hôte. Une fois la porte fermée, il jeta son sac dans un coin et s'assit sur le lit, le regard baissé et les mains croisées sous son menton. La pénombre de la pièce l'aidait à réfléchir et à se remettre de ses émotions. C'était déjà un miracle en soi que d'être arrivé jusqu'ici. Convaincre le père de l'un de ses amis, employé par la Sylphe SARL, de l'emmener avec lui jusqu'à Jadielle n'avait pas été facile. Le mauvais temps l'avait fait plus d'une fois trébucher sur le chemin du Bourg-Palette, mais il était arrivé à son étape sain et sauf. -Si j'avais su que le célèbre professeur Chen n'était qu'un vieux sentimentaliste...murmura-t-il. Il s'autorisa un petit sourire, puis se força à reprendre un visage neutre avant de se lever et quitter la pièce. Tout se déroulait comme il l'avait prévu.
- Chapitre 2:
Le lendemain matin, Alfaro se réveilla de bonne heure, ce qui selon ses critères signifiait 9 heures et demi. Il ne se leva pas tout de suite et préféra songer à tout ce qu'il s'était passé depuis son départ de Safrania. Les choses se déroulaient plutôt bien pour le moment : il était arrivé sain et sauf à sa première destination et celui qui était considéré comme le meilleur scientifique de la région se révélait très conciliant, du moins en apparence. Il ne pouvait espérer meilleur commencement dans sa quête pour retrouver son géniteur.
Il tendit l'oreille pour percevoir des bruits aux alentours et entendit un raclement de chaise ainsi que des bruits de pas au rez-de-chaussée. Concluant que son hôte était déjà debout, Alfaro se leva, s'habilla rapidement et descendit. Il se dirigea en premier lieu vers le salon qu'il trouva vide, ce qui le força à faire plusieurs pas hésitants avant d'arriver au laboratoire.
Cette pièce était au moins trois fois plus grande que la précédente, ce qui était somme toute normal au vu des activités qui y avaient lieu. De grandes baies vitrées éclairaient des aquariums pour pokémon posés en dessous d'elles. Tout autour de la pièce, contre les murs, étaient disposés de lourds appareils électroniques que Alfaro aurait été bien incapable d'identifier. Le seul qu'il reconnaissait était un grand ordinateur posé sur le bureau de son propriétaire qui se trouvait juste à côté, visiblement très occupé.
-Bonjour mon garçon, le salua Chen en posant une pile de document sur son bureau. Assieds-toi, j'en ai pour une minute.
Alfaro obéit sans dire un mot et s'installa sur l'unique canapé, orange cette fois-ci, situé en face du mur aux aquariums. Il remarqua une assiette de tartines à moitié noircies ainsi qu'une tasse vide et une théière posés sur une petite table en face. N'attendant pas d'invitation, il se servit et mâchonna lentement son petit-déjeuner.
Prudent et calculateur de nature, il avait tenté de prévoir la suite des événements toute la nuit. L'entretien de la veille lui avait donné bon espoir et le vieil homme se montrait conciliant à son égard, ce dont il n'avait pas tellement l'habitude. Il avait participé à de nombreux mauvais coups a Safrania, si bien que sa réputation en dehors de son cercle de petits voyous des rues n'étais pas encourageante. Il se plaisait néanmoins à se considérer comme une tête pensante et non comme une masse de muscle, ce qui n'était pas toujours inutile.
Le professeur Chen pianota durant quelques minutes sur son ordinateur puis rejoignit Alfaro, une tasse vide dans une main et une chaise dans l'autre. Il s'assit en face de la petite table basse, se servit du thé et commença la discussion.
-J'ai retrouvé les lettres que ton père m'avait envoyé il y a plusieurs années. Je m'en souviens maintenant, il travaillait sur l'anatomie des pokémon, non ?
-'chais pas, dit Alfaro en levant les épaules. J'étais trop jeune et ma mère m'en a jamais parlé.
-Quoi qu'il en soit, j'ai essayé de retrouver sa trace mais aucun signe de lui. Il travaillait à Safrania, je crois...
Alfaro termina d'avaler une tartine puis répondit mollement :
-Ouais, mais il a quitté la maison et depuis, plus rien.
-Il y a 13 ans, c'est ça ?
-P'têt bien. Je m'en souviens plus trop.
Chen se retint de soupirer. Pour un garçon qui semblait vouloir retrouver son père, il n'avait pas fait beaucoup d'enquêtes préalables. Ou bien sa mère était restée discrète sur le sujet.
-A ce propos, toutes mes condoléances pour ta mère. Cela doit être très dur.
L'adolescent resta silencieux et fixa le sol. Le scientifique en imputa la cause à la fatigue avant de voir que les mains du jeune garçon s'étaient mises à trembler autour de sa tasse. Ne voulant voir craquer ni sa vaisselle ni Alfaro, il décida de changer de sujet.
-Je suis vraiment désolé, je n'ai pu trouver aucun piste mais j'ai néanmoins de très bonnes nouvelles à t'annoncer...
Le chercheur fut malheureusement coupé dans ses paroles par le claquement de la porte d'entrée. La personne qui les interrompait s'annonça immédiatement.
-Pépé ? C'est moi !
-William ? Qu'est-ce que...ah oui ! Je suis dans le laboratoire ! indiqua Chen au nouvel arrivant.
Quelques secondes plus tard, un jeune garçon un peu plus âgé que Alfaro les rejoignit. Il ignora le brun et s'adressa directement au plus vieux.
-Alors pépé, tu les as ? demanda-t-il, apparemment impatient.
-Oui oui, ne t'en fais pas pour ça. Au fait, je te présente Alfaro. Il va lui aussi devenir dresseur dès aujourd'hui.
Le concerné sourit légèrement, son visage toujours dirigé vers le carrelage de la pièce. Enfin ! Il allait enfin avoir la possibilité d'agir comme il le souhaitait ! Dans un sens, il comprenait l'excitation que ressentait le nouvel arrivant.
-Alfaro, voici mon petit-fils, William.
-B'jour, lâcha Alfaro en faisant un petit signe de la main.
Il le détailla du regard. La première chose qui sautait aux yeux chez William était sa coiffure. D'un châtain proche du roux, elle défiait littéralement les lois de la gravité de par ses nombreuses mèches qui pointaient dans tous les sens. Il était légèrement plus grand que Alfaro et son visage était plus rond, ce qui ne l'empêchait en rien d'afficher un air narquois. Ses yeux cuivrés s'attardèrent un instant sur le brun, toujours assis sur le canapé, puis revinrent à son grand-père.
-Ouais, ouais. Bon, y sont où mes pokémon ?
-"Tes" pokémon ? Tu connais la règle, William : un seul pokémon de départ. Les pokéballs sont juste à côté, suivez-moi.
Le petit groupe se dirigea vers le fond de la salle. Sur une table rectangulaire reposaient les trois outils de capture et de transport.
-Dans ces pokéballs se trouvent trois pokémon : feu, eau et plante. Alfaro, à toi de choisir.
-Mais c'est dégueulasse pépé ! Pourquoi c'est pas à moi de choisir en premier ? s'insurgea le petit-fils du chercheur d'un ton offusqué.
-Patience, William, tu en auras un toi aussi. A toi l'honneur, dit-il au brun
Alfaro s'avança vers la table d'un air dubitatif. Il n'avait aucune idée de ce à quoi pouvaient bien ressembler les pokémon qui étaient devant lui. Il regarda derrière son épaule en direction de William qui trépignait d'impatience.
-Dépêche, j'ai pas toute la journée, dit-il d'un ton pressant.
Si il avait su quels pokémon lui seraient proposés, Alfaro y aurait réfléchi plus longtemps. En désespoir de cause, il se basa sur les types annoncés par le professeur Chen : feu, eau ou plante. Un parfait cercle d'avantage et de faiblesse.
-T'as choisi quoi, toi ? demanda-t-il au natif de Bourg Palette.
-Pour que tu me le prennes ou que tu aie un avantage ? Crève !
-Allons ça suffit vous deux ! raisonna le scientifique, lassé de voir les deux plus jeunes se disputer. Alfaro, s'il te plaît...
L'adolescent lâcha un soupir et avança finalement sa main vers la troisième pokéball, celle qui contenait le pokémon de type plante. Après tout, s'occuper d'une espèce d'arbuste miniature ne devait pas poser trop de problèmes. De l'eau, du soleil et ça poussait très bien tout seul, rien de compliqué à ça.
-Bulbizarre, hein ? Parfait pour les débutants, remarqua Chen.
Le choix de William prit beaucoup moins de temps. A peine Alfaro eut-il soulevé la pokéball de son socle qu'il s'emparait de celle située à l'extrémité de la table.
-T'aurais pris cher si tu avais choisi mon salameche, dit-il en cachant tant bien que mal son grand sourire.
-J'ai dit ça suffit ! répéta Chen d'une voix autoritaire. Bien, maintenant que les choix sont faits, écoutez-moi attentivement. Les pokémon que vous avez désormais en votre possession sont encore jeunes, fragiles mais énergiques. Ils ont été élevés au contact des humains, vous devriez donc vous lier très vite avec eux. Je vous conseille de vous entraîner aux alentours. N'allez surtout pas plus loin que Jadielle, j'aimerai vous revoir dans l'après-midi. des questions ?
Face aux deux signes de tête négatifs, le scientifique conclut son discours.
-Bien, tu peux y aller William. Alfaro, je peux te parler un instant ?
Le châtain partit rapidement, visiblement très pressé d'entraîner son pokémon. De son côté, Alfaro se rassit sur le canapé sur l'invitation du professeur Chen. Il ressentait déjà une certaine antipathie pour le petit-fils du chercheur et son caractère de gosse pourri-gâté. Selon Alfaro, tous les gens qui avaient plus ou moins reçu un coup de piston étaient incapables de faire quoi que ce soit par eux-mêmes, voir l'autre échouer dans la semaine ne l'étonnerait donc guère.
-Bon. Ça, c'est fait.A ton tour maintenant. Comme je voulais te le dire tout à l'heure, je peux t'obtenir une carte de dresseur. Tu n'as certes pas encore 18 ans mais pour quelques mois...on peut faire abstraction. Je devrais te l'obtenir dès cet après-midi. En échange, j'aimerais que tu me rendes un petit service.
Alfaro regarda l'homme plus attentivement. Il n'y avait rien d'exceptionnel à un échange de bons procédés. C'était monnaie courante à Safrania : en échange d'un "petit service" pas tout à fait légal et du silence, on proposait quelques travaux manuels ou un autre arrangement à la limite de ce qui était permis. Pourvu qu'il ne lui demande pas de reclasser les livres de la bibliothèque, le jeune garçon n'était pas un amoureux des pavés scientifiques indéchiffrables.
-J'ai un colis qui m'attend à la boutique pokémon de Jadielle mais il semblerait que l'orage d'hier limite les communications. Le livreur m'a appelé ce matin pour me prévenir et je lui ai parlé de toi.
-Carte de dresseur contre colis à livrer ? Pas de problèmes, dit Alfaro.
-Prends ceci en cas de besoin, c'est une lettre disant que tu es à mon service, dit Chen en sortant une enveloppe de sa veste. J'y pense, que dirais-tu de donner un surnom à ton bulbizarre ?
Le brun haussa les sourcils. Il connaissait cette pratique à la mode chez les dresseurs mais n'en voyait pas l'utilité : faire des combats à mort ne nécessitait pas de s'attacher à ses bestioles. Pire encore, il savait les dangers qu'il encourait à y donner trop d'importance. Bien qu'il se considérait comme peu sentimental, il n'avait pas envie de voir son voyage à la recherche de son père entravé par de stupides dépressions au moindre pokémon mort. Son interlocuteur sembla deviner ses pensées et trouva une excuse.
-Je suis sûr que cela te sera utile, dit le chercheur en appuyant sur les syllabes de manière entendue. Tu n'as pas les connaissances de William et les pokémon aiment qu'on leur donne des sobriquets. Un pokémon avec qui l'on prend le temps de sympathiser donne toujours tout de lui-même pour son dresseur et se battra pour lui de la meilleure façon qui soit.
"Ah, si c'est utile, autant ne pas cracher dessus", pensa Alfaro.
Il regarda un instant la sphère blanche et rouge qu'il tenait entre ses mains. La créature était un bulbizarre, hein ?
-Sors-le, ça t'aidera à choisir, proposa le plus âgé.
Le natif de Safrani obéit. Il prit la pokéball de façon à ce que le bouton soit dirigé vers le sol, appuya dessus et son occupant en sortit dans un rayon de lumière rouge. Le pokémon était vert avec quelques tâches plus sombres disséminées sur son corps et sur sa tête ronde et plate qui dévoilait sous ses yeux rouges une large bouche dotée de deux canines. On aurait dit une petite tortue terrestre mais le bulbe fermé qui reposait sur son dos remplaçait la carapace tout en confirmant son appartenance au type plante.
-Bulbizaaarre ! salua la créature avant de se diriger vers la chaise du professeur Chen.
-Bonjour toi. C'est moi qui l'ai élevé, dit-il à l'intention d'Alfaro. Maintenant que tu es son maître, il devrait t'écouter un peu.
L'adolescent ne sut comment réagir. Avec les Miaouss de sa ville natale, il suffisait souvent de tendre la main et de faire un petit signe. Il essaya sans dire un mot avec l'espèce de tortue qui s'avança doucement vers lui et se laissa caresser la tête.
-Billy, ça te va ? proposa le jeune garçon.
-Zaaare ! Bulbi, bulbizaaarre ! répondit l'adepte des plantes, tout sourire.
-Une bonne chose de faite, dit l'ancien dresseur en souriant à son tour. Tu connais la route, il ne te reste plus qu'à y aller.
-Je serai de retour très vite, dit Alfaro en se levant, la chaîne de son jean produisant un léger cliquetis.
Il hésita à ramener le bulbizarre dans sa ball mais préféra faire bonne figure devant le chercheur et le laissa libre de ses mouvements. Les deux humains et le pokémon sortirent du laboratoire et tombèrent nez à nez avec William.
-William, tu n'es pas encore parti ? demanda Chen.
-J'ai eu une meilleure idée. Toi, là, ça te dirait un match ? demanda-t-il en fixant Alfaro.
Ce dernier hésita, ne voulant pas perdre de temps, mais il valait mieux se montrer conformiste jusqu'à ce qu'il ai obtenu sa carte de dresseur.
-Je te met quand tu veux, répondit son opposant en souriant d'un air moqueur.
Les deux rivaux se dirigèrent à l'arrière de la propriété, près du parc. Billy étant déjà hors de sa ball, il suffit d'un mot de son dresseur pour qu'il se mette en position. William se mit plusieurs mètres face à son adversaire et lança son unique pokéball.
-Montre-lui c'que tu sais faire.
Une fois la forme matérialisée par le rayon rouge, Alfaro put détailler l'adversaire de son bulbizarre. Une espèce de lézard bipède orange avec le poil plus clair sur le ventre lui faisait face. Un salamèche, comme l'avait cité William un peu auparavant. Il possédait une queue enflammée au bout ainsi que de courtes griffes et la forme de sa tête ressemblait beaucoup à celle du bulbizarre, en plus allongée et avec des iris bleus. William commença sans que Alfaro ne s'en rende compte.
-Aka, attaque griffe !
Le lézard, un sourire béant l'instant d'avant, bondit d'un coup en direction du quadrupède et lui porta un coup de griffe qui fit mouche. Énervée, la créature verte grogna et répliqua par un coup de tête qui fut sans effet. Au vu de la corpulence de son allié, une attaque profitant de son poids semblait la meilleure chose à faire et Alfaro répliqua :
-Charge-le !
Billy pris appui sur ses pattes et chargea de toutes ses forces son opposant qui tomba sur le dos. Il pédala un instant dans le vide de manière comique, puis se redressa. Maintenant que les forces étaient connues des deux côtés, la bataille allait être plus tendue.
-Aka, rugissement !
Alfaro ne connaissant pas les effets de cette attaque, il se tourna vers le professeur Chen.
-Rugissement baisse l'attaque de ton pokémon. Bulbizarre doit l'avoir aussi.
-Bon ben...Rugi...
-Griffe !
Alfaro se maudit de son incompétence pendant que Billy poussait un couinement, le lézard l'ayant atteint au sommet de sa tête. Il aurait dû se douter d'un coup vicieux de la part de son opposant et décida de répliquer par une attaque frontale.
Le reste du combat se déroula de la même manière. Quelques ordres d'esquives avaient été lancées mais les pokémon, encore trop jeunes et glissant dans la boue, avaient du mal à éviter les attaques. Plus le temps passait, plus les créatures s'épuisaient. Alfaro, sentant que la respiration de son bulbizarre devenait plus difficile, décida d'en finir vite.
-Aka, Rugissement encore une fois !
-Billy, charge !
Le salamèche fit entendre son cri une deuxième fois avant d'être frappé de plein fouet par le monstre vert. Le choc fut tellement violent que le lézard vola sur plusieurs mètres avant d'atterrir sur le sol boueux, bougeant avec beaucoup plus de difficultés..
-Le combat est terminé ! La victoire revient à Alfaro et à son Bulbizarre, déclara Chen, mettant ainsi fin au match.
Alfaro sourit légèrement. Il n'aurait pas cru que sa première expérience en tant que dresseur serait un tel succès. Mieux encore, il ressentait un sentiment de puissance face à la défaite de son adversaire. Si les choses étaient aussi faciles, il aurait retrouvé son père avant la fin du mois.
-Tss...j'aurais dû l'entraîner avant, dit William en rappelant son salamèche.
Il tourna le dos au gagnant, et leva sa main en guise d'au revoir.
-A c't'aprem.
-T'oublierais pas quelque chose, l'écureuil ?
- Quoi ?!
"L'écureuil" en question se retourna vivement, vexé par son nouveau surnom. Il contempla un instant la main tendue de son adversaire, puis décida de se conforter au règlement de mauvaise grâce.
-Tss. Pour un débutant, tu connais au moins certaines règles. C'est déjà pas mal, se moqua-t-il, rancunier de sa première défaite.
La loi obligeait en effet les perdants à verser de l'argent aux gagnants des matchs. Une poignée de billets plus tard, William partit de la propriété en bougonnant. Alfaro allait en faire de même avant d'être appelé par le professeur Chen.
-Excellent combat, le félicita-t-il. Ton bulbizarre semble te faire suffisamment confiance. Suis-moi, je vais le soigner.
De retour au laboratoire, Alfaro fit rentrer Billy dans sa ball et la confia au scientifique qui la posa sur une machine. Elle projeta une lumière jaune et vibra une dizaine de secondes, puis la pokéball fut remise à son propriétaire.
-La première chose que tu devrais faire une fois arrivé à Jadielle serait de visiter le centre Pokémon J'imagine que tu sais à quoi il ressemble ?
-Ouais, un bâtiment avec écrit dessus "Centre Pokémon".
-C'est un peu plus que ça, mais c'est le plus évident. Prends ça également, c'est une potion au cas où tu en aurais besoin. Elle soignera les blessures légères de ton bulbizarre, dit il en prenant un spray mauve sur son bureau.
-Merci beaucoup pour votre aide, professeur.
-Tu me remercieras plus tard. Pour le moment, va donc entraîner ton pokémon. N'oublie pas de revenir cet après-midi avec mon colis.
Alfaro hocha la tête puis partit du laboratoire. Le ciel était bien moins noir qu'hier mais le soleil peinait tout de même à faire descendre ses rayons, se contentant de timides et froides apparitions. La pluie de la veille avait formée une couche de boue sur tout le village et il y avait fort à parier que les routes étaient encore pires.
Ne perdant pas de temps, Alfaro descendit les marches, sa veste ouverte légèrement gonflée par l'arrivée d'air. La température était un peu fraîche en cette matinée de printemps mais il n'y faisait pas attention, toutes ses pensées étant tournées vers les événements futurs.
Il arriva à l'entrée du bourg en quelques minutes. Devant lui se dressait un petit chemin abîmé par la tempête de la veille. Ignorant les coulées de boue, Alfaro se mit en marche. Le plus tôt il se serait débarrassé de ce colis, le plus tôt il pourrait partir à la recherche de son père. Chapitre 3 et 4Chapitres 5 et 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10chapitre 11chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20 |
| | |
Auteur | Message |
---|
Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mar 4 Mar 2014 - 18:11 | |
| Je suis fier de vous présenter ce neuvième chapitre moins de trois semaines avant la sortie du précédent, en espérant être en mesure de garder le rythme ^^ - Chapitre 9:
Alfaro regardait silencieusement Billy, étrangement amorphe depuis son évolution. La nuit passée au centre pokémon d'Azuria leur avait certes permis de récupérer de leur aventure au mont Sélénite mais le désormais herbizarre n'agissait pas avec le même entrain que d'habitude. Le jeune infirmier qui le lui avait rendu au matin lui avait sorti une longue et pédante explication et Alfaro, se retenant de l'insulter, lui avait demandé d'abréger ses explications.
"Dépression post-évolutive", lui avait dit l'encyclopedie ambulante. "Une sorte de crise d'adolescent mal dans sa peau". Cela n'arrangeait pas le dresseur qui n'avait pas de temps à perdre avec une thérapie de groupe. Heureusement, l'infirmier lui conseilla d'agir comme d'habitude et de donner juste un peu plus d'attention à son herbizarre, le tout dans la bonne humeur que constituait "une équipe de pokémon soudé sous la bienveillante férule de leur guide et dresseur". Alfaro n'en attendait pas mieux venant d'un jeune con diplômé n'ayant jamais voyagé seul.
Lui et Billy étaient maintenant tous les deux dehors, cherchant une boutique afin de réapprovisionner leur stock d'objets et de nourriture. Tous les autres étaient dans leurs balls sauf Trotwood qui voletait au-dessus de la tête de son dresseur et jouait avec le vent paisible qui soufflait en ce moment même. Une fois ses achats faits, Alfaro décida de demander conseil au professeur Chen. Il en savait peut-être plus sur le comportement de Billy puisqu'il avait passé quelques temps en sa compagnie.
De retour au centre pokémon, Alfaro se connecta lentement mais sûrement au vidéophone et, dans une joie parfaitement dissimulée, parvint à contacter son responsable du premier coup.
-Alfaro, quel plaisir de te voir ! Comment vas-tu mon garçon ?
-Très bien, professeur. Et vous ?
-Tout va bien de mon côté. Toutes mes félicitations pour ta septième capture, je ne pensais pas que tu y parviendrais aussi vite.
-Comment le savez-vous ? demanda-t-il, interloqué.
-C'est très simple : comme tu l'as sans doute remarqué, la ball de ton sabelette s'est comme volatilisée après la capture. Elle a tout simplement été transférée à mon labo. Puisqu'un dresseur ne peut avoir plus de six pokémon sur lui, il est d'usage que les autres soient envoyés vers un lieu de stockage ou chez leur garant. Mon parc est un peu vide ces temps-ci, alors je me disais que tes pokémon seraient mieux à l'air libre qu'enfermés dans des boîtes. Cela ne te déranges pas, j'espère ?
-Pas du tout, professeur. Je voulais juste vous demander...
Alfaro s'interrompit. Il venait à l'instant de penser à la réaction de son garant si il voyait le pokémon qu'il lui avait offert dans un état aussi triste. Même si ce n'était pas de sa faute, et il en était convaincu, la confiance que lui portait le vieux Chen risquait d'être amenuisée. Il fallaittrouver autre chose très vite ou bien le scientifique allait se douter de quelque chose.
-...Vous pourriez m'envoyer...Cleopatre...le sabelette ? demanda-t-il en butant presque à chaque mot.
-Tout de suite, mon garçon. Tu n'as qu'à mettre un autre de tes pokémon dans le téléporteur à côté de toi. Le creux rond juste à côté du clavier, ajouta-t-il devant l'air perdu d'Alfaro. Voilà, et maintenant, tu appuie sur ce bouton. Non, pas celui-là, l'autre.
Environ dix minutes et une quantités de commandes amorcées et annulées plus tard, Pinball laissa la place à Cleopatre. Le chercheur soupira avec soulagement : si celui dont il avait la charge s'avérait un très bon dresseur, il était en revanche une catastrophe avec l'informatique. C'était presque un miracle qu'il n'ait pas mis l'ordinateur hors-service.
-Et comment vont tes pokémon ?
-Ils vont tous très bien. Flavio va beaucoup mieux depuis la dernière fois.
-Magnifique ! Je me répètes peut-être, mais tu es très doué. Les informations que tu m'as envoyé via ton pokédex m'aident également beaucoup, même si William semble prendre plus à coeur cette mission que toi.
Alfaro ne réagit pas à l'évocation de l'autre dresseur. Moins il en savait sur lui et mieux il se porterait. Avoir un rival ou quelque chose de semblable ne lui était d'aucune utilité.
-Si jamais tu venais à le croiser, dis-lui de m'appeler. Cela fait un peu trop longtemps que je n'ai pas de nouvelles de lui.
-J'y penserai. Autre chose ?
-Continue de remplir le pokédex comme je te l'ai demandé, ce sera tout. Bonne journée à toi.
-Au revoir, professeur.
-Ah ! Tu ne m'avais pas dis que...
Alfaro coupa la communication avant que le chercheur ne puisse terminer sa phrase. Il venait sans doute de remarquer que Billy avait évolué en examinant les données du pokédex qu'il lui avait envoyé mais le brun ne voulait absolument pas lui en parler. L'état de l'herbizarre était son problème et il tenait à le résoudre comme il le voulait. Hors de question de laisser la pièce maîtresse de son équipe dans un tel état, après tout. Et il avait déjà comment il allait faire...
-Comment ça, le champion n'est pas là ?
-Il va falloir attendre, dresseur. Celle que tu cherche n'ouvre jamais ce jour-ci. Elle ne sera de retour que demain. Envie de te baigner, à la place ?
Le regard noir que lança Alfaro au type de l'accueil lui fit savoir le degré d'humour qu'il supportait. Et il était très bas.
-J'ai compris. Si tu veux du combat, tu peux toujours entraîner tes pokémon au nord. De toute manière, la zone entière est bouclée jusqu'à nouvel ordre. Cinq cambriolages ont été commis la veille à différents endroits, ajouta-t-il devant l'incompréhension totale du brun. Un véritable raid et la police n'a pas encore mis la main sur les coupables.
-Bon, merci pour l'info.
-A demain, dresseur.
Alfaro sortit de l'arène qui faisait également office de piscine publique, ce qui était totalement différent du gymnase désert d'Argenta. Il examina sa carte et vit que l'homme ne lui avait pas menti. Deux chemins se succédaient au nord : l'un menait à une crique et l'autre faisait une boucle jusqu'à rejoindre la ville. Il se dirigea droit vers le pont qui menait à la route 24 et, comble du hasard, croisa la personne idéale pour le ralentir.
-Yo, machin.
-Je suis pressé, l'écureuil. Va te faire botter le cul ailleurs.
Alfaro donna un violent coup de coude à William pour l'écarter, ce qui fonctionna. Le petit-fils de Chen sortit alors un roucoups.
-Echarpeur, jet de sable sur ce minable.
Les vêtements d'Alfaro furent bientôt couverts de terre mais il ne broncha pas. Le roucoups le poursuivait toujours, tout comme la voix de son maître.
-T'as pas l'air si pressé que ça, si tu veux aller t'entraîner. De toute manière, tu perds ton temps : je me suis déjà fais tous ces dresseurs mais mes pokémon en veulent encore. Tu pourrais offrir les tiens en dessert, ils serviraient enfin à quelque chose.
-Tu en as été privé tellement de fois que tu fait une fixation dessus ? Dommage pour toi, tous ceux qui ont combattu mon équipe se sont retrouvé avec un gros mal de ventre. Tu devrais t'en souvenir.
-Avoue que tu as trop peur de me voir prendre ma revanche sur toi.
-La seule chose que je doit avouer c'est que tu me fais perdre mon temps.
-Si tu gagnes, je te donne l'adresse d'un type qui t'aidera à remplir ton pokédex. C'est une grande faveur que je te fais là.
-Un scientifique ? dit Alfaro en se retournant.
-Plus ou moins. Tu as déjà vu les ordinateurs du centre pokémon ? C'est lui qui a inventé le système de stockage des pokémon.
Alfaro regarda le dresseur en face de lui. Trois pokéball se trouvaient à sa ceinture et il jouait distraitement avec celle de son roucoups. Ils seraient peut-être plus forts que les siens mais il avait l'avantage du nombre.
-Prépare-toi à cracher tout ce que tu sais, l'écureuil. Joey, à toi !
Le rattata sortit, faisant luire ses crocs au soleil. Le roucoups en face de lui ne fut nullement impressionné et lança une attaque tornade sous l'ordre de son dresseur.
-Utilise la tornade pour accélérer et lance croc de mort !
Le quadrupède mauve encaissa l'attaque et bondit sur le poitrail de l'oiseau. Ce dernier remua ses ailes pour le faire partir et le jeta en l'air avant de lui lancer une deuxième attaque tornade. Joey se retrouva dans l'oeil du courant d'air, secoué de toutes parts, avant de retomber lourdement au sol, sans bouger.
L'image d'un aspicot mort de la même manière remplaça la scène qui se déroulait sous les yeux d'Alfaro.
-Joey, relève-toi !
-Rappele-le, il est incapable de combattre.
Le rattata se releva tant bien que mal en faisant un mouvement du bassin trop étrange pour qu'ils paraisse naturel. Contre toute attente, il bondit une deuxième fois sur l'oiseau qui, prit par surprise, ne put rien faire. Ils se séparèrent au bout d'une lutte intense, les crocs de Joey teintés de sang. Aucun des deux pokémon ne pouvait plus bouger.
-Match nul, on dirait, commenta Alfaro.
-T'es aussi cinglé que ton rat, cracha William. Kim, à toi !
Un abra remplaça le roucoups au plumes rendues poisseuses par son propre sang. Alfaro fit de même en envoya Cleopatre le sabelette.
-Kim, choc mental !
Mais rien ne se produisit. Le brun soupçonna un piège mais rien ne laissait présager une telle ruse, que ce soit sur le visage de William ou dans les mouvements de l'abra. Il poussa la curiosité jusqu'à le scanner à l'aide de son pokédex.
-"Abra, le pokémon psy. Il dort environ dix-huit heures par jour et se téléporte en cas de danger, ne pouvant pas encore se défendre lui-même". Tu veux devenir comique ?
-Teleport !
Le petit pokémon jaune tourna la tête vers son dresseur mais ne fit rien d'autre, contrairement au sabelette qui lui porta un léger coup de griffe.
-Bonne idée, Cléo. Fais-lui des pichenettes.
D'abord réticent, le sabelette prit lui aussi plaisir à gentiment torturer son opposant sous les rires d'Alfaro. Le plaisir ne dura pas longtemps puisque l'abra fut rappelé et remplacé par un rattata. Cleopatre laissa la place à Billy qui sembla se réveiller un peu lorsqu'il se rendit compte qu'il était poussé à combattre. Le mimi-queue qu'il vit le laissa de marbre et deux fouet-liane suffirent à renvoyer le rongeur sous les jupes de son maître.
-Mais merde ! Aka, règle-lui son compte !
-Beau boulot Billy. Joey, on y retourne !
Pas inconscient pour un sou, Alfaro administra tout d'abord une potion au rattata qui retourna sur le champ de bataille, prêt à combattre. Il dépassait le salamèche en agilité et ses croc dominèrent les griffes du lézard. Les ordres bafouillés de William ne suffirent pas suffit à renverser la situation.
-C'est pas juste ! Personne n'a pu me vaincre pour l'instant ! Comment est-ce qu'un plouc comme toi a pu me battre trois fois !
-On n'a pas grandi dans les mêmes coins, c'est tout. Va à Safrania et tu comprendras peut-être. Et cette info ?
Bon gré mal gré, William tint parole et dévoila ce qu'il savait d'une voix amère.
-Il y a un ensemble de villas au bout de la route 25, face à la jetée. Tu demanderas à voir Léo le pokémaniaque. Avec un peu de chance, il acceptera de montrer sa collection à un minable comme toi.
-Ouvre un dictionnaire et tu verras quel dresseur apparaît à côté du mot "minable". Un indice : c'est un écureuil qui va vite partir la queue entre les jambes.
William ne releva pas l'insulte et partit vers le centre pokémon tandis qu'Alfaro partit dans la direction opposée et posa enfin le pied sur le pont. Il n'eut que le temps de faire quelques pas avant de se faire barrer la route par un groupe de dresseurs.
-Si tu veux traverser, tu vas devoir nous passer sur le corps ! A mon signal...Go !
-Bataille royale ? Comme vous voulez. Déchainez-vous, les gars !
Alfaro fit sortir l'ensemble de son équipe deux par deux. Une violente bataille s'engagea alors sur le pont : Joey et Trotwood, l'un monté sur l'autre, faisaient équipe contre des nidoran. Le papilusion larguait son passager qui mordait à tout va et lançait des attaques choc mental à distance. Billy jouait des lianes et servait de bouclier à Pizzo qui gigotait, inutile, face à un férossinge à l'air teigneux. Seuls Cleopatre, aux prises avec une floppée d'insectes, et Flavio, dont l'instinct lui dictait de s'occuper des pokémon plantes, avaient besoin d'être accompagnés dans leurs mouvements par Alfaro. Les ennemis tombèrent un par un et ce fût l'équipe en sous-nombre mais mieux entraînée qui remporta la bataille.
-Alors, c'est tout c'que vous avez ? Venez, j'vous attends.
-Bravo ! Excellent, magnifique, incroyable ! Une telle maîtrise de tes pokémon et un sang-froid à toute épreuve...tu as un potentiel qui ne demande qu'à être exploité !
Ce flot de compliments venait d'un homme qui se tenait jusqu'àlors en retrait et applaudissait. Il semblait être le chef de la bande car les cinq autres dresseurs s'écartèrent respectueusement sur son passage.
-J'ai assisté au combat et le moins qu'on puisse dire, c'est que tu sais y faire avec tes pokémon. En vadrouille ?
-Plus ou moins. Je suis pressé alors grouillez-vous d'en finir avec votre baratin.
-Manque de discipline...murmura l'homme. Mais bon, puisque tu as gagné, laisse-moi t'offrir un petit cadeau.
Il lui lança un petit objet qu'Alfaro réceptionna avant d'examiner. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise devant ce qu'il voyait.
-C'est...une pépite ! Vous en avez combien pour les distribuer comme ça ?
-Dans mon groupe, des cailloux comme ça, on en a des centaines. Tu veux en avoir plus ?
Alfaro flaira l'arnaque et attendit que l'autre continue.
-Tu m'as l'air malin, alors autant y aller directement. Je fais partie de la team rocket. Rejoins-nous et tu obtiendras tout ce que tu veux. On saura comment utiliser tes dons et tu grimperas très vite dans la hiérarchie.
La rage d'Alfaro se déclencha trop vite pour que personne sur le pont ne puisse faire quoi que ce soit. Il se précipita sur le Rocket qui sortit deux pokémon. Ces derniers furent envoyés au tapis en quelques attaques et le natif de Safrania jeta son adversaire par-dessus le parapet. Un gros "plouf" confirma la chute du Rocket et les insultes qu'il lui lançait prouvaient au moins qu'il savait nager.
-Maintenant, dit-il aux autres dresseurs, vous avez trois secondes pour dégager de ce pont.
Sa menace fut entendue et il fut seul avant d'avoir fini le décompte. William, une bande de vendus, un Rocket...la journée commençait bien et il n'était pas encore midi. Si seulement il ne se levait pas aussi tard, il aurait pu se vanter de remettre les bandits à leur place avant le petit-déjeuner. A cette idée, il décida de faire une pause bien méritée près des hautes herbes et de soigner ses pokémon. Joey était celui qui l'inquiétait le plus, les potions ne pouvant rien faire contre le coup qu'il avait reçu en tombant durant le combat contre le roucoups de William. Il parvenait à bouger à peu près correctement mais s'immobilisait parfois plusieurs secondes.
-Pas d'imprudences jusqu'à ce que je t'emmène au centre, c'est compris ?
-Ratta !
Au moins lui obéissait-il plutôt bien. Alfaro avait remarqué que ses pokémons avaient des affinités entre eux. Joey et Trotwood étaient désormais inséparables mais avaient du mal à joindre les autres à leur duo. Cleopatre, encore nouveau, s'amusait à donner des petits coups à Pizzo. Flavio, si il avait fait des progrès, restait encore immobile la plupart du temps tout près de son dresseur, comme une statue. Quand à Billy, il s'entendait très bien avec tout le monde et partageait sa nourriture avec le chétiflor.
Une minute...depuis quand un tel pokémon les avait-il rejoint ?
-Billy, plaque-le au sol !
-Zarre ! Herb !
-Cheti ?
-Billy, tu m'écoutes ? Immobilise-le !
L'adepte des plantes ignora l'ordre et fit claquer ses lianes juste sous les racines du chetiflor qui, effrayé, partit aussi vite qu'il le put. Il se fondit dans des buissons et échappa à la ball lancée dans la panique par Alfaro.
-Billy ! Viens ici tout de suite ! rugit-il.
Le regard des autres membres de l'équipe se tourna immédiatement vers leur dresseur. Jamais il n'avait montré autant de colère envers l'un deux.
-Dit, Trot. Pourquoi il est en colère comme ça, le Maître ? demanda Cleopatre
-Billy a fait l'exact opposé de ce qu'il lui avait demandé. Bouchez-vous les oreilles, ça va être un vrai carnage.
-L'imbécile, remarqua Joey. A sa place, j'aurais bondi sur lui et laissé le Maître attraper l'intrus.
-Il a toujours été comme ça, Billy ? Eh, dit Trot, il a toujours...
-Non, l'interrompit le papilusion. C'était même le plus obéissant de nous tous. Et je crois savoir pourquoi il se rebelle...
-Et pourquoi ? Hé, Trot, dit, pourquoi ?
Trotwood allait répondre mais n'en fit rien. Le sabelette était encore trop jeune pour entendre la vérité mais lui avait bien vu pourquoi l'herbizarre était devenu si méfiant envers le Maître. Il ne savait cependant pas comment tout cela allait finir...
-J'attends. Pourquoi m'as-tu désobéi et fait fuir ce chetiflor ?
L'herbizarre reta silencieux, fixant un point sur le sol.
-Bordel, qu'est-ce que j'ai fait pour avoir un tel pokémon ? se plaignit Alfaro en levant les yeux au ciel.
A ces mots, Billy sortit une de ses lianes et l'appliqua délicatement sur la nuque de son dresseur. Ce dernier se demanda un instant la signification d'un tel geste avant de déviner ce que son pokémon voulait lui faire comprendre.
-Quoi, c'est tout ? Tu supportes pas d'avoir blessé ce salaud de Rocket au mont Sélénite ?
-Zarre...
-Ecoutes-moi bien. Tu ne comprends peut-être pas parce que tu es pokémon, mais la Team Rocket sont des humains méchants pour les hommes comme pour les pokémons. Puisque ce sont des méchants, il faut être méchant avec eux. Ils le méritent.
Billy regarda le visage de son dresseur, peu convaincu. Il n'était pas si bête et savait que quelque chose n'allait pas dans le raisonnement de son maître. Si seulement il pouvait lui faire comprendre...
-Herbi, herbizarre ?
-Oui, je sais, ce sont des humains. Mais eux aussi forcent leurs pokémon à attaquer les gens. Tout le monde a peur d'eux à cause de ça, la seule solution est donc de faire pareil. Capito ? Je veux dire...compris ?
-Herbi...zarre...
C'est ainsi que l'incident fut clot et qu'ils se remirent en route. Comble du hasard, Alfaro eu la chance de capturer un autre chetiflor, baptisé Brazil. Les dresseurs qui se trouvaient sur la route durent ployer devant la puissance de la petite troupe et ils atteignirent les luxueuses villas qui se trouvaient au bout. Le dresseur n'eut aucun mal à trouver celle du dénommé Léo : un amoncelement d'appareils usagés, de câbles et de ferraille se trouvait devant. Alfaro frappa plusieurs fois mais n'obtint pas de réponse. Ne voulant pas rebrousser chemin, il enclencha la poignée dans l'espoir de voir la porte s'ouvrir, ce qu'elle fit difficilement.
Il devina que la pièce dans laquelle il se trouvait était le salon, au vu des canapés et des tables noyés sous le désordre. Papiers, vaisselle sale, câbles, quelques ordinateurs portables et des cartons rendaient le passage difficile. La propriété entière était un capharnaüm sans nom. Il explora encore et arriva dans une salle aussi désordonnée que le reste de la villa qui ressemblait à un laboratoire.
-Excusez-moi, y'a quelqu'un ?
-Lolof.
Alfaro se retourna vers l'endroit d'où provenait cet étrange cri aigu. Derrière un appareil se trouvait une petite créature rose aux oreilles pointues. Ses dents retenaient un câble électrique et ses yeux froncés indiquaient la plus grande concentration. Alfaro le scanna avec son pokédex.
-Un mélofée, hein ? Tu dois appartenir à Léo. Lâche ça, dit-il en s'approchant, tu risques de t'électrocuter.
Le mélofée esquiva les bras qui tentaient de le prendre en faisant un saut sur le côté. Il se lança ensuite dans une longue série de cris à l'articulation bizarre pour un pokémon. Les sons étaient les mêmes mais il parvenait à les combiner de telle manière qu'il pouvait en créer d'autres, en plus des syllabes qui composaient son nom.
-Je ne comprends absolument rien à ce que tu me racontes. Est-ce que ton maître est là ?
Le mélofée s'interrompit et plaqua la paume de sa main sur son front, comme le ferait un humain témoin de quelque chose de stupide. Il s'approcha d'un bureau, y monta difficilement, prit une feuille de papier et la présenta à Alfaro.
-"Si vous trouvez ceci, c'est que mon expérience a échoué d'une manière ou d'une autre. Il se peut que je sois coincé quelque part dans le réseau informatique..." Quoi ?
-Mélo ! ordonna le mélofée en pointant la feuille du doigt.
-"...dans le réseau informatique, que je sois mort ou que je sois transformé en une créature non-humaine. Si la troisième option s'avère vraie et que je suis incapable de communiquer, lancez le programme "CTRLZToutPuissant" depuis l'ordinateur central de mon laboratoire. Sinon, lancez le programme "SherlockHolmes" qui déterminera laquelle des deux premières options est la bonne. Il tentera automatiquement de me ramener si je suis encore en vie. Sinon, considerez-moi comme mort. Mes dernières volontées...Evoli...Figurines de "Space magmar"...Posters lolicons...
Le mélofée bondit depuis la table et arracha la feuille des mains de l'humain. Il pointa ensuite de l'une de ses griffes "CTRLZToutPuissant" et "ordinateur central". C'est à cet instant qu'Alfaro comprit.
-C'est vous Léo !? C...Comment vous avez fait ça ?
L'humain transformé en pokémon gonfla ses joues et fronça les yeux. Il pointa ensuite du doigt un ordinateur et partit dans un caisson, attendant très certainement qu'Alfaro enclenche le programme. Le brun pria tous les dieux qu'il connaissait et cliqua deux fois sur l'icône "CTRLZToutPuissant". Les moteurs de la machine firent un bruit semblable à celui que ferait une clé frottée contre une corde de piano, ce qui effraya le dresseur, plus habitué aux moteurs à essence qu'à ceux sortis de films de science-fiction. Un autre caisson s'ouvrit alors et un nuage de fumée s'en échappa, libérant un homme grand et dégingandé aux cheveux chataîn.
-Fantastique ! Ce n'était pas le résultat prévu mais qu'importe, c'est une idée à creuser. Il me faut de quoi noter cette experience...
Alfaro toussota bruyamment.
-Oh, pardon, j'avais oublié que tu étais là. Désolé pour le dérangement, tu peux partir, dit Léo en fouillant dans la pièce.
-Drôle de façon de remercier son sauveur. Sans moi, vous seriez encore en train de mâchouiller un fil électrique.
-Je ne pouvais pas atteindre mon placard à sucreries et les griffes des mélofées sont sacrémént affutées, il fallait bien que je trouve autre chose à grignoter pour me concentrer. Mais passons sur ce détail. Tu t'appelles...?
-Alfaro Straeno. J'aurais quelque chose à vous demander.
-Ma collection de données publiques est à la deuxième porte à droite en sortant du labo, si c'est ce que tu veux, dit Léo d'un ton pressé.
-Non, c'est autre chose. Est-ce que vous connaissez Alberto Straeno ?
-Jamais entendu parler. Mes contacts sociaux se comptent sur les doigts d'une main, les professionnels de l'autre, et il ne fait partie d'aucun des deux groupes. Maintenant ouste ! J'ai du travail.
Alfaro quitta l'énervant scientifique qui n'avait pas cessé de bouger dans la pièce durant toute leur conversion. Le professeur Chen, lui, avait au moins la décence de proposer quelque chose à ses invités, ce qui n'était pas le cas de Léo.
-Oh zut. Attend !
Le brun se retourna vers l'informaticien qui s'approcha en lui tendant un morceau de papier rectangulaire.
-Désolé pour mon comportement, c'est toujours comme ça quand je suis plongé dans mes recherches. Prend-ça en guise de remerciement.
C'était un ticket d'entrée pour la fête d'un bateau de luxe à carmin-sur-mer, une ville portuaire située au sud. Alfaro n'en croyait pas ses yeux. Jusqu'à quel point cet homme était-il fou pour lui offrir quelque chose d'aussi cher ?
-On m'a invité à cause de mon goût pour les pokémon rares mais je ne supporte pas les foules. Vas-y à ma place, ce serait dommage de ne pas utiliser ce ticket.
-Vous êtes sûr ?
-Oui ! Maintenant sors de là, dit Léo.
Il fît un mouvement de sa main pour accompagner son ordre et Alfaro obéit, déçu de ne pas avoir l'ombre d'une piste concernant son père. Au moins ne partait-il pas les mains vides, même s'il doutait fort aller à cette fête.
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Dim 6 Avr 2014 - 8:32 | |
| Et voici votre chapitre mensuel ! Il faut vraiment que j'accélère le rythme au risque de passer trois ans sur ce Nuzlocke. Bonne lecture ! - Chapitre 10:
-C'est à ton tour, dresseur. Alfaro leva les yeux de la brochure sur les pokémon eau qu'il lisait à l'appel de son nom. La championne d'Azuria était enfin revenue mais les challengers étaient si nombreux ce jour-là qu'elle avait décidé d'organiser des matchs éliminatoires, matchs que le brun avait remporté sans problèmes grâce à son pokémon plante. Chose rare à Kanto, les combats contre elle avaient lieu en public et profitaient de la fréquentation de la piscine pour attirer les amateurs, ce qui n'était pas du goût d'Alfaro, plus habitué aux combats à l'abri des regards. C'est donc d'un pas nerveux qu'il se rendit vers la partie du bâtiment réservée aux spectacles aquatiques. Le public était nombreux ce jour-là, comme si il voulait rattraper les trois jours où la responsable de la zone ne pouvait pas leur offrir leur dose de spectacle. Des applaudissements polis suivirent l'entrée du challenger dans l'arène et triplèrent d'intensité lorsque la favorite entra à son tour. Elle était plus jeune que ce à quoi s'attendait Alfaro, probablement du même âge que son collègue d'Argenta. De taille moyenne mais athlétique, ses cheveux roux coupés courts brûlaient avec autant d'intensité que ses yeux, ce qui lui donnaient un air de garçon manqué. Le sourire qu'elle adressait au public ainsi que son salut de la main s'évanouirent lorsqu'elle croisa le regard de son adversaire et son visage devint tout de suite beaucoup plus dur. Alfaro était sûr qu'elle n'était pas du genre à faire des concessions en combat. -Et maintenant, mesdames et messieurs, un combat exceptionnel ! Le challenger tout droit venu de la capitale va subir la déferlante de la sirène d'Azuria : Alfaro Straeno contre Ondine ! La championne utilisera deux pokémon tandis que son adversaire n'aura aucune limite. Que le match commence ! Les deux dresseurs envoyèrent leurs pokémon au combat en même temps : Billy, matérialisé sur une plate-forme flottante, faisant face à un étrange pokémon jaune en forme d'étoile qu'Alfaro n'avait encore jamais vu : un stari. Ondine fit le premier mouvement. -Yana, plonge puis charge ! -Reste sur tes gardes, conseilla Alfaro à l'herbizarre. Pokémon et dresseur scrutaient la surface de l'eau dans laquelle le Stari avait habilement plongé. Le pokémon aquatique pouvait attaquer de n'importe quel côté et seuls leurs réflexes combinés pouvaient faire pencher la balance. L'étoile jaune sortit d'un bond et frappa de plein fouet Billy avant de replonger aussitôt. -Un coup direct de notre championne ! indiqua inutilement le commentateur. Cela marchera-t-il une deuxième fois ? Son hypothèse fut contrecarrée par la vivacité du challenger et de son pokémon. Le stari sortit une nouvelle fois de l'eau mais fut stoppé par les lianes de Billy qui l'envoya s'écraser contre un mur. Il glissa et s'échoua lamentablement contre le sol, son joyau régénérateur heureusement intact. Le pokémon qui fût ensuite envoyé était sans aucun doute possible l'évolution du précédent : un staross. -Armure, plonge et charge ! -Fouet-liane, Billy ! L'étoile mauve fut plus rapide et inaugura un violent ballet aquatique. Elle plongeait, surgissait et chargeait à une vitesse telle que Billy ne pouvait rien faire. Le bord de la plate-forme se rapprochait dangereusement et tous savaient que l'adepte des plantes ne pourrait rien faire une fois dans l'eau. Alfaro ordonna une vampigraine qui parasita le staross mais le temps manquait et elle était toujours infatigable. Ondine n'avait plus rien ordonné depuis la première attaque et restait immobile et silencieuse, le petit sourire sarcastique qui s'étendait sur ses lèvres la faisant ressembler à une statue issue de la mythologie grecque. Le brun avait à un moment pensé à de la télépathie mais une telle chose lui paraissait absurde. Il fallait bien qu'elle communique ses ordres, mais avec quoi ? C'est alors qu'il comprit. Rien n'avait été dit depuis le premier ordre car il n'y avait rien à dire ni à communiquer. En y regardant de plus près, les mouvements du staross se répétaient dans un ordre compliqué mais identifiable. Chaque charge poussait Billy selon un degré déterminé et le staross s'y adaptait, parvenant ainsi à combiner rapidité et invulnérabilité. Maintenant qu'il avait été vu et revu, ses failles étaient facilement exploitables. -Esquive en arrière, Billy ! -Plonge ! Le staross n'eut pas le temps d'obéir. Billy se déplaça comme ordonné et le pokémon eau, dont le timing avait été brisé, fut amené sur la plate-forme par ses lianes. Quelques coups suffirent pour lui ôter toute envie de combattre. -Et notre challenger triomphe de la maestria d'Ondine ! Applaudissez bien fort notre vainqueur du jour : Alfaro Straeno ! Les deux dresseurs se rapprochèrent sous les acclamations du public. A peine eut-elle donné son badge que la championne retourna dans ses vestiaires sans qu'Alfaro ne puisse lui dire le moindre mot, ce qui ne l'étonna qu'à moitié. Une discussion devant un tel public était la chose la moins discrète à faire dans l'état actuel des choses. Il fallait cependant plus qu'une expression neutre et une sortie conventionnée pour l'empêcher de mener son enquête. *°*°*°*°*° Ondine plongea dans la piscine vide et nagea quelques brasses avant de faire la planche. Elle était désormais seule dans son arène et profitait de la fermeture pour se détendre, sans personne pour la déranger. Le travail ne manquait pas et il lui arrivait de regretter d'avoir accepté le poste de champion d'arène - ou la moitié, pour être plus précis. Elle sortit de l'eau et se dirigea vers ses vestiaires privés pour se changer sans prendre la peine de fermer la porte. Cette erreur lui coûta une partie de son intimité car elle aperçut le jeune homme qu'elle avait combattu plus tôt se refléter dans un miroir. -Dit-le si je te gêne ! dit-elle d'une voix offusquée. Qu'est-ce que tu fait ici ? -Je voulais vous poser quelques questions mais vous étiez introuvable, alors j'ai attendu. Ondine claqua la porte de son vestiare au nez du brun qui attendit tranquillement devant. Il esperait que le mauvais timing dont il avait fait preuve serait vite oublié et que la championne accepterait de l'aider. Elle n'avait pas eu l'air rancunière lors de leur match, peut-être oublierait-elle tout aussi vite l'affront qu'il venait de lui faire. Il se promit de ne pas laisser son regard vagabonder sur ses courbes pour ne pas la fâcher davantage. La championne sortit après un temps incroyablement court par rapport aux autres femmes qu'il connaissait. Son visage était cependant toujours aussi furibond. -Grouille-toi, qu'est-ce que tu veux ? -Je voulais savoir si vous connaissiez quelqu'un... -Désolé, c'est pas bonne adresse. -Mais on m'a dit que vous étiez la personne la plus... -Qui ça "on" ? -Le champion d'Argenta, répondit Alfaro, agacé d'être sans cesse interrompu. Je lui ai demandé la même chose et il... -Le bougre d'imbécile. Il sait pourtant que je ne suis qu'à demi-championne. Je ne m'occupe que des combats, précisa-t-elle. La vraie responsable en est pour l'instant incapable. Alfaro remua les lèvres dans un juron inaudible. La rousse en face d'elle n'avait pas un bon caractère et il avait peut-être fait tout ça pour rien. Encore une perte de temps. -Où puis-je la trouver ? demanda-t-il le plus poliment du monde. -Si tu crois que je vais te le dire, tu peux te mettre le doigt dans l’œil. -On peut peut-être en discuter devant un verre ? Le coup de poing qu'il reçut dans la mâchoire, sans faire craquer l'un de ses os, fut suffisamment violent pour qu'il abandonne tout espoir d'en savoir plus sur son père. Il s'était cependant toujours interdit de frapper les femmes et il recula de quelques pas, bien que la tentation soit plus grande que jamais. -Ecoute-moi bien, petit con : je ne suis pas une de ces filles en jupe courte qu'on croise à Safrania. Garde tes sales pattes loin de moi ou mon staross te réduit en charpie ! -Je ne voulais pas... -Outa, météore ! Le pokémon eau, maintenant hors de sa ball, fit immédiatement pleuvoir une série de projectiles qui poursuivirent Alfaro jusqu'à la sortie de l'arène. Le jeune homme murmura une insulte à l'égard de la rousse et parcourut les rues d'Azuria, les mains rageusement enfoncées dans ses poches. Quitte à devoir fouiller la ville entière par lui-même, autant commencer par avoir un aperçu des lieux. Il se dirigea vers les hauteurs de la ville pour avoir un bon état des lieux mais son humeur massacrante augmenta encore quand un homme le bouscula. -Hé ! Fais gaffe où tu marches, connard ! L'inconnu ne releva pas l'insulte et descendit une volée d'escaliers à toute vitesse. C'était la première fois qu'Alfaro croisait quelqu'un d'aussi pressé en dehors de sa ville natale. Il le suivit des yeux, sa curiosité prenant le pas sur sa colère, et le vit rejoindre la façade d'une maison gardée par un policier. Le brun ne pouvait pas entendre leur conversation mais il devinait que le représentant de l'ordre tentait de chasser l'inconnu. Ce dernier ouvrit le manteau qu'il portait et montra ce qu'il y avait en-dessous. Le policier cessa toute réprimande et pâlit pour une raison qu'Alfaro devina immédiatement. L'entrée de la maison fut ouverte et refermée dès que l'inconnu s'y fut réfugié, confirmant les soupçons d'Alfaro qui sourit comme un prédateur qui venait d'apercevoir sa proie. Il allait pouvoir rendre justice tout en se défoulant un peu. *°*°*°*°* L'agent de police ne se sentait plus très bien depuis que le Rocket l'avait intimidé, et c'était un euphémisme. On lui avait appris que les malfaiteurs se rendaient parfois sur les lieux du crime mais il n'avait jamais pensé qu'ils l'utiliseraient pour fuir. La maison qu'il surveillait avait été victime d'un cambriolage et ses propriétaires avaient été logés ailleurs, ce qui lui avait paru étrange. Il comprenait maintenant que tout avait été orchestré pour que les responsables des vols puissent fuir sans être gênés et son sens de la justice était entravé par la peur de voir ses proches menacés par la mafia de la région. Il n'était maintenant plus seulement le responsable de la sécurité de la demeure mais également de celle du Rocket en fuite. Tétanisé par la peur, il ne remarqua pas le rattata qui s'était approche de lui jusqu'à ce qu'il lui morde violemment la cheville. Le policier hurla de douleur et donna un grand coup de pied que le rongeur évita avant de le mordre de nouveau. Il ne remarqua ni la liane qui s'empara de son trousseau de clés, ni le jeune homme qui entra discrètement dans la propriété. Quand au rattata, il disparut derrière la maison où Alfaro le récupéra. -Beau travail. T'es un vrai rat des villes, maintenant ! -Ta ! Ta ! La team Rocket n'y était pas allé de main-morte pour trouver le moyen de s'enfuir. La maison qu'ils avaient choisi comme couverture était éventrée, tout comme le mur du jardin qui se trouvait derrière. Le fuyard était si sûr de sa retraite qu'il y était encore et reprenait son souffle. Le bruit de la porte l'avait alerté et il n'était qu'à moitié surpris de voir Alfaro. -C'est un peu tard pour jouer les héros, gamin. Toute la police de la ville est maintenant dans notre poche. -Qui a dit que je voulait vous livrer à ces abrutis ? Joey, à l'attaque ! -Soporifik, règle son compte à ce gamin ! Le pokémon psy ne put rien faire contre l'énergie du rattata dont l'agilité se combinait avec la pénombre croissante. Le machoc qui suivit posait cependant un net désavantage et Flavio fut envoyé pour terminer le combat. -Machoc, poing-karaté ! -Esquive, vite ! L'oiseau avait maintenant suffisamment de réflexes pour esquiver et le machoc alla s'écraser contre le mur de la maison qui s'effondra sous la puissance de l'attaque. Un nuage de poussière envahit le jardinet dans un grand fracas et le Rocket en profita pour s'enfuit, abandonnant une partie de son butin derrière lui. Chantage ou pas, attirer ainsi l'attention pouvait lui être fatal. Il en était de même pour Alfaro. Son petit défoulement nocturne pouvait avoir de lourdes conséquences si il était prit sur les lieux du crime. Il siffla en direction de Flavio qui traversa la fumée pour se mettre sur son épaule avant de partir à la poursuite du criminel.Avec un peu de chance, il pourrait terminer ce combat à mains nues et envoyer un message significatif à la team Rocket. Le résultat risquait d'être un peu moche à voir mais la journée qu'il avait passé et son enquête qui piétinait lui semblaient être une bonne excuse. L'homme avait malheureusement réussi à fuir sans être inquiété par ses poursuivants, ce qui n'était pas le cas d'Alfaro. Ce dernier entendait derrière lui des bruits de pas précipités et devinait que plusieurs policiers le pourchassaient. Si il ne parvenait pas à les semer très vite, son voyage à travers la région s'en retrouverai fort compromis. Alfaro se glissa dans une petite ruelle et s'y cacha, le cœur battant à tout rompre. Les deux policiers qui le pourchassaient sans le savoir passèrent devant, apparemment plus préoccupés par le Rocket que par lui. Peut-être n'étaient-ils finalement pas tous corrompus, pensa-t-il, surtout dans une ville aussi calme que Azuria. Il resta là plusieurs minutes afin de reprendre son souffle et calmer les battements de son cœur. L'interdiction d'entrer ou de sortir de la ville étant toujours active, il allait devoir rester discret jusqu'à ce qu'il soit suffisamment loin pour ne plus avoir à se justifier. -Rrouuu. Rourouuuu. -Pas maintenant, Flavio. Rentre dans ta pokéball. Le roucool ignora l'ordre et descendit de l'épaule de son dresseur. Il fit quelques pas maladroits puis écarta brusquement ses ailes avant d'irradier une lumière blanche. Alfaro paniqua : évoluer maintenant n'était pas très discret mais il ne savait pas comment l'en empêcher. Il croisa les doigts et assista, impuissant, à la transformation de Flavio. Ce dernier semblait maintenant beaucoup plus menaçant, avait triplé de taille et abhorrait désormais une superbe queue ainsi qu'une crête, toutes deux rouges. Le petit oiseau fou avait laissé à un prédateur plus convainquant. -Roucoups ! cria Flavio en s'étirant les ailes. -Rentre dans ta ball, tout de suite ! ordonna Alfaro, joignant la parole au geste. Les policiers étaient heureusement trop loin pour l'entendre et le brun se remit en route, tournant nerveusement la tête au moindre son. La meilleure option était de se cacher un petit moment et il savait exactement ou aller. Safrania n'était plus très loin et il pensait retourner chez lui afin d'établir un nouvel itinéraire de recherches. Le sort en avait décidé autrement en se présentant sous la forme d'une rangée de gardes armés bloquant des dresseurs. Il tenta de se faufiler discrètement à travers le poste de douane mais fut remarqué avant même d'avoir pu faire trois pas. Un garde à l'air revêche le força à reculer. -Désolé petit, personne ne passe. La situation d'urgence vient d'être décrétée. -Mais j'habite en ville, je peux pas rester dehors ! fit semblant de s'indigner Alfaro. -On ne me la fait pas à moi. T'as tout l'air d'un dresseur alors ça devrait pas te gêner, non ? -Vous voulez voir ma carte, c'est ça ? -J'en ai rien à foutre de ton morceau de papier. Personne n'entre ou ne sort de la ville, ordre du gouvernement. Maintenant dégage ! Alfaro dut se plier à l'ordre et s'éloigna, peu enclin à tenter quoi que ce soit devant ces hommes armés. La situation devait être vraiment grave pour que Safrania soit ainsi coupée du monde et gardée à l'aide d'armes à feu. Leur utilisation était rare même au sein de la police qui préférait employer des pokémon soumis à un entraînement quasi-militaire, même après l'adoption de la loi Nuzlocke. La question avait longtemps fait débat mais il avait été convenu que les pokémon étaient non seulement moins dangereux mais également beaucoup plus efficaces, ce qui n'avait pas empêché les défenseurs de la vie sauvage de faire pression pour qu'ils soient moins utilisés. Les dresseurs n'étaient donc pas les seuls à être pénalisés par la loi Nuzlocke. Le jeune dresseur était donc complètement bloqué, ne pouvant ni rentrer à Safrania ni à Azuria. Ivre d'une rage qu'il avait de plus en plus de mal à contenir, il partit dans la nature et improvisa une séance d'entraînement qui avait plus pour but de trouver des punching-ball vivants que de renforcer ses pokémons, ce qui ne l'empêcha pas de capturer un Miaouss hâtivement surnommé Siam. La rumeur d'un humain colérique se répandit bien vite parmi les sauvages et plus aucun ne l'approcha. A bout de forces et complètement écœuré, Alfaro se laissa tomber sur le sol et resta immobile. Seul Flavio osa l'approcha et tenta de se percher sur son épaule, ce que sa taille ne lui permettait désormais plus. -Descend, tu vois bien que t'es gros pour ça maintenant. Le roucoups le regarda et claqua son bec avant de le rapprocher de son épaule. Prenant cela comme une tentative de l'apaiser, Alfaro avança sa main et caressa les plumes du pokémon. La sensation était plus agréable que lorsqu'il était sous sa forme de roucool, peut-être à cause du bienfait que lui avait fait son évolution. Flavio avait remarquablement bien progressé depuis qu'il l'avait capturé à Bourg-Palette et rien ne laissait deviner ses maladresses d'avant. Le frêle et légèrement stupide oiseau ressemblait de plus en plus à un rapace et ces progrès étaient entièrement dus à la patience de son dresseur, ce qui acheva définitivement Alfaro de sortir de sa colère. -Ouais, t'as raison, c'est juste un retard. Bravo pour avoir évolué. Flavio roucoula, ce qui fut perçu par tous les autres comme un signal. L'humain fut bientôt recouvert par toute son équipe dans une étreinte collective qui ne le gênait pas mais à laquelle il mit fin peu de temps après. La nuit était maintenant complètement tombée et il n'avait toujours pas installé le campement. Il décida de se passer de feu et de se coucher immédiatement, laissant ses pokémon s'installer comme ils le souhaitaient. Les plus rétifs au sommeil furent Billy et Joey. Les deux pokémon semblaient plongés dans une discussion qu'ils tentaient de cacher mais que chacun remarquait. Le herbizarre jetait des coups d’œil fréquents à son dresseur, ce qui agaça très vite Alfaro. -Silence, vous deux. A moins que vous ne vouliez passer la nuit dans vos balls ? Ils se turent et Joey s'éloigna de Billy comme si ils s'étaient disputés. L'humain n'y accorda pas d'importance. Faire en sorte que ses pokémon ne se disputent jamais relevait de l'utopie et cela ne le dérangeait pas du moment qu'ils acceptaient de combattre ensemble si cela était nécessaire. Il s'endormit très vite, complètement épuisé, sans savoir qu'il avait été l'objet de la conversation de ses deux pokémon.
P.S : Pourriez-vous me dire comment mettre des liens menant à un message ? J'aimerais mettre une pagination sur mon premier post pour faciliter la recherche. |
| | | Neowstix
Dresseur
Nature : Relax
Niveau : 26
Exp : 2192
| | | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mar 22 Avr 2014 - 21:58 | |
| Onzième chapitre de Traces. Vous vouliez du sang ? Vous aurez bien plus ! Bonne lecture. - Chapitre 11:
Alfaro déambulait dans les rues de Carmin sur mer, seule ville portuaire de Kanto, à la recherche du centre pokémon. Il s'était résigné à prolonger la première partie de son voyage sans avoir rien pu apprendre du blocus de Safrania et les maigres suppositions qu'il avait élaboré en franchissant un tunnel reliant Azuria à Carmin ne menaient nulle part. D'une invasion de tadmorv à une série de travaux importants en passant par le passage d'un convoi, aucune conclusion ne semblait plus probable qu'une autre. L'activité qui régnait en ville eut bientôt raison de sa concentration et il préféra admirer la ville éclairée par un brillant soleil. Tout était en mouvement autour de lui. Ici des ouvriers accompagnés de leurs pokémon bâtissaient une série d'immeubles, là des camions transportaient des marchandises venues des docks ; mais c'était la foule qui envahissait le plus les rues de la ville en cette fin de matinée. Le jeune dresseur arriva finalement à destination et confia ses pokémon à une infirmière avant d'aller faire un tour en ville. L'agitation environnante avait quelque chose de familier et il ne pouvait résister à l'envie de s'y plonger. Après avoir déambulé dans le centre, il se dirigea sans trop s'en rendre compte vers le port marchand de la ville et fut légèrement mal à l'aise. Contrairement à ce qu'il pensait, l'endroit était quasiment vide et silencieux. Les containers semblables à des briques de construction pour enfants s'alignaient, formant un labyrinthe changeant sans cesse. L'endroit aurait pu paraître mort sans les quelques grues en mouvement et le bruit des immenses boîtes qui entraient en contact. Si Kanto était mondialement reconnue pour être la pionnière en matière d'outils pour dresseurs, elle était peu à peu devenue dépendante des matières premières importées d'autres régions. Qui pouvait estimer la valeur totale de ce qui transitait dans ces quelques kilomètres carrés ? Personne. Ce qui semblait incalculable à l'oeil nu l'était tout autant que sur le papier. Une simple rature, le moindre numéro de container volontairement indiqué en double faisait chuter les taxes de manière tentante et ce genre de fraude était monnaie courante pour qui voulait affirmer son leadership dans l'économie de la région. Ajoutée à cela la rapidité avec laquelle les marchandises circulaient, les risques d'être pris étaient minimes comparés à ce qu'il y avait à gagner. Rien à voir avec le port de plaisance situé au sud. Les portes-containers difformes laissaient place à d'élégants paquebots de croisières étincelants et à des yachts privés de toutes sortes côtoyant la plage. Touristes et plaisanciers profitaient du soleil mais ce n'était pas le sable chaud qui intéressait Alfaro. Il venait d'apercevoir l'arène construite face à la mer et y avança machinalement, percutant quelqu'un sans le faire exprès. Il ressentit en même temps une sensation de froid au niveau de sa hanche qui l'encouragea à baisser les yeux. Une petite fille haute comme trois pommes tenait un cornet de glace vide dont la boule glissait maintenant le long du pantalon du brun. De la vanille, à en juger par la couleur. L'enfant commença à pleurer et Alfaro réagit immédiatement. -Ne...ne t'en fait pas, je vais t'en racheter une tout de suite. Ne pleure surtout pas, ok ? La fillette leva les yeux vers lui, ce qui acheva de l'effrayer et de la faire pleurer. Il savait que son apparence de voyou attirait les regards, surtout depuis qu'il avait quitté Safrania, mais c'était la première fois qu'il faisait pleurer quelqu'un rien qu'en se tenant devant lui. Alfaro commanda une glace dans le premier stand qu'il vit et retourna très vite là où il avait laissé sa pauvre victime qui avait maintenant disparu. Il monta sur un rebord dans l'espoir de la retrouver et la vit marcher seule vers une terrasse rejoindre un grand homme aux cheveux blonds coupés courts ainsi que d'autres enfants. Alfaro courut après elle en espérant que ses excuses seraient acceptées. -C'est lui, monsieur major ! Dites à votre pikachu d'électrocuter ce méchant ! dit la fillette en montrant le dresseur du doigt. -Mwahaha ! Allons ma p'tiote, j'suis sur que tu fais erreur ! Regarde ce que ce grand garçon à pour toi. -Navré d'avoir bousculé votre fille, c'était un accident, s'excusa Alfaro en tendant le cornet de glace. -Y'a pas d'quoi mon bonhomme, mais tu te trompes sur un point. Ce p'tit bout d'chou n'est pas d'ma portée ! Alfaro haussa un sourcil. En regardant de plus près, il constata que les enfants regroupés autour de cet homme étaient un peu trop nombreux et différents pour former une famille. -J'me présente : Bob Clancey. Mais pour toi, ce sera "Major". -Alfaro Straeno, répondit le brun serrant la main qui lui était tendue. -J't'ai jamais dans l'coin et pourtant, t'es aussi bronzé qu'un pêcheur. En vadrouille ? -Plus ou moins. Vous savez si le champion est dans son arène ? Un silence interloqué suivit cette question avant que le major ne le brise de son rire tonitruant. -Bwahahaha ! Il est devant toi, gamin ! -Monsieur major, c'est le champion le plus fort du monde ! dit un enfant assis à côté de lui. -Ouais ! Même que ses pokémon, et ben ils lancent des éclairs ! -Et son pikachu, c'est le plus mignon de tous les pikachu ! -Silence, soldats, vous dévoilez des secrets très importants à l'ennemi ! Les "soldats" cessèrent immédiatement leur babillage sans pour autant être effrayés, ce qui impressionna sensiblement Alfaro. Les gosses de Safrania n'avaient par pour habitude d'obéir à leurs parents aussi bien et il ne comprenait pas comment l'autorité du major pouvait être respectée si facilement. Malgré toutes leurs qualités, Alfaro pensait que des pokémon étaient bien plus faciles à dresser que des enfants dont la relation avec leurs géniteurs était bien plus complexe que celle qui unissait les créatures à leur dresseur. Il fut cependant distrait de sa comparaison par la voix du major. -T'y vas pas par quatre chemins, toi, j'taime bien. J'accepte ton défi mais ça attendra demain. J'ai des choses à faire à l'océane et ça peut pas attendre. -Le bateau qui organise une fête ? -Celui-là même. Sauf que j'n'y vais ni pour les p'tits fours, ni pour les jolies filles, mais pour assurer la sécurité ! La fête qui est organisée chaque année attire beaucoup de dresseurs et ils m'ont demandé de me montrer pour éviter que des p'tits malins ne fassent du grabuge. Ce soir, le paquebot se transformera en champ de bataille et crois-moi, ça vaudra le coup d'y participer ! On dit qu'il y a une jolie récompense pour qui remportera le tournoi... Alfaro ne tint pas compte de cette remarque, n'étant pas à la chasse au trésor mais à la poursuite de son père. Il profita de la présence du champion hors de son arène pour l'interroger à ce sujet. -En réalité, je suis à la recherche de quelqu'un et on m'a dit de m'adresser à vous... -Navré bonhomme, je n'dévoile jamais mes infos à qui ne s'en montre pas digne, question d'principes. Si tu veux qu'je parle, il va falloir me passer sur le corps ! Encore raté. Pour une fois qu'un champion se montrait hors de son arène, il fallait qu'un passé militaire et de stupides règles personnelles l'empêchent de l'aider. -Il y a une raison particulière à ça ? demanda Alfaro. Je suis un peu pressé, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué. Le major passa d'un ton débonnaire à une attitude militaire à l'entente de cette remarque. Il se leva de tout sa taille, faisant reculer les enfants qui se trouvaient près de lui. -N'oublie pas qu'tu parles au responsable de la zone, soldat ! Ici c'est moi qui fixe les règles et c'est grâce à ces principes si l'coin est plus tranquille qu'ailleurs ! Si tu veux tes infos, il faudra que tu m'envoie au tapis dans un match officiel ! Compris ? Alfaro ne répondit pas, trop intimidé par ce brusque changement d'attitude et la carrure de l'ancien militaire, beaucoup plus intimidante maintenant qu'il était debout. C'était l'archétype de l'homme qu'il ne fallait surtout pas contredire. -Profite bien de la fête de ce soir parce que ça pourrait être la tienne demain. Repos ! Alfaro comprit le sous-entendu militaire et retourna au centre pokémon. Derrière lui, le major Clancey reprenait l'histoire qu'il avait interrompu, sa voix s'affaiblissant au fur et à mesure que le natif de Safrania s'éloignait. -J'ai alors sorti Capo de sa ball et son grincement mit tous mes ennemis à terre ! Ni une, ni deux, je sortis de ma planque pour les mettre en joue avec mes hommes... *°*°*°*°*° Le paquebot "L'Océane" rivalisait avec le phare de Carmin-sur-mer tant il était illuminé ce soir-là. En plus des éclairages intérieurs, le quai avait été transformé en festival où s'alignaient lampions et stands. L'ambiance festive avait contaminé tous les dresseurs qui se lançaient des défis à tout-va mais Alfaro n'y faisait pas attention et se préparait à monter sur le bateau. -Participez-vous à la compétition ? demanda l'un des marins chargé de l'accueil quand Alfaro lui présenta son ticket. Il acquiesça d'un signe de tête et prit le sac en toile qui lui était tendu. A l'intérieur se trouvait un badge rond et doré qu'il accrocha bien en vue sur son épaule. La règle du tournoi était simple : chaque dresseur devait collecter les badges de ses adversaires en les battant dans des match pokémon qui pouvaient avoir lieu presque n'importe où sur le navire. Les perdants devaient remettre tous ceux qu'ils avaient aux vainqueurs et le gagnant du tournoi était celui qui avait accumulé le plus de points durant un temps imparti. Le départ fut annoncé quelques minutes après qu'Alfaro soit monté à bord, décuplant le bruit de fond déjà présent. Le natif de Safrania enchaîna les dresseurs qui se présentaient sur son chemin sans trop de difficultés. Ses adversaires avaient un bon niveau mais il avait pour avantage d'avoir plus de pokémon qu'aucun d'entre eux, ce qui était un atout de taille dans un tel tournoi. En quelques heures, le bruit des combats se faisait de moins en moins perceptibles, remplacé par le brouhaha venant des spectateurs. Épuisé par ces combats, Alfaro décida de flâner à l'intérieur du navire pour voir à quoi il ressemblait de l'intérieur, n'ayant jamais espéré pouvoir contempler un tel bâtiment de si près. Certains passagers allaient et venaient dans les couloirs mais sa plus grande surprise fut de reconnaître une voix qu'il ne connaissait que trop bien émaner de l'une des cabines. Il tenta de l'ignorer mais son insatiable curiosité le convainquit de coller son oreille au battant de la porte. ...moi troisième badge hier. Je pense me diriger vers Céladopole. -Bien, bien. Et Nina, comment va-t-elle ? -Pourquoi tu ne lui demandes pas ? Ça ne devrait pas te prendre trop de pour lui téléphoner ! -Ecoute, Willy, tu sais très bien que je n'ai pas de temps pour ça et j'en suis désolé. Je n'avais même pas prévu que tu viennes me voir. -Très bien ! Si tu n'as pas une page de ton agenda à consacrer à ton propre fils, je ferais mieux de ne pas bouleverser ton précieux emploi du temps et de m'en aller ! Devinant que la conversation était terminée, Alfaro tenta de fuir mais William fut plus rapide à claquer la porte derrière lui. Le brun s'immobilisa, comme un rattata le ferait face à un persian, et attendit la réaction de son rival dans l'espoir de mieux la contrer. Il ne put cependant rien faire quand William l'agrippa par l'épaule, le força à se retourner face à lui et le plaqua dos contre le mur. -Il fallait vraiment que tu sois là pour m'humilier encore un peu, hein ? Répond ! Le petit-fils du professeur Chen était à la limite de laisser éclater sa colère. Toutes traces de dédain, d'ironie et de suffisance avaient disparu de son visage et ses yeux étaient animés d'une fureur sans précédent. Fuir était la meilleure chose à faire pour le moment, Alfaro ne tenait pas à ce que la bombe éclate devant lui. -Je passais dans le coin, c'est tout. -Et tes jambes ont décidé de s'arrêter toutes seules ? Quoique, ça m'étonnerait pas. Ta tête est tellement vide que c'est un miracle que tu te souviennes comment respirer. Arrête de me prendre pour un demeuré ! dit-il en cognant la tête d'Alfaro contre le mur. -Lâche-moi tout de suite où je te jures que seul te mettre à genoux suffira pour te faire pardonner. -C'est plutôt à toi de t'excuser. T'avais rien à entendre dans cette conversation ! Donne-moi une seule raison de ne pas te donner ce que tu mérites. -Tu participes au tournoi, non ? Je te défie alors lâche-moi. William resta immobile. Sa respiration s'accélérant quand il réalisa la ruse dont avait fait preuve Alfaro. Il se retint de le frapper au visage, écœuré par la lâcheté et le déni dont il faisait preuve, et le lâcha avant de se mettre à un bout du couloir et de sortir son roucoups. Son adversaire appela Cleopatre. -Vive-attaque ! -Boul'armure ! Le sabelette roula sur lui-même, ce qui n'empêcha pas l'oiseau d'écorcher ses écailles de ses griffes acérées. Le pokémon sol poussa un couinement de douleur mais ne bougea pas, attendant les ordres de son dresseur sans oser contre-attaquer. Alfaro ordonna une attaque jet de sable qui prit le roucoups par surprise, permettant à Cleopatre de le griffer jusqu'à ce qu'il abandonne. William était aussi aveuglé par la rage que son roucoups l'était par la poussière. -Envoie-le valser, Kim ! -Bon boulot, Cleo. Trotwood, à toi ! La manche suivante fut plus longue que la précédente. Les deux pokémon se battaient à coup de pouvoirs psychiques et d'altérations de statut aussi fourbes que frustrantes. Le kadabra de William luttait pour résister au poison tandis que le papillusion rassemblait tous ses sens pour ne pas céder face à la confusion. Le bipède fut le premier à mettre un genou à terre, son endurance totalement épuisée. -C'est pas grave, Kim. T'as donné tout ce que tu avais. A toi, Raps ! Alfaro constata que le rattata du châtain avait évolué, tout comme le sien plus tôt dans la journée. Il sourit d'un air provocateur et sortit Joey. -Envie de faire le malin, ordure ? lança William. -Apprend-lui le respect, Joey. Vive-attaque et croc de mort ! Le rongeur fonça sur son congénère qui l'esquiva de justesse et frappa son dos, l'envoyant rouler plus loin. Rap se jeta de nouveau dans la bataille et la lutte qui en résulta fut des plus intenses. Les deux rattatac étaient collés l'un à l'autre, enchaînant les morsures et les coups de tête. Si l'un montrait un signe de fatigue ou de surprise, l'autre en profitait et le premier contre-attaquait immédiatement dans une vendetta sans fin. Les dresseurs poussèrent alors le même ordre au même moment. -Recule et charge ! Ce que les combattants firent sans hésiter. Ils se séparèrent et se jetèrent l'un sur l'autre avec leurs dernières forces dans un craquement d'os sinistre. Joey fut le premier à se relever, laissant l'autre rattatac évanoui au sol. Le faisceau rouge de la pokéball de William l'entoura et il fut aspiré dans la sphère. -Perdre contre un autre comme toi...tu me dégoûtes, espèce de bon à rien, dit-il en regardant l'appareil sphérique. -Excellent, Joey. J'ai bien fait de te choisir. -Réduit-le en cendre, Aka ! Tout de suite ! La pokéball du reptincel fut violemment jetée au sol et son occupant en sortit, animé de la même rage que son dresseur. Il cracha immédiatement un torrent de flammes qui aurait achevé Joey si il n'avait pas à son tour été rappelé dans sa ball. -Laisse-moi changer de pokémon. Tu veux le tuer ? -Lui ou un autre, j'en ai absolument rien à foutre. Je peux même me faire toute son équipe avec un seul pokémon. Malheureusement pour William, Flavio eut raison de son reptincel après un long ballet aérien entrecoupé de jets de flammes forçant l'oiseau à des mouvements parfois dangereux dans l'étroit espace qu'était le couloir du paquebot. L'oiseau y laissa des plumes mais le pokémon de feu était maintenant à terre, sonné par les multiples coups qu'il avait reçu. -Bon, eh bien...encore une victoire à mon actif. William allait répliquer quand la porte de la cabine d'où il était sorti s'ouvrit, révélant un homme de taille moyenne aux cheveux châtains coupés courts et en costume de soirée. Son visage était très semblable à celui de William, si l'on exceptait les yeux et les quelques rides qui s'y profilaient. Rides qui se contractaient dans un mélange de gêne, de retenue et de dégoût, comme si il ne savait pas comment réagir. -J'aurais aimé que tu sois moins âpre au combat, Willy. -J'aurais aimé que tu sois plus souvent là pour Nina et moi, répliqua William d'un ton glacial. Il regarda ensuite dans la direction d'Alfaro et s'avança vers lui à grands pas. Le brun se mit sur la défensive mais William se contenta de passer à côté de lui en lançant son sac de badges à ses pieds. Peut-être avait-il mal regardé, mais il lui semblait avoir vu des traces de larmes sur le visage de son rival avant qu'il ne disparaisse plus loin. -Je suis navré pour le comportement de mon fils. Veuillez accepter toutes mes excuses. -Ce n'est pas à moi que vous devez demander pardon. Croyez-moi, je sais ce que ça fait d'avoir grandi sans un père. Alfaro tourna les talons sans donner l'occasion à Chen père de répliquer. Le dégoût et le mépris que lui inspiraient cet homme était quasiment les mêmes qu'il éprouvait envers son propre père. Il parcourut les couloirs de l'Océane et, n'en pouvant plus, se mit à frapper les murs recouverts de tapisseries. Il enviait William. Il crevait de jalousie. L'écureuil n'avait certes pas le meilleur père au monde mais lui au moins pouvait se vanter de le savoir en vie et d'avoir quelqu'un contre qui diriger sa colère. Alfaro pouvait mépriser son propre père mais pas le haïr. Maudire un cadavre qui ne pouvait ni se sentir coupable ni avoir des sentiments de regrets était parfaitement inutile. L'incertitude qui pesait sur la disparition d'Alberto Straeno était encore pire : Alfaro avait l'impression qu'il se moquait de lui silencieusement, en restant invisible à toutes ses recherches. Le flot d'émotions qu'il tentait de cacher jusqu'au jour où il apprendrait la vérité l'envahissait peu à peu et la mémoire de la dispute qu'il avait écouté rendait les choses bien pires. Il parvint cependant à se calmer à grand renfort de respirations profondes et essuya d'un geste rageur ses yeux embués de larmes. Une dernière inspiration et il retrouva le visage calme et calculateur qu'il arborait habituellement. Les quelques combats qui suivirent furent remportés facilement et, la fin du tournoi approchant, il se dirigea vers la salle de spectacle en grognant intérieurement contre les lumières mouvantes issues des projecteurs. Tout cet amalgame de couleurs était presque un crime selon lui. Une douzaine de dresseurs s'étaient présentés et Alfaro comptabilisait le plus grand total de jetons quand, par le plus grand des hasards, un moustachu bien plus âgé que lui révéla en avoir exactement le même nombre. Une fois les comptes refaits et l'égalité constatée, il fut décidé qu'un match départagerait les deux candidats à la première place et les occupants de la salle migrèrent vers le terrain prévu pour les combats situé à la poupe. -Les adversaires utiliseront chacun deux pokémon, indiqua l'arbitre. Le vainqueur se verra attribuer le premier prix de ce championnat : une capsule secrète contenant coupe ! Messieurs, veuillez vous mettre en position et préparer votre équipe ! -Puissions-nous offrir le meilleur des shows au public, déclara l'homme à la moustache grise. Alfaro ne répondit pas et se contenta de se placer à l'une des extrémités du terrain. ce dernier avait été aménagé de façon à reconstituer de manière parfaite les conditions de combat sur terre, ce qui décida le brun a sortir Cleopatre. Le sabelette fut légèrement intimidé par le brouhaha venant de la foule et se tourna vers son dresseur. -Cesse donc d'avoir peur, ce ne sont que des richards incapables de tenir une pokéball., dit-il d'un ton sec. Concentre-toi plutôt sur ton adversaire. L'homme avait sorti un caninos parfaitement dressé qui sauta sur son adversaire dès le début du combat. Alfaro ordonna une attaque griffe enchaînée d'un jet de sable sur le chiot de feu qui, déstabilisé, lança une attaque flammèche qui ne toucha que légèrement le sabelette. La foule retint son souffle quand la première giclée de sang, causée par une attaque tranche de la part de Cleopatre, tâcha le sol impeccable du terrain. Le caninos fut rappelé sain et sauf. -Prêt à enchaîner avec le suivant ? -Sab sab ! Leur adversaire ne fit guère preuve d'originalité et envoya un deuxième caninos au combat tout en prenant l'initiative : -Charge, Dany ! -Esquive et griffe ! Le sabelette compensa son manque d'agilité par un coup de griffe bien placé qui fit reculer le pokémon feu. Son dresseur ordonna ensuite une attaque hurlement qui prit Alfaro et Cleopatre par surprise. Un jet de flammes le recouvrit entièrement sans qu'il ne puisse rien faire et le public poussa un cri de stupeur suivi d'applaudissements devant la tardive mais magnifique esquive exécutée. Etant certain que leur adversaire dirigerait son attaque peu importe où Cleopatre se déplacerai, Alfaro avait ordonné une attaque tunnel où son pokémon était en sécurité, en plus de bénéficier d'un effet de surprise. Il craignait cependant que l'attaque flammèche n'ai provoqué trop de dégâts et s'inquiéta encore plus quand il constata que Cleopatre mettait du temps à remonter à l'air libre. Soudain, un long cri aigu et étouffé par le poids du sol lui parvint du trou visible à la surface. S'ensuivit une multitude de petits couinements de plus en plus audibles, poussés dans un rythme régulier. La voix de Cleopatre se rapprochait lentement sans qu'Alfaro n'y comprenne quoi que ce soit. L'attaque aurait normalement du se terminer par un contact direct et rapide avec l'adversaire, ce qui n'était absolument pas le cas ici. Une petite motte de terre se forma quelque part dans l'arène, remuant avec difficulté, et le sabelette en sortit. La foule entière poussa un cri d'horreur. Les écailles de Cleopatre avaient presque toutes disparues, dévoilant une chair sanguinolente et meurtrie à vif par son parcours souterrain. Seule une partie du visage avait survécu, protégée par les pattes avants qui faisaient horriblement souffrir le pokémon au fur et à mesure qu'il creusait pour sortir de ce qui aurait pu être sa tombe. Il se hissa du trou avec une extrême difficulté et s'effondra sur le ventre, n'en pouvant plus des efforts titanesques qu'il avait fourni pour atteindre la surface. Le dresseur adverse rappela immédiatement son caninos et se précipita vers Cleopatre, bientôt suivi par deux infirmiers sortis de la foule. La situation était critique et il était impossible de déplacer le pokémon sans lui infliger d'avantages de blessures qui pouvaient d'avérer fatales. Le seul moyen de lui assurer une chance de vivre était de le rappeler dans sa pokéball et de compter sur le système d'urgence. Il fallait à tout prix que son dresseur le rappelle. Quand les humains tournèrent les yeux vers l'autre bout du terrain, Alfaro avait déjà disparu.
- Do no open before chapter 11:
En réalité, Cleopatre n'a même pas pu vaincre le premier caninos, mais j'ai légèrement modifié pour faire durer le suspens. Voici comment sa mort s'est produite, en détail :
J'affrontais le gentleman au deux caninos et avait mis Pizzo en première ligne afin de lui faire gagner de l'expérience; Je change automatiquement avec Cleo mais cette dernière (Je la considère comme une femelle mais il est impossible de le savoir dans le jeu) se prend une flammèche coup critique plus sévère que je ne le pensais. Une potion et une autre attaque flammèche plus tard, j'entame l'offensive mais le destin en décide autrement.
Cleopatre était plus lente que le caninos qui a relancé une attaque flammèche coup critique. Et là, c'est le drame : ma sabelette est brûlée et je suis incapable de faire quoi que ce soit pour la soigner durant deux tours maximum. Elle creuse et perd des pv, le caninos rate son attaque, elle ressort mais...l'autre survit avec un pv et Cleopatre meurt de ses brûlures à la fin du tour.
Ce n'était pas ma première mort en nuzlocke, loin de là. Mais c'était l'une des morts les plus intenses que j'ai jamais connu. Une véritable machine infernale, pour reprendre l'expression de Cocteau, où je ne pouvais décider d'absolument rien. De mémoire, j'ai dû ne connaître ça qu'une fois sur vingt-cinq, sûrement plus.
R.I.P Cleopatre. La reine du désert périt dans les flammes les plus cruelles qui soient, mais sa mort ne sera pas vaine.(Alfaro décline toute responsabilité dans cet épitaphe. Sa réaction au prochain chapitre)
|
| | | YunUroko
Écrivain
Nature : Calme
Niveau : 31
Exp : 166
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 24 Avr 2014 - 22:58 | |
| J'ai tout lu (hein ? Des révisions pour des partiels ? Où ça ?) et j'aime bien ton style d'écriture. Il y a quand même des passages qui sont assez... Comment dire... Perfectibles, notamment au début, et d'autres qui apparaissent comme un peu forcés :/ Cependant, on sent une amélioration à mesure des chapitres. Juste que tu devrais te relire : il manque des mots à plusieurs endroits ^^"
Concernant la fin du chapitre 11 : j'ai beaucoup aimé la façon dont tu as décris la scène. Non pas que je suis une sadique qui a soif de sang (... Quand même pas... Si ?), mais l'émotion est davantage passée que lors de la première scène du même genre, même si ce n'était pas une bestiole de PNJ. |
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Ven 16 Mai 2014 - 22:14 | |
| Et voici le chapitre 12, comme le nombre de mois qu'il y a dans une année sans pour autant que cela fasse un an jour pour jour que j'ai commencé à publier ce Nuzlocke. Bonne lecture ! - Chapitre 12:
Alfaro se leva tôt ce matin-là et descendit au rez-de-chaussée du centre pokémon dans l'espoir de contacter le professeur Chen. N'ayant pas envie de démarrer une conversation vidéo, il se débrouilla pour n'utiliser que le téléphone et attendit. -Alfaro ! Comment vas-tu ? Tu as de la chance, j'allais justement me mettre au travail. Où en es-tu dans ton voyage ? -Tout va très bien, professeur. Je suis à Carmin-sur-mer depuis hier. -Carmin-sur-mer, oui. Très jolie ville, dit le chercheur d'un ton enthousiaste. Je te conseille de visiter la petite grotte qui se trouve à l'est, il y a là une espèce de pokémon qu'on ne trouve nulle part ailleurs à Kanto. Que puis-je faire pour toi ? -Vous pourriez m'envoyer Pinball ? -Bien sur, tout de suite mon garçon. Quel pokémon envoies-tu au labo ? Alfaro ne répondit pas et laissa planer un silence gêné. Il n'osait pas avouer au dresseur vétéran la mort de Cleopatre et espérait qu'il ne poserait pas trop de questions. Chen comprit et se sentit tout aussi mal à l'aise. Perdre un pokémon pour la première fois n'était facile pour personne mais il était sur que celui dont il avait la charge pouvait encaisser le coup. -Tu veux en parler ? demanda-t-il d'une voix calme. -Non, merci. C'est juste...j'aurais jamais cru que cette sabelette mourrait comme ça. C'était comme une sorte de machine infernale, j'ai fait une erreur et j'ai rien pu arrêter. Ce n'était vraiment pas beau à voir. -Je vois...c'est une chose horrible que de perdre l'un de ses compagnons. Vraiment horrible...Enterre-le dignement, souvient-toi de lui et fait tout pour ne pas en perdre un de plus. On ne peut rien contre les accidents mais on peut toujours éviter le reste, Alfaro. Toujours. -Merci, professeur. J'y penserai. -Je t'envoie ton racaillou. Tu as l'intention de défier le champion aujourd'hui, hein ? Fais attention à lui : ses pokémon ont repoussé beaucoup de types sol, d'après ce que j'ai entendu. Et voilà, fais bien attention à lui, répéta-t-il une fois le transfert terminé. Alfaro prit la ball, l'accrocha à sa ceinture, remercia son tuteur et posa le combiné du téléphone après un échange de banalités. Les recherches du plus âgé avaient repris un nouveau souffle grâce aux données et aux pokémon que lui avaient envoyé Alfaro et William et il ne tarissait pas d'éloge à leurs sujets. Le brun était d'avis qu'il le faisait en partie pour promouvoir son pokédex mais il s'était abstenu d'en faire la remarque. Il ne voyait pas pourquoi il aurait son mot à dire si cette invention faisait ses preuves, surtout que certains de ses aspects le dépassaient complètement. Il sortit du centre et se dirigea vers l'endroit indiqué par le chercheur, curieux de voir de quels pokémon il parlait, mais le premier taupiqueur qu'il croisa dans le tunnel s'enfuit sans qu'il ne puisse rien faire. Énervé par la perte d'un tel élément, il sortit sans plus explorer les lieux et se dirigea plus à l'est dans le but d'entraîner son seul pokémon à même d'être efficace contre le champion de Carmin-sur-mer. Là, il profita des hautes herbes pour capturer un piafabec qui fut surnommé Roy avant d'être envoyé au pc. L'entraînement du racaillou commença. Alfaro décida de le laisser combattre seul sans l'aide de ses coéquipiers afin de le renforcer au maximum. Les heures passèrent de la même manière que les cadavres des pokémon qui n'avaient pas réussi à fuir et les bouteilles de potion vides, si bien que le racaillou s'effondra sur le sol, exténué par les efforts qu'il avait fourni jusque-là. Alfaro tenta de le convaincre de se remettre debout mais il abandonna bientôt. -D'accord, on fait une pause déjeuner, concéda-t-il. Il fit sortir toute son équipe et le silence régna durant un moment, seulement interrompu par les cris de quelques uns de ses pokémon. Pizzo en particulier semblait exceptionnellement bavard et ne cessait de parler à Billy entre deux bouchées de croquettes que ses lianes portaient au poisson incapable de se nourrir lui-même. Le quadrupède lui répondait parfois par quelques grognements évasifs, ce qui ne semblait pas répondre aux questions du magicarpe. Billy décida alors de le porter aux pieds de leur dresseur, ce qui doubla la verve du poisson. Alfaro n'y comprenait cependant rien et rappela son premier pokémon pour qu'il traduise. -Pourquoi Cleopatre n'est plus là...tu te fiches de moi, c'est ça ? Il est mort. -Magi, magi magi carpe carpe ! -Herbi bi, herbizarre. -Je n'ai pas besoin de m'encombrer du corps d'un mort, en particulier d'un pokémon faible. -Carpe ! Magicarpe ! -Il était faible ! Sinon, il n'aurait pas perdu ce match, répondit Alfaro sans avoir besoin de la traduction de Billy. Et puis d'abord, pour qui tu te prend à jauger la force des autres ? Qu'as-tu fait depuis que je me suis laissé escroquer par ce minable ? Pizzo ne répondit rien, déconcerté par le brusque changement de sujet. Il roula des yeux pour chercher le soutient de ses semblables mais tous s'étaient tus, choqués par la révélation de celui qui se prétendait être leur dresseur. Ce dernier continua sa harangue. -Rien. Absolument rien. Si je savais comment me servir de ces foutues machines, je t'aurais remplacé depuis longtemps. La seule chose que tu as, c'est de la chance que j'ai eu pitié de ce minable comme j'ai pitié de toi. Je te garde par pure charité et toi, tu viens me faire la morale ? Que les choses soient claires entre nous : tu la fermes et tu te garde tes conseils. Comme ça, tu pourras peut-être me faire de la concurrence le jour où tu seras dresseur, à moins que je n'envoie ton équipe rejoindre cet autre faiblard de sabelette. Pizzo remua sur le sol avec plus d'intensité et Alfaro crut déceler de la colère dans ses cris. Il lui semblait que le magicarpe lui tenait un discours confus où il parlait de la proximité qu'il avait eu avec le jeune sabelette. Il n'en avait bien sûr rien à faire et, pour mettre fin à cette discussion, il ordonna à Billy de le remettre à l'eau, ce que l'herbizarre refusa. Le natif de Safrania répéta le même ordre à chacun de ses pokémon mais aucun de bougea d'un pouce pour exécuter la sentence. Alfaro baissa de nouveau les yeux vers Pizzo qui remuait toujours en criant comme un sourd.. Il était plus que temps que ce pokémon pitoyable, inutile, geignard et bon à rien disparaisse à jamais de sa vue. Il donna un violent coup de pied au magicarpe qui s'envola haut dans les airs avant de retomber douloureusement sur la berge. Le pokémon eau remua faiblement et glissa dans l'eau pour ne plus remonter à la surface tandis que des protestations s'élevaient dans l'équipe. Alfaro se tourna vers eux et les fit taire d'une seule menace. -Un mot de plus et je vous fait subir la même chose. Vous allez m'obéir au doigt et à l'œil, capito ? Seul le silence lui répondit et il fut satisfait de voir une expression de peur sur le visage de ses pokémon. Ils contestaient ses ordres ? Qu'à cela ne tienne, il les ferait maintenant obéir sous la menace. C'est lorsqu'ils reculèrent qu'il se rendit compte que ce n'était peut-être pas lui qui les effrayait mais ce qui se trouvait derrière lui. Alfaro scruta l'eau mais ne vit rien de menaçant. Il s'approcha pour être sûr et remarqua un filet de bulles éclater, formant des ondes troublant le calme de la surface. Le bouillonnement se fit alors plus intense et un cri de pure rage émana des profondeurs. L'humain recula, effrayé comme rarement auparavant, et fixa des yeux l'énorme silhouette qui avait émergé. -Pizzo...c'est toi ? Le monstre qu'Alfaro avait reconnu comme étant un léviator rugit et fit naître une vague qui vint s'écraser sur l'équipe. Il fonça ensuite vers son dresseur, toutes dents en avant, mais rata sa cible. Joey s'était précipité pour forcer l'humain à se mettre au sol, donnant le signal à une contre-attaque collective. Flavio aveugla le monstre marin d'un jet de sable avant de le harceler de ses serres, rejoint par Trotwood qui le paralysa et permit à Billy de mieux le contenir grâce à ses lianes. Les minutes passèrent, la bataille pour contenir Pizzo se déchaînait avec violence mais le natif de Safrania ne disait plus un mot, toujours choqué par l'attaque dont il avait été victime. Plusieurs voitures surgirent alors et des hommes en uniformes en sortirent. Alfaro reconnut les forces de dressage pokémon de la police, bientôt suivie par le major Bob en personne. -Repli, soldat ! Rappelle tes troupes, laisse-nous la ball de ce poiscail et court au centre, on se retrouve à l'arène ! Alfaro obtempéra tandis que le spécialiste des pokémon électriques sortait un raichu. L'attaque tonnerre n'atteignit pas directement sa cible mais son contact avec l'eau parvint à étourdir le léviator un moment. Alfaro jeta un dernier regard sur le combat acharné qui avait lieu avant de courir vers la ville. Il se persuada que la peur qu'il avait ressenti n'était due qu'à la surprise et espéra que le major ou un autre ne soit pas contraint d'abattre le léviator. Un tel garde du corps, après tout, lui faciliterait grandement le voyage. *°*°*°*° Alfaro poussa les portes de l'arène quelques heures plus tard. Elle ressemblait en tout point de vue à une ancienne caserne militaire, avec ses véhicules couverts de bâches et ses grandes portes de garages ouvertes. Le major Bob était en train de réparer un tout-terrain et n'avait pas entendu Alfaro arriver. Il se tourna en l'entendant toussoter. -On va enfin pouvoir passer aux choses sérieuses, toi et moi. Voilà la ball de ton léviator, dit-il en lui lançant l'objet en question. Interdiction formelle de le sortir pour ce match ! Non seulement il t'attaquerait immédiatement, mais je ne suis pas sûr qu'il puisse me survivre une seconde fois. Maintenant, à l'assaut ! L'ancien militaire fit signe à Alfaro de le suivre jusqu'à l'autre bout de la caserne et ils traversèrent les portes. Un terrain à ciel ouvert les attendait, tracé sur une vieille piste d'atterrissage bordant la mer. Le temps nuageux et le bruit du ressac formaient une parfaite ambiance pour le combat qui allait suivre. Confiant sur ses chances de victoires, Alfaro sortit Pinball avant que Bob ne fasse le premier mouvement. -Vous devriez revoir vos fréquentations, Major. Les enfants parlent toujours trop vite. -Pas de bla-bla inutile sur le terrain, morveux. C'est entre les gosses et moi. Il appela un voltorbe qui, malgré le désavantage lié au type, gardait la même expression de sévérité que son dresseur. -Code rouge, soldat. Go, go, go ! La ball vivante se concentra quelques secondes et envoya une rafale de rayons transparents vers Pinball dont les bras ne suffirent pas à protéger le corps. Le sourire dédaigneux d'Alfaro disparut en un instant quand il vit son pokémon aussi mal en point en un seul mouvement. Il ordonna immédiatement une attaque ampleur et les poings du racaillou soulevèrent le sol, propulsant le voltorbe qui s'écrasa, inconscient, avant d'être rappelé. Le pikachu qui suivit connut le même sort. -A quoi bon envoyer vos soldats au casse-pipe, major ? Ce n'est pas une guerre, c'est une boucherie. -Ta gueule, gamin, cracha le champion. Mes troupes m'accordent leur confiance et je ne pourrais plus jamais me regarder dans une glace si je m'en montrait indigne. Ritchy, go ! Code blanc-bleu ! Le même raichu que lors de l'incident avec Pizzo sortit de la ball et fit crépiter ses joues, impatient d'en découdre avec son adversaire. Si Alfaro ne se trompait pas, une couleur froide signifiait que le danger n'était pas grand. Le pokémon électrique qu'il avait devant lui devait donc surpasser de loin tous ceux qu'il avait vaincu précédemment mais même si tel était le cas, pourquoi avoir énoncé deux couleurs ? Un geste de la part du major et le rongeur fonça sur Pinball pour le plaquer au sol, ce qui le déstabilisa sans qu'il ne prenne trop de dégats. Le raichu prit ensuite appui sur la roche vivante et recula d'un bond avant d'éxecuter une attaque reflet. Il l'entoura ensuite et multiplia les vive-attaques sous les encouragements de son dresseur. Alfaro ordonna de nouvelles ampleurs mais l'attaque linéaire ne touchait jamais le bon raichu. C'était un miracle en soit qu'il parvienne à atteindre un clone. Il y avait bien cette attaque qu'il lui avait fait apprendre ce matin et qui lui permettrait de remporter la victoire, mais cela signerait l'arrêt de mort de Pinball et il avait peur que Bob le prenne pour un assassin... C'est alors qu'Alfaro perça à jour la tactique de son adversaire. Puisque le "blanc" du code faisait référence à l'attaque reflet, le bleu devait être de l'eau, l'une des faiblesses des pokémon roches. Trop concentré sur les mouvements du raichu, il n'avait pas remarqué que Pinball tentait désespérément de s'agripper au béton soulevé à maintes reprises et tournait le dos au rivage vers lequel il était poussé. Si les reflets attaquaient toutes les directions, le vrai raichu chargeait toujours vers une direction précise : la mer, bleue comme le code militaire auquel la souris électrique obéissait. -Devant toi, Pin ! Ampleur...maintenant ! Le racaillou leva les bras et pilonna le terrain, complètement paniqué. Le sol se souleva alors bien plus haut que les fois précédentes et le raichu s'envola, imité par ses reflets, avant de tomber sur le dos. Pinball se releva mais son adversaire ne put en faire de même, sonné par la puissante attaque. Le major le renvoya dans sa pokéball et s'adressa au brun en face de lui. -Beau combat, soldat. Vient là que j'te donne ton badge. Alfaro traversa le terrain amoché pour recevoir la preuve de sa victoire, mais ce n'était pas cela qui l'intéressait et le champion le savait très bien. -Rendez-vous dans une heure au "Tentacool enlisé", près des docks, lui dit-il. Je répondrai à toutes tes questions dès que tu seras là-bas. Maintenant file ! Mes troupes ont besoin de soins. *°*°*°*° Le "Tentacool enlisé" était une taverne fréquentée par les dockers et les marins lors de leurs escales à terre. L'endroit autrefois plus vivant avait perdu de son activité au fil du temps, les grues et les bateaux modernes remplaçant peu à peu la main-d'œuvre humaine et pokémon. Seuls d'anciens travailleurs de la mer à la retraite et quelques habitués y venaient soit par nostalgie, soit pour profiter de la discrétion et du silence. Le bar était presque désert et seuls des regards mornes accueillirent Alfaro lorsqu'il y en entra. Il parcourut des yeux la salle obscure en cet après-midi nuageux mais le major Bob ne s'y trouvait pas encore. N'ayant jamais fréquenté autre chose que les fast-food de la capitale, il songea à s'asseoir à une table vide mais le tenancier l'interrompit. -Montez à l'étage, la dernière porte. Clancey vous y attend, murmura-t-il rapidement. Alfaro obéit et grimpa les marches légèrement grinçantes. Il ouvrit ensuite la porte qui lui était indiquée et retint un haut-le-cœur. La pièce était emplie d'une odeur insupportable qui brûlait les narines, ce qui ne gênait pourtant pas l'ancien militaire qui se balançait sur une chaise, les yeux rivés sur une forme cachée par un drap blanc. -Approche, jeune dresseur. Il est temps pour toi de faire face à tes responsabilités. Il fit signe à Alfaro de se mettre en face de lui, se leva de sa chaise et enleva délicatement le morceau de tissu, dévoilant le cadavre de Cleopatre. Seules les paupières refermées avaient survécu à l'attaque du caninos de la veille : tout le reste n'était que chair nécrosée et lambeaux de peau et d'écailles. Le visage d'Alfaro se tordit de dégoût. -T'as offert un sacré spectacle hier. T'enfuir comme ça en abandonnant ton compagnon d'armes... Le dresseur ne releva pas la remarque. Il ne savait pas où le major voulait en venir et attendait la suite en respirant le moins possible. Clancey le remarqua. -Ne retient surtout pas ta respiration, peu importe à quel point c'est dégueulasse. Tu vas peut-être voir pire que ça lors de ton voyage et ça te sera fatal si tu ne te fait pas à ce genre de choses. -Je m'y suis...déjà préparé, répondit Alfaro, le souffle gêné par l'odeur de mort. -Alors pourquoi t'être tiré en plein milieu du match ? T'avais honte d'être responsable de la mort d'un de tes pokémon ? -J'avais honte de ce sabelette. Bob Clancey perdit le calme olympien dont il avait preuve depuis son entrée au "Tentacool enlisé", rejoignit Alfaro et le prit sèchement par les épaules. -Ose me redire ça dans les yeux ! Alfaro ne put regarder l'homme qui lui faisait face. C'était bien sa chance de tomber sur un champion pareil : militaire, rigoureux et sentimental envers les pokémon. Quelle plaie. -T'avais pourtant bien combattu, tout à l'heure. D'autres que toi auraient mis des jours à comprendre ma tactique, mais aucun n'aurait ordonné à son pokémon de s'autodétruire. Ne ment pas, dit-il en voyant Alfaro lever les yeux et ouvrir la bouche, ton visage est aussi lisible qu'un radar et j'ai déjà vu bien plus désespéré sur le champ de bataille. -Ne dites pas ça comme si n'aviez jamais ordonné à un électrode de se tuer. Vous n'avez jamais été coincé lors de vos fameuses guerres ? -Oh que si. Mais j'ai préféré me faire faire prisonnier plutôt que d'avoir à affronter le visage de mes pokémon sur le point de mourir parce que je leur ai ordonné. Pas d'kamikazes dans mes troupes ! Avec moi, quand on entre dans le champ de bataille, c'est avec la ferme intention d'en revenir ! Les deux dresseurs se regardaient maintenant face à face au dessus du cadavre de Cleopatre. Alfaro ne comprenait absolument pas pourquoi son interlocuteur faisait autant de sentiment à propos des pokémon. Après tout, des sabelette, il y en avait des centaines d'autres dans la nature et les crétins écologistes faisait tout pour qu'ils se multiplient comme des rattata, tout comme les autres espèces. Il avait décidé de devenir dresseur en acceptant de se soumettre aux règles mais rien de ce qu'il avait fait jusque-là n'était contre la loi, alors à quoi bon s'acharner ? Ces résolutions en tête, Alfaro regarda Clancey dans les yeux sans sourciller. L'ancien militaire sut à cet instant qu'il ne pourrait pas le faire changer d'avis. Il lâcha le brun et tira deux chaises où il s'assit, imité par son interlocuteur, et croisa les bras. -Je ne suis pas venu pour un sermon mais pour des renseignements, major. Vous avez donné votre parole. -Et je la respecte. Qu'est-ce que tu veux savoir ? -Je cherche un membre de ma famille, Alberto Straeno. Ça vous dit quelque chose ? -Ton père, au vu d'ton comportement. Donne-moi des détails, je vois des centaines de noms défiler chaque jour. -Un scientifique, disparu il y a onze ans. Il travaillait à Safrania et aurait été muté quelque part, je ne sais pas où. Le regard du major dériva vers la petite fenêtre de la pièce, signe qu'il réfléchissait. L'odeur, sans pour autant être un parfum exquis, était un peu plus supportable mais le jeune dresseur avait hâte de sortir de la pièce. Clancey reprit la parole après un certain temps. -Ce nom ne me dit absolument rien. Et pourtant, je n'peux pas me vanter d'avoir connu beaucoup de chercheurs. Cependant... Le major était en proie à un doute. Devait-il aider ce délinquant à retrouver son père ? Il n'avait pas été capable de lui faire comprendre l'importance du respect envers ses pokémon mais il avait une autre idée de comment lui inculquer cette valeur si importante à ses yeux. Peut-être que lui faire voir les choses sous un autre angle l'y aiderait... Mais ce qui le blessait le plus dans son orgueil, c'était qu'il allait devoir faire appel à cette bande de prétendus héros de l'ombre et il s'en serait bien passé. Il n'avait cependant pas le choix : cette vieille affaire qu'il croyait morte trouvait des conséquences logiques et il avait eu du mal à contenir son indignation à l'époque où il était encore soldat. -Ta prochaine étape, c'est bien Céladopole ? -J'avais pensé à me rendre à Safrania d'abord mais toutes les issues sont fermées. Vous savez pourquoi ? -C'est silence radio et pourtant, il ne s'est rien passé d'anormal. Même la championne est injoignable, mais ça n'a pas d'importance. Toi, tu n'auras qu'à passer à l'Ouest d'Azuria, traverser la grotte et tu seras à Lavanville. Je te conseille de visiter la tour qu'y s'y trouve, tu y apprendras des choses intéressantes. Tu iras ensuite à l'ouest et tu trouveras un tunnel qui te mènera à Celadopole. Le champion a changé mais il t'aideras sûrement. C'est lequel qui t'a conduit jusqu'ici ? -Celui d'Argenta. -Le fils à Gotzaburo...pas étonnant d'sa part. Tel père tel fils : ils étaient beau à voir tous les deux et j'espère que ce sera pareil quand tu retrouveras le tien. Une dernière chose maintenant : il est temps que tu offres des funérailles dignes à ton pokémon. Je veux que tu le prennes et que tu l'enterres quelque part en dehors de la ville. Interdiction de le jeter à l'eau, je saurais si tu le fais. Et avant que je n'oublie, voila ta capsule secrète coupe. Le gars d'hier s'est senti trop mal pour accepter ça après la mort de ton pokémon. Alfaro prit l'objet qui lui était tendu ainsi que le cadavre de Cleopatre. Le drap qui le recouvrait de nouveau n'empêchait pas l'odeur d'être encore plus insupportable et il se promit de se débarrasser de cette charge le plus vite possible. Le major Bob le laissa sortir et il se dépêcha de quitter la taverne pour ne pas attirer d'autres regards. Il courut à travers les rues de Carmin-sur-mer, empruntant instinctivement les passages les moins fréquentés, et arriva à la route 11. Alfaro entra dans le tunnel taupiqueur et y déposa son paquetage. Restait à creuser la tombe et il ne savait pas comment faire sans outil. Si la sabelette était vivante, elle se serait fait un plaisir de s'en occuper elle-même. Si seulement elle n'était pas remontée à la surface hier soir, personne ne se serait inquiété, pensa Alfaro. La légende du cadavre de l'Océane : un pokémon entérré de façon mystérieuse dans les entrailles du paquebot. Ça aurait attiré les touristes. Le brun cessa de faire de l'humour noir et appela Joey pour lui ordonner de creuser. Ses mouvements maladroits et les pauses régulières qu'il prenait trahissaient la connaissance de la nature de sa tâche bien que son dresseur n'en ai pas dit un mot. Une fois la besogne accomplie, Alfaro y déposa le cadavre avec plus de soin qu'il ne l'aurait cru, le regarda quelques secondes et le recouvrit de terre lui-même. Sa mère lui avait dit de toujours respecter les morts mais elle n'avait pas précisé si ceux-ci devaient être des pokémon. Dans le doute, il préférait lui obéir. Elle, au moins, méritait qu'on se souvienne d'elle.
|
| | | horshead3
Dresseur
Nature : Solo
Niveau : 24
Exp : 66
Pas de badges gagnés
| | | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 12 Juin 2014 - 12:59 | |
| Merci horshead pour ton avis, il me fait chaud au coeur ^^ - Chapitre 13:
La route 9 faisait partie de ces zones totalement délaissées depuis l'extension de Safrania et la centralisation qui avait naturellement suivie. Une tentative de réaménagement avait été entreprise plusieurs années auparavant en même temps que le projet de construction d'une centrale mais le tout avait très vite été abandonné pour des raisons qui échappaient à Alfaro. La seule chose qui l'intéressait actuellement était de traverser le maquis d'arbrisseaux, de haies et autres plantes sauvages à l'aide de son herbizarre.
Billy s’acquittait si bien de sa tâche qu'il attaqua sans s'en rendre compte un sabelette endormi qui profitait des ronces pour échapper à la chaleur de cet après-midi. D'abord réticent à le capturer, Alfaro changea d'avis quand il se rendit compte à quel point un cousin éloigné de Cleopatre lui serait utile. Il l'attrapa donc et le sortit immédiatement après sa capture.
Le sabelette se roula immédiatement en boule, paniqué par ce qui venait de lui arriver. Les paroles de Billy, qui se voulait rassurant, n'y changèrent rien et le natif de Safrania employa une autre méthode : il posa son sac, en sortit une poignée de nourriture qu'il présenta au pokémon et resta immobile. La créature le regarda, avança timidement la patte vers une croquette et la porta à sa bouche avant de répéter le geste et de se laisser caresser.
-A partir de maintenant, tu m'accompagneras dans mon voyage. Contente-toi d'obéir à mes ordres et tout se passera bien.
Billy grogna à l'entente de ce mensonge mais ne dit rien de peur d'effrayer le sabelette. Si son dresseur disait vrai, il aurait tout le temps de l'informer des dangers qu'ils couraient tous. Surtout celui-là avait l'air plus jeune que Cleopatre.
Maintenant que le nouveau venu était mis en confiance, Alfaro pouvait lui présenter le reste de l'équipe sans s'inquiéter. Il était absolument nécessaire qu'il s'intègre très vite si il voulait mettre son plan à terme. C'est donc sans délai qu'il sortit ses autres gardes du corps, à l'exception de Pizzo. Un silence gêné s'installa alors sans que le natif de Safrania n'y fasse attention. Après tout, un pokémon était un pokémon : peu importe l'espèce à laquelle ils appartenaient, il était convaincu qu'ils sympathisaient automatiquement une fois dans l'équipe d'un humain.
-Je vous laisse faire connaissance avec Imhotep, dit-il. On repart bientôt.
Le nouvellement baptisé s'approcha du reste de la bande, ignorant comme son dresseur le changement d'atmosphère qui était survenu depuis que les autres étaient sortis de leurs balls. Ils eurent cependant le tact de ne faire allusion à Cleopatre ni entre eux, ni à leur tout jeune compagnon encore innocent. Ce dernier contemplait tout le monde avec de grands yeux ronds et manifestait un certain intérêt pour les ailes irisées de Trotwood. C'est lorsqu'il poussa un couinement de ravissement qu'ils se promirent silencieusement de ne pas le laisser connaître le même sort que leur compagnon mort à peine deux jours plus tôt.
Une fois la bonne entente entre ses pokémon constatée, Alfaro décida de passer à la phase la plus dangereuse de son plan mais celle qui allait tout décider d'un certain réfractaire à ses ordres. Il rappela Joey et Flavio pour ne laisser que Billy, Trotwood et Imhotep qu'il prit dans ses bras sans que ce dernier n'oppose de résistance, convaincu de la chance d'accompagner un dresseur en apparence si protecteur.
Ce n'était pas ce que pensaient les deux autres pokémon encore sur le terrain quand ils virent la main du natif de Safrania empoigner une ball un peu particulière du fait de son occupant. Ils se mirent automatiquement sur leur garde pour la plus grande satisfaction d'Alfaro qui leur expliqua son plan.
-Maintenant que j'ai un autre sabelette, je vais essayer de prendre Pizzo par les sentiments. "Morto un papa, se ne fa un altro". N'attaquez pas avant que je ne vous l'ordonne, c'est compris ?
Il ignora les protestations qui suivirent et jeta la pokéball au sol. Le monstre marin apparut, redressé de tout son long dans une position d'attaque. Alfaro prit immédiatement la parole en ignorant la peur sourde qui couvait en lui.
-Alors, calmé ?
Un rugissement de rage lui répondit mais il ne cilla pas et cacha du mieux qu'il put ses tremblements. Que serait un dresseur si il se laissait effrayer par ses propres gardes du corps ?
-Je ne retirerai pas un seul mot de ce que j'ai dit hier. Cleopatre était faible et je n'ai absolument rien à voir avec sa mort. Et tais-toi un peu, tu fais peur à Imhotep.
L'attention du léviator, jusque-là centrée uniquement sur Alfaro, se porta sur celle du sabelette qui avait entre-temps fourré sa tête dans le cou du brun, à la recherche de protection devant l'immense bête qui lui faisait face. Ainsi donc, ce misérable humain osait le prendre par les sentiments ? Il hurla de nouveau et menaça le groupe avec sa queue.
-Tu veux vraiment blesser ce sabelette ? Vas-y, fais-le ! Ce sera entièrement de ta faute !
Alfaro écarta les bras et attendit que Pizzo fasse le premier mouvement. Employer la force brute ne ferait qu'empirer les choses : si il voulait le dominer, c'était maintenant ou jamais. Il resta immobile, les griffes du sabelette lui écorchant la peau à travers son t-shirt. Si Pizzo attaquait...il préféra ne pas y penser.
Seuls Billy et Trotwood bougeaient, agitant lianes et ailes pour mieux faire face au choc. L'affrontement qu'ils redoutaient n'eut cependant pas lieu : la colère du léviator se calma sans toutefois le quitter complètement et il s'abaissa en signe de soumission. Le plan avait fonctionné : la terreur de l'équipe n'était maintenant plus qu'un gentil poissirène enfermé dans un bocal. Il était maintenant temps de lui attacher une laisse.
-Dit bonjour à Pizzo, dit-il à Imhotep en le posant sur le dos de l'aquatique.
Le sabelette quitta difficilement sa protection temporaire et se débattit, toujours effrayé, et Pizzo sentit qu'il devait intervenir.
-Tooor.
-Sa...Sabelette ?
-Tor. Levia vatooor.
Le petit pokémon se calma et se laissa poser sur la tête de Pizzo qui trouva bien pensé de se redresser et de faire voir à son nouveau camarade le paysage qui s'étendait autour d'eux, immédiatement rejoint par Trotwood. Le poids qui résidait dans l'estomac d'Alfaro s'envola alors d'un coup et il se laissa tomber au sol de soulagement.
-Zaar bi, remarqua Billy.
-C'était la seule solution que j'avais pour l'instant. Et puis, tout s'est très bien passé.
-Zar. Herbi herbizarre !
-Alors j'aurais ramené ce sabelette dans sa ball pour qu'il y soit en sécurité ! Je ne vois vraiment pourquoi tu te plains alors que nous voulons tous les deux qu'Imhotep reste en vie.
Billy grogna sans contredire son dresseur. Bien sûr qu'ils voulaient tous deux la sécurité du sabelette ! Leurs raisons n'étaient cependant pas les mêmes et l'adepte des plantes était certain que l'humain n'irait pas jusqu'à risquer de froisser ses vêtements pour la vie du nouveau.
-Herbi, conclut-il en regardant le trio en face d'eux.
Décidant que leur pause était terminée, Alfaro fit rentrer tous ses pokémon mais glissa quelques mots à l'oreille de Pizzo.
-Pas un mot sur ce qui est arrivé à Cleopatre, capito ?
Le monstre marin grogna nonchalamment et souffla de ses naseaux sur son dresseur qui, contrairement à ce qu'il avait espéré, n'était plus du tout effrayé et se contenta de pointer sa ball pour l'y enfermer. Capturer le sabelette était décidément la meilleure chose qui pouvait lui arriver aujourd'hui.
Il profita de la désormais entière coopération de son équipe pour roder Imhotep, très enthousiaste à l'idée de quitter l'endroit où il avait toujours vécu. La naïveté qu'il éprouvait à l'égard de ses adversaires jouait cependant contre sa faveur et Alfaro dépensa tous ses trésors de patience pour se retenir de lui faire du mal. Le contrôle qu'il avait sur le danger que représentait Pizzo dépendait presque exclusivement de son comportement envers le sabelette.
-Non Imo ! Recule ! Putain...jura-t-il en l'entendant glapir.
Voilà qui était encore une bonne raison d'apprendre à ses pokémon à ne pas être sentimentaux : le rattata appartenant à un dresseur adverse avait convaincu Imhotep de s'avancer tout guilleret vers lui d'une simple mimi-queue. Le sourire du type sol avait ensuite disparu dès les crocs du rongeur plantés dans son bras. Oeil pour oeil, dent pour dent, la morsure fut rendue par un Pizzo furieux de voir son petit protégé en pleurs. Il n'alla heureusement pas jusqu'à ôter la vie de son opposant et Alfaro, tout en étant satisfait de le voir obéir à l'ordre de ne pas tuer, avait hâte de pousser un tel monstre jusqu'à ses limites. Malgré une certaine tendance à aller à son rythme, Pizzo obéissait très bien et savait se retenir, comme le lui confirma la capture réussie d'un voltorbe peu avant leur arrivée à destination.
La grotte qui les attendait sembla à Alfaro un bon moyen de vérifier l'endurance de son léviator. Même avant que Safrania ne soit construite, elle n'était guère empruntée que par ceux qui voulaient tester leur force ou fuir pour quelque obscure raison. L'obscurité qui y régnait rendait en effet dangereux toute traversée non pas à cause du terrain, peu accidenté, mais aux fréquentes explosions et séismes causés par la faune locale, extrêmement craintive. Les morts les plus chanceux, ceux dont on retrouvait le corps à peu près entier avant qu'il ne se décompose, étaient enterrés à Lavanville, surnommée à juste titre "le cimetière de Kanto" depuis sa fondation.
C'est non sans craintes qu'Alfaro entra dans l'ouverture qui se présentait à lui en compagnie de Pizzo. Il avait décidé d'utiliser son garde du corps comme une monture pour mieux se protéger des éventuelles attaques et le diriger le plus silencieusement possible. Pouvoir communiquer sans avoir à parler serait un avantage indéniable en combat, sans oublier le sentiment de se faire obéir d'un simple geste. Surprendre un adversaire était le meilleur moyen de lui faire peur, de le déconcerter et de remporter une victoire facile et rapide. Pizzo se montra cependant rétif à une telle manière de se faire obéir et ignora formellement les directions indiquées silencieusement par le brun au moyen de pressions sur ses écailles, ce qui ne plut pas à son dresseur. Ce dernier décida d'abandonner quand il sentit un racaillou percuter sans gravité le corps de l'aquatique et revint aux ordres oraux murmurés à voix basse.
Ils avancèrent ainsi dans un pénombre qui s'épaissit en un clin d’œil mais laissa le temps au dresseur de capturer un nosferapti. Les ténèbres de la grotte rivalisaient avec la lampe torche d'Alfaro, étouffant le faisceau de lumière. Éclairer le chemin semblait inutile tant il se répétait, donnant la sensation qu'ils n'avançaient pas d'un mètre. Un bruit étouffé se fit alors entendre, puis un autre, et encore un autre, jusqu'à ce qu'un vacarme d'ailes battant l'air moite de la caverne n'abatte le silence qui pesait jusque-là.
Alfaro balaya les lieux autour de lui de sa lampe torche. Des nosferapti les entouraient de toute part, leur corps fin découpant la lumière qui osait troubler leur sommeil. La progression jusque-là fluide du pokémon et du dresseur fut entravée par l'assaut collectif des bestioles.
-Arrête, c'est trop dangereux ! ordonna-t-il en voyant la queue de sa monture se soulever du sol et frapper leurs opposants.
Lui-même n'en menait pas large.. Ses bras s'agitaient comme s'il tentait de nager dans une mer déchaînée de cris aigus, impression confirmée lorsque les nosferapti s'enhardirent à se coller à lui et à planter leurs crocs dans son corps. Il devina qu'il en était de même pour le léviator qui grogna de douleur, les écailles transpercées par les suceurs de sang. N'en pouvant plus, Alfaro écarta violemment la créature qui s'était collée à son visage, ignora celle à son bras et arracha la pokéball de Trotwood.
-Para-spore, grouille-toi !
Une explosion de poudre jaune éclata sans un bruit, diffusée par les ailes de l'insecte. Le nombre de nosferapti était tel qu'il dut s'y prendre à plusieurs fois, alternant avec des attaques choc mental quand l'un d'eux parvenait à ignorer les spores. Le papilusion faisait mouche à coup sans avoir besoin de l'aide de son dresseur, si bien qu'ils parvinrent à émerger de l'attaque, laissant derrière eux un tapis de corps bleu et mauve.
-Alors comme ça, tu peux voir dans le noir et tu ne me l'a pas dis ?
-Pi, papi ! répondit Trotwood de manière taquine.
-On risque notre vie et toi, tu attends que je te pose une question pour me dire que tu peux être utile ? Faites preuve d'un peu d'initiative, bon sang !
-Papi ! Papiiiii lusion ! Pi ! Pilusion !
-Tout d'abord, je t'interdis de me parler sur ce ton ! Ensuite, est-ce que vous avez besoin de mon accord pour respirer ? Non. C'est pareil avec le reste : quand tu sens que tu peux être utile, tu me le fais savoir ! Ça nous évitera peut-être de moisir ici pour le restant de nos jours !
Trotwood ne répondit pas et s'éloigna pour bouder, totalement sourd aux appels de son dresseur. Ce dernier décida alors de ranger sa fierté et de régler le choc inattendu entre leurs deux caractères quand ils seraient hors de cet endroit de plus en plus oppressant. La priorité était de s'en sortir vivant, les punitions pouvaient attendre.
-D'accord...qu'est-ce que tu proposes ?
-Papilusion pi pi papilu ! Pilusion papi pilusion ! Papilu, Papilusion.
L'insecte était décidément très bavard quand il s'agissait d'établir des tactiques utiles. Jamais Alfaro n'aurait pensé qu'il puisse faire preuve d'un esprit aussi pratique et vigilant. Dans un sens, il était peut-être le pokémon qui lui ressemblait le plus dans cette équipe et il en éprouva un soupçon de fierté. Il aurait bien mérité un compliment si il ne l'avait pas abordé aussi effrontément après la bataille contre les nosferapti. Une fois l'exposé de Trotwood terminé, Alfaro sortit Billy de manière à ce qu'il apparaisse sur la tête du leviator et lui expliqua la situation.
La troupe se remit en marche et ils avancèrent plus rapidement grâce à la stratégie du papilusion. Pizzo glissait maintenant sans craindre de percuter le moindre obstacle tandis que Billy éloignait les suceurs de sang qui, sans être nombreux, pouvaient déconcentrer Trotwood. La confiance entre les trois pokémon était totale sans qu'Alfaro n'ai à intervenir. Il était entièrement dépendant de son équipe pour la première fois depuis son voyage et cela le mettait légèrement mal à l'aise.
"Confiance"...Était-ce un mot que l'on pouvait attribuer aux pokémon ? Alfaro avait toujours pensé que ceux-ci ne pouvaient agir sans les ordres de leur dresseur mais Trotwood venait de lui montrer le contraire en étant parvenu à établir un plan demandant autant de moyens. Peut-être devait-il autoriser certains d'entre eux à agir sans qu'il n'ait à l'ordonner... Non, ça n'avait rien à voir avec un quelconque sens de l'initiative. Il devait simplement mieux connaître les capacités de ses pokémon pour mieux s'en servir. Le combat de la veille contre Pizzo était un cas tout à fait exceptionnel. Ses gardes du corps avaient pris l'initiative de le protéger lui, leur maître. Le brun était convaincu n'y avait pas de confiance à mettre en place mais uniquement des ordres auxquels ils devaient obéir sans poser de questions.
Cela était le meilleur moyen de renforcer ses pokémon. Alfaro en avait eu la certitude après l'évolution de l'ex-magicarpe en léviator : les pousser jusqu'à leurs limites et, parfois, leur donner un bon coup de pied pour les motiver était le meilleur moyen de les faire progresser. Il devait cependant admettre qu'il était allé trop loin la veille en s'étant mis en danger mais cela, il ne l'avouerait jamais à personne.
Absorbé par ses pensées, le brun n'avait pas remarqué qu'il déviait lentement le faisceau de sa lampe torche et éclairait moins bien Trotwood et Billy. Il n'eut pas le temps de se reprendre que déjà un nosferapti se jetait sur l'herbizarre et lui envoya un ultrason qui lui fit perdre tout sens de l'équilibre et le fit chuter du dos de Pizzo avant qu'Alfaro n'ait pu le soutenir. Un seul mot de ce dernier suffit pour stopper le léviator et il s'empressa d'éclairer le sol à la recherche de son premier pokémon. Une légère panique l'enserra dès qu'il éclaira l'endroit où il se trouvait.
Billy, toujours sous l'emprise de l'ultrason, faisait siffler ses lianes de manière brutale et totalement hasardeuse, convaincu qu'il affrontait de multiples ennemis invisibles. Il bougeait dans tous les sens et esquivait à chaque fois le rayon de sa pokéball, si bien qu'il se heurta à un gros rocher qui bougea, révélant sa vraie nature.
-Billy ! Non ! hurla Alfaro.
Il se jeta au sol, courut vers Billy et le prit dans ses bras pour l'éloigner le plus possible, mais il était trop tard. Le gravalanch luisait d'une lumière qui signerait leur mort si il ne trouvait pas de solution dans les secondes qui venaient. La fuite ? Trop dangereuse. Ils n'avaient plus le temps d'échapper à une destruction pareille. Tenter une capture ? Inutile. La ball ne s'ouvrirait pas à cause du système de reconnaissance de zone. La seule chance d'amortir un tant soit peu l'explosion était que l'un de ses pokémon fasse bouclier. Seul Pizzo avait une chance de s'en sortir et de les protéger efficacement. Alfaro le lui ordonna mais l'aquatique ne fit aucun geste, de peur ou de résignation.
Une idée folle lui vint alors d'un coup. Ils mourraient tous quoi qu'il en advienne, autant tout tenter et exécuter l'une de ses sentences jusqu'au bout. Il arracha la ball d'Imhotep de sa ceinture et la lança à ses pieds. En entendant le cri joyeux du sabelette totalement inconscient du danger, Pizzo tourna brusquement la tête, se rua vers eux et les balaya d'un violent coup de nageoire. Le gravalanch explosa dans un grand bruit qui résonna au moment où ils heurtèrent un mur.
Un hurlement de douleur résonna dans la caverne et Alfaro tenta de l'ignorer malgré la panique qui s'était emparée de lui. Il entendait de violent tremblements autour de lui et chercha une quelconque sortie. Dans sa hâte, il aperçut par éclairs son pokémon étendu de tout son long au sol, une partie du torse affreusement arrachée par l'explosion. L'odeur caractéristique du sang se mêla soudain à celle de la poussière de roche et Alfaro sut qu'il était inutile de faire quoi que ce soit.
Pizzo était mort sur le coup, le gravalanch l'avait emporté dans la tombe. Se préoccuper davantage de lui était inutile.
Il rappela précipitamment les autres et tâtonna le mur en s'éloignant progressivement de là où la destruction avait eu lieu, sa lampe torche coincée entre les dents. Il entendit un grand coup de tonnerre et paniqua pour de bon, tentant d'ignorer les coups invisibles qui pleuvaient sur lui. Ses gémissements se mêlaient aux craquements provenant du plafond sans qu'il ne puisse déterminer à quel moment il allait lui tomber dessus.
Ses mains s'avancèrent tout d'un coup dans un espace vide assez large pour qu'il s'y engouffre, ce qu'il fit immédiatement. Obéissant à son instinct, il s'éloigna le plus vite possible du piège qui se refermait peu à peu, ne prêtant aucun regard au cadavre du léviator à moitié enseveli sous les décombres. Il ne s'arrêta que lorsque ses jambes l'abandonnèrent sous le coup de la peur panique qu'il avait ressentie, enfin en sécurité.
Il avait bien failli y laisser sa peau, cette fois-ci. Non seulement il avait croisé le regard de la mort une deuxième fois, mais il venait tout juste de lui échapper dans cet éboulement. Sa fierté l'abandonna un moment devant cette réalité morbide.
Alfaro resta longtemps dans un état vide, ignorant totalement la lampe qui rendit l'âme et le plongea dans l'obscurité. Il pensa vaguement qu'il s'était assoupi en sentant le sol inégal contre son corps et se releva lentement, incapable de retrouver ses repères. Il sortit Trotwood de sa ball et, d'une voix étrangement rauque à ses oreilles, lui donna l'ordre de le guider vers la sortie. Peu lui importait que le papilusion soit le seul à combattre, il voulait sortir le plus vite possible et se fichait désormais qu'un autre de ses pokémon crève. Il était prêt à sortir seul en rampant si il le fallait tant qu'il quittait cet endroit.
Les minutes lui semblaient des siècles dans cette obscurité où il n'avait même plus conscience de son propre corps blessé par l'éboulement. Une seule idée le motivait à avancer : sortir, sortir, sortir... Des mots répétés intérieurement dans une litanie qui trompait le temps et ses forces qui l'abandonnaient peu à peu. Alfaro réalisa soudainement qu'il pouvait distinguer les murs sur lesquelles il s'appuyait et, comme dans un rêve, parcourut les derniers mètres qui le séparaient de l'air libre.
Il resta debout, aveuglé par les rayons du soleil, les cris joyeux de Trotwood l'invitant à continuer sa route et à se réjouir d'être en vie. Il n'eut cependant pas le loisir d'en profiter car il sentit la tête lui tourner et il s'effondra au sol pour la deuxième fois, les ténèbres de la grotte le poursuivant alors qu'il s'évanouissait.
- Do not open before chapter 13:
Je traversais la grotte sans flash en étant convaincu de pouvoir fuir ou switcher sans danger pour entraîner Imhotep. C'est quand je me suis retrouvé face à un montagnard avec un gravalanch que je me suis mis à flipper et ai sorti Pizzo, le plus résistant de l'équipe. Malheureusement, l'explosion qui suivit fut un coup critique et le léviator ne s'en sortit pas...Je me hais.
En réalité, Billy n'a pas appris coupe. Je l'ai enseigné à Brazia le chetiflor, ai capturé Imhotep avant de continuer mon chemin et de faire l'échange au centre avant la grotte. Présenter les choses comme elles s'étaient réellement déroulées auraient inutilement embrouillé mon récit.
"morto un papa, se ne fa un altro" peut se traduire littéralement par "quand un pape meurt, on en élit un autre" et est un équivalent italien de "un de perdu, dix de retrouvés".
|
| | | Neowstix
Dresseur
Nature : Relax
Niveau : 26
Exp : 2192
| | | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| | | | YunUroko
Écrivain
Nature : Calme
Niveau : 31
Exp : 166
| | | | Mimoze
Designer
Nature : Modeste
Niveau : 30
Exp : 1860
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 12 Juin 2014 - 16:02 | |
| Je m'attendais à ce que Alfaro ne puisse plus entendre ses Pokémon après ces événements (tu ne l'as pas dit explicitement ici, mais je crois me souvenir t'avoir lu invoquer le " lien de l'amitié " dans le topic de discussion sur le langage des Pokémon), ou au moins que Pizzo se ferme, d'une certaine façon, à l'oreille de son dresseur. Pas que ce soit gênant, je suis juste surprise, après cet épouvantable traitement. Même si c'est bien de voir un dresseur qui n'est pas tout mignon tout beau ! - Spoiler:
Et RIP Pizzo :(
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 12 Juin 2014 - 17:32 | |
| - Mimoze a écrit:
- Je m'attendais à ce que Alfaro ne puisse plus entendre ses Pokémon après ces événements (tu ne l'as pas dit explicitement ici, mais je crois me souvenir t'avoir lu invoquer le " lien de l'amitié " dans le topic de discussion sur le langage des Pokémon), ou au moins que Pizzo se ferme, d'une certaine façon, à l'oreille de son dresseur.
Comme je l'ai fait dire à Chen dans les premiers chapitres, je suppose que la première chose qui intervient est un "retour à la nature" de la part du dresseur ainsi qu'un côtoiement avec ses pokémon. Cela n'est cependant pas suffisant et il doit s'habituer à chacun de ses pokémon pour pouvoir communiquer avec chacun d'entre eux, dans les deux sens. C'est pour cela que Billy joue le rôle de traducteur à de nombreuses reprises : voyez ça comme des "connexions" nécessaires partant de chaque pokémon à leur dresseur : comprendre un pokémon ne suffit pas pour les comprendre tous. Le dresseur doit faire le même effort pour chaque pokémon. Mais dans tous les cas, la base du "retour à la nature" est nécessaire. De plus, ces "connexions" ne suffisent pas à en faire des badass en combat puisqu'il ne s'agit que de compréhension. Je vous invite à lire le chapitre où Alfaro combat Bob : il y a compréhension et il y a confiance (entre autre), le deuxième étant à un degré plus élevé dans le lien qui unit un dresseur à son pokémon. |
| | | Slyaquali
Écrivain
Nature : Malin
Niveau : 23
Exp : 2288
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 31 Juil 2014 - 20:34 | |
| Je savais que tu étais un bon écrivain, mais je n'avais pas eu lieu l'occasion de lire ton Nuzlocke avant. Donc, j'ai tout rattrapé, et franchement, je dois dire que je suis pas du tout déçue, au contraire.
Quelle agréable surprise de voir un dresseur qui prend ses Pokémons pour des esclaves, et qui les méprise. C'est original, et on se libère du dresseur quelconque qui adore tout ses Pokėmons, en mode "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".
J'adhère complètement ~ Ni vue, ni connue - Magnifique avatar par El Grande Maestro Phiphi ~:
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 6 Aoû 2014 - 15:25 | |
| Woaw ! Merci pour ces compliments, Sly ^^ C'est vrai que dans tous les nuzs que j'ai lu, le héros était trop gentil et je voulais aller à contre-courant pour plus d'originalité (et c'est aussi bien plus drôle à écrire. MWAHAHAHAHA !) J'espère que la suite ne te décevra pas, elle est juste en dessous ^^ Mais d'abord, un petit mot de l'auteur : - Le mot de l'auteur, totalement optionnel.:
Bonjour tout le monde ! J'espère que vous n'avez pas oublié ce nuzlocke malgré les deux mois d'écarts entre ce chapitre et le treizième, vous êtes priés de déposer tomates, grumeaux et autre nourriture infecte à jeter sur le visage de l'auteur dans un bac géant prévu à cet effet. C'est mal de gâcher de la nourriture alors qu'on peut en faire un compost pour les plantes.
La raison d'un tel retard ? J'ai passé une bonne partie du mois de juin à me préparer pour la Japan Expo, où j'ai pu aller durant toute sa durée, ce qui n'était pas prévu à l'origine. Je n'ai donc pu m'atteler à la rédaction de ce chapitre que début juillet. Il est en contrepartie plus long que d'ordinaire, (environ 5900 mots, c'est la première fois que j'atteins un tel seuil). Le rythme d'écriture reviendra désormais à la normale.
En vous souhaitant une bonne lecture ^^
- Chapitre 14:
Une lourdeur de plomb pesait sur Alfaro quand il rouvrit les yeux, réveillé par le battement d'ailes de Trotwood. La journée touchait réellement à sa fin et la lumière orange du soleil lui piqua les yeux, le forçant à se protéger à l'aide de son bras. Une fois ses esprits retrouvés, il tenta de se relever mais fut violemment tiré au sol, la tête sonnée par la violence de l'impact. Il se retourna et eut la surprise de voir un gravalanch le retenir par les pieds, un sourire machiavélique sur le visage, avant de le traîner dans la grotte. Il n'y avait qu'une seule à chose à faire. -Trotwood, attaque trempette ! Vite ! -Pas question. Tu n'avais qu'à m'écouter quand je te disais que je pouvais voir dans le noir, lui répondit le papilusion de sa voix aiguë. -Fais pas l'con ! Je t'achèterai une nouvelle paire d'antenne ! -J'ai déjà les moustaches de Joey pour ça. Bye ! Et il s'envola, portant le rattatac sur son dos alors qu'Alfaro était certain que le rongeur était devenu trop lourd pour être porté depuis son évolution. Il songea à appeler ses autres pokémon mais un racaillou avait surgi pour lui menotter les mains. Il était littéralement pieds et poings liés et tremblait à l'idée d'être fait prisonnier par une tribu de pokémon sauvages. Sa maman lui avait même raconté des histoires sur des onix qui s'amusaient à jouer à la balle au prisonnier avec des crânes humains. Au bout d'un long moment passé dans le noir, le dresseur comprit qu'ils étaient en train de gravir une pente mais les deux pokémon ne répondirent pas quand il leur demanda quelles attaques ils connaissaient. Lui-même ne pouvant ordonner que l'attaque trempette, il aurait été ravi d'avoir de nouveaux alliés et de s'enfuir mais le gravalanch et le racaillou étaient incorruptibles. Ils arrivèrent finalement au bord d'une crevasse éclairée de l'intérieur où se trouvait le corps long et épais d'un pokémon. Ses deux geôliers le lâchèrent et il put enfin se lever. -Vous ne me jetez pas là-dedans ? demanda-t-il. -Non, il viendra lui-même. -Qui ça, « lui » ? Un rugissement monstrueux se fit alors entendre, faisant trembler les murs de la grotte, et Alfaro eut tout juste le temps de voir Pizzo surgir du gouffre comme un diable sur ressort avant d'être avalé et de se réveiller dans un lit qui lui était inconnu. Le natif de Safrania resta crispé, les yeux grand ouverts, incapable de voir où il était. Tout ceci n'avait été qu'un cauchemar et son brusque réveil avait éclipsé tout souvenir de ce à quoi il rêvait, de même que les événements dont il avait été acteur dans la grotte. Il parvint finalement à se détendre et à avoir une vue d'ensemble de la pièce où il était. Le lit avait des barreaux, tout était d'un blanc à peine jauni et une forte odeur de désinfectant régnait. C'était certainement une de ces chambres de soins réservées aux humains que l'on pouvait trouver dans des centres pokémon. Même si ils n'étaient pas spécialisés dans ce domaine, le personnel se devait d'avoir un minimum de connaissances au cas où un dresseur mal en point se présentait à eux. Alfaro s'aperçut alors qu'une intraveineuse reliée à une poche en plastique suspendue à côté de lui avait été plantée dans sa main droite. Aucun autre appareil ne venait l'incommoder, ce qui le rassura quelque peu sur son état. Son évanouissement ne devait pas être très grave si seul un tube d'une quelconque substance lui avait été administré. Après avoir calmement analysé la situation, il se releva difficilement contre le dossier du lit et appuya sur un bouton. Une infirmière en blouse blanche entra dans sa chambre quelques minutes plus tard. -Enfin réveillé, monsieur Straeno ? Vous nous avez fait une belle peur quand on vous a porté ici. -Comment...comment suis-je arrivé ici ? demanda-il d'une voix plus faible qu'il ne le voulait. -Vous êtes au centre pokémon de Lavanville, un montagnard a aperçu votre papilusion qui l'a guidé jusqu'à l'endroit où vous vous êtes évanoui. Vous avez de la chance d'avoir un pokémon si loyal. Votre bras s'il vous plaît, je vais vous débrancher votre intraveineuse, indiqua-t-elle d'un ton professionnel. Le brun se soumit à l'examen sans mot dire, tentant de retracer son parcours du début de la grotte à Lavanville. La sensation tenace de marcher dans la nuit éclipsait tous ses autres souvenirs mais ces derniers revinrent peu à peu. Les nosferaptis chassés par Billy, Trotwood qui les guidait et Pizzo avançant prudemment...Il sursauta quand la suite lui revint en mémoire. -Pizzo ! Mes pokémons ! Vous... -Ils se reposent, ne vous inquiétez pas. Seulement...l'une des pokéballs était...vide... Annoncer la mort de l'un de ses pokémon à un dresseur était toujours difficile et l'infirmière ne put terminer sa phrase. Lavanville était certes un cimetière, très peu de pokémons y mouraient du fait de la population toujours plus déclinante. Elle sut cependant que le message tacite avait été compris car Alfaro baissa la tête, fixant un point invisible quelque part au bas d'un mur. -Si vous avez besoin d'en parler, nous avons quelqu'un pour ça. -Inutile. Quand pourrai-je repartir ? demanda Alfaro. -Votre état n'est pas alarmant mais nous préférons vous garder en observation jusqu'à demain matin, reprit l'infirmière. Vous avez reçu de nombreux chocs, sans compter le traumatisme que peuvent constituer une telle traversée ainsi que la perte de votre...de votre compagnon. Votre tuteur sera également prévenu de votre hospitalisation dans les plus brefs délais. En vous souhaitant une bonne nuit... La femme sortit, laissant Alfaro seul dans la chambre. Il avait les idées un peu plus claires mais son corps continuait de protester au moindre de ses mouvements et la sensation de fatigue était toujours présente. Il se laissa retomber lourdement sur le lit, dépité. Cela faisait un nouveau cadavre à ajouter à son voyage. Autant Cleopatre ne lui semblait pas une grande perte, autant celle de Pizzo le décevait profondément.. Même les mastodontes comme les léviators pouvaient mourir, mais sa mort arrivait si peu de temps après la découverte de son potentiel qu'il en était dégoûté. Le brun se sentit naïf d'avoir crié victoire au moment d'avoir réussi à dresser l'aquatique. Son orgueil blessé et les efforts qu'il avait fournis en vain le faisaient entrer dans une telle rage qu'il ne put trouver le sommeil avant un long moment. En parlant d'efforts vains, il ne savait que faire d'Imhotep. Son rôle consistait essentiellement à amadouer le serpent de mer mais maintenant que ce dernier était mort, le sabelette lui semblait plus un poids qu'autre chose. Son caractère trop gentil posait problème mais il se débrouillait bien mieux que son prédécesseur et il valait mieux que Pinball. Une refonte de l'équipe était peut-être à envisager. Le sommeil le rattrapa alors et il se rendormit au milieu de ses pensées stratégiques. Une mauvaise surprise l'attendait le lendemain matin. De par sa qualité de tuteur, le professeur Chen avait demandé au personnel du centre pokémon de le faire entrer en contact avec Alfaro et il n'y alla pas de main morte pour le réprimander. -Je t'avais pourtant conseillé de visiter la cave taupiqueur, non ? -Je l'ai fait ! Mais je n'ai même pas pu en attraper un, alors j'ai fais demi-tour ! -Si tu avais continué, tu aurais vu que l'un de mes assistants t'attendait pour te remettre une CS Flash qui aurait sans aucun doute évité à ton léviator de mourir ! Te rends-tu au moins compte de la chance que tu as d'avoir des pokémon aussi dévoués ? Il avait bien entendu été hors de question de révéler le stratagème qui avait poussé Pizzo à le protéger. Alfaro avait préféré dire que l'aquatique s'était jeté tout seul entre lui et le gravalanch lorsque ce dernier avait explosé, lui permettant de courir à l'abri de l'éboulement qui avait suivi. Cela n'empêchait pas le professeur Chen d'être remonté contre le jeune dresseur. -Quelle raison est-ce que j'avais à rester dans ce tunnel, de toute façon ? demanda-t-il. -Ton travail d'assistant sur le terrain. Je te rappelle que tu as des données à m'envoyer et que celles-ci diminuent de plus en plus alors que William, lui, parvient à rester constant dans sa tâche. N'oublie pas notre accord, jeune homme. Le rêve que caressait Alfaro d'avoir le dernier mot sur le vieux colossinge lui sembla soudain encore plus lointain qu'il ne l'imaginait et il lui promit de travailler plus sérieusement sur son pokédex. Peu importe à quel point cette tâche pouvait être ingrate, une promesse était une promesse et il avait pour habitude de toujours respecter sa parole. -Il est grand temps que tu redresses la barre, je n'aimerais pas que tu me déçoives une nouvelle fois. Ta prochaine destination ? -Céladopole. J'ai l'intention d'affronter le champion d'arêne, en plus de faire ce que vous savez. -Ce ne sera pas une mince affaire que de chercher ton père dans une si grande ville mais l'arène a subi quelques modifications et j'ai entendu dire que son dirigeant avait un lien fort avec le principal fournisseur de plantes du pays. Tu bénéficieras d'un appui de grande taille si tu parviens à le joindre à ta cause, en particulier lorsque l'on sait à seul point la science et l'industrie échappent parfois aux lois... Chen médita un instant les yeux dans le vide, se remémorant sans doute sa propre relation avec de tels milieux en tant que chercheur. Il se reprit devant le silence qu'affichait Alfaro. -Reste tout de même prudent et tiens-t-en à ta propre quête. Te mêler à de telles affaires ne t'apporterait que des ennuis. Et n'oublie surtout pas le pokédex, rappela-t-il. -Je m'en souviendrai. -Très bien ! Je te souhaites une bonne route, mon garçon ! La communication prit fin et laissa un goût d'amertume dans la bouche d'Alfaro. Accepter d'être lié ainsi à quelqu'un lui semblait de plus en plus gênant, mais c'était là le prix à payer pour sa liberté d'action et il avait difficilement la possibilité de se plaindre, surtout que rompre sa promesse lui paraîtrait comme une tâche faite sur son honneur. Il sortit du centre pokémon et déambula dans les rues de Lavanville. Comme il s'en doutait, c'était une ville presque morte, habitée par des gens en fin de vie et qui devait comporter plus de cadavres ambulants que d'aides-soignants. Contrairement aux idées reçues, elle était très tranquille, plutôt ordinaire et la tour qu'il voyait au loin ne diffusait ni brouillard, ni spectres aux alentours. Un hameau un peu plus grand que Bourg-Palette mais avec moins d'effervescence, somme toute. Alfaro interrogea quelques habitants, leur demandant si "un ancien scientifique" habitait dans le coin, mais aucune réponse affirmative ne lui parvint. Cette ville était elle aussi sans intérêt. Il organisa une petite inspection des troupes avant de quitter Lavanville. Tous ses gardes du corps étaient en plein forme, sauf peut-être Imhotep qui mit du temps à réagir à la voix de son dresseur. Réveil difficile ou traumatisme suite à la mort de Pizzo, Alfaro n'en avait cure et le garda à ses côtés pour l'entraîner. Bien que quelques difficultés se présentèrent à eux, les dresseurs qui eurent le malheur d'accepter son défi furent tous vaincus et le sourire victorieux que le brun affichait s'élargissait au fur et à mesure de la matinée. Il continuait son chemin vers Céladopole quand soudain, il s'immobilisa et intima à son pokémon d'en faire autant. Il désigna ensuite sans un bruit leur prochaine cible. Un goupix se trouvait tout près d'un fourré devant eux, encore inconscient du danger qui le menaçait. C'est lorsqu'il se retourna et vit de quel genre d'humain il était la cible qu'Alfaro lança son offensive. -Attaque griffe, vite ! Le sabelette s'élança en trois bonds, porta son coup et fit trébucher son adversaire qui tomba maladroitement au sol. Alfaro les rejoignit et ordonna une autre attaque qui fit couiner le goupix de douleur. Il empoigna ensuite une pokéball vierge et captura sans difficulté le pokémon feu. Ces derniers étant particulièrement rares à Kanto, il ne pouvait que jubiler d'avoir trouvé un nouveau garde du corps aussi intéressant. -Génial ! Bon travail, Imho ! Le sabelette, tout heureux d'avoir satisfait son maître, sautilla autour de lui et se jeta à son cou. Ce débordement d'enthousiasme n'était cependant pas du goût d'Alfaro et malgré la reconnaissance qu'il lui portait, il prit aussitôt son pokémon pour le déposer au sol, quelque peu agacé de se faire ainsi sauter dessus. La créature poussa alors une longue plainte qui énerva son dresseur à défaut de l'attendrir. -J'aimerais consacrer la matinée à ton entraînement et pas à des câlins, alors cesse tes jérémiades. Son ordre fut ignoré mais à plus juste titre qu'il ne le pensait au début. Imhotep commençait à scintiller et fut lentement recouvert par la lumière caractéristique de l'évolution. La forme qu'il révéla après la douloureuse transformation impressionna Alfaro plus qu'il ne voulait l'admettre. -...Ok...C'était plutôt inattendu, admit-il. -Sablaiiiiiireau ! Lui répondit fièrement Imhotep. Voilà qui pesait fort dans la balance quant à la question de le garder ou non dans l'équipe. Les longues griffes qu'arboraient maintenant le pokémon sol semblaient redoutables et pouvaient s'avérer très utiles pour peu qu'il améliore sa vitesse. Le sourire d'Alfaro devint légèrement carnassier malgré lui et il se reprit très vite. Pizzo aussi était prometteur, ce qui ne l'empêchait pas d'être maintenant mort. Ils arrivèrent à Céladopole en début d'après-midi. La grande ville ressemblait bien plus à une cité de loisirs pour gens fortunés et touristes que ne l'était sa voisine de l'est. Cinémas, bars, et boutiques fleurissaient dans un centre-ville entouré par des habitations allant du vaste appartement à la villa individuelle au fur et à mesure que l'on s'en éloignait. Humains et pokémon se croisaient sans peine dans de larges rues bordées de palmiers et si bien entretenues qu'on pouvait presque y déjeuner par terre. C'était en apparence un vrai paradis urbain, moins étroit et crasseux que sa cité natale. Même le centre pokémon, bien plus grand que tous les autres qu'il avait vus jusque-là, confirmait cette atmosphère de détente et de prospérité rayonnante. Une fois ses pokémon soignés, Alfaro décida de faire connaissance avec la nouvelle recrue, baptisée Mist. Son éducation commença dès sa sortie de sa ball. -Bienv'nu dans l'équipe, souhaita rapidement Alfaro. A partir de maintenant, tu m'accompagneras dans mon voyage. Première règle : obéir à mes ordres sans se poser de questions. Deuxième règle : interdiction formelle de tuer les pokémon des autres dresseurs. C'est compris ? -Goupix ! rétorqua le renard de feu en tournant la tête. -Je ne te le dirai pas deux fois, alors j'espère que tu as tout retenu. La moindre désobéissance t'apportera de gros ennuis. Je vais maintenant te présenter aux autres, dit Alfaro en empoignant ses balls. Malheureusement pour le natif de Safrania, le goupix snobait tout le monde et tournait la tête en poussant un « goupi ! » chaque fois que quelqu'un lui adressait la parole. Aucun ruse ne parvint à le faire coopérer à quoi que ce soit et c'est avec une extrême lenteur teintée de mauvaise grâce qu'il consentait à obéir. Lui crier dessus ne servait à rien, aucun de ses nouveaux compagnons de voyage ne parvenait à lui faire comprendre qu'il fallait obéir et c'est à peine si il consentit à remuer des oreilles pour indiquer qu'il écoutait. La seule façon de le dresser semblait de le mettre dans une situation de danger où il ne pourrait rien faire sans ses ordres. Et son dresseur savait exactement où aller pour ça. °*°*°*°*°* Alfaro crut à une mauvaise blague quand il arriva à l'endroit que lui avaient indiqués plusieurs habitants de la ville. Il s'était rendu au sud et se trouvait maintenant dans une exploitation florale. Des ouvriers de tous âges, hommes et femmes, zigzaguaient entre les dizaines de serres qui s'étendaient. Une partie de la zone était ouverte aux clients désireux d'acheter quelques plantes directement sur place mais nulle trace d'une arène ou d'un champion. Il allait faire demi-tour quand quelqu'un l'interpella. -Hey, vous, là ! On peut savoir ce que vous venez faire ici ? Un homme s'avançait vers lui, pokéball en main et prêt à en faire sortir un pokémon. Il n'avait pas l'air d'être un dresseur en voyage mais plutôt d'un garde au vu de son uniforme gris foncé. Les serres n'étaient donc pas si paisibles qu'elles ne le paraissaient au premier abord. -Je cherche l'arène de Céladopole, vous pourriez me dire où elle est ? -Montre-moi d'abord ta carte dresseur et tes badges. Alfaro obéit sans rechigner et montra qu'il était en règle. Le type en face de lui avait l'air d'être à cran, aussi décida-t-il de ne pas l'énerver malgré la façon dont il l'avait abordé. Ce dernier examina longuement sa carte, compara la photo avec son visage et la lui rendit. -Un combat d'arène, hein ? Jousuke ! lança-t-il à un ouvrier à quelques mètres d'eux. Tu peux amener c'dresseur à mam'zelle Erika ? -Ouais, tout d'suite ! dit l'interpellé en posant ses outils et en s'avançant vers eux. -Alfaro Straeno, originaire de Safrania. 3 badges, indiqua le gardien une fois que son collègue fut à leur hauteur. -Bien compris. Veuillez me suivre, jeune homme. Le jardinier partit tout droit vers les serres, Alfaro sur ses talons. Ce dernier restait vexé par la façon dont il avait été interpellé et ne manqua pas de le faire savoir à son guide. -Désolé pour tout ce bazar. Tout le monde à Céladopole le sait, mais si vous n'êtes pas d'ici...On voit de plus en plus de gens louches en ville et certains se sont même introduits à l'intérieur de l'exploitation. Du coup, on a dû renforcer les mesures de sécurité partout et, sauf votre respect, vous n'avez pas vraiment le physique de l'honnête citoyen. -Parce que vous pensez vraiment que quelqu'un tenterait un casse en plein jour en prenant bien soin d'être vu par tout le monde ? répondit ironiquement Alfaro. -Y'a des fouineurs qui pénètrent pas plus loin qu'la boutique et qui repèrent pourtant de quoi préparer le terrain pour leurs complices. Vous devriez pourtant le savoir, vous qui venez de Safrania. Cette allusion, bien qu'objective, n'était pas du goût d'Alfaro. Il avait du mal à croire que deux villes, toutes deux grandes et actives, ne rencontrent pas les mêmes problèmes à un degré égal. Il n'avait pour l'instant vu de Céladopole que les grands boulevards et quelques petites rues adjacentes mais il y sentait une atmosphère qui ressemblait aux bourgs qu'il avait traversé jusque-là, cette même sensation de liberté qui l'avait en partie poussée à entreprendre ce voyage. Peut-être pouvait-il s'y autoriser une courte pause... Ils continuèrent de marcher entre les serres jusqu'à en atteindre une autre, tout au fond de l'exploitation et aménagée de manière très différente. Bien plus grande que les autres, des plantes colorées étaient disposées sur une foule de galets plats, créant un petit chemin qu'ils suivirent jusqu'à y entrer. Des rangées de fleurs décoratives, plus ou moins grandes, s'étendaient et se cachaient les unes des autres, comme une sorte de labyrinthe. Nul doute que cette serre n'était pas là uniquement pour faire pousser des plantes. -Mademoiselle Erika ? C'est Jousuke ! Je vous amène un challenger ! -J'arrive ! Un instant, s'il vous plaît ! lui répondit une voix claire et chantante. Une jeune femme légèrement plus âgée qu'Alfaro sortit de derrière une rangée de plantes en pleine floraison en s'essuyant les mains sur un tablier. Malgré cet outil de travail, elle portait un kimono jaune et un grand ceinturon rouge à la taille. Ses manches, légèrement bouffantes, étaient remontées et dévoilaient des avants-bras aussi fins et pâles que son visage encadré par des cheveux coupés au carrés et ornés d'un ruban lui aussi jaune. Le genre de fille issue de la grande aristocratie et qui n'était jamais sortie de chez elle, pensa Alfaro. Même son costume de carnaval démontrait une non-connaissance des combats. Le match allait vite être plié. -Sois le bienvenu à l'arène de Céladopole. Je me nomme Erika, spécialiste des pokémon de type plante. -Alfaro Straeno. Je viens pour un match, confirma le challenger. -Très bien, suis-moi dans ce cas, Jousuke nous servira d'arbitre. Le terrain est un peu plus loin, n'hésite pas à admirer l'arrangement floral sur le chemin. Alfaro faillit se tordre de rire. Un champion qui se préoccupait de la décoration ? C'était ridicule à en crever. Les connaisseurs du type plante devaient être rares pour que l'on confie une arène à une personne aussi superficielle. Tout à ses moqueries silencieuses, il ne remarqua pas le boulet de canon miniature qui heurta ses jambes sans lui laisser le temps d'esquiver. Le natif de Safrania baisse les yeux et s'aperçut que c'était en réalité un mystherbe lorsque ce dernier se précipita vers Erika. -Mys mystherbe ! Mystherbe myst mystherbe ! couina-t-il en bondissant aux pieds de la dresseuse. -Ahlà, ahlà...vraiment ? J'irai les voir plus tard, je suis un peu occupée pour le moment, d'accord ? Elle se pencha pour caresser la tête du mystherbe qui, tout content qu'il était, repartit dans la direction d'où il venait aussi vite qu'il était arrivé. La championne eut un sourire et se tourna vers Alfaro. -Désolée. Ce mystherbe est encore jeune et un peu maladroit, mais il est très volontaire. -Vous faites de l'élevage de pokémon, ici ? demanda Alfaro, intrigué. -En effet. J'en suis la responsable, en plus de mon rôle de championne. C'est un travail parfois éreintant mais les voir grandir en toute sérénité est une vrai source de joie. Il en va de même pour toutes les plantes qui se trouvent dans cette serre. Elle avait donc plus de connaissances que ce que son air de cruche laissait voir, pensa Alfaro. Peut-être en était-il de même pour les combat, ce qu'il allait vérifier dans l'instant. Ils étaient arrivés au bout de la serre. Une pelouse parfaitement entretenue bordée par de grandes plantes tropicales faisait office de terrain et ils se placèrent chacun à une extrémité tandis que le jardinier restait sur le côté. -J'enverrai trois pokémon. Fais bien attention, je suis plutôt redoutable. -Je veux bien te payer un verre si tu tu arrives ne serait-ce qu'à toucher un des miens, répondit effrontément Alfaro. -A ton aise...Manac, go ! -A toi, Trotwood ! Le papilusion d'Alfaro faisait face à un empiflor au moins deux fois plus grand que lui et surexcité. Cette apparente agitation n'inquiéta pas Alfaro qui le scanna sur son pokédex mais Erika en profita pour lancer la première attaque. Le pokémon plante cessa alors tout mouvement inutile et lança un fouet-liane qui rata l'insecte de quelques centimètres. -Approche-toi de lui et balance-lui ta poudre dodo ! ordonna Alfaro. Trotwood prit de l'altitude et réalisa un piqué, lâchant les spores avec une précision remarquable. Les mini-bonds de son adversaire ralentirent et il s'effondra au sol, sa feuille buccale se soulevant au rythme de sa respiration endormie. -Manac! Relève-toi, allez ! ordonna Erika d'une voix suppliante. -Désolé, mais j'en ai pas fini avec lui. Choc mental en rafale ! L'insecte s'en donna à cœur joie et enchaîna les attaques psy, faisant trembler le corps du pokémon plante qui se réveilla d'un coup et s'agita en tous sens sans pouvoir se calmer. La confusion permit à Trotwood de continuer ses attaques et de faire s'effondrer la plante carnivore une deuxième et dernière fois avant d'être rappelée par sa dresseuse. -Pi ! Piii ! cria joyeusement le papilusion. -Plus tard, les félicitations. Et il n'a pas été touché une seule fois, lança Alfaro à l'adresse d'Erika. -Je dois admettre qu'il a une bonne esquive, mais c'est le moins que l'on puisse attendre d'un pokémon volant. Oseras-tu affronter le prochain au sol ? demanda-t-elle en sortant une pokéball. -Quand tu veux. Mist, go ! -Vas-y, Mirliton ! Le saquedeneu sorti de la ball frétillait d'impatience et le type feu apparu en face de lui, bien loin de l'effrayer, avait allumé son regard d'une volonté farouche. Il se mit immédiatement en garde pour la plus grande satisfaction d'Erika. -Celui-là ne va pas être facile à vaincre, prévint-elle. Il est bien plus résistant qu'il n'y paraît. -C'est ce qu'on va voir. Mist, flammèche ! Malheureusement pour Alfaro, seul un bâillement d'ennui répondit à son ordre. Mist semblait bien plus préoccupé par sa toilette que par le combat et il se mit à lécher sa fourrure, ignorant totalement les ordres de son dresseur. -C'est pas vrai ! Bouge ! Allez ! -Motive-le un peu, Mirliton. Constriction ! La boule de lianes bleue s'avança de quelques pas et sortit ses appendices qui enserrèrent immédiatement l'adepte des flammes. Ce dernier, contrarié d'être ainsi dérangé, donna de violents coups de pattes qui restèrent sans effet. Dès qu'une liane le lâchait, une autre prenait le relais. Le saquedeneu les retira finalement et une brève pause s'installa avant que la championne ne lance le prochain assaut. -Charge puis étreinte ! -Esquive, allez ! Le coup de tête fut évité de peu mais Mist n'eut pas le temps de s'éloigner que déjà le saquedeneu l'enserrait à nouveau. L'étreinte, plus violente de par sa proximité, l'étouffait et Alfaro ne vit qu'une solution pour libérer son garde du corps. Seule la peur semblait à même d'éloigner leur opposant. -Flammèche, maintenant ! -Esquive ! De nouveau libre, Mist repris son souffle et lança quelques flammes qui se contentèrent de brûler légèrement Mirliton. L'esquive que ce dernier venait de réaliser en se servant de ses pieds pour se précipiter en arrière était de toute beauté et seules quelques-une de ses extrémités furent touchées. Lui et sa dresseuse n'étaient plus du tout à sous-estimer. -Recommence, étreinte ! -Esquive et flammèche ! Alfaro était désormais obligé de jouer sur la défensive et de profiter des erreurs et failles de son adversaire. Tous ses sens tentaient de ne faire qu'un avec le goupix réfractaire mais il sut l'instant d'après que ce n'était qu'un lien à sens unique. Mist resta immobile puis, alors que le saquedeneu étendait ses lianes, cracha un long torrent de flammes qui emprisonnèrent l'adepte des plantes. Les pupilles d'Alfaro rétrécirent quand il se remémora une scène en tout point semblable. -Stop ! Ça suffit, Mist ! Arrête ! cria-t-il sèchement. Mais le goupix ne s'arrêta pas, mêlant son aigu cri de colère à la plainte mourante de sa victime. L'attaque flammèche dura encore quelques secondes, devint de moins en moins puissante, pour finalement cesser complètement, et révéler le travail des flammes. Le corps de Mirliton le saquedeneu était tout aussi méconnaissable que l'avait été celui de Cleopatre. Seules quelques courtes lianes avaient survécu, greffées à la boule de chair que constituait le corps du pokémon. Ses pieds n'étaient plus que deux bouts de bois calcinés, tellement noirs que seule leur forme permettait de les distinguer du reste de son corps. Un silence assourdissant après ce concert de cris s'abattit, à peine troublé par le sifflement provenant de la carcasse du pokémon. Erika fut la première à bouger. Elle poussa un sanglot et se cacha le visage dans les mains, tentant tant bien que mal de se contenir. Jousuke décida d'intervenir quand elle se laissa tomber à genoux. -Interruption du match pendant dix minutes ! Venez, mademoiselle Erika, ça va aller, ne vous en faites pas... L'arbitre improvisé se précipita vers la jeune fille, la prit par l'épaule et la força doucement à se lever. Ils partirent ensuite hors du terrain, suffisamment loin pour qu'Alfaro ne les entende pas. Ce dernier était immobile, mais pas pour les mêmes raison que son adversaire. -Mist. Viens ici. Immédiatement ! hurla-t-il devant le refus premier de son pokémon. Le goupix s'avança, la tête baissée en biais. Il semblait à Alfaro qu'il avait conscience que ce qu'il avait fait était mal mais il avait l'intention de graver ses ordres au plus profond de lui et de faire savoir une bonne fois pour toute qui était le maître et quelles en étaient les conséquences. Il attrapa son pokémon au collet et le jeta contre un grand pot de fleur sans lui laisser le temps de faire quoi que ce soit avant de s'avancer dans sa direction et de lui donner un coup de pied suffisant pour lui ôter toute envie de riposter. -Je t'avais expliqué tout à l'heure que tu ne devais pas tuer de pokémons domestiqués. Pourquoi l'as-tu fait ? Mist voulu répondre mais Alfaro le frappa de nouveau avec son pied, lui coupant la respiration. -En fait, tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre de ce que tu veux dire. Quand je donne un ordre, quel qu'il soit, tu obéis et c'est tout ! Continue de faire ton rhinocorne et je te jure que pas un seul dresseur ne voudra de toi tellement je t'aurais remis à ta place. Le couinement plaintif qu'il entendit sonna comme un accord de soumission à ses oreilles et il consentit à laisser le goupix rentrer dans sa pokéball. Les deux autres n'étaient toujours pas revenus et il attendit moins calmement qu'il ne l'aurait souhaité. La mort du saquedeneu, dont le corps dégageait toujours une odeur difficilement supportable, était non-voulue mais il craignait que la parole de la championne ne prime sur sa version des faits, surtout compte tenu de la neutralité relative de l'arbitre. Arbitre qui vint à sa rencontre seul, sans la championne derrière lui. Alfaro ouvrit la bouche mais Jousuke l'interrompit. -La mort de Mirliton est accidentelle. Tu as certes ordonné une attaque flammèche mais pas de cette ampleur et tu as dis à ton goupix de cesser quand tu as vu que les choses dérapaient. C'est un fait constaté et accepté par nous trois. En revanche, je dois te demander de ne plus utiliser ce pokémon pendant toute la durée du match et je ferai un rapport. Si un autre...accident en rapport avec ton goupix était reporté, il y aura enquête et crois-moi, ce ne sera pas bon pour toi. Me suis-je bien fait comprendre ? Le ton rapide et empressé du jardinier trahissait sa volonté d'en finir avec ce match malgré un respect des règles qu'il s'imposait. Cela ne dérangea pas Alfaro qui acquiesça tout aussi vite. Une fois certain que le challenger ne tenterait rien de violent, Jousuke porta son regard vers le cadavre de Mirliton, resta silencieux un moment et se décida à l'enlever du terrain. La bâche en plastique souple qu'il utilisa était un cercueil de fortune, mais cela lui suffit à le transporter hors de la serre. Il revint quelques minutes plus tard en compagnie d'une Erika moins bouleversée. -Le match peut reprendre. Êtes-vous prêts ? Les deux combattants hochèrent silencieusement la tête et lancèrent de concert leurs pokéballs. Flavio faisait face à un rafflesia au visage crispé. Sentait-il qu'il ne reverrait jamais l'un de ses compagnons ou bien était-il sensible aux émotions de sa maîtresse ? Quelle qu'en soit la raison, il chargea en tournoyant vers l'oiseau dès l'attaque danse-fleur prononcée par sa dresseuse. Voulant faire bonne figure après ce qui venait de se passer, Alfaro ordonna plusieurs attaques jet de sable, de telle sorte que le roucoups ne fut jamais touché par la fleur géante. Le combat se termina en quelques attaques aériennes. -Fin du match ! Le vainqueur est Alfaro Straeno de Safrania ! Toutes nos félicitations, challenger. Les deux dresseurs s'avancèrent au milieu du terrain, laissant derrière le vainqueur l'endroit où l'herbe avait brûlé plus tôt durant le match. La championne sortit un étui de sous son kimono et c'est lorsqu'il vit la manche humide du vêtement qu'Alfaro sut qu'il devait s'excuser pour la mort de Mirliton. -Désolé pour votre saquedeneu. Je n'avais pas l'intention d'aller aussi loin, dit-il. -Ce...ce n'est rien. Ce sont des choses qui arrivent...malheureusement. Soudain, alors que le badge allait quitter l'étui pour devenir la propriété du garçon à la chaîne, Erika agrippa la main d'Alfaro et s'avança pour lui chuchoter à l'oreille : -Pierre m'a prévenu. Ce soir, 21 heures, route 16, dans la cabane derrière le poste de garde. Elle le relâcha ensuite et se contenta de le fixer avec un doux sourire, comme si ce brusque changement d'attitude n'avait jamais eu lieu. Alfaro soutint son regard pendant quelques secondes, désormais bien plus intrigué par cette fille qu'il ne l'était au début du match, et partit sans rien dire. S'intéresser à une seule personne lui causait déjà bien trop de soucis. °*°*°*°*°* Allongé sur son lit, Alfaro regardait le plafond de la chambre qu'il avait loué au centre pokémon de Céladopole, songeur. Il avait fallu attendre quatre badges pour qu'une véritable promesse d'informations se fasse sentir et elle provenait d'une dresseuse dont il n'aurait absolument pas pensé qu'elle pouvait détenir des clés aussi importante sur sa quête. Une championne d'arène, certes, mais elle savait cacher son jeu. Alfaro remarqua soudain que la pièce était devenue plus sombre et se décida à partir vers son lieu de rendez-vous. Il hésita un instant, à moitié levé. Ses pokémons se reposaient dans une autre salle et il se demanda si il était prudent de sortir sans l'un d'eux. Après réflexion, il décida d'y aller seul : ces bestioles étaient certes intelligentes, cette affaire ne concernait que lui et il ne voyait pas l'utilité de leur révéler pourquoi il avait entrepris un tel voyage. Leur expliquer serait une véritable perte de temps et leur rôle se limitait à le protéger. Il était le cerveau, eux les muscles, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. La ville commençait à montrer son visage de nuit, pour le plus grand intérêt d'Alfaro. Celui-là était plus semblable à Safrania : des néons colorés et criards, une foule bien plus compacte que le jour, musiques, cris et bousculades. La ville des plaisirs s'habillait pour la soirée et malgré la tentation de s'arrêter dans un bar, le brun s'éloigna de la ville et des quartiers résidentiels jusqu'à ce que le silence soit total. Son sens de l'observation lui fut utile pour trouver la fameuse cabane et il regretta un peu de ne pas avoir emmené Billy avec lui quand il dût traverser un réseau de ronces trop bien aménagé pour être naturel. Il se trouvait maintenant entouré de collines et s'avança sur un chemin serpentant entre les monticules avant d'apercevoir la bâtisse, plus grande qu'il ne le pensait. De la lumière filtrait à travers ses fenêtres, preuve qu'il était le deuxième à être arrivé. Il accéléra sans s'en rendre compte. Sa patience maintes fois mise à bout allait enfin être récompensée, ne fut-ce qu'avec de maigres indices. Il toqua à la porte et entra sans attendre de réponse. La cabane, meublée d'une table rectangulaire et de chaises en bois, était complètement vide. Les cendres de la cheminée ainsi que les ustensiles de cuisine posés sur une grille trahissaient pourtant une présence, sinon régulière, au moins humaine. C'était la seule pièce et il était impossible de se cacher dans un endroit si découvert, mais Alfaro s'aperçut très vite que les fenêtres faisaient un excellent poste de guet, tout comme l'arrière de la porte qu'il avait laissé ouvert. Cette dernière claqua avant même qu'il n'ait fini de se retourner. Devant lui se tenait Erika, le visage dur et crispé, son kimono troqué contre un simple blouson et un revolver qu'elle pointait vers Alfaro. -Tu vas payer pour la mort de Mirliton, Rocket.
|
| | | Slyaquali
Écrivain
Nature : Malin
Niveau : 23
Exp : 2288
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 6 Aoû 2014 - 16:34 | |
| Oooooh ! Distribution de pruneaux xD
Franchement, ce cliffhanger doit être le plus insoutenable que j'ai jamais vu. Mon dieu, que tu es sadique :sad: Ni vue, ni connue - Magnifique avatar par El Grande Maestro Phiphi ~:
|
| | | Mimoze
Designer
Nature : Modeste
Niveau : 30
Exp : 1860
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 28 Aoû 2014 - 13:59 | |
| ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ ANNONCE ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Alfaro & Billy : koukin : Félicitations !! Vous avez obtenu le smiley officiel de votre Nuzlocke Challenge ! Merci à vous d'avoir contribué à la progression de Nuzlocke France. |
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 3 Sep 2014 - 19:06 | |
| Traces aura 1 an de publication le 10 septembre.
Je ne pense pas qu'il me sera possible d'inaugurer ce premier anniversaire par un chapitre, aussi ai-je pensé à quelque chose demandant plus de préparation, de certes pas très original mais qui suffirait à marquer le coup ; une FAQ écrite où pourrez insulter poser vos questions à Alfaro et à son équipe.
Si cela vous intéresse, je vous encourage à poster vos questions ici-même. Il n'y a pas de limites au nombre de questions par personne et vous pouvez demander absolument tout ce que vous voulez. Certaines questions relatives à l'intrigue n'auront peut-être pas de réponses mais je tenterais de répondre au plus possible.
Le chapitre arrivera quand à lui très vite. Ma feuille de route pour le quinzième est divisée en trois partie et je viens d'achever le premier jet du deuxième. |
| | | Neowstix
Dresseur
Nature : Relax
Niveau : 26
Exp : 2192
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 3 Sep 2014 - 22:26 | |
| - questions pour Alfaro:
Pourquoi vois tu les pokémons comme des armes/esclaves ?
Qu'est ce qu'il faudrait faire pour que tu change ton opinion sur les pokémons ?
Cette aventure est assez périlleuse, penses-tu que la recherche de la vérité pourrait te coûter la vie ? Cela ne t'effraye-t-il pas ?
Malgré ta... façon de faire avec les pokémons, as-tu un favori dans l'équipe ?
Que comptes-tu faire avec ton père si tu le retrouve ? Cela fait quand même pas mal de temps à rattraper.
Voilà, je suis désolé d'avance si les réponses à certaines questions se trouvent dans les premiers chapitres mais ça fait un bail que je les ai lu Je posterai sûrement des questions à ton équipe plus tard, lorsque j'en aurai trouvé |
| | | 1nsanity
Dresseur
Nature : Malpoli
Niveau : 28
Exp : 1193
| | | |
| | | | | [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|