Ce texte est une édition revue et corrigée d'un article que j'ai posté le 17 juin 2016 sur Pokémon Power où j'étais alors rédacteur.
Initialement je voulais poster ce soir un article sur les animations 3D dans Pokémon, en vous proposant une rétrospective de Pokémon Stadium à Epée/Bouclier. Mais finalement, il est sans doute plus pertinent d'attendre d'en savoir plus sur le prochain opus de la série avant de commenter les animations, d'autant plus que le dernier article que j'ai posté (#BringbacknationalDex) concernait déjà indirectement ce sujet. Peut-être pour une prochaine fois.
L'article que je vous propose donc là concerne une référence bibliographique que j'avais l'habitude d'utiliser. Sans vouloir me jeter des fleurs, je suis plutôt fier de cet article et c'est pour cette raison que je me permet de vous le proposer si jamais vous ne l'avez jamais lu (et c'est fort probable).
Je vous demanderais de faire attention à l’astérisque (*) bleu car je donne une information dans l'article qui est aujourd'hui obsolète. Je vous retrouve dans les notes de bas de page.
En espérant que vous apprécierez cet article. Je vous souhaite une excellente lecture. **************
Note : Bien évidemment, le contenu qui suit n’est pas sponsorisé. En revanche, compte tenu du manque d’ouvrage sérieux sur Pokémon, il me paraît important de promouvoir (tout en restant critique) un des seuls existants. Il faut encourager ce genre d’initiative pour le bien du média et de la série, les deux encore trop méprisés aujourd’hui.
Par ailleurs, étant donné que certaines personnes commentent des livres sans jamais avoir ouvert une seule page, je tiens à rappeler que je possède l’ouvrage et que je l’utilise fréquemment pour l’écriture de mes articles (comme en témoigne les bibliographies). Cela dit, je ne l’ai pas lu entièrement, mais j’estime en avoir lu assez pour donner une appréciation générale.
Enfin, je me base sur l’édition standard Pikachu (qui coûte une vingtaine d’euros) et pas la version First Prints (avec les starters 1G en première de couverture) qui contient une litographie.
IntroductionL’ouvrage, publié chez Third Edition, est écrit par Alvin Haddadène et Loup Lassinat-Foubert. Pour aller vite : deux journalistes spécialistes du monde vidéoludique de par les postes qu’ils ont occupés (Gamekult, Tom’s game, jeuxvideo.fr, journal du gamer et cetera…). Par extension, ils revendiquent tout deux êtres des grands fans de Pokémon (ce dont je ne doute pas).
Si la date de publication du livre concorde avec le vingtième anniversaire de la série (le livre est sorti en début d’année 2016), il s’avère que c’est un ouvrage qui a nécessité plusieurs années de travail. En témoigne les 300 pages, écrites en petits caractères, segmentées en huit chapitres.
Le contenu
L’ouvrage a pour ambition de dresser un
historique complet du succès de la série Pokémon, de la jeunesse de Satoshi Tajiri (le livre retrace les étapes de sa vie) à l’annonce de Pokémon GO. Personnellement, même si je m’intéresse à la licence depuis ses débuts, je découvre encore beaucoup de choses dans ce livre très bien renseigné. Il est complet (dans la mesure du possible du moins) que ce soit pour les jeux principaux, mais plus étonnant encore, pour les spin-offs (ils n’ont d’ailleurs rien oubliés, que ce soit les Donjon Mystères, les Puzzles Games, le Hey you Pikachu qui bénéficie quand même d’une page et demie… Même les mini-jeux de Stadium ont droit à une demi-page).
Attention toutefois, l’ouvrage parle essentiellement des jeux vidéo. Évidemment, les autres médias sont évoqués, que ce soit les mangas, l’animé, ou le jeu de cartes. Ce serait d’ailleurs
une très grosse erreur de prétendre dresser l’historique de la série Pokémon sans parler du fait que ce phénomène dépasse très largement son média d’origine. En revanche, ne vous attendez pas à une analyse complète de chaque saison de l’animé ou des mangas. De toute manière, ça aurait été peut-être trop indigeste, vu que malgré leurs qualités incontestables, ça reste des produits dérivés. Le cœur principal du livre, ce sont bien les jeux vidéos. Il y a parfois quelques anecdotes (l’affaire Porygon a droit à une page) mais pas d’analyse très détaillée (en ce qui concerne les produits dérivés je rappelle ; pour les jeux c’est une autre histoire).
Toutefois, parmi ces anecdotes, certaines sont vraiment croustillantes. Saviez-vous que l’animé Pokémon devait ne durer que quelques saisons, étant donné que les séries adaptées de jeux vidéo reçoivent souvent un accueil mitigé ? Que la saison de la ligue orange (Saison 2) n’était pas prévue à la base mais les reports de la date de sortie de Pokémon Or et Argent ont forcés les scénaristes à inventer une saison de toute pièce ? Que Satoshi Tajiri lui-même a déclaré à propos du manga Pokémon : la grande aventure (titre français) « C’est la bande dessiné qui ressemble le plus au monde que j’ai voulu concevoir. » ?
C’est presque surprenant d’avoir un contenu aussi complet compte tenu de
la faiblesse de la bibliographie : 11 sites internet (dont Pokébip, Trash, Eternia, Serebii, Poképedia et quelques autres que vous connaissez certainement…), un magazine du TIME « The Ultimate Game Freak » datant de 2009, et seulement trois livres (
La grande aventure de Pikachu : grandeur et décadence du phénomène Pokémon,
Pokémon story,
Satoshi Tajiri – A man who created Pokémon). C’est bien plus que la quasi-totalité des articles que vous trouverez sur Internet, mais ça reste peu pour un livre de 300 pages. Ils se sont plutôt bien débrouillés avec le peu de moyens qu’ils avaient à leur disposition.
Car oui, j’imagine que cette pauvre bibliographie s’explique par le manque de moyens, non pas financiers, mais littéraires. Globalement,
les écrits qui concernent le média vidéoludique sont écrits via Internet, par Internet, pour Internet. En bien comme en mal d’ailleurs. Concernant les ouvrages papiers, c’est une autre histoire : si l'on exclut tous les ouvrages de Nintendo (qui sont des produits dérivés), les livres « sérieux » se comptent sur les doigts d’une main. Même constat pour les travaux universitaires (je me suis d’ailleurs permis une recherche sur Thèses.fr avec le mot-clé « Pokémon » mais, comme on peut s’en douter, aucun sujet concerne spécifiquement la série
*). Enfin, quand les articles des journaux ne sont pas mal renseignés, ils restent toutefois trop généralistes pour être cités comme source.
Enfin, j’émettrais un petit bémol sur le livre :
l’absence d’image ou de photo. Non pas que je sois du genre à tourner les pages en ne regardant que les images, mais c’est un peu dommage de se dispenser de support visuel quand on évoque des jeux vidéo. Évidemment, personnellement ça ne me dérange pas dans la mesure où je sais à quoi ressemble tous les jeux évoqués, ou presque, mais quelqu’un qui ne connait pas forcément tous les jeux risque de ne pas pouvoir se représenter véritablement l’opus mentionné. C’est un peu dommage, surtout pour un livre qui n’est pas au format poche et qui coûte une vingtaine d’euros. Non pas que le prix soit injustifié, mais ça aurait pu être meilleur.
Avant de conclure, sachez que je ne peux pas synthétiser un livre de 300 pages en quelques lignes. Je vous présente donc la liste des chapitres, afin que vous sachiez ce que vous achetez si jamais vous êtes intéressés :
Chapitre I : Pokémon : les origines d’un succès
Chapitre II : Un succès au-delà de toutes les espérances
Chapitre III : Pokémon à la conquête du monde
Chapitre IV : Faire durer la Pokémania
Chapitre V : Les mécaniques de jeu
Chapitre VI : L’univers de la série canonique
Chapitre VII : Les spin-off et les apparitions cross-médias
Chapitre VIII : L’univers transmédiaConclusionJ’ai longuement hésité avant d’acheter ce livre (mes fréquentations me reproche de faire une « étude de marché » pour tout achat dépassant les 10 euros, c’est pour vous dire…). Aujourd’hui, je ne regrette pas. Et je vous le recommande évidemment si vous êtes intéressé par l’évolution de la série notamment. Il est plutôt accessible (y compris pour les non-fans de la série), tout en restant complet et détaillé. En revanche, le livre ne vous intéressera pas si vous n’êtes pas intéressé par la série en tant que média. Ça tombe sous le sens.
Même si ce livre a été écrit par deux journalistes, c’est un livre d’histoire qui, je pense, a de grandes chances de devenir une référence pour quiconque voudrait se pencher sur le sujet. Seul l’avenir nous le dira. Aujourd’hui nous avons le récit historique, mais j’attends toujours une analyse sociologique du succès. Pourquoi Pokémon a autant fonctionné ? Clairement,
Generations Pokémon – 20 d’évolutions ne répond pas à cette question.
Il pose un constat, et c'est déjà bien.* Depuis la parution de cet article en 2016, Quentin Gervasoni a commencé en septembre 2018 une thèse sous la direction de Pascale Garnier (sociologue) intitulé "Les mécanismes affectifs de la captation des publics sur internet : production, diffusion et appropriation culturelle de Pokémon". La thèse "propose une étude approfondie de l’évolution de la franchise japonaise Pokémon et de ses modalités de réception en France. Le projet s’appuie sur une grande connaissance non seulement de l’univers des joueurs, mais aussi des travaux de recherches sur les jeux vidéo et les usages d’internet, ainsi que de la pratique du travail d’enquête sur internet et hors ligne. Sur la base de deux mémoires de recherche dédiés à cet univers culturel, le projet de thèse présente une perspective profondément innovante en s’attachant, dans une perspective générationnelle, à la dimension affective d’une « captation » des publics dans les industries culturelles. Sa dimension internationale est également avérée, vu le caractère mondialisé de la diffusion de cette licence." Source : https://www.theses.fr/s208238