[Rouge Feu] Corruption

Règles usuelles
*Seul le premier pokémon de la zone peut être capturé

-Un oeuf/pokémon offert/échange interne compte pour la première capture de la zone

-Certaines zones (ex :le parc Safari) comportent plusieurs zones de capture

-Même si je possède déjà le premier pokémon de la zone, c'est lui ou rien

*Un pokémon K.O est considéré comme mort

-Si mon équipe est battue, mais qu'il me reste des pokés au PC, l'aventure continue

-Si un pokémon avait apprit une CS et qu'il meurt, je ne peux plus l'utiliser avec lui

*Tous les pokémons doivent avoir un surnom
*Pas de légendaires
*Un pokémon chromatique peut être capturé n'importe quand

Régis
Il est 5 heures du matin. Ou 6 heures. Je ne sais pas et je m'en fiche, savoir l'heure est le cadet de mes soucis. J'ai été transféré à l’hôpital de Jadielle après avoir été agressé par cet inconnu. Plus de peur que de mal, mais on me garde pour des analyses psychiatriques. Je ne suis pas arrivé à trouver le sommeil : je revois cette scène en boucle, encore et encore. L'inconnu, Carapuce à terre, le Arbok. L'inconnu, Carapuce à terre, le Arbok. L'inconnu, Carapuce à terre, le Arbok. Je n'arrive pas à penser à autre chose. Quand j'ai les yeux ouverts, je revois la scène. Quand je les ferme, je la vois toujours. On frappe à ma porte.

- Fichez moi la paix ! Laissez moi seul, je hurle.

La porte s'ouvre malgré mes protestations. Je m'attends à voir des infirmiers ou le docteur mais c'est Daisy, ma sœur jumelle qui entre, accompagnée de grand-père.

-Régis !

Lorsque le drame est survenu, ils étaient à Safrania pour rendre visite à un collègue de papy, ils auraient dû rentrer en fin de matinée.

-Régis, qu'est ce qu'il s'est passé ? Demande papy.

Je ne réponds pas. Un silence s'installe. Ils ne disent rien et attendent que je trouve la force de répondre. Mais après plusieurs minutes de silence, papy est bien obligé d'insister.

-Régis je t'en prie, dis moi ce qu'il s'est passé ! C'est la panique au village, personne n'arrive à faire de phrase cohérente sur ce qu'il s'est passé !

-Papy ! Ne le brusque pas ! Proteste Daisy.

-Daisy je veux juste...

-Je suis désolé, papy, je dis en les interrompant.

-Désolé ? Mais de quoi ? Demande grand-père.

-Grand père, dis je, lorsque vous êtes partis, tu m'avais interdit de toucher aux pokémons... je ne t'ai pas écouté, j'ai pris Carapuce pour aller l’entraîner car c'était lui que je voulais... Et lorsque je l'ai rapporté au labo... Ce type, il était là et...

-Régis, ce n'est pas grave, l'important c'est que tu ailles bien, me rassura grand-père.

Je serre les poings et je détourne la tête, je regarde par la fenêtre les rues désertes de Jadielle.

-Frérot, continua Daisy, tu n'as pas à t'en vouloir...

-Si ! Je hurle en retournant brutalement vers eux.

-Régis...

-Si je n'avais pas étais aussi faible, ce type, jamais il n'aurait pris les pokémon - je serre mes poings plus violemment - , jamais il ne m'aurait mis dans cet état si j'avais été plus fort !

Grand-père met ses mains sur mes épaules et me secoue.

-Tête de mule ! Ton pokémon vient à peine de sortir d'un œuf, qu'est ce que tu aurais pu faire ?

Je m’apprête à répondre, mais on frappe à la porte. Elle est déjà ouverte, l'homme qui se tient sur le seuil cherche à signaler sa présence. Il est assez grand mais pas bien épais, des cheveux noirs, il porte une veste marron chocolat, un pull marron plus foncé surmonté d'une cravate violette.

-Bonjour messieurs, mademoiselle, je cherche un dénommé Régis.

-Qui êtes vous ? Demande papy.

-Vous n'avez pas à connaître mon nom, mais vous pouvez m'appeler par mon nom de code, Beladonis. Je fais partie de la police internationale. J'aurais quelques questions à poser à monsieur Régis Chen.

-Vous n'allez pas l'interroger maintenant, proteste ma soeur, il se remet à peine du choc !

-Mademoiselle...

-Repassez plus tard lorsque mon frère...

-Daisy !

Ma sœur est surprise et me regarde, les yeux ronds. Je suis l’aîné, je suis donc censé m'occuper d'elle et non l'inverse. Je suis tombé bien bas.

-C'est moi le concerné non ? On pourrait me demander mon avis au lieu de prendre les décisions à ma place. Je vous écoute, dis-je à l'attention de l'agent.

-Bien. Tout d'abord, comment était votre agresseur ?

-Un ado de mon âge, une carrure banale, des cheveux bruns, des yeux verts.

-Hum... Un signe distinctif ?

-Quand j'y pense, il avait un uniforme et un béret, noirs tous les deux et sur sa poitrine, une « r » majuscule rouge.

L'agent tressaille lorsque à l'évocation du « r ».

-Mais... C'est...

-Quoi donc ? Le pressa papy.

-Cet uniforme, ce n'est pas la première fois que j'en entend parler, répond l'agent.

-Mon frère n'est pas le premier à avoir eu affaire à ce type ? Demande ma sœur.

-Non en effet. Et ce serait plus « ces types ». Des cas de vols de pokémon et d'agressions sont en hausse ces derniers temps, tous on été commis par des personnes portant un uniforme noir avec un « r » rouge. Vous dites qu'il a volé des pokémon de votre laboratoire ? Demande-t-il à papy.

-Oui. Un salamèche et un Bulbizarre.

Beladonis fait quelques pas et se plante devant la fenêtre. Il regarde la ville paisible. Après un moment de silence, il prend la parole.

-Je ne devrais pas vous dire ça mais étant donné que vous êtes le fameux professeur pokémon de la région, je pense pouvoir vous mettre dans la confidence. Je vous ai dit que les vols et les agressions augmentent mais il y a pire.

-Comment ça ?

-Le gouvernement tente d'étouffer les affaires mais... Ces derniers temps, le nombre de prises d'otages d'humains et de pokémon de hauts fonctionnaires augmente ainsi que des actes terroristes avec usage de pokémon dressés.

-Pourquoi le gouvernement étouffe-t-il ces catastrophes ? Demande grand-père.

-Pour ne pas alerter la populace : l'opinion publique passe avant la sécurité de la population de nos jours, nous annonce Beladonnis, la voix pleine de dégoût, mais surtout, je pense qu'une partie du gouvernement est corrompue.

-Vous êtes sûrs de ce que vous affirmez ?

-Certain. Nous avons arrêté certains de ces hommes en noirs à Azuria et pourtant je les ai vu en liberté quelques jours après leur arrestation et mes supérieurs me demandent de garder le silence.

Il se tourne vers nous, l'air grave.

-Professeur, je pense qu'ils ont des complices hauts placés, ces hommes sont vraiment dangereux.

-Qu'est ce que je peux y faire ?

-Rien mais je préfère vous mettre en garde, vous êtes probablement l'une des dernières personnes de confiance dans la région.

Il se dirige vers la sortie et s'arrête à la porte.

-Merci de votre collaboration, je vous souhaite une bonne journée.

Il commence à partir mais se retourne une dernière fois vers nous.

-Je pense vraiment qu'il y a un problème au sein de notre gouvernement, professeur. Faites attention à vous.

Il part pour de bon, nous laissant de la plus grand perplexité. Je me lève alors de mon lit, ma famille tente tout de suite de m'arrêter.

-Laissez moi !

-Arrête mon garçon, tu dois te reposer !

Je les pousse à coup d'épaules ; n'ayant pas été blessé physiquement par l'Arbok, je conserve toute ma force. Je me dirige vers la sortie en courant, Daisy et papy sur mes talons. Je dois sortir de cet hôpital. Je dois retrouver ce type.

Silvain

Je suis de retour dans le bureau miteux du commandant, assis sur une vieille chaise grinçante. Le Major Bob se tient sur son fauteuil, en face de moi, portant ses lunettes de soleil fétiches. Je me rends compte qu'une aura électrisante se dégage de cet homme : il ne tient pas en place, change régulièrement de position et joue un air improvisé avec ses doigts sur la table. Son attitude laisse penser qu'il aimerait être ailleurs, mais son sourire de Motisma semble indiquer qu'il est impatient de voir la suite des événements. A côté de nous se tient M. Tanaka, l'intendant de l'organisation. Je ne l'aime pas ce vieux, d'ailleurs n'importe quelle personne censée éprouverait du mépris pour lui rien qu'en le regardant. Petit, recroquevillé sur lui-même, avec de petits yeux, un regard froid et des doigts crochus serrés sur son porte-document. Tout en ce bonhomme semble indiquer « réglons nos comptes et fichez-moi le camp ». Enfin, ce n'est pas le vieux déplumé qui m'intéresse. Je me force à regarder mon supérieur mais il est difficile d'ignorer la présence de l'intendant.

-Gamin, je suis vraiment fier de toi, dit-il avec son grand sourire, tu as fait du beau boulot.

-Merci, je réponds.

-Tellement du bon boulot, poursuit-il en s'avachissant dans son fauteuil, qu'avec l'accord du patron, j'ai décidé de te filer une promotion.

Je jubile. Depuis mon entrée dans la team Rocket, je me suis battu pour que ce jour arrive. La pression des supérieurs, la peur de l'échec, l'esprit de rivalité mis en place pour pousser les sbires à se donner au maximum... A ce moment, deux années de frustration, de dur labeur (enfin, façon de parler) finissent par payer. Je dois me faire violence pour m'empêcher de sourire ou de pleurer de joie. Je n'aime pas laisser paraître mes émotions, c'est dans ma nature. Le Major sort alors un cigare d'un tiroir de son bureau et l'allume.

-Dorénavant, dit-il en inspirant de une bouffée de fumée, tu seras mon assistant personnel, mon bras droit si tu préfères. C'est un boulot qui paraît assez ingrat : tu devras me faire des rapports quotidiens, faire part de mes décisions aux sbires... Il faudra même que tu entretiennes mes pokémons si je n'en ai pas le temps. Cependant, - il inhale une nouvelle bouffée - ça présente beaucoup d'avantages. Maintenant, tu n'obéis plus qu'à mes ordres directs et ceux du grand patron, ta paie augmente considérablement et tu te retrouves sous ma protection : si quelqu'un te cherche des noises, il aura affaire à moi.

Il se frappe la poitrine avec son poing en prononçant ses derniers mots. Je bombe le torse sans pouvoir me contrôler, mais en fait je n'ai pas envie de me retenir : j'éprouve une immense fierté à l'instant présent, je n'ai aucune raison de la dissimuler.

-Autre chose, poursuit-il en mâchouillant son cigare, tu es maintenant autorisé à capturer tes propres pokémon mais il faudra rendre ton équipe d'emprunt à l'intendance-  il montre M.Tanaka avec son pouce.

Je remets le cobra sans trop de peine. Certes, je l'ai reçu à mon entrée à la team Rocket, encore Abo, et je l'ai vu évoluer, mais j'ai toujours senti qu'Arbok obéissait aux ordres parce qu'il était obligé de le faire et non par envie. C'est donc sans aucune cérémonie que je le remets à l'intendant. Une fois le pokémon récupéré, il s'en va en grommelant des paroles incompréhensibles.

Le Major tapote son cigare pour faire tomber des cendres dans un cendrier crasseux puis se lève. Il se dirige vers moi, ma boule à l'estomac me reprend. Il tend son poing vers moi, va-t-il me frapper ?
Mes doutes s'envolent lorsqu'il ouvre le poing, je peux alors voir une pokéball.

-Un cadeau, explique-t-il, le premier, je l'espère, d'une équipe d'enfer !

Je prends la pokéball en le remerciant et je regarde par dessus la coque rouge : je peux voir le pokémon. Il s'agit d'un Salamèche.

-Lui ?! Ce cri m'échappe tellement je suis surpris.

-Ouais, lui, répond le Major en visant la poubelle avec son mégot, j'ai pensé que ça te ferait plaisir. Et puis tu fais partie du « gratin » maintenant, rien d'anormal à ce que tu reçoives des pokémon puissants.

Il tire son cigare mais rate la poubelle. Vu le nombre de cigares sur le sol, je doute qu'il atteigne très souvent sa cible de fortune. Ces derniers événements me plaisent énormément. Une prime et maintenant un pokémon qui est non seulement rare mais qui peut devenir puissant en évoluant. Le Major me regarde d'un œil perplexe.

-J'vois à la lueur dans tes yeux que t'es sacrément cupide, gamin.

-Quoi ? Je quitte mes rêveries.

-C'est caractéristique des gens qui ont dû se priver de beaucoup de choses quand ils étaient plus jeunes.

- Je... Non pas spécialement, j'essaye de ne pas paniquer.

Le Major a vu juste, mais je déteste repenser à mon passé. Cette époque misérable de ma vie. Je tente de rester calme. J'ai éprouvé de la sympathie pour le Major Bob mais maintenant, je n'éprouve plus qu'une haine grandissante envers lui. Je ne veux plus repenser à cette époque, je veux l'effacer de mon esprit. Je ne peux que haïr ceux qui m'y font penser.

-Comment vas-tu appeler ta bestiole ? Il semble avoir compris mon malaise et change de sujet.

-Samuel, je réponds après quelques minutes nécessaires pour me calmer et réfléchir.

-Pas mal. Gamin, il y autre chose que je dois te dire avant qu'on attaque le boulot. Tu dois savoir que nous graissons la patte au gouvernement.

-Oui, grâce à l'argent du casino et du marché noir.

-Ouais. Mais ces péquenots peuvent pas nous couvrir sur tous les fronts. Notamment sur l'écologie, des chercheurs indépendants effectuent régulièrement des relevés sur la population des pokémon sauvages. Si ils se rendent comptent que les pokémon sauvages disparaissent en masse dans une zone, ça alertera la populace et si nous sommes découverts, je doute fort que le ministère puisse nous couvrir. C'est pour ça que tu ne devras capturer qu'un seul pokémon par zone.

-Compris, je réponds.

-Bien, ces quelques détails réglés, passons aux choses sérieuses, il ouvre un tiroir et en sort un dossier de mission.

Je me demande comment il s'en sort dans tous ce foutoir pour retrouver ses papiers. Il laisse tomber le dossier sans ménagement ; celui-ci atterrit avec fracas sur le bureau, soulevant au passage un nuage de poussière.

- Argenta, commence-t-il, une ville au nord-ouest de la région. On peut penser au premier abord qu'il n'y a que des cailloux mais la ville prospère grâce à sa mine de pierres Lune dans le Mont Sélénite. Nous avons... réussi à devenir actionnaires de la société Argentaise qui exploite la mine et crois-moi, ça rapporte gros, aussi bien en argent qu'en pierres Lune. L'ennui, c'est que des fossiles ont été découverts par les mineurs, le maire a alors donné une autorisation spéciale à des archéologues pour qu'ils fouillent la montagne à la recherche d'autres fossiles pour qu'ils soient « déposés dans un lieu neutre à l’abri de l’appât du gain d'individus malhonnêtes », il prend un accent en disant cette dernière phrase.

Il frappe du poing sur la table.

- Et à cause de ces merdeux, le robinet de pognon s'est fermé car les travaux ont dû être interrompus pour laisser ces minables chercher leurs cailloux. Hé bien, ça ne va pas se passer comme ça ! Toi et moi nous allons prendre la tête d'un groupe de sbires pour nous rendre sur les lieux. Nous prendrons tout, les pierres lune et les fossiles, tout ! Nous allons leurs montrer que rien n'arrête la team Rocket.

-Pardon de vous interrompre, monsieur, mais ne devions-nous pas passer inaperçus ?

-T'es un petit futé toi hein, ne t'inquiète pas, tout a été prévu : nous laisserons quelques pierres chez l'un des mineurs, la police, avec la pression médiatique et du gouvernement que nous avons dans notre poche, sera obligée de lui faire porter le chapeau sans mener d'enquête.

Je pars alors chercher une escouade de sbires, dix exactement, pas un de moins, pas un de plus a précisé le Major. Une fois la petite troupe réunie, nous quittons le QG et nous rendons à dos de Rapasdepic à Jadielle. Nous avons une autre base là-bas, bien cachée dans l'arène. Nous déposons les monture et nous attendons la nuit. Toujours attendre la nuit. La patience n'a jamais été mon fort, je demande une autorisation de sortir.

-Pourquoi faire ? Me demande le Major.

-Il y a une route au bord de la ville, je répond timidement.

Je n'ai pas besoin d'en dire plus, le Major a compris, il me donne cinq pokeballs et me laisse partir de la base. La route 2 est typique de l'ouest de Kanto, avec des chênes à perte de vue et son odeur de forêt. L'est de la région empeste le sel à cause de la présence de la mer, une odeur que je n'arriverai jamais à supporter. Et c'est quelque chose venant d'un natif d'une île. Je sors Samuel de sa pokéball ; il me fixe, l'air heureux de me voir.

-Écoute mon grand, aujourd'hui, on va avoir un nouveau compagnon.

Il se contente de me fixer encore et lâche finalement un « Sala ». Je viens à peine de le recevoir, je n'ai pas eu le temps de m'occuper de lui et il m'aime quand même. Brave bête, je pense. Ou stupide, propose une petite voix dans ma tête. Nous n'avons pas à attendre longtemps, un vers de terre ne tarde pas à sortir. Il est assorti au paysage avec sa peau verdoyante.

-Un Chenipan, je fais, pensif, il peut devenir un Papilusion, ça peut être utile.

Le ver n'offre pas trop de résistance, une charge de Samuel suffit à l'affaiblir suffisamment pour le capturer. Je caresse alors le reptile : il faut bien commencer son dressage. Il émet une sorte de ronronnement, c'est un peu perturbant de la part d'un lézard. D'accord, un lézard qui crache du feu, mais quand même. Je sors le Chenipan de sa ball, selon la teinte sombre de sa peau, il s'agit d'une femelle. Les mâles ont un teint plus clair.

-Ma petite, dorénavant ton nom est Métazoa.

L'insecte me regarde avec de grands yeux, réalisant à peine ce qu'il se passe. Je peux pas lui en vouloir, sa capture est allée si vite. Content de ma prise, je regagne le QG où nous attendent notre complice préférée avant de passer à l'action.

Silvain
Nous progressons dans la Forêt de Jade. Les rayons de la lune sont filtrés entre les branches des arbres ; aucun bruit ne passe à travers les murs de végétation que forment les arbres, excepté le bruit de la cymbalisation de quelques Scarabrutes solitaires à la recherche de compagnes. Nous débouchons alors sur une clairière. Là, la nature perd ses droits : les arbres ont été arrachés et des souches d'arbres témoignent d'une nature détruite qui ne repoussera probablement plus jamais.

-Le bois de Jade est réputé dans le monde entier pour sa solidité, m'explique Sam, un sbire un peu plus intelligent que la moyenne, on l'exporte pour le monde entier pour en faire des meubles, ajoute-t-il devant mon air un peu hébété.

-C'est exact, intervient mon chef, la team Rocket touche d'ailleurs un petite « commission » sur ces ventes.

Le commandant se dirige alors vers une banderole enroulée autour de deux arbres, il l'arrache et la piétine en grommelant quelque chose comme « foutus écolos ! ». Je ne doute pas des paroles de mon supérieur, je sais par expérience que la team Rocket investit dans tous les secteurs qui rapportent gros.

Je profite de notre avancée dans la forêt pour sortir mes deux pokémons afin de les entraîner avec les rares pokémons sauvages que nous rencontrons. Ce n'est pas grand chose, mais ils semblent apprécier de se dégourdir les pattes. Surtout Metazoa, malgré sa petite taille, elle a la rage de vaincre. J'aime ça. Soudain, le Major nous indique d'un geste de la main de faire moins de bruit. Il y a du bruit derrière un jeune genêt. Des scouts. Ces maudits gamins qui chassent les insectes. Les Scarabrutes sortent la nuit en été, ces idiots doivent être à leur recherche. Une étincelle de méchanceté brille dans mes yeux.

-Boss, s'il vous plaît, laissez moi me charger de ça.

Il n'hésite pas longtemps.

-D'accord, nettoie la zone et retrouve-nous à la sortie de la forêt.

Les pauvres gamins ne comprennent pas ce qui leur arrive : je leur tombe littéralement dessus. Samuel a un avantage écrasant sur leurs insectes et Metazoa n'a aucune pitié pour ses congénères, elle se débrouille bien, même en ne connaissant que charge. Les gamins sont vaincus, terrorisés, il s 'enfuient sans demander leur reste. Le silence retombe dans la forêt. C'est alors que les herbes sur ma gauche commence à remuer.

Deux oreilles pointues, deux joues rouges, un poil luisant doré. Un Pikachu. Et un mâle d'après la forme en éclair de sa queue - les femelles ont la pointe de leur queue en forme de cœur. Un Pikachu dans la Forêt de Jade, c'est assez rare. Ils vivent d'ordinaire près de la centrale pour recharger leurs réserves d'électricité, mais depuis le déboisement de la forêt et l'installation de l'électricité dans la campagne de Kanto, on peut en trouver à Jade, cherchant l'électricité des poteaux électriques. Il me fixe avec insistance, comme s'il essaye de voir mon âme à travers mes yeux. J'envoie Samuel et sa bonne humeur habituelle au combat.

-Tu dois juste l'affaiblir, ne le tue pas d'accord ?

Il répond d'un « Lamèche ! » avant de cracher une flammèche sur la souris jaune. Le rongeur se roule dans le sol pour apaiser la brûlure qui commence à se propager. Le feu est éteint mais une partie de sa fourrure est roussie. Il nous fixe d'un regard rempli de haine, ses joues s'illuminent alors et des étincelles apparaissent en crépitant. Chaque espèce de pokémon électrique possède trois organes particuliers : un organe qui capte l'énergie électrique ambiante, un autre qui l'absorbe et le troisième qui produit les terribles décharges qui font trembler de peur les pokémons eau et vol. Chez les Pikachu, la première fonction est remplie par la queue et les deux autres par leurs joues. C'est de ces deux boules rouges noyées dans le pelage or de la souris que les éclairs sont partis. Samuel n'a pas le temps d'esquiver, il prend l'attaque de plein fouet. Heureusement, le Pikachu est bien trop faible pour infliger de réels dégâts à mon Salamèche, mais ça doit quand même faire mal.

Samuel se redresse pour faire face à son adversaire, je remarque alors que ces pupilles reptiliennes ont diminué en taille, des veines rouges ont envahi tout le blanc de ses yeux.

Ce choc l'a énervé, je ne l'ai jamais vu dans un tel état de colère.

Il s'élance sans attendre mes ordres et attaque le rongeur à coups de griffes dévastateurs. La douleur le fait voir rouge ; si je n'interviens pas, il va réduire cette souris en charpie et je peux dire adieux à mon pokémon électrique rare. Je lance une pokéball en direction du rongeur ; il est assez affaibli, il n'offre aucune résistance. Samuel est surpris mais la colère reprend très vite le dessus sur l'étonnement. Il regarde la pokéball en grondant puis lorsque je la ramasse, il me regarde avec un air méprisant.

-Va falloir te calmer mon grand, que tu le veuilles ou non, ce Pikachu vient avec nous.

Salamèche saute alors, la gueule ouverte. Des réflexes ancestraux tapis en moi me permettent d'esquiver : sa mâchoire se referme dans le vide avant d'atterrir lourdement sur le sol où je viens le cueillir avec un coup de pied. Il effectue un vol plané d'à peine un mètre avant de rencontrer un arbre. Il faut savoir être dur parfois lorsqu'on veut se faire écouter. Samuel se relève, étourdi, et secoue sa tête pour reprendre ses esprits. Sans plus de cérémonie, je le rappelle dans sa pokéball. J'observe mon nouveau pokémon grâce à la matière transparente de la pokéball. Il est encore apeuré et méfiant. Lui non plus ne sera pas facile à apprivoiser. Je décide de l'appeler Tanaris.

Sur le chemin, je croise d'autres insectes et j'en profite pour entraîner Metozoa et Tanaris. Ce dernier ne semble pas encore prêt à m'accorder toute sa confiance mais il obéit aux ordres, c'est déjà ça. Metazoa achève un énième Chenipan. C'est alors qu'elle se met à sécréter un fil de soie. Metazoa s'enroule alors et la soie épouse la forme de son corps avant de durcir jusqu'à devenir un solide exosquelette, une véritable défense naturelle. Je sais que les insectes évoluent vite mais la vitesse à laquelle la chenille est devenu un Chrysacier m'impressionne.

Elle ne tarde pas, quelques combats plus tard, à évoluer de nouveau. Le cocon fraîchement acquis se fissure à de nombreux endroits pour laisser sortir un gracieux Papilusion. Metazoa n'éprouve plus de résistance envers moi, elle se pose même sur mes épaules et sur ma tête.

Je retrouve ma petite troupe au lieu du rendez-vous, le Major regarde ma ceinture, une étincelle de fierté brille dans ses yeux lorsqu'il voit Tanaris.

-Un Pikachu est un très bon pokémon, me dit-il, mais tâche de ne pas le faire évoluer avant qu'il n'apprenne tonnerre.

Je repense alors au Raichu psychopathe du commandant, un léger frisson parcourt mon échine à ce souvenir.

-Ce Raichu est mon plus fidèle ami, ajoute-t-il comme en lisant dans mes pensées, il m'a sauvé la mise plus d'une fois sur le front. Traite bien tes pokémons gamin, tu verras qu'ils peuvent être plus que de simples armes.

Sans plus attendre nous entrons dans Argenta. La ville entière porte la couleur de sa principale ressource : grise comme la pierre. Les Argentais subsistent principalement grâce à la mine du Mont Sélénite mais aussi grâce à une vieille carrière au nord de la ville. C'est grâce à ces deux lieux que leurs ancêtres ont pu bâtir les première maisons et fonder la ville. Les habitants vouent donc un culte aux pokémons roches. Toute l'histoire de la ville est préservée à jamais dans la vieille bâtisse qui se dresse fièrement sur une colline au nord de la ville, le musée d'Argenta.

Situé à l'ouest de la ville, un autre bâtiment, aux murs de pierres des montagnes environnantes soutenus par des fondations en bois de Jade, attire l'attention. Il s'agit de la première étape pour un jeune dresseur en quête de gloire et de renommée : l'arène d'Argenta.

-La première chose à faire est de mettre le champion de la ville hors d'état de nuire, annonce le Major, sinon il risque de venir nous mettre des bâtons dans les roues. Silvain, tu t'en charge. De notre côté, on se dirige vers la mine pour lancer l'opération.

Je désigne deux des dix sbires, dont Sam, pour qu'ils viennent avec moi. Nous nous fondons dans les rues endormies comme des ombres ; la seule lumière provient de la lune et des rares lampadaires présents.

L'arène n'est pas gardée et entrer par effraction est une chose des plus aisée. Le plan est simple : vandaliser le bâtiment jusqu'à l'arrivée du champion et le battre. Nous progressons dans la bâtisse lorsque nous débouchons sur un terrain de combat pokémon. C'est ici que le champion reçoit ses challengers.

Grande est notre surprise lorsque nous découvrons un homme à l'autre bout du terrain. Assis en position du lotus, les yeux bridés, les bras croisées sur la poitrine, un air impassible, rien ne semble pouvoir l'ébranler. Il nous remarque alors et se lève.

-Je peux savoir ce que vous faites ici à cette heure ? Nous demande-t-il.

-Et toi même, gamin ? Je réponds du tac au tac.

-Je suis Pierre, le champion d'Argenta, dit-il en bombant le torse, et vous, qui êtes vous ?

-Crois-moi, tu n'aimerais pas le savoir.

Sans crier gare, j'envoie Metazoa. L'homme semble habitué aux combats car aucune trace de surprise n'est visible sur son visage. Ou alors il est vraiment inébranlable. Il envoie un Racaillou

-Metazoa, utilise armure.

Metazoa me regarde d'un air étonné. Elle ne comprend pas pourquoi je lui demande d'utiliser cette attaque acquise avec son évolution en Chrysacier. Elle obéit finalement car elle a confiance en moi. Le Racaillou adverse alterne entre des charges offensives et des Boul'armure défensives. Je continue d'ordonner à Metazoa d'utiliser armure. Le moment attendu arrive enfin : la défense de Metazoa atteint son maximum, si bien que les attaques physiques des roches seront affaiblies. Pierre le comprend, mais bien trop tard. Je décide de passer à l'offensive, mon papillon a justement appris une attaque intéressante en évoluant.

-Métazoa, choc mental !

Les yeux de l'insecte brillent d'un éclat mauvais. Racaillou ne peut pas prédire d'où l'attaque va venir. Soudain, il porte ses mains à sa tête et pousse un cri de douleur. Il ne tarde pas à s'effondrer, terrassé par les ondes psychiques.

Pierre ne dit rien, il regarde son pokémon K.O et le rappelle dans sa pokéball. Son visage trahit pour la première fois une expression, un mélange de panique et de détermination. Il envoie une seconde pokéball.

-Fais face au gardien de l'arène d'Argenta !

Daisy

Le salon est vide, seul le bruit répétitif et mécanique de la pendule trahit un semblant de vie. J'observe d'un œil terne la cheminée. Un dessin y est exhibé, tel un trophée. C'est un dessin, le trait grossier et tremblant témoigne l'inexpérience de son créateur. C'est Régis qui l'a fait, lorsqu'il avait cinq ans.

Je détourne le regard du gribouillis et je regarde la course des nuages par la fenêtre, Blue les voit peut être, là où il est. Après sa fuite de l'hôpital, il s'est volatilisé dans la nature. Jadielle est une grande ville, il a très bien pu gagner la forêt, la Route 22 où je ne sais où. Bon sang, se rend-t-il compte de ce qu'il nous fait vivre, cet imbécile ?

Je n'ai pas fermé l’œil de la nuit, et papy non plus. Nous avons sombré dans un état végétatif, seul les cris des pokémons affamés nous ont sorti de notre léthargie. Il s'en foutent eux, de nos malheurs, quand l'estomac gronde, il faut le remplir.

Grand-père est de mauvaise humeur, une agressivité que je ne lui connaissait pas est apparue avec ses cernes. Le pauvre facteur qui n'avait rien demandé s'est fait copieusement insulter pour une histoire de prospectus.

Nous sommes impuissants. Si ce que monsieur Beladonis a dit est vrai, la police est de mèche avec la Rocket, et nous avons si peur qu'elle livre Régis à ces yakuzas que nous n'osons pas déclaré sa disparition. Lorsque la police qui est censée vous protéger est corrompue, ça vous donne très peu de choix. Nous sommes donc condamnés à attendre, tels des Nemelios en cage à attendre un miracle.

Mes yeux  me piquent de plus en plus, je suis humaine après tout, je suis aussi attirée par Morphée. Mes paupières se ferment, toujours sur l'image de mon frère, et je perds peu à peu conscience.

Je vois un oiseau de métal géant. Il nous a été envoyé par les États-Unys. Alors que ses réacteurs vrombissent,  l'Yveltal de métal baptisé « Enola Gay » lâche son œuf de mort. Dès son contact avec le sol, une lumière blanche polaire s'élève dans le ciel et libère les flammes de vie destructrices.

Je me réveille en hurlant. Je me souviens que je suis à l'abri, dans le salon familial dans un village loin dans l'espace et le temps de cet enfer. Je passe mes mains dans me cheveux en tentant de reprendre un rythme cardiaque normal.

Ce que j'ai perdu ce jour là, ce sixième jour d'août, je le revois souvent en rêves. Les fantômes du passé surgissent dans mon esprit comme des bulles d'air cherchant à regagner la surface de l'onde azure. Régis aussi doit revoir ces spectres du passé, la nuit.

Je n'en peux plus. Je me lève du canapé. Ce jour là, Papa et Maman nous ont été arraché. Je ne veux pas que Blue me soit enlevé aussi. Je me dirige d'un pas décidé vers le laboratoire, faiblement éclairé par les lumières artificielles d'ampoules halogènes.

Grand-père, je m'excuse à l'avance pour ce que je vais faire. Je pars, je veux ramener mon idiot de frère à la maison, puisque la police ne peut s'en charger.

Officiellement, les pokémons destinés au programme d'étude du dressage ont été volé, nous n'avons donc plus la possibilité d'en offrir aux jeunes dresseurs. Mais il existe un second programme d'étude en collaboration avec Johto, comportant l'offre de deux pokémons, un pour chaque région.


Le voleur n'a pas pris la peine de les emporter, je ne sais pas exactement pourquoi, et cela arrange plutôt bien mes affaires.

Papy travaille de concert avec un jeune chercheur fraîchement diplômé de l'université des sciences de Celadopole sur la mis au point d'un système de stockage. Les pokémons sont stockés sur le PC, attendant le grand jour.

Je me connecte sur la session privée et j'ouvre le programme. Le pokémon qui doit être livré à un Dresseur du Bourg-Palette est un souriceau jaune pâle, avec des joues aussi roses que des baies pêcha. Le second attire plus longuement mon attention.

Chétif au premier abord, ce pokémon aurait sûrement déçu les novices qui voudraient devenir le meilleur dresseur avant d'avoir commencer l’entraînement. Mais pour une personne bien renseignée, ce pokémon est une source de nombreuses perspectives d'avenir.

Evoli, le pokémon Évolution, le pokémon ayant actuellement le plus de formes évolutives, huit connues à ce jour. Il sera parfait, pensais-je, je pourrai choisir son évolution en fonction de la situation.

Je valide le retrait avant de pouvoir admirer le flash blanc m'apporter la pokéball de mon future compagnon.

Je regarde la boule de poils à travers l'écrin transparent et il m'observe aussi, intrigué. Je ne suis pas forte en anatomie pokémon, mais je me rappelle des paroles de grand-père : «les femelles du groupe normale sont généralement plus foncées que les mâles ». Ainsi donc, c'est une fille.

-Salut, Yunu, dis-je, surprise par mes propres paroles, j'ai un grand service à te demander, une personne qui m'est chère a disparue, tu veux bien m'aider à la retrouver ?

Je dois vraiment être folle pour parler comme ça, surtout à un pokémon. Je préfère mettre ça sur mon manque de sommeil. Yunu ne répond pas mais agite frénétiquement la tête. En fin de compte, une personne désespérée et un pokémon qui attend désespérément un dresseur n'ont pas trop le choix.

Des bruit de pas s'élèvent du couloir. Grand-père fait irruption dans le labo, un couteau de cuisine à la main. Je recule instinctivement.

-Tu es venu finir le travail, sale Malosse ! Hurle-t-il avec toute la force que lui procurent l'inquiétude et la fatigue.

A peine a-t-il prononcé ces paroles que la réalité le submerge.

-Daisy ? Qu'est ce que tu fais là ?

Je ne me suis pas préparée à ça. Grand-père aurait du se trouver dans son bureau, à broyer du noir. L'idée de prendre les routes ne m'enchante pas, mais je devine plus que trop bien la réaction de papy suite à la découverte de mon projet. Tant pis, autant tout dévoiler.

-Je pars, annonçais-je.



-Partir ? Mais où ça ? Me demande-t-il déconcerté, tu veux partir à la conquête des arènes ? Mais tu as vu ce qu'il c'est passé, et puis...

-Je pars chercher mon frère, l'interrompis-je, il est seul, sûrement effrayé et peut être blessé. Il a besoin de moi.

-Régis... Oui, Rrégis est quelque part, mais on va le retrouver ma chérie... La police va s'en charger...

-Tu sais très bien qu'on ne peut pas leur demander ça. Tu étais là quand cet inspecteur nous l'a dit, répondis-je avec calme, nous sommes les seuls capables de le sauver. Si les autorités ne peuvent nous aider, cette histoire doit se régler en famille.

-Oui c'est vrai... Beladonis..., il porte sa main libre à son front en laissant celle tenant le couteau tomber contre ses jambes, la police ne peut pas... Mais Alain...

C'est déjà assez dur comme ça, mais en entendant le nom de Papa, mes jambes flageolent et mes bras tremblent violemment. Oh mon Arceus, pourquoi faut-il que ça tombe sur nous. Je dois me faire violence pour que les mots franchissent ma bouche.

-Tu sais que c'est impossible... Il ne reviendra pas, les larmes commencent à couler.

Dire qu'il y a une semaine encore, il composait un haiku en buvant du thé offert par le gérant de son salon de thé préféré, avant de raconter une histoire drôle qui avait fait rire Régis. Une journée normale chez les Chen. Tout cela balayé en une nuit fatidique. Nous voilà réduit à sortir des couteaux de cuisine et à nous mentir les uns les autres.

Je déteste les yakuza qui ont fait du mal à ma famille, je déteste mon frère qui est parti en nous laissant et je déteste la fille que je suis devenu qui vole avant de filer ventre à terre en abandonnant le dernier membre de sa famille.

-Régis va rentrer n'est ce pas ? Il sera pour votre anniversaire, il faut faire les préparatifs... Allons Daisy, viens m'aider.

Je pose délicatement mes mains sur les épaules de grand-père et je le regarde droit dans ses yeux usés par le temps et l'insomnie.

-Un pokématos. Donne moi un pokématos et laisse moi y aller, s'il te plaît.

Des larmes sont retenues captives dans les plis des rides au coin de ses yeux, il les supprime d'un revers de manche.

-Tu as raison, on ne peut compter que sur notre famille pour le retrouver.

Il reprend du poil de la bête, ça me redonne un peu de courage. Il cherche frénétiquement dans un des nombreux tiroirs de son bureau en bois et en sort le fameux téléphone multifonction.

-J'ai enregistré le numéro du labo ainsi que mon numéro personnel. Hm, fait moi voir ton pokémon, il regarde Yunu quelques secondes, Évoli hein ? Bon choix. Sais-tu que la séquence d'ADN d'un tel pokémon contient deux nucléotides complémentaires de guanine et d'adénine, typique du groupe normal. Mais lors de son évolution, ces nucléotides se modifient pour devenir l'assemblage caractéristique du nouveau groupe !
C'est agréable de le voir de nouveau si passionné. Mais je ne dois pas perdre de vue mon objectif.

-Sais-tu en quel pokémon tu vas le faire évoluer ?

-Je n'y ai pas encore réfléchis pour être  honnête.

-Jeune fille, être fort et intelligent ne suffit pas si tu n'es pas prévoyant, me sermone-t-il.

C'est ce moment précis qu'a choisi la cloche de l'entré pour tinter d'un ut aigu.

-Tu attends quelqu'un ? Demandais-je, inquiète.

-Reste en arrière, m'ordonne-t-il.

Il sort une de ses pokéballs et ouvre prudemment la porte, dévoilant le monde extérieur. Un adolescent de mon âge se tient sur le seuil. Assez grand, les cheveux noirs et les yeux marrons tirant presque sur le rouge, mis en avant par la pâleur de sa peau.

-Sacha ? Lâchais-je, interloquée.

-Tu es bien le fils de Mathilde, non ? Qu'est ce que je peux faire pour toi ?

Le maigrichon ne répond pas tout de suite. Il scrute la pièce, l'ordinateur et ses yeux finissent leur course sur la pokéball de Yunu. Puis, se souvenant à qui il avait à faire, il regarde grand-père droit dans les yeux.

-Professeur, commence-t-il, confiez moi le Pichu, je vous en prie, confiez moi le Pichu !

-Comment ? Comment peux-tu être au courant de ce projet ! M'exclamais-je.

-Je vous en prie, nous perdons du temps pour rien ! Confiez le moi, j'en ai besoin !

-En voilà des manières, jeune homme ! Je ne te connais que de nom, tu viens chez moi à l'improviste pour réclamer un pokémon...

-Professeur ! J'ai besoin de ce pokémon... Pour retrouver Régis !

Papy est coupé net dans son élan. Nous avons tous les deux la bouche grande ouverte. Ce gamin, sorti d'un coin sombre de la nuit connaît Régis, ainsi qu'un projet qui était tenu secret. Sa frêle silhouette postée devant la pleine lune dans l'encadrement de la porte semble soudain menaçante.

-Mais qui es-tu à la fin ! S'impatiente mon illustre aïeul.

-Je vous en prie... Il faut... Que je retrouve Régis, nous implore-t-il.