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[Jaune] Pokémon Yellow Reborn

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MessageSujet: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyLun 2 Déc 2013 - 2:44

Rappel du premier message :

[Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 Sans_t11

Bonjour/Bonsoir!

Je suis de retour, pour vous jouer un mauvais... non, non, c'est pas ça.

Enfin bref, après l'impitoyable NaNowrimo enfin terminé, malgré la tonne de devoirs à faire et les exams en vue, j'ai décidé de commencer un nouveau roman-nuz(voyez la logique ^^).

Celui ci relate donc la petite aventure de mon nuzlocke sur la version jaune, qui ne durera certainement pas vu mes difficultés avec cette version sweatdrop. cependant, après le scénario tordu de mon Roman du NaNoWriMo, j'ai décidé de faire ici un scénario plutôt simple, avec malgré cela une petite particularité que vous ne tarderez pas à découvrir, non pas dans le prologue, mais à partir du chapitre 1, et un style certainement plus rapide à lire que dans mon précédent roman(j'ai pitié de ceux qui font le communitylocke en même temps et de ceux qui n'aiment pas particulièrement lire Very Happy ).

Pour les règles, je prend mes règles habituelles, avec quelques modifications:
- attraper le premier pokémon de la zone(une fois les pokéball achetées, dans cette version, on ne nous en offre pas, il faut en acheter à la boutique de jadielle)
- règle anti-doublon avec une petite modification: la règle s'applique non pas au pokémon lui-même, mais à sa lignée(si j'ai déjà capturé un roucool, je ne peux pas capturer de roucoups) et est permanente même en cas de mort du pokémon(si le roucool meurt, je n'ai pas le droit de recapturer de roucool ni de roucoups). cela donne vraiment un caractère unique aux pokémon capturés.
- K.O = mort
- Surnoms obligatoires(et pas de remarques sur les surnoms mdr)
- dans la version jaune, on peut obtenir les starters de la 1g, après avoir effectué certaines actions. ces starters ont un statut particulier: j'ai le droit d'en prendre UN SEUL, au choix, sauf si j'ai déjà obtenu un pokémon dans la zone d'obtention du starter(je pense notamment au salamèche route 24: si je décide de prendre salamèche, je ne peux pas attraper de nouveau pokémon dans les herbes de cette route, et vice-versa)


liste des chapitres
chapitre 1
chapitre 2
chapitre 3
chapitre 4
chapitre 5
chapitre 6
chapitre 7
chapitre 8
chapitre 9
chapitre 10
chapitre 11
chapitre 12
chapitre 13
chapitre 14
chapitre 15
chapitre 16
chapitre 17
chapitre 18
chapitre 19
chapitre 20
chapitre 21
chapitre 22
chapitre 23
chapitre 24
chapitre 25
chapitre 26
chapitre 27
chapitre 28
chapitre 29
chapitre 30
chapitre 31
chapitre 32
Chapitre 33
chapitre 34
Chapitre 35
chapitre 36
chapitre 37
chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
chapitre 42
chapitre 43
épilogue
prologue d'une éventuelle suite

Prologue




En ce jour du 17 juin, je suis mort.

Pourtant, cette journée a bien commencé. Je suis allé voir mon cousin Joey qui habite ce petit bourg pourri où rien ne se passe jamais, à l'autre bout de la route 1. Pour moi qui habite Jadielle, une petite ville animée dotée d'une boutique, d'un centre pokémon et d'une arène, aller à Bourg Palette, c'est vraiment rendre visite aux péquenots. En plus, Jadielle, c'est la ville de la Ligue Pokémon, la Ligue, avec un grand L, mon rêve. La ligue, c'est là où se dispute le titre de meilleurs dresseur de la région. Ouais, je dis bien de la région, celle de Kanto en l'occurrence, parce qu'il existe d'autres régions qui ont leur propre ligue à elles. Sauf johto, la région voisine, avec laquelle on se partage notre ligue, celle qui se situe après la Route Victoire, tout au sommet du plateau Indigo. Et quand je dis que la Ligue, c'est mon rêve, c'est vraiment le cas: je m'entraîne en ce but depuis que j'ai reçu Samson, mon roucool, de la part de mon grand père.

Mon grand père, c'est notre parent commun, à Joey et à moi. Et à cet abruti, qui habite la bicoque voisine de celle de mon cousin. Faut dire qu'à Bourg Palette, y'a pas énormément de monde, alors tous les habitants sont plus ou moins voisins. Le gros qui se balade près de la barrière, là-bas, est le cousin par alliance de la tiote qui cueille des fleurs par exemple. Mais Joey, sa soeur, leur crétin de voisin et moi, nous sommes les petits-enfants du vieux qui habite le grand labo de Bourg Palette qui représente la seule attraction de la ville. Y'a des gens qui viennent des quatres coins de la région pour le voir, mon grand père. Il est sacrément important: c'est lui qui a crée le pokédex, cette espèce de game boy parlante répertoriant tout plein d'espèces de pokémon. Bon, il l'a inventé, mais elle est pas au point sa bécane. Enfin, c'est surtout le son qui n'est pas au point, mais pépé ne devrait peut être pas s'amuser à renverser son café au lait avec 4 sucres dessus, parce que l'électronique, ça n'aime pas beaucoup le café, contrairement à mon grand père qui s'en avale des tasses et des tasses à la suite. Comment peut-il encore dormir le soir après avoir ingéré une telle quantité de ce liquide infâme, ça je l'ignore, mais il le fait. Même qu'il ronfle aussi fort qu'un ronflex. Et qu'il dort toujours du même côté. Il doit avoir la tête lourde, parce qu'à force de dormir du même côté, il a toujours des mèches de cheveux pointées vers le ciel. Je trouve que ça l'affiche mal pour une personne d'une telle importance, mais personne ne semble lui en tenir rigueur.

Enfin bref, je suis allé chez mon cousin. Sa soeur était en train de lire un livre sur la région. Cette fille, elle passe ses journées à feuilleter des guides sur la région et à regarder des cartes, mais elle n'a jamais été fichu de mettre un pied hors de ce bled. Elle trouve que c'est trop dangereux. Bah ouais, les hautes herbes, c'est rempli de rattatas qui te bouffent tout cru, c'est bien connu. Mais moi, je m'en fiche, parce que j'ai Samson. Ce qui n'est pas le cas de mon cousin Joey. Étant plus âgé que lui d'un an, j'ai reçu un pokémon avant lui. En effet, la loi interdit aux enfants de moins de 13 ans de posséder leur propre pokémon. Je sais pas qui a décrété cette loi stupide, mais du coup, on attend tous impatiemment de recevoir notre première bêbête. Parce qu'un pokémon, ça représente la liberté, la liberté d'aller où l'on veut quand on veut, pourvu qu'on l'entraine suffisamment pour qu'il nous protège. Ça va, par chez nous, les pokémon ne sont pas très fort, mais il paraît qu'il y a des régions où les pokémon sont redoutables. Même qu'il y en a des évolués. J'aimerais bien que Samson évolue, il perdrait son apparence de moineau chétif à peine sorti du nid. J'aime pas beaucoup les trucs faibles, c'est pour ça que quand pépé m'a proposé un pokémon, j'ai aussitôt demandé un roucool. Parce qu'un roucool, tout en étant classe, c'est pratique: il peut permettre de voler d'une ville à l'autre, à condition de posséder la technique Vol. Et si j'avais Vol, je pourrais directement me rendre au Plateau Indigo et dégommer la ligue en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ouais! J'ai trop hâte que Samson devienne fort.

On a discuté un moment avec mon cousin dans sa chambre, puis on est sorti de sa baraque. J'ai refermé la porte tellement fort qu'un pot de fleur posé sur l'appuie de la fenêtre s'est cassé la figure; le pot a explosé en morceaux sur la terrasse, et l'autre crétin qui était en train de dessiner devant chez lui a fait un bond d'un kilomètre. Joey s'est foutu de lui, moi j'ai fait mine de lui balancer une pierre dans la tronche, alors il a détalé sans demander son reste. C'est un pôv type, ce mec, ni mon cousin ni moi ne l'apprécions. Nat, je crois qu'il s'appelle. Je sais pas si ça vient de Natalien ou de Nathan. De toute façon, on l'appelle toujours par son surnom: le minable, alors pas besoin de retenir son prénom. Il est toujours tout seul dans son coin, est super peureux, s'habille n'importe comment, parle à une vitesse de chenipan et comprend encore moins vite. Comment peut-il être notre cousin et petit fils du plus célèbre cerveau de la région, ça faudrait qu'on m'explique. Et pis son père, c'est un champion pokémon, paraît qu'il a déjà fait un tour du monde et tout, alors cet idiot devrait être bon en pokémon aussi. Bah non, il sait même pas faire la différence entre un chenipan et un aspicot. Difficile à croire que Joey et lui ont le même âge.

Quand l'idiot du village s'est réfugié dans les jupes de sa môman, nous sommes sortis du bled avec mon cousin. On s'est baladé un moment dans les hautes herbes, ce qui n'a pas beaucoup plu à Joey qui les regardait d'un air inquiet.
- Je ne devrais pas être ici, je n'ai pas de pokémon, a t-il dit.
- T'inquiète pas, Samson nous protègera. Il est super fort!
- Super fort? Tu parles, il n'a toujours pas évolué.
Un rattata sauvage a alors croisé notre route. Il nous a regardé avec ses petits yeux méchants, ses grandes queunottes reflétant la lumière du soleil, ses petites pattes bien enfoncées dans le sol, prêt à nous faire la peau.
- Hé, tu veux voir s'il n'est pas fort, Samson? Ai-je lancé à mon cousin.
J'ai lancé la ball; Samson en est sorti et s'est envolé directement vers le ciel, hors d'atteinte du rongeur.
- Samson! Tornade! Ai-je crié.
Samson a battu des ailes très vigoureusement, créant ainsi une mini tornade qui s'est dirigée droit vers le rattata, qui s'est alors retrouvé projeté de plusieures mètres avant de retomber brutalement sur le sol sec, mort.

Rassuré, Joey a paru profiter davantage de la promenade. Samson dégommait tout sur son passage, il était vraiment trop fort. On est arrivé à Jadielle, mais au lieu de rester dans la ville, on a décidé de faire un petit tour du côté de la route 22, la route de la Ligue, parce qu'on y trouve des pokémon intéressants, comme des férosinges que Samson adore envoyer bouler à coup de tornades. On s'est mis à fouiller dans les hautes herbes, mais on n'a trouvé qu'un vulgaire piafabec et un nidoran femelle qui a empoisonné Samson. Je n'avait pas d'antidote. De rage, j'ai pris une pierre et l'ai balancé de toutes mes forces sur cette sale bestiole venimeuse.

- Je peux savoir ce que tu fais? A lancé alors une voix derrière moi.
Ce n'était pas la voix de mon cousin. Je me suis retourné et me suis retrouvé face à face avec un homme de haute taille aux cheveux et aux yeux uniformément noirs, qui me regardait fixement avec un air de mécontentement.
- J'entraîne mon pokémon, ai-je répondu en montrant Samson d'un signe de tête. Mais il est empoisonné.
J'ai alors demandé à mon cousin d'aller me chercher un antidote; il est parti en courant tout en regardant l'homme d'un air inquiet. Celui-ci a repris:
- Et c'est une raison pour frapper un pokémon avec une pierre?
- L'avait qu'à pas empoisonner Samson.
- Ce nidoran n'a fait que se défendre alors que tu l'attaquais.
- Les pokémon sauvages ne sont là que pour qu'on leur casse la gueule, alors que ce soit un pokémon ou un humain qui le leur fait, quelle importance? Ils vont crever de toute manière.
- Tu as vraiment une façon de penser stupide. Les pokémon ne sont pas à ton service. Je crois que je vais te montrer ce qu'est un bon dresseur, afin que ça te fasse une bonne leçon...
- Très bien! Je relève le défi! Mais sachez que Samson est super fort, il va vous refaire votre sale face en moins de deux!

L'homme a sorti une pokéball et l'a lancé; un grand rhinocorne en est sorti. Non, ce n'était pas un rhinocorne, car il marchait sur deux pattes. Un rhinoféros. C'était la première fois que j'en voyais un, car c'est super difficile à entraîner ces bestioles-là . Le dresseur qui était devant moi était loin d'être un rigolo. Mais je n'ai pas perdu courage et ai envoyé Samson, qui était pourtant toujours empoisonné.
- Tu es vraiment idiot, a fait l'homme en riant. Tu es totalement désavantagé, tu n'as aucune chance de gagner, mais tu refuses d'abandonner! Tu es le plus grand idiot que j'ai jamais vu! Cependant, j'accepterais ta stupidité si tu n'étais qu'un gosse ignorant et innocent; or, c'est loin d'être le cas, parce que tu es méchant. Et tu vas payer pour cela. RHINOFEROS!
Le gros monstre de pierre s'est élancé vers Samson. Il était plus rapide qu'il n'en avait l'air. Il a levé une patte antérieure et a frappé mon roucool, qui s'est écrasé lamentablement au sol, les os brisés. Le pokémon était mort, ça aurait pu s'en arrêter là.

Sauf que le rhinoféros n'a pas arrêté son geste; son poing m'a alors touché à l'épaule et une douleur atroce a traversé tout mon corps comme une décharge électrique. Je me suis écroulé en hurlant. L'homme a rappelé son pokémon, puis s'est approché de moi:
- Je n'ai aucune pitié pour les gens méchants ou cruels avec les pokémon. Pas même avec les gamins comme toi. Tu viens de le payer de ta vie. Adieu, jeune imbécile.
Et il est parti.

Et moi, je suis resté par terre, avec l'impression d'avoir tout mon squelette en miettes. Je n'arrivais plus à bouger, même pas un doigt; le monstrueux pokémon avait dû me briser la colonne vertébrale. Le plus étrange était que je ne ressentais plus rien. J'arrivais cependant à apercevoir le corps sans vie de Samson, le cou brisé, les ailes tordues, le bec planté dans le sol. Un nuage blanc a commencé à m'envelopper; je n'entendait plus rien, ne voyais plus rien, ne sentais plus rien.

Et, en ce jour du 17 juin, je suis mort.
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyLun 29 Déc 2014 - 12:02

Noooooon Nat D:
Mon dieu ce stress de fin de chapitre O^O
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMer 31 Déc 2014 - 10:58

Comme pour marquer la fin de cette année, je vous propose ce nouveau chapitre.
On entame d'ailleurs une de mes parties préférées pour écrire les romans sur Kanto : Lavanville et sa tour à fantômes ! Encore une fois, je me suis faite très plaisir en écrivant ces chapitres à caractère stressant et morbides par moment. Alors, je vous préviens : âmes sensibles s'abstenir !!


Chapitre 36




Nat demeure immobile sur le sol carrelé du repaire. Du sang apparaît sous lui.
Je me retourne en direction du coup de feu. C'est un garde rocket, certainement oublié là ou laissé à dessein par ce fourbe de Giovanni. Ça ne m'aurait pas étonné de lui, c'est un serpent-né.
- Et voilà, le rôdeur est mort, je suis sûr que j'aurai une belle récompense pour ma peine ! Bon, plus qu'à descendre le cadavre au chef, et à moi ma prime !
Ok, j'ai rien dit. Il a juste été oublié au final. Mais pas pour longtemps.
Je m'apprête à le punir, mais c'est Hercule qui sort de sa ball : d'un coup de poing il éclate la tête de l'homme ; sa cervelle se répand sur le plancher et sur le mur. Nous sommes tous deux tâchés de sang et de morceaux rosâtres, mais nous nous en moquons : toute notre attention est portée sur notre maître, toujours étendu sur le sol.
- Tu crois qu'il est mort ? demande Hercule.
Je regarde au plus profond de moi-même. Le Lien est toujours là, ténu certes, mais toujours bien présent.
- Non. Mais il ne faudrait pas tarder à l'emmener aux urgence avant qu'il ne soit trop tard.
Le nidoking se penche et ramasse notre maître. Je remarque le trou provoqué par la balle du pistolet au niveau de l'épaule. J'espère qu'elle n'a pas sectionné d'artère, sinon quoi on est vraiment mal.
Nous débouchons du repaire et arrivons dans le casino, que nous traversons. Tout le monde est si absorbé par les machines à sous que nous passons inaperçus. En sortant du bâtiment, je sens le Lien se fragiliser, comme s'il pouvait casser à tout moment.
- Dépêchons-nous ! Je ne peux m'empêcher de hurler.
Nous nous élançons dans la nuit illuminée par les guirlandes et les enseignes lumineuses en direction du centre pokémon.


*


Il a finalement fallu 3 jours pour que Nat se réveille enfin. Il a ouvert un oeil, puis l'autre, avant de constater la présence de tous ses compagnons autour de lui : Marco dans un coin de la pièce, Hercule dans un autre, Lame couché sur la descente de lit et moi-même couché à côté de lui. Seul Miroku manquait à l'appel - sans doute draguait-il encore une des infirmières, comme à son habitude.
- Que s'est-il passé ? a t-il alors demandé d'une voix cassée. Et où suis-je ?
Lavanville, dans le centre pokémon. Et pour la seconde question, regarde donc ton épaule, elle devrait t'éclairer.
Ouais, Lavanville, parce que, évidemment, le centre pokémon de Céladopole était plein, alors on a dû se farcir tout le putain de souterrain puant pour se rendre à cette horrible bourgade de Lavanville. D'ailleurs, ça fait plusieurs nuits que je ne parviens pas à fermer l'oeil, j'ai hâte de partir.
Au final, la blessure de Nat était superficielle, et, bien qu'il ait perdu beaucoup de sang, il ne mettrait pas longtemps à s'en remettre. En tout cas, c 'est ce qu'a dit le médecin qui s'est occupé de lui et j'espère qu'il a raison parce qu'on ne peut pas se permettre de poireauter trop longtemps ici. La proximité de cette tour à fantômes me donne des sueurs froides. Le plus étonnant est qu'aucun de mes compagnons ne semble affecté par ce phénomène. Peut être cela a t-il un rapport avec le fait que je sois un produit de ces fantômes... Ouais, c'est peut être cela. Mais non, sinon Miroku et Marko le sentiraient aussi… mystère.
Une infirmière ne tarde pas à venir s'enquérir de l'état du malade et le trouve plutôt en forme. Pour ma part, je le trouve un peu pâlot. Mais bon, il est vrai qu'il s'est quand même pris une balle dans le bras...
Toutefois, le médecin préfère que Nat reste encore quelques jours. Il me faut donc prendre mon mal en patience.


*


Je deviens fou. Dès que le sommeil m'enveloppe, je vois des morts, des cadavres décharnés et des orbites vides d'yeux se tourner vers moi et me regarder. Quelque fois, comme pour en rajouter à ce tableau morbide, un insecte leur sort des orbites sombres et des restes d'organes pendent à leurs côtes quelques fois brisées. Certains sont plutôt en bon état - mis à part qu'ils sont morts - tandis que d'autres voient leur corps horriblement disloqués et tordus. Ils peuvent être recouverts de peau ou bien n'être plus que des squelettes mouvant. Mais tous sans exception ont une âme. Et tous chuchotent. Et tous ces chuchotement forment une véritable cacophonie qui, lorsqu'elle devient trop forte, me pousse au réveil en hurlant.
Voilà ce que je vois toutes les nuits depuis que je suis dans cette ville. Ces morts semblent vouloir me dire quelque chose, mais je suis incapable de savoir quoi : la peur me terrorise et m'empêche d'entrer en contact avec ces cadavres.
Mais cette nuit-là, la foule de morts laisse place à un seul mort, sous la forme d'une créature bipède portant une massue en forme d'os : un ossatueur.

Ses globes ne sont pas entièrement sombres : au fond du crâne, je vois deux pupilles rouges et lumineuses comme les yeux d'un miaouss éclairé par le faisceau d'une lampe torche en pleine nuit. De ce fait, le mort me paraît horriblement vivant. Mais lorsqu'il bouge, on ne dirait pas que c'est lui-même qui met son corps en mouvement : un marionnettiste semble lui dicter tous ses gestes.
L'ossatueur se rapproche de moi ; je suis incapable de bouger, complètement paralysé ; je ne peux qu'observer que le lent mouvement de son corps décharné et ses yeux qui me fixent sans jamais ciller. Il est si près qu'il pourrait me toucher. C'est ce qu'il fait. Je tente de hurler, de me réveiller, mais rien n'y fait, c'est comme si j'étais prisonnier de ce lieu maudit.
Il me touche. Ma tête me paraît sur le point d'exploser. La douleur est intense. Se déversent en moi son histoire, sa douleur, son chagrin, sa colère, sa haine, tous ces sentiments mélangés dans un seul et même but : la vengeance. Je vois des gardes en noir m'attraper brutalement par la queue ; je tente de me défendre, mais l'homme me frappe méchamment et des lumières dansent un instant devant mes yeux ; assommé, je tombe au sol tandis qu'un deuxième homme semble voir quelque chose derrière moi ; ses yeux luisent ; Je me relève tant bien que mal et lui fait face, prêt à en découdre ; je lève bien haut ma massue au-dessus de ma tête ; je veux le tuer, non, les tuer, tous les deux, ces sales humains ; mais les hommes rient ; l'un m'attaque à droite, l'autre à gauche ; si je frappe le premier, le second parvient à me bousculer ; je tombe de nouveau au sol ; là-dessus, mes agresseurs se mettent à me frapper sauvagement comme des bêtes féroces. Qui sont-ils ? Ça, des humains ? Je ne peux pas le croire : même des pokémon n'agissent pas ainsi, ne tuent pas ainsi pour le plaisir de faire le mal. Mais ils continuent, me frappent sans relâche. Je sens mes côtes se briser sous la puissance de leurs coups, l'un de mes poumon crever, mes pattes se casser. L'un des coups m'éborgne. Il y a tant de sang que mon autre œil se retrouve bientôt collé par le liquide sombre et chaud. Mes dents s'arrachent, une à une. Je crois que quelques unes se sont retrouvées dans ma gorge, parce que je les sens qui descendent le long de mon œsophage en me blessant. Mais ce n'est pas tout. Lorsqu'ils arrêtent de me frapper, ils se mettent à rire. L'un d'eau sort de sa poche un briquet, l'allume et l'approche de moi. Ça brûle, mais je suis incapable de bouger d'un pouce : ma colonne vertébrale semble avoir subi des dégâts. La peau cloque, une horrible odeur de cramé emplit mes narines qui pissent le sang. Le jeu ne semble pas les amuser plus que cela, puisqu'ils rangent le bâton de feu pour en sortir un autre d'où sortent des étincelles qui crépitent. Avec un grand sourire, l'un des hommes me le colle sur le dos.
Je voudrais mourir. Je n'arrive même plus à penser correctement. Mes dents s'entrechoquent tellement qu'elles finissent toutes par casser. L’œil qu'il me reste finit par sortir de son orbite.
Je voudrais mourir.
Mais il y a le petit.
Je ne peux pas l'abandonner.
Je veux les tuer.
Je veux les tuer.
Allons les tuer, fait alors une voix. Allons-y. Ensemble.
Quelque chose me pousse à me relever tandis que je recouvre soudain la vue. Mais je ne vois pas comme avant, tout est bicolore, non pas noir et blanc, mais lumière et ténèbres. Les hommes sont lumière.
Je dois éteindre les lumières.
Ma massue à la main, j'éclate les lumières qui semblent alors s'envoler vers les cieux. Mais elles restent coincées au plafond. Le plafond, il semble constitué de milliers de lumières, alors que le reste de la tour n'est que ténèbres.
Non, il y a de nouvelles lumières qui apparaissent, là, tout en bas. Des lumières éblouissantes entourant une autre vacillante.
Je dois éteindre les lumières.



*


- ETHAN ! ETHAN ! Bon sang réveille-toi ! ETHAN !
J'arrive enfin à émerger du sommeil, de cet horrible rêve qui n'en paraissait pas un. Je suis trempé de sueur, mon cœur bat tellement vite qu'il semble sur le point d'exploser. Je n'arrive pas à reprendre mon souffle, mes poumons semblent paralysés et mes muscles se crispent compulsivement. Que m'est-il arrivé ? Pourquoi ce rêve ? Est-ce une prédiction ? Vais-je mourir ainsi ? Ça paraissait tellement vrai !
Nat me regarde, effrayé.
- Bon sang, Ethan, j'ai cru que tu faisais une attaque : tu t'es mis à hurler à t'en exploser les cordes vocales pis ton corps a commencé à se convulser. Mais que t'es t-il arrivé ?
Je dois éteindre les lumières.
"Il va y avoir un meurtre. Ou il s'est déjà produit. Dans la tour. Les fantômes tuent les humains. On ne doit pas y aller, ou ils nous tuerons aussi..."
Nat fronce les sourcils. C'est pas la première fois qu'il semble comprendre mes paroles.
Nous entendons soudain la porte de la clinique s'ouvrir. La chambre de Nat se situant dans l'aile est du bâtiment, on entend toujours ce qu'il se passe dans la pièce principale qui tient lieu de hall d'entrée et de cafétéria.
Nat ne peut s'empêcher d'aller voir, curieux.
- Tiens donc ! Mais ce ne serait pas le petit Natinou à sa maman, ça ?
Joey. Aussi dédaigneux que d'habitude, malgré sa voix quelque peu chevrotante.
- Joey. Qu'est-ce que tu veux ? Encore un duel ?
- Laisse tomber, minable. J'suis pas d'humeur à ça.
- Et pourquoi donc ? T'as déjà perdu ?
- Eh, ho, fais un peu attention à ce que tu dis ! J'ai pas perdu, j'ai juste préféré quitté la tour. Il s'y passe de drôles de choses là-bas.
- Y'a des fantômes dans la tour, on te l'a pas dit ?
- Ouais, mais y'a aussi le vieux qui a disparu là-dedans. Y'a une récompense si on le retrouve.
- Un vieux ? Quel vieux ?
- Celui qui s'occupe des pokémon abandonnés et qui avait l'habitude de se rendre dans un tour. Un jour, il s'y est rendu, et il n'est jamais revenu. Les gens pensent qu'il est mort. Y'a des types qui ont essayé de le retrouver, mais pas un n'a refait son apparition depuis.
Une lumière vacillante, entre deux autres éblouissantes.
"Il est là-bas, le vieux. Je crois que ce sont des rockets qui l'y ont forcé."
Nat se retourne vers moi, interdit. Il me prend pour un fou. Je ne lui en tiens pas rigueur : je crois que si nos rôles avaient été inversés je penserais la même chose.
Mais Nat me croit.
- On va y aller, dans cette tour, déclare t-il. On va voir ce qui est arrivé à ce monsieur.
- Tu tiens pas à la vie, on dirait, rétorque Joey. Je viens de te dire que personne n'en revient vivant, de cet endroit.
Mais Nat l'ignore et prépare ses affaires. Il enlève son pyjama, grimace lorsqu'il doit bouger son bras, et enfile ses vêtements de tous les jours. Et il n'oublie pas de prendre les lunettes permettant de voir les fantômes. Des infirmières tentent de le retenir, mais il prétend juste avoir besoin de faire un tour et de s'oxygéner. Sa vie n'est plus en danger, alors elles le laissent partir.
Nous sortons. Comme pour rajouter encore de l'horreur au tableau, il fait nuit noire et il pleut. Encore secoué par mon cauchemar, je grelotte. Nat se dirige d'un pas assuré vers la tour qui se dresse devant nous, si haut qu'elle semble être en fait un passage direct vers l'au delà.
Nous pénétrons dans la tour. Tout est silencieux et vide. Non. Les chuchotements. Je les entends. Ils semblent provenir de tout en haut. Je lève la tête. Impossible distinguer le sommet de la tour.
Mon cousin se dirige vers le premier escalier, un escalier de marbre gris clair strié de marques noires. Ses pas semblent résonner à l'infini dans l'immensité du bâtiment.
Deux nouvelles lumières sont apparues.
Je secoue la tête pour effacer ces visions. Il sait que nous sommes là. Il est quelque part là-haut.
L'une est faible, mais l'autre... je n'ai jamais vu pareille lumière.
Il parle de Nat, sûr qu'il parle de lui, il veut le tuer !
J'essaie de retenir mon cousin, qui ne comprend pas.
- Ethan ?
"Ne monte pas, Nat, il veut te tuer, comme il a tué tous les humains ! Il ne faut pas que tu montes !"
- Laisse-moi faire, Ethan. Fais-moi confiance. Ne t'inquiètes pas.
Nat monte. Je le suis, mon esprit toujours relié à celui du prédateur posté tout là haut. J'ai l'impression d'être la proie d'un rapasdepic qui peut fondre sur moi à tout moment.
Nous traversons le premier étage sans rencontrer âme qui vive. Ce n'est pas très rassurant.
Mais pourquoi ne bouge t-il pas ? Il pourrait tout à fait atterrir devant nous et nous tuer d'un claquement de doigts, ce serait facile. Mais pourquoi ne le fait-il pas ? Qu'est-ce qui le retient là-haut ?
Au second étage, les choses changent : il y a quelqu'un, debout comme un i, qui nous regarde. Mais cette personne me fait froid dans le dos. Elle n'est pas vivante. Elle n'est pas humaine. Et ses yeux...
Ils sont rouges et étincelants.
D'un bond, elle est sur nous et attrape la gorge de Nat.
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMer 31 Déc 2014 - 12:13

Tout le monde veut tuer Ethan en fait X)


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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMer 31 Déc 2014 - 12:53

Sylver a écrit:
Tout le monde veut tuer Ethan en fait X)

On pourrait faire une remix rien que sur ce fait x)
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyVen 2 Jan 2015 - 12:01

Bonne année à tous !
Et pour fêter dignement cette nouvelle année, nouveau chapitre !
Et, encore une fois : âmes sensibles s'abstenir, car nous sommes toujours dans la partie de Lavanville - qui dure assez longtemps, j'en conviens, mais cette partie du jeu m'inspire toujours mdr. Bonne lecture !!


Chapitre 37




Nat tombe au sol, le cou toujours enserré par la femme aux yeux rouges et démentiels.
Sans réfléchir, je me lance sur mon cousin, tous crocs dehors, et fais face à la créature.
"Arrête ! Ne le tue pas, il n'est pas ton ennemi ! "
La créature arrête son geste, reste immobile un instant, puis hoche la tête sur le côté. Et, soudain, sa bouche s'ouvre à s'en décrocher la mâchoire et quelque chose en sort. Un fantôme. Pas besoin de lunettes pour le voir, je le discerne parfaitement. Le corps humain tombe mollement sur Nat qui tente de s'en débarrasser. L'âme qui était autrefois dedans doit être morte depuis longtemps.
"Qui es-tu?" demande le fantôme d'une voix sifflante. "Ou, plutôt, qu'es tu ? Je n'ai jamais vu d'êtres tels que toi."
"Je suis humain. Enfin, je l'étais, jusqu'à ce que quelqu'un enferme mon âme dans ce corps."
"C'est l’œuvre de l'un d'entre nous." affirme le fantôme en me regardant de plus près. "Ta lumière est splendide. Tu es si lumineux et si chaud, j'ai l'impression de refaire face au soleil."
"Celui qui tue les humains, il les voit aussi, ces lumières. Le fantôme qui reste là-haut, immobile, et qui attend qu'on passe pour nous tuer."
"Nous les voyons tous, les lumières. C'est ce qui nous nourrit. Et l'être dont tu parles, c'est le Vengeur, le meurtrier qui nous a poussé à la révolte."
"Qui est-il ?"
"Un fantôme, comme moi, mais allié à une âme nourrie de vengeance. C'est pour cela que nous l'appelons le Vengeur."
"Mais alors, ces meurtres, cette révolte, de qui est-elle le fruit : du fantôme, ou du pokémon qu'il hante ?"
"Des deux. L'un a appelé l'autre, l'autre a répondu, et, à présent, ils se battent ensemble pour que la justice règne. Mais pour qu'ils se calme, il faut qu'ils aillent au bout de leur vengeance. Sauf qu'ils n'y arrivent pas, ils sont bloqués. Alors ils restent et patientent."
"Pourquoi n'y arrivent t-ils pas ?"
"Ils sont bloqués par quelque chose qu'ils ne peuvent dépasser."
"Emmène nous à eux. Nous pouvons les aider."
Le fantôme ferme à demi les yeux, comme s'il réfléchissait.
"Ta lumière est si forte... Et ton aura tellement particulière... Tu dois beaucoup lui plaire, au Vengeur. Car tu l'as vu, n'est-ce pas ? Je le sens. Je le vois. Il t'a choisi. Alors suis-moi."
Le fantôme fait volte face et traverse la pièce où se dressent une bonne centaine de tombes que je n'ai pas eu le temps de remarquer auparavant. Nat me regarde étrangement.
"Regarde le fantôme, pas moi, andouille !"
Il fronce les sourcils, signe qu'il a compris, mais son regard reste posé sur moi.
- Te fiche pas de moi, Ethan. Y'a juste ce truc qui m'est tombé dessus, mais aucun fantôme.
"Mets tes lunettes dans ce cas."
Il grommelle et pose les verres sur son nez. Sa bouche forme alors un o de surprise.
- Et toi, tu arrives à le voir ? Sans lunettes ? Comment ça se fait ?
Je ne réponds pas et préfère suivre notre guide qui nous fait traverser d'autres étages contenant tous des tombes plus ou moins usées par les années et des femmes possédées par d'autres fantômes. Personne ne nous cherche querelle. Je crois que notre guide nous protège. Nat semble plutôt détendu, même s'il tressaille lorsque nous tombons dans des lieux tâchés de sang, signe d'un précédent massacre. L'odeur qui règne là est un mélange de moisi, de sang frais, de cadavre mais également une senteur de pierre morte portée par les murs. Les chuchotements m'entourent toujours, mais je les ignore.
Nous gravissons un autre escalier, puis encore un autre. J'ai arrêté depuis longtemps de compter, ça n'en finit pas.
Mais, soudain, un dernier escalier nous fait déboucher sur un bien étrange spectacle.
Sous un plafond lumineux comme l'astre solaire, un vieil homme est attaché à une pierre tombale, au fond d'une pièce où les tombes sont alignées en cercle parfait. Chacune des pierres tombales portent un signe particulier, étrange, une sorte de rune ancienne, alphabet d'un peuple ancien et oublié. Aux côtés du vieil homme, quatre rockets se tiennent serrés les uns contre les autres. Devant eux se tient le Vengeur. Impossible de le louper. Il émane de lui une telle odeur qu'on s'étonne de le voir si petit. Son fumet est terrible, mélange de putréfaction, de cadavre et de sang. Mais le plus terrible est ce qui émane de sa personne, cette impression de carnage.
Mais pourquoi ne veut-il pas tuer les rockets ? Qu'est-ce qui l'en empêche ?
Il se tourne vers moi : il m'a senti venir.
"Ils l'ont."
Sa voix n'est pas un sifflement comme son camarade fantôme, mais un gargouillement horrible et caverneux, comme si  le son résonnait dans le crâne épais mais vide d'ossatueur.
"Qui ça ?" je répond sans comprendre tandis que les chuchotements se font plus forts.
Il tend sa main décharnée et disloquée vers moi ; un craquement sonore se fait entendre dans son épaule : celle-ci, brisée, se casse en morceaux. L'os n'est plus retenu que par des lambeaux de peau. Le corps ne tiendra plus très longtemps.
"Assez pour assouvir mon besoin de vengeance." fait-il.
Réprimant un haut-le-cœur et ma peur, je m'approche du Vengeur, jusque sous sa main tendue dont la peau se décolle par endroit. Il me touche et, aussitôt, des visions pénètrent mon esprit. J'ai compris.
Je me tourne vers Nat qui est blanc comme un linge à la vue du ossatueur.
"Ces rockets tiennent le petit du ossatueur en otage, ainsi que le prêtre, afin de se protéger du Vengeur."
Mais mon cousin n'a pas fait attention à moi : son attention est toute entièrement portée sur l'homme blond au fond de la pièce, collée contre la femme rousse.
- James ! Que fais-tu ici ?
Oui, c'est bien lui. Il réprime un sourire, l'hypocrite, avant de lancer :
- J'avais ordre de t'attendre ici et de te tuer, mais ce diable de fantôme vengeur nous en empêche. Tout ce qu'on a trouvé pour se protéger, c'est se coller au papy qui semble repousser les fantômes. Cependant, si tu pouvais nous donner un coup de main, ce ne serait pas de refus.
Nat, écoute moi. Ton frère ne te tuera pas, ça, c'est certain, mais le Vengeur, oui.
- Pourquoi, me tuer ? On avait un marché, ton chef et moi ?
Giovanni ne tient jamais ses promesses, alors à présent, écoute moi, bordel !
Pour attirer son attention, je lui envoie une décharge. Nat sursaute violemment et me regarde.
- Ethan ! C'est pas le moment !
"Si, demande à ton frère ce qu'ils ont attrapé, c'est une question de vie ou de mort."
Le blondinet soupire et transmet ma question.
James fronce les sourcils.
- Deux trois fantômes et un autre pokémon. Je crois que c'est un osselait. Je ne sais pas ce qu'il faisait là, mais il était tout seul et avait peur, alors je l'ai attrapé.
- James, ta bonté te perdra, soupire Jessie.
"Dis-lui de libérer le osselait et les fantômes. C'est lui que veut le spectre."
- James, donne moi le osselait, c'est à cause de lui que le ossatueur veut vous tuer.
"Pas seulement" réplique le Vengeur dans un puissant gargouillement. "Ils nous dépeuplent, ces monstres, ils nous enlèvent nos camarades pour de sombres expériences. Tu sais de quoi je parles, Âme Arrachée. Ils les enlèvent, les forcent à coopérer sous la torture, et ils les tuent lorsqu'ils sont trop faibles pour continuer. Mais il existe un moyen pour que tout s'arrête. Il faut les tuer, jusqu'au dernier, ces monstres. Il faut éteindre les lumières."
"On va te rendre ton petit déjà, puis nous ferons de sorte que ces monstres ne reviennent pas." je lui répond quelque peu effrayé par la vague de haine qu'envoie le spectre vengeur. "On n'est pas obligé de les tuer."
"Ils m'ont tué avec plus de sauvagerie et de barbarie que des pokémon sauvages. Et pour le plaisir."
"Je sais. Et ils font pareil aux humains."
"Je dois éteindre les lumières."
"Nat ! Dépêche-toi !"
- James, s'il te plaît ! Donne-moi le osselait !
Le frère de Nat nous regarde un instant, son frère, moi, puis le Vengeur, et, enfin, sort une ball de sa poche.
-Je ne lui aurais pas fait de mal, tu sais, dit-il au spectre. Jamais je n'ai fait de mal à un pokémon.
Il lance la ball à Nat qui libère le pokémon. Le petit osselait, plus menu que la moyenne, semble effrayé par la vision du Vengeur, mais s'en approche tout de même. L'expression du spectre change alors. Toute son attention est focalisée sur le petit pokémon brun qui se dandine vers lui. Même son odeur change - sa haine semble disparaître au profit de l'amour qui enfle en lui.
Nat en profite pour inciter les personnes agglutinées contre les tombes à venir vers lui. James et Jessie aident le vieil homme à se lever, mais les deux autres rockets semblent moins coopérant. Leur visage est comme un coup de fouet : ce sont eux qui ont sauvagement assassiné l'ossatueur.
"Nat, éloigne les rockets d'ici le plus vite possible."
Je n'ose pas parler du Vengeur à Nat, de peur que le spectre ne capte ma conversation - il est pour le moment totalement absorbé par la contemplation du bébé pokémon qui pousse des cris aigus en sautillant sur ses petites pattes.
Nat ne comprend pas ce qu'il se passe, mais il fait de son mieux pour obéir, et ce malgré la mauvaise volonté des rockets ennemis.
- Dis donc, James, pourquoi t'as relâché le butin ? On aurait pu le vendre à bon prix. Comme sa mère, au final, mais elle nous a manqué de respect.
Le con. C'est trop tard : l'odeur de haine revient à la charge. Le Vengeur refait surface, éloigne le petit de son chemin, et se prépare à charger.
- Ho, toi, c'est bon, j'vais te régler ton compte une bonne fois pour toute ! s'exclame le rocket que je reconnais comme étant celui qui a électrocuté  le malheureux pokémon.
Il se rue dans un coin de la pièce, ramasse une pokéball qui traînait là - ce qui voulait dire qu'il n'y avait pas accès durant tout le moment où il était devant le spectre collé à sa tombe - et la lance. Un smogogo en sort en crachant de la fumée.
C'est là que le rocket montre encore une fois de sa stupidité.
- Smogogo, destruction.
Le choc me plaque au sol. L'attaque a été si puissante qu'elle en a crevé le toit. Mais c'était voulu : une montgolfière attendait gentiment là, amarrée à la tour. Cependant, l'explosion a tranché la corde qui le retenait au bâtiment, si bien que le rocket responsable de l'attaque court vers l'échelle menant au ballon qui se met peu à peu à dériver.
Mais le Vengeur n'a pas été affecté par l'attaque comme il l'avait espéré. Dans sa terrible charge, il transperce son assassin de sa massue osseuse avant de se débarrasser du corps d'un ample mouvement du bras qui provoque le décrochage de l'épaule. Mais son attaque ne s'arrête pas là : il fait face à James qui vient de se relever et se prépare à le tuer d'un coup de griffe... mais le petit crie.
Le vengeur se retourne. C'est Nat qui tient le petit. En le maintenant contre lui, il a évité que le osselait ne soit blessé. Le vengeur s'arrête et contemple le pokémon protégé dans les bras de l'humain.
- Il faut partir ! Hurle Fuji. La tour est en train de s'écrouler !
Nous essayons de nous approcher de l'escalier permettant de descendre, mais des choses très lumineuses surgissent devant nous. Des choses qui chuchotent.
"Ce sont eux ! Ce sont les fantômes, les âmes, qui partent !" je crie.
Mais Nat, tenant toujours osselait dans son bras, m'empoigne fermement et me pose dans la capuche de son sweat.
Tout autour de nous, les tombes se brisent et les murs se fissurent. La tour s'écroule en partant du haut. Pourquoi ? Est-ce à cause du toit ? Est-ce lui qui maintenait toute la structure debout ? Ce n'est pas le moment de penser à cela. Tâchant d'ignorer les murmures de joie des fantômes autour de moi, je m'accroche de toutes mes forces au tissus du sweat. Derrière nous, James et Jessie nous suivent vaille que vaille malgré les marches qui s'effritent sous nos pas. L'autre rocket a disparu. Peut être a t-il été écrasé par un des blocs qui tombent du plafond. Devant nous, Fuji ouvrit la voie. Tout d'un coup, James se rue vers le vieil homme, l'attrape par le col et le tire vers lui avec brutalité. Un instant plus tard, d'énormes blocs s'effondre devant nous. Fuji remercie son sauveur puis regarde l'éboulis avec consternation.
- Nous sommes bloqués. L'escalier est juste derrière ce mur ! C'est trop bête !
Les fantômes continuent de s'échapper des tombes pour s'enfuir vers le ciel. Ce ne sont que des boules lumineuses qui jaillissent des blocs de granit. Tous semblent heureux de partir, comme si, depuis des siècles que la tour existe, ils avaient été retenus prisonniers. Peut être était-ce le cas.
James empoigne Jessie pour tenter de la protéger du plancher qui s'écroule sous leurs pieds.
- Peut être que si on saute, on pourra arriver sans trop de mal à l'étage du dessous, fait-il.
- Le plancher du dessus ne tiendra jamais. Toute la tour s'écroule parce que votre abruti de copain a détruit le sceau qui la maintenait debout ! réplique Fuji avec colère. Vous, les rockets, vous jouez avec des forces dont vous ignorez la puissance, et cela vous jouera des tours ! Ça a déjà commencé pour vous, et ça continuera avec votre chef. Vous croyez que je ne suis au courant de rien, hein ? Mais les fantômes me parlent, à moi, ils me disent ce que vous faites dans vos labos !
- C'est pas ce genre de discours qui va nous aider dans le cas présent ! répond James.
Jessie pousse un cri et tend le bras vers quelque chose derrière nous.
Le Vengeur. Un bras levé, il nous fait face. Il veut finir le travail qu'il a commencé. Il veut nous tuer. Et nos âmes grimperont au ciel.
Mais non : c'est la façade qu'il frappe de sa massue : le pan de mur s'écroule vers l'extérieur ; pour éviter qu'il ne tombe sur lui-même, le Vengeur positionne son gourdin de manière à retenir l'éboulement.
"Dépêchez vous. Vous avez des pokémon volants. Utilisez-les."
Je transmet son discours à Nat qui le dit à James.
- Merci, grand Vengeur, de ta clémence, dit Fuji en s'inclinant, mais Vengeur l'ignore et se tourne vers moi : .
"J'espère que tu retrouveras ton corps" me dit simplement l'ossatueur avant de faire volte face.
James envoie son propre smogogo tandis que Nat fait sortir Marco qui attrape précipitamment son dresseur avant qu'il ne tombe par le trou créé par le Vengeur. James saute sur son pokémon en emportant Jessie et le vieil homme.
Toujours dans la capuche de Nat, je me retourne pour tenter d'apercevoir le Vengeur. Nos regards se croisent.
Alors que je m'apprête à le remercier, un éboulement l'écrase.
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyVen 2 Jan 2015 - 13:34

Avec cet épisode Nat et Ethan ont appris le poké respect. Sinon j'ai trouvé ta première faute de l'année :o un "sont attention" qui traine quelque part, canaillette :p


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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptySam 3 Jan 2015 - 14:21

nouveau chapitre ! Je vous gâte - c'est juste que j'ai des chapitres en retard à publier Smile

Retrouvons donc nos chers amis Nat et Ethan dans leurs aventures ! Dans ce chapitre, place aux légendes ! J'espère que vous apprécierez !


Chapitre 38




Marco atterrit doucement au sol et se penche pour nous permettre de descendre de son dos. Nat saute à terre - il grimace, sans doute a t-il oublié sa blessure - et se retourne vers James. Mais son frère ne compte pas se poser au sol et ordonne à son pokémon se s'élever toujours plus haut.
- James ! Redescends, il faut qu'on parle ! ne peut s'empêcher de crier le petit blond, une expression d'abandon sur le visage.
- Pourquoi faire ? lui répond son aîné. Nous sommes ennemis, toi et moi.
- C'est faux ! Des frères ne peuvent pas être des ennemis, tu te trompes !
- Nat, espèce d'idiot ! Sais-tu seulement pourquoi je me trouvais dans la tour quand tu y es toi-même allé ? Hein ? Le sais-tu ? Mon but était de te tuer, petit con ! Alors reste loin de moi, sinon quoi je serais obligé de t'ôter la vie ! Mon chef ne veut pas de toi dans son monde, tu n'es qu'une menace pour lui ! Alors oublie-nous, oublie-moi, et ne te mets plus dans le chemin de la rocket ! Change de région, même, cela vaut peut être mieux pour nous deux.
- Jamais tu ne seras capable de me tuer, James ! Jamais, pas après tout ce qu'on a vécu !
- Pour obtenir une promotion, je pourrais faire n'importe quoi. Et t'éliminer sera l'action qui me permettrait de m'élever haut dans les sphères de la rocket.
- Alors, pourquoi ne le fais-tu pas tout de suite ? Hein ? Pourquoi n'essaie-tu pas d'en finir sur le champ avec moi ?
Moi, je le sais. Ce sont les policiers qui se ramènent par groupes entiers. Ils sont venus constater les dégâts subits par la ville des suites de l'effondrement de la tour. Si James restait là, ils l’arrêteraient aussitôt. Voilà pourquoi il s'enfuit, perché sur sa boule puante et lévitante, au lieu de nous tuer là, maintenant. La rocket fait toujours les choses de manière vicieuse. Assassiner un enfant devant des témoins et, pire, d'agents des forces de l'ordre n'est vraiment pas dans leurs habitudes et risquerait de leur faire du tort. Car il y en a, des gens, tout autour de nous : des civils, par dizaines, qui observent béatement la tour qui n'en finit pas de s'écrouler, mais également des infirmiers et des médecins qui s'occupent des quelques blessés, des pompiers qui tâchent d'éteindre les incendies provoqués par la destruction de certaines maisons construites tout près de la tour des morts, et des policiers qui tentent d'éloigner les badauds.
James est parti, mais Nat continuer d'observer le ciel, les yeux humides. Je pense comme lui : plus je vois James, plus je le crois incapable de tuer son petit frère. Pire, je n'ai même pas l'impression qu'il soit vraiment du côté de la rocket : son discours sentait le texte appris par cœur et récité bêtement. Aucune passion n'en perçait, aucun engagement. Mais, alors, pourquoi est-il là-bas ? Pourquoi ne s'enfuit-il pas pour nous aider à combattre la mafia ? Serait-il un agent infiltré, un agent double ? Je ne sais pas, je ne comprends pas, et ça commence sérieusement à m'énerver. Je ne sais toujours pas si on peut lui faire confiance. Une chose est sûre : si lui ne raconte pas ce qu'il s'est passé à la tour, son amie Jessie le fera, elle, car je la sens beaucoup plus proche de la mentalité rocket que lui. Quelle situation merdique.
Soudain, le soleil perce les nuages de nouveau tout légers de s'être débarrassé de tant de pluie. Les rayons caressent doucement les ruines de l'ancienne tour qui n'est plus qu'un bout de mur et une montagne de gravats. Quelques os ressortent du tas hétéroclite, ainsi que des morceaux de tombe.
Nat baisse la tête et observe l'éboulis. Son esprit semble être à des milliers de kilomètres de là. C'est le osselait qui le fait revenir à la réalité : le petit se met à gigoter si bien que le garçon finit par le poser au sol. Le petit pokémon se met alors à pousser des cris aigus : il appelle sa mère.
- Pauvre enfant, fait alors Fuji ; il ne se rend pas compte que sa mère est morte, et ce depuis longtemps et que le Vengeur a pris sa place.
- Mais elle est revenue, n'est-ce pas ? Quand le Vengeur a vu osselait, il s'est arrêté et sa colère s'est résorbée. N'est-ce pas un signe qu'elle était toujours là, quelque part dans ce corps en lambeaux ? répond Nat en caressant le crâne osseux du pokémon qui se met à pleurer.
- Il reste toujours une petite part du défunt, même quand le corps est pris d'assaut par un fantôme. Cet éboulement ne présage rien de bon pour notre futur, soupire t-il.
- Que voulez-vous dire ? Ce n'était juste qu'un bâtiment, non ?
Le vieil homme ôte la poussière de sa veste d'un geste de la main, puis il souffle longuement.
- Tu n'as pas idée... Allons chez moi, je vais t'expliquer.
Quelques temps plus tard, nous nous trouvons à la table du vieux Fuji, qui s'avère être un des descendants d'un peuple oublié.
- C'était un peuple possédant la Connaissance, raconte t-il. Toi aussi tu me semble avoir du sang de ce peuple du Nord dans les veines. En fait, beaucoup de personnes ici ont des ancêtres Nordiques. C'était une communauté qui vivait dans la région située au nord de la nôtre, Sinnoh. Ils vivaient en paix avec les pokémon, mais également avec les Anciens Dieux. Les hommes vénéraient les Anciens Dieux, et ceux-ci, en échange, les protégeaient des Démons et des créatures dangereuses. Mais une nuit, c'est un pokémon sombre et très vicieux qui fit son apparition. Il voulu lui aussi être vénéré, mais les hommes en eurent peur et le rejetèrent car c'était une créature qui n'apparaissait que la nuit, ce qui était synonyme de dangereux et de mal, alors le pokémon se transforma en Démon sous les yeux des humains qui en furent encore plus effrayés. S'ensuivit une bataille sans merci entre le Démoniaque et les humains. Le Démoniaque avait le pouvoir de transformer toute chose vivante en fantôme, si bien qu'il eut bientôt une armée presque invincible à sa disposition.
Nous écoutons le vieil homme, moi assis sur la table, Nat sur sa chaise, la tête posée sur ses bras. Sans m'en rendre compte, j'ai retenu ma respiration lorsqu'il a parlé du Démoniaque : il s'agissait certainement du Vengeur.
Fuji se tait et ferme les yeux. Il semble fatigué. Toutefois, il les rouvre et continue :
- Je t'avais dit que les humains vénéraient les Dieux Anciens et que ceux-ci les protégeaient en échange. Alors c'est ce qu'il s'est passé. Un jeune moine appelé Fujisanma se précipita dans un temple où l'on vénérait un oiseau légendaire et lui a supplié de l'aider lui et les siens. Le Dieu Oiseau a alors fait son apparition : il a surgit du ciel, juste devant le jeune moine, et lui a remis une flûte étrange construite dans du bois doré. Le Dieu a alors dit à l'homme que la flûte pouvait permettre aux âmes errantes d'enfin trouver le chemin vers l'autre monde, mais ne pourrait en aucun cas affecter le Démoniaque. Le moine a demandé comment il pouvait mettre fin à cette calamité qu'était le Démoniaque. Lorsque la réponse lui a été donnée, le moine a compris et s'est mis en route dans sa croisade. Fujisanma a alors demandé à son chef l'autorisation de construire une immense tour pour mettre fin aux meurtres du Démoniaque. Le bâtiment fut construit en trois jours. Fujisanma fit graver sur le sol du rez-de-chaussée et dans le plafond du tout dernier étage une rune ancienne transmise par le Dieu Oiseau. La tour terminée, il a empoigné sa flûte et s'est mis à jouer dès qu'un fantôme faisait son apparition. Ce dernier, en entendant le son, voyait toute noirceur quitter son cœur et il retrouvait la paix, permettant son passage dans l'autre monde. Cela n'a pas échappé au Démoniaque qui ne tarda pas à faire son apparition. En le voyant, Fujisanma se mit à jouer, mais le son n'eut aucun effet sur le Démon qui se mit à rire. Le moine prit alors la fuite et se rua dans la tour, le Démoniaque, en quête d'une nouvelle âme à transformer en soldat, à ses trousses. Dans la tour, Fujisanma s'arrêta et se retourna pour faire face au Démon qui riait de voir l'humain coincé dans le bâtiment qu'il avait lui-même construit. Alors Fujisanma lui avoua que le Démon était prisonnier à jamais de la Tour. Après quoi il écarta les bras et fixa le fantôme, comme s'il s'offrait à lui. Le Démon n'a pas hésité et l'a traversé. S'est alors enclenché la rune qui s'est mise à briller. Le Démoniaque a hurlé et son sort s'est retourné contre lui-même : il devint fantôme. Ayant utilisé toute son énergie dans le sort, Fujisanma s'est écroulé, mort. Son sacrifice était nécessaire au bon déroulement du sort permettant d'enfermer le Démoniaque dans la tour.
Son corps détruit par le sort du moine, le Démoniaque n'a pas eu d'autre choix que d'en retrouver un autre. Il prit le seul qui se trouvait à sa portée : celui du moine. Puis il a erré, pendant de très longs siècles, dans sa prison. Les hommes n'avaient pas le droit de s'approcher de la tour de laquelle des cris se faisaient quelque fois entendre. Mais le peuple du Nord a fini par disparaître. Plus tard, c'est un nouveau peuple qui s'est installé là, près de cette tour étrange, un peuple en fuite qui n'eut d'autre choix que de se terrer dans le lieu le plus froid et le plus triste de Kanto afin d'échapper à la tyrannie d'un roi sans scrupule. Ce peuple s'installa donc au pied de la tour qui s'était tue depuis bien longtemps. Des hommes la visitèrent en plein jour et, en voyant des tombes, tout au sommet, ils décidèrent d'en faire un cimetière. Il n'y eut aucun accident pendant longtemps, jusqu'à ce que quelqu'un décide de se recueillir une nuit. On ne le revit jamais, tandis que des cris se firent de nouveau entendre dès que le Soleil se couchait. Alors les hommes prirent l'habitude de ne jamais pénétrer la tour de nuit et on ne déplora plus d'autres accidents.
Il y a un long moment de silence. Nous sommes tous plongés dans nos pensées. L'histoire m'étonne, parce qu'elle ne colle pas avec mon expérience avec le Vengeur - car le Vengeur, en réalité, était le Démoniaque des temps anciens. Et s'il n'y avait pas eu d'autres accidents, comment se faisait-il qu'il y avait tant de fantômes dans la tour ?
- Tu as tout à fait raison, Ethan : le Démoniaque est devenu le Vengeur avec le temps. Quant aux fantômes, ils ont été transformé par le Vengeur au fil des ans, répond Fuji.
- Mais alors, pourquoi dites-vous qu'il n'y a pas eu d'autres accidents ? demande Nat.
- Mais parce qu'après, les dresseurs de pokémon ont commencé à faire leur apparition ! Des centaines de personnes ravis de découvrir de nouveaux pokémon et de lieux à explorer ! Beaucoup d'entre eux ont commis l'imprudence de pénétrer dans la tour durant la nuit. Alors le Vengeur les a transformé en fantômes. Avec l'explosion démographique et le voyage d'initiation pokémon, il n'y avait plus grand monde pour s'émouvoir de la perte d'une personne.
- C'est bien mignon tout ça, mais pourquoi est-ce qu'on n'a pas été transformé en fantôme, nous aussi ? je demande alors sachant que quelque chose m'échappe.
Fuji sourit et déboutonne sa chemise. Sur son torse maigre, une rune est gravé à même sa chair.
- Mais parce que le Vengeur ne veut pas ressentir ce qu'il a ressenti lorsque Fujisanma s'est sacrifié pour le détruire. Tous les gens qui travaillent dans la tour portent ce signe sur lui.
- Mais... les exorcistes étaient pourtant possédées !
- Ce n'étaient pas des exorcistes. Il n'y en a plus depuis des années. Il s'agissait en réalité de rockets déguisés et chargés de tuer tous les opposants. Malheureusement, leur ignorance des récits anciens les a conduit à leur perte. Ils sont arrivés un beau jour, déguisés de la sorte, et sont entrés dans la tour. Des fantômes se sont emparés de leur corps. Alors tout ce qu'ils ont trouvé à faire pour capturer les fantômes - car c'est ce qu'ils faisaient, ces malfrats, ils capturaient les fantômes pour je ne sais quelle raison - c'est m'enlever car ils m'ont vu un jour sortir de la tour en pleine nuit. Les fantômes ne m'approchaient pas, ils me fuyaient même, et cela, les rockets l'ont vu à travers leurs lunettes bizarres - celles-là même que tu as là. Moi, je ne le savais pas, parce qu'on ne peut pas voir les fantômes tant qu'ils ne se sont pas emparés d'un corps. Mon père a gravé la rune sur mon torse alors que j'étais encore enfant. C'est lui qui s'occupait de la tour, et, ce jour-là, il m'a dit que c'était mon tour de prendre soin des morts. C'est ce jour-là qu'il m'a aussi offert la flûte.
Il sort de sa poche un bâton doré percé de trous. Une flûte. La flûte ?
- Oui, Ethan, il s'agit de la flûte offerte par le légendaire pour faire disparaître les fantômes sans importance. C'était mon rôle d'ailleurs : jouer de la flûte pour tenter de faire disparaître les fantômes. Mais beaucoup ont appris à se cacher de moi.
- Vous dites que le Vengeur n'apparaissait que la nuit. Pourquoi ? demande Nat.
- Parce qu'il craignait la lumière du Soleil, tiens ! Durant la journée, il se cachait dans l'Entremonde, comme on l'appelle, un monde entre le nôtre et le monde des morts. Il s'y terrait durant la journée et revenait la nuit en quête de nourriture. Sa dernière victime, le dernier corps qu'il a trouvé, a été ossatueur - car il pouvait transformer aussi bien les humains que les pokémon. C'est pour cela qu'il avait son apparence lorsqu'on l'a vu cette nuit.
- Est-il mort ? Des pierres lui sont tombées dessus, mais après avoir entendu cette histoire, j'ai des doutes concernant sa mort. je questionne alors, victime d'un doute énorme. Et puis pourquoi est-ce que j'entendais des voix provenant de la tour ? Était-ce les morts ?
- Certaines personnes sont plus sensibles que d'autres à ces choses. Il est possible que le fantôme qui a fait transférer ton âme dans corps y soit pour quelque chose également. À présent, écoutez-moi tous les deux : sachez que la destruction de la Tour n'est pas du tout une bonne nouvelle. Ethan a raison : le Vengeur n'est peut être pas mort. J'ignore si son sort était lié à celui de la tour, auquel cas il est bel et bien mort, mais si ce n'est pas le cas, il est de nouveau dans la nature, prêt à faire de nouveaux morts. Peut être même a t-il acquis de nouveaux pouvoirs au fil des années, des pouvoirs qui lui permettraient d'être encore plus dangereux qu'avant. Mais ce n'est pas tout. La rocket joue avec des forces dont elle n'a pas idée. J'ignore ce que son chef a vraiment derrière la tête, mais cela n'annonce rien de bon. Il faut à tout prix les arrêter, quoi qu'ils fassent. Et il faut que ce soit toi, Nat. J'ai compris que tu avais une relation de parenté avec cet homme, James, c'est cela ? Il faut que tu l'oublies. Il faut que tu accomplisses ton devoir, quoi qu'il t'en coûte. Revenir vers toi revient à se tirer une balle dans le pied.
- Que voulez-vous dire ? l'interrompt Nat d'un ton abrupt.
- Quelque chose me dit qu'il n'est pas sous la coupe de Giovanni par choix, mais par contrainte. Peut être est-il la victime de chantage. Mais toujours est-il qu'il faut que tu élimines la rocket avant qu'elle ne commette des fautes irréparables.
Nat acquiesce doucement, mais je sens son esprit occupé par son frère.
Fuji se tourne alors vers moi, une lueur d'excuse dans le regard.
- Ethan, je suis désolé, mais je crois que tu vas rester sous cette forme jusqu'à ta mort.
Pardon ?
- C'est un fantôme qui a transférer ton âme dans ce corps. Les pokéball permettent d'arracher un fantôme à la tour, vois-tu ? Cependant, arracher des âmes comme on leur demande de le faire requiert énormément d'énergie. Les fantômes doivent normalement s'emparer d'un corps et avaler des âmes pour survivre, or, on leur demandait de travailler dur sans même se nourrir. La plupart des fantômes utilisés par les rockets sont morts d'épuisement après quelques jours seulement. Ce qui ne veut dire qu'une chose.
Ok. J'ai compris.
Il n'y a plus de fantôme pour faire réintégrer mon âme dans mon corps.
Fuji nous demande alors de partir. Il se sent fatigué. Avant notre départ, il offre cependant la flûte à Nat.
- Un souvenir, et un remerciement pour ton aide, petit. De toute manière, il n'y a certainement plus de fantôme à faire disparaître : la disparition de leur tour, de leur prison, leur a permis de réintégrer le vrai monde auquel ils appartiennent : le monde des morts. Je crois que le Vengeur n'a plus jamais eu l'idée de se créer une armée, mais je crois juste qu'il transformait des êtres vivants pour ne plus être seul. Ce que nous avons vu lorsque la tour s'est écroulée, tous ces fantômes qui fonçaient vers les cieux, ne signifiait qu'une chose : qu'ils ont enfin trouvé la paix, après toutes ces années.
Nous sommes partis de la maison du vieux Fuji et sommes retournés au centre pokémon. Nous sommes épuisés, Nat et moi, et la tête emplie de légendes et hantée de fantômes. Nous n'aspirons qu'à une chose : dormir. Ce que nous faisons, une fois la chambre louée, et ce sans même manger. Nat pense à son frère, et moi je ne peux m'empêcher de penser à mon sort, mais également à celui du Démoniaque. Plus j'y pense, et plus je me dis que s'il est devenu ainsi c'est parce que les humains l'ont rejeté comme un malpropre, tout ça parce qu'il n'apparaissait que la nuit. Il voyait les fantômes non pas comme des ombres, mais comme des lumières. Privé de la lueur bienfaisante du soleil, il s'en était créé un autre pour ne plus être dans l'obscurité. Je le plains.
Quant à mon sort, eh bien... je m'y attendais. Giovanni ne me laisserait pas réintégrer mon corps, car si James était victime de chantage, c'était aussi le cas de Nat : si jamais il s'avisait de porter encore du tort à la rocket, c'est moi qui disparaîtrait.


*


Lorsque nous nous réveillons le lendemain, et que nous nous rendons dans le réfectoire, une infirmière vient nous voir, la mine sombre :
- Mr Fuji est décédé cette nuit.
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyDim 4 Jan 2015 - 21:01

Allez, pour ceux qui reprennent l'école (au sens large) demain (ce qui n'est pas mon cas, j'ai un peu de rab'), nouveau chapitre !!


Chapitre 39




Le vieux Fuji est mort cette nuit. Il était malade, nous a appris l'infirmière, une maladie du cœur qu'il traînait depuis de longues années. Son effort de la veille a sans doute été la cause de sa mort. Mais il n'a pas souffert. Mais ça, c'est toujours ce qu'on nous dit pour nous rassurer.
Nat et moi sommes invités à l'enterrement, qui aura lieu au pied de la tour effondrée. J'essaie de me dérober, mais Nat me menace de m'enfermer dans ma ball si je m'avise de m'enfuir, alors je reste.
Il fait presque nuit lorsque nous suivons le cercueil contenant le vieil homme. Mais j'ai beau tendre l'oreille, pas un bruit ne provient des ruines. Les fantômes ont dû tous partir, comme Fuji le disait. Tout le village est rassemblé autour d'un trou grossier creusé dans le sol rocheux. Le chef du village prend la parole et ne tarit pas d'éloge sur le défunt. Des personnes qui font partie du refuge créé par Fuji disent quelques mots aussi, et puis quelques villageois qui l'ont bien connu. Fuji était un solitaire, il préférait la compagnie des fantômes à celle des hommes, mais il ne laissait jamais un pokémon ou un être humain dans le besoin. C'était finalement quelqu'un de très paradoxal.
Quand le chef du village se tourne vers nous pour qu'on dise également quelque chose, Nat rougit violemment. Il ne s'y attendait pas, le pauvre. Il bégaie, cherche ses mots, puis finit par le remercier de nous avoir sauvé la nuit dernière. Même si, dans les faits, ça a plutôt été l'inverse, les gens acquiescent. Ils ne savent pas ce qu'il s'est passé là dedans, alors ils nous croient.
La boîte en bois est délicatement déposée au fond du trou obscur, et chacun jette dessus une poignée de terre et l'enterrement se termine. On nous fiche enfin la paix, à Nat et à moi, alors nous allons nous balader du côté des ruines. Nous y trouvons osselait, en larmes, en train de serrer contre lui un morceau du crâne de sa mère. Nat s'approche de lui, mais je l'arrête et y vais à sa place. En me voyant, le petit pokémon cesse de pleurer.
- Sois fort, petit. Elle ne reviendra pas, plus maintenant, mais elle est revenue quand on était dans la tour. Ce que lui ont fait les rockets est inadmissible, mais tous les humains ne sont pas comme ça. Tu devrais te rendre au refuge, de gentilles personnes s'occuperont de toi.
J'essaie de m'exprimer avec des termes simples, mais le osselait est trop jeune pour tout comprendre. Il laisse alors tomber le morceau de crâne sur le sol. Il se brise et des éclats s'éparpillent un peu partout. Osselait en prend alors un morceau au hasard et me le tend.
- Cadeau, de maman. dit-il.
Je le remercie ; il me regarde un instant puis se dirige au refuge.
Je regarde alors le morceau qu'il m'a donné, un peu étonné. Pourquoi sa mère a t-elle voulu que son fils me donne un morceau de son crâne ?
En voyant la rune gravée dedans, je comprends.
- Vengeur.


*


Nous reprenons notre route. Sur ma poitrine, accroché à mon cou par un morceau de ficelle, le fragment d'os contenant Vengeur rebondit au rythme de mes pas. Malgré mes réticences, j'ai préféré le garder sur moi - surtout que je n'ai pas de poche. Nat ignore pourquoi j'ai gardé ce morceau d'os. Il pense juste que c'est un souvenir de ce terrible épisode. Je me suis bien gardé de lui dire que nous emmenons avec nous un pokémon démoniaque susceptible de nous tuer ou de prendre possession de nos corps pendant notre sommeil. Cependant, je pense qu'il est beaucoup plus risqué de le laisser quelque part où quelqu'un pourrait tomber dessus par inadvertance.
Cependant, plus j'y pense, et moins je crois à cette histoire d'humain. Elle a été racontée par un humain à partir de faits humains, donc de croyances humaines. Comment se seraient déroulées les choses si Vengeur avait été accepté en tant que pokémon et non en tant que calamité ? Non, tout ça parce qu'il apparaissait de nuit et qu'il dévorait les âmes - faut bien se nourrir de quelque chose, non ? - les humains l'ont pris pour un être perfide et l'ont sauvagement rejeté. Lui qui, ça se trouve, ne voulait que de la compagnie se retrouvait de nouveau seul. Et c'est peut être pour cette raison, pour combler sa solitude, qu'il a créé autant de fantômes. Sauf qu'il n'avait peut être pas assez de contrôle sur eux pour les retenir de faire des bêtises, c'est à dire de transformer d'autres humains... Si seulement un humain avait pu discuter avec lui, au lieu de l'enfermer à jamais seul dans cette tour immonde... Au final, c'est peut être cette action qui l'a transformé en monstre, pas son état originel.
Voilà pourquoi je l'emmène avec moi : ainsi, il ne sera pas seul, quelle que soit sa forme. Où qu'il soit d'ailleurs, car, d'après feu Fuji, il se retire chaque jour, comme tous les fantômes, dans un monde à la limite du nôtre - quelle drôle d'histoire.
Bon, à côté de cela, ce serait mentir que de dire que je n'ai pas peur de ce qu'il va arriver ce soir : Vengeur va t-il sortir et me dévorer, affamé comme il l'est ? Ou bien va t-il tuer Nat car il est un humain ? Va t-il juste apparaître devant nous, comme ça, et ne rien faire ? Ou bien aurais-je tout inventé : peut être que ce bout d'os marqué n'est qu'un simple morceau de crâne avec un gribouillis dessus. Mais la rune m'intrigue malgré tout.
Nous retournons à Céladopole. La ville n'a pas changé : elle est toujours aussi bruyante, aussi lumineuse, aussi puante et aussi grouillante de gens, d'autant plus que la nuit commence à tomber. Nous la traversons vite fait pour emprunter la sortie à l'ouest...
Mais aucun moyen de sortir : la route est bloquée par une énorme chose ronde. On dirait un beignet géant posé là, en plein sur le chemin. Un beignet géant qui se soulève et s'abaisse au gré d'une respiration lente. Et qui ronfle.
- Un pokémon, en conclut Nat. Il faudrait le réveiller.
Comme nous n'avons pas grand chose en poche, mon cousin trouve la seule chose capable de faire du bruit suffisamment aigu pour réveiller la créature : la flûte.
Ouais, t'as raison, Nat. Comme ça, s'il s'avère finalement être un fantôme, il disparaîtra carrément vers les cieux.
Le blondinet souffle dans l'instrument en bouchant quelques trous. Un son aigu s'en échappe, un son étrange, mélodieux et plein de nuances. S'il avait une couleur au lieu d'une note, il serait représenté non pas par une seule teinte, mais une multitude. Mais peut être me fais-je des idées. Ou bien je perçois toutes ces nuances parce que je suis un pokémon.
Exact.
Je sursaute violemment et regarde autour de moi : rien. Je me suis fais des idées. Ou bien j'entends des voix. Bizarre. Non, non, non, c'est juste moi qui me parle à moi-même. Cette histoire de fantômes m'a vraiment mis la tête à l'envers !
Nat continue de souffler dans l'instrument en bois. Bientôt, la respiration du monstre se fait plus rapide, et soudain elle se transforme en grondement. Et la bête se met à bouger.
Il est énorme, non : gigantesque, aussi grand qu'une petite colline. Lorsque Nat envoie Hercule, pourtant le plus massif de l'équipe, ce dernier paraît être un nain à côté de la gargantuesque créature.
- Surveille tes mots, Ethan, parce que le seul nain qu'il y a ici, c'est toi, râle le nidoking en me menaçant de sa corne suintante de poison. Je n'en ferai qu'une bouchée, de ce gros plein de soupe.
Il a tort : il lui faut bien deux coups pour en venir à bout. Vaincue, la créature s'écroule en provoquant un petit tremblement de terre qui a sans doute provoqué un tsunami outre-mer.
- Voilà qui est fait, déclare Nat, plus sombre depuis les événements de la tour.
Il enjambe le monstre sans même lui jeter un regard, et je ne peux que constater l'évidence : Nat n'est plus l'enfant qu'il était lorsqu'il a quitté Bourg Palette. Il est devenu un adolescent tourmenté et triste, incapable de savoir quel chemin prendre pour sauver tout le monde. Car je sais qu'il veut nous sauver, James, sa mère, et moi-même. Il a tant à faire avec nous qu'il n'y a plus de place dans son cœur pour quelqu'un d'autre. Ni pour autre chose, d'ailleurs, car, finalement, ce qui l'a le plus affecté durant notre ascension de la tour, c'est de savoir que son frère est certainement soumis à du chantage afin de le maintenir de force dans la rocket. Savoir sa mère malade ne doit pas arranger les choses. Et il s'en fait toujours pour moi. Pour rien, d'ailleurs, car au final, je ne suis plus du tout un humain, alors je ne suis plus non plus son cousin, juste un pikachu têtu et nul qui le suis comme un petit caninos à son maîmaître. Amer, je regarde le ronflex écroulé, saute au-dessus du corps et rejoins Nat qui a déjà enfourché son vélo pour dévaler la piste cyclable.
Il n'y a pas que lui qui a évolué : Marco semble avoir oublié qu'il était autrefois humain : il tue sans hésitation les pokémon combats qui se dressent devant lui. Il n'est plus qu'un monstre assoiffé de batailles et de sang. Il n'y a presque plus rien qui le distingue de nos compagnons nés pokémon, à part peut être ces inscriptions gravées dans sa peau. Même si je sais qu'au final, elles ont été gravées après le changement d'âme, c'était lorsqu'il était humain qu'il avait ces tatouages. Mais lorsque je lui fait part de mes remarques à ce propos pendant notre pause dîner, assis sur l'herbe à l'entrée d'une nouvelle grande ville, il me lance un regard dédaigneux :
- Oublie, nabot, oublie que tu étais humain avant. Tu te souviens de ce qu'a dit le pokémaniaque : seuls les fantômes pouvaient nous rendre nos corps. Les fantômes ont disparu, donc on n'a plus aucun moyen de redevenir ce qu'on était avant. On n'a plus qu'à se résigner, je suppose.
Après quoi il se met à narguer Hercule, le provoquant afin de se chamailler comme des frères indisciplinés. Mes oreilles basses trahissent la peine qui me serre le cœur, ce que remarque aussitôt Miroku qui s'est chargé des pokémon poisons envoyés par des loubards qui traînaient sur la piste cyclable.
- Marko n'est pas plus humain que Hercule.
- Toi aussi, tu as remarqué. Et qu'en est-il de toi ? je demande, la mort dans l'âme.
- Disons que je tiens le coup. Être un pokémon n'est pas si mal, au final.
- Ta vie humaine devait vraiment être pathétique.
- Disons que je risquais tout le temps ma vie. Mon nouvel état ne me change pas d'avant. Je crois même qu'il est plus agréable car, à présent, j'ai les capacités de me défendre, ce qui n'était pas le cas de mon vivant. Ou plutôt, lorsque j'étais humain.
- Pourquoi t'as t-on transformé ?
Il se tait, ses pupilles se baladent de droite à gauche : il est indécis. Il ne veut pas me répondre.
- Je crois que j'ai fait du tort à quelqu'un et que j'ai été puni pour cela.
Ce n'est qu'une demie-vérité, je le lis dans ses yeux sombres. Toutefois, je lis également qu'il ne m'en dira pas plus, aussi je préfère changer de sujet et demander des informations à propos de la nouvelle ville que nous allons visiter.
- Parmanie ? Eh bien...(il remonte ses lunettes imaginaires sur sa trompe) C'est juste une ville touristique. En saison chaude elle grouille de gens, mais en hors saison, c'est presque mort... On ne devrait pas avoir de problèmes donc. Elle possède un champion, Koga, un maître du poison... C'est plutôt chouette, parce que ça veut dire que je vais encore me battre !
Son air réjouit m'énerve quelque peu.
- Tu es si ravi de te battre ?
- Qu'est-ce que ça te fait, de vaincre un adversaire beaucoup plus grand que toi, rien qu'en le grillant avec une seule attaque ?
Il a un sourire en coin tandis qu'il me fixe en attendant ma réponse.
- Tu sais très bien ce que ça fait, je répond, très grognon.
- Tu te sens surpuissant, n'est-ce pas ? Et bien voilà ce qui me plaît. Et je pense que c'est ce pourquoi Marco en a oublié son humanité.
Nous tournons la tête vers notre compagnon d'infortune : le dracaufeu mange la nourriture pour pokémon qu'il partage avec Hercule.
- Tu arrives à manger cette nourriture, toi aussi ? je demande à Miroku.
- Non, elle me semble toujours aussi infecte. Je crois que lorsqu'on arrivera à en manger sans faire la grimace on pourra dire que nous auront perdu notre humanité.
J'acquiesce et, comme pour souligner mes propos, je m'empresse d'empoigner une chips dans le paquet posé devant nous. Elle me paraît délicieuse, tandis que la vue seule des boulettes pour pokémon me donne la nausée.
Étrangement, cela me rassure.


*


Malgré la nuit, Nat refuse de se rendre tout de suite au centre pokémon et préfère faire un tour de la ville avant d'aller dormir. Je le sens tendu et angoissé, mais je n'arrive pas à savoir pourquoi. Est-ce de la peur pour son frère, pour sa mère ? Est-ce le fait de se sentir si impuissant ? Je l'ignore, si bien que je ne parviens pas à le rassurer comme je le devrais normalement. Et, du coup, c'est moi qui me sens énervé.
Notre balade ne nous apprend pas grand-chose de nouveau : la seule chose intéressante ici, c'est le parc zoologique au nord de la ville, où nous pouvons observer, enfermés dans des enclos beaucoup trop petits pour eux, quelques pokémon rares ou menacés d'extinction. L’œil éteint d'un lokhlass tournant en rond machinalement dans son bassin circulaire me fend le cœur. Mais je ne peux rien faire alors je me contente de le regarder souffrir. C'est moche. On a beau gagner en puissance, on finit toujours par se sentir impuissant.
Notre promenade n'a donc rien de très réjouissant, si bien que nous ne tardons pas à gagner le centre pokémon. Une infirmière attend là, seule, assise sur une chaise de bureau. Elle lit un livre comportant une couverture aux couleurs vives, mais le récit ne semble pas très captivant car ses yeux se ferment tout seuls. Notre arrivée la réveille quelque peu. Elle nous soigne, puis nous rend à notre dresseur qui demande dans la foulée une chambre. Celle-ci payée, nous montons à l'étage.
Les chambres sont nombreuses, mais minuscules. On a essayé de caser là le plus possible de pièces afin de gagner le plus possible d'argent. Car, en saison touristique, il faut bien les caser, les richards qui s'en viennent là griller comme des porcs. Les plus riches peuvent se payer un hôtel, mais les autres se retrouvent entassés à trois ou quatre dans ces pièces minuscules. C'est ce que me raconte Miroku qui semble en connaître un rayon sur le sujet. Il m'avoue par la suite qu'il a déjà passé des vacances ici.
Puis il se couche sur le côté et se met à ronfler. Nat, couché dans son lit, fixe le plafond. Je crois qu'il n'arrive pas à trouver le sommeil. Moi non plus d'ailleurs : trop de choses se bousculent dans ma tête. C'est là que je repense au fragment d'os pendu à mon cou : je le regarde, mais il n'a pas changé. Et aucun fantôme n'est apparu. Je crois que je me suis fait des idées, finalement. Tant pis, cela fera un souvenir.


*


Le lendemain, le réveil est dur pour Nat qui n'a presque pas dormi de la nuit : des cernes noirs marquent ses yeux éteints. Il se lève puis prend sa douche, mais cela ne semble lui faire aucun bien.
- Viens, Ethan. Aujourd'hui, on fait la fête au champion. Ça nous changera les idées, pas vrai ?
J'acquiesce, sans toutefois y croire. Pire, je suis en train de penser que l'état de fatigue de mon dresseur risque de nous causer quelques ennuis.
J'ai eu tort de m'inquiéter. Mis à part la désagréable surprise de voir des murs invisibles se dresser entre nous et le champion et la présence de pokémon de type sol et psy des dresseurs gardant les lieux, vaincre le grand Koga n'a posé aucune difficulté. Miroku s'est chargé des vermines violettes tandis que Marco a incendié sans pitié le grand papillon de poison, cramant au passage les poudres empoisonnées que ce dernier avait tenté d'envoyer.
Cependant, vaincre mon dresseur n'était pas le but de notre adversaire.
Le feu masque notre vue et forme une barrière entre nous et Koga. Nat se met à tousser ; pour se protéger des vapeurs, il se protège grâce à sa manche, ferme les yeux.
Ce geste lui est fatal.
Je n'ai pas vu l'homme se faufiler derrière lui, pas plus que le sac dans lequel je suis soudain enfermé. Je hurle de surprise et tente de me défendre en évacuant mon électricité : mal m'en prend : mon attaque se retourne violemment contre moi.
Tout ce que j'entends avant de sombrer dans un trou noir, c'est le gémissement de Nat qui suit le bruit de choc sourd.
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white shewolf

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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyJeu 8 Jan 2015 - 17:47

Roulements de tambours ! Nouveau chapitre, plein de rebondissements ! Nous sommes proches de la fin : quelles nouvelles terribles épreuves attendent nos deux héros ? Vous le saurez en lisant le prochain chapitre !

Chapitre 40



Mes agresseurs me libèrent d'une façon quelque peu brutale : en un mot, ils retournent le sac et me laissent tomber comme une merde. Ce que je fais, de fait, abruti par mon agression.
- C'est bon, patron, les voici, déclare une voix grave.
- Très bien, laissez-nous.
Giovanni.
J'ouvre les yeux. Il est là, assis dans son fauteuil de PDG comme sur un trône, en train de siroter du vin de son air suffisant qui m'agace tant. Pour un peu, on aurait pu croire à un vampire dégustant un verre de sang frais et ravi à la vue de sa prochaine victime.
- Tiens, Ethan. À ta place, je ne tenterais pas d'attaquer. À moins que tu ne veuilles t'électrocuter toi-même, bien entendu.
Je regarde plus attentivement les lieux autour de moi. Ok, j'ai pigé. Il y a une vitre qui me sépare de ce salaud. Il use certainement d'une technologie créée pour me nuire. Il n'y a aucune sortie, à part une porte à ma gauche. Mais elle est certainement verrouillée.
- Ne pense pas que le monde tourne autour de toi : ce genre de protection existe depuis bien avant la guerre entre Johto et Kanto, répond malicieusement Giovanni.
Le chameau. Il me comprend toujours. Qu'est-ce qu'il me veut donc encore ?
- Je croyais que tu allais nous laisser tranquilles tant qu'on se mêlait pas de tes oignons. Qu'est-ce que tu fous alors ? je demande avec hargne.
- Arrête donc d'être aussi enragé, cela ne te mènera à rien. Et je crois que tu connais la réponse, pas vrai ? Et, au passage, je te prierai de surveiller ton langage : je n'aimerais pas devoir électrocuter ton petit copain le blondinet.
Je me tais et remarque aussitôt que quelque chose ne va pas : où est Nat ? Il doit le retenir, le salaud... Et s'en sert pour me faire du chantage. Si jamais je lui porte la moindre attaque, il y a fort à parier que c'est Nat qui en pâtira.
- N'aie crainte, il est en sécurité dans sa cellule. À présent, il ne me posera plus de problème. Ça a plutôt été pénible de vous attraper, mais pas insurmontable.
Il fait tourner le vin dans son verre, puis le hume avant d'y tremper ses lèvres avec délectation. Ce comportement détaché m'insupporte : comment peut il boire sa vinasse tranquillement en sachant tout le mal qu'il fait ?
- Tu n'as jamais voulu nous laisser en paix.
- Non. Tout ce que je voulais, c'est que vous quittiez mon repaire. Ce que vous avez fait. Mais ce n'est pas de cela que je veux parler avec toi... Raconte-moi ce que ça fait d'être enfermé dans un corps de pokémon ? Tu es un sujet exceptionnel, Ethan. Certainement l'être qui est resté le plus longtemps en vie après l'opération...
Et Marco alors ? Et Miroku ?
- Il y a eu bien d'autres cobayes, tu t'en doutes... On ne peut pas faire ce genre d'expérience sur un seul sujet... Mais ne ressens-tu rien de particulier à être là ? Une sorte de déséquilibre précaire ?
Je garde le silence. Oui, ce déséquilibre, c'est celui que je ressens lorsque je suis à proximité d'un autre arraché. Mais en moi-même, ce n'est pas ce que je dirais... Plutôt comme si quelque chose ne tournait pas rond.
- Hum, mauvais ça... Ainsi donc, même le meilleur de mes sujets n'est pas parfait... Ça me fend le cœur.
Quelque chose me dit que ce n'est pas ma mort prochaine qui te fait cet effet-là, j'ai tort ?
Pour toute réponse, Giovanni rit aux éclats.
- Que tu es drôle, gamin ! Mais trêve de discussions. Mes scientifiques vont t'analyser afin de comprendre pour quelle raison tu restes en vie aussi longtemps. D'habitude, les cobayes vivent pendant quelques jours, quelques semaines tout au plus... Mais jamais aussi longtemps que toi. Il semblerait que le fait d'être loin de son corps initial rende l'âme... déséquilibrée, je ne trouve pas d'autres mots. En gros, il finit toujours par se produire une sorte de rejet de la part de l'hôte... Comme si l'âme sentait que ce n'est pas son réceptacle naturel... Si bien que pour retrouver son état d'équilibre, l'âme s'échappe du corps, qui meurt. Enfin, pas vraiment... Nous avons remarqué que dans 50% des cas, l'âme survivait à l'état de fantôme. Créée par des fantômes, elle finit par le devenir. Cependant, la plupart des fantômes aujourd'hui ont disparu à cause de la destruction de la tour. C'est fâcheux, mais nous n'y pouvons rien.
Mais enfin... Comment la destruction d'un bâtiment, même magique, peut avoir des conséquences sur les fantômes d'ici ? C'est aberrant !
- À croire qu'il y a dans ce monde des forces plus puissantes que la science... Enfin, trêve de bavardage. Mes scientifiques vont venir te voir.
Vas-y, fais les venir. Mais ne crois pas que je vais me laisser faire. Ne pense pas que je suis aussi idiot.
- Idiot ? Moi ? Non, c'est toi qui l'es. Tu oublies qui j'ai sous la main.
Dire que j'aurais pu le griller ce jour-là, alors qu'il était devant nous, seul, dans son repaire, sans. Une colère contre moi-même m'envahit. Mais ça ne me sert à rien. Il faut que je trouve le moyen de partir de là.
Mais je n'en trouve pas.
Le pire, c'est que lui, ça l'amuse.
- Tu penses pouvoir me tuer... Mais tu ne t'es pas suffisamment détaché de ton état d'humain pour cela. Tu aboies, mais tu es incapable de mordre. Alors, qu'est-ce que ça te fait, d'être aussi impuissant ? Tu es si pathétique que ça en est drôle.
Enfoiré... Attends un peu, dès que j'en ai l'occasion, je te grille. Ça fait longtemps que je n'ai pas mangé barbecue.
Quelqu'un frappe à la porte du bureau, attend l'autorisation du chef pour entrer et ouvre la porte. James. L'air grave, il fait face à son chef, traînant derrière lui mon dresseur ligoté. Derrière eux suit Jessie, qui ferme la porte. James se décale près du bureau pour laisser Nat faire face au maître des lieux.
Giovanni semble très content de lui. Il se désintéresse totalement de moi et observe les nouveaux venus avec un grand sourire aux lèvres :
- Eh bien, en voilà une surprise ! Voici donc notre trouble-fête... Et une belle réunion de famille.
Nat lève la tête, piqué au vif :
- Pourquoi nous avoir capturés ? On ne vous posait plus de problèmes...
- Vous m'en auriez provoqué sous peu... Tu es trop dangereux, petit, pour rester libre de tes mouvements. Ma manœuvre à la tour pokémon n'a pas réussi, mais je vais me rattraper maintenant.
James se pousse encore contre le bureau. Son bras bouge discrètement tandis que son patron se lève et s'approche du garçon entravé :
- Je ne referai pas la même erreur. Cette fois, je vais te tuer, petit. Mais pas avant que ton cher cousin ne livre tous les secrets de son exceptionnelle longévité.
- Tu serais donc assez abject pour tuer un enfant ? je lance.
- Abject ? Je ne dirais pas cela. Disons simplement que je me suis fixé un but et que je veux l'atteindre par tous les moyens possibles. Et si je dois pour cela tuer un enfant... disons que ce sera un dommage collatéral. Il y a tellement de jeunes qui meurent sur les routes, tous les jours, alors qu'ils voulaient être des dresseurs reconnus pour accéder à la gloire... Tu n'en seras qu'un de plus. Pas de quoi s'affoler donc.
C'est le moment que choisit James pour agir.
- Je ne vous laisserai pas faire ! rugit-il en envoyant une ball sur le sol.
Tout se passe alors très vite : le smogogo du sbire apparaît et envoie aussitôt autour de lui un épais brouillard verdâtre. Protégé par ma vitre, je ne peux que constater l'opacité des fumées.
À ma gauche porte s'ouvre à la volée, défoncée, et Nat apparaît, libéré de ses liens. Il se jette sur moi, m'attrape, et fait demi-tour.
- Dépêchons-nous avant que des renforts arrivent ! crie la voix de James depuis le couloir.
Nat suit son frère tandis que j'essaie de comprendre ce qu'il vient de se passer. Les deux frères traversent les couloirs en courant le plus vite possible, sautent les marches des escaliers en s'accrochant aux rampes pour ne pas tomber. Quelques sbires tentent de nous arrêter, mais cette fois, c'est moi qui entre en jeu : je les grille sur place tandis que James se charge de ceux que je n'ai pas toucher à coups de poings bien placés. Personne n'arrive à nous retenir et nous parvenons bientôt à la sortie du bâtiment.
Alors que nous descendons une dernière volée de marches, un coup de feu retentit. Presque aussitôt, James vacille, avant de s'écrouler, roulant sur lui-même jusqu'en bas des escaliers de pierre. Nat hurle et se jette sur son frère qui se met à cracher du sang tandis que je tente de savoir d'où provient le coup de feu : un autre pourrait ne pas tarder à suivre. Et j'ai raison de me méfier : de son perchoir, Giovanni nous fixe comme un rapasdepic sa proie ; il pointe le canon de son arme sur nous, ferme un œil pour viser.
Je hurle à Nat de filer au plus vite, mais lui ne fait que pleurer sur son frère qui a fermé les yeux. Il hurle sa rage, sans se rendre compte qu'il peut mourir dans la minute. Pour finir, je décharge un peu de mon électricité pour le pousser à bouger, mais l'effet n'est pas celui que j'attendais : il me jette avec violence et je tombe lourdement sur les pavés.
- Ta gueule, Ethan ! Fiche-moi la paix, merde ! braille t-il.
Mais son regard suit le mien : des rockets ne tardent pas à apparaître sur le perron du bâtiment gigantesque dans lequel nous étions.
Il faut qu'on parte. Maintenant.
Le blondinet semble s'en rendre compte et dégaine une de ses pokéball. Marco en sort et menace nos adversaires d'un souffle enflammé ; les rockets ne demandent pas leur reste et se réfugient dans le hall en hurlant tandis que Nat hisse son frère sur le lézard volant.
Bientôt, le dracaufeu pousse avec force le sol de ses pattes arrières et nous nous envolons dans le ciel sombre et glacial de la nuit.


*


Nat n'arrive pas à arrêter ses larmes. D'une main il agrippe le cou de Marco tandis que de l'autre il essaye de maintenir son frère qui n'a pas bougé depuis qu'il s'est écroulé. Je crois qu'il est mort : mon ouïe pourtant si fine ne distingue aucun battement de cœur, justement le goutte à goutte du sang qui s'écoule sur le dos massif de mon compagnon. La balle l'a touché en pleine poitrine. Salaud de Giovanni.
Je crois que plusieurs heures s'écoulent avant que Nat décide d'atterrir. Marco acquiesce et fait un piqué vers le sol. Il fait toujours nuit, si bien qu'il est obligé de se rapprocher du sol pour trouver un endroit où atterrir. Il finit par choisir une prairie enherbée. Ses grosses pattes postérieures se posent, suivies des antérieures plus fines. Nat saute à bas du dragon et se dirige droit vers des lumières qu'on aperçoit un peu plus loin. Je regarde autour de moi. Je sais où nous sommes.
Bon sang, je sais ce qu'il veut faire. Le con.
Marco suit son dresseur, et moi, je lui emboîte le pas.
Bourg Palette. Le patelin n'a pas changé d'un pouce depuis la dernière fois. Les arbustes le long de la route ont été taillés, mais c'est tout. Nat court vers le laboratoire de notre grand père. Les lumières sont éteintes, il doit dormir. Mais Nat fait un tel tintamarre que l'éclairage ne tarde pas à nous éblouir. Bientôt, la porte du bâtiment s'ouvre et un pépé en robe de chambre ouverte sur son pyjama à rayures bleu clair nous fait face, les yeux ensommeillés et les cheveux en bataille.
- Nat ? Mais, enfin ! Que fais-tu ici ?
Mais Nat, les larmes coulant toujours sur ses joues, montre du doigt son frère allongé sur le dragon.
- Par Arceus ! S'écrie le scientifique en nouant la ceinture de sa robe de chambre. Amène le dans mon labo !
Marco parvient à grand peine à se glisser par la porte d'entrée. Puis il suit Nat dans le bâtiment. On arrive bientôt dans le bureau de pépé. Il n'a pas changé depuis mon départ : la même table de soin, les mêmes bibliothèques remplies à craquer de gros volumes certainement ennuyeux à mourir, le même bazar partout... et les mêmes emballages de sandwiches dans la corbeille, recouverts de moisi.
- Essaie de le poser là, ordonne mon grand père à Nat, qui s'exécute.
S'ensuit un long moment pendant lequel le scientifique ausculte James avec un stéthoscope, les lèvres pincées. Nat retient son souffle.
- Il est en vie ! s'exclame pépé contre toute attente en arrachant l'instrument de ses oreilles. Son pouls est faible, mais il vit ! Je dois avoir des poches de sang dans le frigo du bas, je vais en chercher !
Et il sort de la pièce au pas de course.
Nat s'approche de son frère et lui prend la main. Il voudrait parler, mais les mots ne veulent pas sortir. Il se contente de renifler et de s'essuyer les yeux de son autre main.
- On a réussi... murmure faiblement James en serrant un peu la main menue de son cadet. Tu t'en es sorti, de ce bourbier...
- Ne parle pas, James, il faut que tu gardes tes forces !
Le grand blond ne peut s'empêcher de sourire tandis que ses yeux bleus se posent sur le garçon debout à ses côtés :
- Tu n'as pas changé. Même après toutes ces années, tu n'arrives pas à m'en vouloir.
- Tu m'as sauvé, James. Je savais bien que tu n'étais pas des leurs ! Je l'ai toujours su ! Mais pourquoi étais-tu là-bas ?
L'aîné garde le silence un instant ; il ferme les yeux, tressaille : il souffre. C'est peut être bon signe : j'ai toujours entendu dire que les mourants ne ressentaient plus aucune douleur.
- Ils m'ont dit qu'ils te feraient du mal si je refusais de me joindre à eux. Alors je suis parti. Ce n'est que plus tard que j'ai compris pourquoi ils avaient voulu que je vienne : Je n'étais qu'un otage. Un otage utile, certes, mais un otage quand même.
- Un otage ? Mais... pourquoi ?
- Contre notre père. Tu sais qui il est, Nat, tu connais sa fonction : il aurait très bien pu anéantir cette organisation dès son commencement. Mais il n'a pas pu, car alors il m'aurait condamné. Il n'y avait pas que moi : toi et maman aussi étiez surveillés. Mais si j'étais dans leurs filets, c'est parce que je représentais une menace pour eux. J'étais un dresseur doué : j'étais donc dangereux.
- Mais le Conseil ? Pourquoi n'a t-il rien  fait ?
- Le Conseil ? Il est corrompu jusqu'à la moelle. Il n'y a que papa qui a refusé les pots de vin. C'est justement pour cela qu'on était des otages : sa famille toute entière ainsi menacée, il ne pouvait rien faire pour lutter contre la rocket.
- Où est-il à présent ?
- Je l'ignore. Cela fait longtemps que je n'ai pas entendu parler de lui. Mais... Nat... Ce que projette Giovanni... Il faut l'arrêter... Si jamais il parvient à son but... Qui sait ce que le monde deviendra... Il faut que tu le battes, Nat...
- Mais comment ? Et s'ils te tuent ? Et s'ils s'attaquent à maman ?
James sourit tristement. Je crois que j'ai deviné la suite ; la lenteur de ses paroles, la souffrance peinte sur son visage, cela ne fait aucun doute. Il n'y a que Nat qui ne parvient pas à y croire.
- Nat... Ils n'auront pas besoin de me tuer... Ils l'ont déjà fait... Mais, Nat, écoute-moi : va à Cramois'île, cherche un scientifique du nom d'Auguste. Dis-lui que c'est moi qui t'envoie, il me connaissait bien. N'oublie pas : Auguste.
Il tousse et se met à cracher du sang. Nat ne peut s'empêcher de crier d'horreur en se voyant éclaboussé de liquide écarlate. James essaie de retenir le sang à l'aide de sa main, mais rien n'y fait. Il parvient à murmurer dans un gargouillement :
- Je suis désolé... de n'avoir pas été là plus longtemps... Je suis tellement... désolé...
Sa main tombe sur son corps inerte avant de glisser sur sa veste noire et de pendre le long du bureau.


*


Nat ne s'en remettra jamais. Tout ce voyage, tous ces efforts, pour un tel résultat ! Il y a de quoi.
Après la mort de son frère, il est resté longtemps agrippé à lui à hurler, à pleurer toutes les larmes de son corps, sans pouvoir s'arrêter. Quasiment hystérique à l'idée de devoir lâcher le corps froid qui commençait à raidir, il a fallu que notre grand père lui injecte un puissant calmant. Nat s'est débattu contre les effets du médicament, mais ce dernier a fini par l'emporter : le garçon s'est écroulé et pépé l'a couché dans un lit, au premier étage.
Depuis, Nat s'est réveillé, mais il n'a pas dit un mot. Les yeux hagards surmontant des cernes violettes, il fixe le mur comme si celui-ci allait lui dire que c'était qu'un rêve et que son frère était en réalité vivant. Il n'en est rien : James est mort, emballé dans un sac fermé par une fermeture éclair, et il a rejoint la morgue de l'hôpital pour être autopsié. Entre temps, pépé est allé voir la mère de Nat et lui a appris la nouvelle. Je ne sais pas comment elle va, mais il semblerait qu'elle va très mal. Si ça continue, le père de James et de Nat va pouvoir refaire son comeback parce qu'il n'aura plus personne à perdre.
Depuis, je passe presque tout mon temps dans le labo de mon grand père, à regarder ses travaux, et à me promener dehors. Cramer les roucool passant à ma portée, ce qui me demandait tant d'efforts auparavant, n'a à présent rien de très difficile, si bien que je m'ennuie rapidement. De temps à autres, Miroku vient me voir pour se dégourdir les jambes. Il m'a appris que, lorsqu'ils étaient dans le bâtiment de la rocket, James et Nat avaient conclu un accord afin de sortir de là. James savait parfaitement quels étaient les pièges tendus par son chef, aussi en avait-il fait part à son jeune frère. Jamais James n'avait voulu tuer son cadet. Et, pourtant, c'était ce que lui demandait son chef. En un sens, c'était une épreuve. James avait toujours fait des efforts afin de rentrer dans les bonnes grâces de Giovanni. Il avait toujours obéit à chacun de ses ordres avec promptitude, si bien qu'il était devenue une personne de confiance... jusqu'à ce que Nat arrive et foute le boxon. Car dès lors que le jeune garçon était arrivé dans l'histoire, James s'était retrouvé extrêmement gêné dans ses manœuvres... Et Giovanni avait remarqué la limite de son obéissance. Selon Miroku, le fait que James rate chacune des missions dès qu'il s'agissait de son frère a dû lui faire perdre son rang. Il avait dû devenir un boulet pour la rocket. Mais, alors, pourquoi s'acharner à l'envoyer arrêter les agissements de son jeune frère alors qu'il en était incapable ?
- Peut être pour faire venir le papa et en profiter pour l'éliminer. Il a disparu du Conseil, personne ne sait où il est. Giovanni a juste la trouille qu'il soit en train de comploter contre lui, alors il essaie de lui tendre un piège. Mais le père de nos deux frères est un malin : je ne pense pas qu'un piège aussi grossier le fasse sortir de sa cachette.
- Il laisserait ses enfants mourir ? je m'étrangle.
- Pour la bonne cause : détruire la rocket. Deux morts, à côté, ne serait rien. Même ses propres enfants. Le devoir avant tout. En tout cas, c'est ce que je pense.
- Dans ce cas, pourquoi n'a t-il pas agit avant s'il s'en moquait ? Il aurait pu nous débarrasser de cet enfoiré il y a longtemps !
Miroku réfléchit un instant, les bras croisés.
- Mais dans ce cas il aurait été coupable de la mort de ses enfants. C'est très complexe, mais s'il avait agit de lui-même, et si cette action avait provoqué la mort de ses fils, peut être ne se le serait-il jamais pardonné. Alors que si ses enfants meurent sous la main d'un autre sans que lui-même n'y soit pour quelque chose, alors certainement ne se sentirait il pas coupable de ces morts. Et puis, peut être n'est il pas au courant de ce qu'il se passe ici. Peut être même est-il mort. Qui sait ?
Les propos de Miroku m'ont beaucoup perturbé.


*


Cela fait quatre jours que nous sommes coincés ici. Nat ne sort toujours pas de sa léthargie. Pépé a dû faire venir une infirmière pour s'occuper de lui.
Assis sur l'immense bureau de mon grand père envahi de feuilles de notes, de stylos et de livres éparpillés, je regarde le vieil homme devant moi se frotter les yeux. Lui aussi est fatigué et inquiet. Lui aussi se sent impuissant. Incapable de se concentrer sur ses recherches, il essaie de me donner une boulette pour pokémon pour s'occuper, mais je refuse et préfère piquer un morceau de son sandwich, pourtant infect. Il me regarde, puis finit par hausser les épaules.
Le téléphone se met à sonner ; mon grand père décroche. Du combiné surgissent des cris paniqués. J'ai du mal à comprendre ce que ça dit tellement la personne à l'autre bout du fil parle vite. Tout ce que j'arrive à saisir sont les mots "machine" et "volée". Mon grand père essaie de calmer son interlocuteur :
- Ne t'inquiète pas, Léo. As-tu appelé les autorités ? Elles pourraient peut être faire quelque chose, tu ne penses pas ?
Léo. Bon sang. Ce doit être la machine sur laquelle il travaillait. Le téléporteur. Le responsable de sa propre transformation en pokémon.
- Au fait, tu l'avais finie, ta machine ? Je croyais que tu m'appellerais lorsqu'elle le serait... lui reproche soudain pépé en fronçant ses sourcils blancs et broussailleux.
Là, je perçois distinctement la réponse : non.
Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Pas de doute, ce doit être la rocket qui est derrière tout cela. Mais pourquoi voler un téléporteur même pas terminé et potentiellement dangereux ? Dans quel but ?
Pépé raccroche bientôt et soupire longuement. Puis il me regarde :
- Mais quel monde de fous... Voler un téléporteur... ce doit être pour l'argent. Les gens qui ont fait cela sont des êtres détestables.
J'acquiesce de la tête. Si seulement ils n'étaient que détestables...
Ne sachant pas quoi faire, je décide d'aller voir Nat. C'est la fin de l'après midi, son infirmière ne va pas tarder à venir le voir pour ses soins.
Son état reste le même : il fixe le mur, couché sur le flanc. Il a fallu que l'infirmière lui nettoie les mains sinon elles seraient encore couvertes du sang de son frère. Enfermé sur lui-même, il ne me voit même pas grimper sur son lit. Il pourrait tout aussi bien être mort, car je ne ressens presque rien. Aucune tristesse, aucune colère, rien, une coquille vide. C'est effrayant.
Nat n'est pas assez fort pour lutter plus longtemps. Tous ces morts, tous ces chocs, c'est beaucoup trop pour un être innocent comme lui.
Tout ce que je peux faire, c'est me coucher près de lui et essayer de lui envoyer de bonnes pensées. Je sombre bientôt dans le sommeil. L'infirmière me réveille quelques temps après, puis elle repart et je sombre de nouveau dans les bras de Morphée.
Jusqu'à ce que, cette fois, ce soit un tremblement de terre qui me sorte de mon repos.
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white shewolf

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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptySam 10 Jan 2015 - 17:31

Ça y est, la fin approche, le dénouement aussi... Ce prochain chapitre vous apprendra la vérité sur les plans diaboliques du chef Rocket... Mais à quel prix ?


Chapitre 41




Je n'ai jamais vécu de tremblement de terre avant celui-là. Tout autour de nous tremble, s'agite, oscille ou tombe.
Pépé déboule dans la chambre, tire la couverture qui recouvre son petit fils et tente de le sortir du lit.
- Réveille-toi Nat ! Il faut partir tout de suite ! Nat, tu m'entends ?
Mon grand père hurle, secoue son petit fils. Celui-ci semble reprendre quelque peu conscience, assez pour se tenir sur ses jambes.
- Il faut qu'on parte, allez, suis-moi !
Nat ne peut que suivre notre grand père dans le bâtiment qui continue de trembler.
Soudain, les secousses s'arrêtent. Je soupire, rassuré, mais pépé est toujours en état d'alerte. Quelqu'un ouvre la porte du labo à la volée en s'écriant :
- Professeur ! La mer descend !
Je reconnais un des assistants de mon grand père. Celui ci ouvre grand les yeux et s'exclame :
- C'est mauvais signe ! Dis à tout le monde d'évacuer les lieux ! Pas le temps de prendre des affaires, sors juste les gens de leur maison et emmène les sur la route 1 le plus vite possible !
Nat semble reprendre peu à peu conscience du monde qui l'entoure. Il regarde sans comprendre son grand père vociférer, tourne la tête et pose les yeux sur les affaires éparpillées partout dans la pièce. Puis pépé le tire sans ménagement à sa suite et il tente de son mieux de suivre la cadence. Je les suis en trottinant, sans même comprendre ce qu'il se passe.
Dehors, les gens sont sortis de leur maison et pointent du doigt la mer qui s'échappe à vue d’œil. C'est la première fois que pareil phénomène se produit. Pépé leur ordonne de suivre les dresseurs sur la route 1 et d'aller le plus loin possible. Certaines personnes tentent de faire une valise à la hâte, mais le vieux scientifique les enguirlande tant et si bien qu'elles abandonnent leurs affaires et courent à la suite des dresseurs qui se frayent un chemin dans les hautes herbes. Nous les suivons, et j'ai alors la surprise de ressentir des émotions qui ne sont pas les miennes. Je jette un coup d’œil à Nat et constate que les yeux de celui-ci sont bien ouverts. Plus que de la peur, c'est de l'incompréhension que je distingue, ainsi qu'une pointe de tristesse.


*


Nat a perdu son frère. À présent, c'est sa maison qu'il a perdue.
Pépé n'avait pas eu tort d'avoir poussé tout le monde à fuir le village. Le tremblement de terre provenait de Cramois'ile, cet îlot volcanique qui pointe à l'horizon au beau milieu de la mer. Mais ce n'est pas le volcan qui a provoqué le séisme, mais l'explosion violente du laboratoire. Le séisme a alors provoqué un tsunami, une vague gigantesque qui s'est abattue sur toutes les terres alentours. Si les îles écumes ont été totalement submergées, Parmanie a vu certains de ses bâtiments inondés. Quant à Bourg Palette, il a été totalement rasé. La puissance de la vague qui s'est abattue là a tout détruit et n'a laissé que quelques ruines. Mais, grâce à pépé, personne n'est mort.
Nat constate les dégâts, l’œil vide. Il a du mal à se rendre compte du drame. Moi aussi d'ailleurs, ainsi que tous les habitants qui ont eu le courage de venir jusqu'ici. À peine 12h auparavant se dressait un village. À présent, il ne reste qu'une terre inondée et désolée. Horrible.
- Je n'ai vraiment plus rien, Ethan.
Ah, grand progrès : mon petit cousin s'est remis à parler.
- Mon frère, ma maison... je n'ai presque plus rien. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé là-bas ? Pourquoi cette explosion ?
Pépé arrive à ce moment-là et pose la main sur son épaule.
- Je suis désolé, Nat. Je sais que ce n'est pas vraiment le moment pour toi, mais j'ai besoin de ton aide.
Le blondinet se retourne, alerte.
- Des gens ont survécu là-bas, mais n'ont aucun moyen de rallier la terre ferme. Il faudrait que tu les aide. Tu as ton dracaufeu, cela devrait être facile. Eux non plus n'ont plus de maison, et ils risquent de mourir à tout moment.
Le garçon fronce les sourcils, sans comprendre.
- Je croyais qu'ils avaient survécu à l'explosion ? Que pourrait-il se passer d'autre ?
- Le volcan... Tout montre qu'il s'est réveillé. Il pourrait entrer en éruption à tout moment. C'est pour cela qu'il n'y a pas une minute à perdre, Nat. J'ai appelé les autorités, mais elles sont en sous-effectif à cause des dégâts de la vague à Parmanie. Et comme il y a moins à sauver à Cramois'ile que dans cette grande ville...
Son regard se fait dur comme la roche. Lui non plus n'adhère pas à cette mentalité.
Nat acquiesce doucement, fait sortir Marco de sa ball et grimpe dessus. Je m'apprête à sauter sur le dragon à sa suite, mais quelque chose m'en empêche.
Mon cœur. Il semble s'emballer, pour une raison inconnue. Je me plaque au sol en piaillant. La douleur est intense. Une crise cardiaque ! C'est vraiment pas le moment !
Je ne dois pas mourir ! Nat a besoin de moi ! Je ne veux pas mourir, je ne peux pas !
Je tente de résister à cette crise, griffe le sol comme pour me maintenir en vie.
Et, tout aussi rapidement qu'elle est venue, la douleur s'estompe.
Je reste collé au sol, essoufflé. Mais qu'est-ce que c'était ?
Un rejet. Le corps est en train de rejeter l'âme afin de retrouver son âme initiale. Il ne te reste presque plus de temps.
Son âme initiale ? Mais où peut-elle être ? Tous les fantômes ont disparu, elle ne peut pas avoir survécu !
Et pourquoi ai-je pensé au rejet ?
J'essaie de comprendre tandis que pépé se penche sur moi, interdit. Il ne comprend pas plus que moi la raison de la crise. Je finis par me relever avec peine. J'ai l'impression que mon corps a été roué de coups. Raide, j'escalade Marco et Nat m'attrape et me maintient dans ses bras.
- Tiens bon, Ethan, fait-il. Reste avec moi. Je ne supporterais pas de te perdre. Reste avec moi.
T'inquiète gamin, je ne vais pas clamser aussi facilement. Laisse-moi juste le temps de me remettre. Mais ne tardons pas de trop quand même, j'ai idée que ce n'est que le début.


*


Cramois'ile est dévastée, mais pas de la même manière que Bourg Palette. Les bâtiments, s'ils n'ont pas été soufflés par l'explosion, sont en flammes. Marco est obligé de raser la surface de la mer pour éviter les fumées toxiques qui s'en échappent. D'autres dresseurs volant sur leurs pokémon arrivent également, ainsi que quelques bateaux qui, en pleine mer, ne se sont presque pas rendus compte de la vague gigantesque.
Sur le flanc est de l'île, le grand volcan créateur de cette terre perdue au milieu des eaux se dressent, immense cheminée conique crachant de la fumée noire. Pépé a raison, il risque d'entrer en éruption. Il n'y a pas une minute à perdre si nous voulons aider les habitants survivants.
Ceux-là se sont cachés dans l'immense laboratoire scientifique construit en matériaux récents. Et si je parle des matériaux, c'est parce que Cramois'ile possède un centre de recherches sismologiques ainsi qu'un autre laboratoire dont les recherches me sont inconnues. C'est ce dernier qui semble avoir provoqué l'accident : son toit est crevé, comme si quelque chose en était sorti de l'intérieur, et les murs, enfin, ceux qui sont parvenus à rester debout, ressemblent étrangement à des feuilles de choux-fleur. Mais que s'est-il passé ici-bas ?
Marco se pose, tout près du bâtiment encore debout. Seule une de ses façades est quelque peu abîmée. Mais s'il est encore debout, ce n'est pas parce qu'il a été construit selon les normes para-sismiques, non : c'est juste qu'il se trouve de l'autre côté du volcan, à l'opposé de l'autre laboratoire qui a provoqué l'accident. L'édifice naturel a protégé l'enjeu humain... et le menace désormais de sa colère. On n'aime pas être brutalement sorti de son réveil. Ce volcan en est la preuve.
Quelque chose me revient alors en tête. Les derniers mots de James, concernant un certain Auguste, qui vivrait ici. Il nous avait dit de venir le voir. Mais est-il seulement en vie ?
Au moment où cette pensée traverse mon esprit, j'aperçois un homme, là-haut, qui escalade le volcan. Je tire la veste de Nat et lui montre ma découverte.
- Mais, il est fou ! s'exclame mon dresseur, traduisant ma pensée muette. Allons le chercher !
Et il s'élance et je n'ai plus qu'à m'agripper de toutes mes forces à son sweat.
- Attendez, monsieur ! Monsieur, n'allez pas par là, c'est dangereux ! Revenez ici, j'ai un moyen de transport pour vous rendre à l'abri !
- Il n'y a pas d'abri pour moi, jeune homme, alors laissez-moi donc en paix et allez sauver ces pauvres gens en bas !
Mais Nat le rattrape et le force à se retourner. C'est un vieil homme chauve, portant des lunettes rondes et noires et une veste blanche. Un scientifique, qui pue la fumée à plein nez.
- Laissez-moi, jeune homme, je vous ai dit. Je ne peux que vous apporter la mort.
- Mais qu'est-ce que vous racontez ?
Ce type est fou : il a dû tomber sur le tête pour dire des bêtises pareilles. Nat tire un peu plus sur la veste, qui se déchire, faisant apparaître une manche noire, un noir qu'on reconnaît aussitôt.
Un rocket.
Nat le fixe, les yeux écarquillés.
- Mais, comment ?
Pendant ce temps, le scientifique corrompu le regarde étrangement, comme s'il le reconnaissait.
- Vous me rappelez quelqu'un, jeune homme... Quelqu'un de mon organisation... Et...
Sa bouche s'ouvre de surprise en m'apercevant.
- Ho, non...
Ho non quoi ? Mais merde, tu vas parler oui ? Pourquoi tu me regarde comme ça ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Un arraché. Il en reste donc encore en vie ?
Ouais, mon gars. Et il n'y a pas que moi, mate un peu le dragon.
- Vous devez être Nat, n'est-ce pas ? James m'a beaucoup parlé de vous.
En entendant parler de son frère, mon cousin se ferme aussitôt, comme pour garder enfermée sa douleur.
- Il m'a dit que vous viendriez un jour. Un bon gars, ce James. Un type qui n'a rien à faire dans la rocket. Comme moi d'ailleurs.
Il s'assoit, comme si rien que le fait d'être debout l'épuisait.
- Il faut que je vous le dise... Je le lui avais promis. Il m'avait dit également que le jour où vous viendriez, il ne serait plus là pour le faire à votre place... Est-ce le cas ?
Incapable de prononcer un mot, Nat hoche gravement la tête. Le scientifique pose la tête dans ses mains.
- Il faut que je vous le dise, mais pas ici. Suivez-moi.
Il observe les gens plus bas, mais tous sont occupés par les secours volants. Marco nous regarde partir, étonné, tout en refusant que les gens lui grimpent dessus. Je lui fais un signe de la tête, et il comprend qu'il doit rester en alerte. Ce type peut s'avérer être un ennemi. Il ne faut pas le sous-estimer, surtout à présent qu'il nous emmène à l'écart.
Nous gravissons encore plusieurs mètres sur les flancs du volcan, mais grimper au sommet n'est pas son but parce qu'il finit par rallier un chemin et le suivre pour rejoindre le labo détruit.
- Je suis le champion de cette ville, mais également un scientifique. Il y a quelques temps, la rocket m'a contacté afin que je les aide pour une expérience. J'ai accepté, dans un accès de faiblesse. Il y avait beaucoup d'argent à gagner. À l'époque, on ne pensait pas la rocket si vile, et les autorités n'étaient pas encore corrompues. J'ai accepté donc, et je m'en suis mordu les doigts. Alors que je tentais de m'enfuir, la rocket a pris ma famille en otage et m'a menacé de les découper en menus morceaux si je n'obéissais pas aux ordres. Ces ordres étaient clairs : faire de sorte que l'expérience soit une réussite, et garder le silence. Pour me montrer que ce n'était pas des paroles en l'air, un sbire m'a rapporté un doigt sanglant enfermé dans une boîte. Un doigt avec un ongle verni, celui de ma fille. Je n'ai pas eu d'autre choix que d'obéir. Ce que j'ai fait donc, corrompant mon âme dans ces sombres histoires.
Il se tait, regarde l'horizon bleu, semble perdu dans ses pensées.
- Mais alors, qu'avez vous fait donc pour la team rocket ? tente de le relancer Nat qui s'attend au pire.
- Des choses horribles. C'est moi qui suis responsable de tous ces malheurs qui arrivent.
Explique toi, bordel, au lieu de dire des conneries pareilles : qu'est-ce que t'as fait exactement ?
Mais le vieux n'est pas Giovanni, il ne peut pas me comprendre. Il reprend :
- C'est moi qui suis à l'origine de la technologie permettant de transmuter une âme dans un autre corps. Mais pas seulement. Je suis un spécialiste en génétique à l'origine. Giovanni m'a demandé de trouver un moyen de vivre plus longtemps et d'être plus puissant. Je sais que son but est de diriger le monde. Pour quelle raison ? Je l'ignore. Toujours est-il qu'il tente par tous les moyens d'allonger drastiquement sa durée de vie... Quand je dis que je suis à l'origine de la transmutation, ce n'est pas tout à fait vrai, car il la connaissait déjà. Plus j'y pense, et plus il ne me semble pas être la personne qu'il fait croire être. Enfin, il m'a demandé de rendre viable les transmutations. J'ai essayé, j'ai fait tout ce que j'ai pu, mais les sujets n'ont jamais réussi à survivre plus de quelques semaines... L'être sur ton épaule est tout simplement remarquable de ce côté-là.
Il me regarde de son regard usé par les années et le travail intellectuel.
- Giovanni a remarqué que les essais n'étaient pas concluants, alors il a essayé de trouver un autre moyen. Il a entendu parler d'une machine servant à se téléporter d'un endroit à l'autre. Cependant, le chercheur qui l'a créé s'est retrouvé dans une bien triste situation...
- Léo ! s'écrie Nat. Mais la machine ne l'a pas seulement téléporté, elle a modifié son apparence !
- S'il n'y avait que son apparence... Son ADN a muté avec celui d'un pokémon. En gros, il est devenu une chimère mi humaine mi pokémon... Giovanni a posté des sentinelles à proximité de son laboratoire, pour l'observer et voir s'il était viable... Et il l'était. Parfaitement. Au bout d'un moment, il a commencé à pouvoir utiliser des attaques, comme un pokémon. En moins puissant peut être, mais des attaques quand même, alors qu'il était mi-humain. C'est là que l'esprit de Giovanni s'est emballé. Il a tenté de voler les plans de la machine, mais cela n'a pas réussi, alors il fait voler le téléporteur raté et l'a emmené ici.
- Et ? s'impatiente Nat, même s'il devine la suite. Il s'en est servie ? Il a muté avec un pokémon ?
- En effet, mais pas avec n'importe quel pokémon. Vous connaissez la légende de la Grotte Interdite, celle qui se trouve au nord d'Azuria ?
Nat acquiesce :
- Il y aurait dedans un pokémon réputé si dangereux qu'il est interdit d'y entrer.
Le scientifique secoue gravement la tête.
- Vous ne connaissez que la partie qui a été racontée au public. La Légende raconte qu'un pokémon incroyablement puissant y aurait élu domicile. C'est vrai, mais dans un sens seulement. D'une part, il n'y a pas élu domicile, il y a été enfermé car il était si dangereux qu'il risquait de détruire des villes entières. D'autre part, il ne s'agit pas d'un vrai pokémon, mais le fruit d'un mélange génétique.
Nous le regardons, sans savoir quoi penser. Un mélange génétique ? Un faux pokémon ? Pour quoi faire ?
- Il y a 35 ans de cela environ... un scientifique est tombé sur un pokémon rarissime, unique, un pokémon légendaire, qu'il a surnommé Mew. Il était si obnubilé par sa découverte qu'il a tenté de le retrouver, et ce par tous les moyens possibles. Mais il n'a jamais réussi à la capturer. C'est un ranger, alors qu'il parcourait la forêt de jade, qui est tombé dessus. Il a tenté de l'attraper : pour cela, il a lancé une ball. Celle-ci a tapé Mew, et celui-ci, au lieu d'être attrapé, s'est esquivé en la renvoyant et il s'est enfui. C'est ainsi que l'Expérience a commencé.
Le vieil homme rajuste ses lunettes sur son nez et regarde le laboratoire détruit.
- La ball, en touchant le pokémon, a récolté des bouts de peau. C'était suffisant : dedans étaient contenus des fragments d'ADN. Un véritable trésor. Le ranger a appelé le scientifique, qui lui a acheté la ball. Aussitôt, il s'est mis au travail, s'entourant pour ce faire de tous les meilleurs scientifiques de la région. Je n'étais qu'un novice à l'époque, je venais de finir mes études, mais j'y ai pris part également. Le scientifique obnubilé par Mew était mon maître. Les recherches ont duré des années, mais le but n'était pas de créer une copie conforme de Mew. Cela était presque trop facile. Mon maître a décidé d'enrichir l'ADN en rajoutant des capacités surpuissantes d'autres pokémon, avant de favoriser le développement d'un embryon dans une éprouvette. L'embryon a grandi, grandi et, bientôt, un nouveau pokémon est né. Baptisé Mewtwo, il s'est avéré être un redoutable combattant... Le soucis étant qu'il était incontrôlable. Ce que ne nous avait pas avoué mon maître, c'était qu'il avait ajouté au mélange génétique quelques unes de ses cellules, dans l'espoir que le monstre ne soit contrôlable que de lui seul... Une folie. Mon maître était quelqu'un d'instable, qui agissait au quart de tour, impulsif donc, et colérique. Le pokémon a hérité de ces traits de caractère et a commencé par se rebiffer. Pour finir, il a utilisé ses pouvoirs si puissants sur son créateur et l'a tué. Le pokémon ne voulait qu'une chose : sa liberté. Il n'aurait jamais dû voir le jour, on aurait dû rester au stade théorique... Car la chose que nous avions créée était beaucoup trop dangereuse pour rester en liberté. Il a donc été enfermé dans la Grotte Interdite, sous le contrôle de scientifique chargés de le maintenir dans un état de sommeil profond... Jusqu'à ce que Giovanni l'apprenne... Par ma faute.
Cette fois, le scientifique s'écroule à genoux, le visage dans les mains.
- Tout cela est de ma faute... Giovanni a décidé de muter avec Mewtwo. Cela s'est passé ici, et c'est ce qui a causé cette explosion et tous ces morts... Et il ne tardera pas à utiliser ses pouvoirs pour atteindre son but. Il faut le détruire avant qu'il prenne possession de ses capacités destructives. Qui sait ce que ce mélange, cette hérésie génétique, donnera ?


*


Les recommandations d'Auguste sont claires. Il a passé une demie-heure à s'excuser de m'avoir fait subir la transmutation. Lorsque Nat lui a demandé s'il existait un moyen de me rendre mon corps, le vieil homme a juste pu dire que mon enveloppe corporelle se trouvait dans le souterrain de la Sylphe Sarl, le QG de la rocket où se trouvait Giovanni la dernière fois qu'on l'avait vu. Cependant, il ne connaissait pas le moyen de me faire réintégrer mon corps. Il nous a toutefois expliqué que le corps et son âme sont indissociables : l'un dépend toujours de l'autre et tente toujours de ne refaire qu'un. Mon corps était donc toujours maintenu en vie dans les locaux de la rocket. Rassurant. Peut être le fait de le toucher simplement pourrait me faire réintégrer mon enveloppe ? Auguste restait sceptique : sans fantôme, il était quasiment impossible de déplacer des âmes. Il a ajouté que le rejet provenait du fait que l'âme n'était pas dans son bon réceptacle, qu'elle sentait que les deux étaient incompatibles. C'était complexe, et les hommes n'imaginaient pas toute l'ampleur de la chose.
En somme, il est incapable de m'aider, et je n'ai plus qu'à attendre que le corps ou l'âme rejette l'autre élément. Ce qui peut se produire dans une journée, une heure, voire dans la minute. Rassurant. J'en ai déjà eu les prémices, ma mort ne tarderait donc pas. Je suis condamné. La nouvelle, choquante pour Nat qui pensait pouvoir me sauver, ne m'a au final presque rien fait. Finalement, lorsqu'on est un pokémon, vivre une minute de plus dans ce monde hostile est déjà une victoire en soi, alors demeurer en vie aussi longtemps dans des conditions aussi précaires... Un vrai miracle.
Nous n'avons plus qu'une chose à faire à présent : éliminer de la terre Giovanni. D'après Auguste, il était encore en état de transition, découvrant ses pouvoirs nouvellement acquis. Il ne tarderait pas à les maîtriser. S'il est moins puissant que le pokémon originel - la mutation ôtant quelques capacités en route - il n'y a aucun doute sur le fait qu'il sera redoutable, plus puissant qu'un pokémon moyen, et doté des meilleures attaques psychiques, le type le plus puissant au monde. Se combinent à cela ses aptitudes de dresseur de pokémon sol. Un ennemi mortel.
Nous nous envolons vers le seul endroit où nous pensons trouver Giovanni : Saphrania. La ville n'est plus peuplée que par des sbires vêtus de noir. Les habitants ont dû partir ou bien sont morts.
Marco atterrit devant la porte du QG. Quelques gardes tentent de nous arrêter, mais le dracaufeu s'en charge et les encastre dans le mur.
- Notre but est simple, mes amis, déclare Nat à ses pokémon : on détruit la rocket, on retrouve le corps d'Ethan et on botte le cul de Giovanni. Des questions ?
Un plan simple comme je les aime. Nous secouons la tête.
Nat entre dans le bâtiment d'un pas décidé.
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyDim 11 Jan 2015 - 19:04

En ce jour de marche républicaine, je vous propose ce nouveau chapitre !

Chapitre 42




Nous battons sbires sur sbires. Nat est intraitable et ne montre aucune pitié. Pourtant, parmi ces types qui se ruent sur nous comme des mouches sur une merde, il doit y en avoir dans le même cas que James ou Auguste : des gens qu'on fait chanter afin qu'ils obéissent aux ordres.
L'ascension est longue : il y a du monde au portillon. Dans les derniers étages, nous avons la surprise de tomber sur une vieille connaissance, ligoté sur une chaise, les yeux violets à force de se prendre des coups. Il a dû passer un interrogatoire qui s'est fini en passage à tabac.
- Nat ! s'exclame Joey. Que fais-tu ici ?
Je remarque qu'il lui manque deux dents.
Nat le libère sans rien dire. Pour une fois, Joey ne se moque pas de son cousin. Il nous explique rapidement que la rocket a tenté de l'intégrer dans ses rangs, mais qu'il a refusé. Étrange.
- Je refuse d'obéir comme un caninos à ces abrutis.
Pour une fois, je ne peux qu'être d'accord avec lui. Nat lui raconte que le raz de marée a détruit Bourg Palette. Aussitôt, Joey demande des nouvelles de sa sœur et de notre grand père et mon dresseur le rassure : ils sont en vie et en bonne santé.
Joey ne reste pas avec nous. Il reprend ses pokémon confisqués par ses bourreaux et préfère s'en retourner à son village natal pour voir s'il ne peut pas aider. Comme quoi, pour changer quelqu'un, suffit de le tabasser.
Je remarque que Nat ne lui parle pas de son frère. Joey ne saura jamais rien de cette histoire.
Dans une pièce voisine, nous libérons un autre homme prisonnier des rockets. Pour nous remercie, il nous offre un pokémon de type eau, un lokhlass semblable à celui qui tournait en rond dans son bassin à Parmanie. Surnommé Nessie, il est aussitôt envoyé au PC.
Nous montons encore un étage, puis un autre, et nous arrivons enfin dans le bureau du directeur. Là où se trouve Giovanni.
Mais ce n'est pas lui qui nous attend, assis sur le trône : c'est Jessie, la compagne de James. Elle nous fait face, tentant en vain de se montrer dure.
- Je savais bien que tu reviendrais ici. Enfin, le chef le savait, alors il m'a demandé de t'attendre et de faire ce que James aurait dû faire depuis bien longtemps sans en avoir eu le courage.
- Tu aurais pu tuer ton jeune frère toi ? envoie Nat d'un ton cassant. Tu aurais pu tuer quelqu'un que tu aimes ?
- Bien sûr. Je ne suis pas si fleur bleue que cela. J'aurais pu te tuer, moi, mais James ne m'y a jamais autorisé... et Giovanni voulait que ce soit lui qui te tue.
- C'était un test, pas vrai ?
Elle hoche la tête.
- James nous a trahi. Il est banni de la rocket et sera poursuivi pour cela.
- Tes paroles sonnent creux. Tu ne projetais pas de partir en vacances avec lui ?
Elle cligne des yeux compulsivement.
- Quoi ! Mais, comment... C'est lui qui te l'a dit, ce traître ?
- Traître à quoi ? À la rocket, ou bien à toi parce qu'il ne t'a pas emmenée avec lui ?
- Arrête de te foutre de moi, Nat.
- Il ne reviendra pas, Jessie. À cause de Giovanni... Il ne reviendra pas !
Sa voix se casse tandis que le visage de Jessie se décompose.
- Tu veux dire qu'il est... ?
Nat ne peut plus parler ; il se contente de hocher la tête en tachant de retenir ses larmes.
Elle tombe à genoux, le regard vide.
- Tu mens... parvient-elle à dire. Ça ne se peut pas... Tu mens !
Elle se rue sur lui et l'attrape à la gorge, le plaque brutalement contre le mur et serre, serre... Nat étouffe sous ses doigts, devient rouge... mais me fait signe de ne pas intervenir.
- TU MENS ! Il n'est pas mort ! Il ne peut pas être mort !
Mais l'expression du visage du garçon ne ment pas. Après un instant, elle le lâche et tombe au sol, la tête basse. Elle n'arrive toujours pas à y croire.
- Il m'avait dit qu'il était juste parti, qu'il s'était enfui après t'avoir sauvé... Qu'il nous avait trahi...
- Où est Giovanni ? Je veux le tuer. Je veux qu'il meure. Je veux qu'il souffre comme il fait souffrir tant de monde ici ! Il faut mettre fin à cette tyrannie. Où est-il ? S'exclame Nat en se frottant la gorge.
Jessie ne dit d'abord rien, ramène ses longues jambes d'araignée contre elle et pose sa tête sur ses genoux.
- Je ne peux pas croire qu'il est... Il m'avait dit qu'il serait toujours avec moi. Toujours.
- Il n'a pas décidé, crois-moi. C'est ce lâche qui lui a tiré dans le dos. Et toi, tu protèges ce couard qui a osé tuer par derrière l'homme que tu aimais. Et comme tu le protèges, je ne peux pas aller le tuer et lui rendre la monnaie de sa pièce.
- Il tuera toute ma famille si je m'avise de le trahir. Il est sans pitié.
Elle regarde un instant Nat, songeuse.
- Ton regard ressemble de plus en plus au sien. À celui de Giovanni. Froid. Glacial même. Si tu ne fais pas attention, tu finiras comme lui. Tu deviendras un monstre.
- Tout cela est de sa faute.
- Tu n'es pas obligé de devenir un monstre pour le tuer. Ce serait s'abaisser à son niveau, tu ne crois pas ?
- Tu ne sais pas ce qu'il est devenu. Un monstre... Une horreur inhumaine. Ni pokémon d'ailleurs. Une monstruosité sans nom...
- Je sais très bien ce qu'il projetait. Depuis longtemps. Et James aussi, il n'avait qu'une seule envie : éliminer Giovanni. Mais il devait en même temps te protéger. Il ne voulait pas être responsable de sa mort. Votre père parti, le seul obstacle qui s'est alors dressé devant Giovanni... c'est toi. Tu as causé bien des tracas à James à cause de cela. Son but était de vous envoyer, ta mère et toi, à l'étranger, en sécurité, là où Giovanni ne pourrait jamais vous trouver. L'Océane aurait pu être votre ticket de sortie. Mais le fait que tu deviennes dresseur itinérant a tout modifié. Il ne savait jamais où tu étais, et Giovanni se faisait un malin plaisir de l'envoyer partout où il était susceptible de tomber sur toi... En attirant l'attention sur toi, en devenant fort, tu es devenu un danger pour Giovanni... qui a tenté de t'éliminer en envoyant James afin de voir jusqu'où allait sa fidélité envers lui. James, en échouant dans sa mission, a permis à notre chef de se rendre compte qu'il était incapable d'obéir à tous ses ordres. Alors il a commencé à se méfier de lui, à le faire suivre partout où il allait... Et James s'est retrouvé pieds et poings liés. Ce qu'il a fait pour te sauver, ici même, il ne l'avait pas prémédité, mais Giovanni savait bien qu'il était susceptible d'agir, alors il s'est méfié. Je crois que son seul échec ce jour-là est de ne pas avoir réussi à te tuer.
Nat est blême en apprenant la vérité. Gêner James ? Jamais il n'y aurait pensé. Lui qui pensait aider son frère ne faisait au final que lui causer des ennuis. Et cela, en réalité, James nous le disait depuis le début.
- Dis-moi où est Giovanni, qu'on en finisse ! finit-il par grogner entre ses dents.
Jessie le regarde.
- C'est trop tard, Nat. C'est fini, il a gagné. Il a regagné son arène de Jadielle, mais tu ne pourras rien faire pour l'arrêter.


*


Jadielle. Me revoilà au point de départ. Là où je suis né. Là où je suis mort. Là où j'ai ressuscité. Même si ma transmutation a eu lieu dans les locaux de la Sylphe, c'est pourtant sur la route à l'ouest de Jadielle que je me suis réveillé.
Jadielle, la ville du champion inconnu. Celui qui ne vient qu'une fois par an... Ah, il en embête, des dresseurs... Mais quand on sait qui il est en réalité, cela n'est pas étonnant.
Nat entre sans hésiter dans l'arène. La porte s'ouvre dans un horrible grincement. Aussitôt, plusieurs paires de bras l'empoignent : c'est un guet-apens ! Caché comme à mon habitude dans sa capuche, je tente d'éliminer ces hommes aux membres musclés à l'aide de décharges peu puissantes mais bien placées. Il ne s'agit pas de blesser mon dresseur.
- Laissez-le entrer ! rugit une voix que je reconnais pas.
Les hommes nous lâchent et Nat réajuste sa veste sur ses épaules.
J'ai un coup au cœur en apercevant la créature qui est debout au fond de l'arène.
Il n'est pas humain. Il n'est pas pokémon. Il est un horrible mélange des deux. Une chimère humaine.
Giovanni nous fait face. Il est à moitié pokémon, mais son expression humaine est flagrante. Il se tient sur ses deux jambes, marche sur la pointe des pieds à deux orteils. Son torse est large et comporte quelques poils. Ses longs bras fins se terminent par des mains à trois longs doigts. Son visage, toujours carré, ne comporte pas de nez mais juste deux fentes pour respirer, une bouche munie de dents humaines, des yeux humains mais des oreilles en forme d'antennes plantées de part et d'autre de son crâne chauve.
- Eh bien ? Tu ne sembles pas particulièrement surpris par mon apparence. Quelqu'un t'aurait-il appris mes plans ?
Nat garde le silence, mais, au fond de lui, il bout.
- Alors, comment va mon ancien sbire, le traître James ?
Le garçon ne peut s'empêcher de dégainer sa pokéball.
- Je veux qu'on se batte, Giovanni. Je veux qu'on se batte, et je vais te tuer avant que tu ne deviennes encore plus monstrueux que tu ne l'es déjà ! En plus, j'ai déjà vaincu tous tes sbires, il ne reste plus que toi !
- Tous mes sbires ? De quels sbires parles-tu ? De ceux qui se trouvaient à la Sylphe ?
- Exact. Ils ont tous été arrêtés par les forces de l'ordre que tu n'as pas pu corrompre. Il ne reste plus que toi à présent.
Instant de silence. Quelque chose ne va pas : Giovanni sourit, avant de se mettre franchement à rire, à gorge déployée.
- Allons bon ! On n'a plus de raison de nous battre, Nat... Quand tu comprendras que j'ai toujours une longueur d'avance, tu auras vraiment évolué. Alors, un conseil : rentre chez ta maman mourante et profite de ses derniers instants... Elle n'est pas loin d'ici en plus : j'ai eu vent qu'elle se trouvait à l'hôpital du coin ? M'est idée qu'elle n'est vraiment pas en forme.
Le blondinet dégaine Hercule qui tente d'écraser la chimère... et a la surprise de se retrouver face à son clone. Un autre nidoking, plus grand encore que lui-même. Et plus dangereux.
Mais Nat ne se laisse pas démonter et envoie Lame. Le nidoking ennemi n'a pas la vitesse de mouvement d'Hercule : il subit l'attaque surf de plein fouet et est emporté par la vague. Noyé, son dresseur n'a plus qu'à le rappeler.
- Je n'avais pas tort quand je disais que tu étais dangereux. Il est temps d'en finir une bonne fois pour toute avec toi. Tu m'ennuies depuis bien trop longtemps.
Une nidoqueen est envoyée, mais Lame n'en fait qu'une bouchée. Giovanni grogne mais change de pokémon pour envoyer un triopikeur. Celui-ci, extrêmement rapide, parvient à toucher le aquali en provoquant un séisme. Lame s'en remet et lui envoie de l'eau. La taupe à trois tête ne parvient pas à esquiver la vague qui s'abat sur lui et meurt noyé.
Giovanni envoie alors un de ses pokémon fétiches : persian. Nat s'apprête à envoyer de nouveau Hercule, mais je m'avance sur le ring.
- Laisse, Nat, je m'en charge.
Le visage monstrueux de Giovanni s'éclaire.
- Ho, le petit Ethan a donc encore envie de jouer au chat et à la souris ? Quel courage ! Ou, plutôt, quelle bêtise...
Le persian est rapide et tente de me trancher en deux à l'aide de ses griffes ; j'esquive au dernier moment et lui envoie une première décharge qui le touche de plein fouet ; le chat miaule, feule et tente d'attaquer de nouveau... Mais il disparaît pour laisser place à mon cauchemar.
Rhinoféros. Je le reconnaîtrais entre mille. C'est bien lui, celui qui m'a tué et qui a abattu Samson. Je vois dans ses yeux qu'il me reconnaît à mon odeur. Mais, déjà, son poing se dirige vers moi. Je peux l'esquiver, il n'est pas si rapide, mais...
Je m'écroule. La douleur est insupportable. Le rejet, encore ! C'est pas le moment, bordel ! J'essaie de lutter mais mes pattes sans force refusent de me porter.
Rhinoféros me frappe. Ma douleur, déjà atroce, est aggravée par la blessure qui résulte du coup. Je m'écrase contre le mur qui s'effrite sous la violence du choc.
Je veux survivre, il le faut, alors laisse-moi lutter jusqu'au bout, bordel !
Je vois Nat envoyer Lame pour me défendre, mais le aquali est frappé à son tour par le pokémon gigantesque. Il tombe violemment au sol mais parvient à se relever assez vite pour esquiver un second coup. Il en profite pour lui envoyer un jet d'eau bien placé. Touché, le rhinoféros recule en grognant avant d'utiliser sa queue pour frapper le chien aquatique, lequel ne voit pas le coup venir et ne parvient pas à l'esquiver. Écroulé sur le sol, incapable de se relever, Lame est de nouveau frappé par les coups du pokémon roche qui ne le laisse même pas respirer.
Nat rappelle Lame et préfère envoyer Hercule qui, piqué au vif, se rue sur son adversaire et le renverse sur le dos. Cette fois, telle un tortank sur le dos, le rhinoféros bat des pattes dans le vide sans parvenir à se retourner tandis que le nidoking s'élance en l'air et l'écrase de tout son poids. Le sol de l'arène se fend d'un bout à l'autre alors que l'attaque provoque la création d'un trou sous le corps du pokémon rocheux.
Hercule est rappelé, mais le pokémon adverse n'est pas mort et tente de se relever. Lame revient au combat et achève son adversaire en le noyant dans le trou créé par la précédente attaque.
Plus qu'un pokémon, Giovanni. Ne sens-tu pas ta fin arriver ?
Entre-temps, la douleur est partie et j'ai réussi, tant bien que mal, à me remettre sur mes pattes. Mais la crise m'a ôté la grande majorité de mes forces, ainsi que l'attaque du rhinoféros que je me suis prise. Le chat revient alors sur le ring, prêt à en découdre pour protéger son maître, ce salaud, ce monstre.
Nous nous fixons, lui et moi, dans les yeux. Je regarde ses pupilles dilatées par l'excitation du combat, la bave qui se met à couler sur son menton clair témoignant son envie de m'avaler tout cru, ses côtes qui se soulèves au rythme de sa respiration rapide. Tu as beau être un chat, et moi une souris, ce n'est pas pour autant que tu me tueras.
Le chat s'élance, souple et silencieux, les griffes sorties et la gueule béante, prête à m'avaler ; je reste immobile, à quatre pattes, collées contre le mur contre lequel il m'a envoyé tout à l'heure.
Je t'attends, chat d'égout ! Approche donc, je vais te faire la peau.
Le persian est tout proche. Je ne dois pas le louper. Je n'ai le droit qu'à un essai. Car la crise est toujours là, prête à surgir de nouveau.
Je n'en ai plus pour très longtemps. Un seul essai. Une seule chance.
Le chat n'est pas ton ennemi.
Cela n'a même pas duré une fraction de seconde. Mon regard se porte alors sur la monstruosité génétique de l'autre côté du terrain. Non, bien sûr. Le chat n'est qu'un pion. Pour mettre fin à la tyrannie, c'est le roi qu'on doit toucher.
La queue soigneusement collée dans la prise de courant, je libère mon énergie électrique en un arc monstrueux, surpuissant, qui file droit devant moi. Le chat, placé dans le chemin de l'attaque, grille sur place. Mais l'arc continue d'avancer, traverse le terrain...
Et frappe Giovanni de plein fouet.
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyLun 12 Jan 2015 - 12:58

Et voici donc - TADAAAAA ! - le dernier chapitre de yellow reborn - mais néanmoins pas la fin, il reste encore l'épilogue !!! J'espère que vous êtes bien accroché, parce que des rebondissements, il va y'en avoir !!!


Chapitre 43





La violence du choc est inouïe : Giovanni est littéralement éjecté sur plusieurs mètres, comme moi tout à l'heure lorsque j'ai été frappé par le rhinoféros.
Il frappe le mur et une partie du bâtiment s'écroule sur lui.
C'est fini. Il est mort.
C'est la pensée qui traverse mon esprit tandis que je sombre dans les ténèbres, en proie à une nouvelle crise.
Mais ce trou noir ne dure qu'une fraction de seconde. J'ouvre de nouveau les yeux : Nat court vers moi, ignorant notre ennemi.
- ETHAN !
Je suis réveillé, mais je ne suis pas bien du tout. En fait, je n'arrive plus à bouger. Si, un tout petit peu, mais par mouvement saccadé. Que m'arrive t-il ?
Le corps rejette l'âme. L'âme n'arrive plus à se faire obéir du corps.
C'est le début de la fin, en gros. J'accepte. J'ai atteint mon but : le chef de la rocket est mort. Nat est sauvé, il va bien. Il va peut être pleurer un peu ma mort, mais ensuite il repartira au combat. Ou bien il arrêtera complètement et se retirera dans une maison à la campagne. Ou encore il aidera à la reconstruction de Bourg Palette.
Mais tout cela, ce sera sans moi.
Cependant, quelque chose en moi lutte pour contenir mon âme dans ce corps, dans ce réceptacle qui tente de m'éjecter. Serait-ce ma rage de vivre qui me fait m'accrocher à ce point ?
Nat est penché sur moi ; doucement, il me prend dans ses bras.
- C'est fini, Ethan, tu as gagné. Nous avons gagné. C'est fini.
- Ho que non !
Le garçon se retourne.
Giovanni est toujours vivant. Debout, les yeux rouges, les pierres qui le recouvraient lévitent à côté de lui. De la télékinésie. Il a découvert ses pouvoirs, et semble savoir comment s'en servir. Cependant, mon attaque lui a porté atteinte : du sang noir s'échappe d'une plaie béante aux contours brûlés.
Mauvais ça.
- Je ne t'ai pas dit, Nat... Depuis le début, tu te trompes de cible... Tu crois que j'aurais été assez bête pour laisser tous mes sbires au même endroit ?
Mon dresseur fronce les sourcils tandis que j'essaye de suivre la conversation.
- Que veux-tu dire par là ? demande Nat, soudain très inquiet.
Giovanni rit de nouveau avant de répondre :
- Ne te souviens-tu pas d'un bateau de croisière portant le nom d'Océane ?
La vérité fait mal... L'allure étrange des passagers m'avait plutôt choqué à ce moment-là... Ces gens qui semblaient occupés par des pensées obscures, alors qu'ils auraient dû s'amuser... Maintenant, il n'y a plus de doute.
Giovanni a raison : depuis le début, on court derrière le mauvais pokémon.
- Et oui, Ethan ! Mes meilleurs sbires, ils ont déjà été envoyés à l'étranger corrompre et envahir d'autres contrées. Vous étiez tous là à essayer de m'arrêter, moi et moi seul, sans même vous imaginer que je menais ma guerre sur un tout autre terrain... Ce pays-ci, je ne l'aurais pas par la force. En tout cas, ce n'est pas moi qui l'aurais. Mais cela, vous ne le verrez ni l'un ni l'autre, car vous allez mourir bien avant que cela se produise.
Il se rue alors sur nous, frappe Nat d'un coup de poing qui l'assomme ; je tombe lourdement sur le sol sans pouvoir amortir ma chute.
- Tu croyais avoir gagné, Ethan, mais sache que je suis invulnérable. Bientôt, cette terre, et toute les autres seront miennes ! Je dirigerai le monde et personne ne sera de taille à m'affronter ! Et, où seras-tu lorsque les nations tomberont les unes après les autres ? Hein ? où seras-tu ? Je vais te le dire : tu seras mort. Ton corps rejette ton âme. Tu étais résistant, mais pas assez pour pouvoir lutter contre moi. Je vais emmener le petit, il pourrait s'avérer utile contre certaines personnes. Tu as perdu, Ethan. Et, maintenant, tu vas mourir. Tu salueras Auguste au passage : le vieux a rejoint son maître il n'y a pas deux heures de cela. Quoi ? Tu crois que je ne savais pas qu'il avait vendu la mèche ? Bah, ça m'est égal : les trois seules personnes au monde connaissant la vérité sont mortes, ou presque. Aucun risque pour moi donc.
Et il se met à rire, le monstre. Il rit, perché sur le cadavre de son rhinoféros, avec Nat inerte sur son épaule. Quand il rit, sa bouche s'élargit horriblement, découvrant des dents pointues là où auraient dû se trouver des molaires s'il avait été humain.
Puis, il fléchit les genoux et saute dans le ciel qui s'obscurcit.
Je sombre de nouveau dans les ténèbres.


*


Suis-je mort ?
Non, j'ai mal. On n'a pas mal quand on est mort. Alors, où suis-je ?
Allez, ouvre les yeux, merde. Je veux voir où on m'a emmené.
Et puis d'abord, comment cela se fait-il que je sois encore en vie ? Mon corps rejetait mon âme...
Tu es toujours en vie. Mais dans quel état...
J'arrive à ouvrir les yeux.
Une chambre d'hôpital. Des tubes qui me sortent du nez, de la bouche. Une perfusion plantée dans le bras. On essaie de me sauver, sans se rendre compte qu'il est déjà trop tard.
Quelqu'un ouvre la porte. Je reconnais Léo à ses oreilles de mélofée. Que fait-il ici ?
- Ethan ! Tu es réveillé ! Comment te sens-tu ?
- Qu'est-ce... que je... fais... là ?
Ma voix a du mal à m'obéir. Ce n'est qu'un râle qui s'échappe de mes lèvres.
- On t'a trouvé dans cette arène, agonisant. J'ai réussi à expliquer qui tu es. Cela n'a pas été sans mal, les gens ont une fâcheuse tendance à avoir peur de moi... Mais quand on a découvert les créatures monstrueuses que renfermait cette tour du diable à Saphrania...
- Je meurs, Léo...
- Je pense avoir trouvé le moyen de te sortir de là.
- Impossi... pas... fantômes.
- Il existe d'autres moyens. Mais, pour cela, il faut déjà qu'on te soigne. J'ai demandé aux infirmières qu'on t'administre les meilleurs soins afin que tu guérisses au plus vite. Il faut que tu tiennes le coup. Et, après, on tentera de retrouver Nat.
- Gio... va le tuer.
- Giovanni est blessé. Des gens ont réussi à le voir s'échappant de l'arène avec Nat sur l'épaule. Il est tellement blessé qu'il a éclaboussé de sang presque tous les bâtiments sur son chemin. Il n'ira pas loin, on peut le suivre à la trace. Et on va sauver Nat. Mais tu dois t'accrocher. Une certaine Jessie, de la rocket, m'a demandé d'aller voir un vieux scientifique du nom d'Auguste qui aurait des renseignements à ton sujet... Malheureusement, il a été tué il y a peu de temps, mais j'ai réussi à récupérer ses notes avant que le volcan n'entre en éruption. Je sais ce que tu vis. Mais essaye de survivre jusqu'à ce que les médicaments parviennent à te guérir ! Tu es peut être la seule chance de Nat : tu es toujours Relié à lui, pas vrai ?
Je le regarde. Oui. Le Lien. Je cherche en moi, ignorant le chaos qui règne là. Oui, il est toujours là. Faible, mais présent. Nat est en vie.
Léo sourit, son visage pokémonesque se tordant étrangement :
- On va le sortir de là, vieux !


*


Ils ont préféré m'endormir pour que je guérisse plus vite, alors je ne sais pas ce qu'il se passe durant les jours qui suivent l'enlèvement de Nat.
Quand enfin je me réveille, la première personne que je vois est Léo, tout sourire.
Je tente de dire la première chose qui me vient à l'esprit :
- Ils l'ont trouvé ?
Le sourire du pokémaniaque fond comme neige au soleil. Il secoue la tête.
- Non. Par contre, tout est préparé pour que ta chimérisation se passe à merveille.
- Chimérisation ?
- Oui, c'est comme ça que j'appelle ce procédé. C'est le seul que j'ai trouvé pour que tu retrouves une apparence à peu près normale... Et que tes soucis d'âme qui se barre fiche le camp.
- Est-ce que j'ai piqué des crises durant mon sommeil ?
Je remarque que ma locution se fait plus facile : mon corps d'emprunt n'aurait-il plus envie de bouter mon âme ?
- Si, une ou deux. On a tous cru que tu ne survivrais pas. Tu reviens de loin, vieux. Mais à présent, si tu le veux toujours, tu es en état pour réintégrer un corps à toi.
J'acquiesce et tente de me relever, mais mon interlocuteur m’arrête aussitôt :
- Non, Ethan, je préférerais que tu gardes tes forces...
- Pourquoi ? Tu as peur de quelque chose ?
Il garde le silence, songeur. Son assurance diminue, c'est inquiétant.
- Je ne sais pas comment ça va se passer, avoue t-il. Tu n'es pas dans le même état que moi ou Giovanni, tu utilises un corps qui n'est pas le tien.. J'ai peur de ce que ça va donner, pour tout dire.
- Le meilleur moyen de le savoir est de tenter le coup. Je veux sauver Nat. Il n'a été qu'une victime dans cette affaire. S'il a envenimé les choses, ce n'était pas pour sauver le monde ou pour d'autres raisons. Il voulait juste réunir sa famille, une dernière fois. Peu de gens pourraient se vanter d'avoir un tel but dans la vie.
Léo me regarde gravement.
- Tu as changé, Ethan.
- Un tel voyage ne peut pas donner d'autres résultats, tu ne crois pas ?
- Si, mais... Quand je t'ai rencontré la première fois, tu étais plein de colère, tu n'aimais pas Nat... Et là, tu es calme, et tu veux le sauver... C'est à croire qu'il a déteint sur toi.
- Et moi sur lui, malheureusement. Tu devrais voir comment il s'adressait à Giovanni... Et comment il nous a débarrassé d'une bande de Loubard à l'est d'Azuria. Un tueur, j'te dis. Un tueur.
- Ce que je me demande, c'est ce que Giovanni va faire de lui. Je veux dire, s'il avait voulu se débarrasser de lui, il aurait simplement suffit de le tuer sur place, non ? Alors, pourquoi l'emporter comme ça ?
- Nat va certainement lui être utile à quelque chose. Il ne pense pas comme toi et moi, ce type, c'est un manipulateur. Sûr que ce n'est pas pour jouer au papa avec mon cousin en tout cas. Plus tôt on l'aura récupéré, mieux ça vaudra.


*

Le jour même, on m'emmène dans le bâtiment de la Sylphe, dans le second souterrain, là où l'étrange machine de Léo a été déplacée depuis Cramois'ile. Mon corps est ici. Ça me fait très bizarre de le voir là, dans ce liquide verdâtre, flottant et sans vie... Et maigre. Horriblement maigre. Sans âme, ce n'est qu'une coquille vide, si bien que je le regarde comme un corps étranger.
Des hommes en blouse blanche déposent le corps dans un fauteuil dans un des télépodes tandis que je suis placé dans le second module. Léo vient me voir juste avant l'opération.
- Tu es vraiment courageux de tenter cette expérience. Peut être qu'ainsi on pourra tenter de faire réintégrer des corps aux malheureux qui ont été transmutés...
Je pense à Miroku et Marco, ces êtres mystérieux. Qui sont-ils finalement ? Pourquoi ont-ils servi de cobayes ? Étaient-ils juste des ennemis de la rocket, ce qui en fait des alliés ? Ou étaient-ce des personnes tout à fait innocentes, des victimes collatérales ? Je l'ignore, et je crois que je ne le saurais jamais : Nat les avait sur lui lorsqu'il a été enlevé. Aucun moyen de savoir ce qu'ils sont devenus. Peut être ont-ils été tués, peut être sont-ils morts des suites de la transmutation, comme j'ai bien failli l'être... Car si je suis un miracle, eux aussi, depuis le temps qu'ils nous suivent...
- Est-ce que tu as peur, Ethan ?
J'essaie de trouver en moi la réponse.
- Non. Cela fait bien longtemps que je n'ai plus peur. Je peux mourir à chaque instant. Si j'avais peur tout le temps, je deviendrais fou. Et puis, à force de combattre et de me retrouver dans des situations sans issue... on finit par s'y habituer. Tu le saurais si, au lieu de devenir chimère, tu étais devenu un humain transmuté.
Il sourit. Un des scientifiques lui indique que l'opération va débuter. Léo se retourne et lui fait un signe avant de me refaire face et de me dire :
- Bonne chance, vieux. Ah ! Au fait, il faut que je te retire ça, sinon ça risque de faire partie de ton nouveau corps.
Il désigne du doigt mon pendentif en os représentant la rune du Vengeur et me la retire.
- Merci.
Et il ferme la porte.
Quelques instants après, un grondement semble monter du sol. Il m'envahit, fait trembler toute la cabine.
J'avais beau jouer au dur tout à l'heure, je crois que j'ai la trouille à présent. Tellement que pour un peu je me pisserais dessus.
Des bras métalliques au-dessus de ma tête se mettent à tourner, lentement d'abord, puis de plus en plus vite jusqu'à ce que je ne parvienne plus à les distinguer.
C'est là que la douleur me prend. Comme si mon corps était horriblement tordu dans tous les sens, comme s'il était tiré comme une chaussette qu'on essore. Puis la sensation d'os cassé, devenue si familière, se fait sentir. Comme si mon squelette entier était fracassé, comme si un cinglé voulait transformer mes os en poudre.
Et une douleur. Intense. Bien plus qu'une crise.
Je vais mourir.
Je suis en train de mourir.
Je suis mort.
Nat.
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyLun 12 Jan 2015 - 19:33

Oh, déjà le dernier chapitre ? :c

Wait, c'est quoi cette fin ?! T'as pas le droit de faire ça ! D:


Ni vue, ni connue
 

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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMar 13 Jan 2015 - 10:48

T'inquiète pas sly, j'ai écris qu'il restait encore l'épilogue ^^. Contente de ton commentaire en tout cas, merci !

Bon, c'est pas tout ça, mais faut que je prépare un nouveau roman, sinon quoi je vais m'ennuyer ! - la continuation de pearl of space n'est pour le moment pas prévue, j'ai encore oublié mes notes ! -
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMar 13 Jan 2015 - 15:43

Ca sent trop la "bad ending" :c
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMar 13 Jan 2015 - 18:27

ENFIN !!! La fin, j'espère, tant attendue, de yellow reborn, la fin officielle !
Tout en lisant cet épilogue, je vous conseille toutefois d'écouter la musique suivante : déjà la musique en elle-même, très émouvante, m'a servi à finir l'écriture du roman et montre assez bien mon état d'esprit ; et, de plus, les images qui l'accompagnent montrent pour certaines la situation que je cite au long de l'épilogue (surtout le début jusqu'à la moitié de la vidéo). C'est juste une histoire d'illustrer cet épilogue qui marque la fin de mon dur (si ! si !) labeur. Tout ce que je vous souhaite à présent, c'est une bonne lecture !



Épilogue





Il fait noir. Froid. Tout autour de moi, le néant.
Suis-je mort ?
Je l'ignore.
Je n'ai aucune sensation. Comme si je me trouvais dans le vide.
Suis-je mort ?
Je tente d'ouvrir les yeux, de me réveiller, mais je remarque que mes paupières sont déjà relevées. Je suis dans le noir parce qu'il n'y a pas de lumière là où je suis.
Mon corps est étrange. Mes membres, plus longs.
Mon nez perçoit une odeur, celle du feu.
Du feu ? Quelque chose se serait mal passée ? La machine aurait-elle explosé durant ma chimérisation ?
Le terme me rappelle Léo, et je remarque que je n'entends rien. Pas de voix. Juste le silence, ponctué par moment de crépitements. Du feu. Ça correspondrait avec l'odeur.
Bon, il faut sortir.
Je referme les yeux, inutiles dans cette obscurité, et use de mes bras pour me repérer. Je suis toujours dans le télépode et la porte est entrouverte. Je sors prudemment. Mes pattes ne me provoquent plus la même sensation qu'auparavant. Serais-je redevenu humain ? Songeant à Giovanni et à Léo, je dois avoir une apparence affreuse. Un monstre. Mais ça, je l'étais déjà avant.
Il y a des débris un peu partout, comme si une partie de la salle s'était effondrée. Mon odorat toujours fin m'indique la présence de corps en début de décomposition.
Bordel, que s'est-il encore passé ici ? La machine a explosé, c'est ça, hein ? Elle a pété, tuant tous les gens autour. Fait chier.
Bon, essayons de sortir.
Je fouille dans mes souvenirs pour me rappeler de la disposition de la pièce. Devant le télépode, à environ 3 mètres de distance, je me souviens des bureaux sur lesquels sont posés les ordinateurs commandant la machine. Ok, j'y suis. Je fais le tour du meuble, m'aidant de la main pour me guider. Là, quatre pas à droite, et trois devant pour trouver l'escalier. Ok, ça n'a fait que deux pas vers la droite et un seul tout droit. J'ai oublié que mes enjambées ne sont plus tout à fait les mêmes.
Je grimpe l'escalier et me cogne un peu brutalement contre une poutre. Je vois 36 chandelles. Elle n'était pas là avant, celle-là. Résultat de l'explosion ?
J'ouvre les yeux, à tout hasard, tâchant de découvrir un rayon lumineux. Mais il n'y a rien. Juste l'obscurité. Je les referme et continue mon exploration.
Poussant la poutre de toutes mes forces, je sens de la poussière me tomber dessus. Du plâtre.
Cette fois, un rayon de lumière caresse mon visage. Là-haut ! Voilà la sortie !
Je saute pour tenter d'attraper une branche métallique tordue qui sort du mur. Je m'accroche, grimpe dessus en m'aidant des aspérités du mur, et continue mon ascension en m'aidant des débris tout autour de moi.
Enfin, j'arrive dans la ville de Safrania.
Ou, plutôt, ce qui reste de la ville de Safrania.
La capitale est entièrement détruite. Rasée. Fini, l'immeuble de la Sylphe : il est écroulé tout autour de moi. Finie l'arène, le dojo, le centre pokémon et autres... Ce n'est plus qu'une ville morte. Certains bâtiments encore debout sont des ruines, quelques fois encore la victime des flammes. Quelques morceaux de cadavres humains dépassent des tas de gravats. Mais quelque chose est certain : si la ville a été détruite, ce n'est pas de la faute de l'expérience. Si cela avait été le cas, il y aurait une certaine concentricité dans les dégâts. Or, là, tout est désorganisé. Et ma chimérisation n'aurait jamais pu faire apparaître des bombes aussi hautes que des rhinoféros.
Je m'approche de l'une d'entre elles, échouée là au beau milieu de ce qui était avant la boutique pokémon. L'écriture me parle aussitôt.
Johto. Johto a pris sa revanche sur Kanto. Était-ce cela, le but de Giovanni : pousser les deux régions à s'affronter de nouveau ? Pour cela, il lui a suffit d'affaiblir Kanto. Les catastrophes récentes ont dû l'y aider : toutes les autorités étaient occupées sur plusieurs fronts : Bourg Palette, Parmanie, Lavanville, Carmin et Saphrania. Tant de fronts, et si peu de gens pour s'en occuper... Ça a dû être facile.
Mais cela veut dire que Johto avait des armes dont on ignorait l'existence. La région, après sa défaite en 52, a été démilitarisée et entièrement désarmée. Ce qui veut dire qu'elle s'est armée dans l'ombre...
Aidée un petit peu par Giovanni ? L'idée est plausible.
J'entends du bruit plus loin. Des éclats de voix.
Je ne peux pas rester ici.
Je regarde mon corps. Je suis nu. Mon apparence est plutôt similaire à celle d'un humain. Certaines de mes cicatrices obtenues au cours de mes combats pokémon sont apparues sur mon corps humain. Celle au ventre par exemple, souvenir du staross d'Ondine, mais également d'autres provenant de combats moins épiques. J'en ai même deux sur la joue, qui doivent provenir de mon tout dernier combat contre Persian. Dans mon dos, deux marques sombres rappellent les rayures du dos du pikachu. Mes doigts se terminent par des griffes au lieu d'ongles, tout comme mes orteils. Mes cheveux sont blonds, presque blancs... Mes doigts se posent ensuite sur mes oreilles.
C'est pas possible. Non ! Dites-moi que ce n'est pas vrai ! Je n'ai pas...
Si. J'ai gardé des oreilles de pikachu. Elles sont implantées là où doivent l'être des oreilles humaines, mais elles ont la forme allongée de celles des pikachu... et dépassent de mon crâne. Pas étonnant que j'entende si bien.
Un coup de vent fait danser les flammes du bâtiment au-dessus de moi qui par miracle tient debout, et je grelotte. Il me faut des vêtements, et quelque chose pour cacher ces oreilles trop voyantes. Je fouille un peu partout dans les décombres. Je finis par déshabiller un corps d'homme adulte presque intact ; une chute de pierres semble être la cause de la mort du malheureux.
C'est étrange de déshabiller un humain mort, surtout avec autant de détachement. Cela ne me fait rien. Serais-je devenu insensible ?
Je vole le manteau du mort, une longue veste qui m'arrive aux genoux, ainsi que son pantalon. De toute manière, il n'en aura plus besoin. Il ne me manque plus que des chaussures, car ses pieds sont beaucoup plus grands que les miens. Je finis par en dégoter presque à ma taille sur un autre corps. Enfin, corps : deux jambes qui dépassent d'un tas de gravats. Mais ne faisons pas le difficile. Ça, c'était l'avantage de mon état de pokémon : pas la peine de s'habiller. C'était une belle corvée en moins.
Un bonnet trouvé plus tard, je déguerpis.


*


Je ne sais plus quoi faire. Mon nouveau corps est pleinement opérationnel. Mes sensations sont quasiment les mêmes que lorsque j'étais un pikachu. Le gros soucis que ce nouveau corps me pose... c'est la place qu'il prend. C'est fou comme on prend vite des habitudes. Avant, je n'imaginais pas combien un corps humain était contraignant de par sa taille...
Je rencontre peu de personnes sur ma route. C'est à croire que les habitants sont morts ou qu'ils ont été prisonniers. En fait, les seuls humains que je rencontre sont des pillards.
Devant ces paysages désolés, je décide de fuir. Giovanni avait raison : il a gagné. Pendant que je récupérais de mes blessures, il a dû apprendre à utiliser ses pouvoirs et doit être à la tête de Johto.
Mais vaincre Giovanni n'est pas mon but. Tout ce que je veux, c'est retrouver Nat. Le soucis, c'est que je peine à ressentir sa présence. Il est certainement trop loin à présent, le Lien s'atténue de plus en plus. Ou bien c'est ma transformation en chimère qui est à l'origine de ce phénomène.
Mon pied bute sur quelque chose de dur. Je regarde. C'est un rail, caché sous des gravats. En fouillant un peu sur le côté, je découvre le deuxième,intact.
Je ne sais plus où aller pour atteindre mon but. Regardant autour de moi, je ne sais quelle direction prendre. Alors, je prends une décision.
Suivant les rails, je marche droit vers le soleil qui apparaît doucement à l'horizon, perçant les nuages noirs de cendres.


Ps : pour ceux qui se posent la question concernant la ligue, je n'ai pas perdu à la ligue, je ne l'ai pas faite, tout simplement. La version jaune, je crois, restera à jamais la version que je n'ai jamais pu finir. De plus, d'un point de vue scénaristique, je trouve ce passage, cette suite de combats ininterrompue, plutôt horrible et inintéressante. Même en jeu je n'aime pas la faire, je préfère largement la partie exploration ; souvent, je ne la fais que pour pouvoir visiter de nouveaux lieux après.
Pour ceux qui se disent alors que ce nuz n'est pas un nuz fini à cause de cette ligue non faite, cela m'est égal : pour ma part, le roman est plus important que le jeu Smile  (je joue pour écrire en fait, et non l'inverse)
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMar 13 Jan 2015 - 19:05

Je heu ...

Je veux une suite.
Fais une suite.
C'est sadique de finir sur ça, sérieux !

Franchement, un roman énorme. L'idée de l'humain dans un corps de Pokémon a peut-être été souvent utilisée, mais ce qui fait l'originalité de ton histoire c'est tout ce qu'il y a autour de cette transformation, et ça tient debout, ça ne part pas dans un truc complètement fou et incompréhensible. Mais tout ne tourne justement pas autour d'Ethan, ce qui est bien, il ne monopolise pas toute l'histoire. Tu as vraiment creusé le personnage de Nat, que j'aime beaucoup, avec sa famille, son caractère, qui change au fil de l'aventure.

Et je ne le dirai jamais assez : j'adore ton style d'écriture, léger, humoristique et familier, qui me fait souvent sourire et rire. Tu es une super romancière.

Ah, et, j'ai une question : Pourquoi as-tu remplacé la couleur bleue des cheveux de James par du blond ? :p


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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMer 14 Jan 2015 - 0:53

Cette fin............me convient. Je m'en fout que tu n'est pas fini la ligue , l'histoire m'a tenu en haleine du début à la fin O^O
J'ai rien à dire le post de Sly ainsi que ton ruban de Meilleur Nuzlocke parlent d'eux même donc je me tais et j'applaudis TwT (et la musique va trop bien avec la fin )

Personellement si tu ne prévois pas de suite après cette aventure ca ne me dérange pas du tout ^^
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MessageSujet: Re: [Jaune] Pokémon Yellow Reborn   [Jaune] Pokémon Yellow Reborn - Page 8 EmptyMer 14 Jan 2015 - 12:40

Merci sly et iloufilm pour vos commentaires, je suis ravie que cette histoire vous aie plu ! (ainsi que la musique, que j'apprécie particulièrement). je suis également fière d'avoir pu le terminer. En effet, j'ai beau avoir publié sur le fofo deux romans (plus la bd, mais je ne la compte pas), bon nombre de projets sont tombés aux oubliettes (le roman sur silver(remplacé par la bd), mais également the unluckiest nuzlocke et pearl of space, qui n'avancent pas d'un pouce... mais également d'autres dont je n'ai jamais parlé : diamond of time, sur diamant, un nuz sur Y, une éventuelle suite de yellow reborn, sur blanc... ). Finir un projet, c'est comme une victoire personnelle, surtout quand il a duré aussi longtemps, comme yellow reborn(commencé en novembre (au moins) 2013 et fini officiellement en janvier 2015... ). le nuzlocke rouge feu ne m'a prit que 4 mois, en comparaison. Il est quand même étrange que les deux romans que j'ai écris soient rédigés à partir de la 1G, qui n'est pourtant pas la génération que je préfère... comme quoi !

Pour moi, dans cette histoire, il y a deux héros : Ethan et Nat, et pas un ne serait ce qu'il est sans l'autre. Ils ont une place égale dans ce roman. Malgré cela, si je suis plutôt contente du personnage d'Ethan, je pense que j'aurais encore pu creuser le tempérament de Nat. Pour ce qui est des cheveux de James, ils sont blonds pour le faire ressembler à son frère. Oh, et pis, dans la version jaune, les cheveux changent de couleur selon le lieu : un coup ils sont marrons, un coup ils sont violets... alors c'est moi l'auteur, c'est moi qui décide, alors crotte mdr.

Pour ce qui est d'une suite... pour le moment rien n'est décidé. Pour le moment, je suis dans un tout autre projet. Et puis... vous ne savez pas tout... Lisez donc ceci, qui est une suite de yellow mais également un prologue à une éventuelle suite... bonne lecture !



Prologue à suite de Yellow Reborn


Le vent s'engouffre dans les ruines de la ville détruite, assèche les cadavres, emmène les odeurs de putréfaction et de cramé vers d'autres horizons.

Plus personne ne peut vivre ici. Ce n'est plus que désolation. Les produits chimiques et les déchets en tout genre ont pollué tant et si bien les sols que ceux-là sont devenus stériles, et l'eau impropre à la consommation. Là où naguère se dressait la plus grande ville de Kanto, la plus puissante des mégapoles du pays, il n'y a plus que gravats entassés et morceaux de métal rouillés.

Pourtant, un homme aux longs cheveux gris et vêtu de vêtements troués marche parmi ces décombres, poussant du pied quelques cailloux en quête d'objets utiles. Mais il n'en trouve pas, ou si peu !

Il soupire, regarde autour de lui. Johto a pris sa revanche sur Kanto. C'est devenu une évidence lorsque les soldats sont arrivés accompagnés de dragons portant des canons et déversant des bombes. Des armes construites à Safrania. Dit ainsi, cela a l'air d'une mauvaise plaisanterie.

Mais tout était prévu depuis longtemps. Au fin fond de la grotte des Dragons Sacrés d'Ébenelle, à Johto, les résistants, depuis la défaite de leur pays durant la guerre de 52, organisaient leur revanche. Ils manquaient cependant cruellement de moyens et de matériels. C'est alors qu'un homme leur a rendu visite en leur proposant tout Kanto sur un plateau. Les résistants, poussés par leur envie de vengeance, n'ont pas hésité. Armés, ils n'ont plus eu qu'à attendre le bon moment. Qui n'a pas tardé. Tandis que Kanto essuyait catastrophes sur catastrophe, dispersant les autorités dont la plupart étaient aux ordres de leur mécène, les résistants se sont mis en route. Et ils ont gagné.

Ce jour-là, cet homme, tout seul à présent, a tout perdu. Il n'a plus rien, n'est plus rien.

Soudain, il entend un bruit, là, tout près, derrière lui. Il se retourne. Tout ce qu'il voit est un homme vêtu de guenilles, portant un bonnet. Un misérable, comme lui, cherchant sans doute de quoi vivre. Ils courent les routes pour survivre, mais on en trouve énormément crevés dans les fossés.

Il regarde le jeune homme disparaître à l'horizon, puis se remet à chercher quelque chose d'utile pour sa survie.

C'est là qu'il le voit. Ou, plutôt, qu'il le sent. Il ressent la présence de quelque chose.

Inquiet, mais curieux, il cherche ce qui l'intrigue. Il n'a pas peur – de toute manière, qu'a t-il de plus à perdre ? - mais il aimerait bien savoir de quoi il en retourne. Peut être cet objet lui sera t-il utile pour la suite ?

Il trouve enfin ce qu'il cherchait.

C'est un morceau d'os, sur lequel est gravé un signe étrange. Une rune ancienne. Érudit, l'homme l'identifie comme étant une rune d'un peuple ancien de Sinnoh, la région situé au nord de Kanto. Que fait-elle donc ici ? Quelqu'un a dû le perdre. Il le ramasse, l'examine en le faisant tourner dans ses doigts. Il finit par hausser les épaules et fourrer sa trouvaille dans sa sacoche. Peut être pourra t-il en tirer quelques pièces au marché noir, ou bien l'échanger contre un petit sac de riz. Tout est bon à prendre.

Finalement, il ne trouvera rien de plus ce jour-là que cet étrange morceau d'os.
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