Les arbres se dressaient tout autour de lui. Hauts. Robustes. Masquant la lumière du soleil, ils donnaient un aspect lugubre à la Forêt de Lumirinth, malgré diverses touches de lumière. Des rayons qui perçaient les feuillages denses, des champignons qui diffusaient des lumières chaudes, le Lichen Lumineux qui éclairait son chemin, et pourtant il se sentait mal à l'aise.
Il avançait à l'aveuglette dans le dédale sauvage, fatigué, perdu. Le sol boueux alourdissait ses pas, créant des « splotch » et des « flotch ». A plusieurs reprises, il manqua de glisser. Il observa les alentours. Les buissons se froissaient. Des ombres se déplaçaient dans les broussailles. Des murmures grandirent ; des voix soufflées, presque venteuses.
– Demi-tour ! Fais demi-tour !
– On ne veut pas de toi ici !
– Demi-tour !
– Va-t-en !
– Sors de chez nous !
Une boule se forma dans son ventre. Il se tourna, se retourna, chercha tout autour de lui mais ne vit rien d'autre que la forêt, paisible. Les murmures se changeaient en rire. Bientôt la forêt elle-même se mit à tourner, tandis que son souffle s'accélérait. Et puis des yeux.
Deux yeux rouges apparurent devant lui, dans les taillis. Ils brillaient, l'épiant, le scrutant. Ils se multiplièrent dans chaque recoin sombre, détalant dans un bruissement lorsqu'ils croisaient son regard pour réapparaître dès qu'il tournait la tête.
Au milieu des fourrées, une silhouette se dressa. Il reconnut Travis, ce dresseur arrogant, qui le toisait de son air condescendant.
– Tu ne vaux rien, lui dit-il. Pas étonnant que les Pokémon de cette forêt te rejettent. Tu n'es qu'un pauvre misérable. Va-t-en. Va-t-en d'ici !
Travis rit. Son corps s'effaça, mais son rire continuait de résonner, de plus en plus fort. Il se recroquevilla, les mains sur ses oreilles, mais l'écho ne s'arrêtait pas. Il voulait que ça cesse. Il voulait être tranquille. Il voulait...
Le silence. Il releva timidement la tête. Il n'y avait plus un bruit. La forêt avait retrouvé son calme. Curieux, il se releva, mais ne vit aucune silhouette malveillante. Il reprit doucement sa marche au hasard des racines qui se serraient ou se desserraient. Les fourrées ne s'agitaient plus. Les voix ne se moquaient plus. Il suivit le Lichen jusqu'à une toute petite clairière, peuplée de fougères et de mousse. Au fond une éclaboussure blanche et colorée se démarquait du bois sinistre.
Le pelage blanc, plus encore que la crinière aux reflets mauves et turquoise, ressortait. Le Pokémon, mirifique, semblait enchanter cette clairière. Les arbres s'étaient écartés pour lui, les fleurs étincelaient en son honneur, la forêt chantait. Le Ponyta se tourna vers lui, faisant rebondir son épaisse mais légère chevelure. Ses sabots claquaient sur le sol malgré la terre. Et ses grands yeux doux l'observaient avec tendresse. Le Pokémon l'invitait à venir à lui.
Le pouvait-il vraiment ? Il n'osait pas. Et pourtant, il en rêvait. Et pourtant... Les murmures avaient cessé. La forêt ne paraissait plus aussi intimidante. Il fit un pas. Le Ponyta immaculé ne bougeait pas. Un deuxième pas. Les hautes herbes lui chatouillèrent les paumes de ses mains, il retint un sursaut. Le Ponyta, nullement effrayé, attendait avec bienveillance. Alors il fit trois pas.
Il tendit la main, mal assurée, vers son museau. Le Pokémon baissa légèrement la tête, se retrouvant juste à la bonne hauteur. Il sourit. Il était fou de joie ! Il pouvait, lui, caresser ce Pokémon si majestueux, si bon à son égard...
– Tu ne vaux rien.
Le Ponyta se mit à ruer. Il poussa un hennissement horrible, découvrant ses dents tandis que ses sabots frappaient l'air. Puis ils fouettèrent le sol, le Pokémon tournait autour de lui, paniqué, ou plutôt furieux. Sa corne arrêta de diffuser sa lumière chatoyante, et tout sombra à nouveau dans la nuit la plus sombre. Il se mit à galoper tout droit sur lui, alors qu'un autre hennissement retentit au loin. Terrifié, il tomba à la renverse.
Il ouvrit les yeux, le souffle coupé. Il se releva dans son lit, en sueur, tremblant. Cet affreux cauchemar, il était encore revenu. Il se tourna lentement vers le miroir au mur qui lui renvoya son image : un bon à rien délaissé. Il détestait ses bouclettes blondes et son teint, plus pâle encore que d'habitude à cause de l'effroi. Il détestait ses manies de peureux pleurnichard qui lui valaient de passer des nuits sans répit. Il détestait se réveiller seul avec ce sentiment d'abandon.
Il inspira. Une fois, deux fois. Il empêcha ses larmes de couler, s'efforça d'arrêter de trembler. Il devait changer. Il repoussa son drap. Il devait être à la hauteur de la confiance qu'on lui avait accordé. Il se leva jusqu'à la commode en bois blanc et empoigna la pokéball qui contenait le Pachyradjah du Président. Travis devait détruire cette fresque. C'était sa mission.
- Checklist:
- Citation :
- ils donnaient un aspect lugubre à la Forêt de Lumirinth
Un lieu envoûtant, cette forêt sombre avec sa multitude de tâches de lumière colorées. J'avais envie que ça s'y passe effectivement, c'était inspirant.
- Citation :
- le Lichen Lumineux qui éclairait son chemin
C'est l'élément qui m'emballait le moins... La Forêt elle-même évoque les spécificités du Lichen je trouve, et je n'avais pas envie d'être trop redondante sur les éléments à placer.
- Citation :
- – Demi-tour ! Fais demi-tour !
La phrase m'est venue tout de suite en lisant le défi, et elle a instauré l'idée globale de la Forêt avec ces vilaines voix qui ordonnent de s'en aller.
- Citation :
- Ils brillaient, l'épiant, le scrutant.
Mais tout brille dans cette Forêt ! xD La difficulté revenait à ne pas insister sur le verbe "briller", que je me devais de conjuguer...
- Citation :
- Il reconnut Travis
Je n'avais pas spécialement envie d'en faire le personnage principal de ce texte, mais je ne voyais pas de manière intéressante de le mettre sur la touche. Finalement, je l'ai mis sur la touche ET en personnage principal.
- Citation :
- Le Ponyta se tourna vers lui
Il devient l'élément central finalement. Il colle bien dans la Forêt de Lumirinth d'un rêve brumeux je trouve. Je ne précise pas que c'est un Ponyta de Galar parce que je trouve que ça alourdit le phrasé, que c'est étrange de le préciser du point de vue d'un dresseur de Galar, et que c'est dispensable étant donné que je parle de sa crinière.
J'ai toujours une sensation de rédaction pour l'école dans ce texte...
Je me demande si c'est parce qu'il n'y a pas d'action ou de développement de personnage, je suis repartie dans ce côté "mélancolie et effets de manche".
Il y a plein de petits trucs à améliorer sans doute, mais j'ai des nuzlockes à lire et écrire.