[Noir] Code: Unys

« Ils en mettent du temps, tes amis »

Aurélia a tendance à s’impatienter rapidement. Il est vrai qu’elle nous avait donné rendez-vous aux abords de la Route 1 à 15h30, et qu’il est…

« Dis, Aurélia, il est quelle heure?
-15h35 »

Impatiente et à cheval sur les heures de rendez-vous, comme Papa.  

« Ça va, ils ont juste 5 minutes de retard. Ça arrive.
- J’ai appris à être ponctuelle, Mégane, et ça a tendance à m’agacer quand les gens ne sont pas à l’heure. »

Merci Aurélia, je sais. Ça fait 16 ans que je vis avec toi, j’ai fini par cerner ta personnalité.

« À tous les coups, Tcheren est encore en train de rassurer le père de Bianca.
- Ah oui, c’est vrai qu’il y a cet obstacle.»

Je la vois rouler des yeux au moment où elle prononce sa phrase. Je ne peux que partager son avis sur cet odieux personnage.

« Eh, tu peux les sortir de leurs Pokéballs, s’il te plaît ?
-Quoi, maintenant ?
-Je suis sûre que Tcheren et Bianca ne vont plus tarder, t’inquiète pas. Et puis, Joachim sera avec eux trois ! »

À ce moment, Joachim sort alors la tête des hautes herbes où il s’était fourré. Le Pashmilla de ma sœur adore gambader dans les hautes herbes, quitte à salir sa douce fourrure blanche. Il se rapproche rapidement de nous et donne à Aurélia un Antidote qu’il a dû récupérer sur un des Ponchiot de la Route, avant de s’ébrouer et de se nettoyer.

« C’est vrai qu’ils n’ont rien à craindre avec lui dans les parages.»

Elle fouille dans sa sacoche et en sort trois Pokéballs. Chacune arbort un autocollant avec un symbole : une feuille, une flamme et une goutte d’eau.

« Tu te doutes bien de qui il s’agit, n’est-ce pas ? »

Je hoche la tête en guise d’acquiescement. Elle appuie sur les trois boutons des Pokéball simultanément.

De celle avec la feuille émerge un Pokémon à l’allure naïve. Son corps fin et sa couleur verte prouvent son appartenance au type Plante : Une Vipélierre.

De celle avec la flamme sort un Pokémon rondouillard. Il éternue, ce qui fit sortir des petites braises de son groin qui manquèrent de toucher la Vipélierre, si bien qu’il alla se cacher derrière les jambes d’Aurélia : Un Gruikui.

Et enfin, de la Pokéball avec la goutte d’eau jailli un Pokémon qui se force à garder les yeux ouverts. Il ajuste alors le coquillage sur son torse puis bâille à s’en décrocher la mâchoire : un Moustillon.

C’est avec un de ces trois Pokémon que nous allons débuter notre aventure dans la région d’Unys.


Je m’appelle Mégane Keteleeria, et aujourd’hui, j’ai 16 ans, ce qui veut dire que je peux officiellement devenir Dresseuse de Pokémon.

« Excusez nous pour le retard, Professeure. »

Le jeune garçon qui est en train de présenter des excuses à ma sœur, c’est Tcheren. Il a 16 ans lui aussi, mais cela va bientôt faire un an qu’il les a.

Une jeune fille plus petite que lui, mais plus grande que moi, l’accompagne. Il s’agit de Bianca, et elle a 17 ans. Elle les a eu il y a maintenant un mois maintenant, ce qui fait d’elle la plus âgée de nous trois.

En fait, Tcheren et Bianca ont tout les deux presque un an de plus que moi, ce qui veut dire qu’ils auraient pu commencer leur aventure l’année dernière. Mais Bianca avait proposé d’attendre que nous soyons tous en âge de devenir dresseur, pour qu’on puisse partir ensemble.

Elle avait été très vague sur pourquoi elle souhaitait attendre mes 16 ans pour débuter son aventure, mais Tcheren et moi étions arrivés à la conclusion que c’était une idée de son père.

« C’est de ma faute. J’ai eu un empêchement et Tcheren est venu m’aider. Encore. »
Bianca a vraiment l’air désolé, mais est surtout très fatiguée. Tcheren enchaîne :
« Non non, c’est moi, j’ai perdu du temps avec des… affaires.
-C’est pas bien grave, du moment que vous êtes là tous les trois, c’est ce qui compte. »

Dit-elle alors qu'il y a cinq minutes, elle se plaignait de leur retard.

Aurélia se retourne et rappelle Joachim ainsi que les trois Pokémon de départ.
Je me dirige alors vers mes amis et me place entre mes deux amis. Même s’il ne laisse rien paraître, je sens que Tcheren est énervé. Quant à Bianca, elle renifle comme si elle venait de pleurer.

Je chuchote à Tcheren :

« Tu t’es énervé contre son père ?
-Non mais j’ai bien failli. Quand je pense que ce type est policier vu ce qu’il a...»

Bianca m'accorde une tape sur l’épaule.

« Eh, vous inquiétez pas, pensons à autre chose. »

Elle a raison. Après tout, nous allons recevoir notre premier Pokémon.


Aurélia réapparaît avec Joachim sur son épaule et les trois jeunes Pokémon devant elle.

« Bien. Tcheren, Bianca, Mégane, merci à vous trois d’être venus. Comme vous le savez, Mégane a 16 ans aujourd’hui, donc je tiens à vous confier des Pokémon. Et il s’agit de Pokémon que vous avez déjà côtoyer par le passé. »
C’est vrai. Nous avons à plusieurs reprises travailler au laboratoire d’Aurélia avec ces trois petits. Nous jouions avec eux, ils nous aidaient dans certaines tâches.

Tcheren demanda :
«Ne s’agit-il pas de Pokémon rares ?
-Bon point. Ces Pokémon sont en effet rares, peut-être même plus rares que d’autres. Cependant, c’est parce que j’ai confiance en vous. Vous avez passé une année avec ces p’tits pères et c’est grâce à cette expérience que j’ai décidé de vous les confier.»

Plus Aurélia parle, plus le visage de mes deux compères s’illuminent. La colère de Tcheren et la tristesse de Bianca s’estompent petit à petit. Et puis, je sens un sourire se former sur mon visage, moi aussi.

« D’ordinaire je laisse le choix aux dresseurs de prendre leur premier Pokémon. Je vais faire autrement aujourd’hui. C’est moi qui vais choisir pour vous.»

Nous ne disons rien. Nous sommes tous les trois si impatients. Mon cœur bat si fort la chamade que j’ai l’impression de ne plus entendre les légers bruits de la Route 1.

« Tcheren.
-Ou...Oui ! »

Je n’ai pas l’habitude d’entendre Tcheren paniqué comme ça. Je le comprend, après tout, c’est très important pour lui.

« Je te confis Noé. Tu as si souvent travailler avec ce Moustillon à mon laboratoire que j’ai été étonnée de voir ce petit flemmard accomplir des tâches ménagères. »

Noé s’avance tranquillement vers Tcheren, et celui-ci le saisi dans ses bras. Le Pokémon ne bronche pas. Au contraire, il commence même à faire la sieste dans les bras de son nouveau dresseur. Tcheren a l’air ravi.

«Bianca.»

Bianca s’avance avec un grand sourire. Ses yeux, toujours soumis à la fatigue, montrent quand même l’émerveillement de mon amie.

« Pour toi, je te confis Agnia. Tu as réussi à travailler de concert avec cette petite Vipélierre très naïve et impulsive. Je suis fière de vous deux. »

Agnia fonce vers Bianca et grimpe d’elle même sur l’épaule de Bianca. Elle commence à frotter sa tête contre les joues de Bianca. Cette dernière lâche quelques larmes de joies et gratta la tête de son Pokémon en retour.


« Et enfin. Mégane. »

C’est à mon tour. Il ne reste qu’un seul Pokémon.

« Mégane, je te confis Hugo. Tu es peut-être la personne en qui il a le plus confiance, avant moi.
Avec toi à ses côtés, il est capable de braver sa timidité et accomplir de grande choses. »

Hugo s’était caché derrière les jambes d’Aurélia.  Joachim s’approche de lui comme pour lui dire que je suis désormais sa dresseuse. Le petit cochon cours dans ma direction et saute dans mes bras sans trop que je ne comprenne ce qu’il se passe. Je me retrouve les fesses au sol, avec Hugo dans les bras qui colle son groin contre ma joue. Il est fort possible que, comme Bianca, je pleure de joie.


« Bien. Vous voici désormais en possession chacun d’un Pokémon. Il ne reste plus qu’une étape à valider avant que vous soyez officiellement considéré comme des dresseurs. Je vous attendrais au Centre Pokémon d’Arabelle. Je vais vous laissez avec vos Pokémon pour l’instant. »

Sur ces mots, Aurélia et Joachim se mettent en route vers Arabelle, la ville qui se trouve au bout de la Route 1.

«J’en reviens pas, on est bientôt officiellement des dresseurs ! 
Bianca semble si heureuse. Ces derniers temps, c’était devenu rare de la voir si enjouée.
- Il ne nous reste qu’une seule étape et ce sera bon ! »

Tcheren ne répond pas. En fait, il s’était endormi avec Noé dans ses bras.

« Et si on s’accordait une petite sieste avant d’aller à Arabelle ? »

« Bien. Regardez comment il faut faire. »

Nous avons avancé un peu plus loin sur la Route 1. Je me suis souvenu qu’Aurélia m’avait passé quinze Pokéball quand nous étions arrivées sur la Route tout à l’heure.

« J’aurai bien aimé vous montrer comment capturer un Pokémon sauvage, mais bon, Joachim est certes le plus faible de mes Pokémon, il est bien trop puissant pour les sauvages de la Route »m’avait-elle dit.


« Avant que je n’aille voir pour un Pokémon sauvage, l’un de vous deux sait qu’elle est la loi qui a été mise en place il y a peu dans la région ?
-C’est pas une loi qui ordonne aux dresseurs de ne capturer qu’un seul Pokémon par Zone ?
-C’est ça Bianca, mais il y a autre chose.
-Uniquement le premier qu’on rencontre.
-C’est exact.
-Pourquoi au juste ? »


Là pour le coup, elle me pose une colle. Ça ne fait pas longtemps qu’ils ont fait passer cette loi sans réellement dire les raisons de ce choix.

« Je ne sais pas trop, personnellement je pense que c’est pour préserver la faune de la région, mais certains disent que c’est suite à un trop gros trafic de Pokémon qu’il y a eu dans plusieurs régions, Unys compris. »

Je sens Tcheren dubitatif.

« Ce n’est pas désavantageux pour ta sœur et ton père ce genre de loi ?
-Pas que je sache. Ma sœur a toujours étudié les Pokémon sauvages sur le terrain, ainsi que les relations humains-Pokémon, et mon père est parti dans l’archéologie, donc ça n’a rien à voir. »

Je vois Hugo jaillir des hautes herbes et foncer derrière mes jambes. Derrière lui se trouve un Ponchiot hargneux, qui s’arrête net devant moi.

« Bref, reprenons où nous en étions. Tout d’abord, quand vous faites face à un Pokémon sauvage, le mieux c’est de l’affaiblir avant de tenter de le capturer. »

Hugo n’avait toujours pas bougé de derrière mes jambes. On dirait bien que ce Ponchiot l’a apeuré.
Je m’agenouille et commence à lui caresser le cou.

« T’inquiète pas bonhomme, je suis avec toi, tout va bien se passer »

Je sens la panique qui habitait le petit cochon s’évaporer à l’instant où je prononce ces mots. Il se place face au Ponchiot. Celui-ci semble toujours tendu et me fixe de ses yeux noirs, et n’arrête pas de grogner. Je ressens de la colère dans ce Ponchiot, comme si on lui avait fait quelque chose.

« Bien, Hugo, utilise Charge ! »

Le Pokémon fonce vers son adversaire et le frappe de plein fouet, propulsant le Ponchiot en arrière de quelques centimètres. Visiblement, l’attaque d’Hugo l’a déjà bien amoché. Il tient bon et riposte avec une attaque Charge, lui aussi. Hugo vacille un instant, mais lui aussi tient bon.

« Bien, je sens ce Ponchiot affaibli. C’est le bon moment pour tenter un lancer. »

Je mets ma main dans ma sacoche et en sort une Pokéball.
Le Ponchiot est face à moi. Le plus dur maintenant, c’est de viser juste. Mes amis sont derrière moi. Sans jeter un regard, je les sens tendus. C’est la première fois que je réalise cette action, mais j’ai vu ma sœur faire plus d’une fois.
J’inspire un grand coup, balance mon bras gauche en arrière, la Pokéball tenue fermement dans la main. Puis, au moment d’expirer, je balance mon bras vers l’avant. Je relâche la Pokéball, qui part en direction du Pokémon Sauvage. Je vois la Pokéball toucher le Ponchiot. Elle s’ouvre, attirant le Ponchiot à l’intérieur, puis retombe sur l’herbe. Un vacillement. Deux vacillements. Trois vacillements. Puis, plus rien. Je m’approche et me saisis de la Pokéball.

« Alors ?
-C’est capturé ! »

Je vois le visage de Bianca s’émerveiller tandis que Tcheren applaudit.

« Je ne pensais pas que c’était si facile.
-Le tout, c’est de savoir viser juste. Après, c’est sur l’envie du Pokémon. Là c’est un Ponchiot, ça a tendance à facilement se faire attraper, mais il y en a qui vont demander plusieurs essais, alors qu’ils sont complètement affaiblis. »

Hugo se colle à mes pieds, tout content du travail qu’il a accompli. Je l’attrape afin de le tenir dans mes bras.

« Bon, à qui le tour ?
Tcheren redresse ses lunettes.
« Vas-y d’abord Bianca, je tenterai après.
-Oh, merci ! »

Agnia, qui était resté sur les épaules de Bianca durant toute la démonstration, saute et fonce dans les hautes herbes.

« Eh Agnia ! Attends ! »

Bianca s’y enfonce à son tour. Agnia réapparut aussitôt, poursuivant un autre Ponchiot.

Celui-ci semblait différent de celui que je venais de capturer, autant par son comportement que par son pelage. Ce Ponchiot se montrait plus craintif et apeuré que l’autre, et par rapport à tous les Ponchiot de la Route 1, son  pelage est plus jaune, et la petite touffe de poils bleue sur le dos est plutôt verte.

« Bon alors euh… Agnia ! Groz’Yeux ! »

Bianca commence par baisser la défense du Pokémon sauvage afin de l’affaiblir plus facilement. Agnia fixe agressivement du regard son opposant. Celui-ci réplique lui aussi par une attaque Groz’Yeux. Sa crainte est toujours présente.


« Maintenant, Agnia ! Charge ! »

Elle réagit au quart de tour et fonce sur le Ponchiot, qui est projeté en arrière. Un peu sonné, celui-ci contre-attaque avec Charge, lui aussi. Agnia est violemment projetée elle aussi. Elle reste sonnée plus longtemps que son adversaire.


« Ah ! Agnia ! »

Agnia se relève. Elle titube légèrement.

« Oh non, Agnia !
- Lance ta Pokéball ! »

Bianca regarde Tcheren un instant. Elle se saisit d’une Pokéball et fait face au Ponchiot. Agnia reprend peu à peu ses esprits, mais je sens que Bianca panique.

« Respire Bianca, tout va bien se passer. »

Elle inspire un coup. Comme par magie, la panique de Bianca s’est apaisée. Elle balance son bras en arrière, puis, sur l’expiration, elle lance la Pokéball en avant, qui ricoche sur la tête du Ponchiot sauvage. La Pokéball s’ouvre, et attrape le Pokémon, puis tombe au sol. Un vacillement. Puis deux. Puis trois.

« Je l’ai fait ! »

Bianca part récupérer la Pokéball. Elle l’attrape et retourne directement vers Agnia.

« Je suis désolée Agnia, je voulais pas que tu souffres pour ce combat. »

Agnia grimpe sur les épaules de sa Dresseuse et frotte sa tête contre le cou de Bianca. Elle halète légèrement, mais elle semble déjà aller mieux.

J’en profite pour donner deux trois baies Oran à la Vipélierre.

Tcheren réveille Noé qui s’était assoupi à ses pieds.

« Allez viens Noé, c’est à notre tour de capturer un Pokémon ! »

Noé baille, puis fait un bond en avant, déterminé.

« Allez, c’est parti ! »

Un Ponchiot sort son museau des hautes herbes au même moment, à croire que Noé avait flairé l’arrivée du Pokémon sauvage.

« Bien Noé. Utilise Charge ! »

Le Pokémon de Tcheren fonce tête baissée sur le Ponchiot. Celui-ci, qui ne faisait pas attention, se prend  alors Noé de plein fouet.

« Bien joué Noé ! On va tenter la Poké Ball mainten… »

Mais le Ponchiot sauvage venait de s’enfuir en jappant de peur.
« Oh, non…
-C’est dommage, mais ça arrive, t’inquiète pas »

Tcheren range la Pokéball qu’il venait de prendre dans son sac. Noé s’approche de lui. Il semble triste, gêné, honteux.
Tcheren l’attrape par la taille et le regarde droit dans les yeux, un sourire chaleureux aux lèvres.

« Ne t’inquiète pas mon grand. Cela arrivera plus souvent qu’on ne le pense, ce genre de chose. »

Les émotions négatives de Noé s’apaisent légèrement, même s’il semble encore gêné de ce qu’il venait de faire.Mais cela ne l’empêche évidemment pas de se reposer dans les bras de son Dresseur.

« C’est dommage, on aurait pu terminer la Route 1 avec autant de Pokémon et avec des Pokémon similaires !
-Ce n'est pas grave, Bianca. Et puis, il n’y a pas que la Route 1, tu sais.
-Je sais, mais ça aurait été très symbolique comme départ.
-En soi, le fait qu’on ait commencé tous ensemble est déjà une bonne chose ! »

Bianca et Tcheren acquiescent.
Maintenant que nous avons capturé, au moins Bianca et moi, notre premier Pokémon, il est temps pour nous de marcher vers Arabelle.




« Eh, il est à qui ce Ponchiot ? »

Avant d’arriver à Arabelle, j’avais fait sortir Aymeric de sa Pokéball, afin que lui et Hugo s’habituent à la présence de l’un et de l’autre. Hugo reste très timide, mais a tenté par deux fois de s’approcher d’Aymeric, mais a échoué, car celui-ci lui balançait des regards mauvais. A croire qu’il n’a pas encore digéré sa « défaite face à lui ».

Toujours est-il que Tcheren et Bianca étaient partis avant nous. Grisou, le Ponchiot de Bianca, s’est très vite habitué à Agnia. Il a tenté de s’excuser auprès de celle-ci, mais elle lui avait déjà pardonné.

A peine passer Arabelle, Aymeric avait foncé en direction d’Aurélia et de Joachim, qui attendaient à l’entrée de la ville. Depuis, il tente d’attaquer le Pashmilla, qui le repousse d’un simple mouvement de queue.

« Aymeric, calmes-toi enfin ! »

Je l’attrape par la taille et le porte dans mes bras. Il bouillonne de colère à l’égard de Joachim.

« Aymeric allons, calmes-toi, ça sert à rien il est plus fort que toi pour l’instant. »

Je lui gratte la tête un instant. Il se calme d’un coup. Sa colère s’évapore. Je le repose doucement sur le sol. Il fusille Joachim du regard. Quant au Pashmilla de ma sœur, il semble ne pas trop comprendre ce qui se passe.

«C’est le tien, Mégane ?
-Pardon, oui, excuse-moi, je viens de le capturer. Il est un peu mauvais de nature, mais il était pas aussi énervé quand je l’ai capturé.
-Franchement, c’est bizarre qu’il s’en soit pris à Joachim comme ça. »

Aymeric continue de fusiller Joachim, qui commence de moins en moins à apprécier cela. Hugo s’approche d’Aymeric pour lui donner de légers coups de tête. Après quoi, le Ponchiot tourne la tête et se rapproche de moi.

« Allons Aymeric, qu’est-ce qui te prend d’attaquer sans raison, comme ça ? »

Aymeric tourne la tête, visiblement fâché. Hugo tente une nouvelle approche de face, mais Aymeric lève les yeux.

« Excusez-moi. »

Une personne s’était approché de nous le temps que je calme Aymeric. Un jeune homme bien plus grand que moi, si bien que j’ai failli sursauter.

«Bonjour jeune homme, que pouvons-nous pour vous ?
-C’est au sujet de ce Ponchiot, je crois savoir ce qui l’a mit en rogne.
-Oh, super, j’ai du mal à le comprendre, alors je veux bien de l’aide. »

Le jeune homme s’accroupit et pose sa main sur la tête d’Aymeric.

« Dis-moi, Aymeric, c’est ça ? Dis-moi le sujet de ta tourmente... »

Aymeric regarde l’homme droit dans les yeux un instant, puis commence à aboyer plusieurs fois de suite. Il grogne, jappe, grogne à nouveau, puis se calme, avant de recommencer à fusiller Joachim du regard. D’un coup, je ressens la colère d’Aymeric revenir petit à petit.

« Alors ?
-Aymeric dit ceci :


Aurélia n’en revient pas.
«C’est vraiment ce que ce Ponchiot a dit ?
-C’est exact. Est-ce que ce Pashmilla tient un objet ?
-Euh non pas que je sa…
-Je sais ! »

Je me suis exclamée tellement fort qu’Hugo a sursauté.

« Aurélia, tu te souviens, tout à l’heure, quand Joachim est sorti des hautes herbes avec un Antidote, est-ce que tu l’as toujours ?
-Quoi, ce médicament ? Je l’ai gardé dans ma trousse de soin, je crois...»

Elle plonge sa main dans son sac et en sorti le spray. En voyant ça, les yeux d’Aymeric s’écarquillent, et il commence à aboyer.

« Je crois qu’il s’agit bien du fameux trésor dont il parle. »

Aurélia donne l’Antidote à Aymeric. Celui-ci s’en saisit et commecne à mordiller dedans.

« Je vous remercie grandement de votre aide, monsieur, grâce à vous, j’espère que mon Ponchiot sera plus calme.
-Tout le plaisir est pour moi.
-On ne vous a pas demandé votre nom au fait, comment vous appelez vous ? »

Le jeune homme se redresse.

« Je m’appelle Noah, je suis dresseur depuis peu, mais je suis aussi apprenti comportementaliste Pokémon. Je suis de passage à Arabelle avec une amie.
-Enchantée, Noah, je m’appelle Mégane, et voici ma sœur, Aurélia.
-Enchantée, je suis la Professeure Aurélia Keteleeria. J’étudie moi aussi les comportements des Pokémon ainsi que les relations humains-Pokémon.
-C’est un honneur de vous rencontrer, Professeure. »

Ma sœur et lui s’échangent une poignée de main.

« Ah Mégane. J’aurais une petite requête à te demander avant de rejoindre mon amie.
-Pas de soucis.
-J’aimerais demander une chose à ton Gruikui, si cela ne le dérange pas. »

Hugo était resté derrière moi depuis un moment.

« Est-ce que tu veux aller voir Noah ? »

Il s’avance vers lui. Je sens la méfiance monter à chacun de ses pas.
Le voilà devant Noah. L’homme pose sa main sur la tête du Pokémon.

« Dis-moi Hugo, est-ce que… »

Il finit par chuchoter sa question, si faiblement que je ne l’entendis pas.

D’un coup, Hugo s’écarte de Noah et fonce dans mes jambes.

Il commence alors à grouiner, grogner, couiner, puis se calma. La méfiance d’Hugo semble s’être changé en peur.

« Alors, qu’est-ce qu’il a dit ? »

Noah ne dit rien pendant un instant.

Durant ce laps de temps, je remarque quelque chose. Parmi les trois humains et les trois Pokémon autour de nous, Joachim était heureux de jouer avec une bête feuille, Aymeric était grognon depuis qu’il avait récupéré son trésor. Aurélia est méfiante depuis qu’elle a vu Aymeric aboyer avant de donner l’Antidote, et Hugo est vraiment apeuré.
Il ne reste que moi et Noah.
Et Noah…
Noah, jusqu’à ce que qu’Hugo prenne peur...
Cet homme n’avait aucune émotion.
Je n’ai pas ressenti la moindre émotion de la part de cet homme.
Et là.
Juste au moment où Hugo a pris peur.
Je n’arrive pas à les décrire.
Est-ce de la peur ? De la Tristesse ? Exprime-t-il de la curiosité ?
Quelque chose m’échappe…


« Ah, je crois que je n’ai malheureusement pas réussi à comprendre ce qu’il a dit. Navré. »

Je reprends mes esprits. Hugo toujours apeuré, fixe Noah bizarrement.
« Allons Hugo, il n’y a pas de raison d’avoir peur. »

Mince alors, je me mets à mentir à mon propre Pokémon.
Je prends une inspiration et pose mes mains sur sa tête.

« Tout va bien bonhomme, tout va bien »

Hugo se calme, mais sa peur ne disparaît pas complètement, suffisamment pour qu’il arrête de paniquer.

Noah reprend à nouveau la parole :

« Mégane, j’aurais une dernière faveur à te demander. J’aimerais qu’on se retrouve d’ici deux heures sur la grande place d’Arabelle, j’aimerai retenter l’expérience d’une autre manière, si ça ne te dérange pas. »

Je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas.

« Ça marche. Je te retrouverai là-bas.
-Merci beaucoup, à tout à l’heure ! »

Il sera la main d’Aurélia et s’éclipsa.

« Bref, c’est pas tout ça, mais je t’ai fait venir à Arabelle pour une raison particulière. Je contacte Tcheren et Bianca, ils doivent être dans le coin. »

Ah oui, c’est vrai, notre inscription en tant que Dresseur, j’avais zappé.

« Ouais, c’est vrai. Faisons ça ! »

J’emboîte le pas d’Aurélia et nous entrons dans le Centre Pokémon de la Ville. Hugo et Aymeric non loin de moi, Aymeric toujours son Antidote à la gueule. Les deux Pokémon semblent s’être liés un peu plus qu’avant, Hugo a l’air plus à l’aise. Quant à Joachim, il se repose sur les épaules d’Aurélia.

« Si on a le temps, faudra qu’on cause de ce type, toi et moi. »

N détecté ! J'ai cru un instant que c'était un des trois champion d'Ogoesse, à cause du nom, et puis il avait l'air sympa au début, mais là je crois bien que c'est lui finalement.

J'aime bien la scène de première capture des trois amigos, déjà parce que c'est l'héroïne qui enseigne à capturer un Pokémon, mais surtout la façon dont c'est dépeint. Avec une attention à leur geste, envoyer la pokéball au moment d'expirer, et les trois vacillements, et le sauvage de Tcheren qui s'enfuit (c'est bien fait pour cet intello ).

Dans l'ensemble c'est pas mal écrit, quelques petites fautes de frappe, conjugaison, ou quelques répétitions ("aussi" dans la première moitié par exemple), mais ça reste minime et c'est agréable à lire !
Le soulignement pour les paroles de Noah n'est pas très esthétique, mais je comprends un peu ce choix, les couleurs pour les dialogues c'est jamais évident...


Bon courage pour le rythme régulier~

Encore une fois une très bonne partie.

Après, si je peux me permettre quelques critiques, qui ne sont que le reflet de mon opinion.
J'ai quelques problèmes de compréhension avec les personnages, c'est à dire que j'ai régulièrement besoin de revoir la description de l'équipe pour savoir quels prénoms correspondent à quels personnages ou quels Pokemons, Et même avec cela, la multiplication des personnages me perd un peu. De même pour N ou Noah, après je pense que ça doit juste être une habitude que je vais prendre au fil de ton nuzlocke.

Mais sinon, pour ne pas te faire que des critiques négatives, j'ai vraiment bien aimé la partie avec N et aussi le laps de temps suivant son départ.  

Je viens de lire ton prologue et ton chapitre 1 et j'ai le même ressenti que Windrist concernant les personnages, mais il faut dire que c'est un problème récurrent dans les Nuz ! C'est toujours plus simple de suivre le noms de ses propres personnages que ceux des autres. Ce que je fais dans mon Nuz (9 Rules • 9 Pokémon • 9 Doors) c'est que je mets les icônes des Pokémon dans le récap de l'équipe. C'est tout bête, mais je sais que personnellement j'ai une mémoire plus visuelle, donc ça aide à se rappeler plus facilement, donc je te donne la suggestion si jamais ça t'intéresse ^^

Cela mis de côté, je suis agréablement surpris, car je suis pas forcément fan des Nuz avec beaucoup de dialogues (faut dire que j'aime les histoires complexes, les descriptions, les choses qui tournent sur les enquêtes et l'aspect psychologique, et moins tout ce qui est action + dialogues, suffit de voir mes Nuz pour le voir haha), mais pour le coup ça ne m'a pas dérangé ici ! Tout est accessible, les couleurs aident à se repérer et il y a un souci du détail qui est agréable, comme le dit Jojoelle un peu plus haut

En tout cas, je suis intrigué par la fin avec cette mention à l'inscription en tant que dresseur ! Ca pique ma curiosité ^^

Au fil de la lecture

- Le "certes" au milieu de la première phrase d'Aurelia est un peu perturbant dans le sens de la phrase.

- Je sais que tout le monde n'est pas d'accord par rapport à cette idée (cf. le commentaire de Mimoze sur le nuz de Thunungu), mais perso, je persiste et je signe, je trouve que c'est une bonne pour se repérer dans le Nuz que de différencier les dialogues par des couleurs attribuées aux personnages. ^^

- La loi de préservation de la faune. Un classique. Mais ça fixe l'univers et tu prends aussi le temps d'expliquer en quoi ça ne contredit pas le fait d'étudier les Pokémon. Donc ça marche.

- C'est une scène toute simple, cette scène de la capture du premier Pokémon, mais on ressent tout de même un certain feeling de "nouveauté pour les personnages" derrière qui justifie un peu la longueur du tout, et le rend agréable à lire.

- Ah, j'avais pas fait le lien (et même jamais pensé à faire ça dans l'écriture d'un de mes Nuz alors que ça parait plus ou moins évident) mais je vois que la personnalité des Pokémon que tu leur donnes correspond à leur Nature ! C'est intéressant ça, faut que je retienne.

- Je vois que tu rappelles le fait qu'Aymeric est un Ponchiot par l'introduction de la deuxième partie de ton chapitre : je pense que c'est en effet une bonne chose de temps à autre de rappeler quel surnom est associé à qui, étant donné qu'avec l'intervalle qu'on a parfois entre deux parties, on oublie un peu, et ça pousse des fois à sortir un poil du récit pour rouvrir le spoiler du chapitre précédent contenant la liste des membres de l'équipe. Après, ça reste un petit détail de confort.

- Ha, cette subtile introduction de N sans le nommer tout de suite, et comment tu as réussi à l'insérer dans le récit avec la petite histoire du Ponchiot furax, c'est sympa ! Oh, wait, c'est "Noah" ? Alors c'est peut-être pas le même personnage... ou bien peut-être une réadaptation ? Hmmm, mystérieux en tout cas.

Avis général

Un chapitre qui se laisse lire et qui est en général agréable à parcourir. Assez classique dans sa première partie, mais c'est normal, il faut bien mettre en place l'univers. La seconde partie introduit un peu plus d'éléments nouveaux et mystérieux pour la suite du récit, j'attends donc de voir la suite !

« Bon, laisse moi t’expliquer comment ça va se passer »

Aurélia passe en revue les quatre ou cinq papiers qu’elle avait sortis de son sac. Elle jette un rapide coup d’œil à l’entête de chacun.

« Rassure-toi, ça prend moins de temps qu’on ne le croit.
-On ne devrait pas attendre Tcheren et Bianca ? »

Aurélia pousse un léger soupir.

« J’aurai bien aimé, mais Tcheren et Bianca ont foncé à Ogoesse. Je m’occuperai des parties où j’ai pas besoin d’eux maintenant et on verra plus tard pour finaliser. »

Elle parle d’une voix calme, son visage reste neutre, mais je sais qu’elle est énervée.

« M’enfin, c’est des choses qui arrivent. Je vais pas m’énerver pour si peu.
-Trop tard »

Un petit sourire se forme sur son visage, et elle me regarde dans les yeux. Je l’ai grillé et elle le sait.

Elle s’installe à une table du centre Pokémon.

« Voici le formulaire pour t’inscrire en tant que Dresseuse. Si t’as des questions, pose-les. »

Elle me tend le fameux formulaire. Les champs à remplir sont clairs, cela ne devrait pas me poser de problèmes.

« Ça ira, merci.
-Dans ce cas, je vais nous chercher un truc à boire. »

Spoiler:

« Alors ? »

Aurélia revient avec deux chocolats chauds,  qu’elle pose sur la table.

« Et voilà. J’ai terminé !
-Parfait, j’irais déposer le tout demain matin. Je t’appellerai quand j’aurai reçu ta carte. »
Elle récupère les papiers et les glisse dans une enveloppe.

Demain, je serai officiellement dresseuse. Je vais pouvoir relever le défi des Arènes, et peut-être participer à la Ligue. Je regarde Hugo dans les yeux. Sa bouille, d’habitude apeurée, affiche un sourire si mignon.

« Au fait…
- Oui ?
- Je peux te parler de ce type qu’on a croisé avant de rentrer ?

Le simple fait d’évoquer son nom prend une bonne partie de mes pensées. Qui c’est, ce type ? Pourquoi il a affolé Hugo ? Pourquoi a-t-il eu un mélange d’émotions que je n’arrive pas à décrire, alors que quelques minutes avant, il semblait n’en avoir aucune ?


« Pourquoi tu veux parler de lui ?
-Mégane, de nous deux, c’est toi qui as le don « puissant ». Alors si j’ai moi-même réussi à ressentir les émotions de ce Noah, c’est que toi aussi. »


Depuis ma naissance, je possède un don. Je suis capable de ressentir les émotions des humains et des Pokémon. Savoir s’ils sont tristes, heureux, en colère. En soi, pour les humains, cela me permet facilement de savoir s’ils mentent. Pour les Pokémon, ça me permet de me rapprocher d’eux.

Aurélia, ma sœur, possède aussi ce don. Mais elle en possède une version plus faible. Elle a plus de mal à savoir quelle émotion elle ressent, et parfois, elle ne ressent pas les émotions de la personne ou du Pokémon.

Si Aurélia a réussi à ressentir le mélange d’émotion de Noah, je ne peux pas lui cacher.

« Tu veux dire quoi par « ressentir » ?
-Quand ton Gruikui a foncé dans tes jambes quand ce type lui a chuchoté à l’oreille, j’ai ressenti quelque chose de bizarre. Au départ je pensais que je ne l’avais tout simplement pas discerné. Puis j’ai senti l’incompréhension grandir en toi.
-…
-Du coup, ce Noah. Il a une émotion banale mais qui t’a perturbé ?
-Non. »


J’inspire un grand coup, le temps de faire le tri dans mes pensées.

« Non, c’était loin d’être banal. Ce type n’avait aucune émotion jusqu’à ce que Hugo s’affole.
- Aucune ?
-Oui, ça arrive, donc je n’y avais pas fait gaffe. Mais dès que Hugo a filé dans mes jambes… »

Je marque un temps pour réfléchir de nouveau.

« Je ne saurais pas te dire si c’était un amas d’émotion ou une émotion unique. Ce que je suis sûre, c’est que c’était pas quelque chose que j’ai l’habitude de ressentir. »

Aurélia prit une longue gorgée de son chocolat chaud.

« Je vois. On est donc face à quelqu’un qui a peut-être un amas d’émotion.
-C'est exact.
-Mais tu as déjà été confronté à des cas comme ça, d’amas d’émotion.
-Ouais sauf que là c’est pas comme d’habitude, mais je saurais pas te dire précisément.
-Hmmm. »

Elle reprend une longue gorgée de son chocolat chaud et le termine. Je remarque que je n’ai presque pas touché au mien.


« Je vais pas te poser plus de questions maintenant. Si toi tu es perdue sur ce sujet, alors j’imagine pas pour moi.
-Ouais.
-Tu devrais plutôt aller te balader en ville pour l’instant. Ça t’aérera la tête un peu, surtout que tu dois le retrouver plus tard. »

Je souffle un coup, récupère mes affaires et me lève de ma chaise.

« T’as raison, j’vais faire ça.
- De toute façon, je risque de pas quitter le centre Pokémon d’Arabelle avant demain matin donc si tu me cherches, je suis là.
- Ça roule. »

Je me dirige vers la sortie du Centre, Hugo et Aymeric à mes talons.

---

Cela faisait dix minutes déjà que j’étais sortie du centre Pokémon. Depuis, j’aire sans trop réfléchir dans les rues pavées d’Arabelle.
Les vents de l’Automne sont plutôt frais, une fois 18h30 passées. Pour ne rien arranger, Arabelle est le genre de ville à posséder de nombreuses petites allées, facilitant grandement les courants d’air.
Aymeric ouvre la marche, courant de temps à autre à quelques mètres devant moi et revenant aussitôt. Hugo, quant à lui, reste à mes côtés, produisant de temps à autre de petites braises pour se réchauffer.

La ville est plutôt calme. On entend quelques Chacripan miauler d’un côté et des Ponchiot aboyer de l’autre. Des Ratentif se baladent sur les murs, ce qui fait grogner Aymeric. De temps à autre, l’un d’entre eux descend du mur et attaque, en vain, Aymeric qui, d’une Charge, les fait déguerpir. Au moins, ça fait un peu d’entraînement.

Après un petit quart d’heure, j’arrive sur la place centrale d’Arabelle.

Le calme de la ville change et devient un brouhaha qui n’est cependant pas désagréable. Les habitants ont l’air de tous s’être réuni dans les cafés de la ville, une fois la journée finit. Certains d’entre eux parlent de leur journée, de leurs clients, d’autres parlent des combats qu’ils ont effectués, et d’autres encore se demandent à quoi sert la grande estrade au centre.

Attendez…

Je n’avais pas fait attention en rentrant sur la place. Pourtant, c’est bien la première chose qu’on voit quand on arrive. Une grande estrade, ronde, trône au centre, permettant d’être vu par tout le monde dans les cafés. Quatre fanions sont placés aux bords, avec dessus un P bleu, sur un fond scindé en deux, blanc d’un côté et noir de l’autre. Des personnes, vêtues chacun d’un costume de chevalier, semblent finaliser l’installation de l’estrade.

Je décide de faire le tour de l’estrade, espérant en apprendre un peu plus.
Les rares personnes qui prêtent attention à cela se demandent pourquoi c’est là, d’autres font la remarque que l’estrade est placée sur le Stade de combat public de la place. Mais c’est tout.

A force de marcher sans regarder devant moi, je finis par me heurter à quelqu’un, et tombe en arrière. J’entends Hugo, qui était toujours derrière moi, faire un petit bruit de peur.

« Oh pardonnez moi » dit une voix.

Je me relève assez vite. Hugo se frotte à ma jambe, comme pour demander si tout va bien. Aymeric quant à lui, s’est mis à grogner contre la personne.

« Ne vous inquiétez pas, c’est moi qui m’excuse, je ne regardais pas devant moi »

J’observe un instant la personne devant moi. C’est une de ces personnes en tenue de chevalier.
Elle a une sorte de liste à la main, et un Ouvrifier à ses côtés. Curieusement, cette personne n’a pas l’air d’avoir de Pokéball à sa ceinture et sa tenue n’a pas l’air d’avoir de poche pour les ranger. De plus, elle porte un masque sur le visage qui ne laisse apparaître que ses yeux.

« Je suis rassurée de voir que tout va bien pour vous. »

Elle s’apprête à repartir quand je décide de lui poser une question.

« Excusez moi.
- Qui a t-il ?
-Pourquoi avez vous installés cette estrade ? »

La personne marque un temps, comme pour chercher sa réponse, pour reprend la parole.

« Je m’excuse, je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant, mais nous n’allons pas tarder à nous en servir. »

Sur ces mots, elle retourne auprès des autres personnes qui travaillent autour de l’estrade.  

Malgré le fait que tout a été claire, j’ai l’impression de n’avoir rien compris. Je me sens légèrement fatiguée, je devrais aller m’asseoir quelque part.

« Salut Mégane !
- BORDEL ! »

Qui est l’odieux abruti qui s’est cru intelligent de se glisser dans mon dos et me faire peur comme ça ? Qui-est c-
« Tcheren ?! Mais ça va pas de me faire peur comme ça ?
-Ah ? Tu m’avais pas vu ?
-Bah non crétin je t’avais pas vu ! Refais plus jamais ça.
-Ah ah, désolé je pensais que tu m’avais vu.
-Tu fais quoi ici, je vous pensais parti pour Ogoesse, toi et Bianca.
-Ouais, mais le chemin pour y aller est plus long que ce que je pensais. Même si Bianca a continué, j’ai décidé de faire demi-tour après avoir capturé un nouveau Pokémon. »

Je jette un coup d’œil à ses pieds. Il y a toujours Noé, son Moustillon. Il n’arrête pas de dodeliner de la tête, il doit être fatigué. Mais à ses côtés se trouve un Chacripan, qui n’arrête pas de se frotter à la jambe de son dresseur, en ronronnant.

« Je l’ai appelé Maka.
- Félicitations, Tcheren ! »

Je m’accroupis et tends ma main droite à Maka. Elle arrête de se frotter et s’approche de ma main doucement. La joie qui l’habitait à l’instant s’est vite changé en méfiance. Elle renifle un instant, puis recul, pour retourner dans les jambes de son dresseur. Elle reste très méfiante, cependant.

« Désolé, j’ai l’impression qu’elle ne t’apprécie pas trop…
-T’inquiètes pas, je pense qu’elle m’a un peu dans le viseur vu que je t’ai crié dessus. »

Alors que nous discutions, les personnes qui travaillaient autour de l’estrade s’étaient toutes réunies dessus.  

« Habitants d’Arabelle, votre attention s’il vous plaît. »

Le brouhaha de la Place d’Arabelle disparaît lorsqu’une voix, celle de la personne à qui j’avais demandé des informations, se fait entendre dans les haut-parleurs de l’estrade.

« Bonsoir à vous tous. Nous sommes la Team Plasma. Nous vous remercions de nous accorder un peu de votre temps. Je vais dès à présent laissez la parole à notre supérieur. »

La personne au masque se décale et alla se ranger à côtés d’autres chevaliers.
Comme elle, certains possèdent un masque qui ne laisse apparaître que leurs yeux. D’autres possèdent un masque qui ne laisse apparaître que la bouche, certains un masque intégrale où le visage n’est pas visible. Et enfin, certains ne possèdent pas de masque du tout, et ont le visage apparent.

Tcheren me donne un coup de coude.

« On va voir ça de plus près ? »

J’acquiesce. Certains avaient eu la même idée et une petite foule s’était formé autour de l’estrade.

On bouscule deux-trois personnes au passage et on arrive devant l’estrade.

Un homme y avait pris place. Il surplombe l’assemblée du haut de ses deux mètres.  Le léger vent qui souffle sur la place fait bouger ses longs cheveux verts, ainsi que sa tunique, arborant un mystérieux motif. Son visage, marqué par l’âge, affiche une expression sereine. Il sourit. Sur son épaule gauche se trouve un Tritonde. L’homme lui caresse la tête un instant avant de prendre la parole.

« Habitants d’Arabelle, bonsoir, dit-il de sa voix grave. Je vous remercie grandement pour le temps que vous nous accordez. Je m’appelle Ghetis. Je fais parti de la Team Plasma.

Nous autres, membres de la Team Plasma, avons un projet commun.
Nous souhaitons offrir un monde plus sain aux Pokémon.

Nous avons toujours vécu aux côtés des Pokémon. Au nom d'un partenariat mutuel et tacite, d'une entraide mutuelle et indispensable.

Hélas, ce qui a été admis comme une généralité ne veut guère dire qu’elle est juste. Et c’est ce que nous pensons.

Il fut une époque prospère où ce mode de vie idéal était réel, pourtant, je vous le dis, vous l’affirme, ce mode de vie est sur le déclin depuis des décennies.

Plus les années passent, et plus l’humanité prend le dessus sur les Pokémon. Plus nous avançons dans le temps, plus ils deviennent des êtres qui n’existent que pour servir l’humanité.

C’est du moins notre vision de cette évolution régressive.

Notre but ici ce soir n’est point de vous forcer la main, mais de vous faire prendre conscience de la situation dans laquelle nous sommes, et dans laquelle nous allons.

Si vous souhaitez comprendre notre vision des choses, vous pouvez commencer par réfléchir à ce qu’il se passe lorsque vous laissez vos Pokémon dans votre Pokéball.

N’hésitez pas à nous demander des informations. Mes compagnons resteront ici pour la soirée.

Ainsi se termine ma déclaration. Merci encore de votre attention. Et que la paix soit avec vous. »

Ghetis salut la foule de la main et descend de l’estrade par là où il était monté. Les personnes qui étaient autour de lui descendent à leur tour, certains accompagnent leur dirigeant, d’autres s’éparpillent dans la foule, et commencent à répondre aux questions des habitants.

Tcheren commence à me taper l’épaule

« Franchement, d’où ils sortent ces chevaliers ? Qu’est-ce qu’ils essayent de nous faire gober ?
-Hein ? Mais il a dit que leur intervention est là pour nous faire réfléchir.
-Sérieusement ? Tu crois à ce qu’il raconte ?
-Bah je trouve que leur idée n’est pas si idiote que ça.
-Ah bon, et pourquoi ? »

J’aperçois au loin Noah qui me fait un signe de la main et qui s’approche de Tcheren et moi.

« Euh si tu veux je t’expliquerais plus tard que j’en pense, si ça te dérange pas.
-Bonsoir Mégane ! »

Tcheren sursaute lorsqu’il entend la voix de Noah derrière lui, et sursaute une seconde fois en voyant la taille du jeune homme.

« Oh, bonsoir Noah. Je te présente Tcheren, c’est mon meilleur ami.
-Bonsoir Tcheren, enchanté de faire ta connaissance.
-Euh… moi de même.»

Les deux garçons s’échangent une poignée de main rapide. Je ne ressens aucune émotion émaner de Noah, malgré son sourire. Comme tout à l’heure, cela m’intrigue.

« Au fait Mégane, je t’avais demandé de me rejoindre ici tout à l’heure, mais il semblerait que le Stade de Combat public a été pris par ces personnes.
-Oh, tu souhaitais faire un combat ?
-A vrai dire oui, d’habitude je n’aime pas trop les combats mais dans le cadre de mes recherches, il faut bien passer par là.

Tcheren intervient dans la conversation.

- Il y a des stades de combat un peu plus loin. Ils sont plus petits mais ils devraient faire l’affaire, je peux vous y conduire.
-Oh, c’est gentil de ta part, Tcheren, merci beaucoup.
-Pas de soucis. »

Je ne sais pas si je dois remercier Tcheren pour cette aide. Enfin, peut être qu’un combat pourra me faire changer les idées.

Tcheren emboîte le pas, Noé dans ses bras et Maka sur son épaule. Noah le suit de près. Moi, Aymeric et Hugo fermons la marche.

« Vous travaillez sur quoi, du coup ?
- Je travaille sur le comportement des Pokémon, et je suis dans une partie de mes recherches où j’étudie le comportement humain-Pokémon.
-Ah, je suppose que vous avez écouté le discours des mecs en Chevalier de tout à l’heure ?
-En effet, j’ai écouté leur discours.
-Et vous en avez pensé quoi ? »

Noah réfléchit un instant. Je ne ressens toujours aucune émotion de sa part, ça me frustre un peu.

« Eh bien, leurs arguments coïncident malheureusement avec mes recherches, donc je dois admettre que je suis en accord avec leurs idées.
-Perso je trouve leurs arguments idiots, on dirait qu’ils ont pas vu plus loin que leurs bouts de nez. »

Durant une seconde, je vois Noah froncer les sourcils et regarder Tcheren. Durant cette même seconde, Noah exprime faiblement de la déception à l’égard de Tcheren. Elle disparaît aussitôt que Noah retrouve son visage souriant qu’il avait avant.

« Et toi Mégane ?
-Hein ? »

Tcheren me prend de cours et me repose la question.

« Tu m’as pas dit ce que t’en pensais tout à l’heure.
-Ah euh… à vrai dire, je pense qu’il y a un fond de vérité dans ce qu’ils disent, mais après, je viens juste de sortir de Renouet donc moi non plus j’ai pas vu plus loin que mon nez. »

Tcheren reste neutre au niveau du visage mais je sens qu’il ne comprend pas ce que je dis.
Quant à Noah, je sens qu’il est étonné, en bien, par ce ce que je viens de dire. Mais cette sensation disparaît très vite, comme la précédente.

« Eh, pas faux. Dans tous les cas on est arrivé. »

Nous voilà arrivés dans un des parcs d’Arabelle. L’espace est assez grand, et on y trouve trois stades de combat public. Deux d’entre eux sont occupés par des enfants plus jeunes que moi.

« Je crois que les stades ferment dans une heure environ, dit Tcheren. Je pense que ça devrait vous laisser suffisamment de temps pour effectuer votre combat. »

Noah et moi prenons place de chaque côté du stade. Tcheren se place au centre, sur les côtés du stade, à la place de l’arbitre.

« Mégane, cela te dérangerait si c’est Hugo qui prend part au combat ? »

J’observe Hugo et Aymeric un instant. Aymeric joue avec une brindille et n’a pas l’air attiré par le combat. Hugo, quand à lui, observe fixement Noah.

Il semble apeuré par lui, mais différemment par rapport à tout à l’heure. Malgré sa timidité et sa peur, il est déterminé.

« Tu veux participer au combat, Hugo ? »

Le petit Gruikui me regarde un instant et s’avance sur l’arène. Je réponds à Noah :

« Il veut bien.
-Parfait, dans ce cas, je vais demander de l’aide à un ami. Arsène ? »

Lorsqu’il prononce ce nom, un Chacripan apparaît de derrière un buisson. Il s’avance tranquillement et prend place face à Hugo. Ce Chacripan n’exprime rien physiquement, mais il est là pour juger ce combat.

Je demande à Noah :
« C’est un de tes Pokémon ?
-C’est un ami à moi.»

J’observe Tcheren, qui semble troublé par la situation. Son Moustillon, comme à son habitude, s’est endormi à ses pieds. Quant à sa Chacripan, elle feule face à l’autre Chacripan, qui l’ignore royalement.

« Bien, nous pouvons commencer ?.
-Oui »


A l’instant même où le combat débute, Arsène poussa un Rugissement qui déstabilise Hugo, et moi aussi.  Je n’ai pourtant pas entendu Noah donner d’instructions ?

« Euh… Hugo, utilise Flammèche ! »

Hugo inspire un coup et expulse de son groin une petite boule de feu, qui frappe de plein fouet le Chacripan adverse.

« Pas mal Hugo, prononce Noah, vas-y, exprimes toi ! »

Arsène fonce d’un saut et frappe de plein fouet Hugo avec ses griffes. Hugo vacille en arrière un instant.

Il l’a refait, Arsène n’a pas reçu d’instruction de la part de Noah. Il est toujours en train de nous juger, moi et Hugo.

Noah, quand à lui n’exprime toujours aucune émotion. Pourtant je sais qu’il en a, je veux savoir ce qu’il a. Malgré mon malaise de tout à l’heure, je veux ressentir à nouveau cet amas inconnu d’émotion.

« Hugo, encore Flammèche ! »

Hugo s’exécute à nouveau et relance Flammèche mais Arsène esquive l’attaque.
Les autres dresseurs qui combattaient tout à l’heure ont l’air de s’être rassemblés autour du stade.

« Utilise Flammèche à nouveau ! »

Hugo relance l’attaque de plus belle. Cette fois l’attaque touche sa cible. Arsène est projeté en arrière, mais se redresse aussitôt. Il me juge toujours.

« Hugo, es-tu sûr de toi ? Es-tu sûr de ce que tu me dis là ? »

A cet instant, au moment où il s’adresse à Hugo, je commence à ressentir à nouveau cet amas d’émotion qu’il avait auparavant. Mon malaise revient à nouveau, mais cette fois je ne compte pas rester sans savoir.

« Hugo, continue avec Flammèche. »

Hugo recommence à nouveau ses attaques contre le Chacripan. Il est énervé, je le sens. Il a peur, je le sens.

Mais il tient bon. Il fixe intensément Noah et son Chacripan.

« Que cherches-tu à savoir, Noah, que cherches-tu à accomplir ? »

Mon adversaire me regarde, silencieux.

« Qu’attends-tu d’Hugo ? Qu’est-il en train de te dire ? »

Il reste silencieux, tandis que son Chacripan continue à attaquer Hugo à coup de Griffe, qu’il projette à mes pieds.

« Hugo ! »

Il reste un instant sonné, mais se redresse rapidement. Hugo semble toujours vouloir en découdre avec le Chacripan de Noah, au point où sa colère envahit de plus en plus ses autres sentiments.

Je le prends un instant dans mes bras.

« Du calme mon grand, du calme. »

Mais Hugo continue les attaques Flammèche à l’encontre d’Arsène, qu’il manque de me brûler. Dans son amas de colère, je ressens aussi sa peur grandir elle aussi.

« Hugo, calme toi !
-Les combats sont abjects. »

J’entends Noah approcher derrière moi.

« Ils ferment l’esprit des Pokémon, qui ne font qu’obéir à des ordres donnés par leurs dresseurs.
-Pardon ?
-Penses-tu que ton Gruikui ait réfléchi de lui même sur l’utilité de ce combat ? »

Plus il s’approche, plus je ressens son amas d’émotion grandir. Il est de plus en plus massif à chacun de ses pas. Je me sens de plus en plus mal à l’aise. Il fait que je tienne bon.

« Tu me l’as dit toi même, Noah, tu souhaitais faire une expérience avec moi et Hugo. Alors nous avons accepté.
-Non, toi seule a accepté ma requête.
-Je te demande pardon ?! »

Je me lève d’un coup et me retourne. Il est tout proche de moi et me surplombe de par sa hauteur. Mais je tiens bon, malgré l’oppression grandissante de la situation.

« NOUS avons accepté ta requête, Noah. Hugo et moi. J’ai demandé à Hugo s’il souhaitait participer au combat, chose qu’il a acceptée, malgré qu’il ait peur de toi depuis que tu es venu nous voir sur la Grande Place.
-T’a-t-il répondu explicitement ?
-Non, mais je sais ce qu’il a ressenti quand je lui ai posé cette question. »

Je vois que Tcheren essaye de s’approcher de nous, mais Arsène semble le menacer. J’entends Maka feuler de plus belle, et Noé a dégainé son coupillage. Curieusement, d’autres Pokémon ont rejoint le Chacripan de Noah.

« Dans ce cas, qu’a-t-il ressenti ? »

Ses émotions grossissent.  Je commence à distinguer de la curiosité.

« De la détermination et de la peur. »

Ses émotions deviennent de moins en moins troubles et pourtant de plus en plus oppressantes. Sa curiosité croit de plus belle parmi toutes les autres.

« Noah, réponds moi. Qu’est-ce que Hugo t’as dit ? »

Il recule. Je me suis entendue hausser le ton. J’y suis presque. La situation en devient maladive pour moi, je commence à perdre l’équilibre.

« Hugo m’a dit… »

Je commence à voir flou, ma tête commence à tourner de plus en plus. J’y suis presque, Noah va me dire ce qu’Hugo lui a « dit ».

D’un coup, son amas d’émotion disparaît à nouveau. Au même moment, je perds connaissance. À en croire la dernière image que je vois, malgré le flou, le visage de Noah semble surpris, et je le vois  s’approcher de moi pendant que je tombe.

Sympa le formulaire !

Citation :

Je suis capable de ressentir les émotions des humains et des Pokémon.

Oh, intéressant ! Une version originale du "héros qui a un don", très cohérent avec l'univers Pokémon.
Et très intéressant aussi l'idée qui s'en suit d'"amas d'émotions". J'aime beaucoup

Citation :

Lorsqu’il prononce ce nom, un Chacripan apparaît de derrière un buisson.

Il apparaît de nulle part alors qu'ils n'étaient pas sensés se battre là.
La personnalité un peu inquiétante/ambigu de N est bien retransmise, chapeau ! Il est vraiment intrigant.
La narration en générale d'ailleurs est très agréable.

Le combat, avec les agissements et sentiments d'Hugo mis en question, est super intéressant, et tous les petits plus autour lui donnent encore plus de corps (la présence des autres dresseurs/Pokémon).
Et la fin tient en haleine avant de terminer sur ce cliffhanger.

Last a écrit:

Aurélia, ma sœur, possède aussi ce don. Mais elle en possède une version plus faible.

C'est une bonne idée de ne pas avoir laissé l'exclusivité de ce don à l'héroïne. Comme ça ça ne fait pas l"héroïne clichée avec un pouvoir unique, et le don ne vient pas du néant non plus, c'est un peu une histoire de famille. Même si l'origine de cette particularité peut être plus complexe, je suis curieux ! 

Last a écrit:

Depuis, j’aire sans trop réfléchir dans les rues pavées d’Arabelle.
Les vents de l’Automne sont plutôt frais, une fois 18h30 passées. Pour ne rien arranger, Arabelle est le genre de ville à posséder de nombreuses petites allées, facilitant grandement les courants d’air.

Ce n'est qu'un bref passage que je cite, mais j'aime beaucoup ta narration. C'est très immersif, détaillé sans être trop long. Perso, je m'imagine parfaitement les scènes et c'est très agréable. 

N, ou Noah, est parfaitement opressant, j'aime beaucoup ce que tu en fais ^^

Hâte de voir la suite !

« Hein ?! »

Bianca me regarde de travers, assez surprise par ce que je venais de lui raconter.

« Qu’est-ce qu’il y a ?
- M’enfin Mégane, je ne suis pas docteur mais je crois pas que ce soit une bonne idée de reprendre la route alors que t’as fait un malaise ! »


Il est 22h30, dans une forêt proche de la Route 2. À travers le feu de camp que nous avons installé, je vois mon amie Bianca complètement paniquée par ce que je viens de lui annoncer.

Mais dans le fond, elle n’a pas tort, j’aurai peut-être dû passer la nuit à l’hôtel du Centre Pokémon d’Arabelle.

« C'est pas faux...
- Maaaaaaaaais Mégane, je vais pas savoir quoi faire si tu refais un malaise !
- Bianca, ne t’inquiète pas pour ça, je t’assure, je vais très bien, je suis juste un peu fatiguée. »

J’euphémise beaucoup la chose. Je me sens quand même très fatiguée, et j’ai un début de mal de crâne vraiment désagréable.
Je la vois froncer les sourcils, tandis qu’elle caresse la tête d’Agnia, sa Vipélierre.

« Arrête de dire ça comme ça, Még’, j’suis pas aussi calme que toi et Tcheren avec ce genre de truc.
- Ha ha, désolée, dis-je, un peu mal à l’aise. Je veux vraiment pas t’inquiéter. Tout ce qui compte, c’est que j’aille bien, maintenant. »

Visiblement, j’ai du mal à convaincre Bianca. Je dois très probablement tirer une tronche pas possible, et ça n’a pas l’air de lui plaire. Elle soupire puis prend une gorgée de sa tisane.

Je prends un court instant pour prendre une gorgée moi aussi. Le temps est frais, plus frais que tout à l’heure, mais il n’y a pas de vent. En tout cas, pas aussi fort que les courants d’air d’Arabelle. Celui de la forêt est simplement capable de faire frémir les feuilles des arbres, prêtes à tomber à chaque instant. Le crépitement de notre feu de camp renforce l’ambiance paisible de ce moment de détente.
Bianca sirote sa tisane, elle aussi, profitant de l’instant présent. Elle caresse à nouveau la petite tête endormie de sa Vipélierre, blottie contre elle. Grisou, son Ponchiot, ainsi qu’Aymeric, s’amusent à chasser une feuille d’arbre. Leurs jappements les rends si attachants, je ne m’attendais pas à voir Aymeric s’amuser autant avec un autre Pokémon qu’Hugo. D’ailleurs, mon petit Gruikui a décidé de faire pareil qu’Agnia, et s’est blotti contre moi. Il dort si paisiblement, l’affrontement de tout à l’heure a dû totalement l’épuiser. En lui caressant la tête, il émet un petit bruit, qui me fait rire un peu.

« Még’, merci pour le camping, dit alors Bianca. Je ne m’attendais pas à ce que tu possèdes ce nécessaire sur toi. Tu ne l’avais pas, quand on est parti de Renouet, non ?
- Ah, non, en effet, lui répondis-je, un peu fière de moi. C’est Aurélia, qui me l’a passé tout à l’heure.
- Ha ha, ta sœur a tout prévu, comme toujours.
- Hé hé, c’est typique d’elle. »

On rigole un instant, mais à un niveau sonore suffisant pour ne pas réveiller nos deux Pokémon.

« Cela dit, Bianca, je ne m’attendais pas à te trouver aussi loin de la Route 2 et aussi tard. Je pensais que tu avais déjà rejoint Ogoesse.
- Ah, euh… dit-elle gênée. En fait, je me suis perdue.
- Comment ça ?! »

Bianca rougit et détourna le regard.

« En fait… j’ai comme qui dirait détourné mon attention du chemin, en voulant observer la faune de la Route. Je me suis tellement écartée que je me suis retrouvée ici, incapable de retrouver mon chemin.
- Ha ha, on peut dire merci à Aymeric pour avoir pu flairer ta piste.
- Ouais, merci Aymeric. Et merci à toi Még’. Sans toi, j’étais bonne pour dormir à la belle étoile ! »

Cette fois, nos rires sont suffisants pour réveiller Agnia, qui s’enroule autour de Bianca. Nos deux Ponchiot se ramènent prêt de nous, et s’installent calmement auprès du feu de camp.

« Qu’observais-tu, en fait ?
- Ah oui ! En fait, j’ai d’abord observé les Ponchiot et les Ratentif de la Route.
- Ah bon ? Ils ne sont pas si différents de ceux de la Route 1, pourtant.
- En fait si. Les Ponchiot de la Route 2 sont plus habitués aux humains que ceux de la Route 1, sûrement parce qu’Ogoesse et Arabelle sont deux grandes villes, alors que Renouet, c’est un village reculé. C’est différent pour les Ratentif, ceux de la Route 2 sont plus craintifs ou versatiles que ceux de la Route 1, qui ont tendance à juste observer ce qui les entoure.
- Oh, très intéressant ! Tu m’apprends un truc.
- C’est grandement influencé par la présence de Chacripan sur la Route, en fait. Les Chacripan volent souvent aux Ratentif, ça les aide pas à faire confiance à un humain ou un autre type de Pokémon.
- D’accord, je pensais que l’environnement était suffisamment similaire pour qu’aucune différence notable ne soit présente.
- Hé hé, et d’ailleurs... »

La discussion continue un bon moment, suffisamment longtemps pour que le feu de camp perde sa flamme.

« … Ah ! Je crois qu’on a parlé trop longtemps ! s’étonna Bianca.
- Ah mince, je suppose qu’il va être temps d’aller se coucher.
- Je me suis laissé emporter je crois.
- Ha ha, ce n’est pas grave, j’ai crû entendre ma sœur, elle est passionnante quand elle parle de ses études de terrain. »

Nous rangeons tout le nécessaire de camping et laissons dans la tente ce qu’il faudra nettoyer demain matin. Dans la pénombre, j’aperçois deux yeux verts me fixer. Cela me détourne un instant de ce que je fais, mais les yeux disparaissent au bout de quelques secondes. Sûrement un Chacripan qui observait. Pas de quoi s’inquiéter, je suppose, mais prenons le temps de bien ranger nos affaires, quand même.

J’entre dans la tente après ce court instant. Bianca dort déjà dans le sac de couchage que je lui ai prêté, sa Vipélierre et son Ponchiot recroquevillés prêt d’elle. Elle a toujours eu le sommeil facile. Je me faufile sans bruit dans mon second sac de couchage. Sacrée aubaine, quand même, qu’Aurélia ait mis deux sacs dans ce kit de camping.
Hugo et Aymeric se sont eux aussi endormis rapidement, prêt de moi. En revanche, moi, je peine à fermer l’œil. Je n’arrive pas à penser à autre chose que la journée qui s’est achevée, et les mots qu’a prononcé Noah.

« Il m’a dit que tu étais quelqu’un de confiance. » Je n’arrive pas à me sortir cette phrase, que j’ai entendue avant de perdre connaissance.

En réalité, j’ai très vite repris mes esprits, d’après Tcheren, cinq minutes, tout au plus. Mais c’est la première fois, depuis que je sais me « servir » de mon don, qu’un effet secondaire comme celui-ci se produit. Des maux de crâne, à la rigueur, ça m’est déjà arrivé, mais je n’ai jamais eu de migraine. Alors un malaise comme celui-là ? D’après Tcheren, c’est sûrement juste de la fatigue, mais j’ai du mal à y croire. J’étais en pleine forme, un peu stressée, certes. C’est peut-être ça, le stress ? Mais j’ai pourtant eu de plus grosses doses de stress par le passé ? Tout ça n’a aucun sens…
Et puis j’y pense… Noah n’était plus là à mon réveil. Tcheren m’a dit qu’il était parti chercher des secours, mais je suis partie avant qu’il revienne.
Mais surtout… que s’est-il passé avant que je tombe dans les pommes ? J’arrive à me souvenir de la dernière phrase de Noah, mais impossible de mettre le doigt sur ce qui s’est passé avant.

Maintenant que j’y pense, j’ai du mal à me rappeler complètement de tout ce qui s’est passé dans la journée… J’ai vaguement un souvenir de personnes qui tenaient un discours.

Je devrais vraiment dormir… je ne trouverais pas les réponses maintenant.



« Agnia ! »

Je suis réveillée en sursaut par un cri. Je reconnais cette voix. C’est Bianca !
Je tourne la tête. Elle n’est pas allongée à côté de moi, et ses Pokémon ne sont pas dans la tente. J’entends des bruits d’affrontements à l’extérieur. Ni une, ni deux, je m’extirpe de mon sac de couchage et sort de la tente.

« Bianca ! Tout va bien ?
- Ah euh. J’ai été réveillée par un cri et du coup je suis sortie pour voir. Puis ce Chacripan m’a attaqué ! »

Il fait à peine jour et une brume légèrement épaisse est installée, rendant difficile toute observation du terrain. J’aperçois quand même la Vipélierre de Bianca, affrontant un Pokémon sauvage dont je distingue la forme. Pas de doute, comme l’a dit Bianca, c’est un Chacripan.

Le Pokémon frappe à une vitesse incroyable pour un Chacripan sauvage, j’ai peine à percevoir ses mouvements. Ses attaques Griffe à répétition mettent à mal Agnia, qui n’arrive pas à se concentrer.

« Agnia ! Groz’yeux ! »
La Vipélierre arrive tant bien que mal à repérer le Chacripan et se lance à sa poursuite. Elle arrive à esquiver certaines des attaques Griffe, mais à s’énerver comme ça contre son adversaire, elle va s’épuiser bien trop vite !

« Bianca ! Tu devrais utiliser Fouet-Lianes et essayer de l’attraper !
- Euh… d’accord ! Agnia, Fouet-Lianes ! »

La Vipélierre élance les lianes de son cou sur son adversaire, qui esquive sans broncher l’attaque. Agnia insiste, tout en poursuivant son adversaire.

« Hugo ! Allons aider Bianca ! »

Hugo, qui m’avait suivi hors de la tente, réveillé par le cri de Bianca, se tenait à côté de moi, fixant, avec un regard que je connaissais le Chacripan. Il semblait tétanisé.

« Hugo ? Tout va bien ?
- Ah ! Je l’ai ! »

Agnia venait d’attraper le Chacripan et le serrait fermement dans ses lianes. Elle se rapprocha de Bianca, tenant fièrement sa prise au-dessus du sol. Le Chacripan n’a pas l’air de se débattre.

Alors qu’Agnia et sa prise arrivèrent dans une zone visible de la brume, Hugo prononça un petit cri de peur à l’encontre du Chacripan, et se cacha derrière moi. Entendant le cri, Aymeric s’extirpa de la tente et vint se placer devant moi, aboyant contre le Chacripan.

Je vis l’expression neutre et je-m’en-foutiste du Chacripan. Il me fixa de  ses deux yeux verts. Je reconnais cette expression…

« ...Arsène ? »

Le Chacripan continue de me fixer, tandis qu’Agnia le sert de ses lianes. Le Pokémon ne me semble pas inconnu, mais où l’ai-je déjà rencontré ? Il n’a pas l’air d’exprimer d’émotion physiquement, mais on dirait qu’il me jauge, qu’il me teste.

J’entends Agnia haleter de plus en plus fort. On dirait que son combat contre le Chacripan l’a épuisé. Elle finit par relâcher le Pokémon qu’elle retenait depuis maintenant cinq minutes.

« Agnia ! » cria Bianca tandis qu’elle accourra vers son Pokémon, une Potion à la main.

La Vipélierre est complètement essoufflée, couverte de griffures que lui a infligées le Chacripan. J’accours à mon tour pour aider Bianca, mais Arsène se met au travers de mon chemin, toute griffe dehors.

Hugo, toujours à mes pieds, semblait toujours apeuré par le Chacripan.
Les grognements d’Aymeric s’intensifièrent, au point qu’il se jette sur le Pokémon qui avait blessé Agnia. Le Chacripan esquiva sans broncher, fixant Bianca finissant de soigner Agnia.

« Mégane… Tu le connais ce Chacripan ?
- Hein ?
- Tu as dit… un nom. C’est le Chacripan de quelqu’un ? »

Le Pokémon sauvage me regarde, toujours avec son regard vide d’expression. Il fit un signe de tête, de gauche à droite…
« Non, il n’est à personne… je crois.
- Tu crois ? Il n’est pas sauvage pourtant.
- Comment ça ?
- C’est son comportement. Ça m’intrigue, et pour moi il n’est pas sauvage. »

Bianca se relève. Elle tient une Agnia endormie dans ses bras. Elle halète toujours, mais ses blessures sont pansées. Bianca semble embaumée dans de la tristesse et de la honte.

« Bianca je…
- Un Chacripan sauvage aurait déjà fui avec l’objet qu’il convoitait, s’adresse-t-elle à Arsène. Tu n’es plus sauvage, n’est-ce pas ? »

Le Chacripan penche la tête sur le côté.

« Attends non. Je sais. Tu es sauvage, mais tu as été relâché, c’est ça ? »

Arsène semble toujours se demander ce qu’elle veut.

Bianca s’accroupit. Elle fit un sourire au Chacripan, et tendit son bras. À cet instant, Arsène fit un bon en arrière, feulant contre Bianca, en se mettant sur sa garde. Une pulsion de peur venait de s’emparer du Pokémon.

Mais Bianca resta calme. Une aura presque… apaisante semblait émaner d’elle.

« Je ne sais pas ce qui t’est arrivé, mais j’ai ma petite idée. Je ne vais pas insister. »

Arsène est toujours apeuré, mais quelque chose a changé. Comme si les mots de Bianca venaient de le rassurer, Arsène relâche sa garde. La peur du Chacripan ne s’évapore pas, mais elle se mélange avec une forte curiosité. Il reprend son attitude habituelle, tandis que Bianca se releva.

Toujours dans les bras de sa dresseuse, Agnia reprit connaissance. Affaiblie par son combat contre le Pokémon, elle toussa légèrement. Bianca la sera contre ses bras, toujours emplie de tristesse.

« Tout va bien, Bianca ?
- … Bof. J’ai fait n’importe quoi, et Agnia est dans un état lamentable par ma faute.
- Allons, dis pas ça. Tu as été prise de court par ce Chacripan. »

J’entends Aymeric et le Ponchiot de Bianca aboyer. Ils reviennent tous les deux avec quelques baies Oran qu’ils ont dû trouver dans les fourrés.

« Regarde, on va donner ces baies à Agnia, ça fera des soins supplémentaires, et elle reviendra vite sur pied.
- Ah euh… d’accord. »

Bianca pose la pauvre Vipélierre et lui donne des soins supplémentaires. Le Chacripan ne bouge pas, observant Bianca soigner son Pokémon.
Je remarque qu’Hugo n’a toujours pas bougé. Il continue à fixer Arsène, mais il n’a pas l’air d’avoir peur de lui, contrairement à tout à l’heure. Il y a de la curiosité dans le groin de mon Pokémon, une curiosité qui pourrait presque contrer sa timidité.
Le Chacripan se tourne vers moi, voyant que je les regardais, lui et Hugo. Toujours avec son expression neutre, il s’avance vers moi. Un peu surprise, je m’adresse à lui.

« Que… qu’est-ce qu’il ya ? »

Il pencha la tête. Il me juge à nouveau, je le sens. Qu’est-ce qu’il me veut à la fin ? Il l’a déjà fait lors de… ce combat…

« Tu as l’air de l’intriguer » me dit Bianca.

Je l’intrigue ? Pourquoi donc ? Qu’est-ce qui l’intrigue chez moi ?

« Ça m’étonne, je vois pas ce qui pourrait l’intriguer…
- Peut-être ton don pour percevoir les émotions des Pokémon ? »

Alors c’est ça qui l’intrigue ? Il l’aurait perçu ? Non, ça ne peut pas être ça, ou alors pas que ça.

Je le vois se retourner d’un seul coup. Bianca réagit aussi.

« Még’, tu as entendu ?!
- Quoi ?
- J’ai entendu un cri ! Le même cri que tout à l’heure, quand je me suis réveillée ! »

Je n’ai rien entendu, mais il semblerait que ce Chacripan l’ait entendu aussi. Les deux Ponchiot l’ont sûrement entendu, eux aussi, ils ont commencé à aboyer dès qu’il a pivoté son regard vers la forêt.

Je le vois disparaître en direction de là où son regard était dirigé.

« Ça a recommencé ! » me cria Bianca, complètement affolée par un bruit que ni moi ni Hugo, qui était complètement confus, n’avons l’air d’entendre. Elle récupère Agnia dans ses bras, visiblement paniquée par la peur de sa dresseuse. Elle semblait ne pas comprendre, elle non plus, ce qui se passait.

« Még’, dépêche, ça vient de par là !
- Bianca, s’il y a quelque chose par là, c’est pas par là qu’il faut all- »

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que Bianca s’enfonce à son tour dans la forêt, suivit de prêt par Aymeric et Grisou.

Je n’arrive à rien comprendre, mais j’attrape Hugo dans mes bras et me lance à la poursuite de Bianca.

La forêt de la Route 2 n’est pas bien dense, mais ce n’est pas le cas du brouillard qui l’enveloppe. Déjà bien épais lorsque le Chacripan a attaqué Agnia, en seulement quelques minutes, il l’est devenu encore plus. Difficile donc de courir sans risquer de se prendre une branche ou une racine qui traînerait sur le chemin. J’ai l’impression d’avoir perdu la trace de Bianca et des Ponchiot, mais j’arrive à entendre les aboiements intempestifs, perçant le silence du lieu.

« Bianca ?! Bianca ?! »

Pas de réponse, et j’ai l’impression de m’éloigner des aboiements. Pas le choix, je dois continuer à avancer. Hugo s’inquiète de plus en plus, et je dois admettre que tout cela ne me dit rien qui vaille. J’avance à tâtons dans la forêt. Les aboiements s’arrêtent de temps à autre, puis reprennent. C’est de plus en plus difficile d’avancer avec seulement ça comme moyen de se guider.

Hugo décide de s’échapper de mes bras. J’entends sa peur reprendre le dessus sur ses émotions, il semble sur le qui-vive.

« Hugo, reste prêt de moi. »

Il hoche la tête mais insiste pour rester devant moi. Je le vois brûler une brindille qui se trouve prêt de lui, puis avance sur le chemin.

Je décide de lui faire confiance. Le brouillard s’est encore épaissi, mais ses flammèches brillent suffisamment pour que je puisse les repérer.

Les aboiements reprennent, nous permettant d’avancer un peu plus. Ils n’ont plus l’air de se déplacer. J’espère que les deux Ponchiot sont avec Bianca, et qu’elle va bien.

Quelques minutes de marche passent. Toujours guidés par les aboiements, qui se font de plus en plus retentissants, je commence à avoir la frousse. J’ai peur de m’être trop enfoncée hors des limites de la Route, et dans ces coins-là, les Pokémon sauvages peuvent se montrer bien plus puissants que des Ratentif ou des Chacripan. Clairement, ni moi, ni Bianca n’a les capacités nécessaires pour les vaincre, et dans notre situation, j’ai peur qu’on ne puisse pas s’en sortir.
J’espère qu’il n’est rien arrivé de grave à Bianca. Ça fait quand même plusieurs minutes que je suis à sa recherche.

« Bianc- »

Une gerbe de flammes manque d’enflammer mes chaussures.

« Hugo ! Mais qu’est-ce qui te prends- ?! »

Une autre flammèche arrive à mes pieds. Je distingue le regard de mon Gruikui. Il me fixe, la peur dans son regard. Il me fait signe de continuer. Je ne sais pas pourquoi il m’a attaqué, mais je vais faire comme si il m’avait demandé de me taire.

« D’accord, je te suis. » lui dis-je en chuchotant.

Je remarque que le brouillard se lève. Il est encore assez dense, mais je distingue des choses nouvelles. Parmi les arbres et les hautes herbes, de nombreuses ruines, des pans de murs pour la plupart, jonchent le sol, détruits par le court du temps.

« Où sommes-nous ? » me dis-je intérieurement.

Tout autour, je distingue différents échafaudages à l’abandon, d’une époque qui n’a pas l’air si lointaine que ça : on dirait l’architecture détruite d’une usine d’il y a 30 ans, tout au plus, mais difficile de juger avec ce qui en reste. Avec le décor actuel, le brouillard, la lumière de l’aube qui s’élève lentement, on se croirait dans un lieu mystique.

Un énième aboiement se fait entendre, me sortant de ma courte hypnose. Il est tout proche, et je le reconnais ! C’est celui d’Aymeric ! Hugo aussi l’a reconnu, et s’y dirige. Je continue à le suivre, et manque de me prendre une racine d’arbre. Au bout du chemin, les arbres s’écartent pour laisser apparaître un mur en meilleur état que les précédents morceaux, avec une cavité en son centre. J’aperçois Bianca, dos à ce mur, Agnia sur ses épaules, et les deux Ponchiot à ses côtés. Le Chacripan, Arsène je crois, quand à lui, n’est pas là.

Bianca m’aperçoit, et me fait signe de la rejoindre. J’accours, Hugo à mes côtés et me place à sa gauche. Aymeric sautille de joie, mais Bianca lui fait signe de rester silencieux, ce qu’il fait. Elle semble encore plus paniquée que tout à l’heure.

« Désolée d’avoir couru comme ça, me chuchote-t-elle.
- Plus tard, les excuses. Qu’est-ce qui se passe ?
- Le cri que j’ai entendu tout à l’heure, il vient de là. »

Elle me fait signe de tendre l’oreille. J’entends un faible cri provenir de l’intérieur de la cavité.
« C’est ça que tu as entendu ? Mais c’est sacrément faible !
- Quoi? Mais je l’entends hyper fort !
- Peu importe, tu arrives à savoir ce que c’est ?
- Non, je n’y vois rien. Mais il y a autre chose.
- Quoi donc ?
- Depuis que j’ai atteint cet endroit, j’ai l’impression d’entendre des voix. »

Je tends à nouveau l’oreille.

« ...che-toi ! … t’enfuir
- … viens là ! Crache ta bru... ! »

Je distingue assez difficilement deux voix différentes, qui se mélangent avec le cri.
« Le cri, on dirait un cri de Pokémon, chuchota Bianca.
- Comment est-il ? Le cri ?
- On dirait… des cris de douleur. »

Mon sang ne fait qu’un tour, et je fais rapidement l’association. Il est possible que, dans cette cavité, deux personnes s’en prennent à un Pokémon. J’explique mon raisonnement à Bianca.

« Quoi ? Des gens qui font du mal à un Pokémon ?
- C’est possible. »

Bianca regarde le sol. Son visage prend une expression horrifiée.
« Oh non. » chuchote-t-elle. Ses émotions deviennent un amalgame de peur, d’inquiétude, et d’une nouvelle que je n’ai pas vu chez Bianca depuis un moment : la colère. Elle n’est pas aussi imposante que les deux autres, mais elle est présente.

D’un coup, elle fut prise d’un élan, s’enfonçant, sans rien dire de plus, dans la cavité. Je n’ai pas le temps de la retenir, je la suis, le cœur en colère moi aussi.

Nous déboulons dans une salle en ruine, à ciel ouvert. Alors qu’à l’extérieur, il semblait dense, le brouillard était ici très léger, ce qui nous permit, Bianca et moi, d’arriver face à deux personnes en tenue de chevalier, visiblement en train de frapper quelque chose, que leurs corps cachent. Leurs tenues me font penser à quelque chose, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

« Allez ! Crache-la, ta fumée rose. » crie le premier chevalier d’une voix rauque.
« File-nous la brume des rêves, c’est pas compliqué ! » crie l’autre d’une voix très aiguë.

Au milieu des deux chevaliers, le cri d’un Pokémon se fait entendre, le faible cri que j’ai entendu. Je sens mon poing se serrer si fort que je pourrais enfoncer mes ongles dans ma peau. Il faut à tout prix les arrêter !

« Eh ! Arrêtez! »

La voix de Bianca, chargée de peur et de colère, prend l’initiative et s’élève par-dessus les vociférations des deux personnes. Les silhouettes arrêtèrent de frapper le Pokémon qu’ils retenaient et se retournèrent.

« Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? grommelle le chevalier à la voix rauque.
- Arrêtez tout de suite ce que vous faites ! » crie à nouveau Bianca.

La voix aiguë s’approcha de nous, visiblement incapable de nous voir malgré la faible brume, mais ça me permit de mieux distinguer sa tenue. C’était une femme, une peu plus grande que nous deux, avec un masque lui recouvrant les yeux et laissant voir sa bouche. Sur le torse de sa tenue, un grand blason où un P bleu, scindé en deux, blanc d’un côté et noir de l’autre, trônait. J’ai à nouveau un souvenir flou qui me revient en tête.

« Qu’est-ce que- des gamins ?!
- Quoi ?! On nous avait dit que cette partie des Vestiges du Rêve était déserte !
- Vous foutez quoi par ici vous ? »

Bianca est tétanisée par la colère, je le sens, je la vois serrer les dents et fixer notre interlocutrice. Je décide de lui répondre.

« Vous, vous foutez quoi ici ? Ça va pas de frapper un Pokémon comme ça ?! »

La chevalière tourne sa tête vers Bianca et est prise d’un rire désagréable.

« Bwah ha ha ! Ok j’vois le genre, z’êtes deux gamines se prenant pour des justicières parce que vous avez entendu un Pokémon crier. Barrez-vous, c’est pas vos oignons.
- Pardon ?! Dis-je la voix pleine de colère.
- Un problème la mioche ? Fiche-le camp ou je m’occupe de ton cas. »

L’autre chevalier se rapproche de nous. Il porte lui aussi un masque qui lui cache sa bouche mais pas ses yeux. Il est bien plus grand et costaud que sa partenaire et tient un Pokémon rose et rond sous son bras, qui halète, les yeux clos.

« T’as du mal à chasser la peste on dirait.
- T’occupes, t’as chopper la brume ?
- Non, ce Munna est incapable de quoi que ce soit. »

Voyant le chevalier malmener le Pokémon qu’il avait sous son bras, Bianca poussa un faible cri.

« Tssk, regarde-la. Elle s’est cru capable d’intervenir dans nos affaires et voilà qu’elle se rend compte de son inutilité.
- Regarde, sur son épaule et à ses pieds. »

Agnia est tout aussi déboussolée que sa dresseuse, et Grisou aboie contre les deux chevaliers.

« Ah, j’vois le genre. Une jeune dresseuse qui débute son aventure on dirait. T’inquiètes pas, on va libérer tes Pokémon.
- Vous approchez pas ! » crie-je à l’encontre des deux personnes.

Aymeric se mit à montrer les dents face aux deux personnes.

« Écoute, la mioche, c’est pas parce que toi, t’es pas tétanisée, qu’on va pas libérer tes Pokémon aussi, dit la chevalière. Chacripan !
- Ratentif ! »

Les deux chevaliers se saisissent chacun d’une Pokéball récupérée dans les poches de leurs tenues, et les deux Pokémon nommés en sortent.

Aymeric et Hugo réagissent au quart de tour et virent se placer devant moi, prêts à en découdre.

« T’as eu tort de t’attaquer à la Team Plasma, gamine. Ratentif, Charge !
- Chacripan ! Utilise Jet de Sable ! »

La Team Plasma ?! Mais ce nom me dit vraiment quelque chose !
Argh ! Mais pas le temps de penser à ça ! Le Ratentif fonce sur Aymeric, tandis que le Chacripan garda ses distances et lança du sable sur Hugo.

« Aymeric ! Morsure ! Hugo ! Esquive ! »

Aymeric fonce sur son adversaire, tout croc dehors. Le Ratentif percute le Ponchiot de plein fouet, mais Aymeric agrippe le Pokémon Espion avec ses canines. Le Ratentif pousse alors un cri de douleur mais réussit à s’échapper.
Le Chacripan attrape plusieurs poignées de sable dans ses pattes, et les lance sur Hugo. Mon Gruikui n’a aucun mal à esquiver les premières attaques mais est touché dans les yeux par une des suivantes. Par réflexe évident, Hugo ferme ses yeux pour ne pas recevoir plus de sable.

« Aymeric, continue en utilisant Charge ! Hugo, lance Flammèche ! »

Aymeric fonce à nouveau sur son adversaire, qu’il percute de plein fouet, projetant le Ratentif en arrière sur quelques centimètres. Celui-ci se relève difficilement, mais est frappé de plein fouet par la Flammèche d’Hugo, qui venait de rater sa cible principale. Hugo regarde autour de lui, les yeux mi-clos, peinant à trouver son adversaire. Le Chacripan de la chevalière venait de disparaître dans la brume.

« Allez, Ratentif, relève-toi ! Bouges-toi un peu ! » crie le chevalier grave à son Pokémon, complètement sonné et brûlé par les deux attaques qui venaient de le frapper.

« Aymeric, utilise Flair pour trouver le Chacripan ! Hugo, reste sur tes gardes ! »

Aymeric se met à la recherche du Chacripan dans la brume, Hugo prêt de lui, peinant à voir ce qu’il y a autour de lui.

« Chacripan ! Maintenant ! »
Au moment où la chevalière crie son ordre, son Chacripan déboule des hauteurs. Il avait profité du chaos et du handicap de son adversaire pour préparer son coup. Mais Aymeric sentit l’odeur du Chacripan à temps, et aboie sur Hugo pour qu’il esquive. Aymeric évite de justesse l’attaque, mais Hugo est violemment plaqué au sol.

« Hugo ! »
La chevalière eut à nouveau son rire atroce.
« Te v’là dans de beaux draps la gamine. Un conseil, ne donne aucun ordre à ton Ponchiot. Chacripan hésitera pas à tuer ton Gruikui.
- Grr…
- C’est ça, grogne tant que tu veux. On va faire un marché. Libère tes Pokémon, et tes chéris sans sortent sans blessure supplémentaire. Ça vaut aussi pour ceux de la gamine tétanisée. »

Nous voilà dans une situation critique. Aymeric, fou de colère, attend que je lui donne l’ordre d’attaquer. Hugo, lui, est complètement tétanisé et halète rapidement. Si je fais la moindre action, c’en est fini de lui.

Je commence à me sentir mal. Je n’arrive pas à réfléchir, j’ai peur ! Peur de ce qu’il va se passer ! Si je libère mes Pokémon, c’est le seul moyen de les sauver ?  Non, ces deux personnes, ces monstres, vont leur faire du mal ! Je ne peux pas !

J’entends les deux chevaliers approcher de moi et vois le sourire horrible de la chevalière.

« On fait ça pour la gloire de la Team Plasma gamine. Tes Pokémon nous remercir- »

Une gerbe de flammes s’abat sur le Chacripan qui tenait Hugo en joue. Le Pokémon Scélérat libère alors son étreinte, brûlé par les flammes qui venaient de le frapper. Il feule, cherchant à éteindre la brûlure, mais une masse tombe sur lui, le plaquant au sol. La masse assène plusieurs coups de griffes  au Chacripan, qui crit de douleur. Les cris résonnèrent dans toute la zone, faisant entendre la souffrance du Pokémon.

Arsène se relève, essuyant ses pattes sur le corps du Chacripan qu’il venait d’abattre.

Il s’accroupit vers Hugo et l’aide à se relever. Le Pokémon Cochon Feu restait peu fier de ce qu’il venait de vivre et vient se réfugier entre mes jambes.

La chevalière s’égosille et accoure vers le corps de son Pokémon.
« Chacripan ?! Relèves-toi bon sang ! »

Arsène fixe les deux chevaliers. Comme auparavant, il n’exprime aucune émotion physiquement, et pourtant...

Il est en rage. Une rage noire à l’encontre des deux chevaliers.

« Ça va pas se passer comme ça ! Ratentif ! »

Le Ratentif, toujours brûlé par l’attaque Flammèche de tout à l’heure, fonce sur Arsène et Aymeric.
« Aymeric, utilise Charge ! »
Aymeric fait de même vers le Pokémon Espion, qui esquive difficilement l’attaque. Arsène ne bouge pas. Il se tourne vers moi.

Sa rage ne cache pas ses autres sentiments. En se retournant, quelque chose de nouveau apparut. De la… confiance.

Arsène aurait… confiance en moi ? Qu’est-ce que cela veut dire, ce n’est pourtant pas mon Pokémon ?

« Mégane ! »

Bianca me tire de mes interrogations. Elle était restée tétanisée tout à l’heure, mais elle a réussi à reprendre conscience.
« Quoi ?
- Demande à Arsène d’utiliser Assistance ! C’est comme ça qu’il a su utiliser Flammèche ! »

Arsène affiche un léger sourire.

« Arsène, Assistance ! »

Arsène tend sa patte devant lui un instant. Puis sa queue se met à briller d’une lueur verte. Le Chacripan court ensuite en direction du Ratentif, puis assène un violent coup de queue qui projette le Ratentif sur le côté du terrain.

« C’était quoi ça ?
- Une attaque Fouet Lianes ! C’est une attaque d’Agnia ! crie Bianca, alors qu’elle s’élança vers le chevalier, complètement déboussolé par ce qu’il venait d’arriver.
- Qu’est-ce que tu fais ?!
- Je sauve le Munna ! »

Agnia utilise à son tour Fouet-Lianes, faisant sortir des lianes de son cou, qui s’enroulèrent autour de la jambe du chevalier. Elle tire de toutes ses forces, faisant perdre l’équilibre à l’homme.

« Qu’est-ce quuuUUEEEE »

L’homme bascule en arrière, tombant sur son dos. Il laisse s’échapper le Munna, très fatigué parce qu’il avait subi, dans les airs. Bianca, continuant sa course, prend son élan et saute alors en l’air pour attraper le Munna dans sa chute. Elle retombe quelques secondes plus tard, le Munna dans ses bras, allongée sur le sol.

« Bianca ! Est-ce que tout va bien ?! »

Je me mets à courir vers elle. Agnia accourt elle aussi, suivit de Grisou, Aymeric et Hugo. Arsène reste en retrait, gardant un œil sur les deux chevaliers de la Team Plasma.

« Aïe. Oui… tout va bien. J’ai réussi à l’attraper.
- Est-ce que tu as mal quelque part ?!
- Euh… au dos peut-être, mais ça va je te dis ! C’est le Munna qu’est le plus important ! »

Le Munna respire lentement, mais il respire. Bianca sort de sa poche une Potion et asperge le Pokémon rose, qui laisse échapper un gémissement lié aux picotements du produit.

« Ne t’inquiète pas, ça va aller, je vais te soigner. »

Les grognements du chevalier, signalant qu’il se relevait, brisent le court silence qui commençait à se poser. La seconde chevalière se relève à son tour. Les deux nous font face, visiblement en colère.

« Vous allez regretter ce que vous venez de nous faire subir !
- Il suffit. »

Une voix grave, chargée d’une sombre colère, résonne dans la clairière, faisant disparaître en un instant la tension de l’affrontement. Un lourd silence s’installe alors : les visages des deux chevaliers changent radicalement pour afficher de la peur. Leurs corps se tétanisent, par la peur eux-aussi. Ils ne sont pas les seuls : J’entends la respiration sifflante de Bianca, et vois Hugo et Aymeric en position d’attaque, les poils hérissés. Mais surtout, moi.
Mon cœur bat à cent à l’heure. Cette voix grave, puissante de colère, venait de me clouer sur place, impossible de bouger le moindre muscle. En réalité, ce n’est pas la voix qui me tétanise.

C’est l’amas d’émotions qui accompagne la gigantesque silhouette cachée dans la brume, accompagnée d’une étrange lueur rouge.

Un amas incompréhensible d’émotion.
Comme pour Noah.
Mais cette fois…
L’amas est…
Infernal.
Inaudible…
Insupportable……

Le corps de Mégane tremble, incapable de bouger le moindre muscle. Son corps, crispé, a porté ses mains à ses oreilles, comme pour empêcher les sons d’entrer. Le lieu est pourtant très silencieux, depuis l’arrivée de cette voix.

Bianca regarde son amie silencieuse, qui fixe le sol, se tenant le crâne et bouchant ses oreilles. C’est la première fois qu’elle la voit ainsi. Que lui arrive-t-il ? Que ce passe-t-il ? Bianca veut s’approcher de son amie, mais ses jambes refusent. Échouant à se tenir debout, Bianca remarque une étrange liane descendant des hauteurs des ruines, entourant le corps inerte de Mégane. Un Feuillajou descend alors à son tour, et assoit délicatement la jeune fille sur le sol des ruines, toujours tétanisée.

Bianca tente à nouveau de se lever, mais ses jambes tremblent tellement qu’elle ne tient que quelques secondes, sans pouvoir s’avancer vers son amie. Le Ponchiot de Mégane et le sien accourent vers Mégane, aboyant de plus belle. Quant à Hugo, le Gruikui fixait la silhouette à la lueur rouge, qui venait d’apparaître hors de la brume. C’était un homme – non, un géant- aux étonnants cheveux d’un vert grisâtre. Son visage était marqué par le temps, la tristesse et la colère. La respiration de Bianca s’accélère, commençant à siffler de plus en plus fort. Elle serre le Munna qu’elle venait de sauver quelques minutes auparavant dans ses bras.

Soudain, Bianca sent quelque chose lui caresser l’épaule. C’était le Feuillajou qui était descendu à l’instant des hauteurs des Ruines, accompagné de deux autres Pokémon, un Flotajou et un Flamajou.

Les trois Pokémon tendent alors à Bianca un étrange récipient, émanant une douce odeur de Baie Maron et de lavande. Bianca ne comprend pas ce qu’il se passe. Que lui veulent ces trois Pokémon ? Alors qu’elle commence à parler, le Flotajou porte le récipient à sa bouche. Un liquide chaud coule alors au fond de sa gorge, qu’elle avale par réflexe. Le breuvage réussit, en un instant, à calmer complètement la jeune Dresseuse.

« Tout … va bien ? »
Une voix faible se fait ensuite entendre derrière elle.
« Je euh… crois.
- Mes amis vous ont … préparé ce thé pour que vous puissiez aller … mieux. J’espère que cela fait effet.
- Merci… »

Bianca se retourne. Derrière elle se trouve un troisième chevalier, différents des deux autres. Celui-ci ne cache pas son visage, et sa tête n’est pas cachée par la capuche de sa tenue. Il s’agit d’un homme, visiblement d’une vingtaine d’années. Il a les yeux ronds et des cheveux verts, bien plus foncés et moins grisonnant que ceux du géant. Bianca semble avoir vu l’homme quelque part. L’homme se précipite pour remettre un masque vert sur son visage et remettre sa capuche.

« Vous êtes…
- Juste un humble … membre de la Team Plasma. Je ne vous veux … aucun mal. A vrai dire… j’étais à leur poursuite de… ces deux personnes. »

Le chevalier de la Team Plasma montre la scène derrière Bianca.

Le Géant à la lueur rouge, de par sa prestance, surplombe les deux chevaliers, qui s’étaient retourné pour le regarder.

« Je suis profondément déçu. Déçu par vos actions de ce soir. Non seulement, vous continuez – vous OSEZ garder vos Pokémon dans des Pokéball, mais vous les menez à leurs pertes et les abandonnez quand ils ont le plus besoin de vous.
- Sage Ghetis , nous…
- Silence.
- …
- Je suis à blâmer pour ne pas avoir vu vos véritables intentions. Nous avons -non, j’ai- laissé la vermine à éliminer entrer dans nos rangs.
- …
- Vous deux. Retournez au repaire sur-le-champ. J’aviserai de votre avenir sur place. Il est bien trop tard pour réfléchir à votre sentence.
- Sage Ghetis, je.
- Je n’ai guère envie de vous entendre plus que cela. Disparaissez. »

Sur les mots de l’homme à la lueur rouge, les deux chevaliers prirent leurs jambes à leurs cous.

« Sage Ghetis… est un homme bon. Il veut simplement le bonheur des Pokémon. Mais… nous faisons face à des… fauteurs de troubles. »

Bianca regarde ensuite Ghetis s’approcher du corps sans vie du Chacripan de la chevalière de tout à l’heure. Il s’accroupit, prend le Chacripan dans son bras gauche et se relève. Dans un lourd silence attristant, une larme coule sur la joue gauche du Géant. Il ferme l’œil un instant, puis disparaît dans la brume.

« Où va-t-il ?
- Trouver un lieu de repos éternel à ce pauvre être.
- Oh… Il a un grand cœur.
- Oh oui. Sage Ghetis est un grand homme … mais qui a perdu sa foi en l’humanité, je pense. »

Bianca observe le Sage s’éloigner du cœur des Vestiges des Rêves.

« Attendez, le Chacripan est… mort ?
- Hélas. Cet autre Chacripan n’aura laissé aucun répit à son pauvre congénère. C’est la dure loi de l’état sauvage… »

Bianca ne sait quoi répondre. Elle regarde ses Pokémon et ceux de Mégane. Ils semblent eux aussi peu à l’aise avec la situation. [/left]

[left]« Et le Ratentif ?
- Ah… Mes amis s’occupent de lui. »

Le chevalier montre quelque chose à sa gauche. En effet, les trois Pokémon qui avaient donné la boisson à Bianca s’occupent désormais du Ratentif.

« Il devrait s’en sortir. » dit le Chevalier.

Le Ratentif regarde Bianca. Son regard rouge vif fixe Bianca avec une certaine peur. L’instant d’après, le Ratentif disparaît dans les buissons.

« Oh…
- Mieux vaut pour lui ...qu’il reste à l’état sauvage.
- Dites, monsieur… Mes Pokémon, vous allez les libérer ? »

Le Chevalier marque un temps.

« En temps normal oui. Mais…
- Mais ?
- Vous m’intriguez. Toi et ton amie. Vous jeter … comme ça, pour aider un Pokémon en danger, cela devient de plus en plus... rare de nos jours. »

Bianca fixe le chevalier au masque de jade. Cette phrase l’intrigue. Que veut-il dire par là ?

« Je vais m’occuper du reste, m’sieur le chevalier. »
Une nouvelle voix se fait entendre, une voix bien plus féminine que celle du chevalier.

Une femme venait d’apparaître, sans se faire remarquer, derrière lui. Celle-ci ne cachait pas son visage, marqué par le manque de sommeil. Elle a de longs et raides cheveux noirs, ainsi qu’une paire de petites lunettes carrées. La femme porte une blouse blanche ouverte, par-dessus une chemise rouge à carreau et un pantalon noir.

« Oh… c’est vous. Pas de problème. Jeune fille, prend … soin de tes Pokémon. »

Le chevalier au masque de Jade disparut dans les hauteurs des ruines, portés parce qu’il semble être des lianes bien plus épaisses que celles d’un Feuillajou.

« Drôle d’énergumène, soupire la scientifique.
- Qui êtes-vous ?
- Euh… ça peut attendre d’être chez moi ? Je suis très fatiguée et je pense que toi aussi, vos Pokémon sont mal en point après vos combats et Mégane doit être prise en charge.
- Ah ! Oui, d-d’accord. »

La jeune femme fait un signe à deux Pokémon, un Mushana et un que Bianca ne reconnaît pas.

« Kaorine, téléporte-nous à Ogoesse, ça ira plus vite. »