Gobou : Bonjour Bubuyog, tout d’abord, merci d’avoir accepté cette interview !Bubuyog : Eh ben, merci de l'avoir proposée, ça me fait plaisir ^^
Gobou : Est-ce que tu souhaites te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaissent pas ?Bubuyog : Pourquoi pas ? Je m'appelle Bubuyog et je suis un bourdon ! À part ça je suis une fille, j'ai dix-huit ans, je suis en première année dans une école de dessin, j'ai vendu mon âme à Pokémon, j'ai tendance à beaucoup trop réfléchir, je joue de l'accordéon et mon rêve serait de publier une BD un jour. Et la paix dans le monde. Voilà !
Gobou : Comment t'es venue cette passion pour le dessin du coup ?
Bubuyog : J'aime beaucoup dessiner depuis que je suis toute petite, et j'ai passé toute ma scolarité à dessiner dans les marges de mes cahiers. Par contre, pendant longtemps je ne voulais pas en faire mon métier, je voulais garder ça comme hobby. Mais je me suis rendue compte au final que rien ne m'intéressait vraiment à part le dessin (sauf peut-être prof de maths, ce qui est pas ouf). Et aussi que j'avais envie de faire des trucs plus ambitieux que des petits dessins sur mon temps libre.
Gobou : Du coup c'est par le dessin que tu racontes ton Nuzlocke sur Pokémon Ultra-Lune intitulée "Bubuyog est coincée à Alola". Avant d'en parler plus précisément, te souviens-tu comment as-tu découvert le Nuzlocke Challenge et qu'est-ce qui t'as attirée dans cette pratique ?Bubuyog : Je devais avoir treize ou quatorze ans, j'ai dû tomber sur le mot au hasard d'une discussion sur Pokémon et le chercher sur Internet, je ne me souviens plus trop ... En tout cas j'ai atterri un jour sur un topic de jeuxvidéo.com (ne jugez pas) où les gens se lançaient le défi de faire un nuzlocke et racontaient leurs parties. C'étaient que des comptes-rendus, mais ça m'amusait beaucoup de les lire. Juste pour le suspens de voir si le joueur allait s'en sortir, quels Pokémon allaient rester dans son équipe ou mourir, le désespoir du challenger qui perd un allié de longue date ... Au début je pensais pas faire de nuz moi-même, ça me semblait trop compliqué, mais au bout du compte je me suis lancée sur X et j'ai réussi mon premier nuzlocke !
Gobou : Dans la première page de "Bubuyog est coincée à Alola", tu mentionnes un Nuzlocke "pas terminé", serait-ce donc ce fameux Nuzlocke sur X ? 
Bubuyog : Oh, non non non ! Le nuzlocke sur X c'était quand j'avais quatorze ans, et j'ai jamais eu l'intention de le raconter. Non, je fais référence à un projet de nuzlocke écrit sur Pokémon Noir que j'avais à l'époque et qui traînait.
Gobou : Pourquoi ce Nuzlocke traînait du coup ? Est-ce lié au déroulement de l'aventure ou au format écrit ?Bubuyog : C'était au niveau de l'écriture que ça bloquait. Je voulais attendre d'avoir plusieurs chapitres de prêts avant de commencer à poster. Et au final, ben ... Je l'ai jamais posté parce que j'arrivais pas à atteindre mon objectif d'une réserve de chapitres.
Pour BECA, j'ai décidé d'adopter la stratégie inverse et de commencer à poster dès la première planche finie ; au bout du compte, ça a été une meilleure idée vu que j'ai réussi à poster régulièrement pendant presque un an !
Gobou : Comment expliques-tu cela ? Serait-ce grâce aux commentaires concernant ta première planche qui t'ont donnée la motivation pour continuer régulièrement et sans chapitre en réserve ?Bubuyog : Y'a un peu de ça, y'a aussi le fait que je me suis vraiment posé comme objectif de dessiner de façon rapide, sans me prendre la tête. Assez rapidement j'ai décidé que je devais poster au moins une planche chaque dimanche, même une planche de merde ; l'idée c'était que la quantité devait primer sur la qualité. Ma grande crainte, c'était de laisser ce nuzlocke inachevé au bout de trois mois.
Gobou : Le manque de régularité est-il dangereux quand on veut raconter son Nuzlocke ? D'après ce que tu dis, il y a un risque de "se prendre la tête" si on traîne trop (du moins si je te lis bien, n'hésites pas à me rectifier) ?Bubuyog : C'était plutôt l'idée inverse : si je me prends la tête, si je suis trop perfectionniste sur mes planches, je vais passer trop de temps dessus et ça va traîner. Est-ce que le manque de régularité est dangereux ? Je ne sais pas. À l'époque, je voulais vraiment rester dans un rythme régulier parce que je me disais, si je commence à me donner des excuses et à repousser mes parutions, je vais finir par poster de moins en moins et abandonner.
Aujourd'hui j'ai dû abandonner le rythme hebdomadaire parce que depuis que je suis dans les études sup c'est plus possible. Je constate que je continue quand même à poster et que j'ai toujours la motivation, mais bien sûr, le rythme est irrégulier et j'ai l'impression que les intervalles entre deux planches se creusent de plus en plus. Je me dis souvent que je devrais réessayer de me fixer un rythme de sorties régulières.
Gobou : Plus globalement, comment tu écris "Bubuyog est coincée à Alola" ? Ta méthode de travail tout ça ?Bubuyog : Eh bien déjà, important à savoir, j'écris "en même temps que je joue". C'est-à-dire que de base, l'idée c'est que la progression de la BD reste assez proche de ma progression dans le jeu, histoire que je me souvienne bien des petits détails rigolos. Ça veut dire que niveau scénario, développement des personnages tout ça, c'est fait à l'improvisation. Je ne connais pas le scénario du jeu, et j'ignore quels Pokémon vont vivre ou mourir. Je fais mes pages au jour le jour, dans l'optique encore une fois d'un nuzlocke "vite fait".
Du moins, c'était comme ça de base.
Au fur et à mesure, j'ai commencé à réfléchir davantage au scénario, et du coup à essayer d'avoir plus d'avance dans le jeu. Du coup vu que je me souviens moins bien des événements de ma partie, je prends des notes en jouant ; c'est un peu chiant, mais utile au moment de faire les pages. J'ai aussi commencé à faire un plan de la BD, c'est-à-dire mettre quels événements auront lieu dans quelles pages. Ça m'aide à y voir plus clair.
Cependant, à l'heure actuelle je n'ai toujours pas fini le jeu, et je ne sais donc pas comment va se finir BECA ...
Gobou : J'imagine que ta passion pour le dessin a beaucoup jouée dans ce choix mais quelles sont les raisons qui t'ont fait choisir le format illustré ? Quelles sont les plus-values et les inconvénients de ce format ?Bubuyog : Comme je voyais que j'avais du mal à écrire mon nuzlocke sur Noir, je me suis dit, peut-être qu'au final le format illustré sera plus efficace ... Et en effet, ça l'était. Après, la seule plus-value concrète que je voie, c'est que ça attire plus de public que le format écrit. Plus de public, plus de commentaires, plus de commentaires, plus de motivation !
Au niveau des inconvénients, j'ai envie de dire, c'est long. Même avec mon style simple et ma volonté de faire mes pages le plus efficacement possible, je passe beaucoup de temps sur chaque planche. Après, faut pas croire, écrire aussi ça prend du temps. Mais peut-être moins, je ne sais pas.
Je pense que le plus important, c'est que l'auteur soit à l'aise avec son format. Qu'on choisisse écrit ou illustré (ou même audiovisuel), on peut faire des blagues, on peut faire du drama, on peut donner de la personnalité à ses personnages, on peut créer un univers ... Simplement, on ne le fait pas de la même manière. Moi je pense mes histoires en images plutôt qu'en mots, donc le format illustré me vient plus naturellement.
Gobou : Puisque tu évoques le sujet, peux-tu nous donner une fourchette du temps que tu consacres pour faire une page (environs) ?Bubuyog : Whoulà, c'est dur, parce que mes pages n'ont pas toujours la même taille (les pages récentes surtout). Mais en tout cas, ça prend plusieurs heures, c'est sûr.
De ce que je vois sur la planche que je suis en train de faire, rien que l'encrage d'une page A4 me prend bien quarante minutes alors que je m'efforce d'y aller speed. Alors sachant que chaque page comprend plusieurs pages A4, et qu'en plus de l'encrage il y a le brouillon et les niveaux de gris à faire ...
Gobou : Tu l'as également mentionnée, si on se base sur le nombre de messages postés sur le forum (c’est un moyen de mesurer, certes, contestable, mais qui reste le meilleur indicateur que nous avons), il semblerait que le Nuzlocke illustré est effectivement celui qui attire le plus le public. Est-ce que tu as des éléments d’explications à ce sujet ?Bubuyog : Oh bah, je pense que c'est bêtement l'instinct primaire de l'enfant feignant en nous qui ressort : "MAIS LIRE C'EST FATIGUANT EUH !". Le format illustré, y'a de jolies images et moins de texte, c'est plus facile, ça capte plus l'attention de notre cervelle adepte du moindre effort, c'est bête mais c'est comme ça. La lecture ça demande un petit coup de pied au derrière supplémentaire, mais je pense qu'on devrait faire cet effort plus souvent (moi la première). Sinon, autant sur le forum que pour les vrais livres, on peut facilement passer à côté de trucs très chouettes qui méritent notre attention !
Gobou : Et au final : qu'est-ce qui t'as motivée à raconter ton Nuzlocke ? Est-ce pour s'entraîner au dessin ? Pour raconter une histoire dont tu ne connais pas la fin ? Pour les retours ?Bubuyog : Eh bien, être inscrite sur un forum dédié à ça a sûrement aidé x) Je voyais tous les nuzlockes écrits par les autres, et j'avais envie d'ajouter ma pierre à l'édifice.
C'était pas nouveau. Le fameux projet de nuz écrit sur Noir n'était pas le premier. Avant ça il y a eu trois essais de BD : dans la première, sur Rouge Feu, j'ai perdu face au Major Bob, et les deux autres, j'ai simplement laissé tomber.
Avec tout ça, le temps passait, je n'avais toujours pas publié de nuzlocke et en plus, le forum traversait une période un peu morte. Du coup je me suis dit, ok, ça suffit, si j'attends plus longtemps si ça se trouve il n'y aura plus personne pour me lire. Alors arrêtons de vouloir faire des chapitres en avance, Ultra-Lune sort en novembre, allez hop, je fais un nuz en blind et je me lance tête baissée dans un compte-rendu BD !
Gobou : Du coup, maintenant qu'on a parlé de la forme, parlons désormais du fond : « Bubuyog est coincée à Alola » raconte l’histoire d’un bourdon nommé Bubuyog (donc toi) qui veut dessiner un Nuzlocke illustré sur USUL. Elle se retrouve par accident aspirée dans sa propre BD, ce qui a pour effet d’altérer la réalité de celle-ci. Elle est ainsi emprisonnée dans son propre Nuzlocke, ce qui a pour conséquence de l’impliquer beaucoup plus émotionnellement, alors que les autres personnages ignorent qu’elle provient d’un autre monde. Comment t’es venue l’idée de ce concept qui s'apparente un peu à de la métafiction* (si du moins, tu considères que c'est effectivement une métafiction) ? * "En littérature, la métafiction est une forme d'écriture autoréférentielle qui dévoile ses propres mécanismes par des références explicites. [...] C'est le terme littéraire décrivant la littérature de fiction qui, de manière consciente et systématique, s’interroge sur son statut en tant qu'objet, en soulevant des questions sur la relation entre fiction et réalité, et souvent ironie et introspection. " - Définition de Wikipédia "Métafiction"Bubuyog : C'est simple, de base, je n'avais pas prévu de scénario. Ma BD devait juste être un compte-rendu rigolo fait à l'arrache. Et du coup, le concept de m'auto-balancer dans ma BD, c'était simplement pour avoir un protagoniste qui soit le joueur (donc moi) et non le personnage jouable. Je voulais pouvoir raconter mon nuzlocke directement de mon point de vue à moi, partager mes impressions sur le jeu et sur ma partie, comme quand je remarque que le scénario n'a pas changé depuis les jeux précédents.
Après, au bout d'un moment j'ai fini par me dire que c'était dommage de ne pas avoir d'intrigue et de juste bêtement raconter le jeu. Mais ça aurait fait bizarre si j'avais sorti un scénario de nulle part en plein milieu de la BD. J'ai donc décidé de développer le seul élément "scénaristique" que j'avais mis en place, à savoir cette histoire de quatrième mur, même si de base ce n'était qu'un gag pratique.
Gobou : Dans ce Nuzlocke, les Pokémon peuvent communiquer avec les humains et sont donc des personnages à part entière. Ainsi se développe au fil de l’histoire des dynamiques entre les différents protagonistes. Par exemple, Noka (qui est ton starter) est un peu le pilier émotionnel du groupe, ce qui est aussi le cas de Do, qui est également un ressort comique (une parodie de communiste adaptée à l’univers Pokémon). Joshua, quant à lui, est un Pokémon terriblement paranoïaque, ce qui influence son rapport avec les autres, y compris les membres de son équipe. Comment définis-tu, non seulement la personnalité, mais aussi le rôle que chaque Pokémon va jouer dans l’histoire ?Bubuyog : Pour définir la personnalité, je fais au feeling. Des fois, ça me vient tout de suite, comme avec Bidum-Bidum, j’ai eu l’idée de sa personnalité avant même de le capturer. Des fois je n’ai pas d’idée, et alors je me demande ce qui pourrait créer un bon équilibre dans le groupe, ou bien je m’inspire d’un de mes OCs. D'ailleurs ce qui est drôle quand je m’inspire d’un personnage préexistant, c’est que je me rends compte que le Pokémon finit toujours par se différencier de son « modèle ». J’aime bien partir d’un concept simple et rigolo (comme par exemple un Pokémon paranoïaque), qui permet de créer un personnage marquant et de faire pas mal de gags. Et c'est intéressant, quand je développe le personnage après, de faire naître des problèmes "sérieux" de cette personnalité comique.
Je ne réfléchis pas vraiment en termes de "rôles", tout part vraiment de la personnalité. J'essaie surtout de faire en sorte que chaque personnage ait une évolution et des relations spécifiques avec d'autres membres de la team. Le rôle de "pilier émotionnel" de Noka et Do est venu naturellement car ce sont des personnages altruistes qui savent garder la tête froide.
Gobou : Il n'y a pas que les Pokémon qui s'éloignent de leur modèle. Concernant les humains, certains sont très fidèles au jeu original, tandis que d’autres ont un traitement largement différent dans ton Nuzlocke. Prenons le cas de Gladion, qui est un personne "sombre et cool" habituellement ... il est ici un ressort comique de par sa peur disproportionnée de Bubuyog (qui a des antennes, ce qui choque personne sauf lui). Qu’est-ce qui explique ces choix au niveau des personnages humains ? Les adaptes-tu en fonction de l’histoire que tu souhaites raconter ? Ou tu y vas au feeling comme pour tes Pokémon ?Bubuyog : Au niveau des personnages humains, je préfère rester fidèle au personnage de base. Ça colle mieux avec l'idée que je suis débarquée dans le monde de Pokémon tel qu'il est dans le jeu. J'essaie juste de proposer une interprétation de ces personnages, de mettre l'accent sur un aspect de leur personnalité, afin de les rendre plus intéressants ou comiques. Pour Gladio, je ne considère pas que je me suis tellement éloignée du personnage, je l'ai juste mis dans une situation où, justement, l'aspect sombre et cool qu'il se donne est mis à l'épreuve. Après bon, quand je dis "interprétation", ça peut être plutôt de l'ordre du headcanon parfois.
Gobou : Bubuyog, de par sa nature d’outsideuse, est particulière car elle brise fréquemment le quatrième mur (en mentionnant par exemple son expérience passée de Soleil/Lune, ainsi qu’en se questionnant sur sa place au sein même du Nuzlocke). Comment écris-tu ce personnage ? Est-ce que tu essayes d’éviter quelques difficultés ? Notamment une éventuelle confusion entre sa place de dessinatrice, et de personnage pleinement intégrée dans l’histoire ?Bubuyog : Houlà, pour le coup, je crois que j'ai malheureusement sauté à pieds joints dans la confusion. Si j'en crois certaines réactions de mes lecteurs, l'identité d'auteur/personnage de Bubuyog n'est pas toujours claire ...
À vrai dire, moi-même je suis un peu confuse avec certains aspects du self-insert des fois ! Et croyez-moi, ça risque de devenir de plus en plus incompréhensible par la suite ... Pour la façon dont je l'écris, j'ai envie de dire que vu que c'est moi, c'est le personnage qui me vient le plus naturellement. Son évolution sur le long terme est inspirée de certains de mes propres problèmes. Et j'essaie de faire en sorte que sa manière d'agir soit la plus proche possible de la mienne, même si ses actions sont souvent influencées par son statut de personnage principal.
Gobou : Il y a également "la conscience de Bubuyog" qui a son existence propre en tant que personnage, mais cette fois-ci à l'extérieur de la BD, dont elle commente les évènements de manière occasionnelle. Est-ce que tu l'écris de la même manière que la Bubuyog "physique", c'est-à-dire basée sur ta manière d'être ? Pour généraliser la question : qu'est-ce que cette conscience apporte au niveau de la narration ? Est-ce un ressort comique ? Une manière de présenter les enjeux ? Autre chose ?Bubuyog : De base, c'est surtout un personnage comique, avec sa manière particulière de briser le quatrième mur. Sa mission est de veiller à ce que Bubuyog reste sur le droit chemin, et je l'écris donc avec cet objectif en tête. Elle est un peu semblable à Bubuyog, mais en plus raisonnable (un peu) et avec un côté maniaque de la sécurité. Après, vous l'avez remarqué, elle n'apparaît pas si souvent. En réalité, je me suis vite rendue compte que c'est très difficile de la faire intervenir, car il faut que la BD s'adapte à ses apparitions autant au niveau visuel qu'au niveau du script. J'aimerais qu'elle soit beaucoup plus présente qu'elle ne l'est actuellement, car c'est un personnage important à sa manière.
Gobou : On a parlé précédemment de la confusion, si tu devais recommencer la BD aujourd’hui, est-ce que tu ferais certains trucs différemment ? Pour le déroulement de l'histoire ou les personnages que l'on vient d'évoquer ?Bubuyog : Hm, si je devais recommencer la BD, j'essaierais de mieux expliquer la situation de Bubuyog, et de mettre davantage en place dans les premières pages les prémisses de ce qui va suivre. J'aimerais bien aussi prendre le temps de développer ce que ressent Bubuyog en (re)découvrant Alola, ça n'a pas été vraiment abordé alors que c'est au centre de la BD (c'est même dans le titre, zut !). Et je chercherai peut-être à faire quelque chose de plus intéressant avec Tili, là j'en ai juste fait une caricature un peu comique, ce qui est dommage car c'est un personnage récurrent proche de Bubuyog, il pourrait jouer un rôle important.
Gobou : Au niveau des dessins eux-mêmes : tu as un style plutôt "humoristique" (il y a sûrement un terme plus approprié et technique que celui-ci, tu me diras), notamment pour les enfants qui ont une tête disproportionnée vis-à-vis de leur corps. Est-ce que le ton humoristique de ta BD influence le style graphique ? Ou au final c'est ton style à toi et tu es habituée à dessiner comme ça ?Bubuyog : En ce qui me concerne j'appelle ça "mon style chibi*". Je l'ai choisi surtout parce que c'est une manière de dessiner très simple et rapide. Si j'avais voulu faire un récit sérieux, j'aurais peut-être utilisé un style un peu plus élaboré ... Encore que, j'aime bien mélanger les genres ! Et je n'ai pas l'impression que le style de BECA pose problème quand je dois dessiner des scènes comme les scènes de deuil.
* Style de dessin dans lequel les personnages sont dessinés de petite taille et mignons, adorables. – Définition WiktionnaireGobou : Ton Nuzlocke alterne les cases colorisées et les cases monochromes (et c’est le cas jusqu’à ce jour, ce n'est pas comme si avais colorisée seulement les premières pages pour ensuite abandonner définitivement). Sur quels critères tu décides de coloriser, ou non, des cases ?Bubuyog : Eh bien, au début je voulais faire un nuzlocke intégralement colorisé. Mais je me suis très vite rendue compte que même un compte-rendu rapide mal dessiné prenait beaucoup de temps, c'est pourquoi j'ai décidé de passer au noir et blanc. Cependant, comme c'est quand même plus joli en couleur, j'ai décidé de coloriser les Épreuves et autres moments importants. Parfois aussi je colorise une case au milieu d'une planche monochrome ; ça, c'est à l'inspiration, si je sens que la couleur apporterait quelque chose, ou juste si je suis d'humeur à colorier.
Gobou : On en a parlé précédemment mais avant que tu rentres dans les études supérieures, tu t'imposais un rythme de parution hebdomadaire. Est-ce que ce rythme de parution peut-il être une source de stress ? Genre "Tu dois poster la page x jour parce que des gens l'attendent" ?Bubuyog : Hm, autant que je me souvienne, non, ce n'était pas tellement une source de stress. Je savais que mon public était compréhensif et qu'il me pardonnerait si jamais je ne pouvais pas poster le dimanche. C'était surtout pour moi-même que je m’imposais ce rythme, pour me forcer à avancer et à ne pas passer trop de temps sur chaque planche. Au final, c'est surtout depuis que je n'ai plus de rythme de parution régulier que je suis préoccupée par le fait de laisser mes lecteurs en plan.
Gobou : Mise à part « Bubuyog est coincée à Alola », est-ce que tu as des projets que tu aimerais faire ?Bubuyog : Alors c’est drôle, parce que ça fait plus de deux ans que je galère sur BECA, je désespère d’en voir le bout en moins de quatre ans, je maudis les heures de boulot que me demande chaque planche, je déprime parce que tout ce travail ne me rapportera jamais ni argent ni notoriété … Et pourtant, j’ai grave envie de faire d’autres nuzlockes une fois que j’aurai fini ! À part ça, j’ai un projet de « vraie » BD, une histoire de sorcières qui a pris racine dans ma tête quand j’avais douze ans … Cette BD, je veux l’écrire et je vais l’écrire ! … Un jour ! ... Bientôt !
Gobou : Peux-tu nous en dire plus sur cette histoire de sorcières ? =pBubuyog : Hm, j'imagine que je peux parler sans trop de risque du plot de base, parce qu'il est pas original du tout ! Alors, c'est des enfants et des ados, ils vivent dans un foyer. Et un jour, le directeur du foyer est remplacé par une directrice très bizarre. Et les enfants vont découvrir que cette directrice est une sorcière, et se voir proposer de devenir des apprentis sorciers. Tadaaaaaaaa ! Ouais, encore une fois, j'avais douze ans quand j'ai eu l'idée, ça vole pas haut x)
Gobou : Et pour tes futurs Nuzlockes : est-ce que tu sais ce que tu veux faire ? Un truc un peu différent de « Bubuyog est coincée à Alola » ?Bubuyog : Au niveau du scénario, je sais pas trop, mais je vais pas casser le quatrième mur deux fois, ça deviendrait lassant x) Je pense que si je fais de nouveaux nuzlockes, j'essaierai de planifier davantage. L'écriture à l'improvisation a ses bons côtés, mais je me suis aperçue qu'elle avait aussi pas mal d'inconvénients. Et mieux planifier pourrait aussi m'aider à faire un truc moins long et moins chronophage (j'espère ...)
Gobou : Cette interview approchant de la fin, aurais-tu des suggestions de Nuzlockes à voir ? Que ce soit au sein du forum ou ailleurs ? =)Bubuyog : Wow, c'est dur de faire une sélection ! En illustré j'ai découvert le forum avec les nuzlockes de Phiphi donc je me dois de les mentionner, et les nuzlockes de Marv sont inachevés mais excellents quand même, ils méritent le coup d'œil ! Parmi ceux qui sont encore actifs, Nuzlocke Story Delta Emerald de Kagura est MAGNIFIQUE et Lost Sister de MeihB a une histoire et un style graphique très sympa ! Oh j'aime beaucoup Un Nuzlocke Saphiresque de Eevee33 aussi !
Pour les écrits, j'aime beaucoup Levez le rideau, larguez les amarres de Jojoelle, et je recommanderais Les Chaînes du Destin de Givranelo à tous ceux qui cherchent un nuz épique. Dans la catégorie "pas encore très avancé mais je sens qu'il y a grave du potentiel", il y a La Noire réalité de la Sourde de Thunungu et Heroes:Saphir de PurpleLuckyStar, et dans la catégorie "terminé avant même que je sois arrivée sur le forum mais je l'ai lu et j'en ai gardé un très bon souvenir", il y a Yellow Reborn de whiteshewolf !
Gobou : Merci à toi Bubuyog d'avoir pris de ton temps pour répondre à toutes ces questions, notamment sur BECA qui a remporté un certain succès aux Nuzlockes Awards (et dont je vous recommande vivement la lecture !). As-tu un mot pour la fin à destination des lecteurs de ce Nuzlocke ? =)Bubuyog : Un truc que je n'ai pas eu l'occasion de dire dans cette interview mais que j'aimerais dire quand même : malgré tout ce que j'ai dit plus tôt sur le travail monstre (et gratuit) que me demande BECA, j'aime beaucoup cette BD et tous ces personnages. Je suis vraiment contente de m'être lancée là-dedans, à l'époque je n'aurais jamais cru être capable de tenir un projet sur le long terme comme ça, et c'est ce nuzlocke qui m'a fait réaliser à quel point j'aimais faire de la BD. Pour toutes ces raisons, BECA est vachement important pour moi, et même si j'essaie de réduire au maximum le temps que j'y passe parce que j'ai quand même d'autres trucs à faire, j'ai la ferme intention d'aller au bout de cette BD !
Du coup encore merci à tous mes lecteurs pour leur soutien dans cette aventure, certes modeste et mal dessinée, mais qui a changé ma vie !
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(enfin je sais pas à quel niveau de précision on parle non plus, c'est peut-être une peu trop flou dans ma tête). Après, ça peut être casse-bonbon de décrire avec des mots une scène visuelle aussi.
