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| [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé | |
| Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Sam 18 Jan 2014 - 23:50 | |
| Rappel du premier message :Bonjour à toutes et tous et merci de l'attention que vous accordez à ce sujet, cliquer ainsi est très courageux. Ce Nuzlocke romancé est basé sur la toute première génération, pokémon bleu pour être précis. Les règles sont : -Tout pokémon K.O est considéré comme mort -Seul le premier pokémon rencontré est capturable, exception faite si il est déjà capturé et enregistré sur le pokédex. -Interdiction de capturer des pokémons légendaires -Interdiction d'échanger ses pokémon de quelque manière que ce soit -Obligation de donner un surnom à ses pokémons - + quelques autres règles temporaires établies pour le fun et que je préciserai en fin de chapitre. Ce Nuzlocke romancé sera un peu sombre, il y aura quelques grossièretés et certaines scènes peuvent ne pas être adapté à tous les publics. Je préviendrai à l'avance en début de post si c'est le cas. Il n'est pas impossible que je décide de corriger quelques éléments un de ces jours. Résumé : Dans la vie, il y a ceux qui veulent briller, ceux qui ne peuvent pas et ceux qui sont contraints de rester dans l'ombre. Malheureusement pour Alfaro, son père disparu depuis des années semblait faire partie de la troisième catégorie. Commence alors un voyage pour retrouver ses origines, quel que soit le prix à payer. Du moins le pensait-il.Bonne lecture et merci d'avance pour vos retours ^^ - Chapitre 1:
Daily KantoExclusif : après plusieurs mois de débats, le parlement vient de voter la loi sur la limitation de capture de pokémons. Cette limite lancée à l'initiative des associations pour la vie sauvage impose désormais aux dresseurs de capturer un unique pokémon par zone, non renouvelable. Coup de massue supplémentaire, les dresseurs n'auront droit qu'à une seule chance de capture, celle du premier pokémon rencontré hors-amendements supplémentaires. Le principal défenseur de cette loi, monsieur Takeshi Nuzlocke, affirme : "Trop de dresseurs considèrent les pokémon comme des objets. Le nombre de décès liés aux matchs n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Avec cette loi, nous espérons que les dresseurs réfléchiront d'avantage et cesseront d'envoyer les êtres vivants dont ils sont responsables se faire tuer uniquement par stratégie. Le Syndicat des Dresseurs de Kanto a appelé à manifester contre cette loi. Malgré les exceptions qui leurs sont consacrés, certains champions d'arènes encouragent le mouvement. Monsieur Gotzaburo Flint, champion en titre d'Argenta, témoigne : "Avec cette nouvelle règle, l'élevage deviendra quelque chose de codifié que seuls les meilleurs pourront transmettre. Plutôt que d'agir et d'étudier au cas par cas, le gouvernement prend la solution de la facilité. Oui, les dresseurs font des erreurs, mais ce sont elles qui font progresser et qui font que chaque relation entre les pokémons et leur maître est unique. J'appelle tous ceux qui sont contre cette loi élitiste à manifester pour son retrait" La loi entrera en vigueur dans les prochains mois. De nombreux mouvements sont d'ores et déjà prévus malgré la position ferme du gouvernement. *°*°*°*° 9 ans plus tard...Il pleuvait dru ce jour-là au Bourg Palette. Un orage assez conséquent pour la saison avait éclaté quelques minutes auparavant, déversant des gouttes de pluies qui frappaient dans un roulement continu contre les fenêtres. Le village, par sa taille modeste, avait pour avantage de faire se connaître tous ses habitants, aucun humain n'était donc dans les rues et seuls quelques pokémons sauvages couraient rejoindre leurs nids où ils seraient à l'abri. Le professeur Samuel Chen était dans son salon, à moitié allongé dans un des canapés et lisant un livre. Le mauvais temps l'avait obligé à faire rentrer tous les pokémon dont il avait la charge dans leurs pokéballs, exceptés quelques courageux mais résistants adeptes de l'eau qui profitaient de leur élément pour se ressourcer. Les orages le distrayaient à chaque fois et il jetait de fréquents coups d'œil à la la fenêtre, plongé dans ses méditations. -L'oiseau légendaire tonne au-dessus de nos têtes : écoutons ses plaintes. Comme pour confirmer le haïku, un éclair illumina la pièce un bref instant, bientôt suivi par le grondement du tonnerre. Chen se leva, posa son livre et attrapa une paire de pokéballs posées sur la table. Le vent soufflait désormais avec une telle force qu'il était hors de question de laisser un seul pokémon dehors. Le chercheur se dirigea droit vers la porte menant au parc de la propriété, ignorant le parapluie posé contre un mur. Avec ou sans protection, il serait de toute manière obligé de se sécher dans sa salle de bain. Le vent soufflait avec une force peu commune. Aussi, Chen ne perdit pas de temps et fît tinter la cloche accrochée à côté de la porte. Quelques secondes plus tard, un akwakwak accompagné d'un tétarte courraient vers lui. -La récréation est terminée les enfants, c'est trop dangereux, dit l'homme d'une voix suffisante pour couvrir le bruit des rafales. Les créatures ouvrirent la bouche comme pour répondre mais leurs cris restèrent silencieux.. Le chercheur, devant l'accord présumé, enclencha les deux pokéballs qui s'ouvrirent et aspirèrent le tétarte et l'akwakwak dans un rayon de lumière rouge. Il porta son regard en direction du lac : les pokémons qui s'y trouvaient se réfugieraient au fond, ils ne couraient donc aucun danger. Sa mission accomplie, il retourna au sec, direction la salle de bain et tant pis pour le carrelage. Une serviette trempée et un pull brun à col roulé plus tard, il redescendit et s'installa de nouveau dans son canapé, une veste blanche sèche posée sur la table de son bureau. Ses recherches pouvaient bien attendre le retour du beau temps. L'orage s'éloigna peu à peu mais la pluie et le vent ne diminuèrent pas. Chen somnolait désormais sur son canapé, bercé par les éléments. Le livre était tombé au sol sans un bruit et la main qui la tenait pendait maintenant dans le vide. Il n'était plus tout jeune. Deux fois grand-père, approchant de la soixantaine, il se consacrait avec plus d'ardeur que jamais à ses recherches. Parallèlement à ses activités scientifiques, il faisait partie du conseil des dresseurs vétérans de Kanto. Son rôle était d'évaluer la capacité des jeunes gens à savoir entraîner ou non un pokémon de manière responsable, ayant lui-même parcouru le pays dans sa prime jeunesse. Depuis le grand changement survenu 9 ans auparavant, les occasions de voir partir une jeune pousse de dresseur s'étaient faites moins courantes et plus rare encore étaient celles qui lui permettait de contempler leurs sourires à leur retour. Le monde avait bien changé. Peu après l'adoption de la loi Nuzlocke, de nombreuses autres règles avaient été votées. Parmi elle, l'interdiction indiscutable pour les aspirants de moins de 18 ans à devenir dresseurs. La détention de pokémons en tant qu'animaux de compagnie avait également subie plusieurs restrictions pour éviter que les tout jeunes enfants ne prennent trop confiance en eux. Bien que le tabou soit présent, tous pensaient la même chose : les liens entre humains et pokémons se démêlaient. Paradoxalement, les sentiments échangés se révélaient plus forts. Du fait de la limitation de la capture des pokémons sauvages, les dresseurs devaient s'occuper d'avantage de leurs compagnons de route. Et si cela créait des souvenirs irremplaçables, le vide que laissaient les créatures à leur mort avait donné lieu à de nombreux cas de dépressions et de suicides. Il était difficile pour Samuel Chen de plonger ses yeux dans ceux des dresseurs ayant eu le malheur de connaître une telle tragédie. Quand ce n'était pas de la tristesse, c'était une dureté qui n'avait rien de rassurant. Lui qui avait connu un âge d'or où dresseurs et pokémons avançaient continuellement, voir des destins brisés à cause d'une erreur lui retournait le cœur. Il n'y avait pas de seconde chance, c'était tout ou rien. Il avait donc prit son rôle d'évaluateur très au sérieux mais toujours avec pédagogie. Par chance, la plupart des dresseurs qui venaient le consulter venaient du Bourg Palette, ils avaient donc l'occasion de discuter longuement. De plus, il n'était pas rare pour lui d'organiser des ateliers dans les écoles de la région. Il profitait ainsi de sa renommée pour apporter le message suivant aux jeunes pousses : "élever des pokémons est plus que jamais une tâche lourde et difficile. Montrez-vous digne de cheminer à côté de ceux qui nous ont soutenus durant des millénaires". C'était ça ou se rebeller ouvertement contre le système et voir ses fonds pour la recherche disparaître. Chen se réveilla de son demi-sommeil, son humeur aigrie par ces dernières pensées. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre : la pluie, bien que toujours régulière, avait diminuée et le ciel noir était devenu gris. Le mauvais temps ne cesserait sûrement pas avant le milieu de la nuit. Une tasse de thé plus tard, le chercheur s'installa à son bureau dans l'espoir de finir le classement de diverses données. Avec un temps pareil, il n'arriverait de toute façon pas à se motiver pour quoi que ce soit d'autre. Il en était au tout début quand on toqua à la porte. Croyant confondre avec autre chose, il laissa passer quelques secondes avant que le visiteur ne frappe de nouveau. -J'arrive, j'arrive, lança Chen en réponse à une troisième série de coups. Après avoir remis sa veste, le scientifique partit en direction de l'entrée, légèrement inquiet. Avec une pluie pareille, seule une urgence pouvait convaincre quelqu'un de gravir les marches menant à son laboratoire. Il actionna les verrous de la porte et l'ouvrit. Devant lui se trouvait un adolescent brun, de corpulence un peu maigre pour sa taille moyenne. Ses vêtements se limitaient à un jean bleu éraflé d'où pendait une chaîne en métal, d'un t-shirt noir et d'une veste à manche courtes de la même couleur tendue au-dessus de sa tête en guise de parapluie. Son visage était tânné par le soleil et sans l'absence de surprise sur son visage, on aurait pu douter que ce fût un vacancier de Carmin-sur-mer accidentellement téléporté à Bourg-Palette. Il portait également un gros sac à dos sans pour autant avoir une ceinture de dresseurs, ce qui trahissait ses intentions. Le professeur le regarda quelques secondes, cherchant son visage dans sa mémoire. Ce garçon n'était pas du village et il doutait l'avoir jamais rencontré. L'étranger prit alors la parole. -Vous êtes bien le Professeur Samuel Chen ? -Oui, mais ce n'est pas le meilleur endroit pour discuter. Entre. Il recula pour laisser passer son invité qui ne se fît pas prier pour entrer, ignorant les flaques d'eau et de boue qu'il laissait derrière lui. Chen grimaça mentalement : il allait avoir besoin d'une serpillière neuve pour pouvoir éponger tout ça. -Tu peux poser ton sac ici, dit-il en montrant un coin contre un mur. Si tu veux te sécher, la salle de bain est au premier étage, deuxième porte à droite. -Merci. Le garçon aux cheveux bruns monta tandis que Chen se dirigeait une nouvelle fois dans la cuisine préparer une deuxième tasse de thé. Pourvu qu'il n'ai pas à régler une énième affaire de fugue : avec tous les dangers de la vie de dresseur, il fallait obligatoirement fournir un document attestant que les proches de l'aspirant étaient au courant du nouveau choix de vie du concerné. Au travers d'un souci de prévention, c'était en réalité une autorisation parentale camouflée. Même en ayant l'âge minimal requis, certains parents refusaient de signer et leurs enfants partaient seuls sur les routes. Foutue paperasse... -De mon temps, on avait pas besoin de toutes ces conneries pour partir, bougonna le scientifique. Un compagnon de route, du courage, et ça nous suffisait. Il soupira puis revint dans le salon. Aucun bruit ne se faisait entendre à l'exception de la pluie qui continuait de battre contre les carreaux. Chen regarda sa montre : 18 heures 25. Qu'est-ce qui pouvait donc bien forcer quelqu'un à marcher par ce temps sans qu'il n'y ai urgence sur une vie ? L'adolescent descendit quelques minutes plus tard et le rejoignit, coupant court à ses réflexions. -Je t'en prie, tu peux t'asseoir. Tu t'appelles...? -Alfaro Straeno. Merci beaucoup pour votre accueil, répondit le garçon en s'asseyant sur le canapé en face. -Ce n'est rien. J'ai moi-même parcouru les routes étant plus jeune, alors entre dresseurs... -Je ne suis pas encore dresseur, professeur, le coupa Alfaro. Les prédictions de Chen s'avéraient donc juste. Il n'aimait pas trop se fier au jugement physique, mais celui qu'il avait en face avait tout de l'adolescent fugueur. Son regard s'arrêta un peu trop longtemps sur la chaîne accrochée à son jean. Selon son petit-fils, c'était la mode à Safrania, la abstraction de ce détail, il poussa plus en avant son investigation pour confirmer son sentiment. -Tu n'as pas l'air du coin. Je peux savoir d'où tu viens ? -De Safrania, monsieur. Chen passa un bras sur le dos du canapé. Look de petit bagarreur mais manière polies, ajouté à cela le fait qu'il soit spontanément venu voir l'autorité scientifique de la région. Le jeune restait silencieux, il allait donc falloir y aller par étape. -De Safrania...répéta Chen. Et tu veux devenir dresseur, hum ? Alfaro hocha la tête silencieusement, les yeux fuyant son interlocuteur. Il ne pensait pas être reçu aussi facilement et cela le mettait mal à l'aise. Chen en était au même point : comment en savoir plus sur ce garçon sans le troubler encore plus ? -Tu n'as tout de même pas fait tout ce chemin alors que tu pouvais faire ta demande à Safrania ? demanda-t-il, interloqué. -Il y a...autre chose... Alfaro leva la tête et regarda l'expert en pokémons. Ses yeux gris foncé brillaient, contrastant désormais avec son teint basané. -Selon ma mère, vous auriez eu des contacts avec mon père, Alberto Straeno, un scientifique. Chen croisa le regard de l'adolescent. Les sourcils de ce dernier s'étaient froncés à l'évocation de son père comme pour insister sur l'importance de la question. Changeant de position, le scientifique se caressa le menton et réfléchit un instant. -C'est possible...tous les chercheurs veulent plus ou moins s'entretenir avec moi, je ne peux donc pas retenir tous leurs noms. Mais je peux faire des recherches là-dessus. Pourquoi cette question ? Alfaro ne répondit pas et se contenta de boire une gorgée de thé. Chen insista. -Tes parents savent que tu es ici, au moins ? -Mon père n'a plus donné signe de vie depuis 11 ans et ma mère est morte il y a quelques jours, lâcha soudain l'adolescent. Un silence pesant s'installa tout d'un coup durant lequel Chen se maudit intérieurement. Orphelin de mère, père disparu sans laisser de traces, certainement aucune famille proche vu le nom d'immigrés et peut-être encore mineur. -E pourquoi est-ce que tu veux devenir dresseur ? -Bah pour retrouver mon père, lâcha Alfaro comme si c'était une évidence. -Ce n'est pas une raison invoquée et entendue par la loi, le contredit Chen. -Ok, je veux casser du champion d'arène, devenir le meilleur dresseur de tous les temps et d'autres conneries dans le genre. Il a ça dans ses fichiers, votre ordinateur ? Le scientifique sentit son visage se crisper imperceptiblement. De son avis personnel, ceux ayant des motifs prédéfinis ne faisaient généralement pas de bons dresseurs, même si ils partaient à la conquête des arènes. Malgré les nouvelles lois, certains humains continuaient de traiter les pokémons comme des outils et le gouvernement avait de plus en plus de mal à les traquer. Il craignait que le jeune homme en face de lui ne devienne l'un d'eux. -Devenir dresseur n'est pas donné à tout le monde. Il faut un minimum de connaissances en la matière. -Je me débrouillais plutôt bien à mon bahut. Allez-y, interrogez-moi sur c'que vous voulez, encouragea Alfaro avec un léger sourire en coin. Chen ne se fît pas prier et commença par faire décrire les avantages et les faiblesses des pokémons du type poison immédiatement après la mise au défi. Les réponses données par le brun furent parfaites. L'entretien ponctué par quelques anecdotes nostalgiques de l'examinateur dura le reste de la soirée. Malgré son caractère à la limite du supportable, le professeur Chen dut admettre que le gamin connaissait les bases du dressage : types, attaques, forces et faiblesses, notion d'évolution...seule l'utilisation des objets lui posa problème, ce que le vétéran-dresseur corrigea. Favorablement impressionné, il osa même demander comment son invité avait acquis de telles connaissances. -J'ai pris option Découverte du Dressage à mon bahut et j'ai un peu bouquiné là-dessus. Chen sourit : malgré les difficultés qu'ils rncontraient, rares étaient les aspirants qui prenaient la peine d'étudier sérieusement la théorie. Le gamin avait de la cervelle, c'était sur. Le cœur, en revanche... -Tu es conscient que les pokémons demandent beaucoup de soins, n'est-ce pas ? -Oui, oui. Je gardais les pokémons des voisins quand ils devaient s'absenter, mentit Alfaro. Il n'avait jamais vraiment approché de pokémons. A Safrania, seuls des miaouss sauvages et des ratatas étaient trouvables mais personne n'en voulait. Il n'avait jamais approché l'arène et s'était contenté de jeter un coup d'œil à la façade d'un centre pokémon. Une de ses connaissances l'avait forcé à venir au dojo et lui avait montré des pokémons humanoïdes gris et laids. Il se souvint la surprise qu'il avait eu lorsque l'un d'eux l'avait soulevé comme une plume sous les rires des karatékas alentours. Rouge de honte, Alfaro était parti le plus vite possible et avait développé une animosité envers les pokémons de type combat. Le professeur Chen ne suspecta pas le mensonge et termina l'entretien. -Hmm...tu sembles savoir ce que tu fais. Si ça ne tenait qu'à moi, tu pourrais partir, mais il y quelques empêchements... Alfaro baissa de nouveau les yeux. C'était l'une des raisons pour laquelle il avait demandé à un ami de convaincre son père de l'amener jusqu'à Jadielle : il était impossible de discuter avec les fonctionnaires de Safrania, quand ils ne vous demandaient pas quinze fois le même document. -Mais il se fait tard, je verrai tout ça demain. Tu n'as nul part où loger, n'est-ce pas ? Cette fois-ci, Alfaro tourna carrément la tête vers le mur. Si il s'était senti un peu plus détendu lors de la discussion qu'il avait eu précédemment, sa fierté l'empêchait de répondre. Chen se décida à parler. -Comme je te l'ai déjà dis, j'ai moi aussi été dresseur. Offrir l'hospitalité ne me pose donc aucun problème. -Juste pour cette nuit, alors. Je serais dresseur dès demain ? -Je ferais mon possible, mais rien n'est sûr. Si tu me sembles avoir les compétences pour parcourir les routes, ce n'est peut-être pas l'avis de la loi. Tu as l'âge requis, au moins ? -Dans quelques mois, grogna Alfaro. Encore une complication. Par tous les légendaires, il était chercheur, pas assistant social ! Chen garda cependant son calme et jeta un œil à sa montre. 21 heures 15. Il était inutile d'entreprendre quoi que ce soit pour le moment. -Je dois avoir quelque chose au frigo. Tu peux monter tes affaires, la chambre d'ami est juste en face de la salle de bain. Alfaro obéit et monta en silence. Une fois hors de vue, Chen s'autorisa un bref soupir. Quand il y avait fugue, il lui suffisait de discuter avec l'aspirant dresseur et d'appeler les parents. L'affaire était beaucoup plus compliquée cette fois-ci bien que, en un sens, rien n'empêchait le gamin de partir sur les routes. Il se promit cependant de faire quelques recherches. Si Alberto Straeno était bel et bien un scientifique, le retrouver ne serait pas difficile. Peut-être même était-il déjà au courant de la mort de sa femme. Bien évidemment, toute cette histoire ne reposait que sur les affirmations du jeune garçon. Partir de Safrania juste pour cette mascarade avait beau être un peu fort, il se devait de vérifier les dires d'Alfaro. Mais il se faisait tard et Chen avait tout le lendemain pour mettre son plan à exécution. Qui sait. Le garçon allait peut-être lui être utile... A l'étage, Alfaro se réfugia dans la chambre d'invités, inconscient des plans de son hôte. Une fois la porte fermée, il jeta son sac dans un coin et s'assit sur le lit, le regard baissé et les mains croisées sous son menton. La pénombre de la pièce l'aidait à réfléchir et à se remettre de ses émotions. C'était déjà un miracle en soi que d'être arrivé jusqu'ici. Convaincre le père de l'un de ses amis, employé par la Sylphe SARL, de l'emmener avec lui jusqu'à Jadielle n'avait pas été facile. Le mauvais temps l'avait fait plus d'une fois trébucher sur le chemin du Bourg-Palette, mais il était arrivé à son étape sain et sauf. -Si j'avais su que le célèbre professeur Chen n'était qu'un vieux sentimentaliste...murmura-t-il. Il s'autorisa un petit sourire, puis se força à reprendre un visage neutre avant de se lever et quitter la pièce. Tout se déroulait comme il l'avait prévu.
- Chapitre 2:
Le lendemain matin, Alfaro se réveilla de bonne heure, ce qui selon ses critères signifiait 9 heures et demi. Il ne se leva pas tout de suite et préféra songer à tout ce qu'il s'était passé depuis son départ de Safrania. Les choses se déroulaient plutôt bien pour le moment : il était arrivé sain et sauf à sa première destination et celui qui était considéré comme le meilleur scientifique de la région se révélait très conciliant, du moins en apparence. Il ne pouvait espérer meilleur commencement dans sa quête pour retrouver son géniteur.
Il tendit l'oreille pour percevoir des bruits aux alentours et entendit un raclement de chaise ainsi que des bruits de pas au rez-de-chaussée. Concluant que son hôte était déjà debout, Alfaro se leva, s'habilla rapidement et descendit. Il se dirigea en premier lieu vers le salon qu'il trouva vide, ce qui le força à faire plusieurs pas hésitants avant d'arriver au laboratoire.
Cette pièce était au moins trois fois plus grande que la précédente, ce qui était somme toute normal au vu des activités qui y avaient lieu. De grandes baies vitrées éclairaient des aquariums pour pokémon posés en dessous d'elles. Tout autour de la pièce, contre les murs, étaient disposés de lourds appareils électroniques que Alfaro aurait été bien incapable d'identifier. Le seul qu'il reconnaissait était un grand ordinateur posé sur le bureau de son propriétaire qui se trouvait juste à côté, visiblement très occupé.
-Bonjour mon garçon, le salua Chen en posant une pile de document sur son bureau. Assieds-toi, j'en ai pour une minute.
Alfaro obéit sans dire un mot et s'installa sur l'unique canapé, orange cette fois-ci, situé en face du mur aux aquariums. Il remarqua une assiette de tartines à moitié noircies ainsi qu'une tasse vide et une théière posés sur une petite table en face. N'attendant pas d'invitation, il se servit et mâchonna lentement son petit-déjeuner.
Prudent et calculateur de nature, il avait tenté de prévoir la suite des événements toute la nuit. L'entretien de la veille lui avait donné bon espoir et le vieil homme se montrait conciliant à son égard, ce dont il n'avait pas tellement l'habitude. Il avait participé à de nombreux mauvais coups a Safrania, si bien que sa réputation en dehors de son cercle de petits voyous des rues n'étais pas encourageante. Il se plaisait néanmoins à se considérer comme une tête pensante et non comme une masse de muscle, ce qui n'était pas toujours inutile.
Le professeur Chen pianota durant quelques minutes sur son ordinateur puis rejoignit Alfaro, une tasse vide dans une main et une chaise dans l'autre. Il s'assit en face de la petite table basse, se servit du thé et commença la discussion.
-J'ai retrouvé les lettres que ton père m'avait envoyé il y a plusieurs années. Je m'en souviens maintenant, il travaillait sur l'anatomie des pokémon, non ?
-'chais pas, dit Alfaro en levant les épaules. J'étais trop jeune et ma mère m'en a jamais parlé.
-Quoi qu'il en soit, j'ai essayé de retrouver sa trace mais aucun signe de lui. Il travaillait à Safrania, je crois...
Alfaro termina d'avaler une tartine puis répondit mollement :
-Ouais, mais il a quitté la maison et depuis, plus rien.
-Il y a 13 ans, c'est ça ?
-P'têt bien. Je m'en souviens plus trop.
Chen se retint de soupirer. Pour un garçon qui semblait vouloir retrouver son père, il n'avait pas fait beaucoup d'enquêtes préalables. Ou bien sa mère était restée discrète sur le sujet.
-A ce propos, toutes mes condoléances pour ta mère. Cela doit être très dur.
L'adolescent resta silencieux et fixa le sol. Le scientifique en imputa la cause à la fatigue avant de voir que les mains du jeune garçon s'étaient mises à trembler autour de sa tasse. Ne voulant voir craquer ni sa vaisselle ni Alfaro, il décida de changer de sujet.
-Je suis vraiment désolé, je n'ai pu trouver aucun piste mais j'ai néanmoins de très bonnes nouvelles à t'annoncer...
Le chercheur fut malheureusement coupé dans ses paroles par le claquement de la porte d'entrée. La personne qui les interrompait s'annonça immédiatement.
-Pépé ? C'est moi !
-William ? Qu'est-ce que...ah oui ! Je suis dans le laboratoire ! indiqua Chen au nouvel arrivant.
Quelques secondes plus tard, un jeune garçon un peu plus âgé que Alfaro les rejoignit. Il ignora le brun et s'adressa directement au plus vieux.
-Alors pépé, tu les as ? demanda-t-il, apparemment impatient.
-Oui oui, ne t'en fais pas pour ça. Au fait, je te présente Alfaro. Il va lui aussi devenir dresseur dès aujourd'hui.
Le concerné sourit légèrement, son visage toujours dirigé vers le carrelage de la pièce. Enfin ! Il allait enfin avoir la possibilité d'agir comme il le souhaitait ! Dans un sens, il comprenait l'excitation que ressentait le nouvel arrivant.
-Alfaro, voici mon petit-fils, William.
-B'jour, lâcha Alfaro en faisant un petit signe de la main.
Il le détailla du regard. La première chose qui sautait aux yeux chez William était sa coiffure. D'un châtain proche du roux, elle défiait littéralement les lois de la gravité de par ses nombreuses mèches qui pointaient dans tous les sens. Il était légèrement plus grand que Alfaro et son visage était plus rond, ce qui ne l'empêchait en rien d'afficher un air narquois. Ses yeux cuivrés s'attardèrent un instant sur le brun, toujours assis sur le canapé, puis revinrent à son grand-père.
-Ouais, ouais. Bon, y sont où mes pokémon ?
-"Tes" pokémon ? Tu connais la règle, William : un seul pokémon de départ. Les pokéballs sont juste à côté, suivez-moi.
Le petit groupe se dirigea vers le fond de la salle. Sur une table rectangulaire reposaient les trois outils de capture et de transport.
-Dans ces pokéballs se trouvent trois pokémon : feu, eau et plante. Alfaro, à toi de choisir.
-Mais c'est dégueulasse pépé ! Pourquoi c'est pas à moi de choisir en premier ? s'insurgea le petit-fils du chercheur d'un ton offusqué.
-Patience, William, tu en auras un toi aussi. A toi l'honneur, dit-il au brun
Alfaro s'avança vers la table d'un air dubitatif. Il n'avait aucune idée de ce à quoi pouvaient bien ressembler les pokémon qui étaient devant lui. Il regarda derrière son épaule en direction de William qui trépignait d'impatience.
-Dépêche, j'ai pas toute la journée, dit-il d'un ton pressant.
Si il avait su quels pokémon lui seraient proposés, Alfaro y aurait réfléchi plus longtemps. En désespoir de cause, il se basa sur les types annoncés par le professeur Chen : feu, eau ou plante. Un parfait cercle d'avantage et de faiblesse.
-T'as choisi quoi, toi ? demanda-t-il au natif de Bourg Palette.
-Pour que tu me le prennes ou que tu aie un avantage ? Crève !
-Allons ça suffit vous deux ! raisonna le scientifique, lassé de voir les deux plus jeunes se disputer. Alfaro, s'il te plaît...
L'adolescent lâcha un soupir et avança finalement sa main vers la troisième pokéball, celle qui contenait le pokémon de type plante. Après tout, s'occuper d'une espèce d'arbuste miniature ne devait pas poser trop de problèmes. De l'eau, du soleil et ça poussait très bien tout seul, rien de compliqué à ça.
-Bulbizarre, hein ? Parfait pour les débutants, remarqua Chen.
Le choix de William prit beaucoup moins de temps. A peine Alfaro eut-il soulevé la pokéball de son socle qu'il s'emparait de celle située à l'extrémité de la table.
-T'aurais pris cher si tu avais choisi mon salameche, dit-il en cachant tant bien que mal son grand sourire.
-J'ai dit ça suffit ! répéta Chen d'une voix autoritaire. Bien, maintenant que les choix sont faits, écoutez-moi attentivement. Les pokémon que vous avez désormais en votre possession sont encore jeunes, fragiles mais énergiques. Ils ont été élevés au contact des humains, vous devriez donc vous lier très vite avec eux. Je vous conseille de vous entraîner aux alentours. N'allez surtout pas plus loin que Jadielle, j'aimerai vous revoir dans l'après-midi. des questions ?
Face aux deux signes de tête négatifs, le scientifique conclut son discours.
-Bien, tu peux y aller William. Alfaro, je peux te parler un instant ?
Le châtain partit rapidement, visiblement très pressé d'entraîner son pokémon. De son côté, Alfaro se rassit sur le canapé sur l'invitation du professeur Chen. Il ressentait déjà une certaine antipathie pour le petit-fils du chercheur et son caractère de gosse pourri-gâté. Selon Alfaro, tous les gens qui avaient plus ou moins reçu un coup de piston étaient incapables de faire quoi que ce soit par eux-mêmes, voir l'autre échouer dans la semaine ne l'étonnerait donc guère.
-Bon. Ça, c'est fait.A ton tour maintenant. Comme je voulais te le dire tout à l'heure, je peux t'obtenir une carte de dresseur. Tu n'as certes pas encore 18 ans mais pour quelques mois...on peut faire abstraction. Je devrais te l'obtenir dès cet après-midi. En échange, j'aimerais que tu me rendes un petit service.
Alfaro regarda l'homme plus attentivement. Il n'y avait rien d'exceptionnel à un échange de bons procédés. C'était monnaie courante à Safrania : en échange d'un "petit service" pas tout à fait légal et du silence, on proposait quelques travaux manuels ou un autre arrangement à la limite de ce qui était permis. Pourvu qu'il ne lui demande pas de reclasser les livres de la bibliothèque, le jeune garçon n'était pas un amoureux des pavés scientifiques indéchiffrables.
-J'ai un colis qui m'attend à la boutique pokémon de Jadielle mais il semblerait que l'orage d'hier limite les communications. Le livreur m'a appelé ce matin pour me prévenir et je lui ai parlé de toi.
-Carte de dresseur contre colis à livrer ? Pas de problèmes, dit Alfaro.
-Prends ceci en cas de besoin, c'est une lettre disant que tu es à mon service, dit Chen en sortant une enveloppe de sa veste. J'y pense, que dirais-tu de donner un surnom à ton bulbizarre ?
Le brun haussa les sourcils. Il connaissait cette pratique à la mode chez les dresseurs mais n'en voyait pas l'utilité : faire des combats à mort ne nécessitait pas de s'attacher à ses bestioles. Pire encore, il savait les dangers qu'il encourait à y donner trop d'importance. Bien qu'il se considérait comme peu sentimental, il n'avait pas envie de voir son voyage à la recherche de son père entravé par de stupides dépressions au moindre pokémon mort. Son interlocuteur sembla deviner ses pensées et trouva une excuse.
-Je suis sûr que cela te sera utile, dit le chercheur en appuyant sur les syllabes de manière entendue. Tu n'as pas les connaissances de William et les pokémon aiment qu'on leur donne des sobriquets. Un pokémon avec qui l'on prend le temps de sympathiser donne toujours tout de lui-même pour son dresseur et se battra pour lui de la meilleure façon qui soit.
"Ah, si c'est utile, autant ne pas cracher dessus", pensa Alfaro.
Il regarda un instant la sphère blanche et rouge qu'il tenait entre ses mains. La créature était un bulbizarre, hein ?
-Sors-le, ça t'aidera à choisir, proposa le plus âgé.
Le natif de Safrani obéit. Il prit la pokéball de façon à ce que le bouton soit dirigé vers le sol, appuya dessus et son occupant en sortit dans un rayon de lumière rouge. Le pokémon était vert avec quelques tâches plus sombres disséminées sur son corps et sur sa tête ronde et plate qui dévoilait sous ses yeux rouges une large bouche dotée de deux canines. On aurait dit une petite tortue terrestre mais le bulbe fermé qui reposait sur son dos remplaçait la carapace tout en confirmant son appartenance au type plante.
-Bulbizaaarre ! salua la créature avant de se diriger vers la chaise du professeur Chen.
-Bonjour toi. C'est moi qui l'ai élevé, dit-il à l'intention d'Alfaro. Maintenant que tu es son maître, il devrait t'écouter un peu.
L'adolescent ne sut comment réagir. Avec les Miaouss de sa ville natale, il suffisait souvent de tendre la main et de faire un petit signe. Il essaya sans dire un mot avec l'espèce de tortue qui s'avança doucement vers lui et se laissa caresser la tête.
-Billy, ça te va ? proposa le jeune garçon.
-Zaaare ! Bulbi, bulbizaaarre ! répondit l'adepte des plantes, tout sourire.
-Une bonne chose de faite, dit l'ancien dresseur en souriant à son tour. Tu connais la route, il ne te reste plus qu'à y aller.
-Je serai de retour très vite, dit Alfaro en se levant, la chaîne de son jean produisant un léger cliquetis.
Il hésita à ramener le bulbizarre dans sa ball mais préféra faire bonne figure devant le chercheur et le laissa libre de ses mouvements. Les deux humains et le pokémon sortirent du laboratoire et tombèrent nez à nez avec William.
-William, tu n'es pas encore parti ? demanda Chen.
-J'ai eu une meilleure idée. Toi, là, ça te dirait un match ? demanda-t-il en fixant Alfaro.
Ce dernier hésita, ne voulant pas perdre de temps, mais il valait mieux se montrer conformiste jusqu'à ce qu'il ai obtenu sa carte de dresseur.
-Je te met quand tu veux, répondit son opposant en souriant d'un air moqueur.
Les deux rivaux se dirigèrent à l'arrière de la propriété, près du parc. Billy étant déjà hors de sa ball, il suffit d'un mot de son dresseur pour qu'il se mette en position. William se mit plusieurs mètres face à son adversaire et lança son unique pokéball.
-Montre-lui c'que tu sais faire.
Une fois la forme matérialisée par le rayon rouge, Alfaro put détailler l'adversaire de son bulbizarre. Une espèce de lézard bipède orange avec le poil plus clair sur le ventre lui faisait face. Un salamèche, comme l'avait cité William un peu auparavant. Il possédait une queue enflammée au bout ainsi que de courtes griffes et la forme de sa tête ressemblait beaucoup à celle du bulbizarre, en plus allongée et avec des iris bleus. William commença sans que Alfaro ne s'en rende compte.
-Aka, attaque griffe !
Le lézard, un sourire béant l'instant d'avant, bondit d'un coup en direction du quadrupède et lui porta un coup de griffe qui fit mouche. Énervée, la créature verte grogna et répliqua par un coup de tête qui fut sans effet. Au vu de la corpulence de son allié, une attaque profitant de son poids semblait la meilleure chose à faire et Alfaro répliqua :
-Charge-le !
Billy pris appui sur ses pattes et chargea de toutes ses forces son opposant qui tomba sur le dos. Il pédala un instant dans le vide de manière comique, puis se redressa. Maintenant que les forces étaient connues des deux côtés, la bataille allait être plus tendue.
-Aka, rugissement !
Alfaro ne connaissant pas les effets de cette attaque, il se tourna vers le professeur Chen.
-Rugissement baisse l'attaque de ton pokémon. Bulbizarre doit l'avoir aussi.
-Bon ben...Rugi...
-Griffe !
Alfaro se maudit de son incompétence pendant que Billy poussait un couinement, le lézard l'ayant atteint au sommet de sa tête. Il aurait dû se douter d'un coup vicieux de la part de son opposant et décida de répliquer par une attaque frontale.
Le reste du combat se déroula de la même manière. Quelques ordres d'esquives avaient été lancées mais les pokémon, encore trop jeunes et glissant dans la boue, avaient du mal à éviter les attaques. Plus le temps passait, plus les créatures s'épuisaient. Alfaro, sentant que la respiration de son bulbizarre devenait plus difficile, décida d'en finir vite.
-Aka, Rugissement encore une fois !
-Billy, charge !
Le salamèche fit entendre son cri une deuxième fois avant d'être frappé de plein fouet par le monstre vert. Le choc fut tellement violent que le lézard vola sur plusieurs mètres avant d'atterrir sur le sol boueux, bougeant avec beaucoup plus de difficultés..
-Le combat est terminé ! La victoire revient à Alfaro et à son Bulbizarre, déclara Chen, mettant ainsi fin au match.
Alfaro sourit légèrement. Il n'aurait pas cru que sa première expérience en tant que dresseur serait un tel succès. Mieux encore, il ressentait un sentiment de puissance face à la défaite de son adversaire. Si les choses étaient aussi faciles, il aurait retrouvé son père avant la fin du mois.
-Tss...j'aurais dû l'entraîner avant, dit William en rappelant son salamèche.
Il tourna le dos au gagnant, et leva sa main en guise d'au revoir.
-A c't'aprem.
-T'oublierais pas quelque chose, l'écureuil ?
- Quoi ?!
"L'écureuil" en question se retourna vivement, vexé par son nouveau surnom. Il contempla un instant la main tendue de son adversaire, puis décida de se conforter au règlement de mauvaise grâce.
-Tss. Pour un débutant, tu connais au moins certaines règles. C'est déjà pas mal, se moqua-t-il, rancunier de sa première défaite.
La loi obligeait en effet les perdants à verser de l'argent aux gagnants des matchs. Une poignée de billets plus tard, William partit de la propriété en bougonnant. Alfaro allait en faire de même avant d'être appelé par le professeur Chen.
-Excellent combat, le félicita-t-il. Ton bulbizarre semble te faire suffisamment confiance. Suis-moi, je vais le soigner.
De retour au laboratoire, Alfaro fit rentrer Billy dans sa ball et la confia au scientifique qui la posa sur une machine. Elle projeta une lumière jaune et vibra une dizaine de secondes, puis la pokéball fut remise à son propriétaire.
-La première chose que tu devrais faire une fois arrivé à Jadielle serait de visiter le centre Pokémon J'imagine que tu sais à quoi il ressemble ?
-Ouais, un bâtiment avec écrit dessus "Centre Pokémon".
-C'est un peu plus que ça, mais c'est le plus évident. Prends ça également, c'est une potion au cas où tu en aurais besoin. Elle soignera les blessures légères de ton bulbizarre, dit il en prenant un spray mauve sur son bureau.
-Merci beaucoup pour votre aide, professeur.
-Tu me remercieras plus tard. Pour le moment, va donc entraîner ton pokémon. N'oublie pas de revenir cet après-midi avec mon colis.
Alfaro hocha la tête puis partit du laboratoire. Le ciel était bien moins noir qu'hier mais le soleil peinait tout de même à faire descendre ses rayons, se contentant de timides et froides apparitions. La pluie de la veille avait formée une couche de boue sur tout le village et il y avait fort à parier que les routes étaient encore pires.
Ne perdant pas de temps, Alfaro descendit les marches, sa veste ouverte légèrement gonflée par l'arrivée d'air. La température était un peu fraîche en cette matinée de printemps mais il n'y faisait pas attention, toutes ses pensées étant tournées vers les événements futurs.
Il arriva à l'entrée du bourg en quelques minutes. Devant lui se dressait un petit chemin abîmé par la tempête de la veille. Ignorant les coulées de boue, Alfaro se mit en marche. Le plus tôt il se serait débarrassé de ce colis, le plus tôt il pourrait partir à la recherche de son père. Chapitre 3 et 4Chapitres 5 et 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10chapitre 11chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20 |
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YunUroko
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| | | | Mimoze
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| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 12 Juin 2014 - 16:02 | |
| Je m'attendais à ce que Alfaro ne puisse plus entendre ses Pokémon après ces événements (tu ne l'as pas dit explicitement ici, mais je crois me souvenir t'avoir lu invoquer le " lien de l'amitié " dans le topic de discussion sur le langage des Pokémon), ou au moins que Pizzo se ferme, d'une certaine façon, à l'oreille de son dresseur. Pas que ce soit gênant, je suis juste surprise, après cet épouvantable traitement. Même si c'est bien de voir un dresseur qui n'est pas tout mignon tout beau ! - Spoiler:
Et RIP Pizzo :(
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| | | Koukin
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| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 12 Juin 2014 - 17:32 | |
| - Mimoze a écrit:
- Je m'attendais à ce que Alfaro ne puisse plus entendre ses Pokémon après ces événements (tu ne l'as pas dit explicitement ici, mais je crois me souvenir t'avoir lu invoquer le " lien de l'amitié " dans le topic de discussion sur le langage des Pokémon), ou au moins que Pizzo se ferme, d'une certaine façon, à l'oreille de son dresseur.
Comme je l'ai fait dire à Chen dans les premiers chapitres, je suppose que la première chose qui intervient est un "retour à la nature" de la part du dresseur ainsi qu'un côtoiement avec ses pokémon. Cela n'est cependant pas suffisant et il doit s'habituer à chacun de ses pokémon pour pouvoir communiquer avec chacun d'entre eux, dans les deux sens. C'est pour cela que Billy joue le rôle de traducteur à de nombreuses reprises : voyez ça comme des "connexions" nécessaires partant de chaque pokémon à leur dresseur : comprendre un pokémon ne suffit pas pour les comprendre tous. Le dresseur doit faire le même effort pour chaque pokémon. Mais dans tous les cas, la base du "retour à la nature" est nécessaire. De plus, ces "connexions" ne suffisent pas à en faire des badass en combat puisqu'il ne s'agit que de compréhension. Je vous invite à lire le chapitre où Alfaro combat Bob : il y a compréhension et il y a confiance (entre autre), le deuxième étant à un degré plus élevé dans le lien qui unit un dresseur à son pokémon. |
| | | Slyaquali
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| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 31 Juil 2014 - 20:34 | |
| Je savais que tu étais un bon écrivain, mais je n'avais pas eu lieu l'occasion de lire ton Nuzlocke avant. Donc, j'ai tout rattrapé, et franchement, je dois dire que je suis pas du tout déçue, au contraire.
Quelle agréable surprise de voir un dresseur qui prend ses Pokémons pour des esclaves, et qui les méprise. C'est original, et on se libère du dresseur quelconque qui adore tout ses Pokėmons, en mode "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".
J'adhère complètement ~ Ni vue, ni connue - Magnifique avatar par El Grande Maestro Phiphi ~:
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| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 6 Aoû 2014 - 15:25 | |
| Woaw ! Merci pour ces compliments, Sly ^^ C'est vrai que dans tous les nuzs que j'ai lu, le héros était trop gentil et je voulais aller à contre-courant pour plus d'originalité (et c'est aussi bien plus drôle à écrire. MWAHAHAHAHA !) J'espère que la suite ne te décevra pas, elle est juste en dessous ^^ Mais d'abord, un petit mot de l'auteur : - Le mot de l'auteur, totalement optionnel.:
Bonjour tout le monde ! J'espère que vous n'avez pas oublié ce nuzlocke malgré les deux mois d'écarts entre ce chapitre et le treizième, vous êtes priés de déposer tomates, grumeaux et autre nourriture infecte à jeter sur le visage de l'auteur dans un bac géant prévu à cet effet. C'est mal de gâcher de la nourriture alors qu'on peut en faire un compost pour les plantes.
La raison d'un tel retard ? J'ai passé une bonne partie du mois de juin à me préparer pour la Japan Expo, où j'ai pu aller durant toute sa durée, ce qui n'était pas prévu à l'origine. Je n'ai donc pu m'atteler à la rédaction de ce chapitre que début juillet. Il est en contrepartie plus long que d'ordinaire, (environ 5900 mots, c'est la première fois que j'atteins un tel seuil). Le rythme d'écriture reviendra désormais à la normale.
En vous souhaitant une bonne lecture ^^
- Chapitre 14:
Une lourdeur de plomb pesait sur Alfaro quand il rouvrit les yeux, réveillé par le battement d'ailes de Trotwood. La journée touchait réellement à sa fin et la lumière orange du soleil lui piqua les yeux, le forçant à se protéger à l'aide de son bras. Une fois ses esprits retrouvés, il tenta de se relever mais fut violemment tiré au sol, la tête sonnée par la violence de l'impact. Il se retourna et eut la surprise de voir un gravalanch le retenir par les pieds, un sourire machiavélique sur le visage, avant de le traîner dans la grotte. Il n'y avait qu'une seule à chose à faire. -Trotwood, attaque trempette ! Vite ! -Pas question. Tu n'avais qu'à m'écouter quand je te disais que je pouvais voir dans le noir, lui répondit le papilusion de sa voix aiguë. -Fais pas l'con ! Je t'achèterai une nouvelle paire d'antenne ! -J'ai déjà les moustaches de Joey pour ça. Bye ! Et il s'envola, portant le rattatac sur son dos alors qu'Alfaro était certain que le rongeur était devenu trop lourd pour être porté depuis son évolution. Il songea à appeler ses autres pokémon mais un racaillou avait surgi pour lui menotter les mains. Il était littéralement pieds et poings liés et tremblait à l'idée d'être fait prisonnier par une tribu de pokémon sauvages. Sa maman lui avait même raconté des histoires sur des onix qui s'amusaient à jouer à la balle au prisonnier avec des crânes humains. Au bout d'un long moment passé dans le noir, le dresseur comprit qu'ils étaient en train de gravir une pente mais les deux pokémon ne répondirent pas quand il leur demanda quelles attaques ils connaissaient. Lui-même ne pouvant ordonner que l'attaque trempette, il aurait été ravi d'avoir de nouveaux alliés et de s'enfuir mais le gravalanch et le racaillou étaient incorruptibles. Ils arrivèrent finalement au bord d'une crevasse éclairée de l'intérieur où se trouvait le corps long et épais d'un pokémon. Ses deux geôliers le lâchèrent et il put enfin se lever. -Vous ne me jetez pas là-dedans ? demanda-t-il. -Non, il viendra lui-même. -Qui ça, « lui » ? Un rugissement monstrueux se fit alors entendre, faisant trembler les murs de la grotte, et Alfaro eut tout juste le temps de voir Pizzo surgir du gouffre comme un diable sur ressort avant d'être avalé et de se réveiller dans un lit qui lui était inconnu. Le natif de Safrania resta crispé, les yeux grand ouverts, incapable de voir où il était. Tout ceci n'avait été qu'un cauchemar et son brusque réveil avait éclipsé tout souvenir de ce à quoi il rêvait, de même que les événements dont il avait été acteur dans la grotte. Il parvint finalement à se détendre et à avoir une vue d'ensemble de la pièce où il était. Le lit avait des barreaux, tout était d'un blanc à peine jauni et une forte odeur de désinfectant régnait. C'était certainement une de ces chambres de soins réservées aux humains que l'on pouvait trouver dans des centres pokémon. Même si ils n'étaient pas spécialisés dans ce domaine, le personnel se devait d'avoir un minimum de connaissances au cas où un dresseur mal en point se présentait à eux. Alfaro s'aperçut alors qu'une intraveineuse reliée à une poche en plastique suspendue à côté de lui avait été plantée dans sa main droite. Aucun autre appareil ne venait l'incommoder, ce qui le rassura quelque peu sur son état. Son évanouissement ne devait pas être très grave si seul un tube d'une quelconque substance lui avait été administré. Après avoir calmement analysé la situation, il se releva difficilement contre le dossier du lit et appuya sur un bouton. Une infirmière en blouse blanche entra dans sa chambre quelques minutes plus tard. -Enfin réveillé, monsieur Straeno ? Vous nous avez fait une belle peur quand on vous a porté ici. -Comment...comment suis-je arrivé ici ? demanda-il d'une voix plus faible qu'il ne le voulait. -Vous êtes au centre pokémon de Lavanville, un montagnard a aperçu votre papilusion qui l'a guidé jusqu'à l'endroit où vous vous êtes évanoui. Vous avez de la chance d'avoir un pokémon si loyal. Votre bras s'il vous plaît, je vais vous débrancher votre intraveineuse, indiqua-t-elle d'un ton professionnel. Le brun se soumit à l'examen sans mot dire, tentant de retracer son parcours du début de la grotte à Lavanville. La sensation tenace de marcher dans la nuit éclipsait tous ses autres souvenirs mais ces derniers revinrent peu à peu. Les nosferaptis chassés par Billy, Trotwood qui les guidait et Pizzo avançant prudemment...Il sursauta quand la suite lui revint en mémoire. -Pizzo ! Mes pokémons ! Vous... -Ils se reposent, ne vous inquiétez pas. Seulement...l'une des pokéballs était...vide... Annoncer la mort de l'un de ses pokémon à un dresseur était toujours difficile et l'infirmière ne put terminer sa phrase. Lavanville était certes un cimetière, très peu de pokémons y mouraient du fait de la population toujours plus déclinante. Elle sut cependant que le message tacite avait été compris car Alfaro baissa la tête, fixant un point invisible quelque part au bas d'un mur. -Si vous avez besoin d'en parler, nous avons quelqu'un pour ça. -Inutile. Quand pourrai-je repartir ? demanda Alfaro. -Votre état n'est pas alarmant mais nous préférons vous garder en observation jusqu'à demain matin, reprit l'infirmière. Vous avez reçu de nombreux chocs, sans compter le traumatisme que peuvent constituer une telle traversée ainsi que la perte de votre...de votre compagnon. Votre tuteur sera également prévenu de votre hospitalisation dans les plus brefs délais. En vous souhaitant une bonne nuit... La femme sortit, laissant Alfaro seul dans la chambre. Il avait les idées un peu plus claires mais son corps continuait de protester au moindre de ses mouvements et la sensation de fatigue était toujours présente. Il se laissa retomber lourdement sur le lit, dépité. Cela faisait un nouveau cadavre à ajouter à son voyage. Autant Cleopatre ne lui semblait pas une grande perte, autant celle de Pizzo le décevait profondément.. Même les mastodontes comme les léviators pouvaient mourir, mais sa mort arrivait si peu de temps après la découverte de son potentiel qu'il en était dégoûté. Le brun se sentit naïf d'avoir crié victoire au moment d'avoir réussi à dresser l'aquatique. Son orgueil blessé et les efforts qu'il avait fournis en vain le faisaient entrer dans une telle rage qu'il ne put trouver le sommeil avant un long moment. En parlant d'efforts vains, il ne savait que faire d'Imhotep. Son rôle consistait essentiellement à amadouer le serpent de mer mais maintenant que ce dernier était mort, le sabelette lui semblait plus un poids qu'autre chose. Son caractère trop gentil posait problème mais il se débrouillait bien mieux que son prédécesseur et il valait mieux que Pinball. Une refonte de l'équipe était peut-être à envisager. Le sommeil le rattrapa alors et il se rendormit au milieu de ses pensées stratégiques. Une mauvaise surprise l'attendait le lendemain matin. De par sa qualité de tuteur, le professeur Chen avait demandé au personnel du centre pokémon de le faire entrer en contact avec Alfaro et il n'y alla pas de main morte pour le réprimander. -Je t'avais pourtant conseillé de visiter la cave taupiqueur, non ? -Je l'ai fait ! Mais je n'ai même pas pu en attraper un, alors j'ai fais demi-tour ! -Si tu avais continué, tu aurais vu que l'un de mes assistants t'attendait pour te remettre une CS Flash qui aurait sans aucun doute évité à ton léviator de mourir ! Te rends-tu au moins compte de la chance que tu as d'avoir des pokémon aussi dévoués ? Il avait bien entendu été hors de question de révéler le stratagème qui avait poussé Pizzo à le protéger. Alfaro avait préféré dire que l'aquatique s'était jeté tout seul entre lui et le gravalanch lorsque ce dernier avait explosé, lui permettant de courir à l'abri de l'éboulement qui avait suivi. Cela n'empêchait pas le professeur Chen d'être remonté contre le jeune dresseur. -Quelle raison est-ce que j'avais à rester dans ce tunnel, de toute façon ? demanda-t-il. -Ton travail d'assistant sur le terrain. Je te rappelle que tu as des données à m'envoyer et que celles-ci diminuent de plus en plus alors que William, lui, parvient à rester constant dans sa tâche. N'oublie pas notre accord, jeune homme. Le rêve que caressait Alfaro d'avoir le dernier mot sur le vieux colossinge lui sembla soudain encore plus lointain qu'il ne l'imaginait et il lui promit de travailler plus sérieusement sur son pokédex. Peu importe à quel point cette tâche pouvait être ingrate, une promesse était une promesse et il avait pour habitude de toujours respecter sa parole. -Il est grand temps que tu redresses la barre, je n'aimerais pas que tu me déçoives une nouvelle fois. Ta prochaine destination ? -Céladopole. J'ai l'intention d'affronter le champion d'arêne, en plus de faire ce que vous savez. -Ce ne sera pas une mince affaire que de chercher ton père dans une si grande ville mais l'arène a subi quelques modifications et j'ai entendu dire que son dirigeant avait un lien fort avec le principal fournisseur de plantes du pays. Tu bénéficieras d'un appui de grande taille si tu parviens à le joindre à ta cause, en particulier lorsque l'on sait à seul point la science et l'industrie échappent parfois aux lois... Chen médita un instant les yeux dans le vide, se remémorant sans doute sa propre relation avec de tels milieux en tant que chercheur. Il se reprit devant le silence qu'affichait Alfaro. -Reste tout de même prudent et tiens-t-en à ta propre quête. Te mêler à de telles affaires ne t'apporterait que des ennuis. Et n'oublie surtout pas le pokédex, rappela-t-il. -Je m'en souviendrai. -Très bien ! Je te souhaites une bonne route, mon garçon ! La communication prit fin et laissa un goût d'amertume dans la bouche d'Alfaro. Accepter d'être lié ainsi à quelqu'un lui semblait de plus en plus gênant, mais c'était là le prix à payer pour sa liberté d'action et il avait difficilement la possibilité de se plaindre, surtout que rompre sa promesse lui paraîtrait comme une tâche faite sur son honneur. Il sortit du centre pokémon et déambula dans les rues de Lavanville. Comme il s'en doutait, c'était une ville presque morte, habitée par des gens en fin de vie et qui devait comporter plus de cadavres ambulants que d'aides-soignants. Contrairement aux idées reçues, elle était très tranquille, plutôt ordinaire et la tour qu'il voyait au loin ne diffusait ni brouillard, ni spectres aux alentours. Un hameau un peu plus grand que Bourg-Palette mais avec moins d'effervescence, somme toute. Alfaro interrogea quelques habitants, leur demandant si "un ancien scientifique" habitait dans le coin, mais aucune réponse affirmative ne lui parvint. Cette ville était elle aussi sans intérêt. Il organisa une petite inspection des troupes avant de quitter Lavanville. Tous ses gardes du corps étaient en plein forme, sauf peut-être Imhotep qui mit du temps à réagir à la voix de son dresseur. Réveil difficile ou traumatisme suite à la mort de Pizzo, Alfaro n'en avait cure et le garda à ses côtés pour l'entraîner. Bien que quelques difficultés se présentèrent à eux, les dresseurs qui eurent le malheur d'accepter son défi furent tous vaincus et le sourire victorieux que le brun affichait s'élargissait au fur et à mesure de la matinée. Il continuait son chemin vers Céladopole quand soudain, il s'immobilisa et intima à son pokémon d'en faire autant. Il désigna ensuite sans un bruit leur prochaine cible. Un goupix se trouvait tout près d'un fourré devant eux, encore inconscient du danger qui le menaçait. C'est lorsqu'il se retourna et vit de quel genre d'humain il était la cible qu'Alfaro lança son offensive. -Attaque griffe, vite ! Le sabelette s'élança en trois bonds, porta son coup et fit trébucher son adversaire qui tomba maladroitement au sol. Alfaro les rejoignit et ordonna une autre attaque qui fit couiner le goupix de douleur. Il empoigna ensuite une pokéball vierge et captura sans difficulté le pokémon feu. Ces derniers étant particulièrement rares à Kanto, il ne pouvait que jubiler d'avoir trouvé un nouveau garde du corps aussi intéressant. -Génial ! Bon travail, Imho ! Le sabelette, tout heureux d'avoir satisfait son maître, sautilla autour de lui et se jeta à son cou. Ce débordement d'enthousiasme n'était cependant pas du goût d'Alfaro et malgré la reconnaissance qu'il lui portait, il prit aussitôt son pokémon pour le déposer au sol, quelque peu agacé de se faire ainsi sauter dessus. La créature poussa alors une longue plainte qui énerva son dresseur à défaut de l'attendrir. -J'aimerais consacrer la matinée à ton entraînement et pas à des câlins, alors cesse tes jérémiades. Son ordre fut ignoré mais à plus juste titre qu'il ne le pensait au début. Imhotep commençait à scintiller et fut lentement recouvert par la lumière caractéristique de l'évolution. La forme qu'il révéla après la douloureuse transformation impressionna Alfaro plus qu'il ne voulait l'admettre. -...Ok...C'était plutôt inattendu, admit-il. -Sablaiiiiiireau ! Lui répondit fièrement Imhotep. Voilà qui pesait fort dans la balance quant à la question de le garder ou non dans l'équipe. Les longues griffes qu'arboraient maintenant le pokémon sol semblaient redoutables et pouvaient s'avérer très utiles pour peu qu'il améliore sa vitesse. Le sourire d'Alfaro devint légèrement carnassier malgré lui et il se reprit très vite. Pizzo aussi était prometteur, ce qui ne l'empêchait pas d'être maintenant mort. Ils arrivèrent à Céladopole en début d'après-midi. La grande ville ressemblait bien plus à une cité de loisirs pour gens fortunés et touristes que ne l'était sa voisine de l'est. Cinémas, bars, et boutiques fleurissaient dans un centre-ville entouré par des habitations allant du vaste appartement à la villa individuelle au fur et à mesure que l'on s'en éloignait. Humains et pokémon se croisaient sans peine dans de larges rues bordées de palmiers et si bien entretenues qu'on pouvait presque y déjeuner par terre. C'était en apparence un vrai paradis urbain, moins étroit et crasseux que sa cité natale. Même le centre pokémon, bien plus grand que tous les autres qu'il avait vus jusque-là, confirmait cette atmosphère de détente et de prospérité rayonnante. Une fois ses pokémon soignés, Alfaro décida de faire connaissance avec la nouvelle recrue, baptisée Mist. Son éducation commença dès sa sortie de sa ball. -Bienv'nu dans l'équipe, souhaita rapidement Alfaro. A partir de maintenant, tu m'accompagneras dans mon voyage. Première règle : obéir à mes ordres sans se poser de questions. Deuxième règle : interdiction formelle de tuer les pokémon des autres dresseurs. C'est compris ? -Goupix ! rétorqua le renard de feu en tournant la tête. -Je ne te le dirai pas deux fois, alors j'espère que tu as tout retenu. La moindre désobéissance t'apportera de gros ennuis. Je vais maintenant te présenter aux autres, dit Alfaro en empoignant ses balls. Malheureusement pour le natif de Safrania, le goupix snobait tout le monde et tournait la tête en poussant un « goupi ! » chaque fois que quelqu'un lui adressait la parole. Aucun ruse ne parvint à le faire coopérer à quoi que ce soit et c'est avec une extrême lenteur teintée de mauvaise grâce qu'il consentait à obéir. Lui crier dessus ne servait à rien, aucun de ses nouveaux compagnons de voyage ne parvenait à lui faire comprendre qu'il fallait obéir et c'est à peine si il consentit à remuer des oreilles pour indiquer qu'il écoutait. La seule façon de le dresser semblait de le mettre dans une situation de danger où il ne pourrait rien faire sans ses ordres. Et son dresseur savait exactement où aller pour ça. °*°*°*°*°* Alfaro crut à une mauvaise blague quand il arriva à l'endroit que lui avaient indiqués plusieurs habitants de la ville. Il s'était rendu au sud et se trouvait maintenant dans une exploitation florale. Des ouvriers de tous âges, hommes et femmes, zigzaguaient entre les dizaines de serres qui s'étendaient. Une partie de la zone était ouverte aux clients désireux d'acheter quelques plantes directement sur place mais nulle trace d'une arène ou d'un champion. Il allait faire demi-tour quand quelqu'un l'interpella. -Hey, vous, là ! On peut savoir ce que vous venez faire ici ? Un homme s'avançait vers lui, pokéball en main et prêt à en faire sortir un pokémon. Il n'avait pas l'air d'être un dresseur en voyage mais plutôt d'un garde au vu de son uniforme gris foncé. Les serres n'étaient donc pas si paisibles qu'elles ne le paraissaient au premier abord. -Je cherche l'arène de Céladopole, vous pourriez me dire où elle est ? -Montre-moi d'abord ta carte dresseur et tes badges. Alfaro obéit sans rechigner et montra qu'il était en règle. Le type en face de lui avait l'air d'être à cran, aussi décida-t-il de ne pas l'énerver malgré la façon dont il l'avait abordé. Ce dernier examina longuement sa carte, compara la photo avec son visage et la lui rendit. -Un combat d'arène, hein ? Jousuke ! lança-t-il à un ouvrier à quelques mètres d'eux. Tu peux amener c'dresseur à mam'zelle Erika ? -Ouais, tout d'suite ! dit l'interpellé en posant ses outils et en s'avançant vers eux. -Alfaro Straeno, originaire de Safrania. 3 badges, indiqua le gardien une fois que son collègue fut à leur hauteur. -Bien compris. Veuillez me suivre, jeune homme. Le jardinier partit tout droit vers les serres, Alfaro sur ses talons. Ce dernier restait vexé par la façon dont il avait été interpellé et ne manqua pas de le faire savoir à son guide. -Désolé pour tout ce bazar. Tout le monde à Céladopole le sait, mais si vous n'êtes pas d'ici...On voit de plus en plus de gens louches en ville et certains se sont même introduits à l'intérieur de l'exploitation. Du coup, on a dû renforcer les mesures de sécurité partout et, sauf votre respect, vous n'avez pas vraiment le physique de l'honnête citoyen. -Parce que vous pensez vraiment que quelqu'un tenterait un casse en plein jour en prenant bien soin d'être vu par tout le monde ? répondit ironiquement Alfaro. -Y'a des fouineurs qui pénètrent pas plus loin qu'la boutique et qui repèrent pourtant de quoi préparer le terrain pour leurs complices. Vous devriez pourtant le savoir, vous qui venez de Safrania. Cette allusion, bien qu'objective, n'était pas du goût d'Alfaro. Il avait du mal à croire que deux villes, toutes deux grandes et actives, ne rencontrent pas les mêmes problèmes à un degré égal. Il n'avait pour l'instant vu de Céladopole que les grands boulevards et quelques petites rues adjacentes mais il y sentait une atmosphère qui ressemblait aux bourgs qu'il avait traversé jusque-là, cette même sensation de liberté qui l'avait en partie poussée à entreprendre ce voyage. Peut-être pouvait-il s'y autoriser une courte pause... Ils continuèrent de marcher entre les serres jusqu'à en atteindre une autre, tout au fond de l'exploitation et aménagée de manière très différente. Bien plus grande que les autres, des plantes colorées étaient disposées sur une foule de galets plats, créant un petit chemin qu'ils suivirent jusqu'à y entrer. Des rangées de fleurs décoratives, plus ou moins grandes, s'étendaient et se cachaient les unes des autres, comme une sorte de labyrinthe. Nul doute que cette serre n'était pas là uniquement pour faire pousser des plantes. -Mademoiselle Erika ? C'est Jousuke ! Je vous amène un challenger ! -J'arrive ! Un instant, s'il vous plaît ! lui répondit une voix claire et chantante. Une jeune femme légèrement plus âgée qu'Alfaro sortit de derrière une rangée de plantes en pleine floraison en s'essuyant les mains sur un tablier. Malgré cet outil de travail, elle portait un kimono jaune et un grand ceinturon rouge à la taille. Ses manches, légèrement bouffantes, étaient remontées et dévoilaient des avants-bras aussi fins et pâles que son visage encadré par des cheveux coupés au carrés et ornés d'un ruban lui aussi jaune. Le genre de fille issue de la grande aristocratie et qui n'était jamais sortie de chez elle, pensa Alfaro. Même son costume de carnaval démontrait une non-connaissance des combats. Le match allait vite être plié. -Sois le bienvenu à l'arène de Céladopole. Je me nomme Erika, spécialiste des pokémon de type plante. -Alfaro Straeno. Je viens pour un match, confirma le challenger. -Très bien, suis-moi dans ce cas, Jousuke nous servira d'arbitre. Le terrain est un peu plus loin, n'hésite pas à admirer l'arrangement floral sur le chemin. Alfaro faillit se tordre de rire. Un champion qui se préoccupait de la décoration ? C'était ridicule à en crever. Les connaisseurs du type plante devaient être rares pour que l'on confie une arène à une personne aussi superficielle. Tout à ses moqueries silencieuses, il ne remarqua pas le boulet de canon miniature qui heurta ses jambes sans lui laisser le temps d'esquiver. Le natif de Safrania baisse les yeux et s'aperçut que c'était en réalité un mystherbe lorsque ce dernier se précipita vers Erika. -Mys mystherbe ! Mystherbe myst mystherbe ! couina-t-il en bondissant aux pieds de la dresseuse. -Ahlà, ahlà...vraiment ? J'irai les voir plus tard, je suis un peu occupée pour le moment, d'accord ? Elle se pencha pour caresser la tête du mystherbe qui, tout content qu'il était, repartit dans la direction d'où il venait aussi vite qu'il était arrivé. La championne eut un sourire et se tourna vers Alfaro. -Désolée. Ce mystherbe est encore jeune et un peu maladroit, mais il est très volontaire. -Vous faites de l'élevage de pokémon, ici ? demanda Alfaro, intrigué. -En effet. J'en suis la responsable, en plus de mon rôle de championne. C'est un travail parfois éreintant mais les voir grandir en toute sérénité est une vrai source de joie. Il en va de même pour toutes les plantes qui se trouvent dans cette serre. Elle avait donc plus de connaissances que ce que son air de cruche laissait voir, pensa Alfaro. Peut-être en était-il de même pour les combat, ce qu'il allait vérifier dans l'instant. Ils étaient arrivés au bout de la serre. Une pelouse parfaitement entretenue bordée par de grandes plantes tropicales faisait office de terrain et ils se placèrent chacun à une extrémité tandis que le jardinier restait sur le côté. -J'enverrai trois pokémon. Fais bien attention, je suis plutôt redoutable. -Je veux bien te payer un verre si tu tu arrives ne serait-ce qu'à toucher un des miens, répondit effrontément Alfaro. -A ton aise...Manac, go ! -A toi, Trotwood ! Le papilusion d'Alfaro faisait face à un empiflor au moins deux fois plus grand que lui et surexcité. Cette apparente agitation n'inquiéta pas Alfaro qui le scanna sur son pokédex mais Erika en profita pour lancer la première attaque. Le pokémon plante cessa alors tout mouvement inutile et lança un fouet-liane qui rata l'insecte de quelques centimètres. -Approche-toi de lui et balance-lui ta poudre dodo ! ordonna Alfaro. Trotwood prit de l'altitude et réalisa un piqué, lâchant les spores avec une précision remarquable. Les mini-bonds de son adversaire ralentirent et il s'effondra au sol, sa feuille buccale se soulevant au rythme de sa respiration endormie. -Manac! Relève-toi, allez ! ordonna Erika d'une voix suppliante. -Désolé, mais j'en ai pas fini avec lui. Choc mental en rafale ! L'insecte s'en donna à cœur joie et enchaîna les attaques psy, faisant trembler le corps du pokémon plante qui se réveilla d'un coup et s'agita en tous sens sans pouvoir se calmer. La confusion permit à Trotwood de continuer ses attaques et de faire s'effondrer la plante carnivore une deuxième et dernière fois avant d'être rappelée par sa dresseuse. -Pi ! Piii ! cria joyeusement le papilusion. -Plus tard, les félicitations. Et il n'a pas été touché une seule fois, lança Alfaro à l'adresse d'Erika. -Je dois admettre qu'il a une bonne esquive, mais c'est le moins que l'on puisse attendre d'un pokémon volant. Oseras-tu affronter le prochain au sol ? demanda-t-elle en sortant une pokéball. -Quand tu veux. Mist, go ! -Vas-y, Mirliton ! Le saquedeneu sorti de la ball frétillait d'impatience et le type feu apparu en face de lui, bien loin de l'effrayer, avait allumé son regard d'une volonté farouche. Il se mit immédiatement en garde pour la plus grande satisfaction d'Erika. -Celui-là ne va pas être facile à vaincre, prévint-elle. Il est bien plus résistant qu'il n'y paraît. -C'est ce qu'on va voir. Mist, flammèche ! Malheureusement pour Alfaro, seul un bâillement d'ennui répondit à son ordre. Mist semblait bien plus préoccupé par sa toilette que par le combat et il se mit à lécher sa fourrure, ignorant totalement les ordres de son dresseur. -C'est pas vrai ! Bouge ! Allez ! -Motive-le un peu, Mirliton. Constriction ! La boule de lianes bleue s'avança de quelques pas et sortit ses appendices qui enserrèrent immédiatement l'adepte des flammes. Ce dernier, contrarié d'être ainsi dérangé, donna de violents coups de pattes qui restèrent sans effet. Dès qu'une liane le lâchait, une autre prenait le relais. Le saquedeneu les retira finalement et une brève pause s'installa avant que la championne ne lance le prochain assaut. -Charge puis étreinte ! -Esquive, allez ! Le coup de tête fut évité de peu mais Mist n'eut pas le temps de s'éloigner que déjà le saquedeneu l'enserrait à nouveau. L'étreinte, plus violente de par sa proximité, l'étouffait et Alfaro ne vit qu'une solution pour libérer son garde du corps. Seule la peur semblait à même d'éloigner leur opposant. -Flammèche, maintenant ! -Esquive ! De nouveau libre, Mist repris son souffle et lança quelques flammes qui se contentèrent de brûler légèrement Mirliton. L'esquive que ce dernier venait de réaliser en se servant de ses pieds pour se précipiter en arrière était de toute beauté et seules quelques-une de ses extrémités furent touchées. Lui et sa dresseuse n'étaient plus du tout à sous-estimer. -Recommence, étreinte ! -Esquive et flammèche ! Alfaro était désormais obligé de jouer sur la défensive et de profiter des erreurs et failles de son adversaire. Tous ses sens tentaient de ne faire qu'un avec le goupix réfractaire mais il sut l'instant d'après que ce n'était qu'un lien à sens unique. Mist resta immobile puis, alors que le saquedeneu étendait ses lianes, cracha un long torrent de flammes qui emprisonnèrent l'adepte des plantes. Les pupilles d'Alfaro rétrécirent quand il se remémora une scène en tout point semblable. -Stop ! Ça suffit, Mist ! Arrête ! cria-t-il sèchement. Mais le goupix ne s'arrêta pas, mêlant son aigu cri de colère à la plainte mourante de sa victime. L'attaque flammèche dura encore quelques secondes, devint de moins en moins puissante, pour finalement cesser complètement, et révéler le travail des flammes. Le corps de Mirliton le saquedeneu était tout aussi méconnaissable que l'avait été celui de Cleopatre. Seules quelques courtes lianes avaient survécu, greffées à la boule de chair que constituait le corps du pokémon. Ses pieds n'étaient plus que deux bouts de bois calcinés, tellement noirs que seule leur forme permettait de les distinguer du reste de son corps. Un silence assourdissant après ce concert de cris s'abattit, à peine troublé par le sifflement provenant de la carcasse du pokémon. Erika fut la première à bouger. Elle poussa un sanglot et se cacha le visage dans les mains, tentant tant bien que mal de se contenir. Jousuke décida d'intervenir quand elle se laissa tomber à genoux. -Interruption du match pendant dix minutes ! Venez, mademoiselle Erika, ça va aller, ne vous en faites pas... L'arbitre improvisé se précipita vers la jeune fille, la prit par l'épaule et la força doucement à se lever. Ils partirent ensuite hors du terrain, suffisamment loin pour qu'Alfaro ne les entende pas. Ce dernier était immobile, mais pas pour les mêmes raison que son adversaire. -Mist. Viens ici. Immédiatement ! hurla-t-il devant le refus premier de son pokémon. Le goupix s'avança, la tête baissée en biais. Il semblait à Alfaro qu'il avait conscience que ce qu'il avait fait était mal mais il avait l'intention de graver ses ordres au plus profond de lui et de faire savoir une bonne fois pour toute qui était le maître et quelles en étaient les conséquences. Il attrapa son pokémon au collet et le jeta contre un grand pot de fleur sans lui laisser le temps de faire quoi que ce soit avant de s'avancer dans sa direction et de lui donner un coup de pied suffisant pour lui ôter toute envie de riposter. -Je t'avais expliqué tout à l'heure que tu ne devais pas tuer de pokémons domestiqués. Pourquoi l'as-tu fait ? Mist voulu répondre mais Alfaro le frappa de nouveau avec son pied, lui coupant la respiration. -En fait, tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre de ce que tu veux dire. Quand je donne un ordre, quel qu'il soit, tu obéis et c'est tout ! Continue de faire ton rhinocorne et je te jure que pas un seul dresseur ne voudra de toi tellement je t'aurais remis à ta place. Le couinement plaintif qu'il entendit sonna comme un accord de soumission à ses oreilles et il consentit à laisser le goupix rentrer dans sa pokéball. Les deux autres n'étaient toujours pas revenus et il attendit moins calmement qu'il ne l'aurait souhaité. La mort du saquedeneu, dont le corps dégageait toujours une odeur difficilement supportable, était non-voulue mais il craignait que la parole de la championne ne prime sur sa version des faits, surtout compte tenu de la neutralité relative de l'arbitre. Arbitre qui vint à sa rencontre seul, sans la championne derrière lui. Alfaro ouvrit la bouche mais Jousuke l'interrompit. -La mort de Mirliton est accidentelle. Tu as certes ordonné une attaque flammèche mais pas de cette ampleur et tu as dis à ton goupix de cesser quand tu as vu que les choses dérapaient. C'est un fait constaté et accepté par nous trois. En revanche, je dois te demander de ne plus utiliser ce pokémon pendant toute la durée du match et je ferai un rapport. Si un autre...accident en rapport avec ton goupix était reporté, il y aura enquête et crois-moi, ce ne sera pas bon pour toi. Me suis-je bien fait comprendre ? Le ton rapide et empressé du jardinier trahissait sa volonté d'en finir avec ce match malgré un respect des règles qu'il s'imposait. Cela ne dérangea pas Alfaro qui acquiesça tout aussi vite. Une fois certain que le challenger ne tenterait rien de violent, Jousuke porta son regard vers le cadavre de Mirliton, resta silencieux un moment et se décida à l'enlever du terrain. La bâche en plastique souple qu'il utilisa était un cercueil de fortune, mais cela lui suffit à le transporter hors de la serre. Il revint quelques minutes plus tard en compagnie d'une Erika moins bouleversée. -Le match peut reprendre. Êtes-vous prêts ? Les deux combattants hochèrent silencieusement la tête et lancèrent de concert leurs pokéballs. Flavio faisait face à un rafflesia au visage crispé. Sentait-il qu'il ne reverrait jamais l'un de ses compagnons ou bien était-il sensible aux émotions de sa maîtresse ? Quelle qu'en soit la raison, il chargea en tournoyant vers l'oiseau dès l'attaque danse-fleur prononcée par sa dresseuse. Voulant faire bonne figure après ce qui venait de se passer, Alfaro ordonna plusieurs attaques jet de sable, de telle sorte que le roucoups ne fut jamais touché par la fleur géante. Le combat se termina en quelques attaques aériennes. -Fin du match ! Le vainqueur est Alfaro Straeno de Safrania ! Toutes nos félicitations, challenger. Les deux dresseurs s'avancèrent au milieu du terrain, laissant derrière le vainqueur l'endroit où l'herbe avait brûlé plus tôt durant le match. La championne sortit un étui de sous son kimono et c'est lorsqu'il vit la manche humide du vêtement qu'Alfaro sut qu'il devait s'excuser pour la mort de Mirliton. -Désolé pour votre saquedeneu. Je n'avais pas l'intention d'aller aussi loin, dit-il. -Ce...ce n'est rien. Ce sont des choses qui arrivent...malheureusement. Soudain, alors que le badge allait quitter l'étui pour devenir la propriété du garçon à la chaîne, Erika agrippa la main d'Alfaro et s'avança pour lui chuchoter à l'oreille : -Pierre m'a prévenu. Ce soir, 21 heures, route 16, dans la cabane derrière le poste de garde. Elle le relâcha ensuite et se contenta de le fixer avec un doux sourire, comme si ce brusque changement d'attitude n'avait jamais eu lieu. Alfaro soutint son regard pendant quelques secondes, désormais bien plus intrigué par cette fille qu'il ne l'était au début du match, et partit sans rien dire. S'intéresser à une seule personne lui causait déjà bien trop de soucis. °*°*°*°*°* Allongé sur son lit, Alfaro regardait le plafond de la chambre qu'il avait loué au centre pokémon de Céladopole, songeur. Il avait fallu attendre quatre badges pour qu'une véritable promesse d'informations se fasse sentir et elle provenait d'une dresseuse dont il n'aurait absolument pas pensé qu'elle pouvait détenir des clés aussi importante sur sa quête. Une championne d'arène, certes, mais elle savait cacher son jeu. Alfaro remarqua soudain que la pièce était devenue plus sombre et se décida à partir vers son lieu de rendez-vous. Il hésita un instant, à moitié levé. Ses pokémons se reposaient dans une autre salle et il se demanda si il était prudent de sortir sans l'un d'eux. Après réflexion, il décida d'y aller seul : ces bestioles étaient certes intelligentes, cette affaire ne concernait que lui et il ne voyait pas l'utilité de leur révéler pourquoi il avait entrepris un tel voyage. Leur expliquer serait une véritable perte de temps et leur rôle se limitait à le protéger. Il était le cerveau, eux les muscles, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. La ville commençait à montrer son visage de nuit, pour le plus grand intérêt d'Alfaro. Celui-là était plus semblable à Safrania : des néons colorés et criards, une foule bien plus compacte que le jour, musiques, cris et bousculades. La ville des plaisirs s'habillait pour la soirée et malgré la tentation de s'arrêter dans un bar, le brun s'éloigna de la ville et des quartiers résidentiels jusqu'à ce que le silence soit total. Son sens de l'observation lui fut utile pour trouver la fameuse cabane et il regretta un peu de ne pas avoir emmené Billy avec lui quand il dût traverser un réseau de ronces trop bien aménagé pour être naturel. Il se trouvait maintenant entouré de collines et s'avança sur un chemin serpentant entre les monticules avant d'apercevoir la bâtisse, plus grande qu'il ne le pensait. De la lumière filtrait à travers ses fenêtres, preuve qu'il était le deuxième à être arrivé. Il accéléra sans s'en rendre compte. Sa patience maintes fois mise à bout allait enfin être récompensée, ne fut-ce qu'avec de maigres indices. Il toqua à la porte et entra sans attendre de réponse. La cabane, meublée d'une table rectangulaire et de chaises en bois, était complètement vide. Les cendres de la cheminée ainsi que les ustensiles de cuisine posés sur une grille trahissaient pourtant une présence, sinon régulière, au moins humaine. C'était la seule pièce et il était impossible de se cacher dans un endroit si découvert, mais Alfaro s'aperçut très vite que les fenêtres faisaient un excellent poste de guet, tout comme l'arrière de la porte qu'il avait laissé ouvert. Cette dernière claqua avant même qu'il n'ait fini de se retourner. Devant lui se tenait Erika, le visage dur et crispé, son kimono troqué contre un simple blouson et un revolver qu'elle pointait vers Alfaro. -Tu vas payer pour la mort de Mirliton, Rocket.
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| | | Slyaquali
Écrivain
Nature : Malin
Niveau : 23
Exp : 2288
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 6 Aoû 2014 - 16:34 | |
| Oooooh ! Distribution de pruneaux xD
Franchement, ce cliffhanger doit être le plus insoutenable que j'ai jamais vu. Mon dieu, que tu es sadique :sad: Ni vue, ni connue - Magnifique avatar par El Grande Maestro Phiphi ~:
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| | | Mimoze
Designer
Nature : Modeste
Niveau : 30
Exp : 1860
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Jeu 28 Aoû 2014 - 13:59 | |
| ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ ANNONCE ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Alfaro & Billy : koukin : Félicitations !! Vous avez obtenu le smiley officiel de votre Nuzlocke Challenge ! Merci à vous d'avoir contribué à la progression de Nuzlocke France. |
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 3 Sep 2014 - 19:06 | |
| Traces aura 1 an de publication le 10 septembre.
Je ne pense pas qu'il me sera possible d'inaugurer ce premier anniversaire par un chapitre, aussi ai-je pensé à quelque chose demandant plus de préparation, de certes pas très original mais qui suffirait à marquer le coup ; une FAQ écrite où pourrez insulter poser vos questions à Alfaro et à son équipe.
Si cela vous intéresse, je vous encourage à poster vos questions ici-même. Il n'y a pas de limites au nombre de questions par personne et vous pouvez demander absolument tout ce que vous voulez. Certaines questions relatives à l'intrigue n'auront peut-être pas de réponses mais je tenterais de répondre au plus possible.
Le chapitre arrivera quand à lui très vite. Ma feuille de route pour le quinzième est divisée en trois partie et je viens d'achever le premier jet du deuxième. |
| | | Neowstix
Dresseur
Nature : Relax
Niveau : 26
Exp : 2192
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 3 Sep 2014 - 22:26 | |
| - questions pour Alfaro:
Pourquoi vois tu les pokémons comme des armes/esclaves ?
Qu'est ce qu'il faudrait faire pour que tu change ton opinion sur les pokémons ?
Cette aventure est assez périlleuse, penses-tu que la recherche de la vérité pourrait te coûter la vie ? Cela ne t'effraye-t-il pas ?
Malgré ta... façon de faire avec les pokémons, as-tu un favori dans l'équipe ?
Que comptes-tu faire avec ton père si tu le retrouve ? Cela fait quand même pas mal de temps à rattraper.
Voilà, je suis désolé d'avance si les réponses à certaines questions se trouvent dans les premiers chapitres mais ça fait un bail que je les ai lu Je posterai sûrement des questions à ton équipe plus tard, lorsque j'en aurai trouvé |
| | | 1nsanity
Dresseur
Nature : Malpoli
Niveau : 28
Exp : 1193
| | | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Ven 10 Oct 2014 - 17:21 | |
| - Chapitre 15:
-Tu vas payer pour la mort de Mirliton, Rocket. Alfaro ne bougeait plus d'un pouce, totalement paralysé. En temps normal, le brun se serait immédiatement traité de tous les noms pour s'être laissé prendre dans un piège maintenant si évident mais plus rien ne comptait désormais en dehors du pistolet braqué sur lui. Le canon lui aspirait toute capacité à se concentrer ou à réfléchir posément, comme le trou noir qu'il était. Sa première pensée ne fut pas des plus subtiles : -Je ne suis pas un Rocket, dit Alfaro d'un voix blanche et lente. -Menteur. L'accusation portée comme un coup de fouet dissuada Alfaro d'insister et il attendit qu'Erika vide son sac. Il savait par expérience qu'une personne ayant des problèmes avait tendance à en parler dès qu'une occasion favorable s'y prêtait, même si c'était la première fois que quelqu'un se confessait à lui en le menaçant ainsi. La surprise passée ainsi que le cul-de-sac dans lequel il se trouvait constaté et accepté, il tenta de retrouver son calme en observant la jeune de fille en face de lui. Ses traits étaient tirés sous le coup de la colère et les deux bras tenant le pistolet tremblaient un peu. Même si l'acte était prémédité, il n'en restait pas moins difficile à exécuter et Alfaro tenta d'en dissuader la championne, mais comment ? Un seul mot de travers et il pouvait le payer de sa vie. -Je ne suis pas un Rocket, répéta-t-il. Je suis un dresseur parfaitement en règle, tu l'as bien vu cet après-midi. -Qui t'a dit qu'on ne pouvait pas être dresseur et Rocket à la fois ? Tu as peut-être réussi à tromper les autres champions mais tu ne me tromperas pas ! -Les tromper en quoi ? Depuis quand récolter des badges intéresse la team Rocket ? -Ne fais pas l'innocent, je sais très bien que vous voulez nous faire tomber. Tu pensais vraiment que j'allais croire ton histoire sur ton soi-disant père ? Je ne sais pas comment les autres ont fait pour être aussi naïfs mais ça ne marchera pas avec moi ! Silence. Alfaro n'y comprenait absolument rien mais sa petite tactique fonctionnait. Erika avait légèrement abaissé le canon de son arme sans s'en rendre compte. Encore un peu et il pourrait tenter de le lui retirer des mains... -Écoute, je ne sais absolument pas de quoi tu parles. Qu'est-ce qui te fait penser que je suis un membre de la team Rocket ? -Safrania est un nid à voyous et c'est là que sont recrutés la plupart des membres... -Ce n'est pas suffisant, le coupa Alfaro. -La ferme ! Erika rajusta son tir de manière ferme et continua. -C'est notre combat de tout à l'heure qui m'a vraiment fait douter de toi. Aucune personne sensée n'aurait fait de toi un dresseur. -Je vous ai dit que la mort de Mirliton était un accident ! J'ai capturé ce goupix ce matin et il refuse de m'obéir, c'est tout ! -C'était pas une raison suffisante pour le maltraiter comme tu l'as fait ! Tu crois peut-être que je n'ai rien vu ? demanda la championne devant l'air interloqué du brun. Remercie Jousuke, il était plus préoccupé par moi que par toi et ton pokémon. Sans ça, j'aurais immédiatement annulé ce match ! -Je ne vois pas où est le problème, répondit Alfaro le plus sincèrement du monde. Quand un pokémon désobéit, il est nécessaire de lui faire comprendre la faute qu'il a commise. En particulier quand il fait la sourde oreille et refuse d'obéir à son maître. -Ce n'est pas du dressage mais de la maltraitance et de la brutalité ! -Peut-être, mais ça marche. Tu t'es fait battre comme la faiblarde sentimentaliste que tu es. Et je n'ai pas de temps à perdre avec tes conneries. -Si ça ce n'est pas la mentalité d'un rocket… Des brutes sans cœur assoiffées de pouvoir et d'argent, sans aucun respect pour les êtres vivants qu'ils traitent comme des outils...Vous me dégoûtez ! hurla-t-elle. Alfaro n'aurait pas pu faire pire erreur en admettant publiquement son opinion sur le dressage des pokémon. Il savait que la très grande majorité des dresseurs n'étaient pas aussi durs avec les leurs mais ses propres et fulgurants progrès l'avaient convaincu que pousser ses pokémon à bout était la façon la plus rapide de les rendre plus forts. Il ne s'était jamais posé la question quant à savoir comment la team Rocket élevait ses propres pokémon. Les sous-fifres qu'il avait croisés jusque-là étaient tous si faibles qu'il pensait qu'ils les capturaient puis les remplaçaient quand ils les jugeaient trop faibles. Il ne savait en réalité rien de l'organisation de la team rocket et se contentait de les vaincre un par un chaque fois qu'il en croisait, ce qui lui fit se poser une question à propos d'Erika. -Comment sais-tu tout ça ? -Si tu crois que je vais te le dire, tu te met le doigt dans l'œil ! Mais ne t'en fais pas, on sait bien d'autres choses sur vous. -Mais vous ne savez pas que je ne suis pas un rocket. -Nier tout en bloc est inutile avec moi ! Malgré cette affirmation, Erika tremblait de plus en plus violemment pour la plus grande satisfaction d'Alfaro. Peu lui importait qu'elle commençait à douter de son appartenance à la team Rocket, la priorité était de lui enlever ce pistolet des mains. Encore un effort et il pourrait lui faire échec et mat. -Je ne dirais pas que je suis un rocket car ce serait un pur mensonge. Oui, il se peut que je sois un peu violent avec mes pokémon... -Bel euphémisme, coupa Erika. -Mais tous les dresseurs qui emploient ce procédé ne font pas forcément partie de la team Rocket. J'ai moi aussi de bonnes raisons de leur en vouloir... Intriguée par ces paroles, Erika avait une fois de plus abaissé le canon de son arme, cette fois-ci plus bas que précédemment. Le natif de Safrania avança d'un pas lent et mesuré. -Je ne sais pas du tout ce qu'ils t'ont fait mais ils m'ont pris quelqu'un de proche et si je suis parti de chez moi, c'est en partie pour me venger. C'est pas une quête aussi noble que devenir le meilleur dresseur de tous les temps, mais c'est une raison suffisante pour vouloir les éliminer. -Si...si tu crois que je...que je vais te c-croire... Alfaro continua d'avancer jusqu'à forcer Erika à se plaquer contre le mur. Elle releva l'arme mais ses bras tremblaient tellement que le brun pensa qu'elle n'aurait même pas la force d'appuyer sur la gâchette. Il s'arrêta, n'osant pas diminuer l'espace qui les séparait en cas de dérapage. -Tu es une championne d'arène. Ce serait dommage que tu perdes ce titre à cause d'une connerie. Alfaro procéda alors à la dernière estocade verbale qui percerait les dernières défenses de la spécialiste des plantes. Rien de tel qu'une bonne phrase clichée pour faire pleurer les sentimentalistes. -Je suis sûr que Mirliton n'aurait pas voulu ça. -La ferme ! Une haine féroce visible dans ses yeux, Erika releva la tête, brandit son pistolet et appuya sur la gâchette sans que son opposant n'aie le temps de faire le moindre mouvement. Le coup éclata, donnant l'impression de percer les tympans du jeune homme, et il sentit sa dernière heure venue. Les yeux tout aussi écarquillés que ceux de son opposante, il attendit que ses nerfs lui transmettent la douleur mais rient ne vint. La balle l'avait miraculeusement raté. Dès l'instant où il prit conscience de la chance qu'il avait eu, Alfaro se précipita d'un bond et prit fermement le poignet de la brune. Cette dernière lâcha le pistolet sans émettre la moindre résistance, permettant au dresseur d'éloigner l'arme à l'autre bout de la pièce d'un coup de pied. Alfaro la prit ensuite par les épaules, le força à le regarder et abattit la dernière carte qu'il avait pour prouver qu'il disait vrai. -Tu veux savoir qui m'a autorisé à avoir des pokémon ? Samuel Chen. Tu sais qui il est. Tu crois vraiment que le plus célèbre chercheur de la région permettrait à un rocket de devenir dresseur ? Erika ne répondit pas, les yeux grands ouverts, tremblant des pieds à la tête, à la limite de la tétanie. Voyant qu'il ne pourrait rien obtenir de plus d'elle, Alfaro relâcha son emprise et la laissa libre de ses mouvement. La jeune femme glissa lentement sur le sol, s'assit contre le mur et se recroquevilla sur elle-même avant de cacher sa tête entre ses bras. Ses cheveux noirs cachèrent bientôt le peu de peau encore visible et elle éclata en pleurs. Alfaro se désintéressa un moment d'elle et marcha jusqu'à l'endroit où avait atterrit le pistolet. L'engin de mort était maintenant moins dangereux mais tout aussi intimidant et il s'empressa de le poser dans un coin sûr de la cabane avant de soupirer et de se diriger vers le réchaud. Une tasse de thé ne serait pas de trop pour calmer la crise de la championne, lui-même en aurait bien besoin. -La Tombe Creuse. Alfaro posa sa tasse sur la table et fixa son interlocutrice. Il y avait de meilleures manières d'amorcer une conversation après un silence aussi pesant mais il ne lui en tint pas rigueur. Erika évitait de le regarder, comme le ferait un enfant pris en faute. Elle s'était calmée et, encore tremblante, avait pris place en face du brun. Ce n'était qu'après de longues minutes qu'elle avait retrouvé le courage de parler. -Et c'est quoi, la Tombe Creuse ? demanda Alfaro. -Un...Un rassemblement de personnes luttant secrètement contre la team Rocket. Il n'existe pour le moment aucun moyen de la contrer, notre mission principale consiste donc à rassembler des preuves suffisantes pour les faire tomber. -Ce ne sont que des petites frappes. Pourquoi n'allez-vous pas directement les combattre ? La championne prit une inspiration mais hésité juste avant de parler, comme si elle doutait de ses propres mots. Elle continua : -C'est bien plus compliqué que ça. Ils se sont infiltrés partout, utilisent leur argent pour corrompre certaines personnes et les menacent si ils refusent de coopérer. Leur réseau est bien plus étendu ce que les gens ne pensent et ils mènent leurs opérations importantes dans le plus grand secret, c'est ce qui les rend si difficile à identifier. Même moi... Erika sanglota de nouveau pour le plus grand déplaisir d'Alfaro. Ce petit cours sur la team Rocket était certes intéressant, ce n'était pas pour cela qu'il était venu. Mais quitte à aller à la pêche aux informations, autant en ramener le plus possible. -Tu n'es pas obligé de m'en dire plus si cela ne te plaît pas, mentit-il. Surtout si c'est top secret. -Au diable le secret. De toute façon, on te surveille depuis que tu as quitté Argenta. Pierre nous a prévenu et t'a suivi lors de ton assaut au mont sélénite. Cette nouvelle fit l'effet d'une bombe à Alfaro. Il ne se souciait pas du manque de discrétion dont il faisait preuve quand il croisait le chemin d'un sbire, convaincu que personne n'agissait par simple peur, mais découvrir qu'un troisième camp le surveillait sans intervenir le mettait en rage. -Alors comme ça, je ne suis qu'un caninos qui s'occupe de chasser les intrus pendant que vous vous amusez derrière ? -On ne s'amuse pas ! Les champions ont un certain pouvoir mais ils sont également plus exposés ! Si un seul d'entre nous venait à se trahir, ce serait la fin de la Tombe Creuse ! -Alors pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ? La championne se figea net, son regard maintenant dirigé vers Alfaro. Il y avait en effet peu de sens à en dévoiler autant à quelqu'un que l'on voulait utiliser en secret, ce que le jeune dresseur ne comprenait pas. Erika prit une grande inspiration et répondit : -Je ne suis plus d'accord avec ce que les autres disent. -Dit celle qui a tenté de m'assassiner de sang-froid il y a quelques minutes. -J'ai changé d'avis ! Tu...tu n'es pas un rocket et j'ai eu tort de t'accuser, je l'admets. Même entre les membres principaux de la Tombe Creuse, on ne se dit pas tout au cas où il y aurait des fuites. Je croyais que ce qui s'était passé au mont sélénite n'était qu'une mise en scène de la team, ils sont capables de tout pour brouiller les pistes. Tu aurais quand même dû me dire dès le début que ton tuteur était le professeur Chen, ça aurait arrangé les choses. -Alors comme ça, c'est ma faute maintenant ? -Parfaitement ! Les yeux d'Erika brillaient d'une lueur dangereuse maintenant qu'elle avait retrouvé tous ses esprits et Alfaro ne put s'empêcher d'admirer l'audace qu'elle avait de l'affronter ainsi. Surtout qu'elle n'avait pas tort. -Un point pour toi, dit-il en s'adossant à sa chaise Merci de dire à l'appât que je suis quels dangers j'ai encouru jusqu'alors. -C'est plus une question de quels dangers tu encoures maintenant. Ce que je t'ai dit avant que tu ne quittes mon arène n'était pas un mensonge. A ces derniers mots, Alfaro reporta toute son attention sur la championne. Il se redressa et approcha son visage d'elle par-dessus la table, comme si la distance qui les séparait était de plusieurs kilomètres et qu'il craignait que ses mots ne se perdent dans le vide. -On m'a dit de te dire que celui que tu cherchais se trouve à Céladopole. -Qui ? Ce mot sonna aussi brutalement que la balle tirée plus tôt. Erika continua : -Je devine qu'il s'agit de ton père mais on ne m'a rien dit de plus. Alfaro ne bougeait plus d'un cil, pendu aux lèvres de son interlocutrice. De multiples scénarios se bousculaient dans sa tête mais ils pouvaient être rangés en deux catégories : si ce n'était pas de son père dont parlait Erika, il ne pouvait s'agir que de l'autre rattata. Il serait satisfait dans les deux cas. -Où est-il exactement ? -Il y a un casino à Céladopole et nous savons qu'il appartient en réalité à la team Rocket, malgré tout ce qu'elle fait pour le cacher, répondit-elle d'un ton professionnel. L'une de leur base se trouve juste en-dessous et sert à...à vendre des pokémon clandestinement. Seuls certains clients savent comment y pénétrer. Erika tira une enveloppe de sous son blouson et la donna à Alfaro. -Tout ce dont tu as besoin pour infiltrer la base se trouve dedans. Brûle les instructions une fois que tu les auras retenues. -Et si je décidais de tout donner à la team Rocket et de vous faire tomber ? -Nous avons pris touts les précautions nécessaires pour que ça n'arrive pas, dit-elle avec un air légèrement hautain. De plus, je doute que la team aie assez de patience pour t'écouter après les ennuis que tu leur as causé au mont Sélénite. D'abord un vieux colossinge, puis une mystherbe trop agile pour être capturée. Alfaro avait conscience que de ce dans quoi il s'embarquait était périlleux mais le petit marché qu'ils avaient convenu n'était pas à son désavantage : la Tombe lui donnait des informations et il cassait du rocket afin de la couvrir. Peut-être même pourrait-il en tirer d'autres bonus... -Très bien, on fait comme ça. Mais c'est la première et la dernière fois que je travaille pour vous. Je ne suis pas un jouet, conclut-il en se levant. Il sortit de la cabane, savourant un moment le froid de la nuit avant de se mettre en marche. Malgré la fausse désapprobation qu'il avait sous-entendue pour se donner de la contenance, il brûlait d'envie de faire son petit travail tout de suite mais le faire sans préparation serait de la folie pure. Demain soir serait préférable, pensa-t-il en se mettant en marche. -A...Alfaro ! Il se retourna, un peu surpris qu'Erika l'appelle par son prénom, et attendit qu'elle se mette à son niveau. -Si jamais les choses venaient à mal se passer, j'aimerais...que tu prennes ça, dit-elle en lui donnant un disque. C'est Vol, une capsule secrète que tu peux utiliser à l'infini. Ton roucoups saura comment utiliser ses forces pour te transporter dans les airs. -Elle n'était pas dans l'enveloppe ? -Non, ce...c'est un...je ne savais plus quoi en faire, alors ça me débarrasse. Alfaro se retint de rire devant tant de maladresses. -Rappelle-moi que que je te dois un verre la prochaine fois qu'on se reverra, tu avais réussi à toucher un de mes pokémon tout à l'heure. -Dégage. Le brun tourna les talons sans rien dire, laissant Erika où elle était. Cette fille était peut-être une chieuse, elle avait des tripes et n'étais définitivement pas la gentille fi-fille à son papa qu'il croyait. Il espérait seulement qu'elle n'amène pas un poignard lors de leur prochain rendez-vous. Il avait eu assez d'un pistolet braqué sur lui et même sans ça, il ne donnait pas cher de sa santé mentale si elle lui annonçait une autre catastrophe personnelle. °*°*°*°*°* Le casino «Diamante nero» brillait tel un joyau en cette fin de soirée, diffusant une musique pop-jazz mêlée aux clapotis de la fontaine qui l'entourait. Contrairement à certains autres établissements de jeu, ce casino avait la particularité de ne pas faire de différences entre ses clients et acceptait qui voulait y dépenser son argent. Il était également l'un des rares à attirer non seulement les civils mais également les dresseurs intéressés par des prix provenant directement de la Sylphe SARL, l'entreprise détenant le monopole de la technologie pokémon. Alfaro franchit la porte automatique et entra dans un hall décoré de bleu. Nulle table de jeu ou machine à sous ne se présentait à lui mais il n'en était pas surpris, ayant attentivement lu la description qu'en avait fait le contact de la Tombe Creuse. A sa droite, tellement ordinaire qu'elle passait inaperçue, se trouvait une porte menant aux bureaux et au système de vidéo-surveillance du casino. En face de lui, attirant tout naturellement l'œil de par la moquette bordeaux aux fils d'or dont elle était couverte, excroissance de ce qu'elle cachait et qui se distinguait clairement du bleu du hall, se tenait la double-porte menant à la salle de jeux. Il ne pouvait cependant pas y entrer sans un minimum de matériel. Ignorant comme il le pouvait un groupe bruyant, il se dirigea vers les comptoirs de change situés à côté de la porte menant à la sécurité. -2000 pokédollars en jetons, un soupçon de chance et votre plus beau sourire, s'il vous plaît, dit-il à la jeune employée qu'il voyait à travers une vitre. La changeuse le scanna des yeux un bref instant, suffisamment pour être vue d'Alfaro, et prit un air qui se voulait accueillant. -Je suis sûre que quelqu'un de votre carrure n'a pas besoin de plus de chance qu'il n'en possède déjà, lui répondit-elle. -Malheureusement, c'est comme un pokémon qui vous lâche en plein combat : vous croyiez qu'il vous accompagnerait jusqu'à la victoire et il meurt, vous laissant sans rien. -Joliment formulé. J'ai bien peur de ne pas pouvoir vous vendre autre chose que des jetons, mais nous avons de très bons cocktails. Le Blue Laggron, en particulier, vous apportera peut-être ce que vous cherchez. Alfaro prit ses jetons et rendit son sourire à l'employée avant de partir vers la double-porte menant à la salle de jeu. Comme cette dernière le lui promettait dans le hall, il fût impressionné par la somptuosité de l'intérieur qui n'avait rien à envier malgré sa clientèle relativement peu fortunée. La moquette était de la même couleur que celle qui tapissait la porte et n'était troublée que par le vert des tapis de jeu où se regroupaient amateurs de poker, de roulette, de black-jack et autres jeux de hasard. En levant les yeux, il vit un grand lustre lustre électrique suspendu au plafond qui projetant sa lumière différemment selon l'endroit où l'on se trouvait. Le rez-de-chaussée était ainsi suffisamment pourvu pour alimenter l'excitation des joueurs tandis que le premier étage, réservé à la restauration et à la détente, était plongé dans l'ombre pour calmer la fièvre de l'appât du gain. Tout était fait pour répondre aux besoins de chaque client. Alfaro n'était cependant pas venu là pour s'amuser en pariant. Il monta un escalier jusqu'au premier étage, chercha le bar à cocktails et s'y assit. Vu d'ici, le casino semblait encore plus étendu que ce qu'il ne le pensait. L'infrastructure n'avait peut-être pas coûté si cher qu'elle ne le laissait croire mais une chose était certaine, elle devait rapporter quelques milliards de pokédollars par an à la team Rocket. Sans compter le marché noir qui se trouvait là-dessous... -Monsieur désire-t-il quelque chose ? lui demanda le barman. -Un Blue Laggron, s'il vous plaît. -Ça vous fera huit jetons. Il en donna quatre sans que le serveur n'eut l'air surpris. -Vous n'avez pas l'air d'avoir été heureux au jeu. -Qu'y voulez-vous ? Ça va, ça vient...les pokémon sont une valeur plus sûre. Le barman jeta un coup d'œil discret autour de lui et, certain que personne ne faisait attention à eux, fit signe à un agent de sécurité de venir. -Un client pour le sous-sol, dit-il en guise d'explication. Alfaro se leva et se laissa guider. La combine avait parfaitement fonctionné : le seul moyen pour les personnes extérieures au «Diamante nero» de pénétrer dans son marché aux pokémon clandestin était de délivrer une suite de mots de passe aux personnes adéquates. Seul le cocktail nécessaire pour montrer patte blanche changeait de temps en temps. Un système aussi bien huilé, combiné à la préciosité d'une telle information et au risque que les clients encouraient s'ils étaient repérés, faisait que peu de gens connaissaient le secret de cet endroit. Encore moins osaient descendre. Ignorant les clients qui les fixaient d'un air ahuri, ils sortirent de la salle de jeux, entrèrent dans la partie réservée à la sécurité et le faste du casino s'envola pour laisser la place à un long corridor de lino gris éclairé par des néons. Le bruit de la salle de jeu était encore perceptible mais s'éloignait au fur et à mesure, tendant Alfaro comme la corde d'un arc. Enfin, le vigile toqua à une autre porte. -J'amène un client. Immédiatement après, un bruit de clé tournant dans une serrure se fit entendre et un rocket en uniforme se dévoila par l'entrebâillement de l'ouverture. Il regarda le dresseur, douteux. -Il est pas un peu jeune pour entrer ici ? demanda-t-il. -C'est pas mes affaires. Il a donné le mot de passe, à vous de vous en occuper. Le rocket soupira et ouvrit entièrement la porte, laissant entrer Alfaro avant de la refermer. -T'as l'air de savoir pourquoi t'es ici alors je vais t'épargner des explications. Sache juste que si t'es là pour me faire perdre mon temps, ça va mal se passer pour toi. Idem si tu tient pas ta langue. Compris ? -Oui. -Bien. Tourne-toi vers le mur et attend que je t'appelle. Alfaro obéit mais son absence de vision de la scène ne l'empêcha pas d'entendre un clic sonore provenant de quelque part sur l'un des mur. Un grondement ainsi qu'un raclement de chaise se fit entendre et il fut autorisé à se retourner. Derrière le bureau se trouvait maintenant une ouverture à même le sol. -Pas mal, non ? demanda le rocket, visiblement fier de cette astuce. -Un peu bruyant. -J'aime ce qui fait du bruit. Mais t'es pas venu pour ça alors suis-moi. Ils descendirent l'étroit escalier secret et Alfaro eût énormément de mal à contenir le sentiment de haine qui refoulait en lui . Ils croisèrent quelques rockets que son guide salua brièvement, comme des collègues de travail, avant d'arriver dans une salle incrustée d'étagères remplies de pokéballs soigneusement alignées. -On a une offre spéciale pour les dresseurs en vadrouille comme toi. Regarde-moi ça : un évoli en pleine santé, directement importé de Johto, dit-il en appuyant sur le bouton de la sphère pour confirmer ses dires. Le petit quadrupède à fourrure qui en sortit n'avait pas l'air en si bonne forme que ça. Bien que de taille normale pour son âge, ses pupilles étaient étrangement dilatées et il ne cessait de trembloter. -Il est un peu farouche et il te faudra une pierre d'évolution pour qu'il soit vraiment efficace, mais t'as l'avantage du choix. On les vend à quatre millions, tu prends ? -Il m'a l'air trop faible pour ce que ça coûte. Y'a moyen de négocier ? -Je peux pas faire baisser le prix mais y'en a d'autres, attends. Le rocket fouilla un instant dans les étagères et eut la surprise de voir Alfaro se tenir très près de lui quand il se retourna. Le coup de poing qui s'abattit sur lui le fit se cogner contre le mur et il s'effondra, inconscient. Dans un excès de bonté, il prit la pokéball du quadrupède, la plaça au sol et l'écrasa à l'aide de son pied, détruisant ainsi le lien qui unissait l'outil à la créature. -Dégage de là si tu veux retrouver ta liberté, j'ai pas le temps de m'occuper de toi. L'évoli poussa un petit couinement, se dirigea maladroitement vers la sortie de la pièce et, après un instant d'hésitation, détala à travers les couloirs. Le brun espérait que l'évoli distrairait quelques gardes mais n'en restait pas moins nerveux. Il fit sortir Billy, Flavio, Joey et Imhotep -On fait comme on a dit tout à l'heure. Dès qu'un rocket arrive, on lui saute dessus et on lui fait sa fête. Le quatuor hocha la tête sans émettre la moindre désapprobation pour le plus grand plaisir d'Alfaro. Convaincre ses pokémon de le suivre n'avait pas été une chose facile et il lui avait fallu toute la patience et la ruse qu'il possédait au moment de planifier cette attaque surprise. °*°*°*°*°* -La team Rocket capture vos semblables de manière illégale et s'en servent comme des outils. Vous voulez vraiment les laisser faire ça ?
Billy soupira. Leur dresseur respectait certes les règles émises par les autres humains, lui-même avait l'impression d'être utilisé aux mêmes fins, contrairement à ce que pensaient les autres membres de l'équipe.
« Tiens, monsieur Grognon n'est pas d'accord. C'est étonnant de sa part », fit remarquer ironiquement Joey.
« Moi au moins, je n'attaque pas n'importe qui. J'ai une conscience », répondit l'herbizarre..
« Tu as pourtant bien entendu ce qu'a dit le Maître ? Les hommes en noir sont des méchants, je ne vois pas où est le mal »
« Il n'a pas tort », intervint Trotwood. « Ok, le Maître est un peu sévère parfois, mais ça pourrait être pire ».
« Ce n'est pas une raison ! »
-Dites-le si je vous dérange, hein.
La discussion entre les pokémon cessa et Alfaro continua.
-Je sais que certains d'entre vous rechignent à attaquer les humains mais je ne plierai pas. En tant que votre dresseur, vous devez obéir au moindre de mes ordres. C'est compris ?
« Oui, c'est compris...Cause toujours »
« C'est pas très gentil de dire ça, Mist, répondit Imhotep »
« Je ne suis ni son esclave, ni quoi que ce soit d'autre et je n'obéirai que quand je le déciderai, abruti »
« Ne recommencez pas, prévint Billy »
« Tais-toi un peu, tu veux ? T'as autant d'autorité qu'un magicarpe. Vous êtes vraiment pitoyables de dresser la queue devant une ordure pareille »
« Le Maître n'est pas une ordure ! Il prend soin de nous ! » dit Flavio en faisant claquer son bec.
« Ça se voit que c'est pas toi qui s'est fait frapper par ce monstre ! »
« T'avais qu'à lui obéir ! »
-Silence ! Le premier qui dit un mot, je l'envoie chez le vieux !
La menace fut suffisante pour que le concert de cri prenne fin. Une telle dispute n'était jamais arrivée au sein de l'équipe et il soupçonnait le goupix d'incendier les conversations. Les maîtriser risquait d'être compliqué si il ne faisait rien pour mater ce rebelle à son autorité.
-Néanmoins, comme je suis quelqu'un de suffisamment compréhensif...
Billy leva les yeux au ciel et se retint de soupirer.
-...J'ai établi une tactique pour que chacun y trouve son compte...°*°*°*°*°* -Alerte ! Un intrus en sous-sol ! Le rocket sortit un abo et un nosferapti qui ne firent pas long feu devant l'assaut organisé par le natif de Safrania. En première ligne se trouvaient Joey et Flavio, soutenus par Trotwood et ses spores. Billy restait à côté de son maître pour éloigner les pokémon peu scrupuleux tandis qu'Imhotep et Mist restaient dans leurs balls, l'un pour remplacer un allié en cas de besoin et l'autre car il était un élément incontrôlable. Cette formation ne leur permettait pas d'avancer très vite dans la base mais ils formaient ainsi un bataillon pouvant résister à n'importe quels rockets, qu'ils soient seuls ou en groupe. Les sbires se succédaient par vagues venant s'échouer sans faire tomber l'équipe. « Qu'ils viennent », pensait Alfaro. « Hors de question que je quitte cette base sans avoir trouvé ce connard ». Un tadmorv parvint à franchir la ligne de défense du rattatac et du roucoups avant d'être éloigné d'une charge par Billy. Son possesseur s'enfuit sans demander son reste, effrayé par les lianes qu'avaient sorti l'adepte des plantes. Même s'il refusait de blesser le moindre humain et qu'il n'approuvait pas que les autres le fasse, au moins pouvait-il se contenter d'intimider les ennemis de son dresseur, ce qui leur convenait à tous les deux. -Que quelqu'un aille prévenir le chef ! Ce gosse est incontrôlable ! Obéissant à la directive, l'un des vaincus se releva maladroitement avant d'être repéré par Alfaro. -Fouet-lianes, Billy ! Amène-le par les chevilles ! Le rocket visé atterrit de nouveau au sol avant d'être traîné et le brun sortit Imhotep de sa ball. -Où est votre chef ? Crache le morceau tout de suite ou tu vas tâter des griffes de mon sablaireau. -Sablai ? -Ne t'y met toi non plus avec ces conneries, avoir un seul boulet pacifiste me suffit ! -Alors, on a du mal à se faire obéir ? demanda l'homme en noir, toujours retenu par les lianes. Le coup de poing à l'abdomen que lui donna Alfaro fut suffisant pour lui faire ravaler sa remarque. -Parle ! Je sais que tu y allais ! -Il...il est au troisième sous-sol...L'accès est bloqué par une clef ! dit-il en voyant Alfaro lever à nouveau le poing. -Parfait. Donne-la moi et je te le laisserai courir chez ton chef. Le sbire plongea la main dans sa poche et en sortit non pas une clef mais une pokéball. Alfaro lui prit le poignet et le tordit avant qu'il ne puisse l'actionner. C'est à cet instant qu'il remarqua une fine chaîne accroché à son cou. Il l'attrapa sans hésiter et, ignorant le cri de douleur du rocket, en arracha la clef qui y était suspendue. Il repoussa ensuite son prisonnier le plus loin possible, comme si il était une chose particulièrement repoussante. -On descend ! Trotwood, Billy, Ihmo, restez groupés ! Joey et Flavio, couvrez-nous ! Un cri de guerre collectif plus tard, le bataillon se resserra et tous descendirent un autre escalier. Alfaro n'avait eu que des plans incomplets de la base souterraine, le contact de la Tombe Creuse n'ayant pas eu l'occasion de la visiter dans sa totalité afin de ne pas rompre sa couverture, ce qui le forçait à rester alerte au moindre angle de couloir. Quelques rockets continuaient de le poursuivre, leurs pokémon entaillant sans relâche le rempart que constituaient le roucoups et le rattatac. Alfaro passa au plan B en voyant qu'ils avaient de plus en plus de mal à les contenir et ordonna à Trotwood une série de para-spore qui immobilisa les sbires avant de rappeler Joey et Flavio dans leurs balls. Cette alternative leur donnait un laps de temps suffisant pour prendre de l'avance mais il ne garantissait plus rien une fois son terme venu. Les portes se succédaient mais la grosse clef que Alfaro tenait toujours dans sa main ne pouvait servir à une serrure ordinaire. Elle ressemblait plus à une petite manivelle, ce qui le fit penser à un mécanisme utilisé pour actionner un monte-charge. Il se souvint tout d'un coup avoir vu dans les plans un ascenseur qui traversait certainement toute la base. Cette dernière était heureusement bâtie de manière simpliste et il n'eut aucun mal à arriver devant ses portes. Alfaro inséra la clef, la tourna et attendit l'arrivée de l'ascenseur, le cœur battant à tout rompre. Il choisit alors une stratégie risquée mais bien plus sûre pour ses pokémon. -Trotwood, Imho, revenez. Billy, tu les éloignes s'ils arrivent. -Zar ! Le cri d'enthousiasme que venait de pousser son premier pokémon donna un sourire au brun. Tout était tellement mieux quand ses pokémon obéissaient à ses ordres ! Son répit fut cependant de courte durée : les rocket étaient sortis de leur paralysie et le natif de Safrania pouvait entendre le claquement de leurs pas sur le lino. Alfaro et Billy parvinrent à entrer dans l'ascenseur au moment même où les sbires arrivèrent au couloir. -Abo, morsure ! ordonna l'un d'eux en lançant une ball. Alfaro jura et appuya frénétiquement sur le bouton de descente, mais il était trop tard. Le serpent violet sortit de la sphère, tendit tous ses muscles et bondit sur son visage, la gueule béante. Le brun se protégea instinctivement de ses bras et attendit un choc qui ne vint pas à lui. A la place, il entendit un grand craquement et, rouvrant les yeux, vit une grande marque rouge circulaire se terminant par une trace descendant jusqu'au sol, là où l'abo gisait, le crâne fracassé. Billy se tenait juste devant lui et était lui aussi couvert de sang et parfaitement immobile. Les portes de l'ascenseur se refermèrent avant que quiconque d'autre ne puisse y entrer. -Bon boulot, Billy, le félicita Alfaro. Le pokémon ne répondit cependant pas et resta tétanisé, le regard fixé sur la longue et inerte silhouette. Ses yeux étaient étrangement vides et il ne réagissait absolument pas aux appels de son dresseur. Alfaro comprit et sentit une immense déception l'envahir. -Fais pas ta fillette, il voulait nous attaquer ! T'as eu entièrement raison de lui régler son compte, c'est moi qui y serait passé autrement. -Herbi...herbi... -Il n'avait pas d'autre choix que d'obéir à cette enflure. De toute manière, dès qu'un pokémon est capturé par la rocket, il n'y a plus rien à faire. -Zarre... herbi herbizarre ! -Un pokémon d'un dresseur et un pokémon appartenant à un rocket n'est pas la même chose. Ils sont élevés comme s'ils étaient des armes, ils n'ont donc plus aucun sentiment. Tu lui a rendu service en le tuant. Billy n'en croyait pas ses oreilles. Le même dresseur qui l'avait convaincu de partir à l'assaut de cette base sous prétexte de rendre service aux pokémon trouvait normal de les tuer ? Cette logique lui échappait totalement, lui qui avait pensé qu'ils étaient ici pour les libérer. -Herbi herbizarre zarre herbi ! Herbizarre ! -Mais t'es complètement bouché ! On ne peut plus rien faire pour eux ! Estime-toi heureux pour les pokémon qui ne seront pas capturés parce qu'on aura détruit cette base ! Billy n'osa plus rien dire, intimidé par le ton brutal qu'avait pris son dresseur. Il avait dans un sens raison mais cet extrémisme ne lui convenait guère. -Tu réfléchis vraiment trop. Un pokémon n'a pas à se mêler des affaires des humains, c'est trop compliqué pour toi, dit-il en le rappelant dans sa ball. L'ascenseur s'arrêta dans une secousse et ses portes s'ouvrirent sur un espace bien plus luxueux que les étages supérieurs. Une moquette rouge à motifs jaunes avait été tapissée partout, absorbant les bruits de pas et donnant au lieu une atmosphère feutrée allant de pair avec l'étroitesse du lieu. A gauche de l'ascenseur, sans qu'une porte ne vienne l'isoler, se trouvait une pièce avec au centre une table basse et des canapés disposés tout autour. Sûrement un lieu de réunion, pensa Alfaro. Mais ce qui l'intéressait le plus était une porte encadrée de deux grandes plantes en pot, à quelques pas en face en face de lui. Il allait s'approcher quand un grand tumulte se fit entendre de l'autre côté, aussi clairement que si aucun mur ne les séparait. -Tu as quoi !? -S...s'il vous plaît, chef, je vous jure que je l'ai pas fait exprès ! -Je n'en ai absolument rien à faire ! D'abord, cet incident à Safrania, et maintenant, tu viens me dire que tu as perdu ton arme !? Tu es la honte de la team Rocket, Cédric, tu m'entends ?! La honte de la l'organisation que je dirige ! Alfaro frémit à l'entente de cette dernière phrase. Se pourrait-il que le chef de la team Rocket se trouve réellement derrière cette porte ? Il avait du mal à y s'en rendre compte. -Crois-moi que si je m'écoutais, je te foutrais à la porte sur-le-champ. Mais un danger public comme toi...Je me suis suffisamment donné de mal et ma patience à des limites. Dès demain, tu prends le premier train pour Johto. Un bon à rien comme toi est tout juste capable de nettoyer les cages des pokémon. -M...Merci, chef. -Fous-moi le camp ! Et que je ne te revois pas avant un bon bout de temps ! Constatant la fin de la discussion, Alfaro se précipita dans la salle de réunion et se cacha à un angle favorable pour observer. Il n'avait pas aperçu celui qu'il cherchait dans les étages au-dessus malgré la chasse dont il avait été victime et le chef de la team avait parlé d'un accident à Safrania. Les secondes lui semblaient des minutes entières alors qu'il attendait silencieusement sa proie. Une porte s'ouvrit, se referma, et une grande silhouette maigre aux courts cheveux jaune paille se présenta devant l'ascenseur. Impossible de s'y tromper : Erika n'avait pas menti. Un cri de surprise se fit entendre quand les portes s'ouvrirent. Le dénommé Cédric avait vu le cadavre du abo et Alfaro profita de cet instant. Il s'engouffra dans l'ascenseur en deux bonds et fit un tacle à l'autre qui tomba au sol sans pouvoir réagir. Alfaro le prit par le col, le releva comme il le put et le darda d'un regard de pure haine. -T...t'es...t'es qui toi ? Qu'est-ce que tu m'veux ? -Ferme ta p'tite gueule d'enculé et écoute bien c'que j'ai à te dire. -Je...j'comprend pas ! Qu'est-ce que- Ses paroles furent interrompus lorsque Alfaro lui donna un coup de genou au visage, brisant son nez d'où un flot de sang partit pour rejoindre celui de l'abo. -Je t'ai dit de la ferme et d'écouter parce que ce sera peut-être la dernière chose que tu entendras de ta vie. Alfaro appuya sur un bouton et les portes de l'ascenseur se fermèrent sans qu'il ne monte. La clé semblait bloquer tout appel extérieur et il en gardait le contrôle tant qu'elle restait dans le mécanisme. Il avait tout son temps pour assouvir sa vengeance. -Il y a quelques temps de ça, tu traversais Safrania au volant d'une camionnette noire et tu as renversé quelqu'un. -Je...non, c'édait bas... Nouveau coup de genou, cette fois-ci dans la bouche. Les jérémiades de sa victime provoquaient tout un tas de sentiments en Alfaro : rage, pitié, frustration et tout un tas d'autre. Le mieux était qu'il le fasse taire, le plus violemment possible. -J'ai tout entendu de ta conversation avec ton boss. Est-ce que tu connais le nom de la personne que tu as renversé ? Réponds ! Devant les pleurs et les sanglots difficilement retenus du rocket, le brun le souleva et le jeta violemment dans un coin. Son corps s'affaissa et il se recroquevilla sur lui-même dans l'espoir d'échapper aux coups de pied du tortionnaire. -Son nom ! Dis-le ou je te jure que personne ne pourra te reconnaître tellement je t'aurais explosé la gueule ! -Je zais bas ! Je vous jure que je zais bas ! Alfaro cessa immédiatement de porter des coups et recula. La tentation fut cependant trop grande et le peu de dignité qu'il entreprenait de laisser au rocket s'évanouit au moment même où il porta ses yeux sur sa maigre silhouette. Il l'attrapa par les cheveux et le releva jusqu'à ce que sa tête maintenant boursouflée par les coups soit en face de la sienne. Il se retint à grand-peine de cracher sur ce visage déjà sali par le sang et les larmes qui fuyait son regard. -Regarde-moi ! Je te dis de me regarder ! L'homme le fixa, tremblant de tout son corps. Alfaro put y lire de la peur dans ses yeux mais il s'en moqua. L'heure était venu pour lui de payer pour ce qu'il avait fait. -Cette personne, cette femme, elle s'appelait Carla Straeno, et c'était ma mère. Le brun se déchaîna alors comme rarement, enchaînant coups de poings et coups de pied avec violence. Peu lui importait que ce meurtre soit accidentel, peu lui importait que l'ordure qui se trouvait à ses pieds ai été déclaré innocent par un tribunal certainement corrompu, rien n'avait plus d'importance à ses yeux que la justice qu'il attribuait ici et maintenant, dans cet étroit ascenseur où nul ne pouvait les entendre. Le rocket recroquevillé au sol n'osait pas se défendre et Alfaro abandonna, la rage qui l'habitait désormais ne pouvant être satisfaite de cette manière. -Quand je pense qu'on laisse des sous-merdes comme toi faire la loi dans cette région... Sa vengeance sur celui qui avait tué sa mère était accomplie mais il avait également l'intention de faire payer celui qui avait permis ce meurtre. Coup de chance, le boss le team Rocket en personne se trouvait à quelques pas de lui et ne semblait pas s'être rendu compte de sa situation. Il cracha sur le corps à moitié évanoui, ouvrit les portes de l'ascenseur et eu un sursaut de surprise. Un homme attendait devant lui, pas tout à fait calmement ni aussi soigneusement que ses efforts ne voulaient faire paraître. Ses cheveux en bataille, ses cernes et son teint rouge indiquaient clairement qu'il avait passé une très mauvaise journée et qu'il valait mieux ne pas le déranger. On aurait pu croire qu'il était un client particulièrement aisé du casino si l'on en jugeait à son habit marron sans un pli et ses chaussures étincelantes, mais la porte ouverte derrière lui ne faisait aucun doute sur son identité. Alfaro se trouvait nez-à-nez avec le chef de la team Rocket. -Je me disais bien que l'ascenseur mettait plus de temps que d'habitude à venir...C'est toi, le petit teigneux qui s'en est pris à mes hommes ? -Oh ouais. Et j'ai bien l'intention de vous démolir vous aussi. -Je ne crois pas, dit le chef de la team Rocket en sortant un pistolet. Vois-tu, je ne suis pas un très bon combattant à mains nues et je suis particulièrement à fleur de peau aujourd'hui. Si tu veux régler ça avec des pokémon, je suis ton adversaire. Sinon, tu quittes ce repaire avec un trou dans la cervelle. Alfaro se figea. La menace était vraiment sérieuse et il n'avait d'autres choix que d'obéir. Celui qu'il avait en face de lui n'était pas une jeune femme émotionnellement fragile mais l'un des hommes les plus dangereux de la région. Un seul faux pas et il était sûr d'y passer. -Tu as des tripes, petit. J'aime ça. Je t'aurais bien proposé de rejoindre nos rangs mais c'est perdu d'avance, alors voilà ce qu'on va faire : si tu gagnes, je te laisse partir sans faire d'histoires. Si je gagnes, je ferai du reste de ta vie un enfer dont tu n'as pas idée. Alors ? -Comment pourrais-je vous faire confiance ? demanda Alfaro. -La parole est une chose sacrée pour moi. A elle seule, elle vaut bien plus que tout ce que je possède. -Ce n'est pas si difficile pour quelque chose d'avoir plus de valeur que le groupe d'ordures que vous dirigez. L'homme s'avança, braquant le canon de son pistolet sur le front d'Alfaro. Ce dernier n'osa même plus respirer et regretta son trait d'esprit sorti par réflexe. Il recula instinctivement jusqu'au fond de l'ascenseur mais le chef de la team rocket le suivit, visant toujours sa tête. -Très bien, gamin. Cette fois, j'en fait une affaire personnelle ! Il appuya avec rage sur un des bouton de l'ascenseur sans quitter Alfaro des yeux. Lorsque les portes s'ouvrirent sur un couloir où attendaient quelques rockets, ces derniers se mirent automatiquement en position d'attaque. -Faites attention, chef ! Ce gamin... -La ferme ! Je n'ai pas de leçons à recevoir d'une bande d'incompétents ! -Vous...vous ne voulez pas un peu d'aide ? demanda timidement un sbire. -Inutile. Ce gosse a osé insulter mon honneur et celle de la famille. C'est entre lui et moi. Avance ! ordonna-t-il à Alfaro. Si tu tentes quoi que ce soit de louche, tu regretteras immédiatement le peu de pitié qu'il me reste pour toi. Le brun n'eut d'autre choix que d'obéir. Les mains en l'air, sans pouvoir appeler ses pokémon, il avança en sentant toujours le contact froid et métallique de l'arme pointé à l'arrière de son crâne. Le chef de la team Rocket ne lui laissait pas un millimètre d'espace et ne le libéra que lorsqu'ils arrivèrent dan ce qui semblait être un terrain d'entraînement. Il intima à Alfaro de se mettre au fond, ce qu'il fit sans hésiter. Ce n'est que lorsqu'ils se firent face que le pistolet fut rangé dans une poche, sa crosse dépassant de manière inquiétante. -Derrière-moi se trouve la sortie. Bats-moi et tu seras libre, perds et le monde entier sera semblable à cette base pour toi. Ton nom ? -Le votre. -Je n'en ai plus, les noms sont dangereux. Appelle-moi Giovanni. -William, mentit Alfaro. On peut y aller ? -La souffrance de tes pokémon sera ta souffrance. Qu'on m'apporte mes pokémon ! L'ordre n'avait pas fini d'être donné que déjà un sbire présentait un plateau à son chef. Giovanni prit les trois balls qui s'y trouvaient, les contempla un instant et en jeta une sur le terrain, libérant un onix. Alfaro savait exactement quels pokémon choisir. -Un herbizarre...ce n'est guère commun. Seule une personne dans cette région s'investit autant pour donner de tels pokémon aux jeunes dresseurs... -Billy, fouet-lianes ! Les appendices sortirent immédiatement de sous le bulbe du pokémon mais Giovanni ne montra pas un seul signe d'inquiétude malgré la faiblesse évidente de son pokémon. L'onix réagit de lui-même et se courba dans tous les sens, évitant les attaques aussi facilement que s'il dansait dans les airs. L'herbizarre multiplia les tentatives mais ne parvint pas une seule fois à toucher sa cible. -C'est tout ce dont tu es capable ? L'acharnement ne te servira à rien, gamin. Grincement ! Le rocheux poussa un horrible cri strident qui déstabilisa son adversaire. Alfaro se boucha les oreilles mais son pokémon ne put en faire autant et n'eut d'autre choix que de subir la torture auditive. Les yeux plissés sous la douleur, il ne remarqua pas les rocs lancés sur lui comme des flèches et fut enseveli sous un amas compact. Alfaro ne s'en inquiéta cependant pas : Billy était trop solide pour se faire écrabouiller comme un vulgaire aspicot. Il attendit sans bruit que son pokémon se glisse entre les interstices laissés par les rochers et s'éloigne du piège maintenant inutile, du sang coulant de sa tête. -Poudre toxic ! -Ne respire pas ça ! ordonna Giovanni. L'onix fit un mouvement pour enrouler sa tête dans son propre corps mais Billy fut plus rapide. Un jet de poudre empoisonnée fut projetée sur le museau du serpent qui, bien que constitué de roches, n'en restait pas moins un être vivant sensible à ce genre d'attaque. Il se redressa d'un coup sous la douleur et trembla, en proie à une fièvre soudaine. Alfaro ordonna de nouveau une attaque fouet-liane et il s'effondra, faisant vibrer la pièce sous son poids. -Tu as plus de cervelle que je ne pensais, c'est bien. Mais ton herbizarre saura-t-il résister à l'assaut de mon rhinocorne ? Giovanni rappela l'onix pour laisser la place à un quadrupède massif couvert de plaques grises. et pourvu d'une corne à son museau. Après un instant d'hésitation, le natif de Safrania décida de ne pas rappeler Billy. S'il y avait bien un pokémon capable de retourner la force d'un adversaire contre lui-même, c'était lui. Le chef de la team rocket ordonna une attaque koud'korne qui fut esquivée sans difficulté. Les mêmes mouvements se répétaient encore et encore, faisant douter la crédibilité du possesseur du pokémon sol. -Alors, c'est qui qui s'acharne maintenant ? L'homme ne dit rien mais serra davantage sa mâchoire, preuve que la pique que lui avait lancé le jeune dresseur avait eu son effet. Le rhinocorne ne savait que foncer en ligne droite. -Zaarre ! grogna Billy d'un air impatient. -Quand tu veux. Le cuirassé fonça de nouveau vers Billy mais sa course fut interrompue d'une manière tout à fait ridicule. Des lianes enserrèrent ses pattes et un mouvement sec suffit à faire perdre son équilibre au rhinocorne qui tomba le nez dans la poussière. Il se releva d'un bond mais fut aspiré dans sa ball sans prévenir : son dresseur avait compris l'absence totale de victoire. Il murmura quelques mots à travers la coque de plastique, la rétrécit et la fourra dans sa poche avant de prendre la dernière qui lui restait. Il ne la lança cependant pas en direction du terrain mais juste à côté de lui. Un pokémon marron, de deux têtes plus grand que lui et plus large en sortit. Giovanni le caressa et commença à lui parler. -Je peux savoir ce que vous foutez ? demanda Alfaro. -Le pokémon que tu vois là est une kangourex femelle. Tu ne peux pas le voir mais elle a un petit dans sa poche et il est hors de question que tu le blesses. Allez, ragazzo, viens voir tonton. La kangourex plongea alors les bras dans l'ouverture de son ventre et en sortit une petite créature grise que le boss de la team Rocket prit avant de le déposer délicatement au sol à côté de lui . Ils échangèrent ensuite un regard et le pokémon entra dans l'arène, débordant d'envie de combattre. Alfaro quand à lui sentait un mélange de rage et d'incompréhension monter en lui. Il avait toujours imaginé le chef de la team rocket comme quelqu'un d'au moins aussi cruel que les hommes sous ses ordres mais un tel comportement protecteur venait briser ses idées reçues. Pour lui qui avait perdu sa mère, c'était une hypocrisie sans aucune mesure, la pire insulte qu'il aie jamais eue à subir. -Je n'aurais pas besoin de lui donner d'ordres, tu verras qu'une kangourex est déjà suffisamment farouche lorsque son petit dépend d'elle. -Vous êtes vraiment le pire des connards que j'ai jamais rencontré. Fais-lui sa fête, Billy ! Ce fut cependant la kangourex qui prit l'initiative. Elle s'élança d'un bond et frappa Billy d'un uppercut qui l'envoya dans les airs. -Merde. Balance-lui des vampigraines ! L'attaque porta ses fruits mais empêcha l'adepte des plantes d'atterrir correctement et il s'écrasa brutalement au sol, se relevant avec toute les difficultés du monde. L'absorption de l'énergie était bien trop lente pour qu'il puisse remporter le combat, aussi Alfaro le rappela-t-il et envoya Imhotep. Sa défense mêlée aux graines plantées par Billy donnèrent l'idée à Alfaro de faire durer ce combat le plus longtemps possible, même si une victoire expéditive l'arrangeait plus. Il n'eut pas besoin de mettre en garde le sablaireau car ce dernier poussait un cri à l'adresse de son adversaire. Le danger avait bien été perçu et comprit, le match qui allait suivre risquait d'être des plus sanglants. -On y va, dit Alfaro. Tranche ! Imhotep fonça sur l'ennemi, toutes griffes en avant, et porta un coup qui fut bloqué par les avant-bras massifs de la kangourex. -Saute et dard-venin ! Comprenant la tactique de son dresseur, le sablaireau prit appui sur les membres qui l'avaient bloqué pour s'élever au-dessus de la kangourex et la mitrailler d'aiguillons. L'attaque fut moins puissante que le brun n'espérait mais fut suffisante pour inoculer le dangereux poison dans les veines du bipède, ce qui ne l'empêcha pas d'envoyer Imhotep à l'autre bout du terrain d'un coup de poing bien placé alors qu'il retombait au sol. -Relève-toi, vite ! ordonna Alfaro en voyant le kangourex foncer vers son pokémon. Imhotep entendit et eut tout juste le temps d'esquiver un nouveau coup, puis le deuxième, puis le troisième. Le kangourex semblait enragé et Alfaro reconnut l'attaque frénésie. Giovanni, lui, souriait comme l'avantage de son pokémon le lui permettait. -Plus ce combat dure, plus mon pokémon devient puissant. C'est une erreur énorme que de laisser ma kangourex se déchaîner ainsi. Abandonne ! Le brun ne répondit pas. Effectivement, la kangourex devenait plus violente au fur et à mesure que le temps passait mais les germes ainsi que les tâches mauves qui recouvraient son corps par endroit faisaient leur œuvre. Il n'attendait que le bon moment pour contre-attaquer, celui où le bipède à poche deviendrait trop épuisé pour continuer ses mouvements. Et cet instant vint. Les mouvements infernaux de ses bras ralentirent, offrant son flanc à découvert. Alfaro n'hésita pas. -Tranche-la, maintenant ! Le coup eut l'effet de deux sabres, faisant gicler du sang et grogner la kangourex. Cette dernière chancela mais refusa d'abandonner et se tourna vers le sablaireau qui l'avait dépassée lors de l'attaque. Elle marcha dans la traînée écarlate qui les séparait, ses pas lourds faisant trembler le sol, mais un râle de douleur provoqué par la combinaison des graines et du poison s'échappa de sa gueule et elle s'effondra, inconsciente. Giovanni la rappela immédiatement. -Menez-la à l'infirmerie, dit-il en tendant la ball à un sbire. Ne comptez pas les guérisons utilisées et redonnez-lui son petit quand elle sera hors de danger. Il ne semblait pas fâché d'avoir été vaincu, seulement très fatigué, ce qui était étrange aux yeux d'Alfaro. Il s'était attendu à ce que le chef de la team Rocket envoie ses hommes sur lui dès la kangourex rappelée mais la santé de ses pokémon semblait passer en priorité. Vraiment très étrange...Voyant que personne ne le menaçait, il se dirigea vers Giovanni. -J'ai gagné, vous devez tenir votre promesse. -Je n'ai qu'une parole. Suis-moi. L'homme au costume se dirigea vers un escalier et Alfaro le suivit silencieusement. Les pas du plus vieux claquaient sur le sol, symbole d'une colère qu'il se retenait de laisser éclater. Le natif de Safrania garda néanmoins une expression de marbre. Il s'était acquitté de sa mission envers Erika, avait accompli son objectif personnel et avait même prouvé sa valeur en battant le chef de la plus redoutable organisation criminelle de la région. Une bonne soirée qui méritait d'être célébrée, mais loin des regards de ceux qu'il quittait. Ils empruntèrent un passage différent ce celui que le brun avait emprunté à son arrivée et sortirent directement par l'arrière du casino. L'air frais de la nuit rendit Alfaro plus léger mais alors qu'il s'apprêtait à le distancer, le chef de la team Rocket agrippa son épaule. Sa poigne, ferme et décisive, déstabilisa un instant le brun autant que son visage dur. -Je te déconseille fortement de venir fouiner à nouveau dans mes pattes, qu'importent les raisons qui t'ont poussé à venir me déranger. Je te laisse partir cette fois mais sache que si jamais nos intérêts se retrouvent à nouveaux confrontés, je n'aurai aucune pitié. Compris, gamin ? -J'ai déjà eu ce que je voulais. Je ne vous dérangerai plus, dit Alfaro en lui rendant son regard. Il tenta de repousser la main du boss mais n'y parvint pas, peu importe à quel point il forçait. La musique du casino résonnait encore lorsqu'il cessèrent leur petit jeu et que Giovanni le lâcha. -On ne gagne pas à tous les coups. Je ne connais pas tes exploits en tant que dresseur, mais un jour viendra où tu connaîtras les risques de s'attaquer à plus fort que toi, et bien plus tôt que tu ne le crois, dit-il en appuyant chaque syllabes des derniers mots. Alfaro préféra l'ignorer. Il n'avait que faire des conseils d'un ennemi, peu importe son rang, aussi préféra-t-il lui tourner le dos. Il sentit le regard implacable du chef de la team le poursuivre jusqu'à tourner la rue. Le brun soigna ses gardes du corps au centre pokémon mais décida de ne pas y dormir et préféra camper sur la route à l'est, dans la nuit noire. Giovanni avait certes donné sa parole, Alfaro se doutait que certains de ses sbires avaient désormais soif de vengeance. Même le plus faible des pokémon pouvait vaincre un adversaire s'il profitait d'un relâchement d'attention, il en était de même pour les humains.
- Premier anniversaire de publication :
Traces a un an de publication au moment où j'écris ces lignes, à un jour près. Pour cette occasion, l'auteur un tantinet distrait et pressé que je suis a corrigé les sept premiers chapitres. Plus de mots manquants, de fautes d'orthographe et de grammaire et quelques points ont été corrigés suite à l'évolution du récit dans mes carnets. Parmi eux, deux points importants :
-L'âge légal pour devenir dresseur a été ramené à 18 ans, 20 étant un chiffre un peu trop conséquent. Alfaro est donc âgé de 17 ans.
-La ligue pokémon n'existe plus, il n'y a aucune compétition après la récolte des 8 badges. Pour ce qui se trouve au-delà de la route 22, je vous conseille de relire le chapitre 4, j'ai rajouté un passage où Chen donne plus de détails à Alfaro.
Pour fêter cet anniversaire, j'ai décidé d'ouvrir une FAQ où vous pourrez poser vos questions à Alfaro, aux membres de son équipe ou à moi-même via une petite review ou un message privé. Je ne vais pas mettre de date limite et la posterai en même temps que le chapitre 16. Vous pourrez poser absolument tout ce que vous voulez, je tenterai de répondre au plus grand nombre possible.
Je tient également à remercier tous ceux qui m'accompagnent dans ce projet : White Shewolf, ma bêta-lectrice depuis le chapitre 8, sans qui vous subiriez encore mes étourderies, les membres du forum Nuzlocke-France pour leur convivialité, leur talent et leur soutient (passez nous y voir, vous y trouverez des récits et des bandes dessinées de qualité), les quelques personnes donnant de leur temps pour rédiger une review, et bien sûr vous, lecteurs, sans qui mon travail n'aurait pas autant de sens aujourd'hui. A vous tous, merci.
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| | | Henumi
Écrivain
Nature : Bizarre
Exp : 499
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Sam 11 Oct 2014 - 22:25 | |
| Ouah, ce chapitre était tellement bien que je me suis rendue compte que j'avais arrêté de respirer pendant le combat Alfaro VS Giovanni.
T'es le premier écrivain à me mettre dans cette état, bravo. *^* |
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Sam 22 Nov 2014 - 14:02 | |
| Ravi d'avoir provoqué un tel effet, Absi ^^ - Chapitre 16:
Alfaro se réveilla le lendemain matin dans un violent sursaut. Il avait entendu un bruit qui ne lui plaisait pas du tout après les événements de la veille et, après avoir attrapé la première ball qu'il vit, sortit prudemment de sa tente. Une fois à l'air libre, il amorça un geste pour actionner la sphère avant de se rendre que ce qui avait percuté la toile n'était qu'un petit roucool. Il leva les yeux au ciel vers l'arbre en dessous duquel il campait, aperçut un nid et en conclut que le pokémon était un nouveau-né à peine sorti de son œuf, bien trop faible pour être envoyé au combat. Il soupira, examina la ball qu'il tenait et en sortit Flavio. -Ramène ce truc dans son nid, tu veux ? grogna Alfaro avant de retourner à l'intérieur de la tente. C'était là un réveil brutal auquel il ne pouvait pas échapper et se retint à grand-peine d'ordonner à Flavio de faire ce qu'il lui avait demandé en silence. Le pokémon semblait rassurer l'oisillon qui, Alfaro s'en doutait bien, devait être complètement paniqué. Ses parents devaient être partis chasser, à moins qu'ils ne se soient fait capturés par des dresseurs... Certaines habitudes étaient vraiment collantes. -Il est bien nourri, ce piaf ? -Rouuu, coups, lui répondit affirmativement Flavio. -Parfait, alors tu vas le remettre dans son nid et tout de suite ! ordonna-t-il sèchement. Vous allez nous faire repérer en hurlant à cette heure. Lorsque Alfaro sortit pour la deuxième fois de la tente, il vit Flavio voler dans le ciel en y faisant des figures aériennes qu'il n'avait jamais eu l'occasion de voir en combat. Le petit roucool était entre ses serres, retenu exactement ce qu'il fallait pour lui assurer une sécurité sans lui faire mal. Les deux volatiles semblaient bien s'amuser et Alfaro ne put s'empêcher de soupirer avec un sourire. La nuit d'hier avait été angoissante pour tout le monde. Il sortit tous ses pokémon pour le petit-déjeuner et ne fut pas surpris de voir que certains auraient eux aussi souhaité quelques minutes de sommeil supplémentaire, en particulier Mist qui refusa de prêter ses flammes à son dresseur. C'était bien mal connaître Alfaro qui ne supportait ni qu'on lui désobéisse, ni de commencer sa journée sans un café. -Personne ne mangera tant que cette bouilloire ne sifflera pas, décréta-t-il. Comme il l'avait prévu, un concert de grognements et de protestations se fit entendre de toute son équipe, excepté Flavio qui continuait de s'amuser avec le roucool. Joey fut le seul à avoir assez de cran pour venir secouer le goupix qui daigna sortir de son sommeil et cracher des flammes un peu plus violentes que nécessaire pour enflammer le petit tas de branches. Une fois tout le monde servi, Alfaro but sa précieuse tasse de café en savourant cette matinée plus chaude que les jours précédents. Céladopole n'avait plus vraiment d'intérêt pour lui maintenant que sa vengeance avait été accomplie. Quand à la team Rocket, il se proposa d'y penser en temps voulu. Les attaquer n'avait à présent plus aucun sens mais rien n'excluait la légitime défense. Le brun se souvint alors de la personne qui l'avait poussé à lancer cette attaque. Bien que la perspective de revoir Erika soit tentante, il refusait de se donner l'air d'un caninos revenant aux pieds de son maître avec un bâton dans la bouche. Les canaux d'informations de la Tombe Creuse semblaient assez vastes pour qu'il s'épargne la peine de faire un rapport. Il pensa plutôt à se rendre à un autre endroit de la ville. Une heure plus tard, Alfaro pénétra dans le grand magasin de Céladopole, le plus vaste de toute la région. Des dizaines de boutiques s'alignaient dans un dédale de couloirs et d'escaliers automatiques. Une fois le nécessaire vital acheté, Alfaro se mit en quête de capsules techniques et d'autres outils pour améliorer ses gardes du corps. C'est avec une bourse bien plus légère qu'il entra dans le dernier magasin dont il avait besoin : une joaillerie. Il se fit immédiatement accoster par une vendeuse. -Bonjour. Puis-je vous aider ? -J'aurais juste besoin d'une pierre feu. -Vous voulez déclarer votre amour à l'élue de votre cœur de manière enflammée ? -Non, c'est pour mon goupix, répondit Alfaro d'une voix lasse. -Oh, vous êtes donc dresseur ! Je crains que nous ne soyons en rupture de stock, mais je vais quand même vérifier. Veuillez m'excusez un instant. La vendeuse partit derrière le comptoir vitré, chercha des yeux l'objet demandé mais, ne le voyant pas, partit dans l'arrière-boutique. Alfaro attendit patiemment en faisant semblant de s'intéresser aux autres bijoux. D'après ce qu'avait dit la vendeuse, il semblait que les pierres évolutives soient également utilisés en tant que cadeaux, ce qu'il trouvait surprenant. Peut-être ces pierres avaient-elles du mal à se vendre depuis l'adoption de la loi Nuzlocke, d'où la nécessité de les transformer en simples bijoux. La perspective de devoir aller ailleurs pour en trouver une ne l'enchantait guère et il pria pour que la vendeuse ne le déçoive pas. Soudain, un petit cri de surprise se fit entendre dans l'arrière-boutique et Alfaro détourna son attention des bijoux. Un pokémon bleu quadrupède avec une queue étrange en était sorti, portant dans sa gueule un objet carmin que Alfaro reconnut. -Reviens ici tout de suite ! lui cria-t-il en se lançant à sa poursuite. La créature était peu rapide mais agile, ce qui lui donnait l'avantage dans un endroit aussi fréquenté que le grand magasin. Il passait entre les clients comme un liquide, forçant Alfaro à jouer des coudes pour se frayer un passage. Le brun ne prit bientôt plus la peine d'esquiver qui que ce soit et écarta les personnes qui se trouvaient sur son chemin afin de ne pas perdre sa cible de vue. La course-poursuite prenait des dimensions de plus en plus catastrophiques au fur et à mesure qu'ils montaient les escaliers et ce n'est qu'une fois arrivés sur le toit que le quadrupède bleu fut coincé. Il tourna frénétiquement en rond, cherchant une sortie inexistante, avant de reculer le plus loin possible d'Alfaro. Ce dernier sentit quelque chose de familier dans les pupilles dilatées par le stress qui le fixaient désormais. -On se connaît, toi et moi, non ? Seul un couinement interrogatif lui répondit. Il n'en était pas certain, mais il se pouvait que celui qui se trouvait devant lui à cet instant soit l'évoli qu'il avait sauvé la veille. Poussé par la faim, il se serait aventuré dans le centre commercial de Céladopole et avait d'une façon ou d'une autre atterrit dans l'arrière-boutique de la bijouterie et évolué au contact d'une pierre. Alfaro sortit son pokédex et ses soupçons furent confirmés : la petite boule de poils marron s'était changée en aquali. -T'as foutu un beau petit bordel, tu sais ? dit-il sur le ton de la conversation. File-moi cette pierre, je ne l'ai pas encore payé. Conscient du danger que pouvait représenter un pokémon stressé, Alfaro avança prudemment en tendant la main. L'aquali trembla en voyant l'humain s'approcher mais ne bougea pas plus. Il posa finalement la pierre au sol et la poussa timidement en direction de son sauveur de la veille. Plus que quelques pas et le brun allait pouvoir s'en emparer. Soudain, il sentit une poigne ferme le tirer par le col avant de le plaquer au sol. -Vol à l'étalage à l'aide d'un pokémon et délit de fuite. Tu vas me suivre bien gentiment dans nos locaux en attendant l'arrivée de la police, gamin. Voilà un détail qui lui était complètement sorti de la tête. Son attention entièrement focalisée sur la pierre et le pokémon, il avait oublié qu'un centre commercial aussi grand avait forcément sa propre sécurité. Le premier réflexe d'Alfaro fut de dire la vérité. -C'est pas mon pokémon, m'sieur ! J'voulais juste l'empêcher de partir avec la pierre ! -C'est ça, ouais, j'entends cette excuse chaque semaine. Essaie encore, tu seras peut-être plus crédible. Pour une fois qu'il était motivé par quelque chose de vraiment honnête, Alfaro aurait préféré que quelqu'un d'autre se trouve à sa place. Le vigile connaissait son métier et il lui était impossible de faire le moindre mouvement pour atteindre ses poké balls. Il allait se rendre quand il sentit l'écho d'un violent choc avant d'être relâché. L'homme avait poussé un cri et se tenait le bras, blessé par la violente charge de l'aquali qui grognait en sa direction. Ce n'était pas très impressionnant mais ça restait une bonne occasion pour s'enfuir. Sans plus attendre, Alfaro fit sortir Flavio de sa ball. -On se casse ! dit-il en fourrant la pierre feu dans son sac. Vole où tu peux, je te dirais plus tard où on va ! Les serres de l'oiseau s'emparèrent des poignets de son maître et il battit des ailes plus fort afin de décoller, évitant de justesse le vigile. Ils allèrent franchir la grille du toit lorsqu'un poids supplémentaire s'ajouta, faisant pousser un cri à Alfaro quand il sentit les griffes de l'aquali percer son jean pour s'accrocher à ses jambes. Ce n'était absolument pas confortable mais il ne pouvait ni l'enfermer dans une ball, ni le forcer à le lâcher sous peine de faire s'écraser Flavio, ce qu'il ne souhaitait absolument pas. Alfaro baissa les yeux et sentit immédiatement tous ses muscles se contracter. Au moins quatre étages le séparaient du sol, ce qui suffit à lui faire regretter une telle fuite improvisée. Son propre poids lui semblait multiplié malgré la puissance du roucoups et ses jambes étaient devenus tellement flasques qu'il ne sentait plus l'aquali. Le bitume en-dessous de lui l'hypnotisait et il ne pouvait en détacher son regard. -D-dépêche-toi de te poser loin d'ici ! Là où on campé cette nuit ! G-grouille-toi, vite ! Devinant le malaise de son dresseur, Flavio adopta une allure rapide et régulière mais ne put battre des ailes sans provoquer des gémissements de pure peur chez son dresseur. Au bout d'un moment qui lui parut passer en quelques secondes tant il était crispé, ils arrivèrent en dehors de Céladopole et Alfaro sentit ses pieds toucher le sol. Il s'effondra à quatre pattes, trop bouleversé pour faire quoi que ce soit. -Plus jamais...Plus jamais t-tu ne me portes comme ça...parvint-il à articuler d'une voix hachée. Flavio roucoula et se frotta à lui pour le rassurer mais fut brusquement repoussé. Vertige ou non, Alfaro estimait ne pas avoir besoin d'un quelconque signe d'affection pour remettre ses esprits en place. C'est alors que l'aquali rappela sa présence d'un petit cri. -Toi ! On a failli y passer à cause de tes conneries ! Refais-moi ça et je te jures que tu vas le regretter ! -Aqua...liii ? Pour toute réponse, une ball lui fût violemment jetée en pleine figure et l'aspira sans qu'il n'y oppose la moindre résistance. La sphère s'immobilisa avant de se nimber d'un rayon bleuâtre et de disparaître dans un flash électrique, signe qu'elle avait été envoyée chez le vieux Chen. Une telle rareté allait lui faire plaisir. Ce fut au tour de Flavio de rentrer dans sa ball. Après un tel fiasco, le laisser voler dans les parages reviendrait à attirer la police comme des rattata sur un banquet. Alfaro pensa un instant à revenir sur ses pas et à expliquer la situation mais il n'avait aucun espoir d'être cru maintenant qu'il avait capturé l'aquali. Il partit en direction de Lavanville. Là, il était certain de se faire oublier un petit moment avant de se remettre en route. Peut-être en profiterait-il pour envoyer au centre commercial de Céladopole une lettre d'excuses accompagnée de quelques billets, il n'avait encore jamais essayé le paiement par correspondance. *°*°*°*°*° C'est après une longue mais banale journée de marche et de combats que Alfaro et son équipe arrivèrent à Lavanville. Le lieu était aussi peu animé qu'il ne l'était lorsqu'ils l'avaient quitté quelques jours auparavant mais il ne s'en plaignait pas. Les pistes d'Erika pour retrouver son père épuisées, il n'avait qu'à s'en tenir au plan de base qui était de s'informer auprès des champions d'arène. La seule solution était de pousser son voyage plus au sud et il avait besoin de beaucoup de préparation pour cela, Parmanie étant très retirée par rapport aux autres villes. Jamais il n'aurait pensé que sa quête le mènerait aussi loin. Ses pokémon confiés à une infirmière et sa chambre réservée, il partit se détendre au coin buvette. Le bruit de la canette de soda cool fraîchement tombée du distributeur était comme le son de la dernière cloche au terme d'une longue journée de cours. Il ne manquait plus qu'un bon fauteuil pour achever de le détendre. Malheureusement pour lui, un autre dresseur avait eu la même idée et se tenait sur un côté du seul canapé disponible. Un bon tabouret en bois bien rigide et au siège inconfortable lui semblait tout d'un coup très tentant, mais moins que l'idée de provoquer un certain crétin. -Qu'est-ce que tu fous là ? demanda-t-il agressivement. William ouvrit les yeux mais ne sembla pas contrarié de la présence d'Alfaro. Seulement un peu surpris. -Tu n'as pas eu mon grand-père au téléphone ? C'est une sacrée coïncidence que tu sois là, dans ce cas... -Je t'ai posé une question et à moins que tu ne sois sourd, abruti ou les deux, j'aimerais que tu y réponde. -Relaxe, j'ai pas envie de me battre avec toi aujourd'hui, soupira William. Grand-père nous a réquisitionné pour un travail. -J'ai pas le temps pour ça.. -Il m'a dit de te dire que tu n'avais pas le choix. En ce qui me concerne, je t'y traînerai par la peau du cou si il le faut. Alfaro se retint de broyer sa canette et serra les dents. Le vieux colossinge lui en demandait décidément trop. -Trimbaler son bidule rouge ne lui suffit pas ? -Premièrement, je sais que tu lui dois une faveur. Deuxièmement, tu vas montrer un peu plus de respect pour lui et ses travaux. Troisièmement, tu la ferme et tu m'écoutes. Avoir toujours raison semblait être inscrit dans les gênes de la lignée Chen, au grand dam d'Alfaro. Aussi ne répliqua-t-il pas et attendit-il que William continue. -J'ai pas retenu tous les détails alors je te fais la version courte : grand-père veut qu'on analyse les spectres de la tour de Lavanville. -Les quoi ? demanda le brun, interloqué. -T'as bien entendu. Toi et moi, on va se faire une petite virée dans le cimetière des pokémon. Tu connais le type spectre ? Ce fut au tour d'Alfaro d'être surpris. Le type spectre, bien que très rare, était connu de la plupart des dresseurs maintenant qu'une certaine connaissance des mécanismes de combat était requise pour parcourir les routes. Il ne voyait cependant pas ce qu'il avait en lien avec eux. -Vaguement. Ils ont quelque chose de spécial ? -C'est à se demander comment tu as réussi à convaincre grand-pêre avec une tête aussi vide...Ils ont deux formes, expliqua William. La première les rend insensibles à tout, la deuxième les rend plus consistants et donc plus vulnérables. On en sait pas plus et c'est pour ça qu'on est envoyé sur ce terrain : si le pokédex de grand-père parvient à analyser ces pokémon, ça fera énormément avancer la recherche sur les spectres. -Abrège. Ça me prendra combien de temps ? -Une bonne partie de la journée de demain. On va ratisser la tour pokémon de fond en comble pour avoir un maximum de données. Ça permettra au moins à ton pokédex de ne pas se faire distancer encore plus par le mien, ajouta William d'un air narquois. Alfaro ignora l'insulte déguisée tant il ne se souciait pas de cette compétition instaurée par son rival. Il le soupçonnait même d'avoir délibérément cherché un domaine dans lequel il était supérieur pour s'en vanter et ainsi compenser les défaites qu'il avait subi lors de chacun de leurs combats. Une façon comme une autre d'oublier qui était le meilleur dresseur. -Autre chose ? -Nan, pas vraiment. J'ai franchi la grotte il y a deux jours, alors j'ai pu visiter un peu. Si on fait bien notre boulot, on s'en sortira sans une égratignure. Les spectres de la tour ne sont pas si puissants que ça. Au moins Alfaro lui reconnaissait-il un certain sens de la précaution. Il était toujours aussi peu enclin à l'idée de travailler pour le vieux Chen mais avoir l'assurance que cette tâche ne serait pas ardue le rendait plus coopératif. Tout au plus s'ennuierait-il à pointer son pokédex dans tous les sens. -Si j'ai pas le choix...On se retrouve où ? -Demain matin, neuf heures tapantes, devant le centre. -Parfait. Tu m'excuseras, mais je ne veux pas que ma journée soit encore plus gâchée par ta vision. -Mieux vaut t'y habituer parce que je n'ai pas l'intention de travailler avec un prétentieux incapable de mettre ses intérêts de côté. L'échange de politesse terminé, Alfaro tourna les talons et s'éloigna. Il lui était impossible de s'y détendre maintenant qu'il savait que l'autre crétin y était et décida de sortir. Comme il s'y attendait, les rues de Lavanville étaient très calmes. Ses citadins ne devaient pas être du genre à veiller tard, ce qui était logique tant les environs étaient dépourvus d'animation. Une bonne ville pour se faire oublier, pourvu que l'on reste discret. Dommage que Alberto Straeno ne suive pas la même logique que son fils. Il avait exploré la moitié de la région et n'avait trouvé aucune trace de son géniteur malgré le soutient exceptionnel qu'il avait eu de la part des champions. A moins qu'il ne vive en ermite dans une quelconque grotte ou forêt, Alfaro n'avait plus qu'à continuer sa route. Il espérait que l'exil de son père ne l'avait pas poussé jusqu'en dehors de Kanto. Les droit d'immigration étaient si contraignants que seules des circonstances exceptionnelles pouvaient autoriser les habitants d'une région à se déplacer vers une autre. Même le tourisme était limité et hors de prix, ce afin d'éviter les importations illégales de pokémon et l'espionnage industriel. C'est alors qu'il rentrait au centre que Alfaro entendit un cri perçant provenir de plusieurs rues plus loin. Il hésita un instant mais finit par suivre les quelques personnes qui se précipitaient sur les lieux de l'incident. Ses pas le menèrent jusqu'en bas d'un escalier creusé à même une colline où une foule compacte s'était déjà formée. Alfaro ne pouvant voir quoi que ce soit, il leva la tête et vit au bout du chemin un temple traditionnel entouré d'autres bâtiments et reconnut le plus grand complexe religieux de la région pour l'avoir vu quelques fois en photo. Il se fraya un chemin à travers la foule et vit la raison d'un tel cri. Au pied de la longue série de marche se trouvait un pokémon marron trapu, le corps tâché de sang et recouvert de marques d'entraves, de coups et de brûlures, un œil enflé tourné vers un ciel qu'il ne pouvait désormais plus voir, mort. Ses membres étaient retournés d'une façon qui n'était absolument pas naturelle et bien trop méthodique pour être un simple accident. A côté de lui reposait un crâne éclaté en morceaux grossiers. La puanteur qui émanait du corps laissait penser qu'il avait déjà commencé à se décomposer. Du haut des marches arrivèrent une prêtresse ainsi qu'un petit homme en habits religieux. Une fois arrivé devant le corps, ils récitèrent une quelconque prière et l'homme s'adressa à la foule d'une voix calme. -Merci de m'avoir averti, je m'occuperai personnellement de ce pokémon. Si quelqu'un sait quoi que ce soit à ce propos, veuillez nous en faire part tout de suite. -C'est encore ces vauriens de Rocket ! Personne d'autre n'oserait faire ça ici, monsieur Fuji ! -Ils ont encore tenté de m'extorquer de l'argent hier, comme si ils étaient chez eux ! -Encore heureux que la police fasse quelque chose, ces bandits sont incontrôlables à Safrania. Alfaro ne disait pas un mot, nullement concerné par cette affaire. Il en avait fini avec la team Rocket et n'avait pas l'intention de jouer au héros. Ce corps torturé était un message clair et net adressé à la population de Lavanville : « si vous ne coopérez pas, il vous arrivera la même chose, à vous et à vos pokémon ». Un tel acte de cruauté pouvait réduire au silence une population entière, ce qui ne semblait pourtant pas intimider la foule s'indignant à haut cris. Le prêtre leva les mains pour calmer les ardeurs des témoins et s'adressa de nouveau à eux. -Mes enfants, je comprend votre colère mais l'heure n'est pas à la haine. Je vous promet de tout faire pour que ces pêcheurs retrouvent le chemin de la raison. -C'est pas de raison dont ces salauds ont besoin ! Il faut leur faire la même chose, y'a que ça qu'ils comprennent ! La foule se récria une nouvelle fois et le petit homme eut plus de mal à la calmer. Alfaro devina que ce « monsieur Fuji » était quelqu'un de très respecté tant les gens lui obéissaient. Toute son apparence laissait transparaître une bonté diffuse et il n'avait pas besoin d'élever la voix pour se faire entendre. Tout le monde, a l'exception d'Alfaro, se soumettait à cette autorité pleine de bon sens. -Vous le savez tous aussi bien que moi, mes enfants : de même qu'un incendie ne peut être éteint avec les flammes, de même que le mal ne peut être vaincu avec le mal, on ne peut résoudre la violence par la violence. Je vois que vous refusez de vous soumettre à ces hommes et je vous en remercie. Cependant, je vous interdit de leur faire du mal si vous êtes appelé par la vengeance. Souvenez-vous qu'aucun acte de violence ne peut être cautionné par le bien. La foule entière était hypnotisée par ces douces paroles et Alfaro ne put s'empêcher de pousser un soupir d'amusement. Les religieux étaient décidément tous les mêmes : de gros sacs de passivité. A moins que ce monsieur Fuji n'ai lui aussi été corrompu tellement le temple au-dessus de lui brillait sous le soleil couchant. Alfaro se détourna de cette hypocrite scène de paroisse, laissant le petit homme prêcher pour l'amour et la paix. Celui-là ne savait pas à quel point les rockets étaient pourris, naïf comme il l'était. Quand bien même un pokémon était traité de manière correcte chez eux, ce n'était que pour le profit et les intérêts personnels. Comme ce kangourex... Alfaro secoua la tête pour chasser cette pensée. Sa vengeance était accomplie et il n'avait plus aucune raison de leur créer des problèmes. Ils pouvaient bien prendre le contrôle du monde, rien ne pouvait le détourner de son objectif. Le petit héros des rues qu'il était à Safrania était mort en même temps que sa mère ce jour-là, et les morts ne revenaient pas à la vie. Ce n'était pas le cadavre pourrissant aux pieds du temple qui allait lui dire le contraire.ire le contraire.
- FAQ:
Koukin : Bonjour à toutes et à tous, ici Koukin. Lors du mois d'octobre, je vous avais proposé une FAQ pour le premier anniversaire de Traces et je suis ravi de voir que beaucoup d'entre-vous ont envoyé des questions. Le seizième chapitre étant plus court que les précédents, j'ai décidé de fusionner les deux.
Alfaro : Rappelle-moi pourquoi je suis obligé de répondre aux questions de fans collants ?
Koukin : Parce que je suis l'auteur. Maintenant tiens-toi tranquille, souris un peu et fais ce que je te dis.
Lawx : A Koukin : Pourquoi avoir pris Bulbizarre ? Pourquoi Alfaro est un connard ? Pourquoi ce sadisme ?
Koukin : Ravi d'ouvrir le bal des question. Il y a deux raisons au choix de bulbizarre. La première est que comme je joue à pokémon Bleu, je ne peux pas trouver de pokémon sauvages super-efficace contre le type roche. J'aurais pu prendre carapuce mais un type plante correspondait bien plus aux attentes de Alfaro, comme je l'évoque brièvement dans le chapitre deux : un peu d'eau, de la lumière et ça pousse tout seul. De plus, je n'ai jamais pris de pokémon plante pour un nuzlocke en première génération. Si Alfaro est un tel connard...
Alfaro : Qui me traite de connard ?!
Koukin : Pleins de gens. Mais ils t'adorent beaucoup.
Alfaro : Comme je le pensais, ce sont des tarés.
Koukin : Si Alfaro est un tel connard, c'est parce que je voulais un protagoniste qui ne soit pas comme les autres. Tous les nuzlockes que j'ai lu mettent en scène un héros qui est attentionné envers ses pokémon. Étant donné que je voulais un récit original, j'ai dès le départ décidé que Alfaro serait un personnage froid, irrespectueux, méprisant...tout le contraire de ce à quoi on s'attend d'un dresseur. De plus, cela me permet de poser pas mal de choix moraux (ou au moins de tenter de les poser), notamment la légitimité de ses méthodes par rapport à celles de la team Rocket.
Alfaro : Mes actions sont parfaitement légitimes. Tous les rocket sont des ordures et les ordures doivent être brûlées.
Koukin : Quand au sadisme...Comprenez-moi bien que ça me déchire parfois le cœur d'être ainsi cruel. Je pense surtout à la mort de Cleopatre.
Alfaro : Ne l'écoutez pas, il a prit son pied à décrire comment cette faiblarde a brûlé vive.
Koukin : Cependant, à nuzlocke sombre, actions immorales et événements parfois morbides. Dire que je ne prend pas de plaisir à être cruel avec mes personnages serait un mensonge : j'ai une sainte horreur des récits trop faciles. Si ça doit être intéressant, ça doit être différent, d'où cette tendance à assombrir le tableau.
Iloufilm : Question a Alfaro : quels pokémon voudrais-tu absolument attraper et pourquoi ?
Alfaro : Je veux des pokémon puissants qui peuvent tout détruire rien qu'en tapant du pied. J'ai pas de temps à perdre et entraîner mes pokémon me fait parfois chier, même si c'est nécessaire. Je suis celui qui donne des ordres mais mes pions ne sont pas encore assez forts et ils me ralentissent beaucoup. Ce serait génial si je pouvais avoir tout en un claquement de doigts sauf qu'à cause de cette foutue loi Nuzlocke, on est soumis à la pure chance. J'aurais mille fois préféré choisir moi-même mes pokémon, retrouver mon père aurait été bien plus rapide.
Ragdowl : A Mist : Est-ce que le fait de t'être fait capturé te motive à ne pas obéir à ton "maître" ? A-t-il détruit ta vie sauvage ?
Mist : Cet humain est un connard et même si il ne l'était pas, je lui aurais quand même désobéi. Je suis pas un de ces caninos qui se mettent au pied dès qu'un humain se présente, j'ai ma fierté ! Les dresseurs sont tous des esclavagistes : peu importe que l'on soit d'accord ou non, ces trucs ronds nous emprisonnent pour le restant de nos jours. En parlant de mort, j'ai déjà vu des semblables tomber au combat. J'aurais pu avoir une belle vie, chasser quand j'en aurais envie, n'obéir à personne et mourir libre mais non ! Il a fallu que cet emmerdeur me prive de toute liberté ! Qu'il change d'abord un peu, se mette à genoux devant moi et je consentirai pet-être à lui obéir.
Silver : Pourquoi vois tu les pokémons comme des armes/esclaves ?
Alfaro : C'est ce qu'ils sont, non ? C'est des êtres vivants, mais ils ont des capacités qui rivalisent avec la technologie humaines. Surtout qu'ils ne demandent qu'à être utilisés ! A Safrania, les champs de construction attirent parfois des pokémon sauvages désireux d'aider les humains. Y'a eu tout un bordel avec les défenseurs de la loi Nuzlocke mais aucune condamnation n'a été faite parce que c'est ce qu'ils voulaient. Les ouvriers n'avaient qu'à leur donner un peu de nourriture, les pokémon revenaient si ils le souhaitaient et les travaux étaient finis dans les temps ! Ce n'est pas le cas de tous les pokémon mais peu importe à quel point ils sont rebelles, ils finissent toujours par vous obéir. J'ai eu particulièrement du mal avec Joey mais il m'obéit maintenant au doigt et à l’œil, le seul réfractaire actuel est ce goupix mais je saurais le mater. A part quelques gogos extrémistes, tout le monde est d'accord pour continuer à utiliser les pokémon, ce qui est normal puisqu'on l'a toujours fait.
Silver : Qu'est ce qu'il faudrait faire pour que tu change ton opinion sur les pokémon ?
Alfaro : Heu...je comprend absolument pas ta question...
Koukin : Je crois qu'il n'est pas d'accord avec ta vision de la relation humain/pokémon.
Koukin : Ce type est bizarre...Je vois pas pourquoi je changerais d'opinion, mes méthodes fonctionnent très bien. Ces trucs sur l'amour, la force des liens et tout ça, c'est des conneries. J'ai jamais eu besoin de ça pour que mes pokémon deviennent puissants. Quelques coups de pied au derrière, un entraînement rude et leur obéissance totale à mes ordres a suffit à les rendre forts en un rien de temps. Pourquoi changer si ça marche ?
Silver : Cette aventure est assez périlleuse, penses-tu que la recherche de la vérité pourrait te coûter la vie ? Cela ne t'effraye-t-il pas ?
Alfaro : J'ai bien failli y laisser ma peau à cause de cette déception à écaille qu'on appelle un léviator, mais les morts liées aux voyages initiatiques sont très rares à Kanto. Les morts d'humains, devrais-je dire. Après tout, si les pokémon sont avec nous, c'est pour tout prendre à notre place, ce qui est normal. Sans ce stupide blocus de Safrania, j'aurais pu m'en sortir sans une égratignure. De là à dire que ça me fait peur...J'ai eu un peu de temps pour m'y préparer psychologiquement et j'ai pour principe de garder la tête froide en toutes circonstances, ce qui me permet de me sortir de nombreuses situations dangereuses. Il n'y a que les abrutis qui paniquent.
Silver : Malgré ta...façon de faire avec les pokémons, as-tu un favori dans l'équipe ?
Alfaro : Billy est une mauviète, Flavio est trop sentimental, Joey est un emmerdeur, Trotwood l'accompagne souvent dans ses conneries, Imhotep est naïf et Mist refuse de m'obéir. Le jour où j'aurais un favori n'est pas prêt d'arriver.
Silver : Que comptes-tu faire avec ton père si tu le retrouve ? Cela fait quand même pas mal de temps à rattraper.
Alfaro : Lui foutre un bon coup de poing dans la gueule. Ce salaud nous a abandonné ma mère et moi, j'ai bien l'intention de le mettre en face de ses responsabilités. C'est à se demander si il n'a pas refait sa vie ailleurs et si il sait que sa femme est morte.
Insanity : Selon vous, quelle est la raison au fait qu'Alfaro vous méprise?
Billy : Je ne pense pas qu'il nous méprise. Au fond, il sait qu'il a besoin de nous pour retrouver son père. Il s'occupe bien de nous, même si il nous pousse souvent à bout.
Mist : Nous pousser à bout ?! On voit bien que ce n'est pas toi qu'il a volontairement tabassé !
Joey : T'avais qu'à lui obéir. J'étais un peu comme ça au début mais maintenant que je fais ce qu'il dit, il me traite correctement. Il suffit de faire avec ses méthodes et on est bien traité.
Flavio : Ce n'est pas du mépris, c'est juste qu'il n'aime pas les preuves d'affection.
Trotwood : Il n'aime pas non plus qu'on fasse disparaître mystérieusement le liquide noir qu'il boit souvent.
Flavio : C'était toi ? On a du supporter sa mauvaise humeur toute la matinée à cause de tes farces !
Trotwood : Mais Joey pensait que c'était une bonne idée...
Joey : Cafteur !
Imhotep : Je suis d'accord avec Flavio. Je suis sûr qu'au fond de lui, il nous aime bien. C'est juste qu'il est trop fier pour l'admettre.
Trotwood : Non, Imho, c'est juste qu'il se prend vraiment trop au sérieux. C'est impossible de blaguer avec lui.
Insanity : Si vous aviez le choix, refuseriez-vous de l'accompagner?
Mist : Oui. Joey. Comme si y'avait besoin de te demander. Moi, je crois que je continuerai à le suivre. On fait plein de trucs marrants avec lui.
Flavio : Même si le Maître a ses mauvais côtés, il a accepté de me garder malgré ma blessure la première fois qu'on s'est rencontré. J'ai une grande dette envers lui et être à ses côtés est une façon de le remercier.
Billy : C'est surtout parce que le vieil homme l'y avait obligé. En ce qui me concerne, j'ai assez de patience pour le supporter et je suis sûr qu'il sera plus affectueux un jour ou l'autre. Mist : Dis plutôt que t'es un abruti fini qui s'écrase devant lui dès qu'il lève la main.
Imhotep : J'ai toujours voulu voir le monde mais j'étais trop faible pour voyager à l'époque. Rencontrer le Maître a été un vrai coup de chance pour moi et même si ce n'est pas le meilleur humain, il fait tout pour nous garder en vie. Comme Billy l'a dit, je suis sûr qu'il changera un jour.
Trotwood : Être avec le Maître m'a permit de devenir plus fort en un rien de temps. C'est vrai qu'il est parfois effrayant, mais il a aussi des principes. C'est grâce à ça que j'ai pu devenir papilusion très vite. Je suis sûr que les autres seraient jaloux si ils me voyaient maintenant.
Alfaro : On a fini ? Je m'ennuie, moi.
Koukin : C'est tout pour les question. Merci d'avoir pris le temps de participer à cette FAQ, votre soutient est un véritable moteur pour continuer ce Nuzlocke. On se retrouve dans quelques semaines pour la suite des aventures d'Alfaro.
Alfaro : J'ai vraiment hâte...Un combat entre deux chrysacier est plus passionnant que d'avoir à répondre à des questions.
Koukin : Si tu savais ce que je te réserve pour le prochain chapitre, tu ne dirais pas ça.
Alfaro : Quoi ?
Koukin : Rien du tout. A bientôt pour le chapitre 17 !
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| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mar 26 Mai 2015 - 18:41 | |
| Attention, ce chapitre sera bien plus effrayant que les précédents, Tour Pokémon oblige. Beaucoup de visuel, de l'angst, du sanglant, je préfère donc vous prévenir à l'avance. Chapitre découpé en deux post (il est long mon chapitre, oh oui). Bonne lecture. - Chapitre 17 1/2:
-Capsule technique assimilée avec succès. Veuillez récupérer votre disque ainsi que votre pokémon, indiqua la voix pré-enregistrée.
Alfaro empoigna prudemment la sphère de Dolce l'aquali, échangé un peu plus tôt contre Joey, et la retira du socle. Les machines à CT des centres pokémon avaient beau être utiles, il craignait à chaque fois de les voir exploser sous ses yeux tant elles étaient bruyantes. Sans parler de l'électricité qui en jaillissait lors du transfert de données. Il prit le disque sans même le regarder et le jeta dans une corbeille, inutile reste d'une bonne affaire faite à Céladopole.
Il était 9 heures passées lorsqu'il sortit du centre pokémon. Un peu plus loin, adossé contre une grille entourant un terrain, se tenait William.
-T'es en retard, lui lança-t-il en guise de salutations.
-Un échange à faire avec ton vieux. Il te passe le bonjour.
-Rien d'autre ?
-Nan, il avait l'air très occupé.
-Bon, sors tes pokémon.
-On n'est pas encore arrivé à la tour, fit remarquer Alfaro. J'ai pas envie de me trimballer toute mon équipe.
-Parce que tu crois que c'est pour qu'on crâne dans les rues que je te demande ça ? Un peu d'échauffement leur fera le plus grand bien et j'ai une revanche à prendre sur toi.
-Trois revanches, corrigea Alfaro. Quatre dans quelques minutes.
-Tu vas tellement pleurer que ma victoire en vaudra mille.
William prit ses distances et envoya son roucoups. Il poussa un cri enthousiaste à peine sorti de sa pokéball et fit quelques figures en l'air, tout aussi motivé que son dresseur. Quelques personnes s'arrêtèrent pour les regarder jouter et l'excitation propre aux dresseurs qu'il connaissait depuis le début de son voyage s'empara d'Alfaro. L'écureuil voulait du spectacle ? Il allait en avoir.
-Dolce, go !
L'aquali apparut dans un flash de lumière se précipita vers son dresseur et bondit dans ses bras tellement fort qu'il le renversa sous le rire des spectateurs. Alfaro le repoussa.
-C'est un match ! Contente-toi d'obéir à mes ordres et tu auras tes papouilles si on gagne.
Dolce poussa un cri ravi et se mit en place, très détendu pour un pokémon allant combattre. Ce détail n'échappa pas à William. Il ordonna à son roucoups une attaque cru-aile touchant Dolce de plein fouet. L'aquatique, surpris par cette violente attaque, se roula en boule sur lui-même.
-T'as encore capturé un rebut de la nature ? demanda ironiquement William.
-Longue histoire. Dolce ! Bouge-toi un peu, ne reste pas planté là !
Seul un couinement plaintif lui répondit tandis que le roucoups enchaînait les attaques aériennes. Ce dernier ne ce souciait désormais plus de prendre de l'élan et harcelait l'aquali à grands coups de bec et de griffes. Sa proie avait beau être résistante, l'affrontement pouvait d'ores et déjà s'avérer clos si aucune contre-attaque n'était lancée. Alfaro croisa le regard narquois de William et son sang ne fit qu'un tour.
-Dolce, laser-glace !
Contre toute attente, l'aquali sortit la tête de sous ses pattes et lança son attaque. Le rayon de glace fusa droit vers les cieux mais, par panique ou par manque de contrôle, partit dans toutes les directions, si bien qu'il toucha le volatile de plein fouet plus par hasard qu'autre chose. Echarpeur perdit de l'altitude et Alfaro vit là l'occasion d'en finir. Une attaque charge lancée par un aquali encore paniqué plus tard, l'oiseau échoua aux pieds de son maître.
-Rappelle-moi de te dire deux mots au sujet de ton poiscaille sur pattes quand on aura fini, dit William en rappelant son roucoups.
Le pokémon suivant était totalement inconnu à Alfaro. Peut-être même était-il le plus étrange qu'il avait rencontré jusqu'alors. Il ressemblait un nid d'œufs dont certains avaient des yeux et une bouche. Une apparence plutôt comique si le pokémon, que son pokédex avait identifié comme étant un noeunoeuf, n'affichait pas un air peut-être plus hargneux que nécessaire. Alfaro eut un sourire diabolique et envoya Mist.
-Bâtard...Comment t'as fait pour choper un goupix ? Ils sont super rare, même dans le coin !
-Le talent. Mais si je n'en avais pas besoin, je te l'échangerais volontiers. Il a un sale caractère.
-Pix ! répondit le concerné d'un ton sec.
-Tu vois ? C'est le premier à l'avouer.
-C'est à se demander comment grand-père a pu autoriser une ordure telle que toi à devenir dresseur.
-Demande-toi plutôt si tu aimes les œufs brouillés. Mist, flammèche !
Une faible langue de feu vint envelopper le noeunoeuf, le renfrognant encore plus. Il bondit d'un coup vers Mist et le heurta de tout son poids sur le crâne. Commença alors une courte bataille à coups de pattes et de charges, jusqu'à ce que William n'intervienne.
-Concentre-toi, Cocok ! Pilonnage !
Le noeunoeuf recula, prit une grande inspiration et bombarda le goupix avant qu'Alfaro ne puisse lui ordonner d'esquiver. L'attaque, reçue de plein fouet, le projeta en l'air avant qu'il ne retombe dans un bruit mat. Il se releva avec quelques difficultés et grogna férocement en direction du type plante.
-Ça y est, tu te décides enfin à le prendre au sérieux ? lui demanda Alfaro.
-Pix ! Goupix goupix !
-Pas trop tôt. Recommence avec flammèche, y'a intérêt à ce que ce soit la dernière.
Ce ne fut plus une faible langue de feu mais un long jet qui sortit de la bouche de Mist. Il ne put le maintenir très longtemps, encore blessé par la précédente attaque, mais cela fut suffisant pour faire s'évanouir le noeunoeuf, certaines parties de son corps prises de soubresaut. De nouveaux applaudissements retentirent parmi les spectateurs.
-Forcément avec la faiblesse de type...J'parie qu't'es trop lâche pour m'affronter en me laissant un avantage, dit-il en sortant un leviator sur le terrain.
-Plains-toi, ton truc à têtes a bien amoché ce goupix. De toute façon, un rattata à peine sorti de son nid mettrait K.O ton poiscaille en un coup de tête. Billy, vas-y !
Alfaro devait cependant admettre que sa fanfaronnade risquait de se retourner contre lui. Il connaissait la puissance des leviator et Pizzo avait beau être mort, la destruction qui avait causé sa perte ne l'avait pas achevé sur le coup. Il opta donc pour la tactique préférée du pacifiste vert.
-Poudre toxique et enchaîne avec vampigraine !
-Alors comme ça tu veux jouer sur la durée ? Hylia ! Groz'yeux !
Loin de paraître gêné par le déluge de spores et de graines, le leviator poussa un rugissement et darda un regard noir sur Billy qui, tout courageux qu'il était, ne put s'empêcher de trembler devant le mastodonte qui se présentait à lui. Ce dernier se redressa, prit un élan infime et plongea sur l'herbizarre avant de l'empoigner de ses crocs et de reprendre sa position initiale. L'enchaînement des mouvements avait été tel que ni Alfaro ni Billy n'avaient vu venir quoi que ce soit.
-Alors, impressionné ? Voilà ce qu'on peut faire quand on comprend bien ses pokémon.
-Sors-toi de là, Billy ! Fouet-lianes ! Allez !
Le quadrupède ne pouvait malheureusement rien faire, sinon couiner lorsque les crocs de son adversaire augmentèrent leur pression sur son corps. Il tenta tant bien que mal d'utiliser ses lianes mais c'est à peine si elles chatouillaient le monstre marin tellement il peinait à les contrôler. Cela était dur à admettre pour Alfaro mais son rival avait remporté cette manche, aussi rappela-t-il Billy.
-Espèce de boulet, murmura-t-il en raccrochant sa ball à sa ceinture. Flavio, vas-y !
Le roucoups apparut dans un flash lumineux et étendit ses ailes dans un cri perçant, bien décidé à rattraper la défaite de son compagnon. Malgré l'envie qu'il éprouvait lui aussi d'en découdre, Alfaro ordonna à son pokémon d'esquiver au mieux les attaques, ce que le volatile fit en narguant le serpent de mer de ses figures aériennes. Voyant ses mouvements ralentir sous l'effet combiné du poison et des graines, le natif de Safrania ordonna finalement une attaque tornade qui eut raison du leviator. La terre sembla se soulever sous leurs pieds quand il s'écroula au sol.
-Gagner par épuisement, t'as vraiment aucun honneur.
-Paroles de perdant, rétorqua le brun. Envoie plutôt le suivant, mon roucoups ne faisait que s'échauffer.
Ce fut encore une fois un pokémon totalement inconnu qui entra sur le champ de bataille, bien qu'il fut familier à Alfaro. Un scan rapide lui permit de comprendre qu'il faisait face à l'évolution d'un abra : kadabra. Contrairement à sa précédente forme, il semblait bien maîtriser ses pouvoirs psychiques, comme en témoignaient ses étranges mouvements de bras. Un pokémon qui pouvait se révéler redoutable, aussi décida-t-il de jouer sur la prudence.
-Allez Flavio, montre-lui ce que tu sais vraiment faire. Vol !
-Tu bluffes. Kim, choc mental.
Mais l'attaque ne porta pas, l'étrange pokémon bipède étant désormais incapable de toucher le volatile déjà haut dans le ciel. Alfaro put alors savourer l'expression mi-interloquée mi-enragée de son rival.
-Non...Non c'est pas possible ! Tu peux pas avoir cette CS ! Il faudrait être plein aux as pour pouvoir se l'acheter, comment tu l'as eu ?
-Cadeau d'une fille que j'ai rencontré à Céladopole. Elle était même plutôt mignonne.
-T...Te laisse pas faire, Kim ! Entrave ! Paralyse-le !
Le kadabra était malheureusement tout aussi paniqué que son dresseur. Incapable de retrouver son calme, il ne put que voir son adversaire fondre sur lui en piqué et le toucher en pleine poitrine. Il fut projeté en arrière et resta un moment au sol, le souffle coupé, avant de se relever à l'aide de ses maigres bras.
-Tornade !
-Contre-le !
Le pokémon psy usa de ses pouvoirs afin de repousser le violent courant d'air. Plus Flavio battait des ailes, plus forte était la tornade et plus le kadabra devait se concentrer. Quelques secondes avant le climax, Alfaro décidé de changer de tactique.
-Vive-attaque, maintenant !
-Esquive !
L'oiseau cessa son attaque tornade mais celle-ci continua un instant, comme l'avait prévu le natif de Safrania. Kim rompit alors sa défense pour mieux esquiver mais les vents encore violents le déséquilibrèrent juste assez pour que Flavio le projette une nouvelle fois au sol sans qu'il ne puisse se relever cette fois-ci. Le cri de victoire Flavio résonna en se mêlant aux applaudissements des quelques spectateurs. William envoya Aka le reptincel, dernier pokémon encore en état de se battre.
-Cloue-le au sol ! Par tous les moyens !
-Jet de sable, puis vol !
Le bipède rouge bondit vers sa cible et la plaqua violemment au sol, la prenant par surprise. Il ne put cependant se saisir entièrement de Flavio et une de ses ailes lui échappa, permettant au volatile de projeter du sable dans ses yeux. Toujours accroché à l'oiseau, il eut un mouvement de recul instinctif mais la douleur le déstabilisa suffisamment pour que sa cible s'extirpe de ses griffes et s'envole de nouveau vers les cieux. Soudain, sans que William ne lui ordonne, le reptincel projeta ses flammes à l'aveuglette. La rage du type feu le rendait complètement sourd aux ordres de son dresseur et ses efforts vains eurent vite raison de son endurance, ce qui donna l'occasion à son adversaire de foncer en piqué sans qu'il ne puisse l'esquiver. Le châtain se retrouva une nouvelle fois avec l'un de des pokémon à ses pieds et le rappela immédiatement malgré la bénignité de ses blessures.
-L'échauffement est terminé. On soigne nos équipes et on y va.
-Dis plutôt que tu abandonne. Remarque, je te comprend. Même si tu avais combattu avec ton roucoups, j'aurais gagné haut la main.
-Ce n'est pas ça, corrigea William. Aka a toujours été un peu colérique, ce n'est donc pas étonnant qu'il s'énerve après que ton emplumé lui ai balancé du sable dans les yeux. D'après grand-père, certaines espèces de pokémon sont moins faciles à dresser que d'autres. J'ai choisi la voie la plus difficile dès le départ plutôt que me la couler douce avec un pokémon plante.
-Et c'est toi qui viens me sermonner en disant que je ne maîtrise rien ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité.
-Peut-être, mais moi au moins je suis quelqu'un de responsable qui ne donne pas n'importe quoi à ses pokémon. C'était quoi cette attaque laser-glace ? Ton aquali ne la maîtrisait pas d'un iota, ça aurait pu sérieusement blesser mon roucoups ! s'énerva William.
-Relax, le centre pokémon est juste à côté. Pas besoin de t'affoler quand tu peux le soigner immédiatement.
-Ce n'est pas une raison ! En tant que dresseur, tu dois être capable de jauger la force de tes pokémon et d'agir en conséquence ! Que tu apprennes des attaques à des pokémon via des capsules techniques ne me dérange pas. Ne réplique pas, ça crève les yeux que cet aquali n'a pas appris cette attaque par lui-même ! dit-il alors qu'Alfaro allait protester. Ce que tu oublies, c'est que la compatibilité entre une CT et un pokémon n'inclue pas forcément que l'attaque sera immédiatement maîtrisée, à plus forte raison si ton pokémon n'a pas assez d'expérience au combat. En bref, tu n'es qu'un danger publique et la seule chose qui a empêché ta carte dresseur d'être déchirée est le fait que tout le monde à part toi sait se montrer responsable !
Alfaro ne dit plus rien, incapable de répondre face à une telle vague de reproches. Il devait admettre que donner cette capsule technique à Dolce était précipiter les choses, mais il lui semblait que l'écureuil prenait les choses bien trop au sérieux, ce qui l'avait empêché de résister plus longtemps lors de ce match. Il s'abstint cependant de lui en faire la remarque et se mura dans un silence contrarié. Les deux étant coincés pour la journée, mieux valait établir un statu quo plutôt qu'une guerre ouverte.
-C'est la dernière fois que je m'échauffe avec toi. Dire que je dois de nouveau aller soigner mon équipe...
-T'avais l'air tellement sérieux en disant vouloir me battre, je pouvais pas rester à rien faire pendant que tu démolissais la mienne.
Les deux rivaux continuèrent de se disputer bien après être sortis du centre avec leurs pokémon de nouveau en pleine forme. William continuait de sermonner Alfaro qui se justifiait par ses victoires consécutives et la maîtrise qu'il avait, sinon sur toute son équipe, au moins sur ses membres les plus anciens. Ils passèrent devant le temple d'où toute traces de l'incident de la veille avait disparue, exceptées quelques tâches de sang séché que seuls le temps et la pluie seraient en mesure d'effacer. Cela donna à Alfaro l'occasion de changer de sujet.
-T'es au courant de ce qui s'est passé hier soir ? demanda-t-il.
-Ouais, tout le monde en parlait au centre. Encore la team Rocket. Lavanville n'a pourtant pas grand-chose à leur offrir, sauf si ils veulent avoir le monopole des pierres tombales.
Alfaro devait reconnaître à son rival un certain sens de l'humour, bien que son propre visage reste de marbre par crainte de l'admettre. Il lui demanda si il avait lui aussi été victime de la team rocket.
-Une fois, entre Azuria et Carmin-sur-mer, répondit-il. Trois abrutis qui se croyaient malins en attaquant un pauvre dresseur seul sur les routes. C'était mal me connaître. Echarpeur a suffit à rembarrer leurs pokémon et Aka les a fait fuir rien qu'en crachant quelques flammes. Et toi ?
-Pareil. Une seule fois, à Azuria. J'étais au mauvais endroit au moment moment
William ne se douta pas du mensonge flagrant, ce qui rassura Alfaro. Il doutait que quiconque à part la team Rocket elle-même et la Tombe Creuse ne soit au courant de ses exploits, ce qui les arrangeait tous les trois. Restait à espérer que leurs chemins ne se croisent plus, sa vengeance envers l'assassin de sa mère retirant tout intérêt qu'il avait auparavant pour la chasse aux Rocket. Seul comptait désormais son père, peu importe où il se terrait. Alfaro en revenait à son problème actuel : passer la journée avec quelqu'un qu'il ne pouvait supporter.
-Encore heureux que Lavanville refuse la team, continua William. D'après ce que j'ai entendu, les policiers sont de plus en plus corrompus, quand ce n'est pas le gouvernement qui cherche à étouffer les scandales en faisant tout et n'importe quoi.
-Comme organiser un blocus dans la capitale ? demanda Alfaro, l'air de rien.
-Ils t'ont refusé, toi aussi ? Je voulais y aller en touriste mais puisque tu viens de là, ils auraient dû te laisser entrer, non ?
-Va savoir. Ils venaient tout juste de bloquer la ville, c'était un bordel pas possible et j'avais pas le temps de poser mon cul sur une chaise toute une journée pour obtenir un bout de papier. Une nuit dehors en plus ou en moins, pour un dresseur...
-Quelle importance ? On est des dresseurs, on peut bien se permettre d'attendre quand c'est nécessaire ! Géographiquement parlant, y'a que les dresseurs safraniens qui peuvent se permettre de rentrer chez eux tellement elle en est plein centre de la région.
-Qu'est-ce que tu ne comprend pas dans les mots « Je ne voyage pas pour les mêmes raisons que toi ? », s'énerva Alfaro.
-Ce que je ne comprend, c'est que tu te précipites au détriment de tes pokémon !
-Et ton rattatac, on en parle ? Tu l'as perdu où ?
-Chez mon grand-père. Enfin, perdu n'est pas le terme approprié. Il commençait à être sérieusement à la traîne par rapport au reste de l'équipe, alors j'ai préféré le garder en sûreté. Tu croyais qu'il était mort ?
Alfaro détourna la tête, vexé et énervé par sa propre erreur. Quitte à ce que Chen junior soit impossible à abattre, autant ne pas perdre d'efforts à tenter l'impossible.
-Bien sûr, ce serait mieux sans cette loi Nuzlocke...T'en penses quoi ?
Voilà qui était surprenant de la part de l'Ecureuil. Alfaro 'aurait jamais pensé qu'il daigne descendre de son arbre pour lui demander son avis sur quelque chose d'aussi fondamental.
-C'est chiant pour tout le monde et parfois injuste, mais je me suis jamais posé la question plus en détail.
-Penses-y autrement. Qu'est-ce que tu aurais fait si mon grand-père avait refusé de t'aider ?
-De quoi je me mêle ? J'aurais trouvé autre chose mais t'as pas à en savoir plus ! Tu te fais le défenseur des grandes causes, maintenant ?
-Pas vraiment. Mais maintenant que j'y pense, je me rend compte que tout le monde n'a pas un célèbre scientifique dans sa famille pour le faire passer devant les autres. Pas que je ne le mérite pas, bien sûr, mais tout le monde n'a pas la même chance que moi...
-Va dons faire la révolution, c'est pas moi qui t'en empêcherai. En ce qui me concerne, je n'ai absolument rien à foutre de toutes ces histoires.
Le silence demeura après qu'ils aient franchi les hautes portes de la colossale tour. Elle n'avait rien à envier aux plus grands buildings de la région, si ce n'était le froid émanant de la pierre qui la composait. contrairement aux autres cimetières qu'il avait pu voir, l'intérieur semblait plus désordonné. Ce n'étaient pas des trous creusés à même le sol qui abritaient les restes des pokémon mais des urnes renfermant leurs cendres, enchâssées dans des piliers de marbre carrés plus ou moins grands ou bien à même la paroi. Une disposition étrange mais offrant l'avantage de la place dans ce lieu où les morts étaient à jamais présents.
-C'est la première fois que tu viens ici ? demanda William à voix basse.
-Ouais, répondit Alfaro du même ton. Bizarre.
-Lavanville est bien plus portée sur les traditions qu'ailleurs. Suis-moi, on monte.
Les deux dresseurs grimpèrent un large escalier en colimaçon perçant la tour en plein centre. De cette hauteur, Alfaro pouvait distinguer quelques visiteurs venus se recueillir sur les cendres de leurs pokémon ou bien y déposer fleurs et encens. Ici, un vieillard rond et chauve. Là, une femme plus jeune sanglotant devant une urne. Une autre, bien plus vieille, se déplaçait entre les piliers bas sans que la canne qu'elle utilisait pour se déplacer ne fasse le moindre bruit.
L'épais plancher du premier étage interrompit Alfaro dans sa distraite observation. L'arrangement funéraire était le même, si ce n'était le nombre moins important de colonnes. Pas un humain n'était en vue, ce qui n'empêcha pourtant pas William de continuer de parler à voix basse.
-Que sais-tu de la tour pokémon ? Sa construction, qui la diriges, les légendes à son sujet ?
-Pas grand-chose. Elle a été construite il y 1500 ans par un roi ou quelqu'un dans le genre pour ses pokémon morts et est gardée par des moines au moins aussi vieux. Aujourd'hui, n'importe qui peut y faire incinérer ses pokémon. Y'a d'autres choses à savoir ?
-Oh que oui. T'as résumé l'essentiel, mais ça sent plus la leçon apprise à l'école que la recherche et la culture.
-Viens-en au fait, monsieur le scientifique.
-Comme je te l'ai dit hier, on ne sait pas grand-chose des spectres, si ce n'est qu'ils sont des pokémon comme les autres. Ils peuvent évoluer, être enfermés dans des balls, être soignés et mourir au combat. Selon les légendes locales, ce seraient les âmes des défunts désireux de combattre de nouveau, ce qui fait qu'ils se matérialisent volontiers si un humain suffisamment combatif est près d'eux. C'est là que ce que j'ai apporté entre en scène.
William sortit deux petits boîtiers semblables à des pokédex en plus épais et en donna un à Alfaro. Contrairement à l'invention du vieux Chen, il ne comportait qu'un seul bouton à tourner sous un écran pour le moment vide. Une petite antenne rétractable surmontait l'engin et le brun remarqua un interrupteur sur le côté. Voilà qui allait lui épargner les longs discours d'explication.
-C'est un scope sylphe, un appareil forçant les spectres à se matérialiser au moyen d'ondes. Fais-y attention, ce sont parmi les rares exemplaires à être sortis de leurs labos. Tu sors l'antenne, tu l'allumes sur le côté et il t'indique un chiffre qui correspond à l'énergie que dégagent les pokémon spectre.
-Ce qui signifie qu'il faut d'abord les attaquer.
-Je t'ai dit hier que les spectres non-matérialisés ne peuvent pas lancer d'attaques directes. En revanche, ils dégagent une énergie qu'ils ne peuvent cacher. Certaines personnes sont capable de la ressentir avec un peu d'entraînement. En parlant de ça, si jamais tu vois un prêtre dans la tour, change immédiatement d'endroit. Grand-père a bataillé dur pour avoir ces autorisations de recherches et il est hors de question de lui causer des problèmes avec les gardiens en les dérangeant plus que nécessaire, c'est compris ?
-Ouais, ouais, dit Alfaro distraitement. Dépêche-toi de terminer tes explication, histoire qu'on bouge un peu.
-L'énergie des pokémon spectre est variable. Globalement, elle est de quatre pour un mais peut augmenter drastiquement. C'est là que les choses deviennent dangereuse. Quand tu arroses un spectre avec les ondes, il peut facilement devenir agressif et t'attaquer. Donc sors un de tes pokémon et évite à tout prix d'en matérialiser deux à la fois, c'est clair ?
-Être avec un pokémon, attendre qu'un quatre s'affiche sur l'écran, activer le machin, scanner, combattre, ne pas déranger. Autre chose ?
-Bel esprit de synthèse, admit William. Le mieux est qu'on fouille chacun une moitié de l'étage Évitons de nous séparer plus, juste au cas où les choses tourneraient mal.
-Parfait. Essaie de faire vite, j'ai pas envie de moisir ici.
Alfaro partit au fond de la salle, contournant à grand pas les colonnes afin de ne plus être vu de l'Ecureuil. Plus vite il aurait terminé sa partie, plus grande serait sa joie à venir critiquer son rival si celui-ce s'avérait plus lent. Une fois parvenu à un espace qui lui convenait, il sortit Mist de sa pokéball. Le goupix se mit immédiatement sur la défensive et grogna vers son dresseur.
-Économise tes forces, tu vas en avoir besoin, dit Alfaro le plus platement du monde. Surtout que je n'ai aucune idée d'à quel point les pokémon de cette tour sont puissant. Prêt ?
Sans attendre de réponse, Alfaro enclencha le scope sylphe et l'orienta un peu partout. Le chiffre quatre apparut alors qu'il pointait un espace entre deux colonnes. Il tourna lentement le bouton tout en se réfugiant derrière Mist et vit l'air se brouiller comme lors d'une canicule. Un crissement aigu retentit, suivi d'un « faaaaan » de plus en plus grave, jusqu'à ce qu'une fumée mauve dans laquelle baignait une boule noire dotée d'une grande bouche et d'une paire d'yeux ne se révèle entièrement. Alfaro sortit immédiatement une ball vierge.
-Celui-là, on le capture ! lança-t-il à Mist. Flammèche !
A la surprise de l'humain et des pokémon, les flammes de Mist prirent une teinte bleue au contact du gaz du spectre, le faisant flamber instantanément. Le brun lança immédiatement une ball de peur que sa proie ne meure sur le coup. Les dents serrées, il fixa la sphère des yeux mais n'eut pas à s'inquiéter longtemps. Elle s'immobilisa en quelques secondes et fut envoyée chez le vieux Chen dans un éclair bleu électrique.
-Fantominus...Si avec ça le vieux n'est pas convaincu de ce que je fais de ma journée...T'as l'air d'avoir apprécié, dis-donc.
En effet, Mist s'était assis sur son postérieur dès le spectre noyé dans les flammes bleues, parfaitement immobile jusqu'à ce que son dresseur l'interpelle. Il se tourna vers lui avec moins d'animosité dans le regard.
-On s'fait une grillade ?
-Pix !
Et le feu d'artifice débuta. Mist enchaînait les fantominus alors qu'Alfaro les scannait, imperturbable. Le goupix n'avait guère besoin d'instructions et grognait si son dresseur le rappelait à l'ordre ou bien tentait de mieux diriger ses attaques, ce qui inquiéta le brun. Il n'avait pas prévu que son pokémon prenne autant de plaisir et hésitait à le rappeler.
L'occasion de lui remémorer les règles du groupe se présenta sous la forme d'un coup de langue de la part d'un fantominus. L'attaque léchouille avait paralysé Mist qui tenta tant bien que mal de rejoindre son dresseur. Alfaro n'en avait cependant rien à faire.
-Tu veux que je te soigne ? Alors termine-en avec lui d'abord, dit-il en le repoussant avec son pied. Tu seras bien obligé d'obéir, cette fois.
Mist jappa pour montrer son mécontentement mais Alfaro le fit taire d'un regard noir accompagné d'un claquement de pied sur le sol froid de la tour. Le petit pokémon roux recula d'un bond et repartit sur le champ de bataille, le souvenir de sa punition dans la serre d'Erika encore présent dans sa mémoire. Il était impossible de dire si les tremblements qui l'agitaient étaient dus à la paralysie ou à la peur mais ses pupilles rétractées étaient formelles : Alfaro venait enfin de trouver le moyen de se faire obéir de son pokémon.
-Ne cherche pas à esquiver. Concentre-toi et utilise flammèche.
Une explosion silencieuse plus tard, Mist revint aux pieds de son dresseur en boitillant. Le regard qu'il lui lançait, mélange de haine, de défi et de crainte, n'intimida aucunement Alfaro. Bien au contraire. Il ne se priva pour admirer l'état lamentable de la tête de pioche qu'il avait en face de lui. Son museau était ruisselant de sueur, ses poils entièrement retournés par endroits et teints dans un mauve sombre, restes d'attaques ténèbres. Mist aurait pu avoir l'air d'un fier guerrier si il ne luttait pas aussi désespérément pour tenir debout.
-Ben alors, qu'est-ce que tu attends pour le soigner ?
Alfaro sursauta. Derrière lui se trouvaient William et son kadabra, tous deux en pleine forme. Leur apparition silencieuse lui fit craindre une observation trop longue de leur part. Une leçon de morale de plus et il ne répondait plus rien de ses actes envers l'Ecureuil.
-T'es là depuis longtemps ? demanda-il en vaporisant Mist de sprays médicaux.
-Nan, j'avais terminé ma part et ai rencontré quelques spectres en plus sur le chemin. C'est donc moi qui remporte la victoire sur cet étage.
-Pas si vite, l'Ecureuil. On verra qui l'aura emporté une fois que la tour sera entièrement nettoyée.
-Tu ne fais que retarder l'échéance. Kim n'a eu aucun problème à éliminer les fantominus, contrairement à ton goupix. Ménage-le, ce serait bête qu'il...
William laissa sa phrase en suspens, son visage arrogant ayant laissé place à une grimace gênée.
-Qu'il meurt dans un cimetière ? compléta Alfaro.
-Désolé, c'était moche comme blague.
-Si tu crois que je jette mes pokémon comme je jetterais un mouchoir, tu te mets le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Je sais où sont leurs limites.
Alfaro boucla son sac et partit vers l'étage supérieur, plantant William derrière lui. Même si c'était son rival, le voir établir de telles suspicions le blessait dans son honneur plus qu'il ne l'aurait imaginé.
L'image de Cleopatre le sabelette apparut dans son esprit. Un accident, aussi le chassa-t-il. Pïzzo, en revanche...Le brun trifouilla nerveusement la ball de Imoteph. Il ne savait pas pourquoi, mais son échine se tendait doucement, attendant un frisson qui ne venait pas. Certainement l'ambiance de ce cimetière.
-Tu avances ou tu admires le paysage ? Je croyais que tu voulais en finir vite.
Alfaro sortit brusquement de ses pensées. Derrière lui, William attendait, les mains dans les poches et son habituel air narquois de nouveau sur son visage. Son kadabra fermait la marche, plus docile que le goupix courant entre eux. Lui aussi semblait nerveux.
-T'as pas senti quelque chose ? demanda le natif de Safrania.
-On est dans un cimetière, c'est normal que tu aies la trouille. Il fallait faire une reconnaissance des lieux avant.
Le dresseur se reprit, quelque peu honteux de lui-même. William avait raison, comme toujours. Aucun des fantômes qu'ils avaient combattus ne présentait une menace sérieuse. Ce qui l'inquiétait le plus était qu'un simple cimetière n'aurait pas du le mettre dans un état pareil.
Le second étage de la tour était en tout point semblable au premier. La même pierre, les mêmes colonnes, si ce n'était leur emplacement légèrement plus clairsemé. Il y avait fort à parier que plus l'on montait, moins il y avait d'urnes funéraires.
-Je prend à gauche, toi à droite indiqua William. On se retrouve au pied de l'escalier.
Et il partit, laissant Alfaro à sa tâche. Les mêmes pokémon, les mêmes combats, le même caractère grincheux et rebelle de son goupix, l'amusement de voir flamber des boules de gaz en plus. Le brun contemplait ces enchaînements d'un œil morne, plus préoccupé par la sensation d'insécurité qui le rongeait. Il jetait de temps à autre des coups d'oeil nerveux pour s'assurer que rien ne les observait.
Les seules personnes qu'il croisait n'étaient que des personnes en robes blanches et rouges. Certainement les religieux dont avait parlé William. Tous avaient dépassé la quarantaine, si l'on en jugeait les rides sur leurs visages. Certains portaient en plus de leurs costumes un curieux bâton d'où pendaient des rubanes blancs. Alfaro crut comprendre qu'il côtoyait là les fameux exorcistes de la tour, chargés d'empêcher les pokémon spectre de semer la zizanie, aussi s'éloigna-t-il prudemment. Mieux valait que personne ne marche sur les plate-bandes des autres.
-Mais puisque je vous dis que je suis dresseur ! Je saurais m'occuper de lui !
La voix de William résonna contre la pierre froide d la tour, atteignant les oreilles du brun qui se précipita vers l'endroit d'où elle venait. L'Ecureuil semblait se disputer avec une exorciste.
-Je vois bien qu'il est jeune mais je serai prudent. J'ai eu mon premier pokémon alors qu'il n'était qu'un salamèche. Vous voulez le voir ? Je m'en occupe parfaitement !
-Je ne peux confier ce pokémon a personne, rétorqua calmement la femme. Comprenez-moi, s'il vous plaît. Cet osselait a été témoin d'une scène horrible et monsieur Fuji m'a demandé de le tenir éloigné des combats pendant un moment.
-Bel endroit pour ça. On ne vous a pas prévenu qu'une équipe mandatée par le professeur Chen viendrait aujourd'hui ?
-Veuillez accepter mes excuses, ce petit s'est échappé. Il devrait normalement rester dans l'enceinte du temple. Viens, osselait, dit-elle d'une voix douce.
Alfaro remarqua alors le petit pokémon réfugié derrière une colonne et fut surpris de l'intérêt que ce dernier avait pour lui.. Le crâne qu'il portait en guise de casque rendait ses émotions indéchiffrables mais sa posture et ses yeux trahissaient une curiosité obsédante envers le brun, ou quelque chose derrière lui. Il se retourna brusquement, en proie a un nouveau pic de crainte. Absolument rien. L'osselait ne le quittait pourtant pas des yeux.
-T'as déjà terminé ta moitié ? lui demanda William, plus agressif que d'ordinaire.
-Pas tout à fait.
-Alors retournes-y, cette affaire ne te concerne pas.
Chen Junior n'agissait pas du tout comme a l'ordinaire. Lui qui avait été le premier a prêcher le respect et la prudence, le voir se disputer avec une gardienne de la tour pour un simple pokémon était étrange. Encore plus quand on le savait respectueux des lois Nuzlocke. Il refusait tout simplement de lâcher prise, harcelant l'exorciste pour avoir l'autorisation de capturer cet osselait. Alfaro n'en aurait en temps normal rien à faire mais pour une raison qui lui échappait, il sentait qu'il ne pouvait laisser son rival dans cet état.
-Calme-toi, l'Ecureuil. Ce n'est qu'un pokémon.
-C'est un osselait ! Un pokémon bien trop rare pour le laisser moisir dans cette tour ! Personne ne l'a capturé, alors j'ai le droit de...
-T'as pas écouté ce qu'a dit la gentille dame ? Cet. Osselait. N'est. Pas. A. Capturer, dit-il en appuyant chaque mot.
-Il est sauvage !
-Et on a déjà rencontré des pokémon dans cette tour ! Les lois humaines n'autorisent qu'à capturer...
Alfaro s'interrompit immédiatement. Les lois humaines ? Il avait voulu dire « la loi Nuzlocke » mais ces mots lui étaient sortis de la bouche sans qu'il ne s'en rendre compte. Quelque chose ne tournait définitivement pas rond. Il jeta un coup d'œil au scope sylphe et ce qu'il y vit ne présageait rien de bon.
-Regarde ton engin. Les chiffres...ils deviennent fous.
Quarante-cinq...Cinquante-cinq...Soixante-dix...Cent-vingt...Le compteur s'affolait sans qu'aucun spectre ne soit encore visible et Alfaro commença à paniquer pour de bon. Mist couinait et Kim s'était mis en garde, pressentant eux aussi l'énorme énergie se concentrant autour d'eux. L'exorciste fut la première à réagir.
-Redescendez immédiatement, dit-elle d'une voix tendue. Les esprits sont en colère, combattre est beaucoup trop risqué pour vous.
-Qu'ils viennent. Ils sont tellement faibles qu'une armée de ferait même pas bouger mon kadabra.
Alfaro aurait voulu en dire de même mais était paralysé. Chacun de ses muscles se remplissait de plomb tandis qu'une terreur sourde le recouvrait. Son instinct lui criait de ne pas se retourner, mais comment faire face à la menace si il ne faisait rien ? Il ferma les yeux, respira profondément et serra le scope sylphe jusqu'à ce que ses doigts en deviennent blancs.
-C'est quand tu veux, dit-il à William. Mist, prépare-toi !
-Très bien. A trois, on active l'ultrason. Un...Deux...
L'espace d'un instant, Alfaro imagina le groupe de spectres déchaînés qui fondrait sur eux. De multiples boules de gaz prêtes à les attaquer de toutes parts, lui, William, l'exorciste et l'osselait. A cette pensée, son cœur rata un battement et il se précipita vers le petit pokémon pour le prendre dans ses bras. Il réalisa ensuite son erreur lorsque le châtain enclencha son scope sylphe. Il s'était jeté en plein milieu de la nuée sans avoir la moindre idée de ce qu'il faisait.
-Mais qu'est-ce que tu fout ?! Reviens !
Alfaro ne pouvait pus l'entendre. Sa tête fut envahie d'un bruit strident dès le scope sylphe de William activé. Il tomba à genoux, incapable de se boucher les oreilles, l'osselait toujours dans ses bras. Sa protection passait avant tout.
-Éteignez votre appareil, vite ! ordonna l'exorciste.
Elle se mit immédiatement à genoux et sortit un chapelet de perles écarlates de sa robe. Les yeux étroitement clos, elle commença à murmurer des incantations très rapidement. Soudain, un cri aigu sortit de sa bouche et elle s'effondra au sol, secouée de spasmes. Aucun des deux dresseurs n'y comprenait plus rien, sinon que la situation leur échappait totalement. Les tremblements de l'exorciste cessèrent aussi soudainement qu'ils avaient commencé et William se précipita pour l'aider à se relever. Il la mit sur le dos et releva son buste, toujours inconsciente.
-Va chercher de l'aide et n'active pas ton scope sylphe. Je reste ici pour la protéger.
-Ok, je prend l'osselait avec moi. Essaie de ne pas crever.
William afficha une grimace qui aurait été en temps normal un sourire de défi et Alfaro partit à la recherche d'une aide se sentait bizarrement beaucoup mieux maintenant que l'osselait était près de lui. Le plus étrange était que le petit pokémon ne soit pas du tout effrayé par une telle proximité. Il 'accrochait désespérément au t-shirt du brun comme si sa vie en dépendait. Ce qui était peut-être le cas.
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| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mar 26 Mai 2015 - 18:47 | |
| - Chapitre 17 2/2:
Un tintement de cloche de cloche battue à la volée se répandit à travers la tour, alertant ses occupants de l'invasion. Alfaro slalomait entre les spectres se matérialisant peu à peu, couvert par les flammes de Mist. Cette rare synchronisation passait pourtant inaperçue face à l'urgence de la situation. Le dresseur était arrivé au pied de l'escalier et gravissait les marches de pierre deux par deux, ne ralentissant qu'une fois à mi-chemin de l'étage supérieur.
Aucun fantominus ne le suivait, aussi s'arrêta-t-il dans l'espoir de voir si William parvenait à survivre. Il eut un hoquet de stupeur en constatant que plus rien en dessous de lui n'était visible. L'étage entier était recouvert d'une brume sombre, de plus en plus opaque à mesure que le temps s'écoulait. Des cris et des bruits de lutte résonnaient ponctuellement mais il était incapable de déterminer si ils provenaient d'un combat concernant son rival ou bien des exorcistes. Serrant le crâne de l'osselait contre sa poitrine, il termina son ascension tout en cherchant à le rassurer.
-Ça va aller, on va s'en sortir. Je te promets que tout va s'arranger et qu'on partira d'ici vivant.
-Os. Laaait.
Alfaro ne savait toujours pas ce qui le poussait à le protéger, sinon un instinct de protection qu'il n'avait jamais ressenti auparavant. Lui qui ne montrait presque jamais de compassion envers ses pokémon, le voilà qui s'enfuyait avec un osselait tout juste rencontré au lieu de combattre une horde qui n'aurait certainement pas résisté à tous ses pokémon réunis. Le ridicule de la situation le frappait par petits coups vite absorbés par l'obsession qui l'habitait.
Le troisième étage de la tour était bien plus calme lorsque Alfaro y pénétra. Les colonnes d'un blanc immaculées reflétaient la lumière déjà vive filtrant à travers les fenêtres, donnant à l'endroit une atmosphère irréelle. Le brun se couvrit les yeux d'une main, l'autre tenant toujours l'osselait. Il ne s'attendait pas à un changement aussi brusque.
-Il y a quelqu'un ?
Pas de réponse, ni même un écho. Sa voix lui avait semblé faible, étouffée, à la différence de ses pas claquants contre la pierre malgré ses efforts pour rester silencieux. Il avança, tous ses sens en alerte. C'était beaucoup trop facile, nul doute que quelque chose allait crever cette fausse atmosphère de sécurité.
-Maître ?
Alfaro se tourna vers la voix aiguë et plissa des yeux. Entre deux colonnes, bien trop visible pour qu'il ne l'aie pas remarqué avant, se tenait une petite créature rose marchant sur deux pattes avec difficulté. Elle s'avançait à pas lents, glissant plus qu'elle ne marchait vers lui.
-Je savais que vous reviendriez, maître. S'il-vous-plaît, ramenez-moi dans la sphère.
Alfaro recula d'un pas et se mit sur la défensive. Il connaissait cette voix mais jamais il ne l'avait entendu parler ainsi. Seules certaines espèces de pokémon pouvaient imiter le langage humain et il était certain que ce n'était pas là une faculté qu'avait détenu Cleopatre.
Il lui était pourtant impossible de se tromper. Le sabelette se trouvait dans l'état exact dans lequel il l'avait enterré. La chair mise à nue, excepté quelques écailles encore présentes autour des yeux, suintait d'un liquide carmin qui se répandait à travers son sillage. Certaines de ses griffes étaient tordues à leur base et contrastaient de manière inquiétante avec les autres, intactes. Il semblait parfaitement inoffensif, comme à son habitude.
-S'il vous plaît, ramenez-moi dans la sphère.
-Cleo ? C'est vraiment toi ?
-Oui. S'il vous plaît, ramenez-moi ! J'ai mal...
Alfaro recula encore. Bien sûr qu'il avait mal. Brûler vif et s'arracher l'épiderme en tentant de sortir de sous terre devait être une véritable torture. Des dommages irréparables, tellement mortels qu'ils nécessitaient des mois et des mois de soins et de rééducation, si l'on parvenait à survivre. C'est bien pour cela qu'il l'avait abandonné aux portes de la mort. Ce qui n'était pas normal, c'est qu'il se tienne devant lui.
-Il fait tellement chaud dans la sphère. Parfois, elle guérit même nos blessures ! Si j'y vais, je n'aurais plus mal et je pourrai rester avec vous !
La sphère...Cleopatre voulait certainement parler de sa pokéball. Malheureusement, Alfaro s'en était débarrassé dans la première poubelle qu'il avait vu en quittant l'Océane. Lui dire la vérité allait lui faire mal mais n'avait pas l'intention d'y passer par quatre chemins.
-J'ai brisé ta pokéball. Tu es...libre.
Quelque chose lui disait qu'avouer tout la vérité ferait plus de mal que de bien, aussi s'était-il rabattu sur cet euphémisme. Cleopatre insista, son hideux museau levé vers l'humain dans l'espoir de croiser son regard fuyant tant il était répugné.
-Si je suis libre, vous pouvez me capturer à nouveau ! Je me laisserai faire, comme ça je pourrai être avec vous, comme avant ! S'il vous plaît, ça fait vraiment mal...
-Inutile. Tu ais très bien que quand je dis non, c'est non. Et puis de toute façon, je t'ai déjà trouvé un remplaçant.
-Le casque d'os ?
Alfaro allait le corriger quand il sentit une moiteur se répandre dans ses bras et sur ses vêtements. Ce n'était plus le bébé pokémon qu'il tenait mais le corps ensanglanté de Cleopatre, parvenu il ne savait comment à échanger sa place avec l'osselait. Un mélange de sel, de fer et d'œuf pourri envahit ses narines et il jeta son ancien pokémon, à la fois dégoûté et empli d'une rage soudaine.
-Ne refait plus jamais ça ! hurla-t-il en se précipitant vers l'osselait.
-Mais je peux encore vous être utile dit Cleopatre en se relevant. Je ferai mieux que la dernière fois, vous verrez ! Je promet de m'améliorer !
-Tu es mort !
Sa voix résonna pour la première voix dans cet étage. « Tu es mort, tu es mort, es mort, mort, mort ». Loin de faiblir, il augmentait d'intensité, semblait provenir de chaque parcelle de l'étage jusqu'à faire vibrer la tête d'Alfaro.. Il tourna son regard vers le sabelette, la mâchoire crispée tant le brouhaha devenait fort. Cleopatre était complètement immobile mais toute paix l'avait quitté. Les petits yeux noirs ne brillaient plus de vie et fixaient l'humain, ternes.
-Ramenez-moi.
Ce n'était plus une demande suppliante mais un ordre froid et inflexible, répété comme l'avait été la révélation sans aucun doute blessante. Alfaro se sentit fléchir et il tomba à genoux, entourant de son corps la tête de l'osselait pour le protéger. Spectre ou pas, le sabelette allait goûter à une nouvelle vague de chaleur.
-Mist, flammèche !
Le natif de Safrania releva la tête, guettant l'arrivée de flammes qui ne vinrent pas. Il chercha son goupix mais chaque fois, l'image de Cleopatre le fixant de ses yeux vides apparaissait devant lui, quelle que soit la direction dans lequel il se tournait. Paniqué, il recula et porta la main à sa ceinture mais ne saisit que du vide. Ses balls avaient disparues.
-Ramenez-moi !
Alfaro hurla et se cogna contre une colonne. En un clin d'œil, Cleopatre avait rapproché son visage du sien, le dardant de son regard cadavérique. Sa voix devenait chaque fois plus aiguë, perçant les oreilles d'Alfaro comme les cris d'un enfant en colère. Il se leva et se mit à courir mais le sabelette maintenait la distance, lui bouchant la vue de son visage en décomposition.
-Ramenez-moi ramenez-moi ramenez-moi ramenez-moi...
L'humain se sentait devenir fou devant ce tout nouvel esprit vengeur. Il continuait de répondre à l'un de ses souhaits, protéger son petit, mais l'accomplissement de sa vengeance n'aurait jamais lieu si son hôte voyait son esprit brisé par le harcèlement de son compagnon mort. Il tenta de ramener l'humain à la raison mais c'était comme pousser sur les deux extrémités d'un os. La fierté propre à son espèce soi-disant supérieure avait volé en éclat face à quelque chose qui le surpassait. Nul doute qu'il ne lui servirait plus à rien dans peu de temps.
Ce qui l'inquiétait le plus était son petit. Comment le protéger sans forme physique ? Un dernier vœu au monde ne suffisait pas, il lui fallait une force hors du commun. Cela lui coûtait de l'admettre, mais le sabelette s'était bien mieux débrouillée dans cette matière. La folie d'une innocence, chose qui lui était fermée à tout jamais...
Dans un dernier effort pour échapper à l'esprit de Cleopatre, Alfaro se roula en boule contre la pierre froide de la tour et ferma les yeux jusqu'à se faire mal. L'osselait poussait des gémissements inquiets, manquant de le faire pleurer pour de bon.
Plus de pokémon pour le protéger, aucun endroit où fuir, impossible de raisonner cette chose pitoyable et pourtant dangereuse...Il ne savait plus quoi faire, sinon chasser tout souvenir du sabelette et tout ce qui y avait trait. Les pokémon de type sol, les pokémon, pourquoi il avait entrepris ce voyage, son père, la volonté de le mettre en face de ses responsabilités, sa mère, lui-même. Tout oublier et ne plus penser à rien. Aspirer au vide.
-Ce n'est pas une bonne idée, tu ne crois pas ?
Cette question semblait ne s'adresser à personne en particulier, aussi le natif de Safrania l'ignora-t-elle immédiatement. La voix résonna pourtant à nouveau, calme et profonde malgré les suppliques de Cleopatre.
-Ô esprit malheureux, laisse ce dresseur en paix, je t'en conjure.
Alfaro sentit quelqu'un s'asseoir à ses côtés mais ne fit pas le moindre geste. Ce n'était plus le désintérêt profond pour ce qui était étranger à sa quête mais une crispation violente, un repli sur tout, même lui-même. Il entendit alors un chant qui, bien que très lointain, parvenait à se faire entendre dans le tumulte envahissant provoqué par le fantôme du sabelette. Un chant régulier, calme et sans paroles, d'une force tranquille. Loin de chercher à lutter contre le sabelette, il semblait au contraire estomper sa colère et apaisa à la fois le pokémon et l'humain. L'inconnu continua de chanter bien après que le sabelette se soit tut, laissant les dernières notes s'envoler dans l'air froid de la tour.
-M'entends-tu, jeune dresseur ?
Alfaro ouvrit les yeux, toujours plié sur le sol. Il se sentait bien plus calme mais fatigué, comme si il avait couru à toute vitesse jusqu'à l'épuisement total. L'escalier se trouvait pourtant toujours derrière lui, preuve qu'il n'avait pas bougé depuis son premier pas dans l'étage . L'enfer dont il venait de sortir lui paraissait tout proche, glaçant ses os à sa simple pensée. Il tenta de se relever mais ne put que s'adosser contre une colonne tant la tête lui tournait. Mist l'observait, les yeux brillants de malice et de moquerie. Un rayon rouge plus tard, Alfaro l'enfermait dans sa pokéball. Hors de question qu'il le laisse le contemple plus longtemps dans un tel état de faiblesse.
Il aurait voulu qu'il en soit autant pour le petit homme qui le fixait avec bienveillance, comme si ils n'avaient jamais croisé le chemin du spectre. La coiffe cylindrique noire sur sa tête cachait une partie de ses cheveux mais il le devina âgé au vu des rides sur son visage. Sa tunique blanche à vestes bouffantes était étroitement ceinturée par une espèce de robe mauve le recouvrant jusqu'aux chevilles. Alfaro avait déjà vu cet homme la veille mais il ne parvenait pas à se souvenir de son nom.
-Vous êtes un de ces types du temple, dit-il, la bouche pâteuse.
-Mon nom est Irie Fuji, mais tu peux m'appeler monsieur Fuji. En d'autres circonstances, je t'aurais proposé de discuter hors de ce lieu saint, mais la situation ne me le permet malheureusement pas.
-Cleo ?
-N'aie crainte, j'ai temporairement apaisé l'esprit du pokémon qui te tourmentait. Cependant, je crains qu'un danger plus grave ne nous menace. Les spectres ne sont toujours pas apaisés et j'ai bien peur que le responsable de tout cela...
Monsieur Fuji n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Des pas claquèrent contre les marches menant à l'étage supérieur, bientôt couvertes par des voix.
-Oh, le vieux ! Vous allez bien ?
-Est-ce que tu le vois blessé ? Non. Alors ferme-là.
-Il a été attaqué par un esprit, alors ses blessures ont plus de chance d'être à l'intérieur de lui !
-Et depuis quand t'es un expert en spectres ? Tout ce que tu faisais, c'était pleurnicher pendant qu'on était là-haut !
Le vieil homme prit Alfaro par les épaules et le força a détourner le regard mais il était déjà trop tard. Il avait eu le temps de distinguer quatre silhouettes vêtues de noir, le R rouge imprimé fièrement sur leurs uniformes. Le souvenir de sa mère morte refit brusquement surface malgré sa vengeance accomplie et un éclair de pure rage le traversa.
C'était tout ce que l'esprit attendait.
Alfaro se sentit devenir lourd, sans aucune raison apparente. Cela n'avait rien à voir avec ce qu'il ressentait habituellement sous l'effet de la rage. La carotide qui pulsait, cette zone en dessous de son cœur prise dans un étau, ce flot de souvenirs et ce ressenti amer criant vengeance, plus rien de tout cela n'était distinguable l'un de l'autre. C'était comme si tout le dépassait de tellement haut qu'il ne pouvait plus rien distinguer.
Soudain, il se sentit basculer en arrière sans que son corps ne fasse le moindre mouvement. Sa respiration fut coupée aussi nette que si il avait reçu un coup de pied dans le diaphragme et il se sentit chuter, le paysage de la tour s'éloignant peu à peu. Mais il sentait, il savait qu'il n'avait pas fait le moindre geste. Sa chute continua jusqu'à ce que sa vision soit réduite à observer le monde par le petit bout d'une lorgnette.
Quelque chose le frôla. Un corps marron, trapu. Cela ne dura qu'un instant mais il ressentit toute la haine que la créature éprouvait. Une haine très semblable à ce celle qu'il avait connue dans l'ascenseur, au moment de faire payer le rocket responsable de la mort de sa mère. Une haine elle aussi dirigée vers la team Rocket. Une sauvage envie de meurtre.
C'est lorsqu'il perçu cette volonté d'ôter la vie que Alfaro chercha à lutter et à retenir la créature. Il perçut confusément qu'il était en train de perdre le contrôle de son corps, et cela lui était intolérable. Sa volonté jaillit, retenant la créature avant qu'elle ne s'éloigne trop. Elle se tourna vers lui, son propre désir aussi puissant qu'une cascade. Le jeune dresseur fut propulsé encore plus loin, cloué au fond de lui-même, mais il refusa de s'avouer vaincu. Il lutta, cherchant à revenir, lorsque la créature se rapprocha de lui.
Une sensation familière s'empara d'Alfaro. Son opposant lui paraissait toujours aussi dangereux mais malgré tous les points communs qu'ils avaient, il refusait de lui laisser le contrôle de son corps. Un nouveau sentiment de rage naquit en lui, dirigé cette fois-ci exclusivement vers la créature. La chose la plus puissante, pensa-t-il, dans cet endroit où il n'avait rien hormis ses sentiments et sa volonté.
Un duel mental s'engagea entre eux. Alfaro sentait qu'il retenait la créature aussi certainement qu'elle-même l'immobilisait. Pas un mot n'était nécessaire, ils n'en avaient pas besoin pour faire fléchir l'autre. C'était à celui qui démontrerait le plus de légitimité à laisser son empreinte dans le monde physique. Soudain, Alfaro sentit comme une fenêtre s'ouvrir en son adversaire. Il tenta de reculer mais fut absorbé par un flot de souvenirs nets, cruels et aussi palpables que si lui-même subissait les événements dont il devint témoin.
Deux rattata fonçaient vers lui, tête première. Elle les repoussa d'un simple coup de l'os qu'elle tenait en main mais fut surprise par un abo. La morsure qu'elle ressentit n'était pas douloureuse mais elle sentit un froid glacial la recouvrir. Un empoisonnement, à n'en pas douter. Elle recula afin de protéger son petit et lui ordonna de courir le plus loin qu'il le pouvait. L'osselait protesta en chouinant, avançant vers sa mère qui l'éloigna d'un coup faible mais autoritaire. Elle se retourna et lui cria de partir, à n'importe quel prix. Qu'elle reviendrait une fois qu'elle se serait débarrassée des méchants humains et des pokémon à leurs ordres. Après un ultime regard, le petit pokémon courut se réfugier vers des buissons épineux.
-Cours-lui après ! Pas question de laisser ce gros sac de fric sur pattes s'éloigner !
L'un des hommes en noir se dirigea vers le fourré mais c'était sans compter sur ses réflexes de combattante chevronnée. D'un geste précis, elle sauta et abattit son arme sur la tempe de l'humain, mais son bras avait perdu trop de force. Le coup ne le déstabilisa même pas, tout au plus s'en sortirait-il avec une bosse. Au moins l'avait-elle suffisamment ralenti pour que son enfant s'éloigne.
-Abo, ligotage !
Le serpent mauve bondit sur elle et la serra de son corps, l'étouffant peu à peu. Elle sentait ses côtes se fêler sous l'étreinte qans qu'elle ne puisse y opposer de résistance, le poison remontant dans ses veines l'affaiblissant de plus en plus. Dans un dernier geste désespéré, elle prit de l'élan et mordit dans la chair de son adversaire, le sang éclaboussant son casque jaunâtre en un jet puissant. L'abo se détendit brusquement et échoua au sol, hors d'état de combattre. Elle n'eut pas le temps de faire le moindre geste qu'un des rattata chargea vers elle et la toucha en pleine poitrine, lui coupant la respiration. Elle bascula en arrière, la douleur du choc allumant des étincelles dans ses yeux, et échoua sur le dos, incapable de se relever. L'un des hommes s'avança et lui brisa le bras d'un coup de pied, la forçant à lâcher son os.
-C'est pas malin d'ta part de nous avoir résisté. Si tu nous avais laissé tranquillement prendre ce petit, sans faire d'histoires, on t'aurait à coup sûr laissé la vie sauve.
Un cri de défi franchit ses lèvres, vite remplacé par une plainte de douleur lorsque l'humain le saisit par son bras cassé.
-Dommage pour toi, il n'y a que lui qui nous intéresse. Tu m'as l'air bien trop teigneux, autant que je m'amuse un peu avec toi.
L'homme en noir sortit un briquet de sa poche et l'activa. Il approcha la flamme de sa peau mais elle se contenta de sourire d'un air de défi. Un feu aussi faible ne pourrait rien faire, sinon noircir sa peau. L'humain s'en rendit compte et abandonna son petit jeu, lassé avant même d'y avoir pris du plaisir. Il jeta son corps à terre et le martela de coups de pieds en ricanant doucement.
La rage ne l'avait toujours pas quitté. Même aux portes de la mort, elle n'avait que fureur et rancœur envers les Hommes. Elle ferma les yeux, laissant le R rouge sur leur poitrine s'imprimer au plus profond de son esprit, et se jura d'obtenir vengeance.
La douleur devint soudainement moins violente. Alfaro se sentait également très chaud, comme si le poison s'était changé en un feu inoffensif parcourant chaque cellule de son corps. Les coups n'avaient pas cessé mais ce brusque changement l'intrigua. Il rouvrit les yeux et ce qu'il vit le choqua.
Alfaro se trouvait face à lui-même, dans la serre abritant l'arène de Céladopole, le visage déformé par la colère et le mépris. Les coups qu'il s'infligeait étaient moins nombreux mais une toute autre douleur le traversait désormais. Ce qui lui avait semblé un rêve qu'il ne pouvait contrôler lui paraissait maintenant une réalité à laquelle il ne pouvait échapper, la conscience d'une cruauté présente à la fois chez le Rocket et en lui-même. Les points de vue se succédaient dans sa tête, piétinant la légitimité qu'il s'était forgé depuis la mort de sa mère.
-En fait, tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre de ce que tu veux dire. Quand je donne un ordre...
Alfaro ignora la suite, incapable d'assumer le monstre en face de lui. Contrairement à ce qu'il venait de vivre dans le corps de l'ossatueur, il ne pouvait déceler les émotions de Mist mais la terreur qu'il ressentait était suffisante pour fêler la carapace de certitude dans laquelle il s'était réfugié. Les coups ne cessaient de pleuvoir, le forçant à se rouler en boule sur lui-même. Il voulait échapper à la douleur, fuir pour ne plus se sentir coupable, rejeter la vérité braquée devant lui.
-Je ne suis pas comme eux...
Mais comment le prouver ?
-Je ne suis pas comme eux...
L'image du Rocket se superposa à la sienne.
-Je ne suis pas...
Il sentait qu'il l'était mais ne pouvait se résoudre à l'avouer.
-Je...
Il n'existait plus, incapable d'accepter ce qu'il était. Plus rien que le vide. La lutte n'avait plus aucun sens.
A quoi bon se soucier de quelque chose qu'il ne voulait accepter ?
L'ossatueur se leva, constatant avec satisfaction que le corps fourmillant de vie de l'humain lui obéissait pleinement. Le frottement du tissu contre sa peau fragile, l'air frais de la tour emplissant ses poumons, le sang battant en lui, son rythme accéléré par la colère. Ce tas de chair manquait de force mais elle savait qu'elle était maintenant au-dessus des lois dictées par la nature.
L'esprit vengeur regarda autour d'elle. Cinq hommes, dont un bien plus vieux que les autres. Elle émit un doute. Que faisait ce saint homme en compagnie des ceux qu'elle s'était juré d'éradiquer ? Elle le sonda et fut surprise par l'absence de résistance. Le vieil homme semblait l'inviter à explorer le moindre recoin de lui-même, mais une seule information le préoccupait.
L'ossatueur remonta quelques minutes plus tôt. Elle vit le prêtre assis au plus haut étage de la tour, entouré des quatre hommes en noir. Malgré leur air menaçant, il restait serein et leur parlait comme à n'importe qui d'autre, sans les sermonner ni évoquer quoi que ce soit en lien avec leurs activités criminelles. Il leur parlait des sentiers montagneux au nord de la ville, des pokémon qu'il croisait, ainsi que les dresseurs qui parfois étaient à leurs côtés.
-Cette confiance entre humains et pokémon est quelque chose de fabuleux, disait-il. Des êtres vivants s'entraidant, les uns par leurs innombrables capacités et les autre par leur imagination sans borne, dans un respect mutuel...
-Ton respect il est dans la tombe, ducon. J'en sais quelque chose et y'a pas que la team Rocket qui l'a enterré !
Des rires gras suivirent cette remarque mais le vieil homme ne broncha pas.
-Certes, je n'oublie pas où nous sommes. Je n'oublie également pas que les incidents ne sont pas inexistants. Mais je peux vous assurer qu'aucune urne n'a été placée en ce lieu sans sans pleur ou sans douleur. De plus, nombre d'entre elles contiennent les cendres de pokémon morts de vieillesse, ou de maladie. Je ne cherche pas à justifier quoi que ce soit, loin de là, mais j'aime à penser que ce lien subsiste à travers le temps, malgré sa fragilité.
-Oh ta gueule.
Le rocket qui venait de cracher cette insulte était plus jeune que ses collègues. Il jeta un regard noir au prêtre, sa voix de plus en plus forte
-Tu sais quoi ? J'avais un miaouss quand j'étais plus jeune. C'était l'un de mes meilleurs ami. Quand Nuzlocke est monté au pouvoir et que sa saloperie de loi est passée, ils me l'ont enlevé, soi-disant que mes parents n'avaient pas les compétences nécessaires. Je l'ai nourri, joué avec, ai pris soin de lui, même sans pokéball et quand ces salopards sont arrivés pour le prendre, j'ai senti qu'il était aussi déchiré que moi. Même avec l'aide de la team, j'ai jamais pu le retrouver et c'est pas tes conneries qui vont y changer quoi que ce soit !
Le cri de rage résonna contre les murs. Les trois autre hommes en noir écarquillaient les yeux, impressionnés par la longue confession. L'un d'eux prit la parole.
-Pareil. C'était un mimitoss. Mati, qu'il s'appelait. J'étais même pas là lorsqu'ils l'ont emmené. Quand à passer le test, avec les années que ça prenait et le niveau pour devenir dresseur, c'était même pas la peine d'y penser.
-Ben voyons ! Moi, j'ai trimé au moins 5 ans pour tenter de devenir dresseur ! Et à la fin, rien ! Soi-disant qu'aucun tuteur ne pouvait se porter garant, tellement ils étaient occupés ! Mon cul, ouais ! Ils était trop occupé à se faire remplir les poches par des bourges afin que leurs fils passent avant les autres !
-Toujours le même système pourri. Si tu viens de certains quartiers, peu importe ce que tu vaux, ils te laisseront aucune chance.
-Vous enflammez pas, les mecs, raisonna le quatrième. Tout ça c'est du passé. On a un bon job, des pokémon illimités et un boss qui nous reconnaît pour ce qu'on est.
Le silence retomba mais les trois premiers Rocket n'étaient plus si impassibles. Monsieur Fuji combla de nouveau le silence.
-Vous avez des pokémon qui vous aiment. C'est l'essentiel.
-Hein ? Ouais, j'imagine. C'est pas toujours facile puisque seuls les gradés ont l'autorisation d'avoir des pokémon à eux, mais au moins, on en a.
-C'est toujours mieux que chez ces pourris. A la team, on prend le temps de te former sans passer par toutes ces conneries théoriques que t'es certain de jamais utiliser. C'est une vraie famille, rien à voir avec les autres qui te piétinent pour rester au sommet !
-Tant qu'ils nous obéissent, dit un rocket en caressant distraitement une ball, on a pas à se plaindre. Les affaires avant tout.
-Et pourtant, je suis bien attristé de voir de quelles victimes vos vies sont pavées, dit monsieur Fuji, toujours sans colère.
-Je savais que tu voulais en venir là. Écoute, mon vieux. Dans la société, tu peux ordonner les pires atrocités et pourtant avoir les mains propres et museler ta propre conscience. Nous, on assume nos crimes.
-La liberté a un prix, celui de faire fonctionner notre business. Notre boss est intransigeant sur les soins apportés à nos pokémon. Ils sont remplaçables, mais ce n'est pas une raison pour en faire n'importe quoi. Le reste est sacrifiable. Mais ça, tu le sais déjà. Souviens-toi du petit cadeau qu'on t'a laissé hier.
Cela était suffisant pour l'ossateur et ce n'était pas le vieil homme qui allait le contredire. Elle sortit de son esprit, prêt à faire ce pour quoi elle était revenue en ces lieux.
-Attend, je t'en prie ! Ils ne sont pas si mauvis que tu le penses !
-Silence, vieil homme, dit l'ossatueur d'une voix de crécelle. Il est temps pour eux de payer l'humiliation qu'ils m'ont infligés, à moi et à tous ceux qui m'ont précédés dans l'autre monde.
D'un brusque mouvement du bras, l'ossatueur fendit une colonne et en retira un long morceau. La pierre n'avait pas la légèreté ni la maniabilité de son os, mais cela serait bien suffisant. Sans quitter les quatre hommes en noir, elle leva le poing et cria :
-Vengeance !
Et le massacre commença. En quelques bonds rapides, l'ossatueur fut à la hauteur d'un rocket et éclata son crâne d'un seul coup. Le bruit de l'os fendu qu'elle n'entendait autrefois que lors des situations désespérées lui parût à la fois soulagement et excitation. Elle se retourna vers le rocket le plus proche et lui administra un coup à la tempe. Nouveau craquement, plus sanglant cette fois-ci. La même substance qu'ils avaient extraits de son corps en riant. Les rictus qui tiraient leurs bouches lui revint en mémoire et sa colère s'intensifia.
-Abo, morsure !
Le pokémon mauve n'eut pas le temps de porter son attaque. D'un geste aussi rapide que l'éclair, l'ossatueur détacha sa mâchoire du reste de ses os. Peut-être en avait-elle fait plus, peut-être l'avait-elle tué sur le coup, elle n'en savait rien et s'en moquait. Seul le sang humain pouvait satisfaire sa soif de vengeance. Le reste n'était pas digne de son intérêt.
Il lui était impossible de soulever le dresseur de l'abo par la tête, comme il aurait souhaité le faire. L'humain dont elle avait pris possession avait beau partager de nombreux points communs avec elle-même, il restait peu pratique pour pleinement rendre la monnaie de leur pièce à ces déchets. Souriant d'un air sinistre, l'ossatueur fit tourner le morceau de pierre dans la main du corps qu'elle avait emprunté et brisa le genou droit de sa victime, retenant sa chute en le saisissant par le col. Un cri de douleur perça ses tympans. Désagréable. Cela lui rappelait trop ses propres souffrances.
Elle porta un nouveau coup, cette fois-ci à la bouche qu'elle voulait faire taire. Le cri se transforma en un gémissement étouffé, à croire que les humains avaient besoin de leurs dents pour crier. Elle laissa alors le pathétique tas de chair s'écraser à ses pieds, du sang dégoulinant de ses gencives. Celui-là semblait plus résistant que ses collègues, mais l'esprit n'en pouvait plus de le voir vivant. Le désir de meurtre l'emporta sur le sadisme. Elle le prit par les cheveux mais ne le releva que pour mieux l'écraser au sol, le liquide carmin éclaboussant le visage d'Alfaro.
Restait le quatrième homme. L'ossatueur se retourna et la panique saisit les traits en sa possession. Le rocket tentait de fuir, poussant sur le côté un jeune garçon aux cheveux châtains qu'il n'avait encore jamais vu. Elle sauta d'un bond aussi souple que le lui permettait son corps et le plaqua, laissant le nouveau venu saisir le prêtre et l'emmener au loin. Heureux hasard, elle reconnut en sa dernière victime son bourreau d'il y a quelques jours.
Le rocket tenta de saisir les sphères à sa ceinture mais ne récolta qu'un poignet brisé. Son épaule connut le même sort, tout comme l'avait été la sienne.
-E...Espèce de monstre !
-Les monstres, c'est vous, lui répondit l'ossatueur de sa voix discordante. A nous capturer, nous torturer, nous traiter comme vos esclaves !
-Qu'est-ce que tu es ? Mais qu'est-ce que tu es ?!
-Ne le sais-tu pas, humain ? Souviens-toi, à qui as-tu infligé ces mêmes douleurs ?
L'ossatueur saisit son arme et la posa contre la tempe de l'homme en noir. Devant son refus de rester immobile, il lui adressa un coup d'estoc sur sa colonne vertébrale, la brisant dans un souffle. Le rocket leva la tête, incapable de respirer malgré sa bouche grande ouverte.
-Dis mon nom.
-Tu es...Tu es mort ! Saloperie d'ossatueur ! J'aurais dû-
Le rocket n'eut pas le temps d'achever ses derniers mots. D'un ultime coup de massue, l'esprit du pokémon torturé avait éclaté son crâne comme un vulgaire légume. Elle baissa les yeux vers son œuvre et sentit sa rage se calmer. Tout était fini.
Seule une dernière chose la retenait sur Terre. L'ossatueur ferma les yeux et chercha un souffle de vie dans cet étage souillé par le sang des mauvais hommes. Elle se leva, abandonnant ce qui aurait dû jusqu'à la vraie fin être son os, et avança vers une colonne. Là, bien à l'abri, comme elle le lui avait ordonné, se trouvait son petit.
Un immense élan d'amour saisit son cœur. Non seulement il était encore en vie, mais il l'avait en plus reconnu avant même qu'elle ne puisse prendre pleinement possession de ce corps. Elle oublia un moment l'état dans lequel elle se trouvait, les actes qu'elle venait de commettre pour elle-même et pour la sécurité de son enfant. Plus rien ne comptait, sinon lui. Elle l'étreignit une dernière fois, l'inondant de son amour et de sa chaleur mourante.
L'ossatueur sentit son fils pleurer. Bien sûr qu'il pleurait. Mais ce qui l'effrayait le plus, c'est qu'il pleure de joie de l'avoir retrouvé. Elle ne voulait pas lui infliger une nouvelle séparation emplie de doute, aussi lui confia-t-elle ses derniers mots.
-Os. Ossat. Ossatu, ossatueur.
-Lait ! Os, osselait, lait !
-Os...ossatueur. Ossatu. Ossatueur tueur ossatu. Ossa ?
-Lait ! Lait !
Ossatueur ferma les yeux. C'était tout ce qu'elle voulait entendre, plus rien ne la retenait sur terre. Elle se sentit plonger une deuxième fois dans l'eau glacée mais ne se débattit pas. De l'autre côté de l'onde, elle pouvait encore distinguer le corps de l'humain serrer pour elle son petit, ainsi que deux traces de larmes se mêlant au sang des rocket.
Bien sûr qu'elle avait pleuré.
Mais si elle avait encore un visage, il n'aurait pas été aussi crispé par la terreur.
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| | | Iloufilm
Dresseur
Nature : Gentil
Niveau : 30
Exp : 433
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Lun 1 Juin 2015 - 20:07 | |
| J'ai bien aimé chapitre le chapitre mais je suis pas du tout sûr de ce qui arrivé à Alfaro - Question donc...:
Alfaro et la mére d'osselait ont changé de corps ? Ou il ressent ce que la mére éprouve ?Je suis assez confus même après avoir l'avoir relu O.o
|
| | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mar 2 Juin 2015 - 0:23 | |
| - Spoiler:
Au départ, Alfaro ressent ce que l'ossatueur ressent, ce qui explique son attachement alors inexpliqué envers l'osselait. Ensuite, Alfaro et l'ossatueur partagent involontairement leurs souvenirs (scène de la torture puis mort d'ossatueur, scène de la serre d'Erika). Enfin, l'ossatueur prend possession du corps d'Alfaro. Mais jamais le corps de la mère d'ossatueur n'est là, excepté lors des souvenirs
En espérant avoir répondu à ta question. |
| | | Stannys The Mannys
Dresseur
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Exp : 610
| | | | Koukin
Écrivain
Nature : Prudent
Exp : 186
| Sujet: Re: [Bleu] Traces - Nuzlocke Pokémon Bleu Romancé Mer 23 Déc 2015 - 23:07 | |
| Boum, ouais. - Chapitre 18 : Réconciliation:
Hurlements silencieux.
Ces deux mots n'avaient aucun sens mis l'un à côté de l'autre, mais c'était bien là l'état dans lequel était Alfaro, seul dans la petite chambre du sanctuaire où l'avait accueilli Irie Fuji. Replié sur lui-même dans une position fœtale, le jeune dresseur n'avait plus aucune notion du temps depuis que l'esprit de l'ossatueur l'avait quitté. Crispé tant physiquement que mentalement, fuyant tout contact avec le monde extérieur, se nourrissant à peine, il se sentait prisonnier dans un tourbillon de pensées qui le poursuivaient jusque dans son sommeil anarchique.
Il avait beau s'isoler du mieux qu'il le pouvait, passer de longues heures à chasser toute pensée dans sa tête, il ne pouvait ignorer les yeux braqués sur lui, imprimant deux points glacés sur sa peau. Parfois, dans de brusques accès de dépit mêlé rage, il tirait les rideaux de la petite chambre et fixait la tour devant lui. Malgré la hauteur à laquelle se trouvait le temple, le cimetière de pierre le dominait de deux étages, comme pour offrir aux morts le meilleur point d'observation afin de juger les vivants.
Des pokémons morts jugeant des humains vivants.
Cela lui semblait impossible, alors pourquoi continuait-il d'y penser ?
-Je ne peux rien pour toi ! lançait Alfaro, certain que Cleopatre pouvait l'entendre. Tu perds ton temps, alors fous-moi la paix et dégage !
Cela ne servait à rien. Aucune réponse, aucune sensation, toujours ces deux points glacés sur sa peau. Alfaro se sentait observé comme un pokémon en cage mais n'osait pas en sortir, sa dernière confrontation avec le sabelette encore trop violente dans son esprit pour oser l'affronter de nouveau autrement que séparés par plusieurs murs.
Sa fierté bafouée, il se sentait couvert d'une mince mais solide couche de lâcheté. Il ne pouvait rien faire, vaincu par un mort qui, il en était certain, le poursuivrait de ses yeux glacés où qu'il aille. Alors à quoi bon sortir, si c'était pour ne jamais être libre ?
A quel moment avait-il chuté ?
Ce n'était pas lorsque le vieux prêtre l'avait secouru, Alfaro en était certain. Il était encore lui, à ce moment. Faible, mais toujours lui. Ce n'était pas non plus lors de sa lutte contre l'esprit de l'ossatueur, bien au contraire. Ces deux possibilités éliminées, il tenta de comprendre plus en avant, de réaliser ce qu'il s'était passé, de ramasser le puzzle brisé qu'il était afin de se reconstruire, en sachant pertinemment que ce n'étaient pas des morceaux de carton qu'il avait devant lui mais des éclats de verre tranchants, prêts à lui apprendre la douleur si jamais il trouvait le courage de les manipuler.
Un écho de douleur résonnait en lui chaque fois qu'il progressait vers ses souvenirs. Les derniers instants du pokémon qui s'était ouvert à lui pour mieux le posséder. Lui-même, il ne savait comment, face au goupix. Sauf qu'il était le goupix.
Alfaro fuyait de nouveau, incapable de se voir en face. Sa seule issue était ce fond de colère auquel il s'accrochait. Et le cercle vicieux recommençait.
Avait-il eu tort ?
Son voyage se déroulait pourtant admirablement bien, si l'on exceptait les deux cadavres ayant pavé son chemin. Ce n'était bien entendu pas une fin en soi, mais les résultats étaient là. Roi sur l'échiquier, lui et sa troupe avançaient, jusqu'à ce qu'un pion mort ne réapparaisse et lui fasse échec. Il y avait forcément un moyen d'éliminer ce traître fou qu'était devenu Cleopatre. Mais comment ?
La réponse lui vint comme une évidence. Il était dans un temple, là où résidaient des prêtres capables d'exorciser des esprits. Comment avait-il fait pour ne pas y penser plus tôt ?
Fort de cette certitude, Alfaro se leva et posa sa main sur la poignée de la porte. Il sentit le métal froid contre sa peau, première sensation tactile qu'il éprouvait depuis il ne savait combien de temps, mais il se sentait toujours comme dans un rêve, prisonnier comme jamais il ne l'avais été. Le monde autour de lui n'avait pas retrouvé sa solidité et ses couleurs. Les paroles du vieux Fuji lui revinrent alors en mémoire.
« J'ai temporairement apaisé l'esprit du pokémon qui te tourmentait »
Mais qu'y avait-il à apaiser ?!
Un accès de rage le déchira en deux. Il n'y avait aucune paix à souhaiter sans une volonté forte pour l'instaurer. La manière dont il menait ses gardes du corps en était le parfait exemple, jusqu'à ce que lui-même ne tombe sur plus fort que lui. De certitudes en certitudes, il en vint de nouveau à la conclusion que le sabelette l'avait vaincu.
Échec et mat.
*°*°*°*°*°
De l'autre côté de la porte, dans le monastère à peine moins silencieux, la vie suivait son cours comme si rien ne s'était passé. Les fantômes , apaisés par la disparition de l'ossatueur, avaient disparus, permettant aux visiteurs de la tour de revenir rendre hommage à leurs morts. Un accident dont les seules séquelles étaient les murmures incessants des conversations en ville et l'infirmerie du temple, plus remplie que d'ordinaire.
Toute l'équipe se trouvait dans un grand jardin à l'arrière, au flanc de la colline descendant en pente douce jusqu'au montagnes. L'endroit, bien que vaste et à l'air libre, portait l'empreinte des humains qui l'avaient aménagés afin d'améliorer le confort des pokémons. Ici reposait un abreuvoir, là une série de cabanes en bois, et là encore une petite aire de jeu très semblable à celles pour enfants. Les six pokémons d'Alfaro s'y trouvaient, ignorant la fine bruine que crachotaient les nuages.
-On s'ennuie ferme, ici, déclara Flavio de but en blanc. Qu'est-ce qu'il fiche, le Maître ?
-Toujours enfermé dans la grande maison humaine à broyer du noir, répondit Billy. Tu veux bien jeter un coup d'oeil, Trotwood ?
-Inutile. Flavio y est déjà allé hier, aucune chance pour que ça aie changé.
Le fatalisme du papillusion n’étonnait plus personne. D'ordinaire si joyeux, il avait brusquement perdu sa bonne humeur et son humour taquin lorsque Dolce avait pris la place de Joey. Personne dans l'équipe ne pouvait lui en vouloir, Mist moins que les autres.
-Non seulement cet humain nous enchaîne et nous brutalise, mais il ne se soucie même pas des liens que nous entretenons. Comment pouvez-vous…
-Ferme-là ! ordonna Flavio en claquant son bec. Comment oses-tu dire ça alors que tu l'as vu torturé par Cleopatre ?
-Le sabelette ? Bien fait pour lui. Ça fait quoi de voir que votre ancien copain est revenue pour faire la peau à ce salopard ?
C'en était trop. Flavio quitta son perchoir et fondit sur le goupix qui esquiva d'un bond et cracha des flammes alors qu'il remontait dans les airs, prêt à attaquer de nouveau.
-Ça suffit !
Une liane claqua entre les deux pokémons, les obligeant à mettre de la distance entre eux. Billy s'était dressé droit sur ses quatre pattes, le corps penché en avant, prêt à se joindre à la mêlée.
-Qu'est-ce que tu veux, la mauviette ? demanda Mist. Encore à défendre ton dresseur comme le soumis que tu es ? Allez, viens là ! Je peux m'occuper de vous deux en même t-
Tous furent surpris par ce qui suivit. Le goupix n'avait pas terminé sa phrase que Billy lui décocha un coup de fouet au visage suffisant pour le faire reculer de douleur. C'était la première fois que le pacifiste de l'équipe s'en prenait physiquement à l'un de ses compagnons de voyage.
-T'occuper de nous deux en même temps ? J'aimerais bien voir ça. Alors ?
Mist s'était tu et fixait l'herbizarre d'un œil noir, aussi immobile que le reste de l'équipe.
-Tel dresseur, tel pokémon. Moi qui te croyais contre la violence…
-Ne fais pas semblant de ne pas avoir aimé combattre avec lui, dans la tour. Tu sais très bien qu'on peut voir ce qu'il se passe dehors même lorsque l'on est dans nos sphères !
-Tu as donc bien vu que cette ordure a refusé de me soigner lorsque j'en avais besoin !
-Mais tu t'en est sorti, c'est tout ce qui compte ! Il sait où sont nos limites ! Si il ne t'a pas soigné, c'est qu'il savait que tu pouvais terminer ce fantominus sans son aide !
-Parce qu'il y a une différence ?
-Bien sûr qu'il y en a une, dit Trotwood d'un ton laconique. J'ignore si ça fonctionne vraiment, mais il pense que plus on affronte des situations dangereuses, plus on progresse.
Au-delà du fait que le papilusion aie prit la parole, ce fut l'explication donnée le plus naturellement du monde qui déconcerta l'assemblée. Tout le monde ne l'avait pas comprise, mais elle eut l'avantage de détourner l'attention vers autre chose que la violence.
-C'est peut-être pas faux quand on y pense, dit Flavio, mais quand est-ce que tu l'as deviné ?
-Beaucoup d'autres maîtres soignent leurs pokémons immédiatement après avoir vu qu'ils souffraient. Le Maître, lui, pense qu'avoir mal nous endurcit. C'est pour ça qu'il attends que la situation devienne vraiment critique.
-Ça veut dire que tu es d'accord avec lui ? Que tu es prêt à souffrir le martyre comme un brave petit esclave ?
-Pas du tout, soupira Trotwood. Je ne fais que t'expliquer ce qu'il pense, libre à toi de me croire ou non…
Trotwood s'envola paresseusement vers le toit du monastère, ignorant les harangues du goupix. Ce dernier tourna alors son ressentiment vers les autres.
-Vous savez comment cette ordure vous traite et vous ne bronchez même pas ?! Il pourrait vous abandonner aux portes de la mort comme il l'a fait avec ce sabelette ! C'est comme ça que vous voulez finir ?
-Quel sabelette ? demanda Imhotep, jusque-là silencieux.
-Celui qui est venu remettre cet humain à sa place. Ne nie pas, dit-il alors que Billy ouvrait la bouche, je ne suis pas sourd au point de ne pas pouvoir entendre vos messes basses.
-Le Maître a vraiment fait ça ? demanda Dolce.
-Ça et bien plus encore. J'aurais adoré voir cette ordure en face du fantôme du léviator qu'il a sacrifié en t'utilisant, Imho…
C'en était trop. Ivres de rage, Billy et Flavio s'étaient jetés comme un seul pokémon sur Mist, multipliant coups de becs, de serres et de lianes sans que le sablaireau ou l'aquali ne puissent les raisonner. Les hurlements arrivèrent jusqu'aux oreilles de deux prêtres qui, aidés de leurs pokémons, parvinrent à séparer les belligérants.
-Vous êtes des cinglés ! Tous des cinglés ! hurlait Mist.
-Emmène celui-là à l'intérieur, dit l'un des hommes en montrant le goupix. Les autres restent ici.
-On ferait mieux de les enfermer dans leurs pokéballs, même pour quelques heures. Ces trois-là sont presque hors de contrôle.
-Monsieur Fuji pense que ce ne serait pas bon. Tu sais à quel point ça le rend triste de voir des pokémons enfermés…
Avec un dernier regard pour le groupe, ils partirent vers l'intérieur du monastère, un Mist mal en point et tremblant autant de rage que de peur dans leurs bras. Imhotep s'avança timidement vers Billy.
-Dis, Billy...C'est vrai ce qu'il a dit, Mist ? Que le maître…
Il ne put terminer sa phrase, trop intimidé par le regard que lui lançait le pacifiste couvert de sueur. Ce n'était pas de la colère qui animait ses yeux mais une expression vide. Il semblait ne pas reconnaître le sablaireau, ou bien voir quelqu'un a sa place. Dolce se rapprocha également, ses pattes de velours faisant à peine bruisser l'herbe.
-Flavio…
L'oiseau détourna le regard, incapable de révéler la vérité aux deux pokémons les plus candides et innocents de l'équipe.
-Le Maître a accepté de me recueillir alors que j'étais mal en point et il m'a gardé. Je sais qu'il est capable du meilleur comme du pire mais j'ai décidé d'honorer la dette que j'ai envers lui. C'est tout.
Et il s'envola, son corps d'oiseau disparaissant entre les arbres du bosquet au pied des montagnes. Seuls restaient Imhotep, Dolce et Billy. L'adepte des plantes s'était calmé mais semblait toujours aussi vide et inquiet. De longues minutes passèrent sans qu'aucun mot ne fut échangé, puis le plus ancien pokémon de l'équipe soupira.
-Venez. Il y a quelques choses que vous devez savoir.
Alfaro regarda ses trois pokémons partir plus loin dans le parc, en direction du cours d'eau qu'il pouvait apercevoir. Jamais il n'aurait cru que ses pokémons puissent se comporter ainsi, même derrière son dos. En d'autres circonstances, il serait descendu afin de demander des explications mais il se entait trop effondré pour faire quoi que ce soit, sinon regarder la chute jusqu'au bout. Il se reconnaissait tellement en Flavio et Billy lorsqu'ils avaient attaqué Mist qu'il avait détourné les yeux, incapable de chasser de sa tête les images du point de vue du goupix.
Le martyriser était-il nécessaire ? Il n'en savait plus rien. Cela était-il bien ? Non. Il le savait déjà mais cette vérité était inscrite dans sa chair seulement depuis sa confrontation mentale avec l'ossatueur et voir une rixe aussi violente, surtout de la part de Billy, l'avait choqué plus qu'il ne voulait l'admettre. Deux contre un, sans aucun avertissement et tous savaient à quel point les serres de Flavio pouvaient être dangereuses lorsqu'il le voulait. Un véritable tabassage qui ne lui rappelait que trop bien celui qu'il avait commis dans l'ascenseur du repaire de la team Rocket quelques jours seulement. Où bien était-ce il y a des années ? Tellement de choses avaient changées qu'il lui semblait aussi impossible que cela se soit produit si peu de temps auparavant.
Plongé dans ses pensées, Alfaro n'avait pas remarqué la forme posée devant la fenêtre. De discrets tapotements le sortirent de ses songes et il recula, surpris par la vision de Trotwood. Ses grands yeux rouges étaient aussi indéchiffrables que d'ordinaire mais ses antennes baissées en disaient long sur son humeur. Alfaro ouvrit la fenêtre pou la première fois depuis qu'il était ici et sentit les deux points froids sur son corps avec plus d'intensité, lui arrachant une grimace.
-Piii ! Piii…
-Qu'est-ce que tu m'veux ? Tu peux pas aller jouer avec les autres ?
-Piii ! Piii piii !
-Écoute, je comprends rien à ce que tu veux dire alors...hé !
Trotwood était entré comme un bouchon de champagne dans la chambre, obligeant le jeune dresseur à s'écarter. Le papillusion vint alors se poser sur son épaule et frotter sa tête contre la joue du brun.
-Arrête, tu me chatouilles, dit Alfaro avec un sourire.
La tête dure et rugueuse de l'insecte n'en restait pas moins chaleureuse et il n'avait jamais remarqué à quel point ses ailes étaient douces. Un miaouss domestique n'aurait pas cherché autant de caresses.
-Toi aussi t'en a marre s'être là, c'est ça ? demanda-t-il, une pointe de mélancolie dans la voix.
-Piii ! Lusion ! approuva Trotwood.
-Si seulement c'était aussi simple…T'es un pokémon, tu peux pas comprendre...Aïe !
La tête de Trotwood était au moins aussi dure que la sienne pour qu'il lui fasse autant mal avec. Alfaro revint sur son jugement.
-Ça va, j'ai pigé ! Désolé !
Le papillusion se calma et changea de perchoir, préférant la tête de son dresseur à son épaule. Cela rappela au brun un certain oiseau désormais trop grand pour y tenir. Les yeux dans le vide, il continua.
-Les autres aussi en ont marre, hein ?
-Pii…Papi ?
-Repartir ? Je sais pas. Je sais qu'il faut que je fasse quelque chose, mais je sais pas quoi…
Alfaro repartit vers la fenêtre. Pour la première fois depuis l'arrivée du papilusion dans la chambre, il se rendit compte que les deux petits points glacés lui faisaient moins mal. Était-ce grâce à la présence du pokémon ou bien est-ce que Cleopatre commençait à se lasser ? Alfaro n'aurait su le dire. Une chose était cependant certaine, il se sentait un peu plus le courage d'ouvrir la porte et de sortir de cette chambre.
Soudain, un grand bruit se fit entendre à l'extérieur, faisant sursauter Alfaro et chassant Trotwood de sa tête. On aurait dit que quelqu'un était tombé contre la porte. Quelques secondes passèrent, puis ce fut un concert de cris et de tapotements qui se fit entendre. Les yeux d'Alfaro s'embuèrent. Ces imbéciles étaient vraiment trop fidèles.
-Vous êtes vraiment prêts à m'emmerder jusqu'au bout, hein ? demanda-t-il, parfaitement incapable d'accorder le ton de sa voix avec la violence de ses propos.
-Pi !
Après un énorme soupir, Alfaro se dirigea vers la porte et l'ouvrit avant de se retrouver propulsé à terre par la violence de l'assaut combiné d'une partie de son équipe. Billy, Imhotep et Dolce s'étaient jeté sur lui, l'étouffant dans un concert de cris et de supplications incompréhensibles. Alfaro parvenait néanmoins à distinguer plusieurs choses : l'inquiétude qu'ils avaient contenus tout au long de ces derniers jours, l'impatience qu'ils avaient de le revoir et de repartir sur les routes, mais surtout une gigantesque vague de bonté tellement forte qu'elle lui en faisait tourner la tête.
-Bande d'abrutis, dit-il en les prenant dans ses bras, deux larmes coulant sur ses joues sans qu'il ne puisse se retenir.
-Couuuuups !
Les plumes de Flavio, entré par la fenêtre, vinrent à leur tour caresser son visage, et Alfaro réalisa pleinement à quel point son équipe lui avait été fidèle et le suivrait où qu'il aille, quoi qu'il arrive, pour le meilleur comme pour le pire. Quelle raison y avait-il donc à provoquer les moins bonnes choses et les aggraver par caprice et déceptions ? Le comportement qu'avait eu Pizzo après la mort de Cleopatre, et il ne s'en rendait compte que maintenant, n'était que le symptôme de son irrespect envers les pokémons qui, bon gré mal gré, l'accompagnaient dans sa quête. Ses méthodes de dressage avaient certes montrées leurs preuves, elles avaient également des conséquences tenant plus d'une mer se retirant avant le raz-de-marée que de réelles avancées. Pizzo, puis Mist, puis Cleopatre...S'en débarrasser ne servait à rien si ces erreurs le poursuivaient dans son voyage, il était temps de repartir sur de nouvelles bases.
-Ouais, vous avez raison...Désolé.
L'étau dans la poitrine d'Alfaro n'en était pas moins contracté, mais il avait l'instinct que tout pouvait continuer pourvu qu'il se relève et affronte un dernier détail. Il ferma les yeux et, après une longue inspiration, les rouvrit et fixa avec un peu plus de résolution qu'auparavant l'endroit de la tour d'où provenaient ces deux petits points glacés.
-On y retourne.
*°*°*°*°*°
L'étage était exactement comme les autres, maintenant qu'il y venait en-dehors d'une invasion de spectres. La même pierre, le même plafond, les mêmes colonnes, toujours moins nombreuses au fur et à mesure qu'ils montaient. Plusieurs tâches à peine plus sombres que la pierre étaient visibles pour un œil attentif, ou bien un témoin de la scène morbide qui s'était déroulée quelques jours auparavant. En revanche, il semblait toujours aussi surréaliste à Alfaro qu'il ait pu arracher à mains nues une partie de la colonne devant laquelle il passait, possédé ou non.
L'air était aussi frais qu'en bas mais il n'était pas tranquille. Après un instant d'hésitation, il sortit tous ses pokémons, même Mist. Peut-être n'était-il pas le seul à vouloir en finir avec cette histoire. Avec une pointe de regret, il songea au cadavre de léviator mort par sa faute. De toutes les créatures qu'il possédait, c'était sans doute celui qui aurait le plus voulu revoir Cleopatre.
Un violet frisson s'empara de lui lorsqu'il posa le pied sur la première marche de l'escalier, suivi d'un froid à le paralyser. Les yeux du sabelette étaient devenus deux phares le gelant sur place. Alfaro sentit alors Billy lui tapoter l'épaule grâce à l'une de ses lianes.
-Zar ! dit-il d'un ton déterminé.
-C'est pas vraiment une visite de courtoisie, tu sais ? Je pourrais m'estimer heureux rien qu'en sortant de cet endroit conscient.
L'herbizarre se voulait rassurant, mais faire changer le natif de Safrania aussi facilement aurait tenu du miracle, aussi n'insista-t-il pas et prit l'initiative de grimper lui-même jusqu'au sommet.
-Eh, attends !
Son dresseur ainsi que le reste de l'équipe l'avait suivi et, avant qu'il ne s'en soit rendu compte, Alfaro se trouvait dans le dernier étage de la Tour Pokémon. Nulle colonne pour soutenir le toit brusquement réduit, aucun creux au mur, mais un sol tapissé d'urnes ancrées à même le sol dans une régularité presque morbide compte tenu de l'usage fait du bâtiment. Seul un couloir menant à un autel permettait de traverser la pièce, haie d'honneur formée par les cendres des morts. Tout au bout se tenait monsieur Fuji, les yeux posés sur une plaque en cuivre représentant trois pokémons oiseaux qu'Alfaro n'avait jamais vu.
-Enfin, te voilà. Ton sabelette s'impatientait. J'ai tenté de discuter avec lui, mais il ne m'a pas donné beaucoup de réponses. Son acharnement à vouloir ton retour est immense, tu as là un pokémon bien fidèle.
-Fidèle au point de vouloir me tuer ? demanda Alfaro.
Le vieux prêtre se tourna vers le jeune dresseur et lui sourit. Même dans la gravité du moment, son visage semblait luire doucement.
-Non, pas te tuer. Parfois, les émotions nous amènent à faire des horreurs dont nous ne soupçonnons même pas la portée. Et que sont donc les spectres, sinon des émotions trop fortes pour trouver le repos ? De même que nous autres vivants, lorsque notre esprit est trop accaparé pour dormir la nuit. Comprends-tu cela, jeune dresseur ?
-Plus ou moins…
-Plus que moins, à mon avis. Tes pokémons semblent te porter une confiance sans borne, dit-il en les regardant. Mais je devine qu'elle est due à tes compétences de combat et non à l'amour que tu leur portes.
-Vous avez été dresseur ? lui demanda brusquement Alfaro.
-En effet. Mais ma jeunesse est loin derrière moi et mes compagnons se reposent on ne peut plus tranquillement dans un meilleur endroit. Tu n'es cependant pas là pour entendre un vieillard radoter sur son passé, n'est-ce pas ?
Alfaro ne répondit pas. Il avait en effet d'autres préoccupations que la vie d'un autre. Savoir que le vieux Fuji avait été dresseur et était capable de porter un jugement, aussi utopiste soit-il, lui suffisait désormais pour juger de ses propres actes en tant qu'entraîneur. Inutile de creuser plus loin.
-Il semblerait que tu commences à comprendre, cela est bon. Peut-être n'as-tu pas encore tout ce qu'il faut pour réussir, mais je suis convaincu que tu ne serais pas venu ici si tu n'avais pas la volonté de devenir meilleur. Va, maintenant. Ton sabelette t'attend.
Irie Fuji traversa la pièce sans ajouter quoi que ce soit et disparut dans l'escalier. Ce ne fut que lorsque le bout de sa coiffe fut invisible aux yeux d'Alfaro qu'il se rendit compte qu'il tremblait légèrement, sans pouvoir se retenir. Il se retourna de nouveau vers l'autel et réprima à grand peine un sursaut. Cleopatre était apparue devant sans un bruit, son corps toujours à vif et ses yeux noirs tournés vers son dresseur.
-Vous êtes revenue ! dit-elle joyeusement. Je savais que vous reviendriez me chercher ! Alors, on part quand ?
Alfaro ne put rien dire, effaré tant par l'apparence du sabelette que par son aveuglement. Il semblait être redevenu totalement inoffensif et agissait comme si rien ne s'était passé, comme si il ne l'avait jamais torturé mentalement de par son harcèlement et ses violentes suppliques impossibles à réaliser. Un éclair de violence traversa le brun mais il le réprima. Ce n'était plus la solution.
-Écoute-moi Cleo, tu…
Les mots moururent dans sa bouche avant même d'en sortir. Révéler de nouveau la vérité aussi brusquement ne ferait qu'attirer les foudres du sabelette et il ne voyait pas comment lui dire sans la blesser davantage. En désespoir de cause, il se tourna vers ses autres pokémon mais ses derniers le fixaient sans avoir l'air de comprendre la situation.
-Ils ne peuvent pas me voir, confirma Cleopatre. En fait, c'est plutôt moi qui ne veut pas me montrer. Je ne veux pas leur faire peur.
-Peur ? demanda Alfaro. Tu ne veux pas leur faire peur et...Qu'est-ce qui te fait croire que tu leur fais peur ?
Alfaro aurait voulu dire «et moi, ça ne te pose aucun problème ? » mais s'était retenu à temps. Ses jambes commençaient à ne plus le soutenir et il n'avait qu'une seule envie : fuir le plus loin possible du monstre qu'il avait en face de lui. Une infime partie de lui-même restait convaincue que cela ne servirait à rien, qu'il ne pourrait jamais y échapper tant que l'esprit de son sabelette ne serait pas en paix. Encore fallait-il lui apporter.
-Je sais que je n'ai pas été soigné. Ça m'a fait très mal la première fois et ça continue de faire mal depuis que je me suis réveillé et que vous êtes parti. Mes écailles sont tombées, mes griffes sont bizarres, mais je sais que ça ira mieux lorsque vous m'aurez soigné.
Le cercle vicieux était de nouveau bouclé. Le sabelette s'obstinait à vouloir être soigné et refusait de voir sa mort en face tandis qu'Alfaro s'évertuait à tenter de trouver une solution au problème se présentant à lui. Toute la rationalité du monde ne faisait pas le poids face au spectre.
Les paroles du vieux Fuji lui revinrent alors en mémoire. « Tes pokémons semblent te porter une confiance sans borne. Mais je devine qu'elle est due à tes compétences de combat et non à l'amour que tu leur portes ». Était-ce là le moyen de franchir l'impasse devant laquelle il se trouvait ? Ne plus chercher froidement les solutions mais se laisser guider par ses sentiments alors même qu'il ignorait où ils le mèneraient ? Si il ne restait que cela…
Alfaro s'assit sur le sol, à la fois pour tenter de maîtriser ses tremblements et pour se mettre à la hauteur du sabelette. Incapable de voir en lui-même autre chose que de la peur et du dégoût, il avança sa main comme il le faisait avec les miaouss de Safrania. Cleopatre s'avança, faisant bondir un peu plus fort le cœur du brun à chacun de ses pas, mais le dresseur resta le plus stoïque possible. Le pokémon sol avança à son tour une patte tordue et, dans un instant de pure folie, Alfaro la saisit aussi doucement que sa panique le lui permettait.
Il s'attendait à une chair moite et froide, comme la dernière fois, mais la patte de Cleopatre était aussi chaude et sèche que de son vivant. Alfaro en fut surpris. Le sabelette était toujours en état de décrépitude, mais le toucher était comme toucher n'importe quel sabelette. Son sabelette. Cleopatre.
Un flot de souvenirs l'envahit alors. La surprise de se faire capturer, la joie d'avoir des compagnons de route et de découvrir de nouvelles choses, le goût des croquettes pour pokémon, la volonté de tout faire pour satisfaire celui qui lui avait permis de voyager aussi loin, la confiance qu'il portait en son maître, même aux portes de la mort, l'inquiétude, l'incompréhension, puis la panique qui s'était emparée de lui lors de leurs retrouvailles dans la tour, l'impatience avec laquelle il guettait son retour. Alfaro devinait qu'il manquait quelque chose et, uniquement guidé par son instinct, il sortit une pokéball vierge qu'il activa et rapprocha du sabelette. L'esprit ne pouvait être perçu par la pokéball, peut-être même ne pouvait-il être touché avec, aussi l'actionna-t-il dans le vide.
-C'est tout ce que je peux faire. Désolé.
-Ce n'est pas grave, Maître. J'avais juste peur que ce soit réellement le cas.
Le corps du sabelette commença alors à se dissoudre en de multiples orbes de lumières s'évaporant dans l'espace. Pieux mensonge ou acceptation, au moins semblait-il prêt à quitter définitivement le monde des vivants.
Cleopatre lâcha alors son dresseur et recula, un sourire empli de tristesse pointant sous ses yeux noirs. Ce n'était désormais plus une boule de chair aux griffes retournées mais un sabelette en pleine forme, les écailles radieuses et les yeux pétillant de vie. Toute l'équipe poussa alors un cri de stupéfaction. Dolce se réfugia derrière le dos d'Alfaro, intimidée par la brusque apparition, tandis que Billy, Flavio et Trotwood se précipitaient vers leur ancien compagnon, leurs cris résonnant dans le dernier étage de la tour. Mist et Imhotep étaient resté à leur place, les yeux ouverts comme des soucoupes. Il était normal que les quatre plus anciens membres de l'équipe aient tant à se dire, surtout maintenant que le temps du sabelette était compté, aussi Alfaro les laissa-t-il faire sans chercher à comprendre ce qu'ils se disaient. Il ne repris la parole qu'une fois les esprits calmés et les discussions terminées.
-Désolé de t'avoir abandonné. Si j'avais su, j'aurais au moins essayé de te sauver.
-Pourquoi dites-vous ça, Maître ? Vous ne m'avez pas abandonné. Vous êtes là. Tout le monde est là.
La simplicité et la naïveté du sabelette firent sourire Alfaro. Il ignorait si le pokémon comprenait la situation, mais il savait que, quelque part, il les accompagnerait bel et bien dans leurs souvenirs et, peut-être, dans leurs cœurs. Fichu sentimentalisme.
La silhouette du sabelette devint de plus en plus lumineuse, trouvant des reflets dans les yeux embués d'Alfaro, et le pokémon perdit de son opacité jusqu'à complètement disparaître derrière les boules de lumière. Ces dernières devinrent alors moins nombreuses, moins lumineuse, jusqu'à ne rien laisser derrière elle. Cleopatre était partie.
Alfaro se leva avec une légèreté déconcertante par rapport à ce qu'il venait de traverser. Il lui semblait regagner la terme ferme après avoir nagé un long moment. Un regard sur son équipe lui fit savoir que tous avaient compris que Cleopatre ne reviendrait pas. De plus amples explications seraient sans doute à fournir pour ceux qui ne l'avaient pas connu, mais il sembla au natif de Safrania que ce n'était pas le bon lieu pour cela.
Le visage grave, ils repartirent sans un mot et traversèrent le couloir. Alfaro s'arrêta au milieu et scruta la pièce à la recherche de quelque chose. Avec de multiples précautions, il enjamba soigneusement quelques urnes funéraires et, après en avoir trouvé une vide, y plaça la pokéball vide qu'il tenait toujours en main avant de la refermer.
Le dernier voyage jusqu'au temple se fit sereinement jusqu'à ce qu'Alfaro ne revienne dans la chambre où il était resté trop longtemps. Tout ceci lui semblait suffisamment lointain pour qu'il soit surpris d'à quel point la pièce lui paraissait petite mais également un peu trop récent, aussi se contenta-t-il d'empoigner son sac avant de vite fermer la porte. La sortie du temple était en vue lorsqu'une voix familière ne vienne le sortir de ses pensées.
-Je constate que tu es plus en paix, jeune dresseur. Ton compagnon est donc parti comme cela aurait dû être.
Alfaro se retourna et vit monsieur Fuji s'approcher vers lui. Il lui sembla tout à coup que quitter les lieux sans mot dire serait d'une impolitesse trop grande.
-Oui. Encore merci de m'avoir accueilli ici, même si je n'avais rien à y faire.
-On a tous quelque chose à faire en tout endroit. Le plus important est de savoir quoi et de respecter tout être vivant, qu'ils soient, fussent ou seront.
-Même les pires ? demanda Alfaro, sceptique.
-De même que ce qui est bon peut s'égarer, ceux qui ont perdu leur chemin trouvent toujours une lumière pour les guider. Peut-être ces lumières ne sont-elles pas toutes les mêmes, mais elles existent.
-Vous parlez un peu trop par énigmes, monsieur.
-Il est parfois bon d'expliquer, mais deviner juste a bien plus d'impact qu'une réponse toute faite. Le tout est de ne pas oublier. J'espère donc que ce petit cadeau t'y aidera.
Irie Fuji plongea la main dans l'ample poche de sa tunique et en ressortit une flûte en bois qu'il tendit au brun. Ce dernier la prit et l'examina, suspicieux.
-J'ignorais que vous aviez une boutique de souvenir.
-Cette flûte a été taillée dans un bois assez précieux. C'est un vieux secret de fabrication que l'on se transmet de génération en génération au temple. Elle possède des propriétés assez particulières, comme apaiser les esprits ou bien les éveiller. Tout dépend de l'utilisation que l'on en fait.
-Oh, euh...Merci, dit Alfaro, gêné par un tel cadeau.
-Inutile de me remercier, jeune dresseur, et reprends plutôt la route. Tes compagnons en meurent d'envie.
Obéissant au vieux prêtre, Alfaro s'inclina brièvement dans une courbette de politesse, empoigna son sac qu'il ajusta sur son dos en un mouvement de poignée et franchit la grande porte du temple. Le soleil brillait avec un éclat nouveau dans le ciel bleu, réchauffant agréablement sa peau, et il oublia tout l'espace d'un instant pour se concentrer sur l'horizon devant lui. Où que soit son père, il pouvait bien attendre un peu avant qu'Alfaro ne le retrouve, le temps qu'il n'aie plus à sacrifier un seul de ses compagnons.
Surprise, je ne suis pas mort ! J'ai simplement fait un détour de plusieurs textes et un semestre de DUT, de quoi éclipser ce nuzlocke pendant un an. J'ignore quand le prochain paraîtra, mais Traces revient au centre de mes préoccupations littéraires.
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| | | Iloufilm
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